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La Semaine Religieuse du Dioc�se de Nancy & de Toul
Ed. Nancy

- 1895 -


26 janvier 1895 - n� 4 - p. 71
Suppression de traitement.
Le traitement de M. l'abb� Gaillard, cur� de Nonhigny a �t� supprim� il y a peu de temps, mais la suppression a eu son effet depuis le 1er d�cembre 1894.
D�s que la population de cette paroisse qui compte 222 habitants, presque tous petits cultivateurs et ouvriers, a connu le coup qui frappait le pieux et d�vou� pasteur, elle a r�dig� une p�tition qui, malgr� les efforts faits pour s'y opposer, a �t� sign�e par la tr�s grande majorit� des �lecteurs. Une souscription a r�uni imm�diatement 600 francs en argent, et des dons importants en nature ont �t� promis � M. le cur�. Il y a l� une touchante d�monstration en faveur de M. l'abb� Gaillard.


26 janvier 1895 - n� 4 - p. 73
N�CROLOGIE
M. l'abb� Robin.
Nous recommandons aux pri�res de nos lecteurs l'�me de M. l'abb� Auguste-Hyacinthe ROLIN. N� � Bacourt en 1841, ordonn� pr�tre en 1865; il fut successivement professeur au Coll�ge de Bl�mont, cur� de Mont-le-Vignoble, en 1870, et de Parroy, depuis le 10 novembre 1884, o� il est d�c�d�, le 24 janvier 1895.
M. Robin �tait membre de l'Association de pri�res.


2 f�vrier 1895 - n� 5 - p. 93
M. l'abb� Robin.
Lundi dernier ont eu lieu � Parroy les fun�railles de M. l'abb� Robin, cur� de cette paroisse depuis dix ans, et enlev� par une maladie de quelques jours � l'affection de ses parents, de ses paroissiens et de ses amis; tous manifestaient par leur attitude en quelle estime ils avaient ce bon pr�tre et quels regrets leur causait sa mort pr�matur�e. La temp�rature sib�rienne que nous subissons n'avait point arr�t� plusieurs pr�tres du pays toulois o� M. Robin avait d�but� dans le minist�re paroissial :
Nancy, Lun�ville et les environs de Parroy avaient fourni un nombreux contingent. D'autre part, la paroisse toute enti�re �tait l� pour rendre les derniers devoirs � son regrett� cur�, et, l'expression d�sol�e qu'on lisait sur tous les visages disait assez que le cher d�funt avait su trouver le chemin des coeurs.
C'est qu'en effet M. Robin, comme homme, apportait dans ses relations un charme et une douceur qui lui gagnait toutes les sympathie, un d�vouement in�puisable qui lui faisait choisir pour lui les chargea en laissant aux autres le plaisir, une fid�lit� d'amiti� qui ne reculait ni devant la distance, ni devant les obstacles. Comme pr�tre il menait la vie sacerdotale avec une dignit�, j'allais dire avec une saintet� qui avait �t� pr�par�e par une jeunesse de travail, d'efforts, par cons�quent de m�rites, et qui ne s'est jamais d�mentie au cours d'une vie aust�re toujours, parfois p�nible. Il cherchait les �mes partout o� son minist�re �tait de les atteindre, et chez les jeunes gens d'abord il fut un excellent �ducateur, et chez ses paroissiens ensuite, dont il eut une sollicitude douloureuse. Mais n'anticipons pas, disons seulement que tant de vertu lui avait gagn� les coeurs, nous en avons eu la preuve lundi.
Apr�s la lev�e du corps, faite par M. le doyen d'Arracourt, le cort�ge se forma � la sortie du presbyt�re, imposant comme escorte et comme suite. Les coins du drap �taient tenus par M. le maire, M. le pr�sident du conseil de fabrique et deux pr�tres, v�t�rans de l'enseignement dans nos Maisons d'�ducation; une foule recueillie formait la haie dans les rues qui conduisent � l'�glise et en traversant les rangs on surprenait un peu partout des larmes dans les yeux. La messe fut chant�e par M. le doyen de Saint-Gengoult, de Toul. Puis M. l'abb� Carrier, cur�-doyen de St-Nicolas-de-Port et pr�d�cesseur imm�diat de M. Robin, monta en chaire et rit un rapide �loge fun�bre du d�funt. En quelques paroles fort go�t�es de l'assistance, il le pr�senta sous deux de ses traits les plus saillants, son esprit de foi qui se montrait par des manifestations si multiples et si f�condes, et sa volont� si tenace qui arrivait au but malgr� tout. Il en tira les conclusions pratiques qui convenaient � l'auditoire, et enfin, il termina par un adieu path�tique dont les accents remu�rent les �mes et firent couler les pleurs.
A l'orateur qui parlait du haut de la chaire, en succ�da un autre de douze ans qui parla � l'entr�e du choeur, ou plut�t qui lut un dernier adieu tr�s �mu, en son nom et au nom de ses camarades, au regrett� pasteur qui les avait instruits et � qui il promettait un long et reconnaissant souvenir. L'id�e de faite parler des enfants devant les restes de leur p�re �tait tr�s heureuse et elle produisit une bonne impression sur l'assistance. L'absoute fut donn�e par M. le sup�rieur de la Malgrange, condisciple et ami de M. l'abb� Robin, et le cort�ge se remit en marche vers le cimeti�re dans le m�me ordre et le m�me recueillement, les jeunes gens de la paroisse se faisaient un honneur de porter le corps. Les derni�res pri�res prononc�es, la foule se retira profond�ment �mue et �difi�e.
Et maintenant, cher ami, donnez votre sommeil dans la paix du Seigneur, au pied de la grande croix qui abrite et le pasteur et le troupeau : la mort n'effraie point ceux qui ont v�cu comme vous. X.


23 f�vrier 1895 - n� 8 - p. 131
Souscription en faveur de l'Orphelinat agricole de Lupcourt
(5e LISTE).
[...] M. Florentin, cur�-doyen de Bl�mont, 60 fr. - Mlle Cholet, � Bl�mont, 50 fr. [...]


23 f�vrier 1895 - n� 8 - p. 132
M. l'abb� Aubry.
Nous recommandons aux pri�res de nos lecteurs l'�me de M. l'abb� AUBRY. N� � Thi�baum�nil en 1815, pr�tre en 1843, vicaire � Sarrebourg, cur� de Xousse en 1844, cur� de Nitting, depuis le 26 octobre 1855, o� il est d�c�d�, le 18 f�vrier 1895.
M. Aubry �tait rest� membre de l'Association de pri�res du dioc�se de Nancy.


