BLAMONT.INFO

Documents sur Bl�mont (54) et le Bl�montois

 Pr�sentation

 Documents

 Recherche

 Contact

 
 Plan du site
 Historique du site
 
Texte pr�c�dent (dans l'ordre de mise en ligne)

Retour � la liste des textes - Classement chronologique et th�matique

Texte suivant (dans l'ordre de mise en ligne)

Acc�s � la rubrique des textes concernant 1914-1918

15 juillet 192
3 - Inauguration du monument de Reillon (217e)

Voir aussi :
19 et 20 juin 1915

Reillon - Le monument des bras de chemise
15 juillet 1923 - Photos de l'inauguration du monument des bras de chemise
18 mai 1929 - Visite au monument des bras de chemise


Est-R�publicain
3 juillet 1923

L'INAUGURATION
du monument de Reillon

Le 217e de ligne, form� � Lyon, qui faisait partie de la 71e division, fut l'h�ro�que r�giment qui, dans les deux combats des 19 et 20 juin 1915, s'illustra � Reillon.
Dans la nuit du 19 au 20 et dans la journ�e du 20, ce r�giment fit trois assauts � la ba�onnette pour conqu�rir la fameuse cote 303 et s'y maintenir.
Ce fut la journ�e des �� bras de chemises �. II faisait si chaud et la lutte �tait si rude que les poilus du 217e jet�rent bas capotes et vareuses ; ils charg�rent en bras de chemises.
Les anciens de ce r�giment ont eu la touchante pens�e d'�riger par souscription un monument � leurs camarades morts dans ces trois assauts, sur le lieu m�me de leur sacrifice. L'auteur est un ancien du 217e.
Leur comit�, que pr�side M. le commandant de r�serve Clayette, de Lyon, vient d'organiser un voyage collectif pour conduire les anciens � Reillon, le jour de l'inauguration.
Le voyage aura lieu les 14, 15 et 16 juillet prochains.
Partis de Lyon-Perrache, les Lyonnais arriveront � Lun�ville le 14, � 12 heures. D�part en autos cars � 14 h. 30 pour Einville, Arracourt, Parroy, Mouacourt, for�t de Parroy, Sionviller, Croismares, Lun�ville.
Le 15 juillet, Lun�ville, d�part � 7 h. 30.
Emberm�nil, V�ho-Reillon, Gondrexon-Chazelles, Bl�merey. inauguration du monument � 10 h. 15, banquet � 12 heures.
D�part de Bl�merey � 15 heures, Saint-Martin, Dom�vre, Montigny, Bois-Banal, Bois-le-Comte, Merviller (d�part facultatif, � pied, pour Baccarat par Brouville-Gelacourt, arriv�e � Baccarat � 17 h. 30.
Le 16 juillet, d�part de Baccarat a 7 h. 30, Merviller, Vacqueville, Badonvilier, Village-N�gre, Rendez-vous-des-Chasseurs, Badonviller (d�jeuner). Montigny, Og�viller, Fr�m�nil, Domjevin, B�nam�nil, Thi�baum�nil, Lun�ville (d�ner et d�part � 18 heures).
Ainsi, les anciens du 217e de ligne vont revoir tous les villages o� ils combattirent et cantonn�rent, les bois o� ils s'abrit�rent, les coins familiers o� ils v�curent l'�pre vie des tranch�es. Nous sommes persuad�s que nos populations si cordiales leur r�serveront le meilleur accueil.


Est-R�publicain
17 juillet 1923

Comm�moration du combat des �� Bras de Chemises �

Pour comm�morer le souvenir des sanglants combats de Reillon, les 19 et 20 juin 1915, la Soci�t� amicale des anciens combattants du 217e de Lyon est venue assister, dimanche, � l'inuguration du monument �lev� dans ce secteur � la gloire de ses morts.
Arriv�e le samedi � Lun�ville, la d�l�gation lyonnaise avait �t� re�ue avec la plus grande cordialit� par des d�l�gations des anciens combattants et des anciens prisonniers de guerre. M. Clayelle, pr�sident de l'Amicale des anciens combattants du 217e, tr�s touch� par cette amicale d�marche, remercia chaleureusement les camarades de Lun�ville.
Le lendemain, dimanche, � 6 heures 1/2 du matin, les Lyonnais et les d�l�gations de l'A. M. C. et de l'A. P. G., avec leurs drapeaux, se retrouvaient � la gare de Lun�ville, d'o� le d�part eut lieu pour Reillon, soit par le train, soit en autocar.

