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Chute du fort de Manonviller - Analyse 1931
(notes renum�rot�es)
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Ecole d'application de l'artillerie et du g�nie.
Cours de fortification. 2me partie.
Fortification permanente. 3me section, la fortification permanente pendant la guerre 1914-1918
Lt-Colonel Lazard
1931

�2 - LE FORT DE MANONVILLER
I - ROLE ET ORGANISATION DU FORT
Situ� � 12 kilom�tres � l'est de Lun�ville entre les forets de Parroy et de Mondon, le fort de Manonviller est construit sur une croupe �troite au sud de la voie ferr�e Strasbourg-Nancy.
La mission qui lui �tait assign�e consistait essentiellement � battre la voie ferr�e et la route nationale Strasbourg-Nancy, ainsi que la voie ferr�e et la route Lun�ville - st-Di� et les divers chemins entre les forets de Parroy et de Mondon.
Un dispositif de mine dans les piles de pont de Marainviller compl�tait l'interdiction de la voie ferr�e (1).
Armement.- Son armement comportait :
- pour l' interdiction : 2 tourelles Vougin en fonte dure et 2 tourelles � �clipse Galopin, arm�es chacune de 2 canons de 155 long (2);
- pour la d�fense rapproch�e : 2 tourelles pour 2 canons de 57 (3), une tourelle pour mitrailleuses; l'armement des coffres de contrescarpe.
Il y avait en outre, 2 canons de 80 sur aff�t de campagne, 10 mortiers en bronze de 15 et 22, et 12 sections de mitrailleuses.
Enfin le fort poss�dait 4 projecteurs dont deux sous tourelles � �clipse, 9 observatoires cuirass�s, 8 gu�rites-observatoires.
Locaux b�tonn�s.- Le casernement du temps de guerre avait �t� renforc� par une carapace de 2m50 d'�paisseur en b�ton sp�cial; il communiquait, par des gaines b�tonn�es, avec les tourelles, avec une galerie construite sous la cr�te de feu pour desservir les abris de rempart, et avec les coffres de contrescarpe (4).
Les contrescarpes en b�ton, de 4m50 d'�paisseur totale, �taient �vid�es et renfermaient galerie de circulation faisant le tour de l'ouvrage et desservant les cinq coffres de contrescarpe.

Garnison.- La garnison avait un effectif total de 19 officiers et 745 hommes (2 compagnies d'infanterie, 1 batterie d'artillerie), quelques sapeurs, t�l�graphistes et hommes de divers services... Elle comprenait en grosse majorit� des hommes de l'active; la plupart des officiers r�sidaient au fort avant la mobilisation et connaissaient parfaitement l'ouvrage et ses environs.

II - ATTAQUE DU FORT.
A partir du 23 Ao�t, le fort de Manonviller est coup� des arm�es fran�aises,-qui s'�loignent de plus en plus vers le sud-ouest et se retirent derri�re la Meurthe, puis derri�re la Mortagne.
Le 24 Ao�t au matin, l'ennemi entoure compl�tement l'ouvrage; et la garnison se renferme dans le fort. L'artillerie n'a pu tirer que quelques salves sur des objectifs peu importants.
Le 25 Ao�t, le bombardement du fort commence � 9h30 sans qu'aucun indice permette de situer les batteries ennemies. En fin de journ�e, le fort qui a re�u d�s obus de 210 et 305 mm, pr�sente des d�g�ts s�rieux. Une des deux tourelles en fonte dure est hors de service. Le passage sous foss� sud-est est inutilisable La cuisine et la boulangerie ne peuvent plus fonctionner (5). Une partie de l'approvisionnement des obus de 80 de campagne a explos�. Le mat�riel du post� optique a �t� d�truit (par le souffle d'un projectile).
Une accalmie, se produit dans la soir�e; et comme des mouvements ont �t� signal�s aux environs du fort, la garnison s'attend � un assaut, le lendemain au lever du jour. Des dispositions sont prises en cons�quence; mais rien ne se produit et le bombardement reprend le lendemain matin, renforc� par le tir d'une batterie de 420, en position pr�s de la gare d'Avricourt (6).
Au cours de la journ�e du 26, divers organes du fort subissent de nouveaux d�g�ts. La deuxi�me tourelle en fonte dure est mise hors de service. Une tourelle Galopin et une tourelle de 57 sont immobilis�es. Un des coffres est gravement endommag�. Enfin la grille d'escarpe pr�sente des br�ches importantes. Comme la veille, une accalmie se produit au d�but de la nuit; � diverses reprises des lueurs intermittentes qui apparaissent dans les r�seaux semblent indiquer le passage de reconnaissances ennemies. La garnison prend de nouveau ses dispositions pour r�sister � un assaut possible. Le 27 Ao�t, le bombardement par 420, suspendu pendant la nuit, reprend des le matin. Le Gouverneur r�unit vers 9h30 le conseil de d�fense et malgr� la violence du tir, la situation est jug�e supportable et le moral de la garnison excellent. Mais, � partir de 12 heures les �v�nements se pr�cipitent et l'effondrement de certains locaux, caus� par les projectiles ennemis, r�agit sur la garnison qui. est en outre fortement incommod�e par les gaz d�l�t�res que d�gagent les explosions. Entre 14 et 15 heures, le gouverneur r�unit pour la seconde fois le conseil de d�fense. Apr�s avoir demand� � chacun de ses membres son avis sur la situation, il se d�cide � capituler, abandonnant l'id�e d'une sortie (un moment envisag�e) comme inex�cutable.
Le drapeau blanc est hiss� vers 15h30.