2 mars 1895 - n� 9 - p. 175
Souscription en faveur de l'Orphelinat agricole de Lupcourt.
(6e LISTE).
[...]Mme la Comtesse de Martimprey, � Bl�mont, 50 fr. - Mme Chambrey, � Bl�mont, 20 fr. - M. Pierrat, � Bl�mont, 10 fr. [...]


23 mars 1895 - n� 12 - p. 229
NOUVELLES RELIGIEUSES.
Itin�raire pour la tourn�e de Confirmation.
Dans l'arrondissement de Lun�ville (1895).
[...] Mardi, 29 avril - � VAUCOURT. - Emberm�nil, Leintrey, Vaucourt, Xousse.
Mercredi, 1er mai, � REPAIX. - .Amenoncourt, Autrepierre, Gogney, Repaix.
Jeudi, 2 � BLAMONT. - Barbas, Bl�mont, Chazelles, Dom�vre, Verdenal.
Vendredi, 3 - � SAINT-MARTIN. - Bl�merey, Herb�viller, Saint-Martin, V�ho.
Samedi, 4 - � HARBOUEY. - Fr�monville, Harbouey, Nonhigny, Parux, Tantonville.
Dimanche, 5 - � CIREY. - Bertrambois, Cirey, Petitmont, Val- de -Don-Moutier.
Lundi, 6 - � BADONVILLER. - Angemont, Badonviller, Bionville, Br�m�nil, Neuviller, Pierre-Perc�e.
Mardi, 7 - � PEXONNE. - Neufmaisons, Pexonne, Saint-P�le, Vacqueville.
Mercredi, 8 - � MIGN�VILLE -Ancerviller, Brouville, Mign�ville, Reherrey.
Jeudi, 9 - � OG�VILLER. - B�nam�nil, Domjevin, Hablainville, Og�viller.
[...]


13 avril 1895 - n� 15 - p. 290
N�CROLOGIE
M. l'abb� Thouvenin.
Nous recommandons aux pri�res de nos lecteurs l'�me de M. l'abb� Fran�ois-Jean Thouvenin, n� � Autreville en 1834, ordonn� pr�tre en 1859.
Il fut successivement vicaire � Badonviller, puis cur� de Nonhigny, et enfin depuis le 1er juillet 1867, cur� de Morville-sur-Nied, o� il est d�c�d� le 3 avril 1895.
M. Thouvenin �tait rest� membre de l' Association de pri�res.


