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M�moires de
l'Acad�mie de Stanislas - 1903
LA MILICE EN LORRAINE AU XVIII SI�CLE (1)
PAR M. PIERRE BOY�
CHAPITRE PREMIER
La milice sous Stanislas. - �tablissement de la milice en
Lorraine (1741). - Circonstances et l�gitimit� de cette mesure.
-Pr�c�dents invoqu�s. -Les neuf bataillons de milice proprement
dite. - Royal-Lorraine et Royal-Barrois. - Augmentations et
diminutions alternatives du contingent. - Abolition temporaire
du tirage au sort. - Les recrues provinciales (1759) - Le
R�giment de Nancy (1763-1767).
Stanislas, dit laconiquement Durival en
nous offrant un r�sum� des institutions militaires de la
Lorraine aux diff�rentes �poques, � Stanislas se pr�ta � ce qui
pouvait contribuer au service et � la gloire du roi son gendre
(2) �. Sous cette vague explication d'un contemporain,
comprenons que Louis XV et ses ministres impos�rent au pays,
pendant le r�gne transitoire o� il e�t d� garder l'illusion de
l'autonomie, l'une de ses plus lourdes charges ; lisons ce nom
maudit : la milice.
Aucun article de la Convention de Meudon n'autorisait, au cas o�
le roi de Pologne e�t exig� que l'on ne d�pass�t pas les clauses
du trait�, une lev�e de troupes dans les Duch�s, pour le compte
de la France. Durant la vie du souverain nominal, le Royaume
pouvait demander � sa nouvelle province de recevoir et
d'entretenir ses soldats. Il n'avait pas �t� pr�vu, le 30
septembre 1736, que les Lorrains contribueraient �
l'augmentation de ces forces, et paieraient, avec les autres
imp�ts, celui du sang.
Pas un instant, toutefois, on n'avait eu � Versailles l'ombre
d'une h�sitation. La premi�re mesure tent�e en ce sens se
retrouve dans l'ordonnance du 6 avril 1740 (3), d�cidant la
cr�ation d'un r�giment d'infanterie sous le litre de Gardes de
Lorraine. Les trois compagnies de bas officiers d�tach�es, en
1737, de l'h�tel royal des Invalides, pour la garde du ch�teau
de Lun�ville, manquaient de prestige aux yeux de Stanislas (4).
Le prince r�vait d'avoir vraiment des hommes � lui, recrut�s
dans ses �tats, et de d�signer des officiers de son choix. Ce
d�sir, dont il s'ouvre � la fin de 1739, servait trop les vues
de Louis XV pour qu'il n'y acc�d�t pas. Tandis que Stanislas
compte donner ainsi plus d'�clat � sa maison et procurer des
emplois � sa noblesse, son gendre songe qu'il aura � sa
disposition un nouveau corps qui, en temps de paix, assur�ment,
rendra les honneurs au Duc-roi, mais qui ce en temps de guerre
ira � l'arm�e (5) �. Et, de fait, les Gardes lorraines (6)
s�journeront peu � la cour de Sa Majest� Polonaise. On prendra
soin de les d�payser, pour les former plus promptement aux
pratiques militaires fran�aises. Elles entreront en campagne. Ce
n'est qu'exceptionnellement qu'on les verra � Lun�ville o�, non
seulement les bas officiers d�daign�s par Stanislas viennent les
remplacer, mais o�, parfois, des d�tachements d'un autre
r�giment d'infanterie leur sont � dessein substitu�s (7).
Au moment o� les pourparlers s'engageaient entre Lun�ville et
Versailles pour la cr�ation des Gardes de Lorraine, des
instructions du d�partement de la Guerre avertissaient
l'intendant, � l'insu de Stanislas, que le roi �tait d�cid� �
rendre le service militaire obligatoire dans la Province. Les
hostilit�s avec l'Autriche h�t�rent une initiative que les
r�flexions du. Commissaire d�parti sur les susceptibilit�s
locales faisaient prudemment retarder. � Il y a d�j� du temps,
Monsieur, que vous �tes pr�venu �, �crit, le 10 ao�t 1741, le
marquis de Breteuil � La Galaizi�re, � qu'il convient au service
du Roi de faire dans la Lorraine un �tablissement de milice sur
le m�me pied qu'il a �t� ordonn� et qu'il existe en France.
