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Henri de Valois et la Pologne en 1572.
Emmanuel H. de Noailles
Ed. Paris 1867
[...] CHAPITRE XXXVII
[...]
Sur cette nouvelle, Henri se montra moins dispos� que jamais �
aller en Pologne. Il craignait que, le roi venant � mourir, la
couronne de France ne lui �chapp�t. Il redoutait les intrigues
du duc d'Alen�on, la mauvaise volont� des Montmorency et la
haine des huguenots. Dans son entourage, on lui conseillait de
rompre avec la cour et de d�clarer r�sol�ment qu'il voulait
rester. Il se rendit cependant avec sa m�re � Vitry, o� ils
trouv�rent le roi, qui commen�ait � se remettre de sa
myst�rieuse maladie. Charles IX pressa de nouveau son fr�re de
remplir ses engagements et de partir. Voyant que Henri h�sitait
encore, il entra dans une grande col�re, �� jurant que s'il
diff�roit � sortir de France par amour, il l'en feroit sortir
par force (1). � Il fallut c�der : �� Partez, mon fils ; vous n'y
demeurerez gu�re, � dit Catherine � d'Anjou. Encore souffrant,
Charles IX ne put accompagner Henri jusqu'aux fronti�res du
royaume, comme il en avait eu le projet. Ce fut � Vitry que les
deux fr�res se s�par�rent pour ne plusse revoir (2).
Le roi de Pologne et Catherine se remirent en route, accompagn�s
du duc d'Alen�on, du roi et de la reine de Navarre, des princes
de Cond�, des cardinaux de Guise et de Bourbon et des principaux
seigneurs de la cour. A Nancy, le duc Charles de Lorraine les
re�ut avec une grande magnificence. La duchesse sa femme �tant
accouch�e d'une fille, l'enfant eut pour parrains l'�v�que de
Posen et les autres ambassadeurs polonais. Henri vit alors pour
la premi�re fois Louise de Vaud�mont. Ne songeant pas encore �
l'�pouser, il voulut la marier au jeune vicomte de Turenne (3).
De Nancy, la cour se rendit � Blamont, petite ville sur la
fronti�re du duch� de Lorraine. C'est l� que le roi de Pologne
devait quitter sa m�re.
Le s�jour de Blamont est remarquable par une entrevue que
Catherine et Henri eurent avec le comte Ludovic de Nassau et le
duc Jean-Casimir, fils de l'�lecteur palatin. Elle avait �t�
m�nag�e par les soins de Schomberg.
Violemment interrompues par le tragique �v�nement du 24 ao�t,
les n�gociations entam�es entre la cour du Louvre, les princes
d'Allemagne et Guillaume d'Orange, dans le dessein d'abaisser la
puissance de l'Espagne en soutenant la r�volte des Pays-Bas,
s'�taient, comme on l'a vu, renou�es au printemps de l'ann�e
suivante (1573). L'�lection du fr�re de Charles IX, dont le
premier r�sultat avait �t� la paix de la Rochelle, semblait
faire prendre un nouvel aspect aux affaires ; la cour avait
donn� sur la Saint-Barth�lemy des explications dont on pouvait
mettre en doute la sinc�rit�, mais qui du moins sauvegardaient
les principes, et d�clar� solennellement �� que ce qui �tait
advenu le 21 ao�t n'avait point �t� ex�cut� pour cause aucune de
religion ; � Coligny, avait �t� accus� d'une conspiration,
c'est-�-dire d'un crime politique, et, dans ce pressant danger
de l'�tat, sacrifi� � la fureur du peuple ; ses amis esp�raient
obtenir que son proc�s f�t r�vis� et sa m�moire r�habilit�e : la
Saint-Barth�lemy n'e�t plus �t� alors qu'un terrible et sanglant
malentendu, dont la responsabilit� pesait sur les conseillers
coupables qui avaient �gar� le jeune roi. Enfin le d�part de
Henri allait, selon toute probabilit�, faire cesser le
gouvernement de Catherine et rendre le pouvoir � Charles IX.
