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Jeanne Miller (Mathis de Grandseille) (1853-1936)
 


Nous avons d�j� �voqu� l'aspect politique de Ren� Mathis-de-Grandseille (1847-1931), maire de Verdenal, fils de Emile Mathis-de-Grandseille et Marie-Louise Batelot.

Rappelons que la famille Mathis avait acquis les restes du marquisat de Grandseille en 1775, en la personne de Gustave Adolphe, ancien officier au service du grand-duc de Toscane (puis de son fr�re Louis Nicolas, conseiller au baillage de Dieuze) ; ce n'est d'ailleurs que par d�cret royal du 1er novembre 1816 que Louis-Nicolas Mathis avait obtenu l'autorisation d'adjoindre �� de Grandseille � � son nom.

Un si�cle plus tard, la famille est grandement impliqu�e dans le tissu �conomique, alli�e � la famille d'Hausen (Fr�d�ric d'Hausen a �pous� Marie, soeur de Ren� Mathis-de-Grandseille) notamment dans la continuation de la taillanderie Batelot, puis la fin des forges de Bl�mont (voir 1896 - La forge morte).

Le 4 octobre 1877, Ren� Gabriel Aymar Mathis de Grandseille avait �pous� Jeanne Miller (1853-1936) : le couple aura trois filles : Th�r�se, H�l�ne et Gabrielle.

Dans le curieux article ci-dessous (curieux tant par sa forme alambiqu�e que par des conclusions disproportionn�es � sa faible valeur informative) est �voqu�e la figure du p�re de Jeanne Miller, le pal�ographe et hell�niste Emmanuel Cl�ment B�nigne Miller (1812-1886) et son entourage d'intellectuels : l'abb� Henri Lacordaire (1802-1861), le m�di�viste Gaston Paris (1839-1903). l'arch�ologue Salomon Reinach (1858-1932). On note aussi la visite en Lorraine de Sophie Littr� (1838-1927), fille et collaboratrice d'Emile Littr�. Quant � Eug�nie de Gu�rin (1805-1848) elle n'est cit�e que par allusion � son �� Journal �.
On voit ainsi s'entrem�ler dans la haute bourgeoisie de la seconde moiti� du XIX�me si�cle, des h�ritiers de l'ancienne noblesse lorraine, des industriels, des politiciens et militaires conservateurs, des membres du clerg� et nombre de repr�sentants des acad�mies litt�raires.