Comme les circonstances des affaires publiques semblent exiger
de ne pas diff�rer davantage cet �tablissement, par rapport au
secours que le Roi en pourra tirer, je viens d'�crire par son
ordre au roi de Pologne, pour l'en pr�venir. Je pr�sume que vous
avez d�j� fait sur cette mati�re quelques dispositions, que vous
avez au moins par devers vous les d�nombrement et �tat des feux
ou familles, pour pouvoir r�gler le nombre d'hommes qui sera
demand�. Je vous prie d'en faire un �tat g�n�ral et de me
l'envoyer. Vous y joindrez un projet de l'ordonnance que le roi
croira convenable de faire rendre tant pour l'�tablissement que
pour la lev�e de cette milice. � Apr�s �tre entr� dans quelques
d�tails techniques, le ministre ajoutait: � Je vous prie de ne
pas perdre de temps � traiter tous ces diff�rents points avec le
roi de Pologne, et de me mettre en �tat, le plus t�t possible,
d'en rendre compte au Roi (8). �
Toutes les pr�cautions avaient bien �t� prises par l'actif
administrateur. Quant au prince dont la r�sistance e�t
d'ailleurs �t� vaine, il n'�leva pas une objection. Le 21
octobre, une ordonnance en seize articles, rev�tue de sa
signature, �tablissait la milice dans les duch�s de Lorraine et
de Bar (9).
Pour donner � cette institution une apparente excuse, pour
pr�venir les clameurs qui, sans ce d�tour, n'eussent pas manqu�
de se faire entendre plus vives, on avait r�solu de proc�der
graduellement. Stanislas demandait des miliciens, mais pour que
ces hommes prot�geassent leur terre natale contre les dangers
d'une invasion possible. Le roi, expliquaient des consid�rants
embarrass�s : le roi �tant averti que ses pr�d�cesseurs avaient,
dans certaines conjonctures, cherch� par diff�rents moyens �
assurer la s�curit� de leurs sujets, voulait de m�me veiller �
la tranquillit� de son peuple. La lev�e prochaine qu'il
d�cr�tait, n'�tait nullement une innovation. L'exemple de
L�opold formant de cette mani�re un corps de troupes sous le nom
d'arquebusiers, �tait rappel�. Raisons aussi faibles que
rapprochement peu exact. C'est par la voie de l'enr�lement qu'en
novembre 1720 L�opold avait ordonn�, pour le maintien des
cordons sanitaires �tablis sur les confins du pays pendant la
peste de Marseille, la cr�ation de compagnies d'arquebusiers.
N'�tant pas satisfait de ces hommes, le Duc les avait licenci�s,
et l'ordonnance du 24 mars 1721 avait charg� les communaut�s de
fournir 3 000 soldats par la voie du sort (10).
Mais, quelle qu'e�t �t� l'arri�re-pens�e de L�opold en mettant
sur pied cette milice, il l'avait supprim�e le 2 janvier 1726,
l'ann�e m�me - co�ncidence remarquable - o� l'ordonnance du 25
f�vrier r�organisait dans le Royaume les milices provinciales,
telles qu'elles devaient d�sormais prendre rang dans l'arm�e de
l'ancien r�gime. La milice de L�opold n'avait eu, au reste,
aucun r�le belliqueux. Le pr�ambule de l'ordonnance de Stanislas
disait trop. D'autre part, les all�gations en �taient
incompl�tes. On omettait une sorte de milice mobile, institu�e
jadis par Charles III et adopt�e par son fils Henri II (11).
Pourquoi, surtout, �vitait-on de rappeler un souvenir offrant
plus d'analogie avec la r�solution qu'on s'effor�ait de pallier:
la lev�e faite, pendant l'occupation du pays par Louis XIV et la
guerre de la ligue d'Augsbourg, de deux r�giments de milice dans
la Lorraine, le Barrois et les �v�ch�s, afin de compl�ter
l'effectif de la campagne de 1693 (12) ? En r�alit�, aucune
assimilation n'�tait � faire. Les Duch�s ignoraient la milice.
Le contingent demand� �tait de 3 600 hommes, r�partis en six
bataillons (13). Des instructions de l'Intendant, en date du 28
octobre 1741, ayant compl�t� les articles de l'ordonnance du 21
(14), les op�rations pr�paratoires furent activ�es. Le 14
novembre, La Galaizi�re en personne inaugurait � Nancy le tirage
au sort, et les gar�ons de cinq ou six villages voisins
fournissaient les premiers miliciens (15). Le 1er f�vrier 1742,
Louis XV d�clara prendre ces soldats � son service et � sa solde
(16). Au mois de juin suivant, toujours en pr�sence du
Commissaire d�parti, les bataillons furent respectivement
assembl�s dans les villes dont ils allaient prendre le nom: �
Bar-le-Duc, le 4 et le 5; � �tain, le 7; � Nancy, le 12; Epinal,
le 17; � Neufch�teau, le 20; et � Sarreguemines, le 25 (17).
