Les Cahiers de l'Alliance
Isra�lite Universelle (Paix et Droit)
N�125 - 1er septembre 1959
Pierre-Maxime SCHUHL
L'�uvre po�tique d'Andr� Spire
Mesdames, Messieurs,
Nous avons l'habitude, au cours de ces Journ�es, de consacrer toujours une
s�ance � une question de litt�rature fran�aise, et de pr�f�rence � l'�uvre
d'un grand �crivain fran�ais. Nous avons eu la chance de b�n�ficier de la
pr�sence de plusieurs d'entre eux. Or l'ann�e derni�re, on a c�l�br� avec
beaucoup de sympathie et de retentissement le quatre-vingt-dixi�me
anniversaire d'Andr� Spire. Il e�t �t� anormal que, m�me avec un certain
retard, nous ne nous associions pas � l'hommage qui lui a �t� ainsi rendu.
Nous aurions aim� qu'Andr� Spire p�t venir lui-m�me ici. Un accident
d'automobile, ou plut�t un accident qu'une automobile lui a inflig� nous
prive de ce plaisir, mais nous avons celui d'avoir parmi nous Mme Andr�
Spire et Mlle Spire. Nous les remercions beaucoup d'�tre venues ici, comme
les d�l�gu�es du po�te, comme ses repr�sentantes et, si je puis dire comme
sa voix, puisqu'elles veulent bien donner lecture de ses vers.
Nous ayons peu de temps pour esquisser les grands traits d'une �uvre
multiple et d'une personnalit� extr�mement riche.
Spire est de la m�me g�n�ration que Claudel. Apr�s lui, - peu apr�s - se
situent de plus jeunes, qui �taient Romain Rolland, Gide, Proust, Val�ry.
Nous parlerons surtout aujourd'hui du po�te; nous aurions pu parler
�galement du prosateur, du haut fonctionnaire, et aussi du r�le qu'il a jou�
dans l'histoire diplomatique de notre temps.
Beaucoup d'entre vous sont des litt�raires, devant lesquels il est inutile
d� rappeler comment se succ�d�rent le Romantisme, le Parnasse, le
Symbolisme, ou du moins, la premi�re g�n�ration des symbolistes, les
symbolistes qui r�agirent contre le Parnasse, qui commenc�rent � r�agir
contre l'orthodoxie m�trique et � lib�rer le vers, car c'est aussi l� un
point dont nous devons dire un mot.
Spire en effet n'est pas seulement un po�te, Spire est �galement un
th�oricien de la po�sie. Beaucoup de po�tes sont des empiristes qui cr�ent
leurs vers en ob�issant � leur spontan�it�. Spire est un auteur spontan�,
mais il r�fl�chit sur ce qu'il fait. Il y a eu de lui, sur les probl�mes de
la technique po�tique, de nombreux articles publi�s dans diff�rentes revues;
en dernier lieu, dans le Mercure de France et dans Europe. Un important
volume a �t� publi� en 1949 chez Jos� Corti; il porte un titre curieux, mais
suggestif, sur lequel j'attire votre attention :
Plaisir po�tique et plaisir musculaire. Cet ouvrage tient compte de
quantit�s de recherches qui ont �t� faites depuis le d�but du si�cle par les
phon�ticiens. Vous devez conna�tre un livre d'un ma�tre de Montpellier, qui
s'appelait Maurice Grammont, sur la lecture des vers fran�ais.
Vous avez d� entendre parler des travaux d'un certain nombre d'auteurs comme
l'Abb� Rousselot, le P�re Jousse, qui ont essay� d'�tudier scientifiquement,
en laboratoire, l'�locution po�tique. Spire s'est beaucoup int�ress� �
toutes ces �tudes. Il y a particip� et il est arriv� � une conception de
l'expression po�tique, de la diction po�tique, qui fait intervenir non
seulement l'audition de celui qui �coute le po�te, mais les caract�res
physiologiques de la phonation de celui qui parle, et la fa�on dont tout
l'organisme intervient dans la diction d'un po�me.
Il est ainsi arriv� � une conception du vers, calqu� sur le souffle, qui
retrouve le rythme naturel de l'�locution, et qui ne se laisse pas
emprisonner par le carcan traditionnel des arts po�tiques d'autrefois. Vous
verrez tout � l'heure le r�sultat de ces �tudes et de cette diction.
Comment essayer de pr�senter la personnalit� d'Andr� Spire ? C'est un po�te
qui est aussi peu �� homme de lettres � que possible. Ce po�te est avant tout
un homme qui n'accepte pas les conformismes qu'on veut lui imposer; qui, d�s
le d�but, a �t� rebelle au conformisme familial, social, pour chercher �
�tre en toute franchise et en toute loyaut�, tout ce qu'il �tait ; qui a
voulu vivre de la vie pleine de son temps.