Le Pays Lorrain
1924


LE CHATEAU DES DAMES A BAYONVILLE

Ch�teau de l'Hoir mon Vau, du c�t� de Mye-ville, et Ch�teau des Dames, � l'oppos�, du c�t� de la rue Biard ou de Bias. Deux ch�teaux, sans parler des ruines de la maison-forte qui valurent jadis � Bayonville son surnom de BayonviIle-aux-Trois-Tours. sans parler enfin de la closerie, au haut du Monc�, o� s�journaient les religieux de la puissante abbaye d'Orval...
Le Ch�teau des Dames dont il va s'agir ici, encore qu'il soit peu �loign� du gaulois lieudit : Le Trou des F�es, n'est point hant�, comme les celtisants le pourraient croire, par les dames blanches ou doubles aith�riques des d�funtes ch�telaines qui errent encore autour des tourelles o� s'�coula, morne ou vive, leur vie terrestre. Le Ch�teau des Dames fat ainsi nomm� par les villageois, parce que longtemps, longtemps, y v�curent presque toujours seules quatre ou cinq dames, dont l'existence � la campagne nous fournit de pr�cieux renseignements sur les occupations de ces ch�telaines, en l'absence du maitre parti pour quelque conqu�te de la Toison d'Or, pour quelque merveilleuse croisade de la science en terre d'Orient.
Les dames ? Ce sont Madame Julie Miller, jeune fille de Metz ; Mademoiselle la toute jeunette Jeanne Miller, future Madame Mathis de Grandseille ; Hortense, soeur de Madame Miller ; une tante nomm�e Jos�phine ; enfin une a�eule qui s'�teignit au d�but des temps qui nous occupent. Ceci se passe en 1863, et 1864 surtout.
Point donc de f�erie au Ch�teau des Dames. A peine de r�guliers et quotidiens rendez-vous t�l�pathiques, si l'on peut parler d�j� ce langage en 1864.
�� Ainsi, �crit de Panagia (dans l'�le de Thasos), l'Absent, entre onze heures et midi, tous les jours, except� le dimanche, j'entrerai dans ta chambre de travail et je te regarderai �crire et jouer du piano. Pense que je suis l�, aupr�s de toi, et si tu veux faire un grand plaisir � ton pauvre papa, accepte avec patience, avec r�signation, les le�ons de piano. J'ai bien autrement � souffrir ici, debout, toute la journ�e, en remuant des marbres qui sont aussi lourds que la terrasse de Bayonville. � (A Mademoiselle Jeanne Miller, 4 juillet 1864.)
Le 8 ao�t suivant, une lettre de Panagia reparle des invisibles pr�sences :
�� J'ai beau �tre fid�le au rendez-vous donn� par Jeanne, entre onze heures et midi, je n'en sais pas davantage, et si mon imagination vous fait parler et agir, je n'en d�sire que plus vivement savoir par vous-m�mes si j'ai devin� juste. �
Le 1er septembre : �� Je vais bien souvent au rendez-vous que tu m'as donn�, mais je ne vois pas que tu occupes toujours bien ton temps dans ce petit cabinet o� je serai si heureux de me retrouver avec vous. �
Comme on comprend les souffrances de l'exil�, rien qu'� lire ces sobres pr�occupations de communier en amour dans le sentiment de famille ! Je vis toujours au milieu de vous par la pens�e c'est le mot qu'�crit le savant en mission d'�tudes devers le myst�rieux Orient.
Car ce grand savant se double d'un mari � l'in�puisable tendresse et d'un p�re au large coeur. Sa foi ardente est pour lui un saint viatique � travers ses p�r�grinations en Italie, en Espagne, en Russie, � Constantinople, en Gr�ce. Et les d�tails les plus futiles de la vie domestique prennent pour lui une exceptionnelle importance, d�s qu'un peu de l'�me des siens s'y attache. Aussi ces lettres du savant vont-elles nous aider � recomposer la vie au Ch�teau des Dames, � cette �poque d'avant la funeste guerre de 1870.
Alors qu'il visitait les nombreux monast�res du Mont-Athos, l'orientaliste �crivait de sa fille ; �� Je compte toujours sur ses bonnes pri�res pour m'obtenir quelque trouvaille heureuse � la fin de mon voyage. Dites-lui que je lui pardonne de m'�crire si peu, mais qu'il faut qu'� mon retour, elle me montre un beau cahier bien soign�, contenant quelque composition de sa fa�on, une histoire, des com�dies, ce qu'elle voudra qu'elle m'ex�cute sur le piano beaucoup de morceaux que je n'aye point entendus qu'elle me fasse des pi�ces de vers. � (1863).
De Panagia (Thasos) : �� Ici, je n'ai point de messe, le dimanche. Mais je vous accompagne, par la pens�e, � l'�glise de Bayonville. �(24 juillet 1864.)
�� Une chose me console, c'est que nous voici bient�t en septembre, c'est-a-dire que le moment de vous revoir approche. Vous me raconterez votre �t�, vos craintes, vos esp�rances, vos jouissances morales, si l'annonce de mes d�couvertes vous en a procur�, vos visites, vos repas, vos promenades, les canards et les poules de Jeanne, ses mauvaises le�ons de piano, ses bons moments, si rares qu'ils aient �t� vous me raconterez tante Jos�phine et ses recommandations, enfin, tout Bayonville. �
Cette lettre, partie de Thasos le 17 ao�t 1864, pouvait faire allusion peut-�tre au diff�rend qui mettait aux prises � Bayonville un grand nombre de propri�taires avec la commune, � laquelle ils demandaient 300 francs de dommages-int�r�ts pour la chaude et fameuse affaire de propri�t� �� du tr�fond du Tr�ma �.
