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La milice en Lorraine au XIII�me si�cle
(Notes renum�rot�es)


M�moires de l'Acad�mie de Stanislas - 1903

LA MILICE EN LORRAINE AU XVIII SI�CLE (1)
PAR M. PIERRE BOY�

CHAPITRE PREMIER
La milice sous Stanislas. - �tablissement de la milice en Lorraine (1741). - Circonstances et l�gitimit� de cette mesure. -Pr�c�dents invoqu�s. -Les neuf bataillons de milice proprement dite. - Royal-Lorraine et Royal-Barrois. - Augmentations et diminutions alternatives du contingent. - Abolition temporaire du tirage au sort. - Les recrues provinciales (1759) - Le R�giment de Nancy (1763-1767).

Stanislas, dit laconiquement Durival en nous offrant un r�sum� des institutions militaires de la Lorraine aux diff�rentes �poques, � Stanislas se pr�ta � ce qui pouvait contribuer au service et � la gloire du roi son gendre (2) �. Sous cette vague explication d'un contemporain, comprenons que Louis XV et ses ministres impos�rent au pays, pendant le r�gne transitoire o� il e�t d� garder l'illusion de l'autonomie, l'une de ses plus lourdes charges ; lisons ce nom maudit : la milice.
Aucun article de la Convention de Meudon n'autorisait, au cas o� le roi de Pologne e�t exig� que l'on ne d�pass�t pas les clauses du trait�, une lev�e de troupes dans les Duch�s, pour le compte de la France. Durant la vie du souverain nominal, le Royaume pouvait demander � sa nouvelle province de recevoir et d'entretenir ses soldats. Il n'avait pas �t� pr�vu, le 30 septembre 1736, que les Lorrains contribueraient � l'augmentation de ces forces, et paieraient, avec les autres imp�ts, celui du sang.
Pas un instant, toutefois, on n'avait eu � Versailles l'ombre d'une h�sitation. La premi�re mesure tent�e en ce sens se retrouve dans l'ordonnance du 6 avril 1740 (3), d�cidant la cr�ation d'un r�giment d'infanterie sous le litre de Gardes de Lorraine. Les trois compagnies de bas officiers d�tach�es, en 1737, de l'h�tel royal des Invalides, pour la garde du ch�teau de Lun�ville, manquaient de prestige aux yeux de Stanislas (4).
Le prince r�vait d'avoir vraiment des hommes � lui, recrut�s dans ses �tats, et de d�signer des officiers de son choix. Ce d�sir, dont il s'ouvre � la fin de 1739, servait trop les vues de Louis XV pour qu'il n'y acc�d�t pas. Tandis que Stanislas compte donner ainsi plus d'�clat � sa maison et procurer des emplois � sa noblesse, son gendre songe qu'il aura � sa disposition un nouveau corps qui, en temps de paix, assur�ment, rendra les honneurs au Duc-roi, mais qui ce en temps de guerre ira � l'arm�e (5) �. Et, de fait, les Gardes lorraines (6) s�journeront peu � la cour de Sa Majest� Polonaise. On prendra soin de les d�payser, pour les former plus promptement aux pratiques militaires fran�aises. Elles entreront en campagne. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'on les verra � Lun�ville o�, non seulement les bas officiers d�daign�s par Stanislas viennent les remplacer, mais o�, parfois, des d�tachements d'un autre r�giment d'infanterie leur sont � dessein substitu�s (7).
Au moment o� les pourparlers s'engageaient entre Lun�ville et Versailles pour la cr�ation des Gardes de Lorraine, des instructions du d�partement de la Guerre avertissaient l'intendant, � l'insu de Stanislas, que le roi �tait d�cid� � rendre le service militaire obligatoire dans la Province. Les hostilit�s avec l'Autriche h�t�rent une initiative que les r�flexions du. Commissaire d�parti sur les susceptibilit�s locales faisaient prudemment retarder. � Il y a d�j� du temps, Monsieur, que vous �tes pr�venu �, �crit, le 10 ao�t 1741, le marquis de Breteuil � La Galaizi�re, � qu'il convient au service du Roi de faire dans la Lorraine un �tablissement de milice sur le m�me pied qu'il a �t� ordonn� et qu'il existe en France. Comme les circonstances des affaires publiques semblent exiger de ne pas diff�rer davantage cet �tablissement, par rapport au secours que le Roi en pourra tirer, je viens d'�crire par son ordre au roi de Pologne, pour l'en pr�venir. Je pr�sume que vous avez d�j� fait sur cette mati�re quelques dispositions, que vous avez au moins par devers vous les d�nombrement et �tat des feux ou familles, pour pouvoir r�gler le nombre d'hommes qui sera demand�. Je vous prie d'en faire un �tat g�n�ral et de me l'envoyer. Vous y joindrez un projet de l'ordonnance que le roi croira convenable de faire rendre tant pour l'�tablissement que pour la lev�e de cette milice. � Apr�s �tre entr� dans quelques d�tails techniques, le ministre ajoutait: � Je vous prie de ne pas perdre de temps � traiter tous ces diff�rents points avec le roi de Pologne, et de me mettre en �tat, le plus t�t possible, d'en rendre compte au Roi (8). �
Toutes les pr�cautions avaient bien �t� prises par l'actif administrateur. Quant au prince dont la r�sistance e�t d'ailleurs �t� vaine, il n'�leva pas une objection. Le 21 octobre, une ordonnance en seize articles, rev�tue de sa signature, �tablissait la milice dans les duch�s de Lorraine et de Bar (9).
Pour donner � cette institution une apparente excuse, pour pr�venir les clameurs qui, sans ce d�tour, n'eussent pas manqu� de se faire entendre plus vives, on avait r�solu de proc�der graduellement. Stanislas demandait des miliciens, mais pour que ces hommes prot�geassent leur terre natale contre les dangers d'une invasion possible. Le roi, expliquaient des consid�rants embarrass�s : le roi �tant averti que ses pr�d�cesseurs avaient, dans certaines conjonctures, cherch� par diff�rents moyens � assurer la s�curit� de leurs sujets, voulait de m�me veiller � la tranquillit� de son peuple. La lev�e prochaine qu'il d�cr�tait, n'�tait nullement une innovation. L'exemple de L�opold formant de cette mani�re un corps de troupes sous le nom d'arquebusiers, �tait rappel�. Raisons aussi faibles que rapprochement peu exact. C'est par la voie de l'enr�lement qu'en novembre 1720 L�opold avait ordonn�, pour le maintien des cordons sanitaires �tablis sur les confins du pays pendant la peste de Marseille, la cr�ation de compagnies d'arquebusiers. N'�tant pas satisfait de ces hommes, le Duc les avait licenci�s, et l'ordonnance du 24 mars 1721 avait charg� les communaut�s de fournir 3 000 soldats par la voie du sort (10).
Mais, quelle qu'e�t �t� l'arri�re-pens�e de L�opold en mettant sur pied cette milice, il l'avait supprim�e le 2 janvier 1726, l'ann�e m�me - co�ncidence remarquable - o� l'ordonnance du 25 f�vrier r�organisait dans le Royaume les milices provinciales, telles qu'elles devaient d�sormais prendre rang dans l'arm�e de l'ancien r�gime. La milice de L�opold n'avait eu, au reste, aucun r�le belliqueux. Le pr�ambule de l'ordonnance de Stanislas disait trop. D'autre part, les all�gations en �taient incompl�tes. On omettait une sorte de milice mobile, institu�e jadis par Charles III et adopt�e par son fils Henri II (11). Pourquoi, surtout, �vitait-on de rappeler un souvenir offrant plus d'analogie avec la r�solution qu'on s'effor�ait de pallier: la lev�e faite, pendant l'occupation du pays par Louis XIV et la guerre de la ligue d'Augsbourg, de deux r�giments de milice dans la Lorraine, le Barrois et les �v�ch�s, afin de compl�ter l'effectif de la campagne de 1693 (12) ? En r�alit�, aucune assimilation n'�tait � faire. Les Duch�s ignoraient la milice.
Le contingent demand� �tait de 3 600 hommes, r�partis en six bataillons (13). Des instructions de l'Intendant, en date du 28 octobre 1741, ayant compl�t� les articles de l'ordonnance du 21 (14), les op�rations pr�paratoires furent activ�es. Le 14 novembre, La Galaizi�re en personne inaugurait � Nancy le tirage au sort, et les gar�ons de cinq ou six villages voisins fournissaient les premiers miliciens (15). Le 1er f�vrier 1742, Louis XV d�clara prendre ces soldats � son service et � sa solde (16). Au mois de juin suivant, toujours en pr�sence du Commissaire d�parti, les bataillons furent respectivement assembl�s dans les villes dont ils allaient prendre le nom: � Bar-le-Duc, le 4 et le 5; � �tain, le 7; � Nancy, le 12; Epinal, le 17; � Neufch�teau, le 20; et � Sarreguemines, le 25 (17). Trois r�giments en furent form�s qui, de leurs colonels, s'appel�rent : Croix, Polignac et Marainville, et prirent rang parmi les autres r�giments des milices provinciales fran�aises. Croix, qui devint Montureux en 1744 (18), fut compos� des bataillons de Nancy et de Sarreguemines; Polignac, de ceux de Bar et d'�tain ; Marainville, bient�t Ligniville, puis Thianges en 1746 (19) et Mirecourt en 1750 (20), comprit les bataillons d'�pinal et de Neufch�teau. Ces troupes, soi-disant destin�es � la d�fense de la Lorraine, sont aussit�t dispers�es : les bataillons du r�giment de Croix sont envoy�s � Landau; ceux de Polignac et de Marainville, � Calais et � Givet (21).
Le plus difficile �tait fait. Au d�but de 1743, Stanislas est cens� estimer que les circonstances actuelles r�clament une augmentation de l'effectif des forces lorraines. Son ordonnance du 25 janvier d�cide une lev�e suppl�mentaire de 1 800 hommes (22), que, par la fiction dont il a d�j� us�, le roi de France admet �galement � son service, le 12 avril. On groupe ces hommes en trois bataillons, ceux de Saint-Mihiel, de Mirecourt et de Dieuze, assembl�s dans ces localit�s les 2, 5 et 11 mai (23). Dieuze grossira d'un tiers le r�giment de Croix, Mirecourt celui de Marainville, et Saint-Mihiel celui de Polignac.
On ne s'en tint pas l�. Pour enlever d'autres hommes � la Province, on eut recours � une combinaison intentionnellement compliqu�e. Le 30 janvier 1744, Louis XV signe � Marly la cr�ation, en vue de la campagne qui se pr�pare, d'un r�giment d'infanterie au titre de Royal-Lorraine (24). Officiers et soldats des trois bataillons de 60 hommes qui doivent le composer, sont tir�s des neuf bataillons de milice, tandis qu'une lev�e extraordinaire, d�cid�e le 20 f�vrier, comble les vides laiss�s par cet emprunt (25). Comme compensation, Royal-Lorraine prend rang dans les troupes fran�aises � partir du 21 octobre 1741 (26), jour de l'�tablissement des milices lorraines, qu'il doit pr�c�der. Form� � Bar, � la fin de mars, puis assembl� sous les armes � Nancy. le 8 avril (27), le nouveau r�giment part le mois suivant pour l'arm�e du Rhin (28).
Les historiens nous montrent le roi de Pologne t�moin aussi attrist� qu'impuissant de ces exigences successives. Il faut le reconna�tre, l'�tat d'esprit du monarque �tait autre. Le 14 juin 1742, Stanislas, de s�jour � la Malgrange, avait assist� pr�s de Bon-Secours au d�fil� du bataillon de Nancy qui allait joindre sur la Quiesch celui de Sarreguemines (29). Avant de s'�loigner, Royal-Lorraine campa quelques jours � Lun�ville. Sur l'ordre de Leszczynski dont c'�tait la f�te, des d�tachements vinrent monter la garde au palais (30), et l'�clat des r�jouissances s'en trouva rehauss�. A ces spectacles, le prince puisait de douces illusions. Il oubliait son r�le subalterne, la tutelle lourde qui l'opprimait. Il avait une arm�e. Il la confiait � son gendre. C'�tait l� service d'alli�. Aux emplois dans les divers r�giments lorrains, Stanislas avait, sinon le droit de nomination pur et simple, du moins celui de pr�sentation. Pour les charges sup�rieures, les demandes affluaient. A chaque cr�ation, des comp�titions se produisaient, que le Duc-roi aimait � trancher en faveur de ses prot�g�s. Deux fr�res de son Chancelier, d�j� nomm�s, en 1740, lieutenant-colonel et capitaine des grenadiers aux Gardes lorraines, ne furent-ils pas plac�s � la t�te de Royal-Lorraine, le comte de Mareil comme colonel, avec M. de Rivray pour second. Les autres grades devaient �tre invariablement accord�s � des sujets lorrains. Le roi de Pologne se plaisait � remplir les cadres, prenant de pr�f�rence, selon la r�gle prescrite, les capitaines parmi les officiers r�form�s ou retir�s qui habitaient le pays; accordant les lieutenances aux gentilshommes qu'il avait distingu�s, � de bons serviteurs ou aux cadets de son �cole (31). Cette pr�rogative le charmait. Plus il pouvait l'�tendre, mieux il lui semblait ressaisir la souverainet� dont il �tait d�pouill�. Il s'agissait d'ailleurs de subvenir aux besoins d'une guerre contre une dynastie que Stanislas �tait loin d'aimer. Les Habsbourg avaient combattu sa restauration sur le tr�ne des Piasts, et le souvenir laiss� dans les Duch�s par les descendants de G�rard d'Alsace portait ombrage � leur successeur. Le temps n'�tait pas o�, avec cette mobilit� propre � son temp�rament et � sa race, Leszczynski c�l�brerait, de ses �crits et de sa bourse, l'alliance de Louis XV et de :Marie-Th�r�se. Il applaudissait alors tr�s haut au projet � d'�touffer � - ce sont ses termes - � la derni�re �tincelle de la puissance autrichienne qui pourrait rallumer le feu de la guerre et entretenir la reine de Hongrie dans l'esp�rance de reconqu�rir ses �tats (32) �. Il ne se demandait pas s'il �tait de bonne politique, ne f�t-ce que par souci de sa popularit�, d'envoyer ainsi, au lendemain de l'annexion, les Lorrains combattre un maitre qu'ils pleuraient encore.
Le 28octobre 1744, La Galaizi�re adressait d'Argenson un m�moire o� Stanislas proposait la lev�e dans les Duch�s d'un r�giment de dragons, qui serait class� � la suite des autres r�giments royaux (33). Le projet n'aboutit pas. Mais, quand le 6 septembre 1745 le Duc-roi quitte Commercy pour la cour de France, nul dans son entourage n'ignore que le prince compte faire donner comme pendant � Royal-Lorraine un r�giment qu'il a d�j� baptis� Royal-Barrois (34). D�tail topique : les h�sitations viennent du secr�taire d'�tat de la Guerre, qu'un �change de d�p�ches avec l'intendant a mis au courant de la situation de la G�n�ralit� lorraine; qui sait le sourd m�contentement qui y gronde. Stanislas insiste ; et parce que, au fond, son souhait r�pond aux n�cessit�s de l'heure, on s'y arr�te. En vertu d'une ordonnance du 1er novembre, Royal-Lorraine est r�duit � deux bataillons. Le troisi�me vient rejoindre � Pont-�-Mousson, quartier d'assembl�e, m�me nombre d'officiers, sergents et soldats, choisis dans les neuf bataillons de milice proprement dite. Royal-Barrois est constitu� (35). La cons�quence de cet arrangement est une lev�e destin�e � r�tablir l'int�grit� des r�giments de milice, dont chaque bataillon est d'ailleurs augment� de 50 hommes (36). Le 9 mars 1746, La Galaizi�re r�unit, dans le clo�tre des B�n�dictins de Saint-Nicolas-de-Port, 1538 hommes, qui partent le lendemain (37).
Bien que compt�s parmi les troupes r�gl�es, Royal-Lorraine et Royal-Barrois n'ont donc �t� form�s et ne seront uniquement recrut�s qu'avec de la milice lorraine. C'est aussi cette milice qui va, de ce moment, servir � entretenir, puis � augmenter en partie les Gardes lorraines, o�, quelques mois plus tard, on incorpore d�j� 450 hommes d�sign�s par le sort (38).
Quand, � l'automne de 1746, le ministre communique � l'Intendance l'�tat des miliciens n�cessaires pour compenser les pertes survenues, le Commissaire d�parti ne peut s'emp�cher d'adresser des repr�sentations tr�s vives. La Province ne suffira pas sans dommage � de telles exigences. Pris d'un remords tardif, Stanislas fait alors demander le retranchement d'un bataillon de miliciens. Mais d'Argenson de r�pliquer, le 14 d�cembre, que la France tentant un supr�me effort pour amener ses ennemis � r�sipiscence, il y a lieu de � persuader le roi de Pologne de l'impossibilit� de cette suppression (39) �. Les scrupules du prince seront, au reste, de courte dur�e. Apr�s avoir consenti passivement � une augmentation r�it�r�e de l'effectif de la milice, Leszczynski voit avec tant de satisfaction le r�giment des Gardes lorraines dot�, � la fin de 1747, d'un troisi�me bataillon (40), qu'en f�vier 1748 il accepte que 300 miliciens soient compris dans sa formation (41). Cette concession fut si mal accueillie que, � l'assembl�e du 26 mars, lorsque les officiers voulurent distraire de la masse des nouveaux soldats le nombre promis, aucun de ces 2345 hommes ne consentit � entrer volontairement aux Gardes de Lorraine (42). L'op�ration dut �tre faite � Vienne en Dauphin�, o� pass�rent tous les d�tachements (43), et o�, pour constituer l'amorce du bataillon suppl�mentaire, qui comprit �galement des enr�l�s, 110 prisonniers du r�giment des Gardes, r�cemment �chang�s, avaient �t� r�unis. A la fin de la guerre de la Succession d'Autriche, la milice lorraine renfor�ait donc de plus de treize bataillons les troupes fran�aises.
La paix d'Aix-la-Chapelle procura aux Duch�s quelque r�pit. L'ordonnance du 18 novembre 1748 r�duit de trois bataillons de 710hommes � deux bataillons de 500 hommes chacun, - afin, dit-elle, de diminuer les d�penses que leur entretien occasionne et de rendre des bras � l'industrie et � l'agriculture, - les r�giments de Polignac, de Thianges et de Montureux, qui sont licenci�s � Bar, � Mirecourt et � Nancy, les 28 novembre, 5 et 12 d�cembre (44). Le troisi�me bataillon des Gardes lorraines est supprim�, le 24 d�cembre, en attendant que les deux autres soient r�duits de dix-sept � treize compagnies (45). Royal-Lorraine et Royal-Barrois que la r�duction et le licenciement des milices ne permettent plus de recruter, sont enfin r�form�s l'un et l'autre � Bar, au vif regret de Stanislas (46). Cependant leurs compagnies de grenadiers royaux (47) sont conserv�es, de m�me que celle du bataillon dissous des Gardes lorraines, et incorpor�es dans les Grenadiers de France (48). Ces hommes protest�rent en vain contre une prolongation de service. Apr�s �tre rest�s plusieurs mois encore sous les drapeaux, un quart en fut licenci�. Les autres, r�partis en trois classes lib�rables par ann�e, ne re�urent leur cong� que du 1er septembre 1749 au 1er septembre 1751 (49).
Une joie indicible avait accueilli le retour des soldats lorrains dans leur patrie. On se f�licitait d'un repos bien gagn�. Ce repos ne fut pas absolu. On continue d'effectuer chaque ann�e les remplacements, � verser m�me d'office quelques miliciens dans les troupes r�gl�es. En 1750, par exemple, une r�partition de 300 miliciens est sign�e le 14 f�vrier, et, apr�s le tirage, le 12 mars, Stanislas �crit en cour de France pour provoquer le passage de 60 de ces hommes - 10 par bataillon - aux Gardes lorraines (50). Les assembl�es ont lieu tous les printemps. Elles ne durent, il est vrai, que de huit � neuf jours (51). Mais avant que les compagnies de fusiliers ne se s�parent, celles de grenadiers royaux en sont d�tach�es. En avril 1750, La Galaizi�re a proc�d�, en effet, � l'union de ces six compagnies avec trois autres, celles des bataillons de milice de Strasbourg, de Colmar et de Metz. Il en a form� � Nancy un r�giment dont le chevalier de Chabrillant a pris le commandement, et pour lequel la dur�e des exercices p�riodiques est d'un mois entier (52).
Cette tranquillit� fut interrompue par la guerre de Sept ans. La s�rie des combinaisons ant�rieurement imagin�es est reprise. Le 14 janvier 1757, Stanislas donne sa signature pour l'augmentation des bataillons de milice, qui sont port�s � 630 hommes. La lev�e imm�diate en est d�cid�e, tout cong� d'anciennet� suspendu jusqu'� l'hiver (53). Le 10 mars, les soldats de remplacement de Polignac et de Montureux sont assembl�s � Nancy, tandis que les deux bataillons de Mirecourt, rest�s dans la Province, vont loger � Saint-Nicolas et � Rosi�res-aux-Salines, en attendant des instructions (54). L'ordonnance du 20 mars supprime ces bataillons en tant que corps de milice, et les emploie � la formation de deux r�giments de troupes r�gl�es. Royal-Lorraine et Royal-Barrois sont, en effet, r�tablis de ce jour, mais sur le pied d'un bataillon unique de 680 hommes, dont le surplus va �tre incessamment lev� et dont l'int�grit� continuera d'�tre maintenue au moyen de miliciens (55). La Lorraine ne fournissait, cette fois, que six bataillons, et l'all�gement �tait loin d'�tre inopportun. Mais le dimanche gras 5 f�vrier 1758, fut publi�e � Lun�ville, � 9 heures du matin, une ordonnance dat�e du 29 janvier, qui r�pandit, para�t-il, la consternation. Ce n'est pas qu'en elle-m�me la teneur de cet acte apport�t une aggravation consid�rable aux charges militaires. Les six compagnies de fusiliers rest�es affect�es � chaque bataillon de milice (56) �taient �lev�es de 65 � 85 hommes, et l'interruption des cong�s d'anciennet� maintenue (57). On s'inqui�tait surtout de l'avenir. On voyait dans cette mesure le pr�lude d'autres demandes. D�s le mois d'octobre, l'effectif des bataillons de Polignac et de Montureux est port� � 720 hommes (58). Une lev�e extraordinaire de 1288 miliciens est pr�cipit�e (59).
De cet instant, toutefois, il semble que la Lorraine qui, depuis 1741, a donn� au Royaume la meilleure partie de ses laboureurs et de ses artisans, go�te un soulagement r�el, bient�t une compl�te qui�tude. On ne l�ve pas de miliciens en 1759 et le tirage au sort va �tre abandonn� jusqu'en 1766. Le 5 septembre 1760, il est vrai, les quelques miliciens demeur�s dans la. Province sont convoqu�s � Nancy et contraints, le 28, de se mettre en route vers leurs bataillons respectifs (60). Mais, l'ann�e suivante, tous les hommes au service commencent � regagner leurs villes et leurs villages. Le premier bataillon de Montureux, redevenu Nancy - car depuis l'automne de 1759 les bataillons des r�giments de milice ont recouvr� leur individualit� (61), - rentre dans la capitale lorraine le 27 mars 1761, pour �tre licenci� le 30 ; le deuxi�me, Sarreguemines, arriv� le 21 d�cembre, l'est quatre jours apr�s. Ceux de Bar-le-Duc et d'�tain ne tardent pas � �tre �galement cong�di�s. Leurs grenadiers royaux et grenadiers postiches reverront Nancy le 11 janvier 1763, et seront rendus � la vie civile le 13, � l'exception de 40 hommes choisis pour le corps des Grenadiers de France, o� sont aussi vers�s tous les grenadiers de Royal-Lorraine, de retour le 15. Le 17, les Nanc�iens acclamaient six compagnies de fusiliers de ce r�giment qu'une ordonnance du 25 novembre 1762 avait r�form�, de m�me que Royal-Barrois. Le 5 d�cembre, enfin, on faisait f�te aux derniers soldats rest�s en arri�re, aux survivants de Royal-Barrois.
Mais si, dans les Duch�s comme en France, le Gouvernement parait renoncer � demander aux communaut�s des soldats d�sign�s par le sort, c'est qu'aux miliciens ont succ�d� les recrues provinciales, destin�es � r�parer les pertes essuy�es au cours de d�sastreuses campagnes et � reconstituer indistinctement les d�bris des r�giments de cavalerie, d'infanterie ou d'artillerie (62). Cette lev�e des recrues est pr�sent�e comme une compensation de la milice; la milice, comme une menace dont la r�alisation est subordonn�e � l'insucc�s du nouveau mode d'enr�lement.. L'article XXIX de l'ordonnance lorraine du 25 d�cembre 1760 est significatif: � Si contre toute atlante les lev�es ordonn�es par la voie d'enr�lements volontaires n'avaient pas dans quelques cantons le succ�s qu'on en doit esp�rer, il sera donn� des ordres pour y proc�der par la voie du sort, sur les principes ordinaires de la lev�e de la milice (63).� Le 27 novembre 1759, l'Intendant avait pass� en revue � Nancy les premi�res recrues ainsi obtenues � partir du 28 octobre pr�c�dent. Ces 164 hommes avaient �t� conduits � Metz le lendemain (64). Les registres du contr�le nous apprennent que, durant les six mois suivants, 416 recrues sont encore r�unies dans la Province. D'octobre 1760 � octobre 1761, 327 autres rejoignent le quartier g�n�ral de Strasbourg; 514, d'octobre 1761 � octobre 1762 (65). Pendant que le Commissaire d�parti envoie � ses subd�l�gu�s des lettres-circulaires destin�es � la publicit�, dans lesquelles, les informant de la r�solution du roi de ne plus remplacer les miliciens lib�r�s et m�me d'accorder des cong�s absolus � ceux des plus r�centes lev�es, il insiste sur le plaisir qu'il �prouve � se faire l'interpr�te de cette d�cision, il recommande tout bas � ces agents d'activer � le travail des recrues (66) �.
L'ordonnance fran�aise du 1er f�vrier 1763 d�cide la formation, � un bataillon de huit compagnies, de trente et un r�giments de recrues dans les diverses G�n�ralit�s, o� ils seront d�sign�s sous le nom des villes principales, et, pour Paris, celle d'un r�giment � deux bataillons. Dans cette cr�ation, la Lorraine n'est pas oubli�e. Le R�giment de Nancy est le 31e; il marche entre celui d'Aix et celui de Paris. Sans retard, Louis XV agr�e les officiers qui doivent en composer l'�tat-major et en commander les compagnies. Ce cadre est assembl� et le corps constitu� � Rosi�res-aux-Salines, le 1er octobre (67). Vingt-six de ces r�giments de recrues sont supprim�s � dater du 31 d�cembre 1766 (68). Mais celui de Nancy est un des six laiss�s sur pied (69), et semblable mesure ne l'atteindra que le 1er septembre de l'ann�e suivante (70). Jusqu'� ce moment, subd�l�gu�s, officiers, cavaliers de la mar�chauss�e, dirigent donc sur le d�p�t de Rosi�res les quelques hommes qu'il est encore possible d'obtenir de la Lorraine appauvrie, et qu'apr�s une rapide formation, on envoie p�riodiquement, sur tous les points du Royaume, parfaire les rangs des troupes r�gl�es (71).