Sous de tels auspices, un rapprochement sinc�re entre la cour de
France, les Nassau et les princes d'Allemagne, ne paraissait pas
impossible. R�aliser les grands projets de Coligny, �tait la
plus glorieuse r�habilitation de sa m�moire.
C'est en juillet, sur la nouvelle de l'�lection du duc d'Anjou,
que Schomberg �tait reparti pour l'Allemagne. Comme dans son
voyage pr�c�dent, il avait pour instruction de poursuivre le
projet d'une alliance ou conf�d�ration entre la cour de France
et les princes allemands et de tout pr�parer pour �� frapper le
grand coup, � c'est-�-dire faire nommer le nouveau roi de
Pologne roi des Romains. Il avait aussi des instructions
sp�ciales de Henri, et devait proposer aux princes, en son nom,
�� une ligue deffensive pour leurs communs Estats et le royaulme
de Pollogne. �
Schomberg eut plusieurs entrevues avec le comte palatin et ses
deux fils, Jean-Casimir et Christophe, avec le comte Ludovic et
son jeune fr�re, Jean de Nassau, qui se trouvaient alors r�unis
� Francfort (ao�t et septembre), Il esp�ra un moment d�cider le
comte palatin lui-m�me � venir au-devant de Catherine et du roi
de Pologne : �� J'emploierai le ciel et la terre, �crivait-il �
la reine m�re, pour les faire condescendre � venir trouver Vos
Majest�s. �
Dans une longue et curieuse lettre, adress�e au mar�chal de
Retz, en date du 1er septembre, Schomberg donne tous les d�tails
de ces n�gociations :
�� Le duc Jan Casimir, �crivait-il, m'a accord� de venir trouver
Leurs Majest�s, � la chairge que Leurs Majest�s facent en sorte
avecques Mr de Lorraine qu'il l'en prie, ou par homme expr�s ou
par lettres : et ce, affin qu'on ne repproche audict duc que luy
s'est ing�r� par importunit� � vouloir voir et communiquer avec
Leurs Majest�s. Et si Leurs Majest�s d�sirent aussi d'entrer en
quelque aultre n�gociation avecques son p�re, qu'il y viendra
pourveu d'ung plain pouvoir. Et en cas que Leurs Majest�s ayent
bien fort grande envie de communiquer en personne avecques son
p�re, qu'il advisera avecques Leurs Majest�s de la fa�on que
cela se pourroit faire le plus commod�ment. De ma part, vous
peux-je jurer ma part de paradis que le p�re et le fils et
docteur Ohem et Zuleger (chefs du Conseil) en meurent d'envie ;
et avons desj� discouru deux jours entiers de ce que se pourroit
et debvroit traicter � l'entrevue de Leurs Majest�s et dudict
conte palatin, � s�avoir, la ligue (dont a est� question), et du
moyen de mettre la couronne de l'Empire en la maison de France.
Et ledict conte palatin d�pescha le mesme jour que je partis par
devers le landtgrave pour s�avoir si on le pourroit faire
condescendre � vouloir entrer avecques luy en ligue avecques
Leurs Majest�s, s'asseurant bien, quand le commencement en
seroit seulement faict par eulx, que les aultres y suivroient
bien ays�ment et se multipliera le nombre de jour en jour. Le
sommaire des articles que le conte palatin a envoy�s au
landtgrave est que les princes secourreront les roys de ce qui
sera port� par la conf�d�ration contre ceulx qui assailleront l'Estat
de Leurs Majest�s, et que les roys feront de mesme � l'endroict
des princes, soit qu'ils viennent � estre assaillis pour leurs
Estats, ou leur religion. Ils se r�servent qu'ils ne veulent
prester secours contre les huguenots : aussi veulent-ils
promettre de ne les animer contre Leurs Majest�s. Je crois
fermement que la pr�sence de Leurs Majest�s les fera encores
passer oultre � ce poinct. Je me suis charg� d'advertir en toute
diligence ledict seigneur conte palatin de l'intention de Leurs
Majest�s sur ce que dessus, affin que les choses se pr�parent en
attendant et que ledict conte palatin vienne tout r�solu de ce
qu'on y aura � faire. J'ay tant faict qu'ils ne parlent plus de