Cette vie au ch�teau, en l'absence du savant, �tait bien souvent d'une indicible m�lancolie. �� Je n'ai pas besoin de vous dire tout le plaisir que m'a fait votre lettre. �� Je vois que vous �tes en distractions, et je me r�jouis � la pens�e que vous avez moins de temps pour vous livrer � vos id�es noires.
�� Je vous fais compliment de la mani�re dont vous arrangez votre voli�re; je serai bien heureux quand je m'y retrouverai avec vous. Malheureusement, ce ne sera pas cette ann�e.... � (25 ao�t 1864.). C'est alors que bat la f�te patronale du village, suivie des messes et anniversaires pour les morts. La pens�e du savant, oiseau du coeur. s'�lance vers Bayonville. Elle jaillit des eaux m�diterran�ennes de la Gr�ce, de la soleilleuse �le de Thasos : �� Je regarde surtout � gauche, dans la direction de la France, et je cherche � calculer quel arc de cercle je dois couper sur l'horizon pour vous rejoindre � Bayonville. � Puis il ajoute : �� Dans trois jours, je serai de coeur avec vous, j'entrerai tout recueilli dans cette chambre que vous avez convertie en cabinet d'�tudes, et je m'associerai � vos pri�res. Je n'ai point d'�glise catholique ici, je le regrette vivement, dans cette circonstance surtout. J'irai en id�e dans celle de Bayonville et je me glisserai dans le petit banc aupr�s de vous. Beaucoup dans le village vous accompagneront, parce qu'elle a laiss� apr�s elle des souvenirs de bont� et de charit� qui feront toujours b�nir sa m�moire.
�� Vous ne m'avez pas parl� de la F�te-Dieu. Est-ce que vous n'avez pas fait de reposoir cette ann�e ? Est-ce que Jeanne n'a pas eu cette agr�able distraction ? � (1er septembre 1864.).
Ce jour-l�, le savant destine � sa fille un mot particulier. �� Je me r�jouis avec toi de l'arriv�e de Mademoiselle Littr�... Tes pigeons et tes poulets m'int�ressent beaucoup moins, et j'aimerais beaucoup mieux m'occuper de ta nouvelle compagne. Je te f�licite de ton talent, et puisque tu joues si bien de l'�crevisse, tu m'aideras � fournir le garde-manger les jours o� les beaux messieurs et les belles dames de la ville viendront nous voir... �
�� Tout cela, vois-tu, ne vaut pas Bayonville. Aussi j'aime mieux aller te retrouver, le plus t�t possible. J'ai h�te de lire ton journal, car je suppose que tu en fais un et qu'Eug�nie de Gu�rin stimule ton �mulation, ainsi que ton recueil d'histoires, celui que je dois faire imprimer...
�� Il existe un ouvrage allemand sur l'�le de Thasos. Tu me le traduiras, ou du moins tu m'aideras � le comprendre. Les filles des membres de l'Institut sont oblig�es d'�tre savantes et d'aider leurs p�res dans leurs travaux. Nous verrons si tu feras comme Mademoiselle Littr�. � (Ile de Thasos, 1er septembre 1864.)
Le projet de retour, contrari� par les trouvailles r�alis�es, et les difficult�s de toutes sortes, est abandonn� par M. Miller. ��Je ne parle pas du plaisir que m'ont procur� vos lettres dans la d�tresse morale o� je me trouve en ce moment. Je me transporte aupr�s de vous et je prends part � vos petites r�unions o� chacun apporte sa part de ga�t� et d'esprit. Je voudrais bien aussi r�apprendre un peu de ce que c'est que de s'asseoir � une vraie table, d'avoir devant soi un peu de bouillon de boeuf, une tranche de gigot r�ti, et de boire un peu de vin qui ne soit pas empest� de r�sine. Vous dites quelquefois que votre vall�e est triste et qu'on s'y cr�tinise, venez donc passer ici quelques mois, seules, et vous ferez apr�s la comparaison. � (Thasos, 25 septembre 1864.)
�� Voil� pourtant la vie que je m�ne, et je ne suis pas encore fou Tandis que je pourrais �tre si tranquillement � Bayonville aupr�s de vous. Je nous vois, les jours de pluie, r�unis dans le salon, vous et Hortense faisant marcher votre aiguille, les autres leur langue, et moi ma plume. Tout cela, ce sont des tableaux fantastiques, qui me passent devant les yeux. �(Thasos, 28 septembre.)
�� J'aimerais bien vous �gayer, vous int�resser, avoir du nouveau � vous raconter. Mais, h�las je tourne toujours dans le m�me cercle. Vous me parlez de la monotonie de votre existence, il me semble au contraire qu'elle est tr�s accident�e, tr�s anim�e, compar�e � celle que je m�ne depuis quinze jours. Je sens que Bayonville m'inspirerait, et que si j'avais � y �crire des lettres, je ne serais pas embarrass�. �(1er octobre.)
La joie du retour �clate � la fin du m�me mois, dans une lettre d�bordante d'enthousiasme �� Je serai donc certainement aupr�s de vous avant le premier janvier, car je tiens � commencer l'ann�e avec vous. J'ai amass� des tr�sors in�puisables d'affection, de d�vo�ment et d'adoration, que j'aurai tant de plaisir � d�penser pour vous. Vous �tes le but de mes pens�es et de mes actions. � Et Emmanuel Miller, membre de l'Acad�mie des Inscriptions et Belles-Lettres, ne tardait pas apr�s son second voyage en Orient � regagner son pays d'adoption, cette Lorraine qu'il aimait tant, et ce d�licieux s�jour ombrag� de Bayonville, sur la rive claire du Rupt-de-Mad o� Jeanne savait � merveille mener p�che d'�crevisses.
Miller aurait pu dire de Bayonville ce que son grand et illustre ami, Lacordaire, de Rome, � la date du 7 ao�t 1836, lui �crivait sur son propre village :