Premier exemple : � une �poque o� le sport commen�ait seulement � se
r�pandre, il a �crit des po�mes qui sont tr�s amusants parce qu'on y
retrouve les d�buts du cyclisme. C'�tait le beau temps du v�locip�de, de la
�� Petite Reine � qu'�tait la bicyclette; il y a aussi dans son �uvre des
po�mes de l'automobiliste. Il y a �galement des allusions aux sports
d'hiver, qui commencent aussi � ce moment-??l�, au ski; et je crois que,
dans tous ces domaines, le po�te Spire a �t� un des premiers � vivre de
cette vie si pleine. C'est un sportif. Ce n'est pas quelqu'un qui se r�fugie
avec les symbolistes dans une tour d'ivoire.
Il poursuivit sa recherche simplement, avec une parfaite indiff�rence aux
contingences qui ont tant d'importance dans la vie litt�raire ou dans la vie
artistique d'aujourd'hui. Les prix, les concours qui vous font conna�tre,
qui vous donnent un public, qui attirent sur votre �uvre les projecteurs de
l'actualit�, ce sont des choses dont il a toujours eu horreur.
Cet homme, qui vit une vie pleine et qui se cherche en toute loyaut�, prend
conscience de la multiplicit� de ses aspirations, de ses d�chirements. Qui
ne serait pas d�chir� entre des multiplicit�s d'aspirations ?
Mais il n'adopte pas une de ces attitudes ambigu�s sur lesquelles on se
pla�t � ???Insister aujourd'hui. Il prend conscience de ces oppositions, en
toute clart� et en toute lucidit�.
Nous allons voir les diff�rents aspects de son �uvre, qui ne se heurtent
pas, qui se compl�tent en r�alit�. C'est une personnalit� qui prend
conscience de ses d�chirements, mais qui en prend conscience avec une sorte
d'harmonieuse simplicit�, si bien que ces d�chirements, si vifs qu'ils
soient, sont �lucid�s et r�duits en quelque sorte.
Je ne veux pas faire une trop longue pr�sentation. Je pr�f�re laisser parler
Andr� Spire lui-m�me, le suivre dans son �uvre et essayer de faire se
d�rouler devant vous, au cours de nos lectures, les diff�rentes �tapes de sa
recherche.
Voici d'abord des souvenirs d'enfance. Non-conformisme, avons-nous dit. Ce
non-conformisme se marque d�j� dans un po�me intitul� : Ne... Vous allez y
observer, � c�t� de cette r�action de non-conformisme, le rythme de la
po�sie populaire, que nous trouvons tr�s fr�quemment chez lui. C'est une
sorte de chanson populaire, qui a un accent de terroir; on en trouve bien
d'autres, tr�s savoureuses, dans l'�uvre de Spire (1).
NE.,.
Quand je valais quelque chose,
Digue, digue, digue,
Quand je valais quelque chose,
Ne touche pas au feu,
Me disait le grand oncle;
N'ouvrez pas cette armoire,
Me disait la servante;
N'approche pas du puits,
Me disait la grand'm�re;
Ne marche pas si vite,
Tu te mettras en nage;
Ne cause pas en route,
Ne regarde pas en l'air;
Ne regarde pas � droite,
Il y a la fleuriste;
Ne regarde pas � gauche,
Il y a le libraire;
Ne passe pas la rivi�re,
Ne monte pas la colline,
N'entre pas dans le bois.
Moi, j'ai pris mon chapeau
En �clatant de rire,
Mon manteau, mon b�ton
En chantant : digue, digue !
La rivi�re, la colline,
Les grands bois, digue, digue !
Digue, digue les beaux yeux.
Et digue, digue, les livres !
Voil� donc une r�ponse n�gative aux interdits familiaux, une �chapp�e vers
la nature, vers les livres, vers la libert�.
Et voici maintenant un souvenir de cure dans une ville d'eau thermale, le
souvenir d'un enfant de Lorraine qui accompagnait ses parents �
Bains-les-Bains ou � Bourbonne, � Plombi�res ou � Martigny :
HENRIETTE
Henriette, qu'es-tu devenue ?
Es-tu demoiselle, es-tu femme,
Es-tu grand'm�re,
Es-tu morte ?
Ton p�re recevait le R�veil de Dole,
Et ta m�re, mate et flexible.
Ne quittait jamais ses mitaines.
C'�tait � la villa des Sources
On d�jeunait � midi juste.
Le service par petites tables
A �t� invent� depuis.
On se passait, � droite, � gauche,
Le pain, le potage, la salade.
On parlait des amis, du voyage,
Et le soir, apr�s quelques whists,
On organisait des charades.
Il y avait nos deux fen�tres
Qui donnaient sur la m�me pelouse,
Et mon salut, et ton sourire
Lorsque tes volets s'entrouvraient.
Il y avait tes bras, ton front,
Ta voix grave, tes yeux un peu myopes,
Il y avait deux jeunes corps,
Que le vieux souffle des vacances
Essayait de lancer l'un vers l'autre.