leur fondement de la conservation d'�dict, mais ils ne
promettront point de porter les armes contre les huguenots : de
sorte que je cognois qu'ils seroient bien ayses et contens que
la ligue fust d�fensive et sp�ciale contre le roy d'Espaigne ;
qu'est � mon advis le seul moyen de mettre lesdicts princes �
une telle subjection, qu'ils n'oseront de leur vie songer
seulement � aggrandir d'advantaige la maison d'Austriche, �
laquelle ils sont d�j� apr�s � faire perdre la plus belle fleur
de leur chapeau, ayant suivy le conte palatin et son fils, et
principallement docteur Ohem (qui nous faict vingt millions de
bons offices), la voye que vous aviez monstr�e au duc Jan
Casimir : � s�avoir, que le sang de France ne d�siroit pas ceste
grandeur de l'Empire tant pour sa maison, que pour la faire
sortir de la main de ceulx qui ne s'en sont servis qu'� la
diminution de l'autorit� et ruine mesme du corps du
Saint-Empire. Et affin que les princes protestans cognoissent
tant plus clairement et � veue d'aoel la droitte intention de
Leurs Majest�s, Leurs Majest�s leur offroient en cas qu'ils
vinssent � avoir volont� d'eslire ung d'entre eulx ) qu'ils ne
diff�rassent poinct pour les raisons qu'on pourroit mettre en
avant qu'ung si pauvre Empereur n'auroit le moyen de maintenir
les Estats en ob�issance, et encore moins de d�fendre l'Empire
contre les entreprises que pourroient faire les roys et
potentats voysins sur les fronti�res d'iceluy : et qu'au cas que
dessus, Leurs Majest�s assisteroient ledict Empereur de tous les
moyens et faveurs qu'ils en pourroient d�sirer, dont Leurs
Majest�s en rendroient suffisante asseurance quand cest affaire
auroit � sortir son effect, et que l'Empereur qui seroit esleu,
et lesdicts princes, promettroient la pareille assistance �
Leurs Majest�s. Vous s�avez, Monsieur, que cela leur a est�
propos� pour leur monstrer au doigt qu'ils ne sont pas r�duits �
ceste extremit� qu'ils n'ont moyen de faire maintenir le corps
de l'Empire que par la puissance de la maison d'Austriche, et
apr�s aussy pour leur faire couler dans le cueur par ces offres
icy quelque bonne opinion de nostre sinc�re volont� en leur
endroit. Car cela donnera ung honeste pr�texte � nos amys de
nous pouvoir mettre sur les rangs, comme ils sont d�lib�r�s de
faire, estans tout asseur�s que les princes s'accorderont aussi
peu de prendre ung d'entre eulx, comme les Poulonnois se sont
peu accord�s � prendre ung piast. Et affin qu'on puisse
commencer par briguer pour nous, et pour le moins avoir les
instruments tout prests pour �difier ung si beau et grand
bastiment, quand le temps viendra � propos, ledict sieur conte
palatin et son fils d�sirent estre r�solus par moy, et ce le
plus tost que faire se pourra, des conditions que le sang de
France veult que ses amys proposent pour le faire parvenir et
atteindre � ce que dessus. Car suivant ce que je leur en
escriray, le conte palatin en communiquera avecques le
landtgrave, et sentiront par ainsi quelle r�solution ils en
pourront prendre avec Leurs Majest�s � l'entreveue du duc Jean
Casimir ou du conte palatin avecques Leurs Majest�s. Je les ay
pri�s plus que Dieu de me sp�cifier ce qu'ils pourroient d�sirer
de nous, mais il a est� impossible de rien tirer d'eulx, sinon
que les quatre principaulx poincts sont la d�fense contre le
Turcq, la conservation de leur autorit� et libert�, le
maint�nement de leur religion et l'asseurance et s�curit� qu'ils
doibvent avoir de leur vouloir infalliblement garder le dernier
poinct, qu'est celuy dont ils sont seulement en peine. Car je me
fais fort dans ung jour vous faire convenir de touts les aultres,
qui sont environ vingt-cinq ou trente, mais de si petite