A REILLON
Le petit village de Reillon. compl�tement, d�truit pendant la guerre, se rel�ve de ses ruines. Ses maisons, toutes neuves et accueillantes, sont pavois�es aux couleurs nationales.
A c�t� de la chapelle provisoire, construite en bois, s'�l�ve la st�le en granit des Vosges, �lev�e � la m�moire des braves du 217e r�giment d'infanterie.
A 9 heures et demie, une messe en plein air est c�l�br�e par le cur� de Reillon.
Parmi l'assistance, nous remarquons MM. Paul Bou�t, sous-pr�fet de Lun�ville ; Georges Mazerand, d�put� de Meurthe-et-Moselle ; le colonel Villemin, du 103e R. I., ex-commandant au 217e; de Turckheim, conseiller g�n�ral ; Rauch, de Baccarat ; docteur Henriot, de Bl�mont ; Og� et Gilbert, architectes du monument ; Alison, maire de Bl�merey ; Jacquot, maire de Reillon ; Fran�ois, maire de Leintrey ; les cur�s de B�nam�nil, Brouville et Merviller.
Pendant la c�r�monie, la fanfare des Gars de la Vezouze s'est fait entendre.

L'INAUGURATION
Le cur� de Reillon ayant b�ni, suivant le rite habituel, le monument, M. Clayette, pr�sident de la Soci�t� des anciens combattants du 217e R. I., prend la parole et �voque, dans un langage �mouvant et color�, les tragiques journ�es o� les braves soldats du r�giment lyonnais arros�rent de leur sang la terre lorraine boulevers�e. M. Clayette conclut en ces termes :
Quand vous apercevrez cette pyramide projetant son humble silhouette dans le bleu de votre ciel, vous songerez � tous ceux qui, sous le m�me ciel un jour de l'�t� 1915, ont �t� couch�s glorieusement par un impitoyable tr�pas. Vous vous rappellerez qu'ils sont tomb�s pour que vous puissiez respirer librement en vos foyers reconstruits.
Rappelez-vous que ceux, qui ont v�cu la grand et terrible �pop�e, ont g�n�reusement accept� tous tes sacrifices, en r�vant que leurs enfants ignoreraient les horreurs d'une nouvelle guerre. Puisse ce r�ve �tre r�alis� pour vous et par vous !
Quand, � votre tour, vous serez devenus vieux, tr�s vieux, dites � vos petits-enfants que la pyramide de Reillon a pouss� sur le champ du sacrifice et de l'honneur et qu'elle repr�sente un pass� de douloureuse abn�gation, de foi patriotique et de g�n�reux enthousiasme.
Au granit du monument, nous accrochons, avant de partir, quelque chose de votre coeur...
Et nous emportons, dans nos contr�e du Lyonnais, quelque chose du souffle magique et g�n�reux qui fait aujourd'hui, sur cette colline, frissonner vos �mes lorraines.
M. le lieutenant-colonel Villemin, du 103e R. I., ancien commandant au 217e, prend la parole � son tour-. Il rappelle les phases des successifs combats livr�s � l'ennemi dans ce secteur de Reillon, combats motiv�s par un ordre du g�n�ra Humbert ainsi con�u : �� Am�liorer le front d�finitif en le poussant en avant, entre Arracourt et Badonviller, sa droite appuy�e aux Vosges (la Chapelotte).
Les pertes �prouv�es, lors de ces combats, par le 217e R. I., furent s�v�res : 165 tu�s, 400 bless�s.
Dans une belle envol�e, le colonel Villemin s'�crie :
Habitants de Reillon, de Bl�merey, de V�ho, de Leintrey, de Saint-Martin, de Chazelles et de Gondrexon.
Un pacte de solidarit� morale vous relie au 217e R. I., car les noms de vos cit�s meurtries sont des noms de victoires qui brillent du plus pur �clat au livre d'or de notre fier r�giment.
Car les s�ves fr�missantes de vos sillons sont teint�es du sang f�cond de nos h�ros !
Car les croix pench�es de vos clochers croulants se sont inclin�es, comme la croix de Jeanne d'Arc � Rouen, devant le g�n�reux holocauste de nos martyrs, ont illumin� leur sacrifice d'un rayon d'esp�rance et d'immortalit� !
Car enfin, les yeux fix�s sur ces croix qui montent vers les cieux, et qui prot�gent vos foyers et vos tombes ancestrales, ces chers petits, avantde rendre leur belle �me � Dieu, ont eu la supr�me vision de leur village lointain, de l'humble maison grise qui abrita leur enfance heureuse !
En murmurant le nom v�n�r� du berceau, le doux nom de �� Maman � qui est aussi, au seuil du tr�pas, l'adieu � la vie, ils ont tendrement souri � ceux qu'ils avaient tant aim�s...
Le colonel termine son beau discours par ce double cri : �� Vive la France ! Vive la R�publique ! �
M. Georges Mazerand, d�put� de Meurthe-et-Moselle, lui succ�de. Dans un excellent langage, le sympathique d�put� rappelle les belles pages d'h�ro�sme inscrites dans l'histoire par les victorieux poilus qui combattirent en Lorraine. Il est fier d'avoir appartenu � la 2e division de cavalerie, en qualit� de capitaine, � cette division qui, aux d�buts de la guerre, d�fendit pied � pied le pays lorrain.
M. Mazerand rappelle les hauts faits du 217e, abordant l'ennemi � l'arme blanche et s'emparant, de haute et magnifique lutte, de la c�te 303.
�� Non, s'�crie-t-il, ce n'est pas l� un �pisode infime de la grande guerre. Ce monument, que l'on qualifiait tout � l'heure de modeste, est l'�gal des plus beaux. Il consacre les �pisodes d'un �clatant h�ro�sme. �
