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M�moires de la Soci�t� royale des sciences, lettres
et arts de Nancy
1844
DESCRIPTION
D'UN FRAGMENT FOSSILE DE LA MACHOIRE INF�RIEURE D'UN
SAURIEN,
PAR M. LESAING.
Depuis que
l'immortel Cuvier, interrogeant les d�bris du monde
ant�diluvien, a cr��, pour ainsi dire, une science
nouvelle, et rendu la vie � des milliers d'�tres
enfouis dans les profondeurs du globe, la g�ologie a
conquis une place �minente, et les hommes les plus
distingu�s l'ont enrichie d'une foule de travaux
importants. Les �tudes multipli�es qui ont illustr�
notre �poque, sous le rapport de la g�ognosie et de
la g�og�nie, ont amen� la d�couverte d'un fait
remarquable, c'est l'existence de diff�rentes
esp�ces de fossiles dans l'�paisseur des couches
terrestres. Il en r�sulte que la connaissance des
fossiles est indispensable � tous ceux qui
s'occupent de l'origine et de la composition du
globe.
On sait qu'� la seule inspection des restes
d'animaux enfouis, on peut d�terminer l'�ge, la
profondeur, et l'esp�ce de terrain dans lequel ils
ont �t� rencontr�s, et bient�t il sera possible de
compl�ter la zoologie et la botanique du monde
primitif, avec les nombreux mat�riaux qu'on
s'empresse de recueillir et de coordonner d'une
mani�re si admirable dans les diff�rentes contr�es
de l'Europe savante. Il nous semble que rien n'est
plus digne de fixer l'attention des esprits
�clair�s; il n'y a point de sujet plus noble, plus
sublime pour leurs m�ditations et leurs recherches
que les ph�nom�nes et les secrets merveilleux des
sciences g�ologiques. Dans ces investigations si
attrayantes et si �tendues, on ne peut se d�fendre
d'une admiration sans bornes pour le cr�ateur
supr�me, et on reconna�t l'empreinte de sa puissance
� travers l'�corce du globe, aussi bien que dans
l'immensit� des cieux.
A une �poque o� les hommes comp�tents se plaisent �
rassembler tous les faits nouveaux qui doivent
contribuer aux progr�s de la g�ologie, nous avons
pens� qu'on lirait avec int�r�t la description d'un
fossile trouv� dans les terrains secondaires des
environs de Bl�mont (voir la planche ). C'est un
fragment assez bien conserv� d'une branche du
maxillaire inf�rieur.
Il nous parait n�cessaire d'expliquer auparavant le
gisement qui le renfermait; ces premi�res donn�es
auront sans doute quelque valeur et pr�senteront
quelque int�r�t.
Le calcaire coquillier ou conchylien (Muschelkalk)
occupe la plus grande partie du canton de Bl�mont;
il est d'une texture compacte, d'un gris de fum�e,
ou d'une couleur jaun�tre ; sa cassure est
concho�de, unie dans certaines localit�s; il est
p�tri de d�bris d'encrinites (Encrinites liliiformis);
dans d'autres, de petits fragments de coquilles
bivalves paraissant avoir appartenu � des
t�r�bratules (Terebratula vulgaris), � des peignes (Plagiostoma
striatum, ventricosum Schlot.), � des avicules (Avicula
socialis), etc.
Il renferme aussi une grande quantit� d'os, de dents
et d'�cailles de plusieurs esp�ces d'animaux marins
qui se rencontrent plus fr�quemment dans le calcaire
compact o� ils sont emp�t�s, que dans les couches
marneuses. Cependant, c'est � la partie moyenne du
d�p�t, dans les assises de marne qui s�parent les
bancs de muschelkalk, dans les couches terreuses, ou
� la surface du calcaire, que l'on remarque de temps
en temps des d�bris de sauriens, de poissons, et des
noyaux de coquilles qui sont d'une parfaite
conservation.
Dans la z�ne que je viens de peindre, la densit� et
la duret� du muschelkalk, ainsi que des marnes, sont
tellement fortes, qu'on ne saurait en extraire les
fossiles sans les briser. On voit qu'ils ont
conserv� la couleur jaun�tre de l'os vivant, tandis
que dans un d�p�t de calcaire assez consid�rable qui
se trouve dans le voisinage de la commune d'Avricourt,
ils ont rev�tu la couleur fonc�e g�n�ralement
attribu�e � ceux que l'on recueille � Lun�ville dans
le calcaire brun.