cons�quence, que je suis tout asseur� que nulle difficult� ne
s'en pr�sentera de ceulx-l�, quand celuy de la s�curit� de leur
religion sera vuid� et bien arrest�. La paix faicte en France
(de laquelle toutesfois on leur rapporte tous les jours de
terribles nouvelles) nous sert infiniment. II fault battre le
fer durant qu'il est chaud ; car si nous ne l'emportons (comme
j'esp�re que nous ferons), je m'asseure pour le moins que nous
fairons sortir ceste couronne d'entre les mains de ceulx qui en
abusent au pr�judice des affaires du sang de France. Dieu nous
en donne la gr�ce, affin que nous sachions bien embrasser et
dignement conserver l'heur qu'il nous pr�sente devant les yeulx,
comme je m'asseure que Leurs Majest�s (suivant leur accoustum�e
sagesse) n'y oublieront rien (4). �
Malgr� ses efforts, Schomberg ne put d�cider le comte palatin �
se rencontrer avec Catherine et Henri ; le duc Jean-Casimir, son
fils, et le comte Ludovic de Nassau vinrent seuls � Blamont. Il
fut question, dans cette entrevue (5), de l'alliance projet�e
entre la France, la Pologne et les princes allemands, de la
guerre des Pays-Bas et des pr�paratifs d'une exp�dition qui
devait amener un r�sultat d�cisif (6). On fit au comte Ludovic
de belles promesses pour l'avenir ; on lui assura pour le
pr�sent un subside d'argent consid�rable.
Une combinaison des plus singuli�res fut propos�e par Catherine
: c'�tait de mettre le roi de Pologne � la t�te de la ligue ; le
prince d'Orange lui e�t c�d� sa place, et Henri serait venu
prendre en personne le commandement des forces conf�d�r�es aux
Pays-Bas. Ce beau projet devait �tre mis � ex�cution le
printemps suivant : Henri se f�t embarqu� � Dantzick, en
emmenant avec lui tous les gentilshommes polonais d�sireux de se
joindre � l'exp�dition (7). Catherine, qui ne pouvait emp�cher
le d�part de son fils, voyait l� un moyen de le ramener pr�s
d'elle et ne doutait pas que les �tats de Pologne ne
consentissent � envoyer leur roi courir les aventures sur la
mer du Nord : le vainqueur de Jarnac et de Montcontour f�t ainsi
devenu le lib�rateur des Pays-Bas ; l'ennemi de Coligny,
l'ex�cuteur de ses desseins ; et le prince qu'on accusait avec
sa m�re d'avoir tram� la Saint-Barth�lemy e�t �t� charg�
d'abattre la puissance espagnole et d'assurer le triomphe de la
R�forme en Europe ! Jusqu'o� n'allait pas l'imagination de la
reine m�re ! Quant au duc d'Anjou, en souscrivant � tout ce
qu'on lui proposait, il avait principalement en vue d'emp�cher
que pendant son absence les princes allemands et le parti
d'Orange ne s'unissent avec les huguenots. En partant pour la
Pologne, il ne quittait pas des yeux le royaume de son fr�re,
qu'il comptait devoir �tre bient�t le sien.
Le comte Ludovic s'�loigna de Blamont plein d'espoir. Il se mit
imm�diatement � lever des troupes et � pr�parer cette exp�dition
qui devait avoir une si funeste issue et lui faire trouver la
mort sur le champ de bataille de Mook, o� p�rirent avec lui,
envelopp�s dans une m�me charge de cavalerie, son jeune fr�re,
Henri de Nassau, et le second fils du palatin, le duc Christophe
(14 avril 1574).
Henri partit pour la Pologne ; Catherine alla rejoindre Charles
IX, qu'elle trouva � Reims, �� tout joyeux du partement de son
fr�re (8). � �� Il avoit basti de grands projets, dit un
historien du temps, pour amender beaucoup de fautes auxquelles
l'ambition particuli�re d'aucuns, lesquels abusoient de la
jeunesse et des bouillantes passions de ce prince, non l'amour
de leur patrie, l'avoit nagu�res port� (9). �
(1) M�moires de l'Estat, t. III, p. 12. - ��
Reniant � sa mode, �crit d'Aubign�, il dit � son fr�re, devant
la reine, qu'il falloit que l'un d'eux sortist du royaume. � -
Voy. aussi de Thou, t. VII, liv. LVII, p. 15.