�� Mon cher Emmanuel.... Mon imagination ne me transporte jamais dans les sc�nes de la soci�t�, au th��tre, au bal, aux banquets, aux conversations mais souvent encore elle me ram�ne aux sc�nes de la nature. Je vois mon village, j'entends le bruit du vent dans les bois, le parfum des fleurs me trouble doucement. �
Emmanuel Miller, se trouvant aux c�t�s du duc de Morny, lors du couronnement du tsar Alexandre II. � Moscou (1856), s'esquiva et se r�fugia dans sa petite chambre. �� Que voulez-vous ? Je ne puis m'int�resser qu'� ce qui me fait penser � vous. Ce qui me pr�occupe surtout, ce sont vos actions, vos paroles, vos plaisirs, vos ennuis. Je voudrais �tre pr�s de vous, pour vivre de votre vie, prendre part � vos promenades aussi je t�che de me figurer que je ne suis pas � 700 lieues de vous. Qu'il s'agisse d'un bois o� vous �tes all�e vous asseoir avec ma m�re, Hortense et Jeanne, je l'aimerai. En un mot, qu'il soit question de vous et de tous ces �tres que je ch�ris du fond du coeur, � cette condition j'accepterai les descriptions quelles qu'elles soient. J'�tais n� pour la vie. primitive, au milieu de la nature, � condition toutefois d'y avoir pr�s de moi ce que j'aime le mieux au monde. �
Le savant pal�ographe et �minent arch�ologue, apr�s avoir p�r�grin� � Ravenne, Rome, Florence, Milan, Madrid, l'Escurial, Moscou, le Mont-Athos, Constantinople, l'�le de Thasos, vint retrouver ce cher Bayonville o� il aimait � se reposer tous les ans de ses savants travaux. �� II aimait, nous dit le marquis de Queux de Saint-Hilaire dans sa Notice sur la vie et les travaux de M. Emm. Miller. la vie d'un v�ritable campagnard sous pr�texte de passion pour la p�che � la ligne, il passait de longues heures dans une petite barque qu'il affectionnait tout particuli�rement, en compagnie d'�preuves � corriger ou de quelque livre grec dans lequel il se livrait, avec plus de succ�s que dans sa p�che aux poissons, � la chasse aux mots inconnus. �
Prot�g� par le marquis de Fortia d'Urban, qui donna la premi�re �dition compl�te des oeuvres de Vauvenargues, dont il d�tenait tous les papiers, ami de Lacordaire, de Gaston Paris, de Salomon Reinach et d'une foule d'�rudits et de savants, Miller v�cut jusqu'en 1886. Ses pr�cieuses trouvailles artistiques et �pigraphiques ont enrichi le Mus�e du Louvre. La liste compl�te se trouve dans le Mont-Athos, que publia Ernest Leroux � Pans, en 1889, avec la documentation donn�e par Mme Mathis de Grandseille-Miller, et o� nous avons nous-m�me puis� largement.
Gaston Paris, parlant le 15 janvier 1886 � l'Acad�mie des Belles-Lettres, � propos de la mort de l'h�te illustre de notre village de Bayonville, disait � ses savants confr�res : �� M. Miller �tait par excellence un esprit investigateur, et sa curiosit� ne se bornait pas � l'antiquit� grecque, ni m�me � cette litt�rature byzantine qu'il connut mieux que personne et � laquelle sont consacr�es plusieurs de ses plus importantes publications. Il s'int�ressait a l'histoire et � la litt�rature de Rome et du moyen �ge. � l'histoire et � la litt�rature fran�aise des derniers si�cles, et dans ces domaines, il a fait de piquantes et profitables excursions. �
Et Salomon Reinach, qui a catalogu� les divers et multiples travaux du savant, a �crit sur Emmanuel Miller : �� Miller a �t� un pal�ographe et un hell�niste de l'esp�ce des grands �diteurs de la Renaissance... Personne, peut-�tre, depuis Allatius et du Cange, n'a �t� aussi familier que lui avec la litt�rature grecque du moyen �ge. A cet �gard, il laisse en Europe un vide difficile � combler, et bien des ann�es passeront sans doute avant que ce byzantiniste �minent ait trouv� un successeur. �
Ainsi, comme on le voit, le Ch�teau des Dames ne fait point songer aux promenades nocturnes, par les bleus clairs de lune. des dames celtiques au corps fant�mal... Le corps astral des ch�telaines mortes ne revient pas r�der aux entours des boudoirs, o� mollement, elles balanc�rent jadis un �ventail paillet� d'or, en �coutant le galant compliment du damoiseau voisin.
Point de fait surnaturel ici. Le drame qui s'est jou� l� est humain, et partant, plus poignant peut-�tre.
Une famille - et quelle famille ! un savant d'Europe - unie par une incomparable puissance d'amour, est d�chir�e dans son �me par la Science, cette souveraine au vidage s�v�re, au coeur de roche, qui ne laisse arracher un peu de sa myst�rieuse Toison d'or qu'aux Argonautes h�ro�ques, qui ont la fermet� de se refuser aux douceurs du foyer pour braver les orages des lointains exils. Ces d�chirements d'�me, ne les sentez-vous point fr�mir encore dans cette appellation tendre et secr�tement m�lancolique, que nos gens du village ont donn�e � la demeure des Miller : le Ch�teau des Dames ?.... (1).
Gabriel GOBEON.
(1) Voir le Mont-Athos, par Emm. Miller (Ernest Leroux. Pans, 1889) et Notice sur la vie et les travaux de M. Emm. Miller, par le marquis de Queux de Saint-Hilaire (Leroux, �diteur) oeuvres diverses de Salomon Reinach, principalement sa Notice n�crologique, etc.