CHAPITRE II
Organisation de la milice lorraine - Ce qui la distingue de celle de France. - Dur�e du service. Effectif. - Solde.- Armement, �quipement et habillement; d�penses � la charge du pays. - Exemptions locales. - Exemptions personnelles. - L'ordonnance du 28 octobre 1741. - Attention pr�t�e par La Galaizi�re p�re � la question des immunit�s. - L'ordonnance du 2 janvier 1755; son importance. - R�partition du contingent. - Les op�rations du tirage au sort. - Assembl�es de formation et assembl�es p�riodiques. - L�gislation des recrues.

Comment la milice �tait-elle organis�e en Lorraine; qui devait en supporter les charges financi�res ; quels hommes y �taient miliciables et quelles �taient les op�rations du tirage au sort ? Autant de questions qu'il est indispensable d'examiner pour l'histoire de l'administration fran�aise dans la Province.
La correspondance du marquis de Breteuil avec La Galaizi�re, dont nous transcrivions plus haut le passage capital, trace les grandes lignes de cette l�gislation. Il est cr�� dans les Duch�s � un �tablissement de milice sur le m�me pied qu'il a �t� ordonn� et qu'il existe en France �. Dans ce d�partement, le pouvoir royal a pris nettement par anticipation pleine possession du pays. De m�me que les bataillons fran�ais, les bataillons lorrains auront leur effectif successivement augment� ; comme eux, ils concourront au recrutement des grenadiers royaux; comme eux, ils comprendront ensuite des grenadiers postiches o�, � leur tour, peuvent se recruter ces grenadiers royaux. La milice lorraine fournira non seulement un corps sp�cial, affect� aux garnisons, mais des renforts pour les troupes r�gl�es en service de campagne. Un m�moire, dress� sous les auspices du Contr�leur g�n�ral des finances, reconna�t, cependant, que si Royal-Lorraine et Royal-Barrois sont exclusivement form�s de miliciens, c'est � contre l'usage observ� dans les provinces du Royaume (72) �. Presque chaque fois, en effet, que nous constatons quelque divergence, cette distinction est loin d'�tre en faveur de la Lorraine.
Ainsi en fut-il pour la dur�e du service. Fix� d�s le d�but � six ann�es, ce laps de temps ne fut jamais diminu�. A la fin de 1748, il est r�duit � cinq ans pour le reste du pays, y compris les enclaves �v�choises (73). La Lorraine fait exception; les ordonnances de 1757 et de 1758 insistent m�me sur ce point.
Il y eut, d'autre part, de l�g�res diff�rences dans l'effectif des bataillons. En 1744, nous trouvons, par exemple, 610 hommes par bataillon fran�ais dont chacun est divis� en neuf compagnies. Le chiffre r�glementaire d'un bataillon lorrain est de 600 hommes, r�partis en douze compagnies. La compagnie est command�e par un capitaine et un lieutenant. Elle compte deux sergents, trois caporaux, trois anspessades et un tambour. L'�tat-major du r�giment comprend un colonel et un major au premier bataillon, un commandant sans compagnie et un aide-major au deuxi�me. Les variations de quotit� suivent � peu pr�s la m�me courbe dans les deux pays. C'est d'abord une augmentation progressive. L'ordonnance de Louis XV du 1er novembre 1745 d�cr�te qu'� l'instar des bataillons fran�ais, les bataillons lorrains seront dor�navant mis � 650 hommes partag�s entre neuf compagnies (74). A la paix d'Aix-la-Chapelle, il y a r�duction simultan�e � 500 hommes (75). Le graphique repasse ensuite par 590 et, bient�t, l'ordonnance de Stanislas du 14 janvier 1757 �l�ve le bataillon � 630 hommes, comme l'a d�cid� celle de Louis XV du 5 d�cembre 1756.Le 17 novembre 1758, enfin, par l'habituelle fiction de la signature du souverain nominal, sont appliqu�es � la Lorraine les dispositions de l'ordonnance fran�aise du 25 ao�t pr�c�dent qui porte tout bataillon de milice � 720 hommes.
L'uniforme du milicien lorrain �tait identique � celui du milicien fran�ais : justaucorps de drap blanc, doubl� de serge; veste et culotte de serge blanche, doubl�es de toile grise ; revers, collet et parements bleus; chapeau bord� d'argent faux. Seul d�tail distinctif, le ceinturon et le collier de la caisse des tambours �taient garnis de galons � la livr�e de Sa Majest� Polonaise (76).
Pendant les assembl�es, la solde quotidienne du simple fusilier est de 5 sols de France ; l'anspessade a droit � sols; les caporaux et les tambours, � 7. En service dans les places ou aux arm�es, les uns et les autres sont port�s pour un suppl�ment de deniers ; mais cet exc�dent est vers� dans la masse, afin d'�tre sp�cialement employ� en achat de linge et de chaussures (77).
En France, outre la d�pense de l'armement, - fusil, bayonnette, �p�e, le roi faisait, depuis l'ordonnance du 12 novembre 1733, les frais du grand �quipement- giberne, ceinturon et fourniment - et de l'habillement proprement dit - justaucorps et culotte. Les populations n'avaient � payer que le petit �quipement ou �quipement particulier : le chapeau, la veste, deux chemises de toile, deux cols, une paire de souliers, une paire de gu�tres et un havresac. Celles de Lorraine furent beaucoup plus grev�es et pour elles l'imp�t en nature se compliqua d'un lourd tribut p�cuniaire. L'ordonnance du 21 octobre 1741 d�clare cat�goriquement en son article XII.que le prix tant de l'armement que de l'habillement sera r�parti sur les communaut�s au marc la livre des autres impositions (78). Mais les paroisses n'�taient pas pour cela dispens�es de faire les frais du petit �quipement des hommes qu'elles fournissaient (79). La Galaizi�re, qui fixe d'abord cette derni�re somme � 13 livres 15 sols de France (80), l'�l�ve, peu apr�s, � 21 livres, et, en mars 1744, il explique � ses subd�l�gu�s qu'en raison de la hausse des marchandises, le recouvrement sera � l'avenir de 24 livres par milicien. Les paroisses �taient en outre tenues, ainsi qu'en France, d'ajouter 5 livres par t�te comme frais de tirage et 3 livres, dites �cu du d�part, destin�es � �tre remises au nouveau soldat lorsqu'il gagnait sa garnison. Cet argent devait �tre pr�lev� par les petites communaut�s, et de pr�f�rence � toute autre d�pense, sur leurs revenus patrimoniaux; par les villes, sur le produit des octrois. En cas d'insuffisance des ressources, on se le procurait au moyen d'une r�partition faite, jusqu'� concurrence du d�ficit, par les officiers municipaux dans les villes et les syndics dans les villages, entre tous les habitants inscrits au r�le de l'imposition des Ponts et Chauss�es. Au besoin m�me, rigueur excessive et inconnue dans le Royaume, cette charge incombait, au dernier moment, aux miliciables eux-m�mes (81). A chaque augmentation de l'effectif correspondait ainsi un surcroit de contributions. L'arr�t du Conseil des finances du 27 janvier 1748 d�cr�te, par exemple, la lev�e dans les Duch�s d'une somme de 111137 livres 14 sols de France, montant des d�penses occasionn�es par l'�quipement et l'habillement des 16 hommes d'augmentation dans les neuf bataillons de milice et de ceux de remplacement, par le renouvellement des uniformes des grenadiers royaux, etc. Les 5 livres dues au pr�pos� et l'�cu du d�part �taient remis au moment m�me du tirage au sort. Le reste des fonds, vers� par les officiers et syndics aux recettes particuli�res des finances ou centralis� chez le tr�sorier g�n�ral, passait finalement dans la caisse du tr�sorier de la milice. Ce comptable, qui r�sidait � Nancy (82), s'occupait, sous la direction de l'Intendant, des approvisionnements, veillait aux acquisitions et aux r�parations (83). Armes et effets, d�pos�s � Nancy dans des salles sp�ciales, connues sous le nom de magasins de la milice, �taient confi�s aux hommes lors des assembl�es. Au licenciement provisoire ou d�finitif, les miliciens devaient rendre ces objets: l'armement et le grand �quipement, avant de rejoindre leurs paroisses; le petit �quipement, � leur retour au village. Aucun cong� n'�tait d�livr� que l'int�ress� n'e�t justifi� par certificat de cette restitution (84). Chapeaux, vestes et culottes furent par exception abandonn�s aux soldats lorrains apr�s la campagne de 1748.
Pour ce qui concerne le recrutement, c'est d'une fa�on g�n�rale l'ordonnance royale du 25 f�vrier 1726 qui fait loi. C'est � elle que le ministre a, d�s le d�but, renvoy� La Galaizi�re. Le milicien n'est donc demand�, dans les Duch�s comme en France, qu'aux classes roturi�res. Les ordres privil�gi�s, c'est-�-dire les eccl�siastiques, les nobles et gens vivant noblement, n'en fournissent pas. La charge du service n'atteint pas davantage les hommes originaires de l'�tranger (85). De plus, le miliciable doit r�unir les m�mes conditions d'aptitude physique qu'en France : avoir seize ans r�volus et pas encore quarante ; mesurer au moins 5 pieds de haut (1m,624). Aux instants critiques, cette r�gle fl�chit en Lorraine. � Je dois vous observer �, �crivait en janvier 1756 l'Intendant � ses subd�l�gu�s, � que le point principal n'est pas de s'attacher si exactement � la taille, mais de prendre des hommes s�rs et forts, et qui soient d'une esp�ce propre � servir. � Pareilles instructions restaient d'ailleurs inavou�es. A la moindre plainte de l'int�ress�, on en revenait � la lettre des articles. La m�me ann�e 1756, nous voyons La Galaizi�re faire remplacer sur-le-champ un milicien qui observe avec raison ne mesurer que 4 pieds 9 pouces et quelques lignes (86).
Le nombre des miliciables �tait enfin singuli�rement restreint par les immunit�s locales et surtout par les exemptions personnelles. Dans les Duch�s, trois villes seulement furent dispens�es, et encore de fa�on temporaire, de contribuer � la composition des bataillons de milice. On ne tira pas au sort � Lun�ville, � Nancy et � Bar, en 1742. Cette faveur avait �t� exceptionnellement accord�e pour la premi�re lev�e. Elle fut maintenue l'ann�e suivante, bien que l'ordonnance de Louis XV du 30 octobre 1742 e�t pr�cis�ment d�clar� toutes les villes du Royaume, y compris la capitale, d�sormais astreintes � la milice. L'ordonnance lorraine du 29 janvier 1758 affranchit encore pour le prochain tirage, et sans engager l'avenir, les trois cit�s privil�gi�es. Mais en toutes autres circonstances, les habitants de Lun�ville, de Nancy et de Bar sont assujettis � la milice. Ils doivent tirer, notamment en 1744, pour le remplacement, dans les neuf bataillons, des hommes employ�s � la formation de Royal-Lorraine. Nancy et Lun�ville fournissent chacune 100 hommes ; Bar, 50 (87). Quand on proc�de, en avril 1757, au recrutement des deux bataillons de Mirecourt, 80 miliciens sont demand�s � Lun�ville (88).
C'est au chapitre des exemptions personnelles que l'on constate le plus de divergence dans la l�gislation des intendants. Sur ce point, ces fonctionnaires avaient une latitude d'autant plus grande qu'aucune nomenclature des cas de dispense ne se retrouve de longtemps dans les ordonnances royales. Guid�s qu'ils �taient seulement par de vagues circulaires, leur jurisprudence varia � l'infini. Les r�gles arr�t�es par le Commissaire d�parti de Lorraine doivent ainsi nous retenir. Elles m�ritent d'autant mieux l'attention, que cette question pr�occupa toujours vivement La Galaizi�re p�re, et que c'est � ses essais que la France enti�re dut, plus tard, le premier tableau g�n�ral des cas d'immunit�. Huit jours apr�s l'�tablissement de la milice en Lorraine, une ordonnance explicative, sign�e de l'Intendant, s'�tendait avec soin sur le r�gime des exemptions (89). Plus avanc�s en cela que nombre de provinces, les Duch�s eurent, sans retard, une liste officielle ; liste souvent comment�e dans des instructions de circonstance, envoy�es aux subd�l�gu�s. Sont, d'apr�s ce syst�me et jusqu'� la fin de 1754, exempts de la milice en Lorraine :
AGRICULTURE
a) Les hommes mari�s ou les gar�ons faisant valoir au moins une charrue (90), soit en propre, soit � ferme, et payant au moins 20 livres de subvention ;
b) Un fils miliciable des laboureurs, ou veuves, faisant valoir au moins deux charrues en propre ou � ferme; et au choix des parents. Un valet, s'ils n'ont pas de fils miliciable;
c) Un valet, au choix du maitre, par eccl�siastique, gentilhomme ou officier faisant valoir par soi-m�me au moins deux charrues ;
d) Les bergers et marcaires des eccl�siastiques, laboureurs, etc., charg�s toute l'ann�e d'au moins cent t�tes de b�tail ;
Les p�tres communs des paroisses.
COMMERCE ET INDUSTRIE
a) Les marchands et n�gociants qui paient plus de 60 livres de subvention, eux: et leurs enfants ; leur principal commis, s'ils n'ont pas de fils miliciable ; mais dans les villes seulement;
b) Tout ma�tre de m�tier, dans les villes o� il y a maitrise.
PROFESSIONS LIB�RALES
a) Les �tudiants de l'Universit� de Pont-�-Mousson ou des coll�ges des �tats, y travaillant depuis un an au moins;
b) Les m�decins, chirurgiens et apothicaires, ainsi que leurs enfants; les gar�ons qu'ils emploient depuis au moins six mois ;
c) Les ma�tres d'�cole, gar�ons ou mari�s, institu�s par le sup�rieur eccl�siastique.
SERVICES D'INT�R�T G�N�RAL
a) Les officiers des salines et leurs enfants; les ouvriers des m�mes usines, personnellement;
b) Les salp�triers; leurs enfants et leurs ouvriers travaillant au salp�tre depuis plus d'un an;
c) Les ma�tres des postes aux lettres et leur principal commis, dans les villes;
d) Les maitres des postes aux chevaux, dans les villes et les campagnes;
Un postillon par quatre chevaux au service de la poste et, au besoin, du labourage.
JUSTICE, FINANCES, FONCTIONNAIRES ET OFFICIERS
a) Tous les officiers de justice et des finances; les subd�l�gu�s et leurs greffiers; les avocats et procureurs des justices royales; les notaires, les tabellions et les huissiers; les ge�liers des prisons; - eux et leurs enfants;
b) Les baillis et procureurs fiscaux; les avocats et procureurs postulants ; les greffiers, notaires et sergents des justices seigneuriales ;
c) Tous les employ�s aux recettes et fermes du roi; eux et leurs enfants, s'ils ont une commission directe des receveurs g�n�raux, fermiers ou sous-fermiers; sinon, personnellement ;
d) Les commis � la distribution de l'�tape, dans chaque lieu de passage ;
e) Les collecteurs de la subvention et les syndics des communaut�s, durant l'ann�e de leur exercice ;
f) Les gardes des for�ts, chasses, �tangs ou rivi�res, re�us dans les grueries.
FAMILLE
Dans une famille o� il y a plusieurs fils miliciables, il doit toujours en rester un, au moins, au p�re et �. la m�re.
DOMESTIQUES
a) Les valets servant les eccl�siastiques, gentilshommes et autres privil�gi�s, pourvu que les ma�tres en aient fait la d�claration avant le tirage ;
b) Les ma�tres jardiniers des privil�gi�s, qui servent depuis un an ;
c) Les valets engag�s, pour une campagne au moins, au service des officiers, de l'artillerie, de l'entreprise des vivres; et pendant l'ann�e de cet engagement.
Par contre, La Galaizi�re recommandait soigneusement qu'au nombre des sujets miliciables fussent compris ceux qui, ayant d�j� servi dans les Gardes lorraines, � Royal-Lorraine ou Royal-Barrois, soit dans un bataillon ordinaire de milice, auraient obtenu leur lib�ration ayant l'expiration des six ann�es de service. Si le sort les d�signait, ces hommes n'avaient toutefois qu'� parfaire le temps exig� pour la d�livrance du cong� absolu. Quant aux miliciables ayant servi dans toutes autres troupes, ils �taient contraints de tirer, et, le cas �ch�ant, demeuraient miliciens six ann�es pleines. Sans qu'un article sp�cial de son ordonnance e�t formul� cette faveur, en ce qui concernait la maison du roi de Pologne, l'intendant admettait l'exemption pour les enfants des ma�tres d'h�tel, chefs de cuisine et musiciens, demeurant chez leurs parents et n'exer�ant pas de profession. Il estimait, d'autre part, qu'il n'y avait pas lieu de dispenser les fils des valets de pied, suisses et coureurs; les compagnons des ouvriers et les domestiques des fourriers ; enfin, malgr� de vives r�clamations, � les perruquiers de MM. les cadets et pages de Sa Majest� (91) �. La pr�tention de ceux-ci fera sourire. Elle ne donne qu'une faible id�e des demandes, plus ou moins singuli�res, qui parvenaient journellement dans les bureaux et tendaient � forcer les r�gles �tablies. Les suppliants trouvaient les plus touchants pr�textes � l'appui de leurs requ�tes. Haener, imprimeur ordinaire de Stanislas, apprend qu'� Paris ses confr�res exemptent tous les ouvriers qu'ils occupent sous leurs yeux.
En octobre 1758, il s'adresse donc au Commissaire d�parti. Il va, �crit-il, � travailler aux quatri�me et cinqui�me volumes des M�moires de l'Acad�mie, et il est certain que le roi, qui est si jaloux de ce qui peut contribuer au lustre des belles-lettres et � la splendeur de son Acad�mie, verrait avec d�plaisir cet ouvrage ch�mer, ce qui arrivera n�anmoins si le suppliant perd ses ouvriers (92) �.
Ajoutons que des dispenses �taient parfois d�cern�es � des titres tout exceptionnels. Une d'elles fut �tendue � une famille enti�re. Un membre de la fameuse dynastie des rebouteurs du Val-d'Ajol, Jean-Joseph Fleurot, ayant �t� appel� � Versailles, en octobre 1759, pour soigner le jeune duc de Bourgogne, l'exemption d'imp�ts lui fut propos�e. Le p�re avait refus� du duc L�opold la noblesse. Le fils d�clara ne vouloir pas �tre � charge � ses concitoyens. Mais, choix caract�ristique, Fleurat demanda � que Louis XV prit L'Intendant de Lorraine de l'exempter, lui et les siens, de la milice �. Et le monarque d'assurer le brave Vosgien � que M. de La Galaizi�re, ayant des bont�s pour lui �, ne refusera pas cette faveur (93).