Mais toi, tu lisais Graziella,
Et le proviseur, sur l'estrade,
M'avait, avec une couronne verte,
Et une tape sur la joue,
Remis les Vaines Tendresses.
Et c'est � peine si nos c�urs,
Tes nattes, mon prix d'excellente
Eurent l'audace de jouer ensemble
Une ou deux parties de croquet.
C'est l� une r�miniscence, d�licate et charmante. Et puis, voici la
naissance � la po�sie : Les jeunes po�tes de province.
Nous sommes deux, ou trois, ou quatre,
Dans chaque ville.
Nous sommes de pauvres petits gar�ons !
Nos doigts tremblent, le matin des premier et des quinze
Quand notre revue arrive chez nous.
Nous en d�chirons fi�vreusement la bande
Pour lire s'il n'y a pas quelque chose de nous.
Nos amis sont � Lille, � Toulouse, � Marseille, � Lyon, � Moulins, �
Limoges, � Nancy.
Un beau jour, nous filons tous les uns vers les autres;
Nous nous retrouvons � Paris.
Soufflet, Vachette, Balzar, Deux-Magots. Closerie !
Nous nous f�licitons et nous congratulons !
Et nous ne nous connaissons pas depuis deux heures
Que nous nous jalousons et nous nous trahissons.
Nous sommes deux, ou trois, ou quatre,
Dans chaque ville.
Voil� donc le jeune homme qui na�t � la litt�rature, qui veut devenir po�te.
Et ce po�te �crit des vers qui sont charmants. Voici deux exemples. D'abord
un tableau de fleurs, qui fait penser � un Renoir, � un Odilon Redon ou � un
Fantin-Latour :
ANEMONES
An�mones, petites danseuses,
Ici et l� sur nos tables,
Vous dansez vos petits ballets.
Petites danseuses aux pieds coup�s,
Dans les facettes de nos vases
Vous dansez vos danses d�pendantes.
Sur l'air instable de nos chambres
Vous r�glez vos lentes cadences,
Poudr�es de vos pollens violets.
Hors de l'ombre qui vous oppresse
Vous �tirez vos r�v�rences,
Vos langueurs lavande, vos deuils mauve
Vous tendez vos tailles esclaves
De nos tables vers nos fen�tres,
But�es contre le brouillard blanc.
Le brouillard givr�, mer muette,
O� flotte le soleil cerise
Qui vous meut et ne vous voit pas.
A sa course oblique accord�es
Vous couvrez sa chute tragique
De l'hymne de vos vols bless�s.
Et, dans sa mourante lumi�re,
Vous vous �croulez, une � une,
Parmi vos soies �pandues.
Nous sommes tr�s pr�s du Parnasse. Nous sommes tr�s pr�s de certains
symbolistes. Et dans le m�me ordre, voici un autre po�me, presque
parnassien, et pourtant un peu plus cors�. C'est un souvenir de p�che en
M�diterran�e.
POISSONS DE ROCHE
Girelles, rouqui�s, sarans, rascasses,
Poissons de roche, poissons-joyaux,
Je vous sors de la mer transparente,
Fr�tillant au bout de ma ligne.
Je vous sors des failles mordor�es
Ou, sur les pierres �boul�es,
Entre les algues vous jouez,
Des fonds vert sombre, des grottes bleues
O� dort le congre, o� peut-�tre,
Dort aussi un dieu.
Nagez, tournez, rouqui�s, girelles,
Fl�tes, rascasses, dans mon filet,
Nagez, arc-en-ciel prisonnier.
Encore une heure, encore deux heures,
Et puis nous partirons ensemble
Dans les odeurs fauves de midi.
Nous nous en irons tous ensemble
Vers le fond rouge de la calanque
O�, parmi les pins �tal�s,
Les bruy�res arborescentes,
Dans la cuisine fra�che vous attendent
Le laurier, le thym, le persil,
Le citron, la tomate, le crabe,
Le homard, saphir et topaze,
Et le piment et le safran.
Apr�s cette po�sie, charmante et un peu gratuite, voici maintenant qu'�
Paris, le jeune po�te aborde des exp�riences sociales et prend contact avec
ce qu'on appelle l'�lite.
L'ELITE
�� Nous sommes l'�lite �, disent-ils.
Ils ont des automobiles,
Des ma�tresses et des chevaux.
�� Nous sommes l'�lite �, disent-ils.
�� Nous organisons le travail ;
Nous sommes indispensables �.
Les ouvriers gagnent leurs sous.
Les paysans portent leurs sacs.
Leurs paysans, contre les arbres,
A grands coups de matraque tapent,
Et rabattent le gibier des traques
En criant dans les sous-bois nus.
�� Nous sommes l'�lite, disent-ils.
Nos femmes vont aux concerts classiques,
Nos fils � l'Ecole de Droit,
Et nos filles lisent les Annales.
