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COURS �L�MENTAIRE
ET MOYEN
Simples le�ons sur l'histoire de la Lorraine et la g�ographie du
d�partement de Meurthe-et-Moselle (Nouvelle �dition, revue et
augment�e) / par M. L. Jacquot. directeur d'�cole honoraire
officier de l'instruction publique d�l�gu� cantonal
�d. : Lun�ville 1930
[...]
CINQUI�ME LE�ON
Les guerres religieuses
CHARLES III
En 1520, le protestantisme se
r�pandit en Allemagne, puis en Alsace. Les paysans Alsaciens,
sous le nom de Rustauds, ayant eu l'intention de marcher sur la
Lorraine, notre duc Antoine les devan�a, p�n�tra en Alsace et
les vainquit � Saverne et � Scherwiller. Un peu plus tard, le
duc Charles III, cousin des princes de Guise, combattit
ouvertement le protestantisme, ce qui occasionna en Lorraine des
ravages et des ruines. Charles III b�tit la ville neuve de Nancy
et fonda l'Universit� de Pont-�-Mousson.
En 1520, un moine allemand, nomm� Luther, se r�volta contre
l'Eglise et �tablit le protestantisme. Ce fut une r�volution
religieuse qui se r�pandit comme une tra�n�e de poudre dans
toute l'Allemagne ; elle amena avec elle des d�chirements
sanglants, des guerres civiles, qui �clat�rent non seulement
dans ce pays, mais encore en France, en Angleterre et en Suisse.
En Alsace, les paysans se r�volt�rent contre leurs cur�s, et,
cons�quence in�vitable, contre leurs seigneurs. On les appela
les Rustauds. Ils se crurent appel�s � d�livrer les provinces
voisines et ils se pr�par�rent � envahir la Lorraine. Antoine
fer, successeur de Ren� II (1508-1544) voulut les devancer,
p�n�tra en Alsace, et en fit un massacre �pouvantable � Saverne
et � Scherwiller. Le protestantisme, qui commen�ait � se
d�velopper en Lorraine, fut atteint par ce rude coup et ne fit
plus que des progr�s peu rapides. En 1542, Antoine signa avec
Charles-Quint le trait� de Nuremberg qui reconnaissait
l'ind�pendance pleine et enti�re de la Lorraine, sans aucun lien
de vassalit� envers l'Allemagne.
Charles III, un des successeurs d'Antoine (1545-1608), combattit
ouvertement le protestantisme ; la famille des Guises �tait une
branche de la sienne, et elle lui �tait compl�tement d�vou�e.
Mais les protestants de France, qui combattaient les Guises,
avaient pour alli�s ceux d'Allemagne qui ne se faisaient pas
faute .d'accourir � leur secours. Chaque fois qu'une guerre
civile �clatait, ils traversaient la Lorraine et ne se g�naient
gu�re de commettre sur leur passage toutes sortes de
d�pr�dations et de rapines. Les paysans en souffrirent beaucoup.
Charles III fut cependant un des meilleurs princes de la
Lorraine, il l'administra sagement, il fonda une Universit�
c�l�bre � Pont-�-Mousson et b�tit une ville nouvelle � c�t� de
la vieille ville de Nancy.
En 1552, les trois �v�ch�s de Metz, Toul et Verdun, jusque-l�
d�pendants de l'Empire, furent annex�s � la France. C'est sous
le r�gne de Charles III et de son successeur Henri II, que le
procureur Nicolas Remy pers�cuta les sorciers et livra aux
flammes un grand nombre de ces malheureux.
LECTURES
Belle d�fense de Bl�mont. - Dans les derniers jours d'ao�t 1587,
l'arm�e des Re�tres vint mettre le si�ge devant Bl�mont. Un
jeune gentilhomme lorrain, nomm� Mathias Klopstein, s'y jeta
avec deux compagnies et se d�fendit si bien qu'apr�s leur avoir
tu� deux cents hommes, il les obligea de se retirer ; mais,
avant leur retraite, ils parvinrent � br�ler en grande partie le
faubourg de Gironville o� se trouvait l'�glise qui fut incendi�e
ainsi que le ch�teau. En r�compense de sa belle conduite,
Mathias Klopstein re�ut, pour lui et ses descendants, le titre
de gouverneur de Bl�mont.