Dans les terrains qui forment le ban de ce village,
les os fossiles sont ordinairement plus complets,
moins d�t�rior�s et plus ais�s � d�tacher de la
gangue; en sorte que l'on pourrait affirmer que le
d�p�t calcaire d'Avricourt a plus d'analogie avec
celui de Rehainviller, et cependant il est beaucoup
plus rapproch� de Bl�mont.
A l'est de notre canton, cette formation se lie par
alternance au gr�s bigarr� ; � l'ouest elle est
recouverte d'une mani�re irr�guli�re par les marnes
iris�es. Le lit de la rivi�re qui est form�
d'alluvions anciennes et d'att�rissements modernes,
repose sur le muschelkalk, et encore sur les marnes
iris�es.
Le village de Dom�vre, pr�s duquel a �t� d�couvert
le fossile dont nous allons nous occuper, est situ�
sur la rive gauche de la Vezouse. Il couvre un
terrain compos� de plusieurs couches dont voici la
s�rie, en partant de la surface ext�rieure:
1� Sable m�l� de gravier;
2� Argile propre � faire des briques ( 1 m�tr� 40
c.);
3� Marne feuillet�e, coquilli�re (1 m�tre); elle est
grise et contient en assez grande quantit� la
lingule (Lingula tenuissima), la posydonomie (Posydonomia
minuta Bron.), et des d�bris de plantes qui n'ont
pas encore �t� d�termin�es;
4� Marne feuillet�e (3 m�tres ); elle est bleue et
ne contient pas de coquilles;
5� Calcaire conchylien, dans lequel on trouve une
grande quantit� de nodules d'argile de formes
tellement vari�es, que quelques g�ologues les ont
pris pour des ossements fossiles, quoiqu'ils n'en
aient ni la couleur, ni le tissu, ni la forme.
Curieux de conna�tre la composition de ces corps
extraordinaires, je leur ai fait subir une cuisson
ardente au four de la tuilerie. L'int�rieur a pris
la couleur de rouge brique, et la surface s'est
couverte d'une substance vitreuse et transparente en
quelques endroits, ou ressemblant � de l'�mail dans
quelques autres parties. J'ai attribu� cette
diff�rence � la silice que contenaient ces nodus.
Cette op�ration m'a donn� la certitude que l'argile
et la silice composaient la substance qui avait
plusieurs fois excit� la curiosit� des observateurs.
Quant au d�bris fossile dont il est question, sa
forme et la situation du bord alv�olaire et des
dents indiquent suffisamment qu'il faisait partie de
l'os maxillaire inf�rieur d'une esp�ce de saurien.
Il est incrust� � moiti� dans une pierre d'aspect
jaun�tre � l'ext�rieur et d'un gris de fum�e �
l'int�rieur. Elle est parsem�e de myophories qui
sont emp�t�es dans le calcaire, auquel les auteurs
ont donn�, par cette raison, le nom de calcaire �
myophories.
Cet os est allong�, recourb� l�g�rement d'avant en
arri�re, et renfl� en plusieurs endroits. Il est
transversalement convexe dans ses faces vers la
partie ant�rieure, mais aplati � l'autre extr�mit�;
apr�s avoir affect� une forme �largie
post�rieurement, il va en se r�tr�cissant vers le
museau comme dans la m�choire des crocodiles; sa
longueur est de 22 centim�tres, mais elle n'est pas
compl�te. Une portion de l'extr�mit� ant�rieure
manque, ainsi que celle form�e par les os
angulaires, surangulaires, etc.; en sorte qu'il
n'existe que l'os dentaire, dont la partie voisine
du museau a �t� bris�e et pouvait avoir 60
millim�tres, ce qui porterait la longueur totale de
cette m�choire � 40 ou 45 centim�tres.
La substance de l'os est compacte et spathique,
tr�s-cassante, d'un brun l�g�rement jaun�tre. Sur sa
face ext�rieure, on distingue un sillon longitudinal
partant de l'extr�mit� post�rieure, se prolongeant
obliquement vers la partie moyenne de l'os, o� il se
termine par une ouverture dans laquelle se logeait
une art�re. En avan�ant vers l'extr�mit� ant�rieure,
on remarque plusieurs scissures termin�es par cinq
trous qui p�n�trent dans le tissu de l'os et sont
destin�s � donner passage � des vaisseaux et � des
nerfs. La face est couverte de rugosit�s et de rides
souvent interrompues qui ont probablement servi
d'attaches � des fibres musculaires.