Le d�vou� d�put�, parlant avec une franchise, une �motion qui va droit au coeur des assistants, fait un vibrant appel en faveur de la fid�lit� au souvenir de nos grands morts et termine en applaudissant aux paroles du pr�sident de la R�pubique � Clermont-Ferrand et en revendiquant notre droit imprescriptible aux r�parations qui nous sont dues.
Le succ�s de M. Georges Mazerand est tr�s vif.
Apr�s quelques paroles de M. de Turckheim, conseiller g�n�ral, M. le sous-pr�fet de Lun�ville monte sur l'estrade :
Lorsque, dit-il, apr�s les angoissantes batailles d'ao�t 1914, la victoire reparut sur nos drapeaux, le g�n�ral en chef adressa � la nation un ordre du jour qui se terminait ainsi : �� Le gouvernement de la R�publique peut �tre fier des arm�es qu'il a pr�par�es. �
C'�taient bien, en effet, les arm�es r�publicaines de la France qui avaient triomph� ; c'�tait la coh�sion, de tous les soldats, conscients de leurs devoirs, venus de toutes les provinces qui avait triomph�.
Monument aux morts, certes, que ce granit qui symbolise l'h�ro�sme des soldats du 217e ; mais aussi, monument aux vivants, car il faut que ces trop nombreux mausol�es qui se dressent sur -les champs de baitaille de la grande guerre soient pour tous ceux qui les verrront � travers les g�n�rations une imp�rissable le�on de choses. �
S'adressant alors aux anciens militaires du 217e qui sont pr�sents, avec leurs familles, M. le sous-pr�fet s'exprime ainsi :
Rappelez-vous l'�tat de d�solation dans lequel vous avez laiss� le pays et voyez maintenant, contemplez tous ces villages ressuscit�s et l'esp�rance de toutes ces moissons, et dites aux populations de Lorraine qu'elles ont bten m�rit� du sacrifice que vous leur avez fait, c'est que, voyez-vous, les Lorrains, depuis des si�cles, connaissent ce p�nible labeur qui consiste, p�riodiquement, � redresser leurs maisons. Cette fois encore, ils n'ont pas failli � leur t�che.
Souhaitons, messieurs, et nous ne pouvons pas affirmer que cette guerre sera la derni�re, que les in�vitables catastrophes qui heurtent les peuples soient pour nous recul�es dans la nuit des temps.
Je suis heureux ici de joindre au double cri, pouss� d'ans toute l'ardeur de sa conviction par M. le colonel Villemin, le double cri de : �� Vive la France ! Vive te R�publique ! �
Apr�s M. le sous-pr�fet, dont le discours a produit une grosse impression, c'est au tour de M. Jacquot ; maire de Reillon. S'adressant au pr�sident des anciens combattants du 217e, il s'exprime ainsi :
Vous venez, monsieur le pr�sident, de faire la commune de Reillon gardienne d'une chose sacr�e entre toutes : ce monument �lev� � la m�moire des combattants du 217e r�giment, d'infanterie. Nous acceptons cette garde, et je suis charg�, au nom de la municipalit�, et de toute la commune, de vous dire que ce ne sera pas une charge p�nible.
D�s que nous avons connu votre projet de marquer en ce coin de terre lorraine le glorieux sacrifice de vos camarades de combat, nous vous avons approuv�s et nous vous f�licitons de tous coeur. Alors que peu � peu disparaissent les traces visibles d'�pres combats gr�ce � la collaboration de tous les habitants des r�gions d�vast�es par un peuple qui se refuse � r�parer, avec le autorit�s d�partementales, auxquelles nous sommes heureux de rendre hommage.
Il �tait n�cessaire, malgr� le voisinage du cimeti�re national o� dorment tant des v�tres, de rappeler ce qu'ils firent ici, les 19 et 20 juin 1915, et n'est-ce pas la place arros�e de leur sang qui devait recevoir le t�moignage immortel de leur h�ro�sme. Sur cette cote 303, observatoire pr�cieux, se mesur�rent, les 19 et 20 juin 1915, les volont�s d'une fraction de l'arm�e fran�aise et d'une fraction de l'arm�e allemande. Cette pyramide atteste que vos Poilus eurent raison des Boches. Install�s l� apr�s trois assauts � la ba�onnette, les �� bras de chemise � ne purent �tre d�log�s. La cote 303 nous resta jusqu'� la fin. C'est de l� que partirent les lib�rateurs de nos fr�res de Lorraine et d'Alsace vers qui, de ce point, les regards furent tendus pendant les ann�es 1915 � 1916.
Nous nous inclinons devant les d�fenseurs de notre sol et de nos libert�s.
Nous nous souviendrons. Vous vous souviendrez, enfants de nos �coles, et lorsque vous passerez devant cette modeste pierre, d�couvrez-vous. Pensez aux soldats du 217e, � tous ceux qui ont fait ici le sacrifice de leur vie, sacrifice qui nous vaut d'�tre rest�s Lorrains et, Fran�ais.
Quand viendra l'anniversaire, vous pouvez �tre assur�s que la population de Reillon et celle des communes voisines, unies dans une m�me pens�e, se feront un devoir de fleurir ce monument, fleurs du souvenir, fleurs de reconnaissance, fleurs des sentiments d'admiration sublime que nous inspirent les �� braves du 217e � tomb�s au champ d'honneur.