Les premiers sculpteurs de Paris
Pour nos escaliers font des rampes ;
Les po�tes chantent nos jardins,
Les peintres vivent de nos miettes. �
Pour leurs d�ners de syndicats
Ils font venir des danseuses,
Des musiciens et des chanteuses.
�� Nous sommes l'�lite �, pensent-ils.
Puis ils descendent, vers minuit,
Aux rues basses de la ville vieille.
Et, pleins de champagne et d'amour:
�� Nous sommes l'�lite �, vomissent-ils.
En r�action contre une po�sie qui n'est qu'une distraction pour la fausse
�lite, Spire revient � la spontan�it� de l'art populaire, qu'il pr�conise
dans un nouvel Art po�tique, que voici.
Peuple g�t� par trop de ma�tres,
Peuple trop riche en souvenirs,
Peuple des chansons et des danses,
Tu savais autrefois inventer tes images,
Chacun de tes baisers cr�ait un mot nouveau.
Maintenant tu r�cites.
Qu'as-tu fait de tes sens ?
Ecoute-les.
Murmure, chante ce qu'ils te dictent.
Tout le reste oublie-le.
Quand le vent te caresse la main,
Est-ce un dieu qui te prend ?
Une naiade quand tu te plonges dans une source ?
Ah, ne lis plus!
Ah! n'apprends plus par c�ur.
Regarde, �coute, flaire, go�te, mange!
Jette tes v�tements ; laisse le ciel, la mer,
Le soleil, l'air, l'odeur riche des plats
Poss�der ton corps jeune...
Et tes l�vres se mettront toutes seules
A chanter de jeunes chansons.
Mais l'essai de po�sie populaire aboutit finalement, et malgr� la r�ussite
des chansons signal�es plus haut, � un �chec qui correspond � celui des
universit�s populaires, auxquelles Spire s'�tait int�ress� au m�me moment;
et le r�sultat en est une sorte d'universelle d�ception (2).
Pas plus que les autres, les philosophes n'ont su apporter une solution au
po�te. C'�tait l'�poque des grands succ�s de Bergson au Coll�ge de France.
Mais ses cours le d��oivent (3); et le po�me Feu Follet d�nonce �� le point
par o� d�faille chaque syst�me �.
A ce moment se d�veloppe chez Spire un naturalisme, une sorte de d�isme
panth�iste qui s'exprime dans un po�me d�di� � L�on Brunschvieg, et intitul�
Concupiscences.
Ce naturalisme repara�t dans les Po�mes de Loire. En m�me temps que la
s�duction du fleuve, s'y exprime le sentiment que la nature la plus belle ne
suffit pas � satisfaire l'aspiration � l'infini que le po�te trouve en lui.
Voici un po�me de 1904, que P�guy a publi� dans les Cahiers de la Quinzaine
et qui s'intitule Ma barque lentement descend le fil de l'eau.
Ma barque, lentement, descend le fil de l'eau.
Les arbres sont pench�s sur la rivi�re calme.
Un poisson saute en l'air en faisant un bruit plat.
A coups secs un p�cheur fiche un pieu dans la rive.
De gros nuages blancs tombent du ciel dans l'eau.
Mon c�ur, tu ne bats plus de la fi�vre des villes.
Oublie tout, tes ennuis, tes h�tes, tes douleurs.
D�tends-toi, c�ur ardent, malade de trop vivre.
Et jouis pleinement de la beaut� du soir.
Flancs bois�s des collines, molles ondulations
Des plaines plant�es de grands arbres,
Rideaux de peupliers balanc�s par le vent,
Aulnes qui coqu�tez sur le miroir du fleuve,
Nature reposante o� les autres s'apaisent,
Laisse-moi te prendre toute par mes yeux,
T'emporter toute, pour moi seul, dans mon �me.
Ah ! ta s�r�nit� que peut-elle sur moi ?
Quand tu veux te cr�er l'ombre d'une for�t,
L'encens et la musique d'une cath�drale,
Le mouvement et la lumi�re d'une cit�,
Toi tu dis, assur�e, prudente, souriante:
J'ai mille ans devant moi.
Tu ne calmeras pas mon c�ur inquiet, nature
Moqueuse, en tes yeux verts, l'�ternit� me raille.
Ma barque, lentement, descend le fil de l'eau.
Voici maintenant deux simples strophes, dans lesquelles cette aspiration �
l'infini se pr�cise, et annonce un th�me que nous allons voir se d�velopper
� pr�sent :
JARDINS
Jardins, jardins, comme j'aimerais
Vos calmes ordonnances,
Si derri�re vos arbres taill�s, je ne sentais
Comme une absence, une �ternelle absence.
Si sans cesse, vos fleurs ne me disaient : �� Va-t'en !
Il y a un d�sert au pied d'une montagne.