Trois r�giments en furent form�s qui, de leurs colonels,
s'appel�rent : Croix, Polignac et Marainville, et prirent rang
parmi les autres r�giments des milices provinciales fran�aises.
Croix, qui devint Montureux en 1744 (18), fut compos� des
bataillons de Nancy et de Sarreguemines; Polignac, de ceux de
Bar et d'�tain ; Marainville, bient�t Ligniville, puis Thianges
en 1746 (19) et Mirecourt en 1750 (20), comprit les bataillons
d'�pinal et de Neufch�teau. Ces troupes, soi-disant destin�es �
la d�fense de la Lorraine, sont aussit�t dispers�es : les
bataillons du r�giment de Croix sont envoy�s � Landau; ceux de
Polignac et de Marainville, � Calais et � Givet (21).
Le plus difficile �tait fait. Au d�but de 1743, Stanislas est
cens� estimer que les circonstances actuelles r�clament une
augmentation de l'effectif des forces lorraines. Son ordonnance
du 25 janvier d�cide une lev�e suppl�mentaire de 1 800 hommes
(22), que, par la fiction dont il a d�j� us�, le roi de France
admet �galement � son service, le 12 avril. On groupe ces hommes
en trois bataillons, ceux de Saint-Mihiel, de Mirecourt et de
Dieuze, assembl�s dans ces localit�s les 2, 5 et 11 mai (23).
Dieuze grossira d'un tiers le r�giment de Croix, Mirecourt celui
de Marainville, et Saint-Mihiel celui de Polignac.
On ne s'en tint pas l�. Pour enlever d'autres hommes � la
Province, on eut recours � une combinaison intentionnellement
compliqu�e. Le 30 janvier 1744, Louis XV signe � Marly la
cr�ation, en vue de la campagne qui se pr�pare, d'un r�giment
d'infanterie au titre de Royal-Lorraine (24). Officiers et
soldats des trois bataillons de 60 hommes qui doivent le
composer, sont tir�s des neuf bataillons de milice, tandis
qu'une lev�e extraordinaire, d�cid�e le 20 f�vrier, comble les
vides laiss�s par cet emprunt (25). Comme compensation,
Royal-Lorraine prend rang dans les troupes fran�aises � partir
du 21 octobre 1741 (26), jour de l'�tablissement des milices
lorraines, qu'il doit pr�c�der. Form� � Bar, � la fin de mars,
puis assembl� sous les armes � Nancy. le 8 avril (27), le
nouveau r�giment part le mois suivant pour l'arm�e du Rhin (28).
Les historiens nous montrent le roi de Pologne t�moin aussi
attrist� qu'impuissant de ces exigences successives. Il faut le
reconna�tre, l'�tat d'esprit du monarque �tait autre. Le 14 juin
1742, Stanislas, de s�jour � la Malgrange, avait assist� pr�s de
Bon-Secours au d�fil� du bataillon de Nancy qui allait joindre
sur la Quiesch celui de Sarreguemines (29). Avant de s'�loigner,
Royal-Lorraine campa quelques jours � Lun�ville. Sur l'ordre de
Leszczynski dont c'�tait la f�te, des d�tachements vinrent
monter la garde au palais (30), et l'�clat des r�jouissances
s'en trouva rehauss�. A ces spectacles, le prince puisait de
douces illusions. Il oubliait son r�le subalterne, la tutelle
lourde qui l'opprimait. Il avait une arm�e. Il la confiait � son
gendre. C'�tait l� service d'alli�. Aux emplois dans les divers
r�giments lorrains, Stanislas avait, sinon le droit de
nomination pur et simple, du moins celui de pr�sentation. Pour
les charges sup�rieures, les demandes affluaient. A chaque
cr�ation, des comp�titions se produisaient, que le Duc-roi
aimait � trancher en faveur de ses prot�g�s. Deux fr�res de son
Chancelier, d�j� nomm�s, en 1740, lieutenant-colonel et
capitaine des grenadiers aux Gardes lorraines, ne furent-ils pas
plac�s � la t�te de Royal-Lorraine, le comte de Mareil comme
colonel, avec M. de Rivray pour second. Les autres grades
devaient �tre invariablement accord�s � des sujets lorrains. Le
roi de Pologne se plaisait � remplir les cadres, prenant de
pr�f�rence, selon la r�gle prescrite, les capitaines parmi les
officiers r�form�s ou retir�s qui habitaient le pays; accordant
les lieutenances aux gentilshommes qu'il avait distingu�s, � de
bons serviteurs ou aux cadets de son �cole (31). Cette
pr�rogative le charmait. Plus il pouvait l'�tendre, mieux il lui
semblait ressaisir la souverainet� dont il �tait d�pouill�. Il
s'agissait d'ailleurs de subvenir aux besoins d'une guerre
contre une dynastie que Stanislas �tait loin d'aimer. Les
Habsbourg avaient combattu sa restauration sur le tr�ne des
Piasts, et le souvenir laiss� dans les Duch�s par les
descendants de G�rard d'Alsace portait ombrage � leur
successeur. Le temps n'�tait pas o�, avec cette mobilit� propre
� son temp�rament et � sa race, Leszczynski c�l�brerait, de ses
�crits et de sa bourse, l'alliance de Louis XV et de
:Marie-Th�r�se. Il applaudissait alors tr�s haut au projet �
d'�touffer � - ce sont ses termes - � la derni�re �tincelle de
la puissance autrichienne qui pourrait rallumer le feu de la
guerre et entretenir la reine de Hongrie dans l'esp�rance de
reconqu�rir ses �tats (32) �. Il ne se demandait pas s'il �tait
de bonne politique, ne f�t-ce que par souci de sa popularit�,
d'envoyer ainsi, au lendemain de l'annexion, les Lorrains
combattre un maitre qu'ils pleuraient encore.