Les recommandations faites par le Commissaire d�parti � ses pr�pos�s, nous renseignent sur les abus contre lesquels il eut le plus �nergiquement � lutter. Beaucoup de jeunes gens entraient au coll�ge quelques mois avant le tirage. L'Intendant exige qu'ils soient d�clar�s miliciables. Un privil�gi� qui a coutume d'avoir � son service un certain nombre de domestiques, peut les remplacer moins de trois mois avant la lev�e et affranchir leurs successeurs; mais � condition que le personnel ordinaire ne soit pas augment� et que les b�n�ficiaires restent en place toute une ann�e. Il fallut souvent r�p�ter que les clercs des avocats, notaires ou procureurs, devaient tirer.
L'impression dominante qui se d�gage lorsqu'on parcourt la nomenclature des exemptions reconnues par l'ordonnance du 28 octobre 1741, c'est que les petites gens sont sacrifi�s � tout ce qui touche, de pr�s ou de loin, non seulement � la noblesse, mais � ce qu'on pourrait appeler l'aristocratie de la roture.
La Galaizi�re n'ignorait pas ce grave d�faut. On ne saurait l'en rendre responsable. Il �tait de l'essence m�me de l'institution. Tout ce qu'e�t pu faire l'administrateur, dans les limites o� il avait facult� de se mouvoir, c'e�t �t� de moins favoriser l'artisan des villes au d�triment du travailleur des champs. Du moins profita-t-il des le�ons de la pratique.
A partir de 1755, deux articles d'une incalculable port�e pour l'�conomie du pays vont en effet modifier le syst�me initial. L'ordonnance du 26 janvier(94) vient en aide � l'agriculture d�faillante. Les laboureurs ou veuves de laboureurs, quelle que soit leur cote de subvention, qui font valoir une charrue, soit en propre, soit � ferme, et qui entretiennent quatre chevaux au moins toute l'ann�e, exempteront d�sormais un fils miliciable occup� � la culture, ou, � son d�faut, un domestique. Pour chaque charrue suppl�mentaire, ils affranchiront de m�me un autre fils ou un autre domestique. En retour, les ma�tres de m�tier c�libataires tireront au sort; ils ne seront lib�r�s de cette obligation qu'� trente ans accomplis et s'ils exercent, de plus, leur profession � boutique ouverte, dans une ville ou un bourg. Un tel changement fut accueilli comme un bienfait. L'ordonnance de 1755 fait �poque dans l'histoire de la Province. De ce moment, La Galaizi�re, pour compl�ter son oeuvre r�paratrice et relever l'agriculture, ne n�glige aucun moyen. M�nager � tout prix les laboureurs, est son mot d'ordre. On applaudirait pleinement � ces pr�cautions, si le fardeau dont on soulageait les uns, n'e�t d� fatalement retomber sur les �paules de plus humbles. � J'ai autant qu'il �tait en moi favoris� le labourage. C'est entrer dans les vues de Votre Excellence, pour le plus grand bien de l'�tat �, �crit, en 1756, un subd�l�gu�. � Comme Votre Excellence m'avait permis de prendre des miliciens au-dessous de la taille, je me suis servi de cette permission pour faire tirer des manoeuvres forts et trapus que leur taille faisait exempter les ann�es pr�c�dentes, au grand pr�judice des laboureurs qu'il fallait chicaner davantage sur le nombre de jours de leurs charrues. Au lieu que, cette fois, tant que j'ai eu des manoeuvres, j'ai fait le bien des laboureurs, en ne les inqui�tant. pas sur de m�diocres charrues. Au surplus, j'ai d�clar� constamment, au commencement de chaque tirage, que les �gards que j'avais cette fois pour les laboureurs ne tireraient point � cons�quence pour un tirage subs�quent o� je me trouverais plus serr� et moins libre � �tendre leurs privil�ges (95). � - � Qu'il nous soit permis �, dit un encyclop�diste, � de jeter un regard sur l'ordre des laboureurs, cette portion pr�cieuse des sujets, qui m�rite tant de consid�ration et qui en a si peu : elle parait avoir �t� trop n�glig�e dans la dispensation des privil�ges relatifs au service de la milice. Dans une de nos plus belles provinces, o� l'agriculture languissait par le malheur des temps, on lui a rendu sa premi�re activit� en augmentant, � cet �gard, les privil�ges de l'agriculture. � Et apr�s avoir analys� les articles de l'ordonnance de 1755, l'�crivain, Jean Durival, ajoute: � Sur l'heureuse exp�rience de ces dispositions salutaires, ne serait-il pas possible d'�tendre leur influence aux autres provinces du Royaume? On ne peut sans g�mir y voir l'�tat p�nible et n�cessaire du modeste laboureur, dans l'avilissement et l'oubli, tandis que des corps d'artisans bas ou frivoles y jouissent de pr�rogatives utiles et flatteuses, sous pr�texte de chefs-d'oeuvre et de r�ceptions aux maitrises (96). �
L'intendant avait � dresser les listes de r�partition pour les lev�es de remplacement ou d'augmentation. En th�orie, cette r�partition e�t d� se faire � proportion du nombre de feux de chaque communaut�, d'apr�s les �tats fournis annuellement par les syndics et transmis � l'Intendance par les soins des subd�l�gu�s. La premi�re r�partition, en 1742, eut lieu � raison d'un milicien pour 30 ou 35 feux. Toute latitude leur �tant laiss�e sur ce point, les commissaires d�partis avaient adopt�, selon les G�n�ralit�s, des m�thodes distinctes. La Galaizi�re jugeait bon de juxtaposer les proc�d�s les plus usit�s par ses coll�gues. C'est ainsi que Nancy, Lun�ville et Bar �taient divis�es en quartiers. Lun�ville comprenait sept quartiers. Un employ� de l'Intendance parcourait chacune de ces sections et y �tablissait le d�tail exact des miliciables. A Nancy, les subdivisions correspondaient aux paroisses. Les autres villes, les bourgs et les villages les plus importants, �taient s�par�ment tax�s pour une certaine quantit� de miliciens, un tout au moins. Quant aux petites communaut�s, aux hameaux, aux censes, on les groupait en nombre variable, et cet ensemble �tait solidairement responsable d'un ou de quelques hommes (97). Il y a l� un acheminement vers un mode de d�limitation plus large ; et, pourtant, m�me en l'observant, il �tait presque impossible d'arriver � un r�sultat �quitable. Les chances demeuraient tr�s in�gales. En 1751, dans la subd�l�gation de Saint-Di�, le ban d'�tival et la mairie de Tanviller sont l'un et l'autre port�s pour un milicien; or, sur le premier territoire, on compte 73 miliciables ; 4 seulement, tout juste le minimum n�cessaire, - sur le second (98). Pour les campagnes, d'ailleurs, l'absence de toute statistique rendait ces calculs laborieux. Tout moyen de v�rification manquant aux int�ress�s, le pouvoir, pr�tendit-on, en aurait fait parfois son profit. L'Intendant aurait combl� des d�ficits, en exigeant de certaines communaut�s plus de miliciens qu'elles n'eussent d� en fournir. Il est incontestable que La Galaizi�re en fut souvent r�duit � imaginer des combinaisons fort compliqu�es, gr�ce auxquelles il n'arrivait � quelque pr�cision qu'apr�s toute une s�rie de lev�es.
C'est pendant l'hiver que l'Intendant proc�dait � ces travaux. Il envoyait ensuite � chaque subd�l�gu� un extrait du tableau g�n�ral de r�partition. A cette pi�ce plusieurs autres �taient annex�es: imprim�s des mandements indiquant aux officiers municipaux des villes, aux maires et syndics des communaut�s rurales, le jour et le lieu du tirage ; formulaires des proc�s-verbaux de tirage et de constitution de fuyards. Un peu plus tard, �taient distribu�s les exemplaires de l'ordonnance qui d�cr�tait la lev�e. Les subd�l�gu�s devaient les r�pandre le plus t�t possible dans toutes les paroisses, apr�s publication et affichage au chef-lieu.
Le tirage s'effectuait sous la direction du subd�l�gu�, soit � l'h�tel de ville de sa r�sidence, soit dans sa propre demeure. Au jour marqu� sur sa feuille, chaque syndic am�ne les miliciables de sa communaut� et affirme qu'� sa connaissance il n'en existe pas d'autres. Ceux qu'il signale comme s'�tant absent�s depuis l'ordonnance, sont sur-le-champ d�clar�s fuyards. On dresse alors, s�ance tenante, une liste d�finitive de tous les miliciables pr�sents, ayant la taille et les qualit�s requises. L'�limination de la derni�re heure est toujours consid�rable. A Nancy, en avril 1766, sur pr�s de 800 hommes pr�sent�s, 227 seulement r�unissent les conditions indispensables (99).
Mais ici une observation importante s'impose. Les hommes mari�s ne contribuent pas � la milice de la m�me mani�re que les c�libataires, les gar�ons, comme on disait. La jurisprudence, �minemment variable selon les provinces, changea en Lorraine � diverses reprises. Lors de la premi�re lev�e, La Galaizi�re avait arr�t� qu'� d�faut de quatre gar�ons au moins par milicien, dans un village ou pour un ensemble de communaut�s, les hommes mari�s au-dessous de trente ans devraient op�rer entre eux un tirage pr�liminaire, o� seraient d�sign�s ceux des leurs qui auraient � se joindre aux gar�ons pour compl�ter le nombre de miliciables voulu. Cette r�glementation resta en vigueur pendant toute la guerre de la Succession d'Autriche. Bien que d'Argenson, par une lettre du 3 mars 1748, e�t recommand� au Commissaire d�parti de ne plus appeler au tirage les hommes mari�s qu'� d�faut absolu de gar�ons, c'est en 1751 seulement que La Galaizi�re crut pouvoir accorder aux m�nages cette satisfaction. Encore voit-on, en 1732, dans le bailliage de Bitche, des p�res de famille oblig�s de tenter le sort (100). En janvier 1756, l'Intendant revient sur sa d�cision : � S'il ne se trouve pas quatre gar�ons propres � tirer pour fournir chaque milicien, c'est le cas d'y faire suppl�er par les hommes mari�s qui n'ont pas d�pass� trente ans. � L'ann�e suivante, autre changement. Il ne doit plus �tre question de s'adresser aux hommes mari�s, quel que soit leur �ge. Si, dans certaines paroisses, il ne se rencontre pas quatre gar�ons par milicien demand�, les subd�l�gu�s auront la libert�, � condition d'en avertir leur chef, de modifier les extraits de r�partition et d'imaginer de nouveaux groupements.
Lorsque le syndic avait remis au subd�l�gu� les 5 livres d'indemnit� et l'�cu du d�part, r�clam�s par milicien, les miliciables choisissaient dans un chapeau des billets roul�s et num�rot�s, indiquant le rang suivant lequel ils devaient se placer. Dans cet ordre, ils tiraient une seconde fois, pour amener soit des billets laiss�s en blanc, soit des billets �crits. Le papier qui portait la mention : milicien, �tait commun�ment d�sign� sous le nom de billet noir. Quand il s'agissait de pourvoir simultan�ment � une lev�e de remplacement et � une lev�e d'augmentation, on effectuait deux tirages distincts mais successifs, et sans modifier en rien la num�rotation indiqu�e tout d'abord. Du tout, il �tait aussit�t r�dig� un proc�s-verbal, que le subd�l�gu� et le syndic signaient en trois exemplaires. L'une de ces pi�ces �tait destin�e � l'intendance, une autre au secr�tariat de la Guerre, la troisi�me �tait conserv�e dans les bureaux de la subd�l�gation. Avec l'�tat nominatif de tous les hommes de la communaut� lib�r�s, exempt�s, absents, en fuite, renvoy�s pour infirmit�s ou d�faut de taille, on couchait sur ces proc�s-verbaux le signalement pr�cis des nouveaux miliciens. De ce jour, ceux-ci �taient acquis au service. Ils devaient se tenir pr�ts � r�pondre � la premi�re r�quisition, et d�fense expresse leur �tait faite de sortir de leurs paroisses sans remplir diverses formalit�s. Le Commissaire d�parti notifiait r�ception des proc�s-verbaux par l'envoi des mandements en vue de l'assembl�e.
A la date indiqu�e, conduits par leurs syndics respectifs ou group�s par plusieurs communaut�s, sous la surveillance d'un de ces officiers, les miliciens arrivaient au quartier d'assembl�e. L� se trouvait toujours l'intendant en personne. Les assembl�es de formation �taient les plus solennelles. Les syndics devaient y rendre compte des miliciens � la charge de leurs communaut�s, et ils n'�taient autoris�s � repartir que lorsque ces hommes avaient �t� d�finitivement incorpor�s. A la cr�ation des neuf bataillons de milice, ces assembl�es eurent lieu, nous l'avons vu, dans les villes dont ils empruntaient le nom. Pont-�-Mousson, Saint-Nicolas, Rosi�res-aux-Salines, la Malgrange, furent aussi des lieux de r�union. D'ordinaire, le premier jour �tait employ� � �tablir les rangs ; le matin du lendemain, on d�livrait l'�quipement ; l'apr�s-midi, l'armement et l'habillement. Il faut distinguer entre ces assembl�es de formation, pr�c�dant la mise en marche pour une garnison ou l'arm�e, et les simples assembl�es p�riodiques qui, en temps de paix, r�unissaient, le plus souvent � Nancy, les jeunes Lorrains, pour y �tre exerc�s pendant quelques jours. A ces derni�res, les syndics n'�taient oblig�s de se rendre que s'ils avaient � accompagner de nouveaux miliciens. Les hommes y �taient command�s, apr�s avoir �t� organis�s en compagnies, par un capitaine et un lieutenant choisis soit parmi les officiers de milice, soit dans une autre arme. Au licenciement, les compagnies de grenadiers prolongeaient d'un mois leur p�riode d'instruction.
Le milicien qui abandonnait sa garnison ou son bataillon en campagne, �tait assimil� aux autres soldats d�serteurs et encourait la peine de mort; les gal�res, s'il �tait seulement en quartier d'assembl�e (101). La non-comparution aux exercices p�riodiques entra�nait �galement un ch�timent s�v�re. Jean Michelet, de Houdemont, ne s'est pas trouv� � la derni�re r�union de la milice. L'Intendant, inform�, ordonne au subd�l�gu� de le faire arr�ter et transf�rer � Nancy, o� il sera incarc�r� durant trente jours. Il ne sera �largi qu'apr�s avoir pay� les frais de capture et de ge�le (102). Dans l'intervalle des assembl�es annuelles, les miliciens lorrains ne purent, tout d'abord, s'absenter, f�t-ce vingt-quatre heures, de leurs paroisses, sans une permission que le syndic �tait en droit de refuser. Par la suite, ils n'eurent plus qu'� avertir simplement cet officier du but de leur d�placement. Les communaut�s �taient d'ailleurs responsables de leurs hommes, au cours des six ann�es de service. Elles devaient toujours justifier du m�me nombre, et, � mesure des vides, remplacer les d�serteurs, les disparus, les morts.
Il nous reste � dire quelques mots de l'organisation des recrues provinciales. L'ordonnance de Stanislas, du 25 d�cembre 1760, � portant r�glement pour la lev�e des recrues dans ses �tats de Lorraine et Barrois (103) �, n'est que la fid�le reproduction de l'ordonnance fran�aise du 25 novembre pr�c�dent (104). La direction et le d�tail des op�rations sont confi�s � l'Intendant, qui a sous ses ordres un commissaire des recrues, affect� � toute la Province, ainsi qu'un nombre suffisant de recruteurs, distribu�s dans les villes et les cantons o� les chances de r�ussite apparaissent les plus favorables. Ces pr�pos�s doivent �tre de pr�f�rence d'anciens militaires. Les engagements ont lieu pour six ans. Le prix maximum est en principe de 10 �cus. Le pourboire varie entre 5 et 30 livres, selon la taille. Les enr�leurs re�oivent une gratification proportionn�e au nombre de soldats qu'ils procurent: 3 livres, par exemple, pour chacun des cinq ou six premiers hommes; 12 livres � partir du vingt-troisi�me. Les officiers et la mar�chauss�e ont mission d'appuyer et de faciliter la t�che de ces agents. Les maires et les syndics, les particuliers m�me sont invit�s, � par z�le pour le service du Roi �, � obtenir le consentement de leurs administr�s, de leurs compatriotes. Les documents officiels recommandent, toutefois, de n'user ni de pi�ges, ni de violence, et d'�carter tout d�serteur, vagabond ou mendiant. Comme il ne manquait pas de pr�sider les assembl�es de la milice, l'intendant passe en revue tout d�tachement de recrues pr�t � partir pour les d�p�ts de Metz ou de Strasbourg.
Lors de la cr�ation des r�giments de recrues, o� le service demand� aux hommes �tait de huit ann�es, La Galaizi�re fils eut � se reporter � l'ordonnance fran�aise du 1er f�vrier 1763, qui chargeait, sous l'autorit� et le contr�le des intendants, avec qui ils devaient entretenir une correspondance suivie, les commissaires des guerres de la police et de l'inspection de ces corps. L'Intendant de Lorraine estime que cette mission est aussi d�licate qu'importante, et il appelle l'attention de ses subd�l�gu�s, qui d�sormais tiennent lieu de pr�pos�s principaux, sur la m�thode � suivre. Chaque subd�l�gu� pourra choisir un pr�pos� particulier � qui sera d�livr�e une commission. Les pr�pos�s particuliers seront libres d'employer, � leur tour, d'autres recruteurs et d'�tendre leurs recherches partout o� il leur semblera bon. Ces recruteurs re�oivent, tant dans les d�p�ts qu'en tourn�e, une solde de sols 8 deniers. Le taux des engagements ne doit plus, dans aucun cas, exc�der 30 livres. Des d�p�ts secondaires les hommes sont, sans d�lai, envoy�s au d�p�t g�n�ral de Rosi�res (105), o� ils re�oivent un habit de tiretaine blanche, une veste de drap blanc doubl�e de serge, et une culotte de tricot, doubl�e de toile. A partir du 1er janvier 1767, enfin, et durant les huit mois que le R�giment de Nancy fut encore maintenu sur pied, l'Intendant se vit d�charg� du soin des recrues, confi� sup�rieurement au commandant de ce corps et � tous les officiers sous ses ordres (106). Il �tait pourvu aux d�penses par le tr�sorier des troupes, au moyen de sommes pr�lev�es sur le fonds dit des recrues, qu'alimentait en partie une contribution sp�ciale acquitt�e par la Province (107).