4 mai 1895 - n� 18 - p.347
L'abb� Picard, �conome du Grand-S�minaire
C'est avec une profonde �motion que nous allons retracer les traits les plus saillants d'une figure, trop t�t disparue de la sc�ne du monde, de M. l'abb� Picard, chanoine honoraire, �conome du Grand-S�minaire. Cependant l'�loge d'un p�re, d'un ma�tre et d'un coll�gue, sous la plume d'un fils, d'un �l�ve et d'un coll�gue, sera sinc�re et respectera les droits sacr�s de la v�rit�.
Eug�ne-Jean-Fran�ois Picard naquit � Nancy sur la paroisse Saint-S�bastien, le 18 d�cembre 1843, d'ouvriers honn�tes et pieux. Son p�re, qui �tait menuisier, remplissait les fonctions de suisse � l'�glise Saint-Georges. El�ve des Fr�res des Ecoles chr�tiennes, l'enfant, qui �tait dou� d'une magnifique voix de soprano, fut admis � la Ma�trise de la Cath�drale. Aux cat�chismes, M. Gridel le distingua pour son intelligence et sa pi�t� et fut le premier guide de sa vocation eccl�siastique. Il resta toujours son confident et son ami. Le jeune aspirant au sacerdoce commen�a ses �tudes de latinit� chez M. Constantin, et apr�s une ann�e, gr�ce � sa grande facilit� d'assimilation et � son labeur soutenu, il fut capable d'entrer en troisi�me. C'est le 7 octobre 1858 qu'il arrivait au Petit-S�minaire de Pont-�-Mousson. D�s le d�but, il prit rang parmi les �l�ves les plus forts de sa classe et � la fin de la rh�torique, il �tait quatri�me en excellence. Sa conduite avait toujours �t� aussi r�guli�re que ses succ�s constants. Aussi fut-il admis au Grand-S�minaire avec de tr�s bonnes notes.
Il rev�tit l'habit de la cl�ricature le 5 octobre 1861. Dans sa nouvelle carri�re, ses progr�s dans la science et sa r�gularit� ne se d�mentirent pas. D'une intelligence plus litt�raire que philosophique, il fit cependant de solides �tudes th�ologiques. Tonsur� le 30 mai 1863, minor� le 21 mai de l'ann�e suivante, il remplit pendant deux ans les fonctions de chef de c�r�monies. Son maintien digne et sa gr�ce parfaite avaient attir� le choix de ses ma�tres pour cet emploi. Le 2 juillet 1865, l'acolythe s'engageait irr�vocablement par le sous-diaconat au service des autels, qui lui avait souri d�s son enfance. A la rentr�e suivants, bien qu'il e�t encore une ann�e de th�ologie � passer, le jeune sous-diacre fut destin� � l'enseignement. Ses sup�rieurs l'envoy�rent au Petit-S�minaire de Pont-� Mousson et lui confi�rent les classes de septi�me et de huiti�me. Le 22 septembre 1866, le professeur fut honor� du diaconat et quelques mois apr�s, le 8 d�cembre, alors qu'il n'avait pas atteint l'�ge canonique de la pr�trise, par une dispense extraordinaire d'un an et dix jours, il re�ut l'onction sacerdotale.
Le nouveau pr�tre continua son humble professorat. Au mois d'octobre 1869, il prit la chaire de sixi�me. Son petit auditoire se composait de douze �l�ves seulement. La note caract�ristique de l'enseignement de notre maitre �tait la nettet� des explications. M. Picard ne nous surchargeait pas de devoirs et de le�ons. mais il exigeait que les premiers fussent s�rieusement �labor�s et les secondes imperturbablement r�cit�es. Les paresseux - il en est encore � cet �ge - trouvaient en lui un censeur impitoyable . Sa tenue personnelle, d'une correction un peu raide, suffisait � maintenir dans la classe la discipline. Notre �mulation �tait stimul�e et notre bonne volont� r�compens�e par de fr�quentes lectures. L'activit� du professeur n'�tait ras �puis�e par ses devoirs d'�tat et il se livrait � des �tudes personnelles. Son go�t le portait vers la litt�rature contemporaine, l'histoire et la g�ographie. Dans ce dernier champ, le savant M. Hans, son coll�gue et ami, excitait et dirigeait son ardeur.
La triste guerre de 1870 laissa vide d'�l�ves, mais remplit de bless�s prussiens le Petit-S�minaire, converti en ambulance. Pour employer utilement ses loisirs, M. Picard devint pr�cepteur du jeune de Martimprey, � Bl�mont. L'instruction de l'�l�ve, qui �tait en seconde, exigeait beaucoup de soins. Sans compter avec la fatigue. le pr�cepteur r�solut d'apprendre la langue de l'insolent vainqueur de sa patrie, et chaque jour, � huit heures du soir, il prit chez le rabbin de la cit� albomontoise une le�on d'une heure. Ses progr�s furent si rapides qu'� la reprise des cours au mois d'octobre 1871, il put enseigner avec succ�s aux �l�ves de quatri�me et de troisi�me cette langue difficile. Il la parlait couramment, mais avec l'accent particulier aux Juifs lorrains. M. Picard professait en m�me temps la quatri�me. Dans cette chaire plus �lev�e, les qualit�s du maitre purent se produire avec plus d'�clat. Sa m�thode et sa clart� d'exposition �galaient son d�vouement. Rien n'�tait laiss� � l'impr�vu. Non seulement les le�ons et les devoirs de chaque classe �taient exactement d�termin�s, mais les nombreuses mati�res du cours avaient leur temps fix� et mesur� et �taient dispos�es suivant un programme uniforme pour chaque semaine. Si le surmenage �tait inconnu, il n'y avait ni paix ni tr�ve pour les d�faillances de la m�moire et les n�gligences du travail. La discipline a pu paraitre dure � quelques-uns; tous ont d� convenir qu'ils avaient part � la sollicitude constante du professeur. Loin qu'une �lite en e�t le monopole, les �l�ves faibles �taient stimul�s � l'effort avec une persistance que certains d�siraient moins ferme et moins durable, La perte presque totale d'un oeil et l'affaiblissement de l'autre ne ralentirent pas chez le ma�tre le travail ingrat et p�nible de la correction des devoirs. Une loupe suppl�ait au d�faut de la vue et servait � d�chiffrer des pages ordinairement peu calligraphi�es. Cette infirmit� fut l'occasion d'un changement de situation pour M. l'abb� Picard. Le 3 mai 1874, le professeur de grammaire lut nomm� �conome du Grand-S�minaire de Nancy. On le regretta dans la maison qu'il quittait et M. le Sup�rieur fit chaudement son �loge � la lecture spirituelle. Lui-m�me aima toujours � retourner au Petit-S�minaire et � parler des neuf si bonnes ann�es qu'il y avait pass�es.
Le 16 mai, surlendemain de l'Ascension, le nouvel �conome inaugurait ses fonctions. Passer de la culture intellectuelle des jeunes intelligences � l'administration temporelle d'un vaste �tablissement, quel brusque et profond changement ! Pour M. Picard, ses papiers intimes nous l'apprennent, ce fut un p�nible sacrifice, qu'il fit avec un grand esprit de foi. Ses go�ts le portaient � l'�tude; il ressentait de la r�pugnance pour les occupatiens d'un �conomat. �� J'ai la part de Marthe, �crivait-il encore, le 27 octobre 1878, � la fin d'une retraite � la Chartreuse de Bosserville ; je pr�f�rerais celle de Marie; mais je dois me persuader que je me sanctifierais moins devant mon bureau de professeur et dans la solitude d'une cellule, ce que je d�sire, qu'au milieu des pr�occupations d'un �conomat, ce qui n'est pas dans mes go�ts, puisque Dieu m'y veut. D'un autre c�t�, Dieu, quand il donne un emploi � quelqu'un, ne fait pas seulement attention � l'individu, mais encore � la communaut�. Il faut que tous les postes soient occup�s; et il donne � chacun celui dans lequel il rendra le plus de services. En cons�quence, je ne manifesterai pas � mes Sup�rieurs mes r�pugnances pour l'�conomat, encore moins demanderai-je mon changement. Je ferai tout ce qui d�pend de moi pour accomplir chacun des devoirs de ma charge avec z�le et amour, comme �tant la manifestation de la volont� divine. Je les accomplirai sans pr�occupation humaine, non pour �tre lou� des hommes, mais par conscience et parce que c'est mon devoir. �
Il les accomplit avec tant d'intelligence que tous purent le croire � la place de son choix et qu'il devint bient�t un administrateur habile. En ses mains, les finances du S�minaire se consolid�rent et s'accrurent ; les plus-values r�alis�es servirent � l'am�lioration du r�gime. Les heureuses modifications obtenues ne disparurent pas, quand le budget fut notablement diminu�, et les s�minaristes d'aujourd'hui jouissent encore des avantages d'un temps plus prosp�re. Pour augmenter ses ressources p�cuniaires, M. Picard suscita, dans ces derni�res ann�es, la fondation de plusieurs bourses. Les domestiques, plac�s sous ses ordres, l'estimaient et le respectaient; il savait conserver et honorer ces vieux serviteurs, si rares et si d�vou�s aux int�r�ts des maisons qu'ils habitent. Tout le clerg� dioc�sain qui est en relations directes avec l'�conome du Grand-S�minaire, a appr�ci� depuis vingt ans � leur juste m�rite les qualit�s administratives de M. Picard. Mgr Foulon et Mgr Turinaz le tenaient en particuli�re estime et lui confi�rent plusieurs fois la direction d'affaires d�licates. Son titre de doyen des �conomes fait � lui seul son �loge. On ne reste pas si longtemps � un poste difficile, quand on n'en est pas digne et qu'on ne le tient pas avec honneur.