Le 28octobre 1744, La Galaizi�re adressait d'Argenson un m�moire
o� Stanislas proposait la lev�e dans les Duch�s d'un r�giment de
dragons, qui serait class� � la suite des autres r�giments
royaux (33). Le projet n'aboutit pas. Mais, quand le 6 septembre
1745 le Duc-roi quitte Commercy pour la cour de France, nul dans
son entourage n'ignore que le prince compte faire donner comme
pendant � Royal-Lorraine un r�giment qu'il a d�j� baptis�
Royal-Barrois (34). D�tail topique : les h�sitations viennent du
secr�taire d'�tat de la Guerre, qu'un �change de d�p�ches avec
l'intendant a mis au courant de la situation de la G�n�ralit�
lorraine; qui sait le sourd m�contentement qui y gronde.
Stanislas insiste ; et parce que, au fond, son souhait r�pond
aux n�cessit�s de l'heure, on s'y arr�te. En vertu d'une
ordonnance du 1er novembre, Royal-Lorraine est r�duit � deux
bataillons. Le troisi�me vient rejoindre � Pont-�-Mousson,
quartier d'assembl�e, m�me nombre d'officiers, sergents et
soldats, choisis dans les neuf bataillons de milice proprement
dite. Royal-Barrois est constitu� (35). La cons�quence de cet
arrangement est une lev�e destin�e � r�tablir l'int�grit� des
r�giments de milice, dont chaque bataillon est d'ailleurs
augment� de 50 hommes (36). Le 9 mars 1746, La Galaizi�re
r�unit, dans le clo�tre des B�n�dictins de
Saint-Nicolas-de-Port, 1538 hommes, qui partent le lendemain
(37).
Bien que compt�s parmi les troupes r�gl�es, Royal-Lorraine et
Royal-Barrois n'ont donc �t� form�s et ne seront uniquement
recrut�s qu'avec de la milice lorraine. C'est aussi cette milice
qui va, de ce moment, servir � entretenir, puis � augmenter en
partie les Gardes lorraines, o�, quelques mois plus tard, on
incorpore d�j� 450 hommes d�sign�s par le sort (38).
Quand, � l'automne de 1746, le ministre communique �
l'Intendance l'�tat des miliciens n�cessaires pour compenser les
pertes survenues, le Commissaire d�parti ne peut s'emp�cher
d'adresser des repr�sentations tr�s vives. La Province ne
suffira pas sans dommage � de telles exigences. Pris d'un
remords tardif, Stanislas fait alors demander le retranchement
d'un bataillon de miliciens. Mais d'Argenson de r�pliquer, le 14
d�cembre, que la France tentant un supr�me effort pour amener
ses ennemis � r�sipiscence, il y a lieu de � persuader le roi de
Pologne de l'impossibilit� de cette suppression (39) �. Les
scrupules du prince seront, au reste, de courte dur�e. Apr�s
avoir consenti passivement � une augmentation r�it�r�e de
l'effectif de la milice, Leszczynski voit avec tant de
satisfaction le r�giment des Gardes lorraines dot�, � la fin de
1747, d'un troisi�me bataillon (40), qu'en f�vier 1748 il
accepte que 300 miliciens soient compris dans sa formation (41).
Cette concession fut si mal accueillie que, � l'assembl�e du 26
mars, lorsque les officiers voulurent distraire de la masse des
nouveaux soldats le nombre promis, aucun de ces 2345 hommes ne
consentit � entrer volontairement aux Gardes de Lorraine (42).