CHAPITRE III
Impopularit� de la milice. - Son retentissement sur la condition �conomique du pays. - Exp�dients pour se soustraire au tirage. - Les fraudes. - Les r�voltes. - Les fuyards. - R�le difficile mais efforts louables du Chancelier-intendant.

La milice �tait impopulaire dans le Royaume. Combien devait-elle l'�tre davantage en Lorraine, en raison de la situation unique faite � ce pays. On con�oit que, pour se soustraire au fardeau d'une institution abhorr�e, on y ait us� de toutes les r�sistances, de toutes les fraudes.
Les exemptions �taient recherch�es avec ardeur, et chaque fois que le syst�me en fut modifi�, de subits virements s'op�r�rent dans les conditions sociales. A partir de 1741, les fils des paysans � l'aise aspirent aux professions lib�rales; ils briguent les moindres postes dans l'administration ou le service des Fermes; les autres se disputent les places de laquais chez les privil�gi�s, ou de valets � la suite des officiers. Beaucoup de jeunes campagnards prennent l'habit religieux, plus par calcul que par vocation. Le r�glement du 26 janvier 1755 provoque un changement complet. � Son effet fut prompt �, nous dit Nicolas Durival, � et fit sortir des �tudes des procureurs, des clo�tres et des coll�ges, et revenir dans la province, les fils de nos meilleurs laboureurs (108). � Les boutiques se ferment; on retourne aux champs. L'agriculture manquait de bras; le but est atteint.
Il fut m�me d�pass�. La Galaizi�re avait compt� sans les divers d�tours, les ententes tacites que sugg�rait l'effroi du tirage au sort. Dans nombre de communaut�s en �tat de fournir des miliciables, � les manoeuvriers s'arrangent avec les laboureurs, au moyen de quoi il ne s'en trouve aucun �. - � La condition des laboureurs �, d�clare le subd�l�gu� de Lamarche � l'Intendant, � m�rite toutes sortes de protection; mais il serait int�ressant que Son Excellence rend�t une ordonnance contre ceux qui, en fraude de la milice, re�oivent chez eux les gar�ons des man�uvriers, sous le nom de domestiques (109).� C'est l'avis de son coll�gue de Bourmont : � Dans tous les cas, j'ai observ� de seconder les intentions de Votre Grandeur en faveur des cultivateurs. Mais je dois l'informer que la plupart sont indignes de ces �gards, par les abus et les fraudes qui se commettent. Avant les ordonnances, presque tout laboureur conduisait sa charrue avec le secours d'un petit domestique de douze ou quinze ans, et souvent d'une fille. Maintenant ils retirent des sujets miliciables, et, apr�s le tirage, ils les renvoient. (110) � Il est tel de ces �tranges serviteurs qui paient grassement pour l'�tre. Laissons la parole � un troisi�me subd�l�gu�, celui de Neufch�teau : � Mes tirages sont presque d�serts � cause du privil�ge accord� aux valets des laboureurs... Les valets qui m'ont �t� pr�sent�s sont les plus beaux gar�ons que j'aie encore vus. J'en ai reconnu plusieurs, fils d'artisans ou n�gociants de campagne, beaucoup plus riches que leurs ma�tres auxquels ils ne s'engagent que pour se mettre � couvert du sort (111). � Afin de s'�viter des obligations qui leur p�sent, soit par bienveillance pour des parents, des amis, ceux qu'exempte d�sormais leur train de culture laissent volontiers aux gens de la basse classe, c'est-�-dire aux man�uvres qui par l� s'affranchissent eux-m�mes, les fonctions de maire, de syndic, d'asseyeur et de collecteur, r�serv�es pourtant, - � l'exception de celles de troisi�me asseyeur, - aux membres des deux autres classes. Des man�uvres, �galement, sollicitent et obtiennent des officiers des chasses, qui les multiplient � plaisir, des commissions de gardes. Il se trouve d'importants villages o� tout gar�on apte � tirer se retranche derri�re une exception (112).
Tant que les hommes mari�s �chappent � la milice, de nombreux mariages se contractent � l'�poque des lev�es; la plupart, unions trop pr�coces, avec la mis�re au foyer. Quand les localit�s privil�gi�es ne participent pas au sort, Nancy, Lun�ville et Bar acqui�rent une population suppl�mentaire.
On s'engageait dans les troupes-r�gl�es, car c'est la milice et non le m�tier des armes, librement accept�, qui �tait honnie (113). De longue date, la Lorraine avait fourni au Royaume un important contingent de volontaires. Le subd�l�gu� de Sarreguemines, qui d�plore la difficult� de r�unir des miliciens, reconna�t � ses administr�s un r�el penchant � vivre sous les drapeaux : � Il faut avouer qu'il n'y a point de province en France o� les gar�ons aient plus d'inclination � servir que dans celle-ci (114). � Les recruteurs avaient beau jeu (115). Le comt� de Bitche �tait rempli d'enr�leurs op�rant pour le compte des r�giments �trangers. Les Suisses surtout, nous apprend le subd�l�gu�, � avaient la confiance du pays (116) �. Certains de ces engagements n'�taient que fictifs. Quand un miliciable en arguait, on avait soin de dresser, sur-le-champ, proc�s-verbal du contrat invoqu�, et, quelle qu'en f�t la valeur, l'homme �tait oblig� de l'ex�cuter (117).
Mais la plupart des r�fractaires pr�f�raient un exil momentan�. D'octobre � f�vrier, ces d�parts �taient r�guliers. Selon le mot expressif d'un fonctionnaire, � les paroisses se vidaient d'hommes �. Chaque r�gion avait � ce sujet des habitudes command�es par les facilit�s offertes. Du Bassigny barrois on passait en Champagne ou en Franche-Comt�, pour se r�pandre dans le reste du Royaume. Les gar�ons de la subd�l�gation de Lamarche cumulaient avec leur m�tier ordinaire celui de marchands ambulants. A l'annonce d'un tirage, ils d�posaient l'outil, et, devenus colporteurs, s'�loignaient. Crainviller, Saint-Ouen ou Nijon, au bailliage de Bourmont, ne comptaient plus, � certains moments, que de ch�tifs vendeurs de quincaillerie, qui se dispersaient la balle au dos. Les jeunes gens de Gondrecourt allaient de pr�f�rence � Paris ; et de ceux-l� � il en revenait bien peu (118) �. Tous les ans, les miliciables des environs de Villers-la-Montagne reproduisaient � la m�me man�uvre �. Ils gagnaient le Luxembourg. Le petit village d'Athus perd de la sorte, en 1758, quinze de ses habitants. � Les avertissements que je leur donne et les menaces que je leur fais, ne sont pas capables d'arr�ter ce d�sordre, ni le cours de cette �migration � , �crit le subd�l�gu� (119). En 1757, Nouillonpont, l'une des plus fortes communaut�s du ressort de Longuyon, ne compte plus un seul gar�on; ils se sont r�fugi�s dans le Clermontois et dans l'enclave �v�choise de Longwy (120). C'est dans cette ville, dont ils sont voisins, que, tr�s avis�s, les hommes de Cheni�res � ne cessent de passer, tirant leur subsistance de la maison paternelle, o� ils se repr�sentent souvent et dont ils ne s'absentent le plus r�guli�rement que dans le temps des lev�es (121) �. Avec non moins d'empressement, on s'expatriait depuis la Lorraine allemande, dans les principaut�s d'Empire contigu�s. Les paysans de la subd�l�gation de F�n�trange affectionnaient les terres de Nassau, o� ils se pr�tendaient engag�s en qualit� de domestiques, mais qu'ils quittaient quand les miliciens avaient rejoint leurs corps. Les gens du Schambourg � s'�vadaient � par bandes dans l'archev�ch� de Tr�ves, sous pr�texte de se perfectionner dans une profession. Apr�s quelques semaines � peine, on les voyait repara�tre (122).
Il �tait impossible de s�vir contre les d�faillants qui n'attendaient pas la publication des ordonnances pour franchir la fronti�re. Les subd�l�gu�s faisaient donc diligence et prenaient leurs mesures pour que les communaut�s de leur ressort fussent toutes inform�es simultan�ment des intentions du roi. Ils conseillaient, sans doute, � l'Intendant de n'estimer valable qu'une absence d'une ann�e au moins, et de d�clarer d'office acquis � l'arm�e le miliciable revenu avant ce d�lai. Le Commissaire d�parti ne s'y d�cida pas. Il craignait, et avec raison, d'aggraver le mal en rendant irr�vocables ces �migrations temporaires. Aussi, la c�l�rit� de ses pr�pos�s, les pr�cautions dont ils s'entouraient, restaient-elles � peu pr�s sans effet. � Je n'ai pas perdu un moment de temps pour l'ex�cution de vos ordres concernant la milice de remplacement �, explique son agent de Neufch�teau. � Les engagements dans les troupes du Roi, les nouveaux mariages qui tous ont �t� pr�cipit�s, ont occasionn� le d�ficit, et je crois que si je n'avais pas �t� si exp�ditif, je n'aurais vu personne (123). � - � Le bruit d'une lev�e consid�rable de milice �, poursuit celui de Longuyon, � a fait sortir beaucoup de gar�ons; une partie s'est mari�e et plusieurs se sont engag�s pour soldats et pour valets � des officiers (124). � - � Les enr�lements nombreux � , reprend le subd�l�gu� de Neufch�teau, � les domestiques de militaires, des privil�gi�s, les exemptions des laboureurs, de leurs enfants et de leurs valets, ont �puis� les communaut�s de miliciables. Enfin, j'ai fait tout ce qui �tait en moi (125). � La premi�re fois que Nancy fut assujettie au tirage, beaucoup d'habitants se fix�rent momentan�ment � Luxembourg; pr�s de 400 s'engag�rent dans diff�rents r�giments, et il se fit tant d'unions qu'on en compta jusqu'� 40 dans un jour (126) !
Les publications effectu�es, l'exode continuait. L'approche du tirage d�terminait les ind�cis. Au lendemain de l'ordonnance de 1751, dans la subd�l�gation de Boulay l'ensemble des hommes valides de six communaut�s s'enfuit (127). La veille de la lev�e de 1757, c'est � Lun�ville un sauve-qui-peut g�n�ral (128). Quand les miliciables �taient conduits au chef-lieu, d'aucuns, se repentant de n'avoir pas suivi l'exemple de leurs camarades, tombaient malades en route, s'alitaient et ne recouvraient la sant� que les op�rations termin�es. D'autres, subitement gu�ris, s'empressaient de rejoindre les r�fractaires. Interroger le sort n'engageait � rien les plus r�solus. Ils pr�f�raient tenter la fortune, quitte, en cas de malchance, � s'y soustraire bien vite. A �tain, en f�vrier 1758, le subd�l�gu� signe un proc�s-verbal de tirage, regarde et s'�tonne : plus de milicien (129) ! Au cours des �tapes vers les bataillons, immatricul�s dans les compagnies, durant le loisir des garnisons ou sous le feu de l'ennemi, plusieurs de ces hommes, enfin, n'�prouveront aucun scrupule � d�serter, sit�t qu'il leur sera possible (130).
Les parents, les amis �taient, � l'origine, autoris�s � tirer pour les miliciables provisoirement absents. Quand le mandataire avait la main malheureuse, le plus souvent le mandant n'avait garde de repara�tre. Sa condition de milicien n'�tant pas r�guli�rement �tablie, il �chappait � la p�nalit�. Aussi n'admit-on plus, � partir de 1753, les p�res eux-m�mes � repr�senter leurs fils sans une procuration, � d�faut de laquelle l'int�ress� �tait d'ailleurs r�pr�hensible. Les communaut�s poss�dant des ressources rempla�aient volontiers leurs miliciens par des salari�s : � Je vous fis connaitre l'ann�e derni�re combien il importe que la lev�e soit faite par le sort, ainsi qu'il a �t� r�gl� par les ordonnances, sans admettre aucun homme vendu, ces gens �tant la ruine des communaut�s ou particuliers... J'ai su � regret la complaisance mal entendue dont on a us�, nonobstant les d�fenses les plus pr�cises... En cas de la moindre surprise dont je m'apercevrai, on doit s'attendre que j'userai de la derni�re s�v�rit� pour d�raciner un abus aussi pr�judiciable au service du Roi (131).� Les menaces r�it�r�es de La Galaizi�re n'eurent d'autre r�sultat que de rendre secr�te cette substitution. En droit, les subd�l�gu�s n'�taient m�me pas autoris�s � accepter un fr�re pour un autre, ce qu'on leur proposait souvent.
Les maires, les syndics s'ing�niaient � soulager leurs villages. Pour y mieux parvenir, ils ne reculaient devant aucun moyen. Leurs d�clarations �taient � l'envi infid�les. Le subd�l�gu� de Longuyon d�nonce, en 1752, � le tour de souplesse qu'a entrepris de faire le syndic de Saint-Supplet, concert� avec sa communaut�, afin de ne pas tirer, et qui m�rite une punition pour servir d'exemple (132) �. A l'automne de 1758, les gar�ons de Valfroicourt pensent �luder leurs obligations gr�ce � une liste apocryphe, fabriqu�e sous l'oeil bienveillant de l'officier public, et o� ils se d�signent tous comme domestiques de laboureurs. Ce subterfuge �tait trop grossier. Coupables et complice le paient de quinze jours de prison et des frais n�cessit�s par un tirage ult�rieur. Ne choisissant nos exemples que pour cette lev�e extraordinaire de 1758, nous voyons un syndic, encore, omettre la moiti� des miliciables, imaginer des exemptions fantaisistes pour ceux qu'il laisse inscrits, et, � l'appui de ses dires, suborner des t�moins. Un troisi�me s'est content� d'attribuer � chaque cultivateur une plus grande quantit� de terres qu'il n'en fait valoir. Le r�le de la subvention les trahit tous deux. Falsifier conjointement les �tats e�t �t�, certes, plus logique. Au syndic de Housseras revient l'honneur d'y avoir song� et la confusion d'�tre n�anmoins d�couvert.
L'exemple est classique, dans nos manuels, du milicien �perdu se coupant le pouce pour ne pas servir. J'avoue que les papiers de l'Intendance ne m'ont r�v�l� aucun cas analogue, non plus que d'une mutilation quelconque. Par son incomparable topographie, terre fronti�re serr�e d'enclaves, la Lorraine offrait, sans doute, assez d-'autres ressources aux r�fractaires les plus d�termin�s, pour qu'ils s'�pargnassent les moyens sanglants. Au coeur de la Province, o� les commodit�s d'�migration diminuaient, on recourait � des proc�d�s plus r�pugnants que brutaux. En quelques heures le sang g�n�reux se viciait; les membres sains se couvraient de plaies et d'excoriations. Les ulc�res �taient en faveur. Pour les provoquer, les familles se confiaient des recettes infaillibles. � Je suis inform�, Monseigneur, �crit le subd�l�gu� de. Remiremont, que nombre des gar�ons de mon d�partement font � pr�sent usage de mouches cantarides et d'une herbe qui leur occasionne ces sortes d'infirmit�s aux jambes, cc qui arrive actuellement tr�s fr�quemment, surtout � l'approche des milices, lesquelles finies, ils s'abstiennent de s'en servir (133). � La rigueur de cette r�ponse, crayonn�e par l'intendant en marge de la requ�te d'un campagnard, n'est donc qu'apparente : � D�cid� que pouvant �tre gu�ri de son ulc�re, il doit servir. � Du jour au lendemain, des paroisses r�put�es pour leurs gars robustes, se transformaient en cour des miracles. Des incurables naissaient ; des boiteux surgissaient. Mieux : il se trouvait des voisins honorables pour attester l'anciennet� de ces maux; de braves m�decins, des chirurgiens de confiance, pour r�gulariser ces pr�tendus �clop�s. � Les artifices des gar�ons, les infirmit�s qu'ils ont pr�tendues lors du tirage, celles employ�es depuis par ceux auxquels le sort est �chu, nous ont mis dans le d�troit �, avoue le subd�l�gu� de Villers-la-Montagne (134). L'habilet� de Joseph Grosjean, de Ch�teau-Salins, dut rendre jaloux plus d'un miliciable. Quoique ayant l'oeil gauche atteint par la cataracte, il ne s'est pas cru � l'abri du sort. Bien lui en a pris, du reste, car c'est pour d�faut de taille que, par deux fois, on le r�forme. Or, � une nouvelle comparution, le pr�pos� s'avise de le faire litt�ralement �tirer. Et le patient de grandir, de d�passer les 5 pieds exig�s. Comme l'explique na�vement le rapport, Grosjean avait � le secret de se rapetisser de fa�on qu'il faisait rentrer les hanches dans les cuisses (135) �. D�voil�es, ces supercheries �taient impitoyablement ch�ti�es. Mais il fallait avoir soin de signaler sans r�ticence ses tares physiques. La fausse honte co�tait cher : � Pour punir ce milicien de n'avoir pas d�clar� ses infirmit�s, vous le ferez mettre en prison, d'o� vous ne le ferez sortir qu'apr�s qu'il aura subi cette peine pendant trois jours, en payant par lui les frais de capture, nourriture, gite et ge�lage ; vous lui ferez aussi payer le voyage des syndics et gar�ons des communaut�s convoqu�s pour son remplacement (136). �
Les subd�l�gu�s � qui incombait la t�che d�licate de d�jouer des ruses sans cesse renouvel�es, de confondre les simulateurs, �taient loin d'avoir toujours leurs aises en pr�sence de ces hommes, m�contents, pr�ts � tout. A maintes reprises, ils informent leurs chefs que les op�rations du tirage ont �t� p�nibles, tumultueuses. En sa qualit� de subd�l�gu� de Nancy, Nicolas Durival assista � des tentatives de r�volte : � J'ai fait publier une ordonnance � six heures du matin pour le rassemblement de ceux qui avaient �t� s�par�s par le sort. M. le marquis de Choiseul m'a accord� une forte garde. L'assembl�e avait commenc� � huit heures du matin, mais les gar�ons refusaient d'entrer dans la salle de concert, demandant que les fils de marchands et autres qui avaient �t� exempt�s, soient soumis au sort. Je l'ai refus�. Les gar�ons se sont mutin�s. Un soldat avait bourr� l'un d'eux; tous se sont avanc�s pour le soutenir. Ils protestaient de ne pas tirer si la garde ne se retirait. Je l'ai encore refus�. Vers dix heures, la s�dition a augment�; et il y avait � craindre. Mais, par la fermet� et la sagesse du sergent de garde, tout est devenu plus calme, surtout apr�s que j'ai eu d�clar� aux ar�ons que j'allais d�clarer miliciens environ une trentaine qui �taient entr�s, et eux tous miliciens de droit pour servir � la d�charge des premiers. J'ai pris la r�solution de tirer par paroisses, � commencer par celle de Notre-Dame. Alors les mutins, � la vue de ceux que le sort avait affranchis, ont demand� � �tre admis � tirer, et l'op�ration s'est faite assez tranquillement (137). � Les montagnards des Vosges �taient non moins ombrageux que les ouvriers des faubourgs, les gars du Val-d'Ajol particuli�rement. � Je les ai vus plusieurs fois de suite, raconte un voyageur, arriver en une troupe de plus de cent trente ou quarante, qui �taient affubl�s d'une mani�re si grotesque, qu'ils faisaient rire tout le monde. Ils chantaient � pleine t�te, et jouaient de quelques mauvais instruments; ils �taient tellement d�termin�s, que la mar�chauss�e qui �tait pr�sente, ne les �pouvantait gu�re, et que celui qui �tait pr�pos� pour faire tirer le sort, craignait ce moment comme le plus critique de toute son op�ration. Il les faisait sortir de sa cour qui n'�tait pas assez spacieuse pour les contenir, afin de les arranger dans la rue, en les traitant d'amis, tandis que ceux des autres communaut�s n'�taient regard�s que comme de petits gar�ons (138). �
Ce fut souvent, aussi, dans un extr�me d�sordre que les miliciens quitt�rent le lieu d'assembl�e. Quels sentiments devaient animer ces hommes, souvent mal v�tus, d�j� maltrait�s, et qu'une coupable incurie laissa m�me sans abri. A Nancy, en mai 1744, on donne aux nouveaux conscrits les uniformes us�s de leurs camarades incorpor�s dans le r�giment de Royal-Lorraine. Sans billets de logement, pr�s de-2000 gar�ons restent, pendant deux et trois nuits, � sur le pav� (139) �. L'ann�e suivante, les vieux effets remis aux hommes de remplacement se trouvent en si minable �tat, que d'aucuns, refusant de s'en affubler, � les ont laiss�s par terre (140) �. A Saint-Nicolas, le 10 mars 1746, une foule immense et la pluie battante ajoutent � la confusion; le pointage devient impossible. On ne peut �tre fix� sur le nombre de miliciens mis en marche qu'� en juger par les �quipements d�livr�s. Les malheureux s'en vont grelottant, couverts d'une simple veste (141).
Tout miliciable absent de sa communaut�, sans motif l�gitime, au moment du tirage au sort, �tait r�put� fuyard. Devait �tre pareillement rang� dans cette cat�gorie, quiconque avait r�ussi � s'affranchir par le mensonge, ou continuait � profiter d'une dispense que rien ne motivait plus. En 1755, la subd�l�gation de Villers-la-Montagne qui doit fournir 9 soldats, a jusqu'� 12 fuyards. A la lev�e d'automne de 1758, la subd�l�gation de Lun�ville en compte 27 (142).
Le fuyard �tait de droit milicien et contraint de servir � la place de celui qui parvenait � s'en emparer. Quand un milicien avait conduit, de gr� ou de force, un de ces r�fractaires devant le subd�l�gu�, on dressait ce qui s'appelait le proc�s-verbal de constitution de fuyard. Mais la mutation qui s'ensuivait, avait lieu aux risques et p�rils du b�n�ficiaire :� Je viens d'apprendre que le nomm� Jean Louis, fuyard de Dominique Vehert, milicien de Fontenoy, a �t� tu� � l'arm�e. Comme ce milicien est responsable du service de son fuyard, vous aurez agr�able de lui ordonner de se rendre � la premi�re assembl�e, pr�t � joindre son r�giment. (143) � Cette facult� de substitution avait des cons�quences d�plorables, dans les campagnes surtout, o� d�j� le r�gime des exemptions suscitait les rivalit�s et attisait les haines. Les articles du 26 janvier 1755 ne pr�voyaient que le labourage au moyen de chevaux. Or, dans certains cantons de la Province, les boeufs travaillaient aux champs. Leurs propri�taires pr�tendaient n'�tre pas moins favoris�s. Mais ceux qui n'attelaient que les chevaux, r�clamaient l'application textuelle de l'ordonnance, craignant que cette extension n'amoindr�t leur privil�ge. Avant que l'Intendant n'e�t tranch� le d�bat dans son sens le plus large, les agriculteurs du Schambourg se s�par�rent soudain en deux camps rivaux (144). Que devait �tre, d�s lors, la lutte entre miliciens et fuyards, on le devine sans peine. Autant les familles qui n'avaient pas de membres astreints au tirage, prot�geaient et servaient les miliciables en qu�te d'une tromperie, ou la population d'une paroisse se solidarisait pour une fraude commune, autant, quand il s'agissait d'un r�fractaire isol�, l'amiti� se taisait, la piti� devenait un mythe. Le plus ignorant discute sciemment des cas d'exemption; un rustre ergote sur des v�tilles. On raille ce malade; on confond cet infirme. On interroge, on �pie, on prend acte des moindres faits de la vie journali�re. Le voisin devient un ennemi, les parents eux-m�mes sont � craindre. C'est le r�gne de la m�fiance, le .triomphe de la d�lation. Tel est d�nonc� qui, exempt� en sa qualit� de valet, a quitt� son ma�tre avant l'ann�e r�volue. Malheur au fugitif qui repara�t en cachette au foyer ! En 1752, les gar�ons de Saint-Supplet attirent l'attention du subd�l�gu� sur deux jeunes gens qui n'ont pas comparu, � sous pr�texte qu'ils �tudient chez le vicaire, qui tient des �coliers �. Le cur� et le vicaire envoient une attestation en r�gle. Non, r�pliquent les opposants, ce sont des fuyards; on les a aper�us, l'�t� dernier, occup�s aux moissons (145).
Il �tait interdit aux �tablissements religieux et aux particuliers de donner asile, avant le tirage, � des miliciables, et, apr�s une lev�e, � des miliciens, sous peine de 500 livres d'amende pour chaque contravention, sans aucune remise (146). Le fuyard reconnu est une pauvre b�te traqu�e, qu'on poursuit sans r�pit par les champs et par les bois. En 1758, les habitants de Bar-le-Duc supplient l'intendant de faciliter aux p�res et m�res la capture des fuyards (147). Pour tra�ner devant le subd�l�gu� un compatriote, un camarade, soup�onn� de n'�tre pas en r�gle, le milicien use tour � tour de promesses ou de violence; il persuade ou terrorise sa victime; il mettra au besoin la mar�chauss�e, que la loi lui permet de r�quisitionner, � ses trousses. Devenant un vil racoleur, il ach�tera ou grisera l'infortun�.
Ces sc�nes pitoyables se fussent davantage multipli�es, si la lib�ration du d�lateur n'�tait pas rest�e subordonn�e au service int�gral du fuyard; s'il ne lui avait fallu courir, � la prochaine lev�e, les hasards d'un nouveau tirage ; et, enfin, prendre � sa charge les frais d'arrestation. Sans fortune, incertains du lendemain, beaucoup de miliciens se taisaient donc, moins par g�n�rosit� que par d�couragement. Ainsi s'explique le succ�s relatif des infirmit�s passag�res, la fr�quence des �migrations abr�g�es sans danger. A ces heures n�fastes o� le sens moral succombait, il y eut aussi d'obscurs sacrifices. Depuis cinq ans, les hommes mari�s ne tiraient plus au sort, quand, en 1756, ils furent � nouveau convoqu�s, vu l'insuffisance de gar�ons.
Il s'agit de sauver des chefs de famille. Nombre de r�fractaires reparaissent. Touchant d�vouement, il y eut m�me, de temps � autre, des substitutions de fuyards frauduleuses.
Les commissaires d�partis, qui d�cidaient sans appel en mati�re d'exemptions, dressaient �galement la liste d�finitive des fuyards et fixaient les punitions selon la gravit� des fautes. Toute la charge de cette branche de l'administration reposait de la sorte sur eux. Il n'est pas d'attributions o� l'Intendant de Lorraine eut � d�ployer, de 1741 � 1758, plus d'activit� et d'�nergie. En cette t�che ingrate, La Galaizi�re fit preuve d'un esprit sup�rieur. Qu'il s'agisse du bon ordre d'une assembl�e, du choix des fournitures, ou de l'examen d'un placet, il tient � tout v�rifier par soi-m�me. Le d�pouillement de l'�norme correspondance relative � la milice, qui parvient dans ses bureaux, est lui seul un labeur. On y remarque des lettres de tout genre : billets de grands personnages, requ�tes de hauts eccl�siastiques qui patronnent un miliciable, missives tr�s humbles adress�es � Monseigneur par des parents en larmes. Des m�res, des �pouses supplient l'lntendant de se laisser attendrir. Elles prieront, ajoutent-elles, pour la sant� de Sa Grandeur. Des jeunes hommes exposent des cas de r�forme. Ceux-ci d�veloppent une situation particuli�re et non encore pr�vue. La Galaizi�re a pris personnellement connaissance du moindre de ces papiers. Les simples mentions : exempt�, d�charg�, d�bout�, plus souvent des consid�rants d�taill�s, indiquent que tous ont �t� lus consciencieusement. Certains arr�ts semblent durs; il ne s'en trouve gu�re d'arrach�s par sollicitation. Sous le s�v�re coup d'�il du chef, � la faveur, les bons diners et les petits cadeaux � n'obtenaient pas tout, et le pouvoir des subd�l�gu�s n'�tait pas � poss�d� sans partage et exerc� sans contr�le (148) �. Si ces agents, moins �clair�s ou plus sensibles � de bas arguments, ont pu, � certains moments, tromper sa confiance, sa responsabilit� n'en saurait �tre atteinte. Le subd�l�gu� de Bar-le-Duc, par exemple, souffre, en octobre 1758, des irr�gularit�s dans le tirage au sort. Il a d�sign� le fils de son boulanger pour �tablir le r�le des miliciables d'un quartier; exempt�, sans autre raison, le fils du d�positaire des clefs d'un magasin communal et un individu qu'accidentellement il envoya porter des ordres dans un village. Sur plus de 100 miliciables, il n'y en a eu que 70 d'inscrits, et, comme les int�ress�s murmuraient, la mar�chauss�e a frapp� � � grands coups sur eux �. Le dossier de cette affaire, transmis � l'Intendance, nous atteste que les ill�galit�s signal�es �taient toujours suivies d'une r�paration (149). En ces questions o� l'arbitraire est flagrant pour la plupart des provinces, La Galaizi�re ne c�de ni aux sollicitations, ni � la brigue. Maintes fois, les plus chaudes recommandations du roi de Pologne lui-m�me demeurent lettre morte pour l'aust�re administrateur. Ce n'est pas le terrible chancelier de Stanislas qui �puisa d'hommes les Duch�s. Avant le prince insouciant, il �leva la voix en faveur du pays. N'�tant pas entendu, il lui procure l'all�gement de l'ordonnance de 1755; et, plus pitoyable que plusieurs de ses subd�l�gu�s, consent volontiers a cette occasion des fraudes, si du moins l'agriculture est sauv�e. Tout reproche doit aller � l'institution m�me de la milice, source d'abus et d'injustices, aux ministres de Louis XV, surtout, dont les demandes inconsid�r�es marquaient la ruine d'une province qui, � s'en tenir aux strictes clauses des trait�s, n'�tait pas encore fran�aise.

CHAPITRE IV
Le contingent fourni par les Duch�s est proportionnellement sup�rieur � celui des autres provinces. - Le service de garnison. - La milice lorraine aux arm�es. - Les pertes. - Profond �puisement du pays.