III - SITUATION DU FORT.
Au moment de la capitulation, la situation est la suivante :
l'armement, en �tat de servir comprend une tourelle Galopin, une tourelle de 57 � tir rapide, les projecteurs. Les munitions sont encore abondantes, le fort n'ayant presque pas tir�.
Abris et communications. Les casemates ont peu souffert; il n'y a eu nulle part rupture de la carapace et il s'est seulement produit, dans les vo�tes b�tonn�es, quelques d�tachements de m�nisques. Dans deux casemates cependant, l'ancienne vo�te en briques s'est effondr�e entra�nant avec elle le matelas de sable (7). Un des coffres a �t� gravement endommag�. Une des deux communications avec la galerie de contrescarpe est rompue.
Obstacles.- La contrescarpe n'a subi aucune d�gradation s�rieuse; il y a plusieurs br�ches dans la grille d'escarpe; le r�seau est tr�s endommag�.
Habitabilit�. - Les conditions d'habitabilit� �taient mauvaises. La ventilation fonctionnait normalement, mais elle avait pour effet d'introduire dans les locaux, l'air charg� de poussi�res et de gaz nocif qui recouvrait le fort et qui demeurait sur place � cause de l'absence compl�te de vent (8). De plus, les prises d'air �taient dans les foss�s, o� s'accumulaient les gaz lourds provenant des explosions. D'o� de nombreux cas d'asphyxie.
Pertes.- La garnison compte 4 morts (dont 2 tu�s eu cours d'une patrouille ext�rieure), 30 bless�s et de 120 � 150 cas d'intoxication (dont aucun n'aura de suites graves).
En somme les d�gradations �taient minimes. Les Allemands en se retirant firent sauter le fort (9).

ENSEIGNEMENTS
Les causes de la reddition ne sont pas uniquement d'ordre mat�riel puisque le fort est relativement peu endommag� et que, si l'armement a souffert, la garnison est intacte et encore en mesure de s'opposer � un assaut Elles sont surtout d'ordre moral (10) :
- d�pression produite par les vibrations intenses et r�p�t�es des projectiles de tr�s gros calibre, (effet d'autant plus consid�rable que la garnison n'est pas entra�n�e);
- sentiment d'impuissance contre les moyens d'artillerie de l'attaque;
- insuffisance et mise hors d'usage des 3/4 de l'armement d'interdiction;
- crainte que la garnison ne soit asphyxi�e ou ensevelie sans avoir pu r�agir.

A - La chute rapide du fort de Manonviller sous l'action du bombardement d�montre l'efficacit� de ce proc�d� pour attaquer les ouvrages isol�s de petite dimension, surtout au d�but d'une campagne.
M�me en tenant compte des imperfections de notre fortification de 1914, cet enseignement demeure valable pour l'avenir et condamne l'emploi des forts d'arr�t en pays moyennement accident�.
B - On peut remarquer, au surplus, que le fort de Manonviller n'a pas eu � remplir son r�le d'arr�t sur les routes et voies ferr�es avoisinantes. Ce r�le est d'ailleurs �t� rempli aussi efficacement et � meilleur compte par des destructions.
On reviendra sur ces points dans la partie du cours intitul�e "R�le et Application de la Fortification permanente dans la D�fense des Etats". Mais il importe de signaler ici qu'en fait, le fort de Manonviller a �t� plus nuisible qu'utile - non pas en raison de sa destruction m�me, qui a �t� sans aucune influence sur la suite des �v�nements - mais en raison du peu de dur�e de sa r�sistance. Ce fort �tait le plus puissant de nos ouvrages. Sa chute en un temps restreint - d'ailleurs habilement exploit�e par la propagande germanique - a jet� le discr�dit sur la fortification permanente, plus encore peut �tre que la perte des places Belges. Il a fallu la r�sistance de Verdun pour revenir sur cette impression.

(1) Ce dispositif ne fut pas mis en oeuvre faute d'ordre de mise de feu. On rempla�a la d�molition du pont par une coupure pratiqu�e dans le remblai de la voie ferr�e en un point facilement battu par l'artillerie et les mitrailleuses du fort.
(2) Approvisionn�s � 1000 coups par pi�ces.
(3) Approvisionn�s � 2000 coups par pi�ce, Ces tourelles �taient les seules existantes, du calibre 57, dans notre fortification.
(4) Il existait deux gaines entre le fort et la galerie de contrescarpe.
(5) Par suite de la destruction ou de l'obturation des gaines de fum�e.
(6) �� Deux ans de guerre d'une batterie de 420 � par le Major Solf. Cette batterie tira 158 coups sur Manonviller.
(7) Ces effondrements impressionn�rent fortement le moral de la garnison en lui faisant perdre confiance dans la solidit� des casemates. Les hommes cherchaient refuge dans les gaines o� ils �taient g�n�s par les vibrations, les gaz et les poussi�res provenant des explosions
(8) L'insuffisance et la mauvaise disposition des latrines de guerre avaient �galement contribu� � empoisonner l'atmosph�re des locaux.
(9) Tant pour le d�truire que pour masquer le peu d'effet de leurs gros projectiles.
(10) La courte dur�e de la r�sistance surprit d'ailleurs les Allemands eux-m�mes. "Les choses s'�taient bien mieux pass�es que nos calculs du temps de paix ne l'avaient envisag�. La moiti� du temps, la moiti� des munitions pr�vues, pas m�me un assaut et le fort s'�tait rendu sans conditions... En fait, toute la garnison fut purement et simplement confin�e dans ses casemates des les premiers coups et ne donna plus signe de vie, sauf quelques coups tir�s par les tourelles. Quand les nerfs furent � bout, on hissa le drapeau blanc".
Major Solf, ouvrage cit�.

 

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