Cherche, sans l'y trouver, une voix qui te parle,
Au milieu des �pines, dans un buisson ardent.�
La m�me aspiration se fait jour encore devant la s�duction de l'art, qui,
elle aussi, se manifeste insuffisante (le Messie) :
Art, si je t'acceptais,
Tu d�tendrais mon �me.
Par la main tu me conduirais et j'oublierais.
Art, si je t'acceptais, ma vie serait charmante.
Mes jours fuiraient l�gers, bienveillants, dilettantes;
J'aurais � moi, j'aurais pour moi le fugace Pr�sent.
Mais mon c�ur satisfait pourrait-il encore vivre
Si tu l'avait ch�tr� de son r�ve splendide :
Ce Demain �ternel qui marche devant moi.
Nous en arrivons maintenant � la d�marche par laquelle Spire, juif lorrain,
a retrouv� le juda�sme. Nous trouvons d�j� certains renseignements � ce
sujet dans les textes de prose intitul�s Quelques juifs et demi-juifs, o�
parlant de James Darmesteter, le grand savant qui �crivit un si beau livre
sur �� les Proph�tes d'Isra�l �, Spire nous donne quelques indications sur
l'histoire et le caract�re des juifs lorrains. Darmesteter, nous dit-il,
�� �tait n� en 1849, en Lorraine fran�aise, dans la petite ville de
Ch�teau-Salins. Son p�re et son grand-p�re �taient originaires du
d�partement de la Moselle. Son p�re �tait libraire-relieur, travaillant en
semaine de son m�tier, mais les samedis et les f�tes fermant boutique et
passant sa journ�e au Temple, dont il �tait chamasse. Il y avait alors dans
la plupart des villages et des bourgs lorrains des communaut�s juives
group�es autour de petites synagogues ou d'un oratoire. A part leur
religion, qu'ils exer�aient avec plus de soin, de ferveur, et les
prescriptions alimentaires qu'ils n'avaient pas encore pris le parti de
n�gliger, ils ne se distinguaient gu�re des autres Lorrains, ni par le
costume, ni par les m�urs. Ils parlaient le patois lorrain, et quand ils
parlaient fran�ais, leur accent n'�tait ni plus tra�nant, ni plus nasal que
celui de leurs compatriotes.
�� Les uns descendaient de juifs immigr�s d'Allemagne, de Russie ou de
Pologne. Les autres, des juifs autoris�s � rentrer � Metz depuis 1552 et �
qui des droits et m�me des privil�ges avaient �t� accord�s par les rois de
France, et surtout par Louis XIV, parce qu'il n'avait pas pu trouver de
meilleurs fournisseurs de chevaux pour sa cavalerie. D'autres enfin
descendaient des familles autoris�es par les ducs de Lorraine � r�sider
depuis 1680 dans diverses villes ou villages du duch�. C'�taient ces juifs
de Metz, de Nancy, de Lun�ville, etc., que l'abb� Gr�goire avait connus et
aim�s. C'�tait � cause de leurs vertus qu'il s'�tait attach� � la cause de
tous les juifs du royaume et avait obtenu, non sans peine, leur �mancipation
de !'Assembl�e Constituante... �
Voil� donc ces juifs de Lorraine qui, depuis tr�s longtemps, sont install�s
� une place � eux, qu'on ne leur conteste pas; ils sont encore tr�s pr�s des
traditions familiales, dont nous retrouvons le souvenir dans un �mouvant
po�me intitul� Voyage de Noces.
Tu as dit � ta jeune femme :
Partons pour mon pays.
Mes grands-p�res, leurs fils et leurs fr�res
Y dorment sous des pierres dress�es.
Tu liras les lettres carr�es,
Grav�es en creux et rehauss�es de noir,
O� leur vie est racont�e.
Tu verras comme ils furent aim�s.
Tu verras comme ils furent pleur�s.
C'�taient des gens tr�s ordinaires.
Ils partaient toute la semaine.
Ils buvaient de l'eau, ils mangeaient du pain,
Du fromage et des pommes de terre.
Ils n'avaient pas peur des rieurs
Lorsque, le matin, dans les foires,
Ils enroulaient leurs phylact�res.
Ils rentraient le vendredi soir
Avant le coucher du soleil.
Ils s'habillaient, allaient au Temple,
Puis, imposant leurs mains sur la t�te des fils:
Que Dieu te traite, disaient-ils,
Comme Ephra�m et Manass�,
Puis, imposant les mains sur la t�te des filles:
Que Dieu te rende l'�gale
De Sarah, R�becca, Rachel et Lia.
Tu as dit � ta jeune femme :
Partons pour mon pays.
Nous verrons monter les sapins
Dont les racines penchent les tombes
De mes grands-p�res, et de mes oncles.
La foule bruyante des cousins
Nous attendait � la gare.
Les cousins nous ont fait voir
Leurs entrep�ts et leurs fabriques.
Les cousines nous ont fait voir
Leurs cr�dences lourdes de vaisselle,
Leurs buffets de ch�ne cir�
Tout reluisants de r�ussite.