Une oeuvre importante de notre cher �conome a �t� la transformation de l'ancienne �glise Saint-Pierre en chapelle du s�minaire. Du b�timent de Jennesson, que sa grand'tante, Madame de Bourgogne, avait achet� le 9 mars 1803 et rec�d� � la ville en 1823, il a fait un bel oratoire, du style Louis XIV, bien ordonn� et parfaitement adapt� � sa destination. Il fut l'infatigable surveillant des travaux, et peu de jours apr�s l'inauguration du sanctuaire, il fut nomm�, le 20 juillet 1888, chanoine honoraire de la cath�drale de Nancy. Il �tait fier de son oeuvre, dont il esp�rait terminer l'ameublement et l'ornementation. Seules, les ressources lui ont manqu� pour la r�alisation de ses voeux les plus ardents.
Mais, pour conna�tre M. l'abb� Picard tout entier, il ne faut pas s'arr�ter au dehors et consid�rer seulement l'homme public ; il faut p�n�trer dans sa vie priv�e et int�rieure, et d�crire l'homme, le pr�tre et le directeur des �mes.
L'homme vaut surtout par l'intelligence et le coeur. Nous avons constat� la souplesse d'intelligence que d�ploya M. Picard dans ses diverses fonctions. Econome, il regrettait vivement de ne pouvoir suivre, comme il l'e�t d�sir�, son attrait naturel pour l'�tude. Il donnait chaque jour plusieurs heures aux sciences eccl�siastiques, lisait beaucoup et s'�tait form� une belle biblioth�que. Pendant quelques ann�es, il fit aux grands s�minaristes un cours d'allemand. Il apprit, comme en se jouant, l'italien et l'anglais. La g�ographie �tait sa r�cr�ation favorite et souvent on le trouvait occup� � feuilleter de gros atlas et � d�chiffrer une carte. Sous des apparences froides et r�serv�es, M. Picard cachait un coeur d'or. Son affection s'�panchait au sein de la famille et dans le cercle de l'intimit�. Depuis la mort de ses parents, sa pi�t� filiale s'�tait concentr�e sur sa soeur a�n�e, membre de la Congr�gation de Saint Charles et actuellement sup�rieure de l'h�pital civil de Nancy. Ces deux coeurs, consacr�s � Dieu et si bien' faits pour se comprendre, s'aimaient tendrement, et la douleur profonde de Soeur Marie-Eug�ne � la mort de son fr�re en a �t� la derni�re et �mouvante expression. Pour ses coll�gues et ses amis comme pour sa famille, M. l'�conome r�servait ses tr�sors int�rieurs. Lui qui paraissait froid et taciturne, s'abandonnait dans l'intimit� et parfois prenait � la conversation la part principale. Mais ce qui faisait le charme de son amiti�, c'�tait sa fid�lit� et son d�vouement � toute �preuve. Il �tait heureux de rendre service et se plaisait � remplacer les confr�res malades ou absents. Que de mois n'alla-t-il pas tous les jours � Maidi�res ? Durant les vacances, il acceptait volontiers de c�l�brer � la cath�drale de Nancy les messes tardives. Qu'il s'ag�t de pr�cher, de confesser ou d'officier, il r�pondait � toutes les invitations. La maladie ne ralentit pas son empressement, et alors que d�j� le repos lui �tait absolument n�cessaire, on ne recourait pas inutilement � ses bons offices. Seule, la mort, qui est venue si promptement, lui a fait manquer � sa parole donn�e. Il �tait tr�s g�n�reux et sa main r�pandait d'abondantes aum�nes; les oeuvres catholiques avaient part � ses largesses; aussi meurt-il pauvre. Il avait demand� un corbillard de troisi�me classe et statu� que, s'il mourait hors de Nancy, son corps serait d�pos� dans une fosse commune et couvert d'une simple croix de bois.
Les vertus du pr�tre �taient sup�rieures � celles de l'homme. Sa pi�t� �tait, des plus vives et des plus tendres. Les r�solutions de sa pr�trise et de ses principales retraites ont �t� retrouv�es, pour ainsi dire, sous sa main; il les relisait souvent et elles t�moignent d'une grande r�gularit� dans les pratiques de la vie sacerdotale. Les livres de m�ditation et de lectures spirituelles �taient constamment sur son bureau. M�me dans ses voyages, nous en avons �t� le t�moin �difi�, il r�citait son br�viaire aux heures fix�es et n'abr�geait pas son action de gr�ces apr�s la sainte Messe. Il �tait affili� au Tiers-Ordre de Saint-Fran�ois. Un tr�s puissant attrait l'attira longtemps vers la vie religieuse; et la solitude de la Chartreuse, o� il allait passer ses retraites, lui souriait. Il n'attendait que l'heure de Dieu pour s'y enfermer. Une d�votion particuli�re aux �mes du purgatoire l'animait : tous les lundis, l'intention de sa messe leur �tait abandonn�e. D�s qu'il apprenait la mort d'un confr�re, il c�l�brait pour lui le saint Sacrifice et il lui est arriv� de prier ainsi pour des pr�tres vivants, dont le bruit public avait annonc� pr�matur�ment la mort. Il esp�rait en retour obtenir par les suffrages de ses confr�res une prompte d�livrance des flammes du purgatoire. Il c�l�brait avec ferveur les anniversaires de son bapt�me, de sa premi�re communion et de ses ordinations. Ce culte des pieux souvenirs lui avait fait conserver son surplis de tonsure, et une de ses volont�s derni�res fut d'en �tre rev�tu apr�s sa mort.
Le directeur des �mes aimait ses p�nitents du s�minaire et en �tait aim�. Sa direction �tait douce et sa fermet� �tait temp�r�e par une grande bont�. Ses exhortations au confessionnal �taient onctueuses, simples et pratiques. Les Petites-Soeurs grises et les jeunes filles de l'ouvroir Sainte-Marie, dont M. l'�conome �tait le confesseur depuis plusieurs ann�es, en ont recueilli les derniers fruits. Il avait r�serv� � ces enfants de choix les plus tendres affections de son coeur de p�re. Les courses � Sainte-Marie-des-Allemands, puis au Montet, ne lui co�taient pas. Quand la maladie vint miner sourdement sa sant�, il refusa d'�tre d�charg� de cette grande sollicitude, et le mercredi-saint dernier, plusieurs h�morragies graves ne l'emp�ch�rent pas de passer de longues heures au confessionnal. La fatigue de ce dernier acte de z�le a certainement h�t� le d�nouement fatal. M. l'�conome est tomb�, les armes � la main, sur le th��tre de son d�vouement aux �mes.
Depuis plusieurs ann�es, sa sant� p�riclitait et une laryngite, � peine enray�e par une saison thermale au Mont-dOr, �puisait insensiblement ses forces. Au mois de novembre dernier, de fortes h�morragies inqui�t�rent ses amis, sans l'arr�ter dans le travail. Une maladie de coeur aggravait la situation. Tout l'hiver, ce fut une lutte secr�te entre un mal inexorable, qui progresse malgr� tout, et l'�nergie d'une �me qui ne veut pas se d�clarer vaincue. Le jour du vendredi-saint, M. l'�conome dut s'aliter pour ne plus se relever. Les h�morragies, qui avaient cess�, recommenc�rent. Soeur Marie Eug�ne d�sira avoir son fr�re aupr�s d'elle pour lui donner plus assid�ment les soins qu'exigeait la gravit� de son �tat. Le mercredi de P�ques, M. l'�conome fut donc transport� � l'h�pital civil, Il y expira deux jours plus tard, apr�s avoir re�u en pleine connaissance et dans les dispositions les plus �difiantes, les derniers Sacrements. C'est le vendredi, 19 avril, � cinq heures et demie du matin, qu'il rendit son �me � Dieu. Monseigneur Turinaz, qui l'avait visit� sur son lit de douleur, vint jeter de l'eau b�nite sur son cercueil, en t�moignage de son affection pour le d�font et de condol�ance pour la famille et le Grand-S�minaire.
Sa d�pouille mortelle fut ramen�e au s�minaire, le 22 avril au matin, et d�pos�e, en attendant les obs�ques, dans la chapelle des domestiques, au pied de l'autel sur lequel le pr�tre d�c�d� avait offert, pendant 21 ans, le saint Sacrifice. Le service fun�bre d'enterrement commen�a � 10 heures. La lev�e du corps fut faite par M. le Sup�rieur. L'ancienne �glise Saint Pierre, orn�e de tentures noires, se trouva trop �troite pour contenir une nombreuse assembl�e de pr�tres, de religieuses et de la�ques, venus pour t�moigner leurs sympathiques regrets. Plus de 80 s�minaristes, dispers�s dans leurs familles pendant les vacances de P�ques. �taient revenus pour cette triste c�r�monie. La messe fut c�l�br�e par M. Vacant, l'absoute donn�e par M. Voinot, vicaire g�n�ral. Le convoi au cimeti�re, pr�sid� par M. le cur� de Saint-Pierre, fut imposant. Le chant grave et, ininterrompu des s�minaristes et le recueillement de l'assistance, firent impression sur la foule. M. Picard a �t� inhum� � Pr�ville, aupr�s de sa m�re. Selon ses derni�res volont�s, ses obs�ques ont �t� simples et modestes. Il repose maintenant dans l'attente de la r�surrection glorieuse; mais son �me, nous l'esp�rons, vit au ciel, jouit d�j� du bonheur r�serv� par Dieu � ses fid�les serviteurs et prot�ge avec nos autres chers et v�n�r�s d�funts le s�minaire de Nancy. E. MANGENOT.