Les chiffres cit�s plus haut ont laiss� entrevoir l'importance du contingent lev� dans les Duch�s, au cours des dix-sept ann�es que l'on tira au sort sous le r�gne de Stanislas. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, plus de 13 200 hommes furent mobilis�s. Ce total est minimum. Il manque � notre addition les remplacements individuels des hommes morts ou en fuite, impos�s aux paroisses responsables, dans l'intervalle des tirages (150). En 1748, le pays avait sur pied 9 740 miliciens (151), alors que l'effectif �tait de 79 520 hommes pour la totalit� de la milice assembl�e par Louis XV (152). La quote-part �tait donc de plus du huiti�me, et, � juste titre, Durival pouvait �crire : � Aucune province de son royaume n'en avait tant fourni (153). � Pour la guerre de Sept ans, la proportion est moindre. Du d�but de 1757 � la fin d'octobre 1758, 6 034 miliciens sont r�clam�s � la Lorraine lors des lev�es g�n�rales (154).
On a, depuis, exag�r� ces chiffres, assez �loquents pour qu'on ne les force pas. Ce qu'il est vrai d'ajouter, c'est que ces quelque 20 000 hommes ne donnent qu'une id�e imparfaite de la contribution des Duch�s au cours des hostilit�s avec l'Autriche et la Prusse. Il faut mettre en ligne de compte, � partir de 1759, les recrues provinciales. On ne saurait oublier les enr�l�s soi-disant volontaires, beaucoup engag�s par surprise ou dans une heure de d�couragement ; ni m�me ces miliciables que la peur jetait par bandes aux fronti�res. La Cour souveraine l'affirme: � Quoique par les ordonnances de 1741 et 1743 il ne paraisse que cinq mille quatre cents hommes de milices lev�s dans la Lorraine et le Barrois, on peut assurer que cette lev�e en a fait sortir plus du triple et du quadruple des deux provinces, parce qu'il est certain que la crainte du tirage en a d�termin� un grand nombre � s'enr�ler volontairement et des milliers � passer en pays �tranger (155). � La paroisse de Laneuveville-aux-Bois, qui se compose de 90 feux, a plus de 20 gar�ons sous les drapeaux (156). En 1757, le subd�l�gu� de Sarreguemines parle d'une communaut� de son ressort qui a fourni aux arm�es 150 soldats (157). Fraisnes-en-Saintois, au bailliage de V�zelise, compta simultan�ment 40 gar�ons entr�s, de gr� ou de force, au service du roi. Les filles ayant �t� oblig�es de les remplacer aux plus dures besognes, il en meurt 15 dans une ann�e (158). D�j�, au printemps de 1744, �'avait �t� � Nancy, selon le libraire Nicolas, � un v�ritable brigandage de voir une foule de soldats battre la caisse dans les deux villes, pour engager toutes sortes de jeunes gens, m�me de famille (159) �. A la lev�e d'automne de 1758, le subd�l�gu� reconna�t qu'il n'y a plus rien � attendre de la capitale, en raison � des enr�lements prodigieux qui s'y sont faits, tous les clercs s'�tant faits gendarmes (160) �.
Sur ces hommes, combien furent � jamais perdus pour leur sol natal ? Il serait difficile d'�tablir un bilan, f�t-il approximatif. En ce qui concerne les seuls miliciens, on a du moins quelques donn�es. La preuve se trouve dans les statistiques officielles, que la plupart tomb�rent sur les champs de bataille, p�rirent dans les prisons ou les h�pitaux. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, les bataillons de milice proprement dite restent affect�s aux garnisons ou aux forteresses des fronti�res et des c�tes. Nous ayons vu, d�s leur cr�ation, les trois r�giments lorrains partir pour Landau, o� Croix s�journait encore en septembre 1743, pour Calais et pour Givet. En mai 1745, Montureux est � Saint-Esprit; les bataillons de Polignac sont � Bergues, � Calais et � Dunkerque; ceux de Ligniville � Valenciennes et � Lille (161). Mais � dater de cette ann�e, les grenadiers royaux, d�tach�s des compagnies de fusiliers, prennent une part active aux op�rations. Ils assistent aux si�ges d'Anvers et de Namur, � l'affaire de Raucoux, � la prise de Berg-op-Zoom. Lors de la guerre de Sept ans, o� ces m�mes grenadiers royaux furent envoy�s � Minorque, des fusiliers lorrains sont, selon le nouveau syst�me en vigueur, organis�s en bataillons de campagne. Le r�giment de Montureux concourt � remplacer les troupes r�gl�es pr�lev�es sur les forces de Clermont au profit de celles de Soubise. A l'automne de 1758, tandis que Polignac est en Dauphin�, nous le rencontrons � Wesel, o� il se trouve encore un an plus tard. En 1760, le bataillon de Sarreguemines, sous les ordres de Castries, est � Meurs, pr�pos� � la garde des �quipages, le jour du combat de Clostercamp. En 1761, c'est un des onze bataillons de milice figurant � l'arm�e du Bas-Rhin, et un des quatre attach�s � l'�tat-major. A la fin de cette campagne, le bataillon de Nancy compte encore 460 hommes vivants, sur un effectif de 720; mais de ceux-l� presque tous sont bless�s et prisonniers. En mars 1761, 22 seulement rentrent dans leurs villages (162).
Royal-Lorraine et Royal-Barrois march�rent partout au premier rang. En 1744, Royal-Lorraine est � l'arm�e du Rhin, sons les ordres du duc de Coigny. Il renforce le corps qui couvre le si�ge de Fribourg. Il hiverne dans les Villes Foresti�res, et, au printemps suivant, on le voit � l'arm�e de Bavi�re, command�e par S�gur; puis, sous Conti, � l'arm�e du Mein. De 1746 � 1748, c'est � l'arme d'Italie qu'il se signale. D'abord immobilis� sur le versant occidental des Alpes, dans le Dauphin�, en Provence, il a son r�le au si�ge de Vintimille. Royal-Barrois, qui prend rang imm�diatement apr�s Royal-Lorraine, est, en 1746, l'arm�e de Flandre, � Charleroi, � Raucoux; puis il se rapproche �galement des Alpes.
Apr�s leur r�tablissement de 1757, les deux r�giments furent encore moins m�nag�s. Dirig�s tout d'abord sur l'arm�e de Soubise, ils assistent au d�sastre de Rosbach, o� ils facilitent la retraite. Le 20 novembre, Durival consignait dans ses cahiers : � On a nouvelle � Lun�ville que le r�giment Royal-Lorraine et celui de Royal-Barrois se sont bien conduits � la suite de la malheureuse affaire du 5, pr�s de Weissenfels. Le premier �tait � la droite de l'arm�e, � garder un pont sur la Sala, qu'il br�la avant de le quitter, et fit la retraite sous les ordres de M. de Saint-Germain. Royal-Barrois �tait de garde au parc de l'artillerie, vit d�filer l'artillerie et se mit en marche en bon ordre � sa suite. Ce r�giment n'arriva � Fribourg, � quelques lieues de l�, qu'� six heures du matin, le 6. Les autres corps de l'arm�e de Soubise y �taient d�s minuit. � Royal-Barrois ne perdit qu'une vingtaine d'hommes, mais Royal-Lorraine fut plus �prouv� (163). Bless�, son colonel, M. de Rivray, fut pris et conduit � Berlin pour une longue captivit� (164). En 1758, les deux corps font partie de l'arm�e du Bas-Rhin. Royal-Barrois fut � Crefeld (23 juin). Royal-Lorraine et Royal-Barrois grossissent le d�tachement qui, sous les ordres de Chevert, essaie en vain, le 5 ao�t suivant, de rompre, pr�s de Emmerich, le pont des Hanovriens. Plus de 100 miliciens lorrains paient de leur vie cette tentative; une soixantaine sont bless�s ou prisonniers (165). Quand Royal-Barrois est r�form�, de ses 680 hommes il en reste � peine 300 !
Il serait injuste de ne pas accorder un souvenir au r�giment des Gardes de Lorraine, compos� en majorit� de volontaires, mais qui comprit aussi, nous l'avons vu, des miliciens. Ce corps combat � Plaisance (16 juin 1746), o� il laisse 75 soldats tu�s et a 107 bless�s. La journ�e du Tidon (10 ao�t 1746) est pour lui plus sanglante : 280 hommes manquent � l'appel, 187 sont bless�s (166). Retir�s � Grasse apr�s cette terrible campagne de 1746, ses deux bataillons r�unis ne se composent plus que de 361 hommes. Oblig�, le 23 f�vrier 1758, de se battre � Hoya contre un corps sup�rieur de Hanovriens et de Prussiens, le r�giment, de nouveau d�cim�, opposera la plus vigoureuse r�sistance (167). Mais � quel prix, grand Dieu ! Des 600 hommes rest�s sous les armes, 150 sont tu�s - un sur quatre; pr�s de 260, faits prisonniers. Assi�g�e dans Minden, enfin, avant qu'il soit un mois, une ample partie de ce glorieux d�bris 138 hommes et 17 officiers - doit d�poser les armes pour �tre transf�r�e dans les casemates de Hanovre (168).
De telles saign�es devaient infailliblement amener une prompte an�mie. A la lev�e de 1746, il s'en fallait d�j� de 77 miliciens que la quotit� demand�e f�t atteinte (169). Une seconde r�partition avait �t� n�cessaire. Apr�s Aix-la-Chapelle, alors qu'il ne s'agit plus que d'effectuer les remplacements dans six bataillons, les subd�l�gu�s ont grand'peine � y parvenir. � Je suis persuade que des 22 miliciens que j'ai � tirer dans ma subd�l�gation, il ne s'en trouvera pas 12 �, �crit, en 1751, celui de Pont-�-Mousson (170). Partout, il est indispensable de modifier, de remanier les �tats dress�s � l'Intendance. Les proc�s-verbaux dits d'insuffisance, de d�ficit, de surs�ance, se multiplient. En 1755, dans la subd�l�gation de Bourmont, il ne se trouve que 9 miliciens sur les 17 voulus (171). L'ordonnance du 26 janvier de cette ann�e accrut la difficult� d'alimenter la milice. Mais que fussent devenues les campagnes sans cette mesure salutaire ? � Le d�vastement des gar�ons avait �t� si grand, que sans les bont�s qu'a eues Votre Excellence d'affranchir un fils et un domestique aux laboureurs, il n'en serait point rest� du tout �, d�clare � La Galaizi�re son subd�l�gu� de Sarreguemines (172). On a vu les fils de marchands, les manoeuvres, se mettre � couvert du sort en louant leurs services aux cultivateurs. En d�pit du privil�ge consenti, les aides ruraux eux-m�mes finissent par devenir rares. Le subd�l�gu� de Longuyon l'affirme : � J'ai remarqu�, Monseigneur, que beaucoup de laboureurs qui cependant ont droit d'exempter par chaque charrue un enfant ou un domestique, en manquent et sont oblig�s de prendre des Luxembourgeois � gros gages (173). � Le t�moignage peu suspect d'un autre contemporain est pins saisissant : � On voyait � la suite de nos charrues des vieillards, des femmes, des enfants (174). �
La guerre de Sept ans aggrava l'�tat de choses. Au printemps de 1757, et malgr� deux tirages successifs, la subd�l�gation de Darney, qui n'avait donn�, en 1752, que 21 miliciens sur 27, n'en fournit plus que 16 sur les 24 qui lui sont assign�s (175) . A Lun�ville, port�e pour 80 miliciens, on ne peut, le 1er avril de la m�me ann�e, en r�unir que 28 (176).
Cependant une extr�me tol�rance est maintenant accord�e aux pr�pos�s, pour le choix de ces soldats. Le subd�l�gu� de Gondrecourt souligne l'opportunit� de cette latitude : � J'ai vu le temps o� les hommes de ce pays-ci �taient grands, et ils sont � pr�sent aussi rares qu'ils y �taient autrefois communs. J'avoue que les recrues enl�vent les plus beaux (177). � La mis�re ab�tardissait la race. En 1751, aucun des 12 miliciables pr�sent�s par la communaut� de Hampont n'a les qualit�s physiques requises (178). C'est d�sormais un �v�nement quand les subd�l�gu�s envoient � l'assembl�e des gar�ons bien constitu�s. Ils insistent sur leur chance; pour un peu, ils en prendraient vanit� (179). R�duits aux exp�dients, la plupart. en arrivent � une facilit� ridicule. Leurs miliciens sont vraiment � de trop mince figure � ; ils ne peuvent �tre incorpor�s. L'un d'eux, �g� de trente ans et d'une taille tr�s inf�rieure � la moyenne, n'avait-il pas �t� accept� sous le pu�ril pr�texte que d'aventure il grandirait. Le subd�l�gu� de Ch�teau-Salins h�site � rejeter un homme attaqu� de la teigne; il d�clare milicien un gar�on qui a � la cheville du pied gauche d�rang�e de naissance �, sans doute un pied-bot. Deux fois l'estropi� avait �t� r�form�; mais il est bon marcheur, assez mauvais sujet et - consid�ration d�cisive - il entretient la brouille dans sa famille (180) ! Afin d'�viter ces incidents absurdes, La Galaizi�re devra en revenir, pour les lev�es de 1758, � l'application de l'ancienne r�gle. A ce moment, l'administration donne pour son compte la chasse aux fuyards; et ces r�fractaires que l'Intendant faisait nagu�re incarc�rer comme vagabonds, quand des miliciens ne les repr�sentaient pas, forment une pr�cieuse aubaine. Pour beaucoup de paroisses, en effet, ce n'est plus l'insuffisance que l'on constate, mais la carence absolue. � J'ai taill�, coup� et renou� autant qu'il m'a �t� possible �, �crit, le 2 f�vrier 1758, le subd�l�gu� de Neufch�teau, � sans que le succ�s que vous vous �tes propos� y e�t pleinement r�pondu : vous le verrez par les proc�s-verbaux que je vous prie de faire examiner de pr�s (181). � A l'automne, le subd�l�gu� de Nancy informe l'Intendant que, malgr� tous ses soins, son arrondissement ne lui a cc rendu que 153 hommes, en sorte qu'il s'en manque 20 que l'�tat ne soit rempli. Il n'y a plus rien � esp�rer � Nancy, il est �puis� de gar�ons (182).� Ses coll�gues sont unanimes � reconna�tre que trouver les quatre miliciables r�glementaires par milicien, est un probl�me insoluble. Le pr�v�t de Sarralbe remarque que � l'�toffe fait d�faut �.
Les subd�l�gu�s de Bouzonville et de Bitche parlent de la � disette des sujets �. Celui de Bar-le-Duc en d�plore la � p�nurie �. Dix ans plus t�t, au dire de Durival, � l'esp�ce des miliciables �tait devenue rare (183) �. Aujourd'hui, selon le mol �nergique du rapporteur de la Cour souveraine, c'est � l'esp�ce d'homme � qui s'�teint (184).
Quand il y aura � rassembler en 1759 les recrues provinciales, �nergie du Commissaire d�parti, habilet� de ses agents, intimidations de la mar�chauss�e, ruses, promesses, n'aboutiront donc qu'� de maigres r�sultats. La France se heurte � un impossible. De janvier � octobre 1761, Lun�ville envoie au d�p�t de Strasbourg 53 hommes; Nancy, 48; Epinal, 18; Saint-Mihiel, 16; Bar-le-Duc, 13 ; mais Neufch�teau et Pont-�-Mousson n'en ont procur� que 2; Nomeny, un seul. Veut-on le secret de ce succ�s relatif ? On a laiss� de c�t� toutes les recommandations des premi�res circulaires. Le prix des engagements, bient�t calcul� sur une moyenne de 50 livres, a �t� sans cesse �lev�. Il y a, suivant les semaines et les r�gions, un v�ritable cours des recrues. Le taux peut redescendre � 30 livres; le plus souvent, il est sup�rieur � 100 livres. Quatorze engagements, conclus � Sarreguemines, co�tent chacun 126 livres. Telle recrue re�oit, outre sa prime, la garantie de 72 livres par an. A Bouzonville, un nomm� Mathis Heitz, �g� de dix-neuf ans, ne s'est pas d�cid� � moins de 324 livres. Des march�s immoraux sont sugg�r�s. Un homme se rach�te moyennant deux hommes. Et, parmi ces recrues, je vois que beaucoup ne sont pas dans les conditions prescrites. Il en est de seize et de quarante ans � environ �. L'adverbe est ici significatif. On a n�glig� la limite de la taille, ferm� les yeux sur des cas r�dhibitoires �vidents. 24 d�serteurs, qui profitent de l'amnistie accord�e par l'ordonnance du 1er juillet 1761, sont enr�l�s � Lun�ville par le commissaire des guerres. On admet les pires vauriens. On racole dans les prisons, on s'assure des d�tenus � leur sortie. Cette mention : � On n'a pas revu ce particulier depuis son engagement �, est fr�quente en marge des listes. Sur 515 de ces singuli�res recrues, 36 s'enfuient et 32 doivent �tre r�form�es avant m�me d'avoir gagn� le quartier g�n�ral. A la cr�ation du R�giment de Nancy, enfin, quand le prix des engagements ne dut plus exc�der les 30 livres habituelles, pourboire non compris, harcel� par ses chefs, l'Intendant est contraint, pour ne pas laisser vides les casernes de Rosi�res, de mettre en cause l'avidit� de tous les gens malhonn�tes et d'augmenter progressivement le traitement de ses recruteurs (185).

CHAPITRE V
La milice, de la mort de Stanislas � la R�volution. - R�tablissement du tirage au sort. - Unification avec le syst�me fran�ais, puis transformations parall�les. - R�giments provinciaux et bataillons de garnison. - Derni�res particularit�s propres � la Lorraine. - Cons�quences durables des premi�res exigences.

Par un f�cheux concours de circonstances, fortuit.es et voulues, le r�gne nominal de Stanislas correspond pour la milice, tout comme nous l'avions vu pour le second imp�t en nature, la corv�e (186), � la p�riode o� le fardeau fut de beaucoup le plus lourd.
Si le r�giment de recrues de Nancy est supprim� en 1767 (187), on a recommenc� de tirer au sort quelques semaines � peine apr�s la mort du roi de Pologne. mais, pour la premi�re fois, l'ordonnance de Louis XV du 27 novembre 1765 qui r�tablit la milice et en d�cr�te la lev�e prochaine, assimilant franchement les Duch�s aux autres provinces du Royaume, a effac� toute distinction p�jorative. A lire le d�but de son dispositif, on dirait qu'un secret pressentiment avait averti le gouvernement fran�ais qu'� l'heure o� ces articles recevraient leur application, le prince dont la vieillesse avanc�e prolongeait une situation �quivoque, le Duc-roi, ne serait plus. � Les 105 bataillons de milice des provinces et g�n�ralit�s du Royaume, y compris les quatre des duch�s de Lorraine et de Bar, et celui de Paris � , compos�s chacun de 710 hommes, formeront d�sormais un corps de 74 500 hommes. La milice lorraine, c'est-�-dire les bataillons de Nancy, de Bar, d'Etain et de Sarreguemines, marchant de pair avec celle des �v�ch�s, est class�e la 18e. Elle prend rang entre la milice de Bretagne et celle d' Artois. Quant � ses compagnies d'�lite, elles composeront, avec celles des bataillons alsaciens et �v�chois - Metz et Verdun, Strasbourg et Colmar,- le 4e des 11 r�giments fran�ais de grenadiers royaux (188).
On sait qu'en 1771 le roi tint � donner � la milice une constitution qui la rapproch�t de son infanterie, et qu'une d�signation nouvelle fut substitu�e � un terme trop d�test�. Les 104 bataillons alors existants sont group�s en 47 r�giments provinciaux (189); le milicien devient un soldat provincial. Dans ce remaniement (190), les bataillons de Nancy et de Sarreguemines forment le 34e r�giment, ou provincial de Nancy (191); ceux de Bar et d'�tain, le 35e, ou provincial de Bar-le-Duc (192). Tous deux ont leur quartier d'assembl�e et leur centre d'exercices dans la capitale lorraine (193). Leurs compagnies de grenadiers royaux, r�unies � celles des provinciaux de Colmar et de Verdun, composent, sous le nom de grenadiers royaux de la Lorraine, le 8� des onze nouveaux r�giments d'�lite (194).
Apr�s quelques modifications dans leur classement (195), les r�giments provinciaux sont supprim�s par l'ordonnance du 15 d�cembre 1776, ou plut�t ne sont plus convoqu�s (196). Mais, d�s le commencement de 1778, le ministre r�tablit les troupes provinciales, qu'il relie plus �troitement que du pass� aux troupes r�gl�es (197). Assembl�s � Nancy le 1er juin (198), les quatre bataillons des r�giments de Nancy et de Bar sont compris parmi les 78 bataillons (199) qui, sous le titre de bataillons de garnison, doivent �tre attach�s aux r�giments d'infanterie et en porter le nom. Le bataillon de Nancy devient bataillon de garnison du r�giment d'Austrasie ; celui de Sarreguemines, bataillon de garnison de Lorraine (200), celui de Bar-le-Duc est affect� au r�giment de Champagne, et celui d'�tain au r�giment de Barrois (201). Leurs quatre compagnies de grenadiers royaux, jointes aux deux compagnies du r�giment provincial de Sens (202), aux: trois du r�giment de Salins (203), et � celle du premier bataillon de Clermont (204), continuent de donner leur nom au r�giment des grenadiers royaux de la Lorraine (205).
Jusqu'� la R�volution, il n'y aura plus dans cette organisation que des changements de d�tail; jusqu'� la R�volution, �galement, c'est au chiffre de 2 840 hommes, prescrit par l'ordonnance de 1765, que reste fix�e la part contributive des anciens Duch�s.
Pour dispenser cette charge le plus �quitablement que possible, La Galaizi�re fils inaugure, en 1766, le syst�me des � arrondissements de cantons �, moins �troit que celui des petits groupements de communaut�s. La subd�l�gation de Nancy, par exemple, est divis�e en onze circonscriptions: ville de Nancy, ville de Saint-Nicolas, cantons de Malz�ville, d'Essey, de Varang�ville, de Bouxi�res-aux-Ch�nes, de Faulx, de Flavigny, de Gondreville, de Lupcourt et de Pont-Saint- Vincent (206). Plus d'initiative est bient�t laiss�e aux subd�l�gu�s. A partir de 1769, ils peuvent combiner, comme ils le jugent pr�f�rable, le fractionne ment du contingent attribu� � leur ressort (207). La sup�riorit� de ce m�canisme est �vidente, surtout si l'on songe qu'� la m�me �poque les simples groupements de paroisses n'�taient m�me pas pratiqu�s dans la plupart des g�n�ralit�s, et qu'ils ne furent rendus obligatoires que par l'ordonnance du 19 octobre 1779.
Au point de vue p�cuniaire, la Lorraine ne subvient plus qu'aux frais de petit �quipement de ses miliciens et � l'indemnit� due au pr�pos� au tirage (208). Et encore, en mani�re de soulagement, les sommes n�cessaires sont-elles volontiers r�parties, non plus d'apr�s le nombre d'hommes fournis par une paroisse, mais entre toutes les communaut�s d'une subd�l�gation, et sur le pied de l'imposition des Ponts et Chauss�es.
D�s le r�tablissement de la milice, le minimum d'�ge a �t� recul� � dix-huit ans (209). A d� faut de gar�ons ou de veufs sans enfants, on n'appelle plus que les hommes mari�s n'ayant pas d�pass� vingt ans; et l'on s'adresse de pr�f�rence � ceux qui n'ont pas d'enfants. Apr�s 1773, les hommes mari�s et les veufs p�res de famille ne sont plus inqui�t�s dans aucun cas.
Les anciennes. villes privil�gi�es participent au sort, sans faveurs temporaires. Quant au vice des exemptions personnelles, inh�rent � l'institution, il devait fatalement se perp�tuer avec elle. Pour la majorit� des provinces, l'article XXIV de l'ordonnance de novembre 1765, premier essai s�rieux de codification, barri�re derri�re laquelle les intendants, assaillis par le flot des pr�tentions particuli�res, purent enfin se retrancher, constitua un r�el progr�s. Pour la Lorraine que le Chancelier avait dot�e d'une l�gislation plus parfaite, il y a v�ritablement recul. L'agriculture y perd. La dispense accord�e, en 1755, par La Galaizi�re, � un fils ou un valet de laboureur, pour toute charrue suppl�mentaire, n'est-elle pas pass�e sous silence ? Cette oeuvre est loin d'ailleurs d'�tre suffisamment m�rie, et les intendants restent maitres de l'interpr�ter et d'en �tendre les dispositions suivant les besoins des pays qu'ils administrent. Dans les encouragements � donner � l'industrie, il y a une question d'esp�ce. Aussi scrupuleux que son p�re, La Galaizi�re fils �tudie la situation de chaque fabrique et mesure les privil�ges � la sollicitude dont elle est digne. C'est ainsi qu'il exemple un principal commis et un principal ouvrier, au choix, dans les fa�enceries de Lun�ville et de Rambervillers (210); mais, en plus de ceux-ci, dans la manufacture de tissus fond�e pour les pauvres � Lun�ville, les ma�tres teinturier, drapier, appr�teur, tondeur, d�m�leur, fileur et cordier, un ouvrier teinturier, le boulanger et le ma�tre d'�cole (211). Il multiplie les instructions � ses subd�l�gu�s, �lucide les points obscurs. Les domestiques des officiers des ma�trises doivent �tre exempts tout comme ceux des officiers des justices royales ou des finances, mais non ceux des justices seigneuriales; les gar�ons chirurgiens de l'h�pital militaire, mais non les �l�ves des chirurgiens particuliers, � moins qu'ils n'aient suivi les cours d'une �cole publique pendant. deux ans (212). Puis, pour plus de clart�, le consciencieux fonctionnaire signe par provision, le 20 f�vrier 1767, une ordonnance en quatre-vingt-dix-huit articles, qui, davantage encore, �carte l'arbitraire. Louis XV approuva ce texte, qui est officiellement promulgu� un an plus tard (213). En octobre 1773, une nouvelle liste limitative est dress�e pour toute l'�tendue du Royaume (214), mais dont l'application est �ph�m�re, puisque l'ordonnance du 1er d�cembre 1774 revient, sous une forme plus pr�cise, � la l�gislation de 1765 (215). Le Gouvernement s'est r�serv�, en ce qui concerne l'agriculture, l'industrie et le commerce, de statuer sp�cialement pour chaque g�n�ralit�. Dans les anciens Duch�s, il n'y avait qu'� s'inspirer des travaux sur lesquels, par trois fois, les La Galaizi�re avaient port� leur attention. Le 14 janvier 1775, est arr�t� � Versailles, en vingt-quatre articles, un � �tat des exemptions particuli�res du tirage au sort pour les r�giments provinciaux, accord�es par le Roi aux provinces de Lorraine et Barrois, eu �gard aux circonstances locales (216) � . Ce fut le terme d'une longue et progressive �laboration.
La dur�e du service, abaiss�e � cinq ans pour le milicien fran�ais, a �t� de nouveau port�e � six ann�es en 1766. Mais nous avons vu que le milicien lorrain n'avait en rien profit� de la r�duction de 1748. La guerre de Sept ans a du reste �t� la derni�re o� ces soldats furent employ�s. Le contingent demeurant identique, il ne s'agit plus que de remplacements par sixi�me (217). On a recommenc� � lever des hommes, mais ils ne sont plus r�unis jusqu'� la cr�ation des r�giments provinciaux, pour lesquels les exercices annuels sont de neuf ou douze jours. L'ordonnance de 1775 supprime cette formation p�riodique elle-m�me, et l'assembl�e exceptionnelle de 1778 a pour unique but de constater un r�tablissement tout th�orique. Seules, les compagnies de grenadiers royaux sont encore convoqu�es chaque �t�, et retenues un mois durant (218).
La Lorraine, toutefois, avait �t� si profond�ment an�mi�e que, longtemps encore, l'intendant n'obtint qu'avec de grandes difficult�s les miliciens de remplacement. En avril 1766, le subd�l�gu� de Nancy est oblig� de recourir � des soldats cong�di�s comptant jusqu'� quinze ans de service (219). Le Commissaire d�parti se voit dans l'impossibilit� d'exempter les fils a�n�s de parents ayant dix enfants et plus (220). En 1769, la ville de Bar-le-Duc n'a que 12 miliciables pour 15 miliciens demand�s; et, dans la m�me subd�l�gation, le canton de Longeville n'offre pas un seul miliciable (221).. La race n'a pu se r�g�n�rer; le nombre des rejet�s est �norme (222).
Le cauchemar du billet noir affole toujours � ce point les esprits, que, sous un autre nom et n'existant plus gu�re que sur le papier, la milice continue de provoquer des fraudes, de soulever des r�voltes (223) et de disperser des fuyards (224).
C'est quand � nouveau l'orage gronde au dehors, quand il y a imminence d'une guerre avec l'Autriche, que l'Assembl�e constituante, jugeant suffisamment pourvoir aux n�cessit�s de la d�fense nationale par une lev�e de volontaires, prononce, le 4 mars 1791, l'abolition des milices provinciales. Le service militaire obligatoire ne tardera pas, sans doute, � �tre r�tabli. Mais, quel que soit d�sormais le mode d'appel, r�quisition, conscription, les Lorrains, partout et entre tous, vont se distinguer par ces belles qualit�s d'endurance et de bravoure que les moins avertis leur devinaient d�j� au temps de Stanislas. Et voici que tel de ces fils d'artisans ou d'humbles campagnards, qui, entr� � regret dans la milice, serait, apr�s six ans, revenu simple soldat dans son village, communiquant � ses camarades le d�go�t d'une arme pour laquelle les officiers eux-m�mes ne dissimulaient pas leur m�pris, atteindra brillamment aux plus hauts grades et inscrira son nom dans l'�pop�e fran�aise.

PRINCIPALES SOURCES

Archives historiques du Minist�re de la Guerre.
Administration militaire, reg. nos 2859 et sq. - CHAPUY, Guerres de Louis XI V et de Louis XV, vol. ms. in-fol.
La Collection des ordonnances militaires depuis 1112 jusqu'� 1801, form�e par le marquis DE SAUGEN et conserv�e en 77 volumes � la Biblioth�que du Minist�re de la Guerre; vol. 42 et sq. - Toutes les ordonnances et circulaires que nous aurons l'occasion de citer, figurent dans cette collection, d'une importance exceptionnelle. Nous n'y renvoyons express�ment que pour les pi�ces manuscrites. D'autre part, quand un acte figure au Recueil des ordonnances de Lorraine, c'est ce dernier r�pertoire que nous citons.
Archives d�partementales de Meurthe-et-Moselle. - Fonds de l'Intendance, C, 231 290.- Archives d�partementales de la Meuse, C, 29-31.
Divers passages du tome 1er de la Description de la Lorraine et du Barrois (1778) de Nicolas DURIVAL, fournissent des renseignements utiles; mais c'est surtout au Journal manuscrit du m�me auteur, conserv� � la Biblioth�que publique de Nancy sous le no 863 (1310-1323 du Catalogue g�n�ral), que l'on trouve de nombreux et minutieux d�tails. Attach� d�s 1737 la personne de La Galaizi�re, en tant que secr�taire, N. Durival accompagna le Chancelier-intendant dans tous ses d�placements, lors des assembl�es des bataillons de milice; lieutenant g�n�ral de police de Nancy, et, par suite, subd�l�gu� de cette ville, de 1760 � 1769, il eut y pr�parer et y pr�sida les op�rations du tirage au sort. Son t�moignage est de premier ordre.
Nous nous sommes appliqu� � mettre avant tout en relief les particularit�s locales. En ce qui concerne l'organisation g�n�rale des milices du Royaume, nous ne saurions mieux faire que de renvoyer, une fois pour toutes, au livre si consciencieux et si document� de J. GEBELIN: Histoire des milices provinciales (1688-1791). Le Tirage au Sort sous l'Ancien R�gime. Paris, 1882, in-8�.
Les travaux bien connus des g�n�raux SUSANE, PAJOL et VANSON ont �t� consult�s. Nous nous y reportons de temps � autre, et c'est sciemment que, parfois, nous nous trouvons en contradiction avec ces auteurs.