Le bord inf�rieur de cette m�choire est arrondi et
n'offre rien de particulier.
Quant au bord alv�olaire, il est inclin� du c�t�
interne; l'externe pr�sente de l�g�res bosselures,
et des enfoncements qui correspondent aux alv�oles
et aux cloisons qui les s�parent. Il est mince,
enveloppe les dents, et ne parait pas former la
rainure que l'on rencontre chez les sauriens.
Les alv�oles sont ovales transversalement, au nombre
de trente; la forme de leur cavit� est cylindrique
et peut avoir de 10 � 15 millim�tres. L'extr�mit�
post�rieure est bris�e � l'articulation des os qui
compl�tent la m�choire. Le bout ant�rieur n'existe
plus, et la cassure laisse voir une alv�ole ouverte
dans laquelle on remarque encore une portion de
racine avec sa cavit� qui est cylindrique. Cette
racine est situ�e obliquement de dedans en dehors et
de bas en haut; elle est plus grosse que les autres
et pourrait avoir servi de d�fense. Pr�s de cette
alv�ole se trouve l'ouverture de deux sinus
correspondants aux trous que nous avons indiqu�s et
qui devaient donner passage aux nerfs dentaires.
Plusieurs alv�oles priv�es de leurs dents sont
remplies par la pierre ou parles racines. Vers le
tiers post�rieur de l'os maxillaire, on remarque au
milieu d'un enfoncement une dent de remplacement qui
a �t� observ�e par un simple hasard et voici de
quelle mani�re. D�sirant mettre � d�couvert les
dents qui �taient encore envelopp�es de calcaire, je
dirigeai mon ciseau autour de la couronne d'une dent
qui � l'instant se d�tacha et me laissa voir au
centre de la racine une autre dent conique, pointue,
finement stri�e, dirig�e obliquement de bas en haut,
de dedans en dehors et qui �tait ench�ss�e dans la
cavit� de la racine. Le nombre des dents s'�l�ve �
30 dont quelques-unes sont bris�es. Les post�rieures
sont tr�s-petites, et elles deviennent
insensiblement plus grandes en s'avan�ant vers le
museau. Elles sont d'in�gale grandeur et se trouvent
alternativement plus grandes et plus petites. Leur
�mail est d'un brun clair vers le collet, et devient
plus fonc� vers la pointe.
Je crois devoir insister sur les caract�res du
syst�me dentaire de cet animal, et en particulier
sur la couronne qui est plac�e hors de l'alv�ole,
sur la racine qu'elle renferme, et sur le collet qui
s�pare ces deux parties.
1� Le corps de la dent est �maill�, conique, aigu,
un peu recourb�, renfl� � sa partie externe vers la
base, stri� longitudinalement, comme dans les
crocodiles, depuis le renflement jusqu'� la pointe.
2� Le collet est situ� au-dessous du renflement; il
est circulaire, lisse, r�tr�ci et se prolonge
jusqu'� la racine.
3� La racine est cylindrique, form�e d'une substance
�burn�e; elle a de 10 � 15 millim�tres de longueur.
Dans l'int�rieur est creus�e une cavit� dont la
grandeur est consid�rable, et l'�paisseur des parois
tr�s-variable; elle se prolonge jusque dans le corps
de la dent.
Ces d�tails para�tront minutieux; mais j'ai pens�
qu'on les accepterait volontiers dans leur �tendue
pour ne rien �ter � l'exactitude et � la fid�lit�
qui sont impos�es au naturaliste. La moindre
circonstance peut d�cider la classification de ce
curieux fossile.
Voyons maintenant � quelle esp�ce et � quel genre il
peut appartenir. L'illustre Cuvier, qui avait re�u
de notre ami, le savant Gaillardot, des fragments
fossiles recueillis dans le voisinage de Lun�ville,
avait pens� qu'ils provenaient d'une esp�ce de
Plesiosaurus; mais plus tard, ces d�bris compar�s �
quelques autres d�couverts en Allemagne,
pr�sent�rent tant d'analogie avec ces derniers que
l'on convint qu'ils �taient plus voisins du genre
Nothosaurus. Pendant ces derni�res ann�es, le
c�l�bre Hermann de Meyer ayant examin� plusieurs
cr�nes et quelques morceaux incomplets de m�choire
inf�rieure, a reconnu qu'ils ne pouvaient appartenir
au Nothosaurus; mais � un genre voisin qu'il a
d�sign� sous le nom de Simosaurus � cause du peu de
longueur du museau qui est effectivement plus court,
plus obtus et plus large que dans le Nothosaurus.