Tu as dit � ta jeune femme :
Partons pour mon pays.
Tu liras les noms des grands-p�res
Grav�s d'un ciseau maladroit
Sous la main double du Cohen
Et sous l'aigui�re du L�vite.
Il se compl�te par un autre po�me. Depuis des si�cles..., qui est une
admirable m�ditation dans un cimeti�re lorrain. C'est l'expression de la
reconnaissance que le po�te doit aux anc�tres inconnus qui lui ont l�gu� un
corps sain. L'id�e est extr�mement belle. Je ne vous lis que quelques vers
seulement :
Depuis des si�cles j'existe.
Je suis n� mille fois, mille fois,
Et vous m'avez sauv� mille fois de la mort,
O vous qui depuis l'aube de la terre,
Avez gard� le pauvre germe que j'�tais,
Multitude d'a�eux � qui je dois de vivre.
Pensiez-vous � celui qui vous b�nit
et qui vous chante,
O vous, dans le sein de qui je reposai,
O vous, qui ligne � ligne avez conquis
Les formes mouvantes de mon corps ?
Vous pensiez � celui qui serait votre fils
Et votre fils pensait � son fils...
Dans un ordre d'id�es voisin, un po�me d�j� ancien, Personne, exprime la
tristesse de l'homme sans enfants avec un sentiment extr�mement prenant, et
tr�s profond. Il est compens� par les charmantes Enfantines �crites depuis
lors. Parmi les meilleures, il y a les Cinq pri�res (non orthodoxes) pour
une petite fille juive, dont voici la premi�re : La Pri�re du Matin.
Merci, mon Dieu, pour mon sommeil !
Merci, mon Dieu, pour mes beaux r�ves !
Merci, mon Dieu, pour la lune d'hier soir,
Les �toiles de la nuit,
Le soleil ce matin.
Merci, mon Dieu, pour mon r�veil chantant,
Pour le r�veil de maman.
Et que papa et ma poup�e,
Tu sais, ils ont le r�veil dur,
Se r�veillant comme nous deux en riant.
Et pour que tu voies que je t'aime et te remercie
Toi qui m'as donn� des mains qui parlent,
Des pieds qui dansent,
Je vais faire pour toi trois cabrioles
Avant de sauter de mon lit.
Il nous faut passer maintenant � la substance m�me de ces Po�mes Juifs et
commencer par lire un po�me en prose, qui est dat� de Strasbourg, 1905, et
qui s'intitule - d'apr�s une des statues de la cath�drale - l'Ancienne loi.
L'ANCIENNE LOI
Elle m'est apparue cette nuit, la vaincue, les yeux band�s, le col [pench�,
la t�te d�faite;
Elle m'est apparue cette nuit, telle que je l'ai vue sur le pilier de la
cath�drale, appuyant sa main de gr�s rose sur la hampe de son �tendard, la
maudite, avec son livre renvers�, ses jeunes hanches, les plis droits de sa
tunique chaste;
Elle m'est apparue cette nuit, la d�sol�e.
Et elle r�v�le au po�te ce qui vraiment �� fait battre son c�ur � :
C'est, quand tu entends des voix un peu rauques, tu vois des mains un peu
fi�vreuses, des yeux un peu serr�s.
Quand la bouche qui demande ton aide te crie : tu me la dois.
Car celui-l� est ton fr�re, qui a ton �me; qui se d�clare ton �gal.
Tu voudras chanter la force, l'audace;
Tu n'aimeras que les r�veurs d�sarm�s contre la vie.
Tu tenteras d'�couter les chants joyeux des paysans, les marches brutales
des soldats, les rondes gracieuses des fillettes.
Tu n'auras l'oreille habile que pour les pleurs qui tombent des quatre coins
de l'univers.
Nous posions tout � l'heure la question de savoir comment Spire a retrouv�
le juda�sme, et nous avons rappel� le r�le des traditions familiales.
Certains vers font penser aussi � un retour � la morale biblique en face de
l'amoralisme de la fausse �lite (4).
Spire a indiqu� lui-m�me que plusieurs �l�ments sont intervenus. Barr�s,
exaltant le patriotisme lorrain, avait presque invit� les juifs lorrains �
prendre connaissance de ce qu'il y avait de particuli�rement juif dans leurs
particularit�s lorraines.
Par ailleurs il faut faire place � l'influence de la personnalit� de P�guy,
qui publia dans les Cahiers de la Quinzaine �� Chad Gadya �, de Zangwill; et
par dessus tout le reste, aux �v�nements de l???Affaire Dreyfus. Il suffit
pour s'en convaincre de lire la d�dicace des po�mes �� � Isra�l Zangwill, au
Dr Herzl, � Max Nordau, � Bernard Lazare, � Herzenstein, � Jollos, au
capitaine Mayer, � Cr�mieux-Foa, � tous ceux qui vivent, combattent,
moururent pour le rel�vement de la dignit� juive �.