(1). Voir � la fin du travail l'indication des principales sources.
(2). Description de la Lorraine et du Barrois, I, 337.
(3). Et non du 20 mars, comme le dit DURIVAL, 0p. cit., I, 172.
(4). Ces compagnies d'invalides, - mar�chaux des logis, sergents et gendarmes, - glorieux d�bris des guerres du grand Roi, �taient arriv�es � Lun�ville le 6 septembre 1737. C'�tait celles d'Autane, de Moret - plus tard compagnie de Larzilli�re, - et de la Vassorie - plus tard, de Bruchet. Elles avaient �t� form�es sp�cialement pour la garde � pied du roi de Pologne, par ordonnance du 20 mars pr�c�dent, � 100 hommes chacune, sous le commandement de Jean-Baptiste de Marin, comte de Moncan, colonel r�form� d'infanterie; l'aide-major charg� du d�tail �tait le capitaine d'Autane. La compagnie comprenait : 1 capitaine, 3 lieutenants, 4 sergents, 4 caporaux, 4 anspessades, et 88 fusiliers, dont 2 tambours. Une seconde ordonnance, du 26 mars, avait r�gl� le traitement � 3 livres par jour pour les capitaines, 30 sols pour les lieutenants, 12 pour les sergents, 9 pour les caporaux, 8 pour les anspessades, 7 pour les fusiliers et tambours. La constitution d�finitive eut lieu � Bar-le-Duc. Une ordonnance sign�e � Fontainebleau, le 31 octobre 1738, augmenta chaque compagnie de 40 hommes; ce fut d�s lors : 6 sergents, 6 caporaux, 6 anspessades, et 122 fusiliers, dont 4 tambours. On sait que ces invalides portaient l'habit bleu avec parements et doublure rouges ; la veste, la culotte et les bas �taient blancs; les boutons d'�tain. (Collection Saugeon, vol. 42, pi�ces 26, 27 et 71.)- Cf. et rectifier A. BENOIT, La premi�re garnison fran�aise � Lun�ville, dans Lun�ville et ses environs. Lun�ville, s.d., in-8; pp. 45 et sq.
(5). C'est ce que porte un m�moire du 14 f�vrier 1740, soumis � Louis XV. - Lettre de La Galaizi�re au marquis de Breteuil, 25 f�vrier 1740.
(6). Le v�ritable titre sous lequel ce r�giment fut cr�� est Gardes de Lorraine. Mais l'usage lui substitua peu � peu, par analogie avec les Gardes fran�aises, celui de Gardes lorraines, qui finit par figurer dans les documents officiels eux-m�mes.
L'ordonnance du 6 avril 1740 avait �tabli ce corps � un seul bataillon de 17 compagnies de 30 hommes, dont une de grenadiers, et avec pr�v�t�. Le cadre comprenait : 17 capitaines, 17 lieutenants, 2 enseignes, 2 lieutenants en second, 1 major et 1 aide-major- L'ordonnance du 15 mai suivant, sign�e � Marly, porte r�glement sur le traitement- Le r�giment fut form� � Saint-Nicolas, et l'on commen�a � habiller les hommes en janvier 1741. Le 8 mars, le mar�chal ile Belle-Isle les passe en revue � la Malgrange. Gardes de Lorraine �tait enti�rement sur le pied des autres r�giments d'infanterie fran�aise; aussi l'ordonnance du 15 mai 1741, augmentant ceux-ci de 40 hommes par compagnie de fusiliers et de 45 par compagnie de grenadiers, lui fut-elle appliqu�e. En 1744 (ord. du 20 mars), le r�giment fut port� � deux bataillons par l'annexion de celui de Perche, de m�me effectif. Le colonel de ce dernier, M. de Livry, �tait dispos� � quitter le service. Stanislas lui remboursa le prix de son r�giment et d�pensa pour cette union 40 000 livres. Gardes lorraines prit alors le rang de Perche, qui comptait de longs �tats de service et tirait son origine du r�giment pi�montais de Carignan, cr�� en 1644. Une ordonnance dat�e de Metz, 1er septembre 1744, conserve l'�tat-major des Gardes de Lorraine, supprime celui de Perche et donne le drapeau blanc � la compagnie colonelle du plus ancien r�giment. La jonction des deux bataillons se fil � Aix-en-Provence, durant l'hiver. L'ordonnance du 10 d�cembre 1747 prescrira la lev�e d'un troisi�me bataillon, supprim� d'ailleurs d�s 24 d�cembre 1748.
L'uniforme fut d'abord jaune � parements noirs, couleurs de la maison de Stanislas. En 1755, cc fut le justaucorps bleu, avec veste, culotte et doublure blanches, puis �galement bleues en 1759, et � nouveau blanches apr�s 1762. Les tambours rest�rent � la livr�e du roi de Pologne. Le drapeau d'ordonnance, portant une croix blanche, montrait deux quartiers jaunes et deux quartiers noirs oppos�s, une couronne ducale au centre de la croix et cinq al�rions noirs dans chaque branche.
Le prince de Beauvau fut le premier colonel des Gardes lorraines. Il d�missionna en 1760, et sa charge fut donn�e, le 14 septembre, � son neveu par alliance Louis-Bruno de Boisgelin, comte de Cuc�. Stanislas avait tenu � ce que le comte de Moncan, commandant ses compagnies d'invalides, f�t colonel en second. Cet officier se retira en 1746 et fut remplac� par le chevalier de Beauvau, fr�re du prince. Le chevalier quitta � son tour le service, la m�me ann�e que son a�n�. Parmi les officiers du r�giment � sa formation, il faut signaler deux des fr�res du chancelier- intendant La Galaizi�re, tous deux pr�c�demment capitaines au r�giment d'infanterie d'Enghien : Fran�ois- Albert de Chaumont Mareil, fait lieutenant-colonel, et qui devint colonel de Royal-Lorraine en 1744; Philippe de Chaumont de Rivray, nomm� capitaine des grenadiers, et qui sera, lui aussi, colonel de Royal-Lorraine, au r�tablissement de ce r�giment en 1757. Ajoutons que Saint-Lambert, l'auteur des Saisons, servit aux Gardes lorraines en qualit� de lieutenant, puis de capitaine.
A la mort de Stanislas, le r�giment perdit ses privil�ges, son uniforme et son nom. L'ordonnance du 28 mars 1766 le classe � son rang dans l'infanterie, sous le titre de Lorraine, port� ant�rieurement par un autre corps. Apr�s des garnisons successives, presque toutes loin de la province que rappelait sa d�nomination, il �tait, en 1791, � Bayeux, lorsqu'il devint simplement le 47e r�giment d'infanterie.
Pour d'autres d�tails on peut voir : G�n�ral SUSANE, Histoire de l'infanterie fran�aise. Paris, 1876, 5 vol. in-18; IV, pp. 126- 134. - G�n�ral PAJOL, Les Guerres sous Louis XV. Paris, 1881-1891, 7 vol. in-8�; VII, pp. 139-141.- G�n�ral VANSON, L'Infanterie lorraine sous Louis XV. I. R�giment des Gardes lorraines [seule partie parue]. Paris, 1896, in-8�; tirage � part du Carnet de la Sabretache. - En ce qui concerne l'uniforme, on trouvera, en t�te du travail pr�cit� du g�n�ral Vanson, la reproduction d'un tableau repr�sentant deux officiers des Gardes lorraines vers 1762. - Henry GANIER Costumes des r�giments et des milices recrut�s dans les anciennes provinces d'Alsace et de la Sarre ... et le duch� de Lorraine, pendant les XVIIe et XVIIIe si�cles. �pinal, 1882, in-fol.; pl. XII, fig. 2, aquarelle repr�sentant le porte-drapeau et le drapeau d'ordonnance. Pour ce qui est des milices lorraines, ne consulter cet ouvrage qu'avec une extr�me r�serve.
(7). Malgr� l'aridit� de cette nomenclature, il est int�ressant de mentionner, autant que les documents le permettent, les s�jours � Lun�ville et les absences loin de la r�sidence ducale, du bataillon des Gardes lorraines affect� � la personne de Stanislas. On verra combien peu les intentions du Duc-roi furent remplies, et l'on pourra ainsi retrouver quelle sorte de garde � pied eut alternativement le prince.
Les bas officiers reprirent leur service au ch�teau d�s l'automne de 1742, tandis que les Gardes lorraines allaient hiverner et s'exercer � Strasbourg, avant de passer pour la premi�re fois le Rhin le 20 mai 1743. Ce r�giment rentre � Lun�ville le 31 octobre, et rel�ve les invalides le 2 novembre. Mais il en repart le 10 avril 1744 pour l'Italie, et ce n'est, cette fois, que le 1er janvier 1749 que deux d�tachements, de 120 hommes chacun, viendront relever les compagnies d'Autane, de Larzilli�re et de Bruchet, envoy�es le lendemain, les deux premi�res � Arras, la troisi�me au fort du Griffon, pr�s de Besan�on. - 11 novembre 1749. Le 1er bataillon des Gardes lorraines arrive � Lun�ville ; le 2e � Metz. - 6 septembre 1750. Le 2e bataillon vient de Metz � Lun�ville ; le 1er part le 7 pour Metz. - 8 novembre 1750. Le 2e bataillon part de Lun�ville pour Montm�dy, o� le 1er se rend �galement. On ne laisse pour la garde de Stanislas que 150 hommes tir�s de ces deux bataillons. - Lors de la guerre de Sept ans, ce faible continuent lui-m�me est rappel� et part, le 5 mars 1757, pour rejoindre � Metz le r�giment, affect� � l'arm�e du Bas-Rhin. La veille, quatre compagnies de Royal-Roussillon sont venues le remplacer. Relev�es le 8 octobre 1758 par un d�tachement des Gardes de Lorraine, celles-ci reparaissent au ch�teau le 18 mars 1759. Le r�giment lorrain est en marche vers la Normandie, o� il se distingue, l'ann�e suivante, au bombardement du Havre par les Anglais. Le 15 ao�t 1759, on revoit � Lun�ville les bas officiers invalides, dont deux compagnies rel�vent, ce m�me jour, quatre nouvelles compagnies du 2e bataillon de Royal-Roussillon. Ils restent aupr�s de Stanislas jusqu'au 1er septembre 1763, �poque o� ils vont au fort Barraux (Dauphin�). Rentr�s dans les Duch�s en 1762, apr�s avoir encore servi en Allemagne, les soldats du r�giment des Gardes lorraines ont �t�, en effet, envoy�s en garnison � Bitche, et ce n'est que le 31 ao�t 1763 que le 1er bataillon a rejoint Lun�ville, tandis que le 2e, affect� � la place de Metz, retourne presque aussit�t � Bitche. Enfin, en novembre 1764, le r�giment tout entier est r�uni � Lun�ville; les bataillons ne s'�loignent plus que temporairement, pour Nancy ou les r�sidences princi�res de Commercy et de la Malgrange. Mais, le 23 f�vrier 1766, Stanislas mourait, et, d�s le 31 mars, les Gardes lorraines s'�loignaient pour jamais des rives de la Vezouse, � destination de Brian�on.
(8). Collection Saugeon, vol. 43, pi�ce 41.
(9). Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 296.
(10). Le tirage au sort se faisait entre c�libataires de dix-huit � trente ans. La dur�e du service �tait de six ann�es. - V. �dit du 24 novembre 1720 (Recueil des ordonnances de Lorraine, II, 428) ; �dit du 12 avril 1721 (ibid., If, {58); arr�t du Conseil d'�tat du 12 d�cembre 1720 (ibid., III, 453); ordonnance du 2 janvier 1726 (ibid., III, 140). - BAUMONT, �tudes sur le r�gne de L�opold, duc de Lorraine et de Bar (1697-1729). Paris, 1894, in-8�; p. 516.
(11). Sous Henri II, chaque ville ou village devait fournir, par dix habitants, un homme capable de porter les armes, et munir � ses frais ces soldats de � mousquets ou picques et corcelets �. L'obligation du service ne d�passait pas trois ans. - Cf. l'ordonnance des 4 et 5 d�cembre 1615 : Forme que Son Altesse veult et ordonne estre suivie et effectu�e pour l'establissement d'une milice en ses duch�s de Lorraine et Barrois et terres y enclav�es. Nancy, Jacob Garnich, 1616, in-4�. Lettre-circulaire du Duc, du 23 avril 1617, � � la noblesse et milice de Lorraine de se tenir arm�es, mont�es et pr�tes de servir au premier commandement �. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B, 845, nos 118 et 124.) - V. aussi H. LEPAGE, Sur l'organisation et les institutions militaires de la Lorraine. Paris, 1884, in-8�; pp. 34 et sq., 39 et sq. Dans cette �tude, Lepage laisse � dessein de c�t� ce qui fait pr�cis�ment l'objet de notre travail : les milices lev�es sous Stanislas pour le compte de la France.
(12) � Ayant r�solu de faire mettre sur pied dans les pays de Lorraine et Barrois et des �v�ch�s de Metz, Toul et Verdun, un r�giment d'infanterie de milice de quinze compagnies, outre celui de vingt compagnies que j'y ai d�j� fait lever, je vous �cris cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous choisissiez incessamment dans ledit pays les officiers que vous jugerez �tre les plus capables pour bien remplir les charges des compagnies dudit r�giment et celles de colonel, major et aide-major d'icelui, et que vous teniez la main � ce que les paroisses qui devront fournir les soldats dont lesdites compagnies seront compos�es, suivant ce qui est port� par mon r�glement du 29 novembre 1688, y satisfassent sans retardement. Et me remettant � mondit r�glement, aux ordonnances que j'ai fait exp�dier en cons�quence, et � ce qui est port� par la d�p�che que je vous ai fait exp�dier pour la lev�e dudit r�giment de vingt compagnies, et � ce que je pourrais ajouter � la pr�sente, je ne vous la ferai plus longue que pour prier Dieu, etc. (Louis XIV au comte de Bissy, 28 septembre 1692.)[Collection Saugeon, vol. 28, pi�ce 28.] - Le r�glement du 29 septembre 1688 auquel renvoie le roi, �uvre de Louvois, est le v�ritable acte de cr�ation des milices provinciales, lev�es par le sort � partir de l'ordonnance du 23 d�cembre 1688. Sur leur organisation � ce moment, voir GEBELIN, op. cit., pp. 33-51. La compagnie �tait de 50 hommes, lorsqu'une circulaire du 12 d�cembre 1692 la porta � 60. Le contingent impos� aux deux provinces, r�unies en un m�me gouvernement, fut donc finalement de 2 100 hommes, sur lesquels il ne nous a pas �t� possible d'�tablir la part contributive de la Lorraine seule.
(13). � Vous savez que les bataillons, tels qu'ils sont r�gl�s par l'ordonnance du 20 novembre 1736, sont de 600 hommes. Le Roi compte que la Lorraine peut en fournir au moins six, compos�s chacun de ce nombre. Vous aurez agr�able d'en pr�venir le roi de Pologne et de l'engager � trouver bon que les dispositions soient faites sur ce pied. � Breteuil � La Galaizi�re, 10 ao�t 1741, lit. cit. Ordonnance de Stanislas du 21 octobre 1741, j. cit.
(14). Ordonnance de Monseigneur le Chancelier, Commissaire d�parti dans les Etats de Lorraine et Barrois, concernant la milice. (Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 300.)
(15). Journal de Durival.
(16). � Au surplus, avait �crit le secr�taire d'�tat de la Guerre � La Galaizi�re, le Roi prend sur son compte les appointements et la solde des officiers et soldats, soit pendant les assembl�es ordinaires et lorsqu'il sera question d'en faire usage pour la garde des places ou de les faire marcher sur les fronti�res. C'est une d�pense que Sa Majest� veut bien �pargner � la Lorraine. � (Lit. cit.)
(17). Journal de Durival.
(18). Le comte de Croix se d�mit de son r�giment de milice le 4 avril 174. Le comte de Montureux, qui le rempla�a, �tait capitaine de la compagnie de Nancy des Gardes lorraines.
(19). C'est Amable-Gaspard vicomte de Thianges que le mar�chal de Saxe d�p�cha, le 2 juillet 1747, du champ de bataille de Lawfeld, � Stanislas, pour lui rendre compte de la victoire remport�e sur le duc de Cumberland. M. de Thianges arriva � Einville, o� �tait le prince, le 5 juillet. - Cf. DURIVAL, Description de la Lorraine et du Barrois, I, 149.
(20). Rectifier ainsi Gal SUSANE, op. cit., V, 364; GANIER, op. cit., pp. 109-110.
(21). Le bataillon de Bar partit le 6 juin; celui d'�tain, le 9; celui de Nancy, le 14; celui d'�pinal, le 19; celui de Neufch�teau, le 22; et celui de Sarreguemines, le 27. (Journal de Durival.)
(22)- Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 3.
(23). Journal de Durival.
(24). L'approbation, toute de forme, fut donn�e par Stanislas le 31 janvier, c'est-�-dire presque simultan�ment.
(25). Ces nouveaux miliciens furent assembl�s � Nancy, le 11 mai; ils en partirent les 13 et 14 pour leurs garnisons.
(26). Ordonnance de Louis XV, dat�e de Versailles, 1er avril 1745.
(27). Les bataillons �taient arriv�s � Nancy du 31 mars au 4 avril. - Ce m�me jour, 8 avril, on publia que les soldats de Royal Lorraine qui voudraient retourner dans la milice, �taient libres de sortir des rangs. Il n'y en eut finalement que 35 qui profit�rent de cette permission. D'autre part, une lettre de d'Argenson, le nouveau secr�taire d'Etat de la Guerre, ayant fait appel, le 10 avril, aux miliciens de bonne volont�, pour servir dans les troupes r�gl�es, en remplacement des recrues trop faibles qui permuteraient avec eux, 69 hommes de la milice lorraine prirent ce parti. Cf. Journal de Durival, 8 avril, 11 et 14 mai.
(28). Journal du libraire J.-F Nicolas. �dit. Pister, Nancy, 1900, in-8�; p. 165. - Le Journal de Durival nous apprend que les 1er et 2e bataillons de Royal-Lorraine arriv�rent le 7 mai, � midi, � Lun�ville, et camp�rent dans la prairie. Le 3e bataillon arriva le 9, et le 1er se mit en marche. Les deux autres le suivirent le 11.
Chacun de ces bataillons comprenait 9 compagnies, dont 1 de grenadiers � 50 hommes, et 8 de fusiliers � 75 hommes. Le r�giment avait grand �tat-major : colonel, lieutenant- colonel, 2 commandants de bataillon, major, 3 aides-majors, mar�chal des logis, aum�nier, chirurgien, pr�v�t, lieutenant de pr�v�t, greffier, 5 archers et l'ex�cuteur. Il ne lui �tait donn� ni ustensiles, ni fourrage ; ni m�me argent de recrues, compl�t� qu'il devait �tre r�guli�rement par celles des bataillons de milice lorraine. Le roi de France accordait seulement des feuilles de route avec �tapes, pour le voyage de ces hommes de remplacement. L'uniforme impos� par l'ordonnance de cr�ation �tait jaune avec parements noirs. Ce fut ensuite l'habit gris-blanc avec parements jaunes; boutons et galons d'argent. Drapeau d'ordonnance : jaune et noir par opposition, avec croix blanche, soit le drapeau des Gardes de Lorraine moins la couronne et les al�rions. V. H. GANIER, op. cit., pl. XII, fig. 6 (porte-drapeau et drapeau d'ordonnance), et pl. XIV, fig. 4 (grenadier, tenue de la cr�ation).
(29). Journal de Du rival. Journal da libraire Nicolas; �dit. cit., p. 155.
(30). Journal de Durival, 7 mai 1741.
(31). Breteuil � La Galaizi�re, lettre du 10 ao�t 1741, j. cit. - M�moire remis � Louis XV, le 1er septembre 1749 ; cit� par le Gal VANSON, op. cit., pp. 3-4. - DURIVAL a pris soin d'ins�rer dans son Journal l'�tat nominatif des cadres des r�giments de milice lorraine, tels qu'ils �taient compos�s � la cr�ation, puis au d�part des bataillons en 1742, aux assembl�es de 1750 et de 1751.
(32). Passage d'un fragment sans titre de ses �uvres in�dites. (Manuscrit n� 630 de la Biblioth�que publique de Nancy, pi�ce 13.)
(33). Journal de Durival.
(34). Ibidem.
(35). Avec grand �tat-major et sur le m�me pied que Royal-Lorraine. L'uniforme de cr�ation �tait identique. - Colonel : Louis-Marie Fouquet, comte de Gisors.
(36). Ordonnance de Louis XV; Fontainebleau, 1er novembre 1744. - Ordonnance de Stanislas, du 27 d�cembre 1745.
(37). Journal de Durival. L'ann�e pr�c�dente, les 549 soldats de remplacement avaient �t� assembl�s � Nancy, le 11 mai. Ils en �taient partis le 12 : 203 pour Polignac, 165 pour Montureux, et 181 pour Ligniville. L'ordonnance du 17 avril 1745 avait de plus prescrit une lev�e de 55 hommes dans la principaut� de Commercy, o� la duchesse douairi�re de Lorraine, �lisabeth-Charlotte d'Orl�ans, �tait morte le 23 d�cembre 1744. Ces 55 hommes furent distribu�s dans les trois bataillons de Polignac. - En 1747, 1363 miliciens sont r�unis � Nancy le 11 avril. Les hommes de remplacement de Thianges parlent le 12 ; ceux de Polignac et de Montureux, le 13; les 68 hommes destin�s � Royal-Barrois et les 12 r�serv�s pour Royal-Lorraine, le 14.
(38). Journal de Durival, 8 d�cembre 1746.
(39). Ibidem.
(40). Ordonnance de Louis XV, dat�e du camp de Hamal, 10 d�cembre 1747.
(41) D'Argenson � La Galaizi�re, 3 mars 1748. Lettre cit�e par DURIVAL, Journal.
(42). Ces miliciens quitt�rent Nancy du 27 au 28 du m�me mois (Journal de Durival).
(43). 1062 hommes �taient partis, les 27, 29 et 30 mars pour Thianges; 482 pour Montureux; et 801 pour Polignac. - Cf. ibidem, 30 mars 1748.
(44). Recueil des ordonnances de Lorraine, VII, 257. - Journal de Durival.
Les bataillons supprim�s �taient : Saint-Mihiel, pour Polignac; Dieuze, pour Montureux ; Epinal, quoique plus ancien que Mirecourt, pour Thianges.
(45). Ordonnance du 10 f�vrier 1749.
(46). Ordonnances du 31 d�cembre 1748 (Royal-Lorraine) et du 1er janvier 1749 (Royal-Barrois).
DURIVAL note dans son Journal, en date du 21 d�cembre 1748: � Ayant eu ce soir occasion de parler au roi de Pologne, il m'a dit : � J'ai un grand chagrin, mon cher Durival, le r�giment de ce pauvre Mareil est supprim�. � Le lendemain, le secr�taire de l'Intendant ajoute : � Et M. de Mareil est parti aujourd'hui 22, en poste, pour Paris. �
(47). Rappelons que l'ordonnance fran�aise du 15 septembre 1744 avait �tabli une compagnie de grenadiers, les grenadiers royaux, dans chaque bataillon de milice. Au commencement d'une campagne, ces compagnies �taient d�tach�es et r�unies en sept r�giments sp�ciaux, portant le nom de leur colonel. L'ordonnance du 28 janvier 1746 avait de plus cr�� une seconde compagnie de grenadiers par bataillon, les grenadiers postiches, qui fournissaient des hommes aux grenadiers royaux et se recrutaient eux-m�mes parmi les fusiliers.
(48). Ce r�giment, dont le nom est rest� populaire, �tait de nouvelle cr�ation (15 f�vrier 1749). Destin� tout d'abord � r�unir les 48 compagnies de grenadiers des bataillons supprim�s � la paix, il sera licenci� an Havre le 4 ao�t 1771.
(49) Ordonnance du roi concernant les compagnies de grenadiers des r�giments de Royal-Lorraine et de Royal-Barrois, qui sont dans le r�giment des Grenadiers de France (3 ao�t 1749).
(50). Journal de Durival. - Ordonnance du 31 janvier 1750 (Recueil des ordonnances de Lorraine, VIII, 120); ordonnance du 5 f�vrier 1754 (ibid., IX, 107); ordonnance du 22 janvier 1755 (ibid., IX, 183). D'autres ordonnances, imprim�es s�par�ment, ne figurent pas au Recueil, telles celles du 6 f�vrier 1751 et du 26 janvier 1753.
(51). En 1760, Polignac s'assemble � Bar, les 14 et 15 avril. On laisse le 1er bataillon � 498 hommes; le 2e � 582. Mirecourt est r�uni, dans la ville de ce nom, du 17 au 18 avril. Le r�giment se trouve au complet � 1000 hommes. Montureux est assembl� � Nancy, du 21 au 22 avril. Il est aussi � 1000 hommes. Tous trois restent neuf jours sous les armes.- En 1751, Polignac et Mirecourt sont assembl�s � Nancy, les 11 et 12 mai ; Polignac se trouve � 964 hommes, et Mirecourt � 957. Ils vont s'exercer � Rosi�res -aux-Salines. Montureux, �galement r�uni dans la capitale, le 20 mai, est � 944 hommes, et va manoeuvrer � Saint-Nicolas. (Journal de Durival.)
(52). L'ordonnance du 1er mars 1750 avait, en effet, reconstitu� les bataillons de grenadiers royaux dissous par celle du 6 ao�t 1748, et, par la r�union de 107 compagnies, avait port� � onze le nombre de leurs r�giments. Chabrillant �tait un des sept d'ancienne cr�ation. Longaunay � l'origine, il �tait devenu Beauteville en 1745, Chabrillant en 1746 ; il se nommera Mirom�nil en 1762.
En 1751, la revue du r�giment de Chabrillant fut pass�e � Nancy, par Chevert, le 21 mai; les hommes rendirent les armes le 20 juin, apr�s que 21 d'entre eux: eurent �t� d�sign�s pour les Grenadiers de France. (Journal de Durival.)
(53). Recueil des ordonnances de Lorraine, IX, 314.
(54). Journal de Durival.
(55). Le 2e bataillon de Mirecourt, devenu Royal-Barrois, re�ut son habillement neuf � Rosi�res le 20 avril, et alla aussit�t prendre garnison � Nancy. Le 25 juin, le 1er bataillon, d�sormais Royal-Lorraine, fut habill� � la Malgrange. Le 19, les deux r�giments partirent pour l'arm�e du Haut-Rhin. (Journal de Durival.)
Les 685 soldats de chacun de ces r�giments �taient divis�s en 9 compagnies, dont 1 de grenadiers � 45 hommes et 8 de fusiliers � 80 hommes. Le nouvel uniforme de Royal-Lorraine �tait l'habit blanc, avec collet et revers noirs; boutons et galons jaunes ; doubles poches en long, � trois boutons ; trois boutons sur les manches- Royal-Barrois eut l'habit blanc, la veste rouge, le collet jaune et les revers noirs, avec boutons jaunes. Il prit ensuite le m�me costume que Royal-Lorraine, avec cette diff�rence que les parements �taient jaunes, le collet noir et les boutons blancs. Voir dans GANIER, op. cit., pl. XIII, fig. 7, un officier de Royal-Barrois.
Le 18 mai, la plupart des officiers qui restaient des r�giments r�form�s en 1748-1749, avaient pris le commandement des compagnies, � la place des officiers de milice. M. de Rivray, lieutenant-colonel de l'ancien Royal-Lorraine, fut re�u, � Saint-Nicolas, colonel du nouveau r�giment de ce nom, donn� en 1761 au chevalier du Hautoy. Le m�me jour, � Nancy, le comte de Bassompierre �tait re�u colonel de Royal-Barrois. Il mourut de la petite v�role, � l'arm�e de Soubise, d�s le 22 octobre suivant, et fut remplac�, le 29 novembre, par le marquis L�opold-Cl�ment, son p�re. Royal-Barrois sera enfin accord� en 1759 au marquis de Langeron. Rectifier et pr�ciser ainsi Gal SUSANE, op. cit., V, pp. 365 et 368.