L'op�ration dut �tre faite � Vienne en Dauphin�, o� pass�rent
tous les d�tachements (43), et o�, pour constituer l'amorce du
bataillon suppl�mentaire, qui comprit �galement des enr�l�s, 110
prisonniers du r�giment des Gardes, r�cemment �chang�s, avaient
�t� r�unis. A la fin de la guerre de la Succession d'Autriche,
la milice lorraine renfor�ait donc de plus de treize bataillons
les troupes fran�aises.
La paix d'Aix-la-Chapelle procura aux Duch�s quelque r�pit.
L'ordonnance du 18 novembre 1748 r�duit de trois bataillons de
710hommes � deux bataillons de 500 hommes chacun, - afin,
dit-elle, de diminuer les d�penses que leur entretien occasionne
et de rendre des bras � l'industrie et � l'agriculture, - les
r�giments de Polignac, de Thianges et de Montureux, qui sont
licenci�s � Bar, � Mirecourt et � Nancy, les 28 novembre, 5 et
12 d�cembre (44). Le troisi�me bataillon des Gardes lorraines
est supprim�, le 24 d�cembre, en attendant que les deux autres
soient r�duits de dix-sept � treize compagnies (45).
Royal-Lorraine et Royal-Barrois que la r�duction et le
licenciement des milices ne permettent plus de recruter, sont
enfin r�form�s l'un et l'autre � Bar, au vif regret de Stanislas
(46). Cependant leurs compagnies de grenadiers royaux (47) sont
conserv�es, de m�me que celle du bataillon dissous des Gardes
lorraines, et incorpor�es dans les Grenadiers de France (48).
Ces hommes protest�rent en vain contre une prolongation de
service. Apr�s �tre rest�s plusieurs mois encore sous les
drapeaux, un quart en fut licenci�. Les autres, r�partis en
trois classes lib�rables par ann�e, ne re�urent leur cong� que
du 1er septembre 1749 au 1er septembre 1751 (49).
Une joie indicible avait accueilli le retour des soldats
lorrains dans leur patrie. On se f�licitait d'un repos bien
gagn�. Ce repos ne fut pas absolu. On continue d'effectuer
chaque ann�e les remplacements, � verser m�me d'office quelques
miliciens dans les troupes r�gl�es. En 1750, par exemple, une
r�partition de 300 miliciens est sign�e le 14 f�vrier, et, apr�s
le tirage, le 12 mars, Stanislas �crit en cour de France pour
provoquer le passage de 60 de ces hommes - 10 par bataillon -
aux Gardes lorraines (50). Les assembl�es ont lieu tous les
printemps. Elles ne durent, il est vrai, que de huit � neuf
jours (51). Mais avant que les compagnies de fusiliers ne se
s�parent, celles de grenadiers royaux en sont d�tach�es. En
avril 1750, La Galaizi�re a proc�d�, en effet, � l'union de ces
six compagnies avec trois autres, celles des bataillons de
milice de Strasbourg, de Colmar et de Metz. Il en a form� �
Nancy un r�giment dont le chevalier de Chabrillant a pris le
commandement, et pour lequel la dur�e des exercices p�riodiques
est d'un mois entier (52).
Cette tranquillit� fut interrompue par la guerre de Sept ans. La
s�rie des combinaisons ant�rieurement imagin�es est reprise. Le
14 janvier 1757, Stanislas donne sa signature pour
l'augmentation des bataillons de milice, qui sont port�s � 630
hommes. La lev�e imm�diate en est d�cid�e, tout cong�
d'anciennet� suspendu jusqu'� l'hiver (53). Le 10 mars, les
soldats de remplacement de Polignac et de Montureux sont
assembl�s � Nancy, tandis que les deux bataillons de Mirecourt,
rest�s dans la Province, vont loger � Saint-Nicolas et �
Rosi�res-aux-Salines, en attendant des instructions (54).