25 mai 1895 - n� 21 - p. 409
Pieuse Association des Familles chr�tiennes,
Consacr�es � la Sainte Famille de Nazareth.
AGR�GATIONS.
Ancerviller: 566 habitants; familles affili�es, 85. [...]


8 juin 1895 - n� 23 - p. 451
Offrandes recueillies � l'Ev�ch�,
en faveur des Victimes de la catastrophe de Bousey, pour �tre transmises � Mgr l'Ev�que de Saint-Di�. (Suite.)
[...] Mme Mathis de Grandseille, � Bl�mont, 20 fr. [...]


15 juin 1895 - n� 24 - p. 463
NOUVELLES RELIGIEUSES.
Visite pastorale.
Pour la quatri�me fois depuis qu'il est Ev�que de Nancy, Monseigneur a fait, cette ann�e, sa visite pastorale dans l'arrondissement de Lun�ville.
Si ces courses apostoliques prolong�es pendant un mois entier sont in�vitablement pour un Ev�que la source de grandes fatigues, elles lui apportent aussi de grandes consolations. Elles sont pour les paroisses visit�es et �vang�lis�es, une cause salutaire de renouvellement dans la foi et d'affermissement dans la pi�t� et les vertus chr�tiennes, pour les pr�tres une occasion d'union plus intime au premier pasteur du dioc�se qui appuie leurs le�ons de ses exhortations, confirme leur autorit�, encourage leur z�le, et qui re�oit les t�moignages de leur confiante affection.
Outre les vingt-sept paroisses o� il a s�journ�, Monseigneur en a visit�, cette ann�e, pr�s de trente autres. Il est de ces paroisses qui, en raison des proportions trop restreintes de l'�glise, ne peuvent �tre choisies pour l'administration du sacrement de Confirmation aux enfants de plusieurs localit�s, et qui, de ce chef, n'avaient pas re�u la visite �piscopale depuis trente-cinq et m�me quarante-cinq ans. Dans toutes celles qu'il traversait en se rendant d'une station � l'antre, Monseigneur a voulu s'arr�ter; quelquefois m�me, il a volontiers fait un d�tour pour visiter quelqu'une de ces paroisses. Partout, � la suite des municipalit�s, les populations qui, la plupart du temps, avaient �t� pr�venues trop tard de cet itin�raire improvis�, pour orner, comme elles l'auraient voulu, les rues des villages, rivalisaient de z�le, couvraient le sol de feuillages et de fleurs, et surtout se montraient joyeusement empress�es � recevoir Sa Grandeur. Suivant sa coutume, Monseigneur entrait � l'�glise et disait aux fid�les rassembl�s une parole d'affection, leur donnait un conseil salutaire.
Elles sont si rares dans nos campagnes, la parole et la pr�sence de l'Ev�que, et elles sont si d�sir�es, elles sont si efficaces !
Aussi, Monseigneur, qui en raison de son �tat de fatigue, avait consenti pendant quelques jours, � se faire suppl�er pour la pr�dication, ne voulut jamais quitter une paroisse sans lui dire l'affection et l'int�r�t qu'il lui portait; mais sans piti� pour une gorge depuis longtemps malade, bravant toutes les r�gles de la prudence, il reprit bient�t enti�rement � sa charge, � part deux ou trois exceptions, l'obligation d'instruire et d'exhorter les fid�les.
On ne se donne jamais en vain, et le d�vouement sans mesure est assur�ment la grande condition de la f�condit� du minist�re pastoral.
Plus que jamais les fid�les se montrent reconnaissants envers leur Ev�que. Dans plusieurs paroisses, ils lui ont fait une r�ception enthousiaste. A Harbouey en particulier, � Einville, � Badonviller, � Flin, � Bayon, � Villacourt, il fut admirablement accueilli.
Mais ce qui est, aux yeux du repr�sentant de J�sus-Christ, plus consolant m�me que les hommages rendus � sa dignit� et � son autorit� surnaturelles, plus pr�cieux que les arcs de triomphe, les guirlandes et les avenues de fleurs et de verdures, c'est le progr�s de la foi dans les �mes, l'accroissement des vertus chr�tiennes et les manifestations de la pi�t�. Tandis qu'autrefois les enfants qui devaient �tre confirm�s assistaient presque seuls �.la c�r�monie, aujourd'hui la visite pastorale est une f�te g�n�rale. Presque partout les �glises sont insuffisantes pour contenir les fid�les. Les communions deviennent de plus en plus nombreuses � la messe c�l�br�e le matin par Sa Grandeur, o� parfois m�me des retardataires saisissent l'occasion d'accomplir leur devoir pascal n�glig�.
A Flin, un groupe d'hommes, par d�votion, viennent un mois apr�s leur confession et leur communion pascales, recevoir de nouveau la Sainte-Eucharistie des mains de leur Ev�que. Spectacle admirable, qui m�rite bien d'�tre signal� en ces temps d'indiff�rence et de respect humaiu I
Partout, Monseigneur n'a eu qu'� se f�liciter des rapports de parfaite courtoisie qu'il a eus avec les repr�sentants des municipalit�s et les diff�rentes autorit�s civiles. Comme les ann�es pr�c�dentes, et suivant la r�gle qu'elle s'est impos�e, Sa Grandeur a rendu partout les' visites que lui ont faites Messieurs les Maires, les Pr�sidents de Fabrique, etc...
Ces bonnes relations, les conversations dont elles �taient le principe, ont eu plus d'une fois d'heureux r�sultats. A Maixe, la reconstruction de la nef de l'�glise a �t� d�cid�e; dans d'autres paroisses, � Moriviller, � Rozelieures, � Vallois, des r�parations ou des travaux de grande utilit� pour l'assainissement des �glises ou des sacristies ont �t� projet�es.
Depuis treize ans d�j� notre vaillant Ev�que se prodigue ainsi, non seulement � la d�fense des libert�s catholiques et des grandes causes qui le trouvent toujours debout, non seulement aux oeuvres nombreuses et aux associations de sa ville �piscopale et des grandes paroisses, mais encore aux populations des campagnes, aux classes laborieuses. Depuis treize ans il s�me partout le bon grain de ses pr�dications, il porte aux pauvres, aux malades, avec ses b�n�dictions et ses encouragements, les secours de sa g�n�rosit�, il donne � son clerg� des t�moignages de son courage, de son d�vouement, de son affection, il entretient avec ses pr�tres des relations de confiance et de paternelle simplicit�. Il pouvait attendre de ces visites pastorales de nombreuses consolations. Il les a re�ues; il en garde un pr�cieux souvenir.