N'oublions pas non plus de tenir compte de la lecture des R�flexions sur la
Violence, de Sorel; enfin de la r�action du sportif dont nous parlions en
commen�ant, de la r�action fi�re du sportif qui se rebelle contre l'outrage,
qui se battit comme Cr�mieux-Foa et comme le capitaine Mayer.
Le pamphl�taire, le po�te satirique que nous avons d�j� vu surgir dans sa
r�action contre la fausse �lite, dirige maintenant ses traits contre les
juifs qui se contentent de vouloir ressembler aux autres; et c'est le po�me
Assimilation, si connu qu'il est inutile de le citer, ou ce sont de mordants
textes en prose, comme celui qui concerne un jeune attach� de cabinet, �mu
par la lecture de Chad Gadya, mais si occup� � parvenir qu'il ne trouve pas
le temps d'y r�fl�chir !
Mais bient�t l'horizon s'�largit, et voici les R�ves juifs :
O mes fr�res, � mes �gaux, � mes amis.
Peuple sans droits, peuple sans terre;
Nation, � qui les coups de toutes les nations
Tinrent lieu de patrie,
Nulle retraite ne peut me d�fendre de vous.
Avec vous je suis fort, je suis s�r avec vous.
Prenez-moi, r�vons ensemble, parlons ensemble
De ce temple d�truit que nous aimons toujours.
Et clamons, � travers les mondes pleins de viandes,
Notre imbroyable espoir en ce Dieu infid�le
Qui nous a tant trahis que nous n'y croyons plus.
Les deux derniers vers montrent bien qu'ici encore Spire retrouve la
contradiction int�rieure, d�chirante et f�conde.
Et c'est toute une s�rie de tr�s beaux po�mes qui sont d'autant plus
frappants qu'on en lit la date : 1905 ! Voici un po�me qui s'appelle Ecoute,
Isra�l !
�� Les uns se fient � leurs chars, les autres � leurs chevaux. Et nous, nous
invoquons le nom de VEternel. Psaume XX. �
Ecoute, Isra�l,
Ne te lasseras-tu pas de r�p�ter dans tes pri�res :
�� Sois lou�, Eternel qui venges mes injures,
Qui soutiens mes querelles, qui prot�ge mes droits,
Qui broies mes ennemis, qui tues mes oppresseurs.
Sois lou�, Eternel qui ceins mes reins de force �.
Ecoute, Isra�l,
As-tu vu tes ennemis rougir, �tre atterr�s ?
Tes yeux se sont-ils abaiss�s sur leur ruine ?
Ton Dieu a-t-il frapp� les os de leur m�choire ?
Brisa-t-il les dents du m�chant ?
Ton oreille joyeuse a-t-elle appris la perte
De ceux qui se sont ligu�s contre toi ?
L'Eternel a-t-il fait resplendir ta vieillesse
Comme celle de l'olivier en fleurs ?
Ecoute, Isra�l,
Tu gravas ta Loi dans ton c�ur
Tu l'enroulas matin et soir sur ton bras gauche.
Tu la nouas comme un fronteau entre tes yeux.
Tu la fixas sur les poteaux de ta maison, et sur tes portes
Et tu es le m�pris de toutes les nations !
Les nations t'ont souill� comme une femme impure.
Ecoute, Isra�l !
Les torrents roulent encore des pierres rondes
Pour les frondes des Davids futurs.
Les carri�res sont pleines de meules de gr�s fins
Pour retailler les pointes de tes vieilles �p�es.
Tu trouveras des fours, des marteaux, des enclumes
Pour reforger les socs de tes vieilles charrues
En brownings bien galb�s qui claquent d'un bruit sec.
Ecoute, Isra�l !
Aux armes !
Un autre po�me fait �cho � celui qui vient de vous �tre lu et s'intitule A
la Nation Juive :
N'as-tu pas assez de bras courageux
Pour changer les plus br�lants sables
En fertiles jardins ?
N'as-tu pas assez de cerveaux
Pour conduire tes nouveaux exodes,
Pour te rapprendre ta vieille langue,
Pour rep�trir tes id�als,
Pour refaire de toi un Peuple ?
En ce peuple le po�te esp�re trouver :
Des fronts tenaces, des mains vaillantes,
Mais des mains caressantes aussi,
Qui sauront disposer les soies et les laines,
Qui broieront les couleurs, p�triront la glaise,
Et glorifieront, dans le marbre,
Ta beaut�, Isra�l !
Spire, juif fran�ais, n'oublie pas .pour autant la France, et voici un tr�s
beau texte : A la France. Nous parlions tout � l'heure des oppositions qui
se concilient en lui. Il s'agit ici de la tension entre deux aspects
compl�mentaires de sa personnalit� - la raison classique et la violence
proph�tique :
O pays adorable,
Toi qui absorbas tant de races,
Veux-tu m'absorber � mon tour ?