L'ordonnance du 20 mars supprime ces bataillons en tant que
corps de milice, et les emploie � la formation de deux r�giments
de troupes r�gl�es. Royal-Lorraine et Royal-Barrois sont, en
effet, r�tablis de ce jour, mais sur le pied d'un bataillon
unique de 680 hommes, dont le surplus va �tre incessamment lev�
et dont l'int�grit� continuera d'�tre maintenue au moyen de
miliciens (55). La Lorraine ne fournissait, cette fois, que six
bataillons, et l'all�gement �tait loin d'�tre inopportun. Mais
le dimanche gras 5 f�vrier 1758, fut publi�e � Lun�ville, � 9
heures du matin, une ordonnance dat�e du 29 janvier, qui
r�pandit, para�t-il, la consternation. Ce n'est pas qu'en
elle-m�me la teneur de cet acte apport�t une aggravation
consid�rable aux charges militaires. Les six compagnies de
fusiliers rest�es affect�es � chaque bataillon de milice (56)
�taient �lev�es de 65 � 85 hommes, et l'interruption des cong�s
d'anciennet� maintenue (57). On s'inqui�tait surtout de
l'avenir. On voyait dans cette mesure le pr�lude d'autres
demandes. D�s le mois d'octobre, l'effectif des bataillons de
Polignac et de Montureux est port� � 720 hommes (58). Une lev�e
extraordinaire de 1288 miliciens est pr�cipit�e (59).
De cet instant, toutefois, il semble que la Lorraine qui, depuis
1741, a donn� au Royaume la meilleure partie de ses laboureurs
et de ses artisans, go�te un soulagement r�el, bient�t une
compl�te qui�tude. On ne l�ve pas de miliciens en 1759 et le
tirage au sort va �tre abandonn� jusqu'en 1766. Le 5 septembre
1760, il est vrai, les quelques miliciens demeur�s dans la.
Province sont convoqu�s � Nancy et contraints, le 28, de se
mettre en route vers leurs bataillons respectifs (60). Mais,
l'ann�e suivante, tous les hommes au service commencent �
regagner leurs villes et leurs villages. Le premier bataillon de
Montureux, redevenu Nancy - car depuis l'automne de 1759 les
bataillons des r�giments de milice ont recouvr� leur
individualit� (61), - rentre dans la capitale lorraine le 27
mars 1761, pour �tre licenci� le 30 ; le deuxi�me,
Sarreguemines, arriv� le 21 d�cembre, l'est quatre jours apr�s.
Ceux de Bar-le-Duc et d'�tain ne tardent pas � �tre �galement
cong�di�s. Leurs grenadiers royaux et grenadiers postiches
reverront Nancy le 11 janvier 1763, et seront rendus � la vie
civile le 13, � l'exception de 40 hommes choisis pour le corps
des Grenadiers de France, o� sont aussi vers�s tous les
grenadiers de Royal-Lorraine, de retour le 15. Le 17, les
Nanc�iens acclamaient six compagnies de fusiliers de ce r�giment
qu'une ordonnance du 25 novembre 1762 avait r�form�, de m�me que
Royal-Barrois. Le 5 d�cembre, enfin, on faisait f�te aux
derniers soldats rest�s en arri�re, aux survivants de
Royal-Barrois.
Mais si, dans les Duch�s comme en France, le Gouvernement parait
renoncer � demander aux communaut�s des soldats d�sign�s par le
sort, c'est qu'aux miliciens ont succ�d� les recrues
provinciales, destin�es � r�parer les pertes essuy�es au cours
de d�sastreuses campagnes et � reconstituer indistinctement les
d�bris des r�giments de cavalerie, d'infanterie ou d'artillerie
(62). Cette lev�e des recrues est pr�sent�e comme une
compensation de la milice; la milice, comme une menace dont la
r�alisation est subordonn�e � l'insucc�s du nouveau mode
d'enr�lement.. L'article XXIX de l'ordonnance lorraine du 25
d�cembre 1760 est significatif: � Si contre toute atlante les
lev�es ordonn�es par la voie d'enr�lements volontaires n'avaient
pas dans quelques cantons le succ�s qu'on en doit esp�rer, il
sera donn� des ordres pour y proc�der par la voie du sort, sur
les principes ordinaires de la lev�e de la milice (63).� Le 27
novembre 1759, l'Intendant avait pass� en revue � Nancy les
premi�res recrues ainsi obtenues � partir du 28 octobre
pr�c�dent. Ces 164 hommes avaient �t� conduits � Metz le
lendemain (64). Les registres du contr�le nous apprennent que,
durant les six mois suivants, 416 recrues sont encore r�unies
dans la Province. D'octobre 1760 � octobre 1761, 327 autres
rejoignent le quartier g�n�ral de Strasbourg; 514, d'octobre
1761 � octobre 1762 (65). Pendant que le Commissaire d�parti
envoie � ses subd�l�gu�s des lettres-circulaires destin�es � la
publicit�, dans lesquelles, les informant de la r�solution du
roi de ne plus remplacer les miliciens lib�r�s et m�me
d'accorder des cong�s absolus � ceux des plus r�centes lev�es,
il insiste sur le plaisir qu'il �prouve � se faire l'interpr�te
de cette d�cision, il recommande tout bas � ces agents d'activer
� le travail des recrues (66) �.