La Lorraine d�vast�e par les Re�tres. - De Bl�mont, les
protestants s'avanc�rent vers Dom�vre qui poss�dait une
importante abbaye et s'y livr�rent au pillage et aux derni�res
extr�mit�s, enlevant le b�tail et les r�coltes, d�truisant la
biblioth�que des moines et leurs archives. Le village de
Barbezieux disparut sous les coups des Re�tres ; il n'en resta
que le moulin.
Le 1er septembre, l'arm�e du duc de Bouillon p�n�tra dans les
villages d'Og�viller, Saint-Martin, Herb�viller et Reclonville.
Le ch�teau d'Og�viller fut enlev� � coups de canon et le
gouverneur fut pendu ; il reste de ce ch�teau deux tours rondes
et massives. Le 2, Thi�baum�nil fut livr� aux flammes ; seule,
une cabane de charbonnier �chappa � la destruction ; les
habitants de Marainviller rachet�rent leurs maisons pour trente
�cus.
Lun�ville gard�e par une forte garnison et bien fortifi�e �tait
plus difficile � prendre que Bl�mont. Aussi les Re�tres ne
l'essay�rent pas ; leur arm�e se divisa en deux troupes qui
contourn�rent la for�t de Mondon ; l'une passa la Meurthe �
Moncel et � H�rim�nil, l'autre � Glonville et Azerailles. Tous
les villages entre ces limites furent d�vast�s : � Flin, on
enleva 50 t�tes de b�tail sans compter les chevaux qu'il fallut
racheter. L'abbaye de Beaupr� fut incendi�e ; le prieur� de
Mervaville, qui �tait accompagn� d'un village florissant, fut
d�truit ; il ne resta plus que le logement du prieur, une
tuilerie, quelques b�timents de fermiers et le ch�ur de
l'�glise.
De Mervaville, les Re�tres descendirent sur Moyen, puis
travers�rent la Mortagne. Moyen fut pill� et incendi� ainsi que
Gerb�viller et son ch�teau. Les Allemands qui avaient travers�
la Meurthe � H�rim�nil vinrent passer la Mortagne � Lamath. Tous
les villages qui avoisinent Gerb�viller eurent � souffrir mille
cruaut�s de la part de ces soldats fanatiques. Leur passage est
signal� � Land�court, Franconville, Vallois, Seranville,
R�m�noville et Moranviller.
Nous ne saurions citer tous les villages d�vast�s par cette
invasion d'�trangers mercenaires, tels que Saint-Boingt,
Rozelieures, Einvaux, Chaumont, Belchamp et son abbaye.
Le duc de Guise, avec une arm�e compos�e de troupes fran�aises
et lorraines, arriva � Damelevi�res vers le 5 septembre ; sa
pr�sence emp�cha les Re�tres de se porter sur la Capitale ; ils
se dirig�rent sur Bayon pour y effectuer le passage de la
Moselle, pill�rent le ch�teau de Harou�, puis descendirent cette
rivi�re jusqu'� Pont-Saint-Vincent, o� le duc de Guise �tait
venu les attendre ; une bataille �tait imminente, mais les chefs
protestants (18 septembre 1587) lev�rent leur camp et se mirent
en route vers la Champagne par Barisay-au-Plain,
Allain-aux-B�ufs, Colombey, Pagny-la-Blanche-C�te, La Fauche et
enfin se firent battre par le duc de Guise qui les avait suivis
depuis Pont-Saint-Vincent dans les plaines d'Auneau et de Vimory.