Au premier coup d'�il jet� sur notre fossile, on
voit qu'il ressemble plus � la m�choire du
Simosaurus qu'� celle des autres sauriens dont il a
�t� fait mention.
La forme de cette m�choire et celle des dents font
d�couvrir une diff�rence assur�ment plus que
suffisante pour prouver que les d�bris fossiles de
ce genre n'ont pas �t� suffisamment �tudi�s, jusqu'�
l'�poque o� M. de Meyer s'est particuli�rement
appliqu� � les reconna�tre et � les comparer. Avant
les travaux de ce naturaliste, ces animaux ont d�
n�cessairement �tre confondus avec plusieurs autres
qui pr�sentent une certaine analogie de
conformation. En effet, la m�choire a beaucoup de
rapport avec celle des crocodiles; mais l'examen
attentif de la disposition des dents et de leur
forme peut la faire consid�rer comme appartenant
�videmment � un saurien.
Les caract�res assign�s par Cuvier dans la
description des dents trouv�es � Lun�ville ne
ressemblent pas � ceux du fossile que nous
poss�dons; elles sont plus voisines du Plesiosaurus,
ou du Dracosaurus dont les dents sont longues,
�lanc�es, recourb�es, cannel�es et sinu�es vers la
racine. Cette disposition ne se remarque pas dans
notre fragment.
Le Nothosaurus a les dents coniques, peu recourb�es,
enti�rement cannel�es, renfl�es dans le milieu;
elles conservent sur tout le bord alv�olaire � peu
pr�s le m�me volume. Elles ne ressemblent donc pas �
celle du Simosaurus, dont le Conchyosaurus parait
cependant se rapprocher. Ce dernier a les dents
enclav�es d'une mani�re singuli�re ; leur in�galit�
n'est pas moins remarquable; elles sont stri�es,
cannel�es depuis le collet jusqu'� la pointe,
renfl�es vers la base, obtuses, presque droites,
creuses, et g�n�ralement petites, avec cette �trange
circonstance qu'elles sont alternativement plus
grosses les unes que les autres.
De ce rapprochement, il ressort une diff�rence assez
notable entre les dents de la m�choire fossile que
nous avons essay� de d�crire et celle des autres
sauriens qui ont d�j� occup� les naturalistes; c'est
pourquoi nous adoptons volontiers l'opinion de M. de
Meyer, et nous croyons pouvoir, avec lui, rattacher
ce fragment � l'animal auquel il a donn� le nom de
Simosaurus Gaillardotii.
Cette appellation est un hommage que le savant
zoologiste de Francfort a voulu rendre � notre
compatriote le docteur Gaillardot qui a observ�, le
premier, les cr�nes du Simosaurus, et attir�
l'attention des naturalistes sur les ossements
fossiles du muschelkalk de la Lorraine. Il est �
remarquer que dans le muschelkalk de l'Allemagne, on
n'a trouv� qu'un seul cr�ne de cet animal, tandis
que les d�bris en abondent autour de nous.
Avant de terminer cette notice, il nous parait utile
de signaler encore les particularit�s suivantes : on
sait, d'apr�s la description faite par Cuvier, tout
ce qu'il y a de ph�nom�nal dans la configuration de
l'Ichthyosaurus. Il semble avoir �t� form� de
diverses parties de diff�rents animaux; �� ainsi il a
la m�choire d'un dauphin, les dents d'un crocodile,
la t�te et le sternum d'un l�zard, les extr�mit�s
d'un c�tac�, et les vert�bres d'un poisson. � Or,
les d�bris de ces �tres marins que nous rencontrons
souvent dans les terrains de nos contr�es ont
beaucoup d'analogie avec l'Ichthyosaurus.