L'ordonnance fran�aise du 1er f�vrier 1763 d�cide la formation,
� un bataillon de huit compagnies, de trente et un r�giments de
recrues dans les diverses G�n�ralit�s, o� ils seront d�sign�s
sous le nom des villes principales, et, pour Paris, celle d'un
r�giment � deux bataillons. Dans cette cr�ation, la Lorraine
n'est pas oubli�e. Le R�giment de Nancy est le 31e; il marche
entre celui d'Aix et celui de Paris. Sans retard, Louis XV agr�e
les officiers qui doivent en composer l'�tat-major et en
commander les compagnies. Ce cadre est assembl� et le corps
constitu� � Rosi�res-aux-Salines, le 1er octobre (67). Vingt-six
de ces r�giments de recrues sont supprim�s � dater du 31
d�cembre 1766 (68). Mais celui de Nancy est un des six laiss�s
sur pied (69), et semblable mesure ne l'atteindra que le 1er
septembre de l'ann�e suivante (70). Jusqu'� ce moment,
subd�l�gu�s, officiers, cavaliers de la mar�chauss�e, dirigent
donc sur le d�p�t de Rosi�res les quelques hommes qu'il est
encore possible d'obtenir de la Lorraine appauvrie, et qu'apr�s
une rapide formation, on envoie p�riodiquement, sur tous les
points du Royaume, parfaire les rangs des troupes r�gl�es (71).
CHAPITRE II
Organisation de la milice lorraine - Ce qui la distingue de
celle de France. - Dur�e du service. Effectif. - Solde.-
Armement, �quipement et habillement; d�penses � la charge du
pays. - Exemptions locales. - Exemptions personnelles. -
L'ordonnance du 28 octobre 1741. - Attention pr�t�e par La
Galaizi�re p�re � la question des immunit�s. - L'ordonnance du 2
janvier 1755; son importance. - R�partition du contingent. - Les
op�rations du tirage au sort. - Assembl�es de formation et
assembl�es p�riodiques. - L�gislation des recrues.
Comment la milice �tait-elle organis�e en
Lorraine; qui devait en supporter les charges financi�res ;
quels hommes y �taient miliciables et quelles �taient les
op�rations du tirage au sort ? Autant de questions qu'il est
indispensable d'examiner pour l'histoire de l'administration
fran�aise dans la Province.
La correspondance du marquis de Breteuil avec La Galaizi�re,
dont nous transcrivions plus haut le passage capital, trace les
grandes lignes de cette l�gislation. Il est cr�� dans les Duch�s
� un �tablissement de milice sur le m�me pied qu'il a �t�
ordonn� et qu'il existe en France �. Dans ce d�partement, le
pouvoir royal a pris nettement par anticipation pleine
possession du pays. De m�me que les bataillons fran�ais, les
bataillons lorrains auront leur effectif successivement augment�
; comme eux, ils concourront au recrutement des grenadiers
royaux; comme eux, ils comprendront ensuite des grenadiers
postiches o�, � leur tour, peuvent se recruter ces grenadiers
royaux. La milice lorraine fournira non seulement un corps
sp�cial, affect� aux garnisons, mais des renforts pour les
troupes r�gl�es en service de campagne. Un m�moire, dress� sous
les auspices du Contr�leur g�n�ral des finances, reconna�t,
cependant, que si Royal-Lorraine et Royal-Barrois sont
exclusivement form�s de miliciens, c'est � contre l'usage
observ� dans les provinces du Royaume (72) �. Presque chaque
fois, en effet, que nous constatons quelque divergence, cette
distinction est loin d'�tre en faveur de la Lorraine.
Ainsi en fut-il pour la dur�e du service. Fix� d�s le d�but �
six ann�es, ce laps de temps ne fut jamais diminu�. A la fin de
1748, il est r�duit � cinq ans pour le reste du pays, y compris
les enclaves �v�choises (73). La Lorraine fait exception; les
ordonnances de 1757 et de 1758 insistent m�me sur ce point.
Il y eut, d'autre part, de l�g�res diff�rences dans l'effectif
des bataillons. En 1744, nous trouvons, par exemple, 610 hommes
par bataillon fran�ais dont chacun est divis� en neuf
compagnies. Le chiffre r�glementaire d'un bataillon lorrain est
de 600 hommes, r�partis en douze compagnies. La compagnie est
command�e par un capitaine et un lieutenant. Elle compte deux
sergents, trois caporaux, trois anspessades et un tambour.