20 juillet 1895 - n� 29 - p. 572
N�CROLOGIE
M. l'abb� Blondot.

Nous recommandons aux pri�res de nos lecteurs l'�me de M. l'abb� Augustin Blondot. N� � R�chicourt-le-Ch�teau, le 24 octobre 1838, ordonn� pr�tre en 1864; il fut successivement sous- directeur aux Jeunes-Aveugles, �conome au Coll�ge de Bl�mont en 1866, cur� d'Amenoncourt en 1871, de Lachapelle 1874, directeur-adjoint de la Maison des Jeunes-Aveugles en 1878, et directeur depuis le 7 avril 1885, o� il est d�c�d� le 17 juillet 1895.
M. Blondot �tait membre de l'Association de pri�res.


17 ao�t 1895 - n� 33 - p. 653
P�lerinage lorrain � N.-D. de Lourdes.
GROUPE DIOC�SAIN DE NANCY.
Souscription pour les malades pauvres (6e liste)
[...] Mlle Maria Desfr�res, d'Autrepierre, 4 fr. [...]


9 novembre 1895 - n� 45 - p. 897
N�CROLOGIE
M. l'abb� Enel.

Nous recommandons aux pri�res de nos lecteurs l'�me de M. Jean-Baptiste ENEL.
N� � Igney, les 19 mai 1822, ordonn� pr�tre le 22 avril 1848; ancien cur� de Jouaville, cur� de Martincourt, depuis le 1er d�cembre 1883. M. Enel est d�c�d� le 31 octobre dernier.
Il n'�tait pas membre de l'Association de pri�res.