(56). Les deux premi�res compagnies en avaient �t� d�tach�es pour les besoins du service.
(57). Recueil des ordonnances de Lorraine, IX, 385.- Les assembl�es des hommes de nouvelle lev�e et de remplacement se firent � Nancy. De ces 850 miliciens, 310 hommes partent, le 18 mars, pour rejoindre le r�giment de Montureux; 250, le 5 avril, pour celui de Polignac. 150 sont r�serv�s comme recrues pour Royal-Lorraine et 140 pour Royal-Barrois. (Journal de Durival.)
(58). Ordonnance du 7 octobre 1748. (Recueil des ordonnances de Lorraine, IX, 414.)
(59). L'intendant les assembla � Lun�ville, du 7 au 10 novembre, devant l'h�tel de Craon (rue de Lorraine). 532 partent pour Polignac, le 9; 474 pour Montureux, le 10. 160 hommes ayant �t� choisis pour Royal-Barrois et 122 pour Royal-Lorraine, furent provisoirement renvoy�s dans leurs foyers. Convoqu�s et r�unis � Nancy, au faubourg de Bon-Secours, le 3 f�vrier 1759, ils gagn�rent alors leurs r�giments. - DURIVAL nous apprend dans son Journal qu'aucun des 109 miliciens du bataillon de Nancy n'avait de bon gr� consenti � aller compl�ter Royal-Lorraine : � C'�tait un complot fait entre eux pour ne point se s�parer, et servir sous M. de Montureux qui est de Nancy. �
(60). Journal de Durival.- Le 10 juillet pr�c�dent, on avait d�j� fait partir de Lun�ville 110 miliciens.
(61). Ordonnance du roi concernant le r�giment de Montureux des milices de Lorraine; de Versailles, 1er septembre 1759. - Ordonnance du roi concernant le r�giment de Polignac des milices de Lorraine; de Versailles, 25 octobre 1759. (Collection Saugeon, vol. 49, pi�ces 48 et 58.)
(62). Ordonnance du roi concernant les recrues que S. M. fait faire pour compl�ter ses troupes (du 15 juillet 1760).
(63). Recueil des ordonnances de Lorraine, X, 95.
(64). Journal de Durival, o� nous relevons encore les indications suivantes : � 22 d�cembre 1759. M. l'Intendant va � Nancy et en fait partir pour Metz 143 hommes de recrues. - 11 janvier 1760. Il part de Nancy pour Metz 40 hommes de recrues faites par M. l'Intendant. - 15 janvier 1761. Il part 26 recrues de la subd�l�gation de Nancy. Elles doivent dans quelques jours se rendre � Strasbourg. �
(65). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234.
(66). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 435.
(67). Cf. Journal de Durival, 1er et 2 octobre.
(68). Ordonnance du 25 novembre 1766.
(69) Avec ceux de Lyon, de Sens, de Blois, d'Aix, et celui de la ville de Paris.
(70). Ordonnance du roi pour r�former le r�giment de recrues de Nancy (du 15 ao�t 1767). [Collection Saugeon, vol. 54, pi�ce 31.] - Dans l'intervalle, le r�giment de Paris avait �t� r�form�, le 7 avril; les quatre autres ne le seront qu'� dater du 30 mai 1768.
(71). Du 1er octobre 1763 au 1er octobre 1764, 175 recrues sont admises � Rosi�res; 161, du 1er octobre 1764 au 1er octobre 1765 ; 83, durant les douze mois suivants. - Voici, comme exemple, le mouvement des recrues du R�giment de Nancy pour l'exercice 1764-1765. Au 1er octobre 1764, il reste au d�p�t 34 fusiliers des lev�es de 1763-1764. Pendant le quartier d'octobre, y arrivent 89 enr�l�s; 42, pendant celui de janvier 1765; 21, pour celui d'avril; et 9 seulement, pour celui de juillet. Soit un total de 195 fusiliers, desquels il faut distraire 12 d�serteurs, 1 mort, 1 homme cong�di�, et 16 promus au grade d'appoint�s. Des 165 autres : 7 quittent Rosi�res pour le corps des Grenadiers de France; 16, pour le r�giment de dragons de Schomberg; 1, pour celui de cavalerie d'Orl�ans ; 5, pour celui de cavalerie de Chartres ; 6, pour les Gardes fran�aises; 20,.pour le r�giment d'infanterie de Navarre ; et 100, pour celui d'Aquitaine. Finalement, l'effectif est r�duit � 10 fusiliers. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234.)
(72). Archives nationales, K, 1184.
(73). Ordonnance fran�aise du 6 ao�t 1748.- Cf. [STEMER], Trait� du d�partement de Metz. Metz, 1756, in-4�; pp. 3-4.
(74) Ordonnance du roi concernant les trois r�giments de milice de Lorraine et de Bar; de Fontainebleau, 1er novembre 1745. - Ordonnance de Stanislas, du 27 d�cembre 1745.
(75). Ordonnance du 18 novembre 1748. (Recueil des ordonnances de Lorraine, VII, 257.)
(76). D'apr�s GANIER (op. cit., p, 12), cet uniforme aurait d'abord rappel� le fond d'habit en usage sous les anciens Ducs, et, jusqu'en 1748, c'e�t �t� le justaucorps jaune, avec retroussis et revers noirs. De m�me,-Gal PAJOL, op. cit., VII, 545. - En sens contraire, voir l'article XI de l'ordonnance du 21 octobre 1741.
(77). En temps d'assembl�e, le capitaine re�oit 50 sols par jour; l'aide-major, 40; le lieutenant, 20; et le sergent, 10. La solde de garnison ou de campagne est respectivement, pour les m�mes, de 3 livres, 2 livres 5 sols, 1 livre, et 11 sols. - Cp. GEBELIN, op. cit., pp. 172-173.
(78). Le r�le �tait arr�t� par l'Intendant, et 3 deniers par livre per�us en surplus pour frais de recouvrement. Les trois villes privil�gi�es elles-m�mes (Lun�ville, Nancy et Bar-le-Duc), exemples � la fois de la subvention proprement dite et des Ponts et Chauss�es, devaient participer � cette charge. - Sur ce que, dans le langage fiscal, on entendait en Lorraine par Ponts et Chauss�es, voir notre travail: Le Budget de la province de Lorraine et Barrois sous le r�gne nominal de Stanislas (1737- 1766). Nancy, 1896, in-8�; pp. 14 et sq.
(79). � Je crois qu'il n'est pas n�cessaire de vous dire que c'est � la Lorraine � faire les frais de sa milice. Ils consistent dans l'habillement, l'�quipement particulier et l'armement que doivent fournir les communaut�s � chacun de leurs miliciens. Je joins ici un �tat de l'habillement et de l'�quipement dont il convient de faire mention dans l'ordonnance. Je m'en rapporte � ce que vous croirez devoir faire pour les mesures � prendre � l'effet de la prompte fourniture de l'habillement et du payement de la d�pense ..... L'intention de S. M. est aussi de faire d�livrer la partie de l'armement qui consiste dans le fusil et la bayonnette, c'est-�-dire que S. M. fournira ces armes aux milices de la Lorraine, comme elle fait � ses autres troupes, et le remboursement lui en sera fait sur le produit de l'imposition que vous jugerez � propos de faire avec les autres d�penses. Celle-ci montera, � raison de 13 livres 15 sols chaque arme, � la somme de 47 025 livres pour les six bataillons ... � (Breteuil � La Galaizi�re, lettre du 10 ao�t 1741, j. cit.)
(80). Ordonnance du 28 octobre 1741.
(81). Ordonnances des 21 et 28 octobre 1741, articles XIII et IV.
(82). Le premier tr�sorier de la milice fut le sieur Gu�rin; en 1744, c'�tait M. de Saint-Hubert (d�c�d� le 24 mai 1745); puis M. Lallement; et, en 1763, M. Rolland, qualifi� �galement de tr�sorier provincial de l'extraordinaire des guerres.
(83). La Biblioth�que publique de Rouen poss�de, en original, l'int�ressante lettre suivante, relative � l'armement des premiers miliciens lorrains:� Monsieur, j'ai re�u l'ordre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser par votre lettre du 21 de ce mois, pour faire prendre au magasin de Metz 144 hallebardes et 3384 fusils, avec leurs bayonnettes, pour armer nos six bataillons de milice. J'en vais faire usage pour ce qui concerne les fusils et bayonnettes; � l'�gard des hallebardes, j'en ai pass� un trait� particulier, et je m'y suis d�termin� sur ce que, par la lettre que vous me f�tes l'honneur de m'�crire le 10 ao�t de l'ann�e derni�re, le roi ne devait faire d�livrer que les fusils et les bayonnettes, fix�s ensemble � 13 livres 15 sols. Ainsi j'�cris aujourd'hui � M. Gu�rin de ne point faire faire les radoubs dont les hallebardes qui sont au magasin de Metz pourraient avoir besoin. Du reste, vous pouvez compter que je prendrai les mesures les plus justes pour faire transporter ces armes dans les lieux d'assembl�e, avec toutes les pr�cautions convenables pour emp�cher qu'elles ne soient endommag�es. � (La Galaizi�re au marquis de Breteuil, de Lun�ville 26 f�vrier 1742.) [Recueil ms. no 3345 (5826), 1re partie.]
(84). Le 17 mars 1754, le subd�l�gu� de Neufch�teau �crit � l'Intendant. : � Comme j'�tais inform� que bien des miliciens, au retour de la derni�re assembl�e, n'avaient point remis leurs chapeaux aux syndics, je ne leur ni d�livr� aucun cong� qu'en me rapportant certificat de cette remise. � (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 253.)
(85). L'�tat des exemptions du 14 janvier 1775 pr�cisera que les gar�ons n�s dans le Royaume d'un p�re �tranger qui s'y est �tabli, doivent invariablement tirer au sort.
(86). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 231.
(87). On est bien loin, comme on le voit, des 2000 hommes que GANIER (op. cit., p. 109) fait lever, cette m�me ann�e, dans les trois villes. - Les 100 miliciens de Nancy tir�rent les 2, 3 et 5 mars. Le 4 mai, on proc�da au remplacement de ceux qui n'�taient pas en �tat de servir. Cf. Journal du libraire Nicolas; �dit. cit., p. 165.
(88). Journal de Durival, 1er avril.
(89). Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 300.
(90). La superficie � laquelle s'�valuait le labourage d'une charrue variait suivant l'usage des lieux et la nature des terres. En l'esp�ce, cette appr�ciation �tait d'ordinaire laiss�e aux subd�l�gu�s-
(91). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 238.
(92). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 232.
(93). DURIVAL, Description de la Lorraine et du Barrois, I, 232. - ABB� GR�GOIRE, Promenade dans les Vosges; �dit. A. Benoit, dans les Annales de la Soci�t� d'�mulation du d�partement des Vosges, t. LXXI, ann�e 1895; pp. 271-272.- Cette exemption n'aurait-elle pas �t� maintenue ? C'est ce que donnerait � supposer un passage de DOM TAILLY nous apprenant � que les messieurs Fleurot �tant dans le cas de tirer au sort, les miliciables [du Val] ne voulurent pas le permettre. Ils les firent sortir des rangs, et s'offrirent de grand c�ur � tirer pour eux et de les exempter � jamais, de crainte, disaient-ils, de les perdre et de priver la province et tout le pays de gens si utiles et si n�cessaires � l'humanit� souffrante. � - � Ce trait n'est-il pas bien beau ? ajoute le voyageur qui, fort probablement, comprit mal et fait confusion. Voir lettres vosgiennes ou lettres �crites de Plombi�res par M. le chevalier de *** Me la marquise de *** en Bretagne. Li�ge, 1789, in-8�; pp. 105-106.
(94). Ordonnance de Monseigneur le Chancelier sur les exemptions. (Recueil des ordonnances de Lorraine, LX, 191-)
(95). Darney, 4 f�vrier 1756. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 261.)
(96). Encyclop�die ou dictionnaire raisonn� des sciences, des arts et des m�tiers, t. LX, v� Lev�e, p. 441.- Cf. Encyclop�die m�thodique ; Art militaire, III [1787], pp. 187-188.
Jean DURIVAL, fr�re cadet de Nicolas, entr� dans les bureaux de l'Intendance de Lorraine en 1742, y devint, en 1759, l'un des deux premiers secr�taires, et avait tout sp�cialement dans ses attributions les � d�tails militaires �. C'est m�me sous ce titre de D�tails militaires qu'il r�unit et remania, dans un opuscule paru en 1758 (s. 1., pet. in-8� de 127 p. ; quelques exemplaires avec un titre post�rieurement modifi� et portant comme indications : Lun�ville, Messuy, MDCCLVIII) plusieurs articles �crits pour l'Encyclop�die et relatifs � la lev�e des troupes, � l'armement et � l'habillement, aux fuyards, aux grenadiers, � la r�forme. Ainsi qu'on peut s'y attendre, le passage que nous avons transcrit, �tant � l'�loge du chef, a �t� complaisamment d�velopp� dans cette �dition. On y pr�cise que la province en question est la Lorraine et que l'ordonnance bienfaisante est due � M. de La Galaizi�re (cf. pp. 59-82).
Bient�t secr�taire du cabinet de Stanislas ( 1759), greffier des Conseils d'Etat et des finances (1760), l'un des commissaires des guerres en Lorraine (1761) et charg�, en cette qualit�, de la surveillance des recrues, puis, en 1763, de l'organisation du R�giment de Nancy, premier secr�taire des Affaires �trang�res (1766), etc., Jean Durival a publi� aussi, entre autres �tudes, un Essai sur l'infanterie fran�aise, son discours de r�ception � l'Acad�mie de Nancy (Nancy [1760], pet. in-8� de 36 p.). A des titres divers, cet administrateur distingu� pouvait donc, non moins que son a�n�, parler en connaissance de cause des milices, et son opinion ne saurait �tre n�glig�e. Il d�plore l'immunit� dont jouissent � les valets aux personnes � , car � � la faveur d'un tel privil�ge, cette classe oisive et top nombreuse enl�ve continuellement et sans retour au travail de la terre et des arts utiles ce qu'il y a de mieux constitu� dans la jeunesse des campagnes, pour remplir les antichambres des grands et des riches �. Mais il n'est pas hostile � la milice m�me : � L'humanit� souffre beaucoup, sans doute, des moyens forc�s qu'on est oblig� d'employer pour recruter et entretenir les corps des milices ; mais ces moyens sont n�cessaires; le l�gislateur doit seulement s'occuper du soin d'en temp�rer la rigueur par tous les adoucissements possibles, et de les faire tourner au profit de la soci�t�. � Les milices sont � la puissance naturelle des �tats; ce corps a form� en tout temps un des plus fermes appuis de la monarchie �. - Le m�contentement �tait tel en Lorraine, que ces appr�ciations, parfois plut�t os�es, y furent mal accueillies. Nicolas DURIVAL consigne dans son Journal, le 17 juillet 1758, �poque, il est vrai, o� la lutte contre le Chancelier-intendant, et quiconque l'approchait, �tait pouss�e � l'extr�me : � Grand tapage � Nancy, surtout de la part des avocats, sur le livre de mon fr�re intitul� D�tails militaires, que ces messieurs regardent comme une preuve du degr� o� on veut porter le despotisme dans cette province. � Et le 18: � Mon fr�re r�pond le Lendemain � M. Drouot qui lui en avait donn� avis : J'esp�re qu'on ne me disputera pas le droit d'�crire qu'un soldat doit �tre un bon pi�ton, que les exc�s sur le fait des enr�lements doivent �tre punis, que la longueur des �p�es est r�gl�e � 24 pouces, et que Louis XIV �tablit les Invalides.
(97). Un exemple de ces groupements ne sera pas superflu. Pour la lev�e de 1750, la subd�l�gation de Lun�ville devant fournir 80 miliciens, le d�tail en est ainsi arr�t�. Pr�v�t� de Lun�ville : Lun�ville, 4; Avricourt, Saint-Martin, Belchamp et Beaupr�, 4; Giriviller, Haudonville, Verdenal et Grandseille, 4; Xermam�nil, Og�viller, Pettonville et Reclonville, 3; B�nam�nil, Serres et Athienville, 1 ; Blainville-sur-I'Eau et Charmois, 2 ; Domjevin, 5; Marainviller, Beaulieu, Roh� et Thi�baum�nil, 4; Moncel, les censes de Mondon, Hablainville, Haigneville et M�honcourt, 3; Emberm�nil et H�rim�nil, 4; Laneuveville-aux-Bois, 6; Manonviller, 2; Huviller (Jolivet) et les censes de Champel et de Froide-Fontaine, 4; Craon (Croismare) et Chanteheux, 6; Mont et Mortagne, 1 ; Rehainviller, 1. - Pr�v�t� d'Einville : Einville et Pessincourt, 1; Haraucourt-sur-Seille et la cense de la Borde, 2 ; Parroy, 2; Xousse, Arracourt et la cense de VaudrecourL, 1 ; Coincourt, Valhey et la cense de Bonneval, 2; Bauzemont, 2; Drouville, Gellenoncourt, Crion et Bures, 3 ; H�nam�nil et Mouacourt, 2 ; Bonviller et la Petite-Blainville, Bathel�mont-l�s-Bauzemont, Charmois, Deuxville, les Foucrey , Hincourt, L�omont, Maixe, Raville, la Rochelle, Saint-Pancrace, Sionviller et Vitrimont, 2. - Pr�v�t� d' Azerailles : Azerailles, Flin, Badm�nil, G�lacourt, Glonville et les censes de Valzey (Olzey), Mazelure et la Voivre, 6. - Pr�v�t� de Deneuvre: Deneuvre et Fontenoy, 2. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 235.)
(98). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 245.
(99). Cf. Journal de Durival, 21-22 avril 1766.
(100). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 20.
(101). En Lorraine comme en France, la rigueur des ordonnances recevait des temp�raments dans la pratique. Un nomm� Corroy, d'Ancerville, abandonne son bataillon assembl�. Une lettre de d' Argenson le d�clare passible des gal�res perp�tuelles. Le conseil de guerre ne le condamne, le 15 avril 1750, qu'� servir, sa vie durant, dans la milice. (Journal de Durival.)
(102). Archives de Meurthe-et-Moselle, CG, 231.
(103). Recueil des ordonnances de Lorraine, X, 95.
(104). R�glement pour la lev�e des recrues, ordonn� par le Roi dans les diff�rentes provinces du Royaume.
(105) Les casernes avaient �t� a m�nag�es dans les b�timents de la saline, supprim�e le 1er anil 1760. Voir, sur cette transformation: P. BOY�, les Salines et le sel en Lorraine au XVlIIe si�cle. Nancy, 1904, in-8�; pp. 32-36.
(106). Ordonnance fran�aise du 25 novembre 1766.- Les engagements pouvaient se faire dans tout le Royaume. Il �tait pay� 100 livres par homme. D�j�, avant cette disposition expresse, les officiers du R�giment de Nancy s'�taient occup�s, conjointement avec les subordonn�s de l'Intendant, d'assurer le recrutement. Du 1er octobre 1763 au 30 septembre 1764, on leur dut 46 recrues.
Pour tous les d�tails qui pr�c�dent, voir Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234 et 435.
(107). Les villes l'acquittaient sur les deniers d'octroi; les autres localit�s, sur leurs ressources communales. Selon le r�le de r�partition, la contribution proportionnelle de la ville de Plombi�res dans la d�pense g�n�rale pour la lev�e des recrues faites du 1er septembre 1762 a 31 mars 1763, est, par exemple, de livres 15 sols de France. (Archives communales de Plombi�res, E E.)
(108). Description de la Lorraine et du Barrois, I, 218.
(109). 8 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 263.)
(110). 6 avril 1767. (Ibid., G, 282.)
(111). 14 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 262.)
(112). D�s la lev�e qui suivit l'ordonnance du 26 janvier 1755, les subd�l�gu�s signalaient la difficult� de trouver des miliciens, en raison m�me de ces articles. Celui de Pont-�-Mousson le d�clarait � son chef le 13 mars : � Je ne doute nullement que votre ordonnance du 26 janvier dernier, si favorable � l'agriculture et aux laboureurs, n'y ait beaucoup de part. � Quatre jours plus tard, le subd�l�gu� de Neufch�teau, adressant ses proc�s-verbaux de tirage, expliquait: � Tout m'y parait fort en r�gle et vous ne devez point �tre surpris s'il y a beaucoup de d�ficits, les exemptions que vous avez accord�es aux laboureurs, � leurs enfants et � leurs domestiques, dans les cas marqu�s par votre ordonnance du 26 janvier dernier, ont occasionn� la raret� des miliciables. Je n'esp�rais moi-m�me pouvoir effectuer les tirages au point o� vous les trouverez. Mais j'ai �t� si fort en garde contre les fraudes, qu'enfin le succ�s a pass� mes esp�rances. Nous allons voir revivre les labours qui tendaient � leur fin, et je crois ce bien au-dessus de tout autre. � (Ibid., C, 254.)
(113). On trouve dans Chan Heurlin ou les Fian�ailles de. Fanchon, po�me eu patois messin, commenc� en 1786 par A. BRONDEX et termin� plus tard par D. MORYY, un passage significatif:
Lo fel don Merchaut-l�t, qu'en houint l'b� Marice,
S�u de tochet l'enclieume, et dolant let m�lice
S'�veut min Volontaire en in vieux R�giment,
O� content de s'm�rite, on l'�veut f� Sargent-
(Le fils de ce mar�chal-l�, qu'on appelait le beau Maurice, - sao�l de toucher l'enclume, et craignant la milice, - s'�tait mis volontaire dans un vieux r�giment, - o� content de son m�rite on l'avait fait sergent). Cf. �dit. J. Favier, Nancy, 1900, in-8 ; p. 11.
(114). 5 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, CG, 264.)
(115). � J'ai remarqu� encore que les engagements militaires m'ont enlev� bien des sujets. � Le subd�l�gu� de Neufch�teau � l'Intendant, 17 mars 1755. (Ibid.,C, 254.) - Le 17 f�vrier 1758, le subd�l�gu� de Gondrecourt d�nonce de m�me les multiples engagements que les officiers obtiennent dans son arrondissement. (Ibid., C, 265.)
(116). 18 avril 1758. (Ibid., C, 266.) -- Dans une autre lettre o� il d�plore � nouveau la situation, ce fonctionnaire pr�cise que ses administr�s � pr�f�rent de prendre ce parti plut�t que de s'exposer au sort d'un service de six ann�es dans la milice ... �. Sans doute les ordonnances d�fendaient aux capitaines des r�giments �trangers au service de la France de recevoir des sujets regnicoles dans leurs compagnies, et, au cas o� ils en eussent admis, ces hommes pouvaient �tre r�clam�s par tout capitaine fran�ais moyennant 30 livres de d�dommagement. Mais cette disposition, �tendue � la Savoie et au Comtat-Venaissin, ne s'appliquait encore pour la Lorraine qu'� la partie situ�e en de�� de la Sarre.
(117). Ordonnance fran�aise du 6 ao�t 1748.- L'ordonnance du 12 novembre 1733 condamnait aux gal�res le pr�tendu enr�l�.
(118). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 270-271, passim.
(119). 2 f�vrier 1756. (bd., CG, 259.)
(120). Ibid., C, 262.
(121). Ibid., C, 259, 292, 265 et 272.
(122). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 26.
(123). 21 f�vrier 1752. (Ibid., C, 248.)
(124). 18 f�vrier 1758. (Ibid., C. 265.) � Le bruit de la milice nous en a �loign� beaucoup. � Lixheim, 15 f�vrier 1758. (Ibid., C, 26.)
(125). 22 octobre 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 272.)
(126). Journal du libraire Nicolas; �dit. cit., pp. 164-165. - Pour les m�mes causes, � Lun�ville, o� l'on demande 100 miliciens, le subd�l�gu� n'en peut obtenir que 53.
(127). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 243.
(128). Journal de Durival, 1er avril.
(129). Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 200.
(130). Les grenadiers royaux d�sertaient. Les Grenadiers de France eux-m�mes, choy�s du Gouvernement qui, par l'ordonnance du 21 d�cembre 1702, leur accorda une solde sup�rieure � celle des grenadiers des r�giments d'infanterie, turbulents et indisciplin�s, abandonnaient leur corps au moindre m�contentement. Ecoutons le subd�l�gu� et lieutenant g�n�ral de police de Nancy : � 12 mai 1765. Revue � huit heures du matin, � la Garenne, des quatre brigades des Grenadiers de France, tous avec l'habillement neuf. -. 24 mai. Grande rumeur parmi les Grenadiers � l'occasion de 3 Livres 10 sols qu'on voulait leur retenir sur leur d�compte; menaces, lettre insolente �crite � M. de Stainville: qu'ils ont plus d'amis que lui � la cour de France. Ils avaient mis � quelques casernes : maison � louer, et le coup de la retraite �tait pour eux le signal de la g�n�rale. La retenue n'a pas eu lieu. - 29 mai. Hier matin il d�serta deux grenadiers ; cette nuit autant. Le m�contentement subsiste. Toute la mar�chauss�e et plusieurs d�tachements sont aux environs, et le tout en vain. - 8 juillet. Les 1re et 3e brigades des Grenadiers de France sont parties � trois heures et demie du matin. Il y a encore eu de la d�sertion. � (Journal de Durival.)
(131). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 231.- Le 18 f�vrier 1758, le subd�l�gu� de Longuyon observe qu'en France � on tol�re que les communaut�s marchandent des gar�ons pour miliciens �. (Ibid., C, 265.)
(132). Ibid., C, 248.
(133). 6 septembre 1755.(Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 25.)
(134). 7 mars 1758. (Ibid., CG, 265.)
(135). 17 f�vrier 1747. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 263.)
(136). Ibid., C, 237.
(137). Journal de Durival, 22 avril 1766.
(138). DOM TAILLY, Lettres vosgiennes...; �dit. cit., p. 105.
(139). Journal du libraire Nicolas; �dit. cit., p. 165.
(140). Journal de Durival, 12 mai 1745.
(141). Ibidem.
(142). Archives de Meurthe-et-Moselle, CG, 254.
(143). Lettre de L'Intendant au subd�l�gu�, 7 octobre 1758. (Ibid., C, 231.)
(144). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 272.
(145). Ibid., C, 248.
(146). Ordonnance d'octobre 1741, article VII.
(147). Placet du 13 novembre 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle., C, 233.)
(148). D. MATHIEU, L'Ancien R�gime dans la province de Lorraine et Barrois (1698-1789). Paris, 1879, in-8�; pp. 215 et 219.
(149). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 233, 238,etc.
(150). GEBELIN (op. cit., p. 112) parle de 11 782 hommes � au moins � ; il omet la lev�e de 1745 dans la principaut� de Commercy, et celle de 1747. MATTHIEU (op. cit., p. 211) se rapproche de la quotit� exacte avec 13 145 hommes. Le tableau suivant rappellera le d�tail des lev�es :