M�moires de l'Acad�mie de Stanislas
S�ance publique du 13 mai 1886


Compte rendu de l'ann�e 1884-1885 par M. l'abb� Mathieu

[...]
Permettez � votre secr�taire annuel de vous en donner la preuve en r�sumant les travaux et les �v�nements acad�miques de l'ann�e. Malheureusement il doit, comme tous ses pr�d�cesseurs, d�buter par un n�crologe, car une acad�mie est une famille qui ne meurt point, mais qui perd chaque ann�e plusieurs de ses membres. La mort nous en a pris cette ann�e treize que je vais citer par ordre chronologique, en rappelant bri�vement leurs titres � vos regrets.
[...]
M. Miller �tait un des noms illustres de l'�rudition fran�aise. Successivement attach� au d�partement des manuscrits grecs de la Biblioth�que nationale, fondateur de la Revue de bibliographie analytique, charg� d'importantes missions scientifiques en Espagne, en Russie et en Orient, membre :de l'Acad�mie des Inscriptions et Belles-lettres, etc., il passait en Europe pour le ma�tre de la pal�ographie grecque. Sa r�putation datait de l'ann�e 1851 o�, sous le titre de Origenis Philosophumena, il publia � Oxford un manuscrit rapport� � Paris du mont Athos par Nyno�de Nynas. C'est le texte grec le plus important qui ait �t� d�couvert dans notre si�cle.
Concurremment avec ses doctes travaux, M. Miller menait de front les fonctions de biblioth�caire au Corps l�gislatif. Pendant plus de trente ans, il s'y concilia l'affectueuse estime de tous les partis, car c'�tait un �rudit aimable, obligeant et spirituel. M. Miller appartenait a notre r�gion par deux alliances fort honorables son mariage avec une Messine et le mariage de sa fille avec M. Mathis de Grandseille, de Bl�mont. C'est � Bayonville et � Pont-�-Mousson que je l'ai entendu plus d'une fois, dans le repos des vacances, charmer ses visiteurs par ses r�cits de voyage et ses piquantes anecdotes.
L'Acad�mie de Stanislas avait devin� M. Miller avant qu'il f�t c�l�bre, car elle lui avait ouvert ses portes d�s l'ann�e 1841, sur le rapport de M. Theil.

 

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