Ta langue mod�le mon �me.
Tu m'obliges aux pens�es claires.
Tu forces ma bouche � sourire.
Et tes grandes plaines si soign�es,
Et tes for�ts am�nag�es,
Tes for�ts ou l'on n'a plus peur,
Et la mollesse de tes lignes,
Tes fleuves lents, tes villes, tes vignes.
Me voil� plus qu'� moiti� pris (5).
Et pourtant se fait jour une aspiration romantique � des passions moins
mesur�es :
O chaleur, � tristesse, � violence, � folie,
Invincibles g�nies � qui je suis vou�... (6).
Et voici un po�me plus r�cent. Il est de 1943. C'est une admirable
Marseillaise.
Mme SPIRE. - Ce po�me a �t� �crit en Am�rique o� nous �tions partis parce
que mon mari avait dit : �� Le jour o� les Juifs redeviendront des citoyens
de seconde zone, je reprendrai le chemin �ternel des Juifs, c'est-�-dire le
chemin de l'exil �. Et nous sommes partis pour l'Am�rique en 1941.
A �� LA MARSEILLAISE �
Le po�te �voque les paroles de Rouget de l'Isle :
O vieux mots ! hier sans s�ve :
�� Etendards �, �� Tyrannie �, �� Aux armes � !
Qui parcouriez jadis la terre
Bousculant reitres et rois,
Je vous vois soudain rena�tre
Dans les yeux creux des otages,
Dans des bouches s�ches, au poteau,
Gonfl�s du souffle, bridant des flammes
Des volontaires marseillais !
Je vous vois redress�s, piques,
Fourches, b�tons, poignards, sabres,
Je vous vois surgir, mitrailleuses,
Canons, tanks lourds, avions...
Et ce raz de mar�e bouscule :
Nos �migr�s de l'int�rieur,
Et toutes ces �� hordes sanguinaires �
Que depuis un si�cle ils d�sirent,
Libert�, Libert� ch�rie,
Pour chasser de toutes les patries
Ton nom, tes fils, �� nos bras vengeurs � !...
Il y a bien d'autres po�mes encore que l'on voudrait lire... celui, par
exemple, qui s'intitule O� es-tu ? dans lequel le po�te, en 1947, s'en prend
� Dieu, qui a laiss� sacrifier tant de victimes. Je lis seulement la
derni�re strophe :
Ah ! Seigneur, si tu veux que de nos bouches montent
Les louanges dont jadis tu te gorgeais,
P�se, balance avec la vieille prudence de ta jeunesse,
Choisis parmi les brass�es de tes dons.
Ralentis tes no�ls,
Dose tes gr�les de jouets � ces mains d�lirantes
Qui vont faire de toi, semeur des mondes,
Un p�re sans enfants, un Dieu sans Univers.
On retrouve ici l'opposition entre tendances contraires dont aucune ne
parvient � abolir d�finitivement l'autre, et m�me entre notions contraires,
parfois affirm�es toutes deux dans la m�me phrase, et qui sous tend beaucoup
des plus beaux po�mes de Spire. C'est l� un des traits caract�ristiques de
sa personnalit�, � la fois partag�e et �quilibr�e.
Nous avons achev� notre voyage � travers l'�uvre de Spire. Vous avez pu voir
comment l'inspiration lyrique, �pique, proph�tique s'y m�le � la verve
satirique. Bien entendu, nous n'avons pu vous donner que quelques exemples;
mais j'esp�re qu'ils ont suffi pour vous convaincre qu'il y a l� une �uvre
puissante, capable de susciter l'admiration et aussi de passionnantes
discussions, que l'heure tardive ne nous laisse pas le temps d'engager
aujourd'hui; une �uvre forte et belle en tout cas. (Vifs applaudissements.)
Avant de nous s�parer, nous prierons Mme Spire d'�tre notre interpr�te �
tous aupr�s du po�te pour lui adresser nos v�ux de rapide r�tablissement et
l'expression de notre affectueuse admiration.
(1) Voir par exemple Les Filles de Pontivy, La Chanson des
Oiseaux et du Temps et Quand j allais � Blamont-en-Lorraine.
(2) Voir le po�me intitul� : Il y a...
(3) Voir le po�me intitul� : Il y a des Dames.
(4) Que l'on rapproche, par exemple, les derniers vers de l'Elite des deux
derniers vers de : Assimilation.
Et chasse donc ta brave vieille �me
Qui jusqu'ici vient te chercher.
(5) Voir aussi, d'une �poque ant�rieure, le beau po�me intitul� : Paris :
O reprends-moi, recueille-moi, apaise-moi,
Ville indulgente.....
O ville claire,
Ouvre tes avenues au devant de mon trouble
Au devant de mes pas glisse comme une douce pente
Tes rues affectueuses et pleines de sourires
etc...
(6) On trouve une opposition comparable dans Jardins.

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