16 novembre 1895 - n� 46 - p. 906
M. Grand'Eury.
On nous a communiqu�, sur la vie et la mort de M. Grand'Eury, cur� de Max�ville des d�tails int�ressants et �difiants, que l'abondance des mati�res ne nous a pas permis de publier dans nos pr�c�dents num�ros. Nous sommes heureux de les communiquer aujourd'hui aux nombreux amis de M. Grand'Eury, qui les attendaient avec impatience.
M. F.-C. Grand'Eury est n�, � Dombrot, en 1837, d'une famille qui a fourni successivement � l'instruction primaire, dix-huit instituteurs. D�s son tout jeune �ge, M. Grand'Eury manifesta le d�sir de devenir pr�tre. Il fit de bonnes �tudes au Petit et au Grand-S�minaire. Comme, � la fin de ses �tudes, il n'avait pas l'�ge requis pour la pr�trise, il fut envoy� au Coll�ge de Bl�mont. Ses �l�ves ont conserv� le meilleur souvenir d'un professeur qui sut, tout jeune qu'il �tait, commander leur respect et gagner leur affection.
Il fut ordonn� pr�tre en 1861. Il d�buta dans le saint minist�re � St-Maur de Lun�ville, paroisse alors administr� par l'abb� Trouillet. En le pla�ant sous la direction de cet illustre b�tisseur, en le faisant son collaborateur dans les oeuvres magnifiques dont il dotait Lun�ville, la Providence semblait vouloir pr�parer M. Grand'Eury � faire lui-m�me plus tard des oeuvres importantes, o� il d�ploiera un z�le, un talent, une pers�v�rance admirables, et dont seront fi�res les paroisses que M. Grand'Eury a administr�es. Ses fonctions de vicaire de la paroisse, d'�conome et de professeur au Coll�ge du B. Pierre-Fourrier �puis�rent ses forces: il dut quitter Lun�ville et chercher un repos bien n�cessaire chez son fr�re, alors cur� de Moyen. Apr�s quelques mois pass�s en famille, il fut envoy� � Roville, o� il va travailler avec un d�vouement incomparable pendant neuf ann�es. A Mangonville, annexe de sa paroisse, il b�tit, d'apr�s les plans de M. Vautrin, une belle �glise romane. A Roville, il restaure l'�glise; �l�ve une tour; refait la maison de cure.
Pour mener � bonne fin toutes ces entreprises, il se fait carrier, charretier, tailleur de pierres, ma�on, surveillant, suppl�ant au besoin les entrepreneurs, pr�tant un tr�s utile et tr�s intelligent concours aux architectes.
On gardera longtemps l�-bas le sou venir de son activit� et de ses bienfaits.
Le voil� appel� � l'importante cure de Max�ville. Aussit�t arriv� dans sa nouvelle paroisse, il s'occupe de la construction d'une �glise. A force de pers�v�rance, de d�marches, il parvient � lever les obstacles de tout genre qui entravent l'entreprise; les travaux sont commenc�s; mais les ressources sont �puis�es ; on a recours � Mgr Trouillet, qui s'engage � fournir 35.000 fr. Malheureusement Mgr Trouillet meurt, avant d'avoir pris les moyens de tenir sa promesse. Le pauvre cur� aura-t-il la douleur de voir son oeuvre inachev�e? Il s'inqui�te, il prie et ne d�sesp�re pas. Il a raison, car apr�s quelques semaines voici la Providence qui lui vient on aide. Mgr l'Ev�que de Nancy, de la part d'un bienfaiteur qui veut rester inconnu, lui apporte, comme oeufs de P�ques, les 35.000 fr. dont l'avait priv� la mort de Mgr Trouillet. Gr�ce � ce don magnifique, l'�glise s'ach�ve; les fen�tres se garnissent de superbes vitraux, le temple est convenable pour les c�r�monies du culte.
Mais la tour, comment la ferons-nous? C'est la question que se posait l'intr�pide cur�. Il va trouver, d'une fa�on vraiment �trange, le moyen de la r�soudre.
Au retour d'un p�lerinage � J�rusalem, il entra un jour dans un magasin de Nancy: au m�me moment s'y trouvait quelqu'un qui s'int�ressait fort � l'�glise de Max�ville. - Votre �glise attend une tour, M. le cur� ? dit tout-�-coup l'inconnu. Combien vous faudrait-il pour en �lever une ? - Le devis est fait, il monte � 20,000 fr. environ, 20,000 fr., - c'est bien. - Quelques jours apr�s, ce monsieur se pr�sente chez M. le Cur�, d�pose sur la table 20 billets de mille francs. Je vous les donne, pour b�tir la tour de votre �glise, � la condition qu'on ne dise pas le nom de celui qui vous les offre. Le nom, que M. le Cur� d'ailleurs ne connaissait pas, n'a jamais �t� divulgu� : et la superbe tour de l'�glise fut construite. Restait � faire les sacristies, surtout celle qui devait servir de salle de cat�chisme.
M. Grand'Eury s'occupait de cette oeuvre, quand la mort est venue le surprendre.
En m�me temps qu'il construisait l'�glise et ses d�pendances, M. le Cur� �levait sur la place, un superbe �difice pour les �coles et le Cercle catholique o� il cr�a un �conomat, afin de fournir aux conditions les plus avantageuses, la nourriture et les objets n�cessaires aux ouvriers. Il se proposait enfin, de b�tir un nouveau presbyt�re, pour remplacer la maison de cure actuelle, trop �lign�e de l'�glise, et insuffisante pour loger le pasteur et le vicaire. Les circonstances ne lui ont pas permis de r�aliser ce projet. Esp�rons qu'il sera repris et men� � terme par le successeur de M. le Cur�, ainsi que les autres projets, longtemps m�ris et d�j� pr�par�s au sujet des salles de cat�chisme.
En s'occupant du c�t� mat�riel de sa paroisse, M. Grand'Eury ne n�gligeait pas le c�t� spirituel.
Chaque ann�e, sans craindre d'excessives fatigues, il pr�parait lui-m�me ses enfants � la premi�re communion, qu'il c�l�brait seulement au mois de septembre, afin de profiter du temps des vacances pour mieux disposer � ce grand acte ceux qui, � l'�poque des classes, ne pouvaient pas assister facilement aux cat�chismes. Il fit donner plusieurs missions dans sa paroisse, qu'il voulut doter d'une belle sonnerie. Dans ce but, il ouvrit une souscription qui fut accueillie avec enthousiasme. C'est, disait-il, la premi�re et la derni�re joie qui m'est venue de mes paroissiens. Il n'entendit pas sonner ces cloches, dont il pressait la fonte et la b�n�diction : une attaque vint le frapper et mettre fin � son minist�re.
D�s le premier instant, il ne se fit aucune illusion sur la gravit� de son �tat, et il se r�signa � la volont� de Dieu : Puisqu'il faut mourir, disait-il, autant aujourd'hui que demain: je suis pr�t. A tous ceux qui voulaient le rassurer, il disait en souriant: Ne vous moquez pas de moi: je sais tr�s bien que c'est la fin: ne me parlez pas de nourriture pour refaire mes forces; des forces je n'en ai plus besoin pour cette vie que je vais quitter. Pendant sa maladie, il ne cessa pas de manifester les sentiments de la plus tendre pi�t� : sans cesse, il tenait � la main et baisait amoureusement un Christ qu'il avait rapport� de J�rusalem. Lorsqu'on lui administra les derniers sacrements, il eut un moment de pleine connaissance et suivit avec d�votion toutes les pri�res. Quelques jours apr�s, il rendait sa belle �me � Dieu.
Ses fun�railles ont �t� un v�ritable triomphe. Toute la population voulut y prendre part. Environ soixante-dix pr�tres �taient venus donner � leur confr�re un dernier t�moignage de leur estime et de leur affection. Plusieurs habitants de Roville et de Mangonville avaient voulu repr�senter les anciens paroissiens de M. Grand'Eury et lui donner en cette fun�bre c�r�monie une �clatante preuve de leur reconnaissance.
M. Briot, cur� doyen de Saint-Epvre, fit l'�loge du regrett� pasteur. Dans une allocution simple et �l�gante. il redit les oeuvres et les vertus de M. Grand' Eury: sa profonde modestie, son affabilit�, son z�le, son d�vouement, sa cordialit�, sa pers�v�rance. Il aurait pu insister sur sa g�n�rosit� et sa charit�; citons-en un trait touchant. M. Grand'Eury aimait les malades, dont il s'occupait particuli�rement. Il avait dans sa cave un vin qui �tait sp�cialement destin� aux pauvres. Prenez donc de ce vin que vos malades ont tant de fois appr�ci�, lui disait son m�decin. Non, r�pondit M. Grand'Eury, il faut le laisser pour ceux qui en ont plus besoin que moi et � qui il fera certainement plus de bien. C'est ainsi qu'il faisait toujours; il s'oubliait, il se sacrifiait, il se privait m�me des choses utiles, afin de pouvoir en faire profiter ses chers paroissiens.
Il n'est pas �tonnant, apr�s cela, que ceux-ci aient voulu le conserver au milieu d'eux: ils firent pr�s de l'administration toutes les d�marches n�cessaires pour que leur v�n�r� pasteur f�t inhum� dans l'�glise qu'il avait construite au prix de tant de sacrifices et de fatigues qui ont certainement abr�g� ses jours. C'est l� qu'il repose, attendant la r�surrection glorieuse, et priant sans doute pour que ceux qu'il a aim�s sur la terre, vivent assez saintement pour m�riter d'aller un jour le retrouver au ciel.