LE DEJEUNER
A l'issue de cette solennit�, un d�jeuner offert par les anciens combattants du 217e R. I.. a eu lieu � Bl�merey, dans la maison d'�cole, d�jeuner plein de cordialit� et de camaraderie.
Au champagne, des toasts �loquents furent prononc�s par MM. le colonel Villemin, Georges Mazerand, Clayette, de Turckeim, Jacquot, maire de Reillon, et Alison, maire de Bl�merey, ce dernier extr�mement touchant dans sa simplicit� et sa concision.
M. le sous-pr�fet de Lun�ville fut �galement tr�s applaudi. Il rappela, tout d'abord qu'en 1918, � l'h�pital de Saint-Nicolas-de-Port, il eut la vie sauv�e par le m�decin-major Rebattut, qui fut un des vaillants du 217e, M. Paul Bou�t demande aux Lyonnais qui l'�coutent de transmettre au docteur Rebattut son salut d'affectueuse reconnaissance.
Avec �motion, il rappelle ses premi�res visites � Bl�merey, o� M. Alison. maire depuis 43 ans, �tait rentr� d�s la premi�re heure. Il rappel� aussi qu'il est all� chercher � Saint-Cl�ment o� il s'�tait r�fugi�, le maire de Reillon, M. Jacquot.
�� Je t'ai suppli� de rentrer, dit-il, et de grouper autour de toi, dans le d�sert, quelques-uns de tes concitoyens pour emp�cher que Reillon ne fut ray� de la carte des communes. Et aujourd'hui, Reillon est bien pr�s d'�tre compl�tement restaur�.
Vous qui �tes venus en p�lerinage dans cette Lorraine bless�e, qui vous �tes r�unis dans cette maison commune toute neuve, vous direz chez vous quelle fut la t�nacit� et la vaillant dans les travaux de la paix de ce paysan lorrain dont vous avez d�fendu le sol.
Et maintenant, je me retourne vers le colonel Villemin. Il n'a pas fallu que vous en disiez beaucoup, mon colonel, pour que je reconnaisse en vous un de ces soldats de la R�volution, anim� d'une ardente foi r�publicaine. Il y a de ces sympathies qui naissent de l'�change du premier regard et o� des hommes qui ont sur la France et sur la R�publique des sentiments identiques, se reconnaissent.
Il faut le dire, notre victoire est venue parce que de tels soldats ont �t� conduits par de tels chefs. C'est gr�ce � eux, gr�ce aussi, Mesdames, au r�confort permanent qui leur parvenait du contact spirituel de l'�me de la femme fran�aise que la barbarie a �t� refoul�e de la plus adorable partie qui ait jamais brill� sous le ciel. �
Les anciens du 217e et nos compatriotes qui les accompagnaient se sont retir�s tr�s �mus de cette �mouvante c�r�monie.

 

Mentions l�gales

 blamont.info - H�bergement : Amen.fr

Partagez : Facebook Twitter Google+ LinkedIn tumblr Pinterest Email