DATE DE LA LEV�E. CAUSES DE LA LEV�E. CONTINGENT LEV� Hommes SOURCES
1741, novembre-d�cembre (assembl�e en juin 1742) Cr�ation 3600 Ord. lorr., 21 octobre 1741
1743 f�vrier-mars Augmentation. 1800 Ord. lorr., 25 janvier 1743
1744, mars Remplacements (cr�ation de Royal-Lorraine). 1950 Ord. fr., 30 janvier 1744; ord. lorr., 20 f�vr. 1744.
1745, f�vrier Remplacements 549
1745, mars Lev�e sp�ciale � la principaut� de Commercy 55 Ord. lorr., 17 mars 1745.
1746, janvier-f�vrier Augmentation et remplacements (cr�ation de Royal-Barrois) 1538 Ord. fr., 1er novembre 1745; ord. Iorr., 27 d�cembre 1745
1747, janvier-mars Augmentation et remplacements 1363 Ord. fr., 22 novembre 1746.
1748, mars Augmentation 1800 Ord. fr., 25 novembre 1747; ord. lorr., 27 d�cembre 1747.
  Remplacements. 545

(151). Neuf bataillons, d'abord � 600 hommes et finalement � 710 = 6390
R�giments de Royal-Lorraine et de Royal-Barrois, quatre bataillons � 65o hommes = 2600
Gardes de Lorraine, miliciens incorpor�s = 750
TOTAL. 9740
(152). Cf. GEBELIN, Op. cit., p. 287.
(153). Description de la Lorraine et du Barrois, l, 197.
(154). Lev�es se r�partissant ainsi :

DATE DE LA LEV�E CAUSES DE LA LEV�E CONTINGENT LEV� Hommes SOURCES.
1757, janvier-f�vrier Augmentation 3786 Ord. lorr., 14 janvier 1757
1757, mars Remplacements (r�tablissement de Royal-Lorraine et Royal-Barrois) 110 Ord. fr., 20 mars 175
1758, f�vrier Augmentation 480 Ord. lorr., 29 janvier 1758
  Remplacements 370
1758, octobre Augmentation et Remplacements 1288 Ord. lorr., 7 octobre 1758

En 1758, l'effectif total des miliciens au service du roi �tait de 87 480 hommes. Cf. GEBELIN, Op. cit., p. 287.
(155). M�moire servant d'�claircissement et de suppl�ment aux remontrances de la Cour souveraine du 27 juin 1758. 5 ao�t 1758, p.31.
(156). Archives nationales, KK. 1172.
(157). Archives de Meurthe-et-Moselle. C, 264.
(158). Archives nationales, KK, 1172.
(159). Journal; �dit. cit., pp. 164-165.
(160). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 232. Partie de Nancy pour l'arm�e de Soubise � la fin de juin 1758, la Gendarmerie �tait revenue hiverner � Epinal, Mirecourt, Bruy�res, Darney, Lamarche, etc. L'�tat-major r�sidait � Nancy. Les enr�lements recommenc�rent, plus nombreux encore, en septembre 1759 et en novembre 1760.
(161). Il e�t �t� facile de ne pas �loigner les miliciens lorrains, puisqu'en ao�t 1743, par exemple, sur les 34 bataillons dont se composait la garnison d'Alsace, on en comptait 18 de milice provinciale ; et, en 1744, 22 sur les 30 bataillons en s�jour dans les �v�ch�s.
(162). Journal de Durival, 27 et 30 mars 1761. - Cf. Description de la Lorraine et du Barrois, I, 237.
(163). Cf. Gal PAJOL, op. cit., IV, 166.
(164). M. de Rivray �tait parti de Lun�ville le 25 juillet pr�c�dent pour joindre son r�giment. Mis en libert� � la fin de 1759, il rentra dans la r�sidence ducale le 10 novembre. (Journal de Durival.)
(165). � On re�oit la liste suivante des morts et bless�s des r�giments Royal-Lorraine et Royal-Barrois dans l'affaire du 5. - Royal-Lorraine: MM. de Villelongue, tu�; Folley, prisonnier; de Silly, la main perc�e ; de Rune et Courtois, bless�s. Environ .30 soldats tu�s et autant de bless�s. - Royal-Barrois: D'Anderny, bless�; de Cuigy, cuisse cass�e ; de Gourcy de Dommartin, bless� de coups de bayonnette ; de Chamblay, de Bettancourt, de Klein, de Voisin, tu�s. Environ 70 ou 80 tu�s et une trentaine de bless�s ou prisonniers. � (Ibid., 16 ao�t 1758.)
(166). Cf. Gal PAJOL, op. cit., III, 102.
(167). CI. Gal PAJOL, op. cit., IV, 219.
(168). Sur les �tats de service des miliciens lorrains, voir la compilation de CHAPUY, Guerres de Louis XIV et de Louis XV, ms., j. cit., du Minist�re de la Guerre. - Gal PAJOL, op. cit., t. II-V, passim. - Pour les campagnes des Gardes de Lorraine, lire surtout Gal VANSON, op. cit., passim; et tout particuli�rement, en ce qui concerne les affaires du Tidon et de Hoya, pp. 39-53, 80-94.
(169). Apr�s avoir signal� cc d�ficit, DURIVAL ajoute : � Il y en a eu bien davantage par proportion dans les remplacements lev�s encore depuis. � (Journal, 6 mars 1746.)
(170). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 245.
(171). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 254.
(172). 5 f�vrier 1757.(Ibid., C, 264.)
(173). � J'ai �t� surpris, dit-il encore, de voir que dans des grosses communaut�s comme Grand et Petit-Failly, il ne se soit trouv� qu'un gar�on dans le cas de tirer. J'ai cru que les syndics � qui j'ai fait conna�tre les peines auxquelles ils s'exposaient, s'ils donnaient des d�clarations infid�les, rec�laient des gar�ons. Je les ai communiqu�es au sieur cur� de ce lieu, qui m'a assur� qu'elles �taient v�ritables. � f�vrier 1757. (Ibid., C, 262.).
(174). DURIVAL, Description de la Lorraine et du Barrois, I, 197.
(175). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 246.
(176). Journal de Durival.
(177). 6 f�vrier 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 258.)
(178). Ibid., C, 243.
(179). � Malgr� mon peu de monde, j'esp�re que Son Excellence sera contente de mon op�ration, ayant �t� assez: heureux pour avoir � lui pr�senter de beaux et vigoureux miliciens �, �crit, le 1er f�vrier 1756, le subd�l�gu� de Darney. - Apr�s avoir regrett� la m�diocrit� du nombre, celui de Neufch�teau continue : � Mais ce qui me fait plaisir, est que le sort a second� mon z�le et que ce que vous verrez est ce qu'il y a de plus beau. � 22 octobre 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 259.)
(180). Ibid., C, 263.
(181). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 265.
(182). 28 octobre 1758. (ibid., C, 232.)
(183). Description de la lorraine et du Barrois, I, 197. - � L'esp�ce des miliciables commen�ait � manquer �, r�p�te-t-il ailleurs.
(184). Les campagnes sont tellement d�peupl�es, � qu'on n'y voit presque plus aujourd'hui de gar�ons propres � l'exercice du labourage; tel village qui en avait douze avant la lev�e des milices, n'en a plus aujourd'hui que deux ou trois; il en est m�me qui n'en ont pas un seul. � (M�moire servant d'�claircissement et de suppl�ment aux remontrances de la Cour souveraine... , du 5 ao�t 1758; p. 34.) - � La formation de trois r�giments qui sont au service de la France, la lev�e des milices, la fuite d'une multitude de gar�ons pour �viter le tirage, les engagements de toutes parts..... , forment une perte �tonnante pour la Lorraine. � (Remontrances de la Chambre des Comptes de Lorraine, du 21 janvier 1761, p. 15.).- � Il n'y a pas de province de France qui, � raison de son �tendue et de ses ressources, ait fourni dans l'espace de vingt ann�es tant de corps de milice que la Lorraine et le Barrois. Trois r�giments de milices toujours subsistants, et deux autres successivement lev�s, r�form�s et renouvel�s, tous arm�s et �quip�s aux frais des deux provinces, ont port� un coup mortel � la population, par la quantit� d'hommes fournis pour former et entretenir ces corps nombreux, par l'�vasion d'une multitude de fugitifs que le refus d'admettre des miliciens volontaires a fait passer dans les pays �trangers, par les enr�lements de ceux que le d�sespoir a jet�s dans le service pour se soustraire � l'incertitude du sort. � (Remontrances de la Cour souveraine, du 24 janvier 1761, p. 7-)
(185). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234, 435.
(186). P. BOY�, Les Travaux publics et le r�gime des corv�es en Lorraine au XVIIe si�cle. Paris, 1900, in-8�.
(187). Rappelons que les r�giments de Lyon, Sens, Blois et Aix ne le furent que le 30 mai 1768, � la suite de l'ordonnance du 1er du m�me mois, �tablissant quatre d�p�ts g�n�raux des recrues : � Saint-Denis, Lyon, Tours et Toulouse. Mais les engagements continuaient � pouvoir �tre indistinctement op�r�s sur toute l'�tendue du territoire fran�ais. D'autre part, le 25 d�cembre 1768, le roi � �tant inform� que la l�gion du Hainaut est compos�e en plus grande partie de recrues faites en Lorraine �, d�cide qu'elle portera � l'avenir le nom de L�gion de Lorraine. Supprim�e en 1776, cette l�gion comprenait de l'infanterie, divis�e en compagnies de chasseurs, et de la cavalerie, sous le titre de dragons. Sur l'histoire de ce corps qui, � nouveau r�uni en juin 1779, devait porter les noms de Chasseurs des Vosges. Chasseurs de Lorraine, voir : Gal SUSANE, Histoire de la cavalerie fran�aise. Paris, 1874, 3 vol. in-8; III, pp. 109 et sq. - H. GANIER, op. cit., pp- 101-102.- Gal PAJOL, op. cit., VII, pp. 238 et sq.
(188). Avec Nancy comme quartier d'assembl�e.- Seules, les couleurs de l'�paulette marquaient l'origine. Pour les grenadiers de la milice lorraine, c'�taient, par exemple, le rouge et le blanc; pour ceux de la milice �v�choise, le bleu et le blanc.
(189). Dont 12 � trois bataillons, 33 � deux, et 2 � un seul.
(190). Ordonnance du roi pour former les bataillons de milice en r�giments provinciaux; du 4 ao�t 1771. - Les Grenadiers de France �taient de plus supprim�s.
(191). Colonel : comte de Ludres.
(192). Colonel : comte du Hautoy.
(193). � En ex�cution de l'ordonnance du roi du 7 avril 1773, le r�giment provincial de Nancy a �t� assembl� � Nancy le 18 mai, et celui de Bar, aussi � Nancy, le 22. On les y exerce actuellement. � (Journal de Durival, 24 mai 1773.)
(194). Colonel : comte d'Hoffelize. - �paulette distinctive pour l'ensemble du r�giment : rouge et blanche.
(195). 111 bataillons et 53 r�giments, par l'ordonnance du 19 octobre 1773. Le r�giment de Nancy est le 38e; celui de Bar, le 39e; le r�giment des grenadiers royaux de la Lorraine marche le 9e sur 12. - 105 bataillons et 48 r�giments, par l'ordonnance du 1er d�cembre 1774. Le r�giment de Nancy devient le 35e; celui de Bar, le 36e.
(196). Les soldats provinciaux lorrains avaient d�pos�, pour la derni�re fois, les armes � Nancy, le 23 mai pr�c�dent, et �taient retourn�s, le lendemain, dans leurs communaut�s. - Cf. Journal de Durival.
(197). Ordonnance du 30 janvier 1778, et r�glement du 1er mars suivant.
(198). Cf. Journal de Durival.
(199). Sur un total de 106.
(200). Ancien r�giment des Gardes de Lorraine.
(201). Anciennement Conti, il ne portait ce nom que depuis l'ordonnance du 12 septembre 1776. - Les bataillons de Metz et de Verdun, de Strasbourg et de Colmar, form�rent, au contraire, les deux r�giments provinciaux d'artillerie de Metz et de Strasbourg, attach�s chacun � un r�giment du corps royal de l'artillerie.
(202). Dont le 1er bataillon �tait attach�, comme bataillon de garnison, au r�giment Royal, et le 2e au r�giment de Bourgogne.
(203). Les bataillons attach�s � Cond�, Royal-Comtois et Enghien.
(204). Attach� � Auvergne.
(205). Le 6e sur 8. �paulette : aurore. Quartier d'assembl�e : Nancy. Colonels: vicomte du Hautoy, 1778; marquis de Monchat, 1780; comte le la Noue, 1784; chevalier de Bassompierre, 1788. Licenci� le 30 septembre 1789. (Gal SUSANE, op. cit., V, 388.)
(206). La subd�l�gation de Lun�ville comprenait 14 circonscriptions : ville de Lun�ville, ville de Gerb�viller, cantons d'Arracourt, Azerailles, Badonviller, Croismare, Domptail, Einville, Fraimbois, Housseras, Laneuveville-aux-Bois, Magni�res, Parroy et Rambervillers. - Att�nu�e, l'in�galit� des chances n'�tait pas supprim�e. En avril 1766, il se trouve finalement, dans la subd�l�gation de Nancy, 227 miliciables pour 36 miliciens demand�s. Sur ce nombre, les cantons de Malz�ville et de Faulx, qui doivent chacun 4 miliciens, ont respectivement 48 et 52 soumis au sort; ceux de Bouxi�res-aux-Ch�nes et de Lupcourt doivent l'un et l'autre 3 hommes: or, si le premier compte 30 miliciables, le second n'en offre que 8. -- Cf. Journal de Durival, 22 avril et 3 mai 1766.
(207). Le 9 avril de cette m�me ann�e, le subd�l�gu� de Bouzonville explique � l'intendant sa fa�on de proc�der : � Pour parvenir au dernier tirage et remplir les vues de Votre Grandeur qui avait laiss� � ma disposition la r�partition des 33 miliciens sur les 10 cantons, j'ai fait l'examen exact de tous les sujets capables et non exempts de chacun desdits cantons s�par�ment. J'en ai ensuite form� un total que j'ai divis� par 33, et qui m'a d�montr� que de 6 hommes 1/2 il en fallait un pour milicien. C'est sur cette proportion que j'ai r�gl� l'op�ration, autant qu'il a �t� possible d'atteindre � la justesse. A cet effet, j'ai joint deux cantons ensemble, quoique les proc�s-verbaux soient distincts et s�par�s par canton. � (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 283.)
(208). Celle-ci resta fix�e � 5 livres par milicien. Les hommes n'�tant plus dirig�s sur des garnisons, l'�cu du d�part n'�tait plus per�u. La d�pense du petit �quipement variait suivant les g�n�ralit�s. En 1767, elle est de 33 livres dans celle de Nancy, tandis qu'elle n'est que de 29 livres dans celle de Bordeaux. Quand la milice cessa d'�tre convoqu�e et, par cons�quent, ne fut plus �quip�e, cette somme - abaiss�e, il est vrai, dans la Province, � 14 livres - continua n�anmoins d'�tre per�ue en tant qu'imposition repr�sentative.
(209). Lettre-circulaire de Choiseul aux: intendants, 31 janvier 1766. (Collection Saugeon, vol. 53 pi�ce 2.)-
(210). Sur ces usines, voir notre �tude : La Lorraine industrielle sous le r�gne nominal de Stanislas (1737-1766). Nancy, 1900, in-8�; pp. 22 et sq.
(211). Pour l'histoire de cet atelier de charit�, connu sous le nom populaire de Coton, voir ibid., pp. 59-60.
(212). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 238.
(213). Recueil des ordonnances de Lorraine, XI, 252.
(214) Ordonnance du Roi concernant les r�giments provinciaux, du 19 octobre 1773. Le titre V, en 46 articles, est enti�rement consacr� � cette question des exemptions.
(215). Titre V; 40 articles.
(216). Versailles, de l'Imprimerie du Roi, d�partement de la Guerre, 1776;8 p. in-4�. - Cf. Recueil des ordonnances de Lorraine, XIII, 371.
(217). En 1775, la subd�l�gation de Lun�ville doit 25 hommes; 26, en 177; 23 en 17775 27, en 1779; 29, en 1780; 20, en 1783; 22, en 1785; etc. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 287-290.)
(218). � Le r�giment des grenadiers provinciaux s'est fait ce matin et ils sont tous sortis des portes de Nancy d�s les trois heures du matin. Plusieurs s'�taient engag�s, mais comme leur temps n'�tait pas fini, ces engagements ont �t� annul�s. M. de Monchat, leur colonel, �tait venu pour cette op�ration. � (Journal de Durival, 5 juin 1783.)
(219). Ibid., 22 avril.
(220). Pr�c�demment, ils obtenaient cette dispense, sinon de droit, du moins de fait. Le 11 septembre 1743, sept habitants de Macheren et de Petit-Eberswiller, se trouvant dans ce cas, s'�taient adress�s � l'intendant,- et leur requ�te avait �t� favorablement accueillie. Cf. Journal de Durival, 13 septembre 1743. - Description de la Lorraine et du Barrois, III, 246.
(221). Le subd�l�gu� l'Intendant, 28 mars. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 277.)
(222). En 1768, la ville de Nancy est d�sign�e pour 36 miliciens. Les sept paroisses comptent 933 gar�ons, ou veufs sans enfants, ayant l'�ge requis. Sur ce nombre : 208 all�guent des cas d'exemption; 489 sont infirmes ou de taille trop courte; 91 sont absents ou se sont enfuis; 145 seulement prennent part au tirage. - L'ann�e suivante, il faut 39 miliciens. Sur les 1178 inscrits : 362 sont exempts, 620 rejet�s, 62 absents ou fuyards; il ne reste donc pas les quatre miliciables par milicien. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 274-275.) - A Bar-le-Duc, en 1775, sur 408 hommes inscrits : 170 sont exempts, 19 rejet�s comme infirmes, et 145 comme �tant de taille insuffisante. (Archives de la Meuse, C, 29.)
(223) � ... Il est arriv� que ces gar�ons se sont mutin�s au point que deux d'entre eux, ayant constamment refus� de tirer leurs num�ros, ont �t� constitu�s miliciens, au moyen de quoi je n'en ai plus eu que trois � prendre dans les dix gar�ons, qui sont devenus plus dociles par l'exemple des autres. � Le subd�l�gu� de Bar � l'Intendant, 28 mars 1769. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 277.) � Le 8 mars 1775, le m�me fonctionnaire dresse un proc�s-verbal relatant � que ledit jour, en proc�dant aux op�rations du tirage des soldats provinciaux, r�partis sur le canton d'Ancerville... , il aurait �t� oblig� d'interrompre, � diverses reprises, lesdites op�rations, pour arr�ter le tumulte et faire cesser les violences et propos s�ditieux de plusieurs gar�ons de la communaut� d' Ancerville ... que toutes repr�sentations n'ont pu soumettre ni ramener � leur devoir; que, loin d'y d�f�rer, ils auraient au contraire refus� de subir le sort et continu� � exciter tous les gar�ons assembl�s � ne pas tirer; ce qui aurait d�termin� ledit sieur Vayeur � les faire arr�ter, mettre en prison et � les d�clarer soldats provinciaux de droit, conform�ment aux: dispositions de l'article 17 du titre IV de l'ordonnance du Roi du 1er d�cembre 1774. � (Archives de la Meuse, C, 29.)
(224). En 1785, dans le canton de Vaub�court (subd�l�gation de Bar-le-Duc), sur 91 miliciables, 42 se gardent de para�tre au tirage. (Ibid., C, 30.)

 

 

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