SIXI�ME LE�ON
LES MALHEURS DE LA LORRAINE
Charles IV fut un prince
fourbe et querelleur ; il s'attira l'inimiti� du roi de France,
Louis XIII, et du cardinal de Richelieu. Nancy fut pris par les
Fran�ais ; Saint-Nicolas fut br�l� par les Su�dois ; un grand
nombre de villes et de villages furent pill�s, incendi�s ou
compl�tement d�truits. La peste et la famine achev�rent de
d�peupler la Lorraine. La petite ville de La Mothe donna un
grand exemple : elle fut assi�g�e deux fois, et, apr�s la
capitulation, froidement d�molie. Il n'en reste que le souvenir.
En 1698, Louis XIV se r�signa � rendre la Lorraine au duc
L�opold, fils de Charles V et petit-neveu de Charles IV.
Pendant quelque temps, la Lorraine fut paisible et put se livrer
� l'agriculture, au commerce, aux travaux de la paix, qui font
la prosp�rit� des Etats. Mais par malheur, en 1624, elle tomba
entre les mains d'un prince fourbe, querelleur, aventurier, qui
voulut entrer en lutte avec Louis XIII, roi de France, et son
tout puissant ministre le cardinal de Richelieu. Celui-ci, qui
savait regarder en face les plus rudes adversaires, ne supporta
pas les insolences de Charles IV. Il envahit la Lorraine sans
r�sistance, prit Nancy et livra toute la contr�e aux ravages de
ses soldats et de ses alli�s dans la Guerre de Trente-Ans, les
farouches Su�dois. Ceux-ci pill�rent et br�l�rent les villages,
d�molissant les ch�teaux et les chaumi�res ; Moyen fut pris et
repris par les Fran�ais ; Saint-Nicolas fut mis au pillage,
br�l� et saccag�, son �glise incendi�e.
Une petite ville situ�e sur une hauteur, pr�s de Neuf- ch�teau,
m�rita l'admiration du pays par sa noble et fi�re r�sistance. La
Mothe subit � peu d'intervalle deux longs si�ges qui dur�rent
plusieurs mois, au cours desquels les d�fenseurs montr�rent un
courage que la Lorraine ne peut oublier. Mais le jour in�vitable
de la reddition de la place arriva, et, au m�pris de la parole
donn�e, la France fit d�molir la ville et passer la charrue sur
ses ruines pour n'avoir plus jamais � redouter l'indomptable
forteresse:
Charles IV, poursuivi, traqu� partout, abdiqua en faveur de son
fr�re ; le cardinal Nicolas-Fran�ois reprit le pouvoir, luttant
toujours contre Richelieu et Mazarin son successeur; il mourut
fugitif (1675). La Lorraine d�sol�e, ruin�e par la famine et la
peste, d�peupl�e, v�cut de longues ann�es sous les gouverneurs
fran�ais, dans une mis�re que la plume la plus �loquente ne peut
d�crire.
Pendant cette triste p�riode, le souverain l�gitime de notre
pays, Charles V, fils de Nicolas-Fran�ois et neveu de Charles
IV, refusait de souscrire aux conditions humiliantes que voulait
lui imposer Louis XIV ; il pr�f�rait vivre � l'�tranger et se
couvrait de gloire au service de l'Autriche, en d�fendant, avec
Sobieski, le royaume de Hongrie contre les Turcs.
LECTURES
R�ponse patriotique de Callot. - Le si�ge de Nancy par Louis
XIII fut marqu� par un �pisode qui est trop � l'honneur du
patriotisme lorrain pour que nous puissions le passer sous
silence. Nous voulons parler de la belle r�ponse que fit Jacques
Callot � Louis XIII, lorsque ce prince voulut lui faire
immortaliser, par une suite de gravures, la victoire facile
qu'il venait de remporter. Il fit appeler l'�minent artiste ; �
la demande du roi celui-ci r�pondit : ��Sire, je suis Lorrain et
je crois ne devoir rien faire contre l'honneur de mon prince et
de mon pays �. Callot s'�tant retir� fut entour� par des
courtisans qui lui reproch�rent son refus comme un crime et lui
dirent : " On saura bien vous forcer d'ob�ir au roi. - Je me
couperais plut�t le pouce �, r�pliqua le graveur. Louis XIII
respecta cette noble fermet� et n'insista pas.