23 novembre 1895 - n � 47 - p. 930
N�CROLOGIE
M. J.-B. Enel.

Mourir � la veille de la Toussaint, presque au jour de la supplication universelle pour les d�funts, � la fin du mois du Rosaire ; c'est �tre comme invit� � la grande f�te du ciel, c'est participer sans d�lai aux pieux suffrages de l'Eglise, c'est avoir droit enfin a une protection sp�ciale de la Reine des Elus. Cette mort privil�gi�e fut celle du bon M. Enel, cur� de Martincourt, d�c�d� dans sa 74e ann�e, le 30 octobre, au soir.
- Sa vie fut celle de tout bon pr�tre : ignor�e aux regards du monde, devant Dieu simplement remplie. - L'abb� Enel naquit � Igney, le 19 mai 1822. C'est dans un mois consacr� � Marie, que le futur pr�tre, si z�l�. plus tard pour le culte de Notre-Dame, vient au monde. D�s ses premi�res ann�es, le jeune Enel se sentit port� vers la pi�t� et le service de Dieu. Il eut le go�t de sa propre instruction religieuse : �� Alors, a-t-il souvent r�p�t�, nous n'�tions point favoris�s ; les cat�chismes faits par les cur�s, trop peu nombreux, �taient rares, et les explications �taient �court�es... mais on se g�nait pour apprendre ... � �� On se g�nait � : C'est bien l� le mot r�v�lateur ! Voila exprim�es toutes les g�n�reuses initiatives de l'enfant z�l�, qui veut faire une bonne 1re communion. Ah! ce grand acte religieux fut, pour lui, l'acte vraiment d�cisif. Ce n'�tait jamais sans une vive �motion qu'il en parlait, et cette �motion il la communiquait d'une mani�re irr�sistible, � toutes les premi�res communions qu'il eut � pr�sider.
Entr� quelques ann�es apr�s au Petit-S�minaire, � Metz, il y fit, comme plus tard au Grand-S�minaire du m�me dioc�se, de bonnes �tudes. El�ve r�gulier et sinc�rement pieux, franchement aim� de tous ses condisciples : voil� en deux mots tout le r�sum� de sa jeunesse cl�ricale. L'abb� Enel fut ordonn� en avril 1848. Il fut d'abord plac� vicaire � Ars-sur-Moselle. La il se d�pensa avec une ardeur toute juv�nile pour son minist�re et le bien des �mes. La vie commune eut pour lui ses contrari�t�s, mais il sut les souffrir surnaturellement. Il devient, en 1850, vicaire r�sidant � Dampvitoux, ayant Hag�ville, comme annexe. - Dans ce poste d'essai, il montra, durant les 11 ann�es de son s�jour, toutes les qualit�s de sa franche nature, de son coeur ardent et g�n�reux, de sa pi�t� toute filiale. Bon nombre de chr�tiens ti�des et indiff�rents furent ramen�s par son z�le au devoir pascal, la maison de Dieu fut embellie, un presbyt�re fut construit, des cloches furent acquises; le jeune cur� s'employa, en un mot, avec tout le d�vouement que donnent la passion du bien et une robuste sant�. Ce qu'il fut � Dampvitoux et Hag�ville, il le fut aussi � Bonviller, avec Mont comme annexe, et � Jouaville, avec Batilly. C'est � Joua ville qu'il �tablit la pieuse association de N.-D. du Perp�tuel-Secours, association qui devint prosp�re sous son active direction. On venait de plusieurs paroisses voisines assister aux saluts de chaque mois. Il aimait alors, comme il le disait, � faire de belles et touchantes instructions sur la d�votion � Marie. C'est � Jouaville aussi, qu'il assista aux p�rip�ties de la guerre ( 1870). Ce qu'il eut � souffrir, priv� de son presbyt�re transform� en ambulance durant 3 mois, ce qu'il vit de tristesses, comment l'exprimer? �� Ah ! disait-il, si je devais revoir ce que jai vu, j'aimerais mieux mourir ! � Comme plus d'un pr�tre alors, le d�vou�. pasteur s'�leva jusqu'au plus sublime devoir. Apr�s la guerre, la petite v�role, en 1871. Comme il avait brav� le danger, l'abb� Enel brava le fl�au contagieux. Tous les jours, il visita ses malades nombreux, si bien que �� pour ainsi dire aucun, disait-il, n'est mort sans sacrements.�
En 1883, M. Enel, �g� et malade, accepta une sorte de retraite � Martincourt. L�, dans un site charmant, avec de faciles promenades � travers bois, il reprit des forces et continua a se d�vouer. Il fut le confr�re tout hospitalier, le bon P�re, encourageant et aimant, procurant � tous le charme si n�cessaire de la bonne et franche intimit� sacerdotale. Tous ceux qui le connurent, pr�tres et la�ques, l'aim�rent, et �prouv�rent une douloureuse surprise de l'annonce de sa mort. Le coup fut subit en effet. Toutefois le fid�le serviteur fut pr�t. L'exactitude � tous ms devoirs pieux lui m�rita la bonne mort. Averti par de graves sympt�mes survenus depuis quelques mois, il ne s'effraya point, il prit toutes ses dispositions, pria, au mois du Rosaire sp�cialement, s'en remit � la volont� du Bon Dieu. Dieu fut fid�le. Il lui fit la gr�ce de ne point perdre connaissance aussit�t l'attaque, de demander et de pouvoir recevoir les derniers sacrements. C'�tait le dimanche 27 octobre, jour o� il avait encore paru au milieu de ses paroissiens. Sa mort, arriv�e le 30, causa un deuil sinc�re, et durant les quelques jours, que son corps d�t rester expos�, � cause des Offices de la Toussaint et des Morts, tous s'empress�rent de venir prier. Grande fut l'assistance � ses fun�railles, le 4 novembre. Entour� de pr�s de 40 pr�tres, M. le Doyen de Liverdun les pr�sida. Avant l'Absoute, faite par M. le Sup�rieur du Petit S�minaire, il retra�a, en une allocution touchante et pleine d'� propos, la vie et les m�rites du cher d�funt, rappelant avec �motion l'affection qu'il lui avait vou�e d�s les premi�res entrevues. C'est dans le nouveau cimeti�re de Martincourt, b�nit par lui trois ans auparavant, que le regrett� pasteur, escort� des membres de sa famille venus de grandes distances, de tous ses confr�res, amis et paroissiens, fut port� et repose. Une place d'honneur fut gracieusement offerte par M. le Maire et le Conseil municipal. L. G.
 

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