(2) �� Leur s�paration et d�part, �crit Cheverny dans ses
m�moires, fut accompagn� de larmes, plaintes et cris si hauts de
la part du roy, disant adieu � son bon fr�re qu'il craignoit ne
revoir jamais, que cela porta doute � quelques-uns s'il avoit
autant de regrets dudit partement, veu les choses pass�es et
l'envie conceue contre le roy de Pologne, comme il en faisoit
d�monstration . � M�moires de Cheverny, p . 472 .
(3) Henri de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon.
(4) Voy. aux Documents, p. 505 : Lettre de Schomberg au mar�chal
de Rete.
(5) Voy. une lettre de Louis de Nassau, dans les Archives de la
maison d'Orange, t. IV, p. 278.
(6) Guillaume d'Orange avait �crit � ses fr�res pour les presser
de convenir des d�tails d'une campagne dont il leur envoyait le
plan. D�s qu'on aurait pu rassembler en Allemagne des forces
suffisantes, Louis devait attaquer Maestricht. Si la tentative
�chouait, il devait passer la Meuse pr�s de Stochem, se diriger
vers Gertruidenberg, ville appartenant au prince, et op�rer sa
jonction avec son fr�re dans les environs de Delft. Ils devaient
alors se poster ensemble entre Harlem et Leyde. (Cette ville
�tait assi�g�e par lesEspagnols depuis le 31 octobre 1573.) Dans
ce cas, il �tait probable que les Espagnols seraient oblig�s de
donner la bataille dans des conditions tr�s-d�savantageuses ou
d'abandonner le pays. �� En un mot, disait le prince, �tant cette
entreprise diligent�e et dress�e avec bonne providence et
discr�tion, je tiens pour tout certain que ce serait le seul
moyen pour en bref faire fin � cette guerre et chasser ces
diables d'Espagnols, avant que le duc d'Albe soit pr�s de
dresser nouvelle arm�e, pour les secourir. � Histoire de la
fondation de la r�publique des Provinces-Unies, par Lothrop
Motley, traduction nouvelle, t. III, p. 312.
(7). ��... En effet, Catherine aimoit �perdument Henri, et autant
elle avoit eu d'empressement pour lui procurer un royaume
�tranger, autant elle avoit de regret de le voir partir pour s'y
rendre ; � force de chercher des pr�textes pour le retenir, elle
se brouilla avec le roi, qui lui �toit d'ailleurs tr�s-soumis :
mais lorsqu'elle eut p�n�tr� ses sentimens, et qu'elle vit qu'il
n'yavoit plus moyen de reculer, elle changea de batterie et
forma un nouveau plan, afin que, si elle ne pouvoit pas le
garder en France, elle p�t au moins l'arr�ter dans quelque
province qui n'en f�t pas �loign�e. Dans cette vue, elle chargea
Schomberg de n�gocier avec le prince d'Orange, pour lui faire
donner le commandement g�n�ral des forces des conf�d�r�s en
Flandre, o� elle comptoit qu'il pourroit se rendre avec une
flotte bien �quip�e : elle �toit persuad�e que le roi de
Danemark, qui s'int�ressoit aux affaires du prince d'Orange, ne
s'opposeroit point � son passage, et que les Polonois contri-bueroient
volontiers � l'ex�cution de ce dessein. Schomberg, aussi habile
� conduire une n�gociation qu'une arm�e, n�gocia si bien cette
affaire � Metz avec les d�put�s que le prince d'Orange y avoit
envoy�s, que les articles �toient tout dress�s : mais ce qui
arriva depuis d�rangea enti�rement ce projet. � De Thou, t. VII,
p. 15.
(8) M�moires de Henri de la Tour d'Auvergne, depuis duc de
Bouillon p. 15. (Nouvelle collection des m�moires pour servir �
l'histoire de France, t. II.)
(9) Inventaire de l'histoire de France, par Jean de Serre, t. I,
p. 750.
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