Voici les inductions que nous pouvons tirer pour
caract�riser les penchants et les habitudes de ce
singulier animal. Comme sa m�choire est tr�s-forte,
que ses dents sont nombreuses et aigu�s, il devait
�tre vorace et carnassier. Ses excr�ments fossiles
appel�s coprolithes se trouvent en grande quantit�
emp�t�s dans notre calcaire; ils varient de forme et
de grosseur; les uns sont oblongs, coniques,
aplatis, cylindriques et n'affectent pas la forme
spirale de ceux qu'a trouv�s et d�crits Buckland.
Leur substance est d'un blanc mat et friable comme
de la craie; elle happe � la langue; la cassure en
est concho�de, l'ext�rieur lisse, jaun�tre et
g�n�ralement de la couleur de la pierre o� elle est
contenue; elle est form�e de d�tritus de petites
coquilles, d'os, de dents et d'�cailles de poissons
qui paraissent provenir du Gyrolepis tenuistriata,
d�crit par M. Agassis sur un �chantillon assez
complet trouv� pr�s de Lorquin. Ces �cailles se
rencontrent tr�s-abondamment � la surface de notre
calcaire.
De telles donn�es prouvent �videmment que la
nourriture principale du Simosaurus devait �tre
compos�e de ces habitants de la mer.
On doit en conclure qu'il vivait dans les eaux �
proximit� de la terre ferme, comme semblerait
l'indiquer la configuration du gisement o� il fut
trouv�, qui a la forme d'un golfe, born� par le gr�s
bigarr� sur lequel le calcaire conchylien s'est
d�pos�.
A la vue des merveilles qui sont enfouies dans les
profondeurs du globe, et pr�sentent, comme celles
que nous contemplons autour de nous, les caract�res
de puissance et de grandeur qui appartiennent aux
�uvres de la cr�ation, quel observateur ne se
sentirait p�n�tr� d'une admiration sans bornes! Les
d�bris p�trifi�s qui sont rencontr�s par les
g�ologues, nous d�montrent que la terre a �t�
occup�e � des �poques inconnues par des esp�ces
d'animaux et de v�g�taux maintenant disparues. On a
pu se convaincre �galement qu'elles offrent un
ensemble d'arrangements, une liaison �troite, une
analogie fond�e sur l'unit�, manifestations d'une
intelligence et d'an pouvoir supr�mes. L'�tude
s�rieuse de l'histoire des innombrables races du
r�gne animal et v�g�tal aujourd'hui perdues nous
fait voir que chacune, ayant �t� l'objet d'un plan
et d'un soin providentiels, a �t� mise en harmonie
parfaite avec les conditions de vie qu'elle avait �
remplir. Il en r�sulte surtout la preuve que ces
cr�ations primitives et les arrangements primordiaux
des �l�ments inorganiques avaient pour but �vident
de pr�parer la composition des corps organis�s, soit
animaux soit v�g�taux, qui existent maintenant et
qui sont destin�s eux-m�mes � l'utilit� de l'esp�ce
humaine.
On �prouve un charme indicible � m�diter ces grands
faits de la g�ologie ; ils �l�vent, ils agrandissent
l'esprit. Quelle occupation plus digne de l'homme,
que celle de parcourir sans cesse le livre de la
nature pour y apprendre les merveilles qu'il
renferme ! D�j� les travaux de quelques savants ont
d�velopp� de nouvelles pages de ce livre; mais
quelles riches d�couvertes il nous reste encore �
faire ! Que de preuves � r�unir pour confirmer les
recherches et les observations maintenant publi�es !
Que d'�tres inconnus ou mal d�finis attendent un
autre Cuvier pour les r�v�ler au monde! II nous
semble que rien ne donne une plus haute id�e de la
force de l'esprit humain que ces magnifiques
investigations du savoir sur des cr�ations
jusqu'alors inconnues. Des obstacles sans nombre
paraissent opposer une barri�re infranchissable aux
progr�s de cette �tude; mais il n'est rien que
l'intelligence de l'homme ne parvienne � d�couvrir,
et ces conqu�tes dans le domaine de la g�ologie sont
aussi glorieuses que celles des arts et des
sciences.
Si, dans ces courtes observations, nous avons pu
inspirer � quelques-uns de nos honorables
compatriotes l'id�e de rechercher les ph�nom�nes
g�ologiques, de recueillir et de classer les
fossiles qui abondent dans la Lorraine et d'enrichir
la science de leurs d�couvertes, nous serons
suffisamment r�compens� de nos efforts et de nos
�tudes. |