Prise du ch�teau de Moyen. - Le ch�teau de Moyen fut enlev� une
premi�re fois par le mar�chal de la Force assist� du marquis de
Sourdis, sur le sieur d'Arbois de Xaff�villers qui commandait
les Lorrains, en 1635; il fut assi�g� une seconde fois en 1639
par le mar�chal du Hallier. Ce ch�teau �tait devenu le refuge de
tous les bandits qui d�solaient la contr�e ; le capitaine
Thouvenin le d�fendait. Il soutint six semaines d'attaque et
re�ut plus de quatre mille coups de canon (1639). On dit qu'une
vieille femme du village se pr�senta � du Hallier et lui indiqua
l'endroit l� plus faible des fortifications ; pendant la
construction, les mat�riaux ayant manqu� � certain moment, les
murs �taient moins solides de ce c�t� qu'ailleurs. Du Hallier
profita du renseignement et fit pratiquer dans la muraille une
large br�che. Toute l'arm�e se disposa � donner l'assaut. C'est
alors qu'une derni�re sommation eut raison de l'opini�tret� de
Thouvenin, qui consentit enfin � capituler. Du Hallier, charm�
de sa belle d�fense, lui accorda toutes les conditions qu'il lui
plut de demander.
Derniers jours d'un village lorrain. - Au village de Vaimbois,
la peste ayant �clat�, le nombre des malades y devint tel que
les habitants du village voisin, Fraimbois, durent apporter
chaque jour aux malheureux pestif�r�s leurs aliments, mais, par
crainte de la contagion, les vivres leur �taient tendus � l'aide
de longues perches. Un jour on s'aper�ut que, � Vaimbois, tout
�tait mort, en retrouvant intactes les provisions d�pos�es la
veille. Le village, compl�tement d�sert, ne se releva pas ; plus
de cinquante villages, en Lorraine, �prouv�rent le m�me sort.
Saint Vincent de Paul et Lun�ville. - Saint Vincent de Paul
envoyai de Paris en Lorraine, de nombreux secours qui peuvent
�tre �valu�s � dix millions de notre monnaie. On conserve
encore, dans les archives de Lun�ville, copie de la lettre que
les magistrats de cette ville lui adress�rent. On y lit ces mots
touchants : ��Monsieur, depuis plusieurs ann�es que cette pauvre
ville a �t� afflig�e de peste, do guerre et de famine, qui l'ont
r�duite au point d'extr�mit� o� elle est � pr�sent, nous n'avons
re�u que des cruaut�s de nos cr�anciers et des soldats, en sorte
qu'il semblait que le ciel n'avait plus que de la rigueur pour
nous, lorsqu'un de vos enfants en N�tre-Seigneur, �tant arriv�
ici charg� d'aum�nes, ,l grandement temp�r� l'exc�s de nos maux
et relev� nos esp�rances. Nous b�nissons les instruments de la
cl�mence divine, et vous en particulier, Monsieur, qui �tes le
principal auteur d'un si grand bien. Vous verrez devant Dieu
l'obligation �ternelle que nous vous avons de nous avoir
secourus en cet �tat... �

CARTE HISTORIQUE DE LA REGION
LORRAINE
NOTA. - Cette Carte historique de l'ensemble de la r�gion
Lorraine remplace avantageusement la carte historique de
Meurthe-et-Moselle de notre premi�re �dition, que nous avons d�
supprimer. C'est une r�duction de notre carte historique de la
Lorraine, �dit�e en m�me temps que la carte de
Meurthe-et-Moselle et annex�e � celle-ci.
Les Ma�tres qui voudront prendre cette peine pourront teinter
les contours des duch�s de Lorraine et de Bar, ceux des Trois
Ev�ch�s et des 4 D�partements, par un liser� de 5 millim�tres
environ, en se servant de la carte murale. Se faire aider par
les meilleurs �l�ves dans ce travail qui ne n�cessite qu'un peu
d'attention et qui constitue un excellent exercice de
cartographie. Mais s'abstenir si l'on n'est pas assur� de bien
r�ussir. |