L'�tat-major du r�giment comprend un colonel et un major au
premier bataillon, un commandant sans compagnie et un aide-major
au deuxi�me. Les variations de quotit� suivent � peu pr�s la
m�me courbe dans les deux pays. C'est d'abord une augmentation
progressive. L'ordonnance de Louis XV du 1er novembre 1745
d�cr�te qu'� l'instar des bataillons fran�ais, les bataillons
lorrains seront dor�navant mis � 650 hommes partag�s entre neuf
compagnies (74). A la paix d'Aix-la-Chapelle, il y a r�duction
simultan�e � 500 hommes (75). Le graphique repasse ensuite par
590 et, bient�t, l'ordonnance de Stanislas du 14 janvier 1757
�l�ve le bataillon � 630 hommes, comme l'a d�cid� celle de Louis
XV du 5 d�cembre 1756.Le 17 novembre 1758, enfin, par
l'habituelle fiction de la signature du souverain nominal, sont
appliqu�es � la Lorraine les dispositions de l'ordonnance
fran�aise du 25 ao�t pr�c�dent qui porte tout bataillon de
milice � 720 hommes.
L'uniforme du milicien lorrain �tait identique � celui du
milicien fran�ais : justaucorps de drap blanc, doubl� de serge;
veste et culotte de serge blanche, doubl�es de toile grise ;
revers, collet et parements bleus; chapeau bord� d'argent faux.
Seul d�tail distinctif, le ceinturon et le collier de la caisse
des tambours �taient garnis de galons � la livr�e de Sa Majest�
Polonaise (76).
Pendant les assembl�es, la solde quotidienne du simple fusilier
est de 5 sols de France ; l'anspessade a droit � sols; les
caporaux et les tambours, � 7. En service dans les places ou aux
arm�es, les uns et les autres sont port�s pour un suppl�ment de
deniers ; mais cet exc�dent est vers� dans la masse, afin d'�tre
sp�cialement employ� en achat de linge et de chaussures (77).
En France, outre la d�pense de l'armement, - fusil, bayonnette,
�p�e, le roi faisait, depuis l'ordonnance du 12 novembre 1733,
les frais du grand �quipement- giberne, ceinturon et fourniment
- et de l'habillement proprement dit - justaucorps et culotte.
Les populations n'avaient � payer que le petit �quipement ou
�quipement particulier : le chapeau, la veste, deux chemises de
toile, deux cols, une paire de souliers, une paire de gu�tres et
un havresac. Celles de Lorraine furent beaucoup plus grev�es et
pour elles l'imp�t en nature se compliqua d'un lourd tribut
p�cuniaire. L'ordonnance du 21 octobre 1741 d�clare
cat�goriquement en son article XII.que le prix tant de
l'armement que de l'habillement sera r�parti sur les communaut�s
au marc la livre des autres impositions (78). Mais les paroisses
n'�taient pas pour cela dispens�es de faire les frais du petit
�quipement des hommes qu'elles fournissaient (79). La Galaizi�re,
qui fixe d'abord cette derni�re somme � 13 livres 15 sols de
France (80), l'�l�ve, peu apr�s, � 21 livres, et, en mars 1744,
il explique � ses subd�l�gu�s qu'en raison de la hausse des
marchandises, le recouvrement sera � l'avenir de 24 livres par
milicien. Les paroisses �taient en outre tenues, ainsi qu'en
France, d'ajouter 5 livres par t�te comme frais de tirage et 3
livres, dites �cu du d�part, destin�es � �tre remises au nouveau
soldat lorsqu'il gagnait sa garnison. Cet argent devait �tre
pr�lev� par les petites communaut�s, et de pr�f�rence � toute
autre d�pense, sur leurs revenus patrimoniaux; par les villes,
sur le produit des octrois. En cas d'insuffisance des
ressources, on se le procurait au moyen d'une r�partition faite,
jusqu'� concurrence du d�ficit, par les officiers municipaux
dans les villes et les syndics dans les villages, entre tous les
habitants inscrits au r�le de l'imposition des Ponts et
Chauss�es. Au besoin m�me, rigueur excessive et inconnue dans le
Royaume, cette charge incombait, au dernier moment, aux
miliciables eux-m�mes (81). A chaque augmentation de l'effectif
correspondait ainsi un surcroit de contributions. L'arr�t du
Conseil des finances du 27 janvier 1748 d�cr�te, par exemple, la
lev�e dans les Duch�s d'une somme de 111137 livres 14 sols de
France, montant des d�penses occasionn�es par l'�quipement et
l'habillement des 16 hommes d'augmentation dans les neuf
bataillons de milice et de ceux de remplacement, par le
renouvellement des uniformes des grenadiers royaux, etc. Les 5
livres dues au pr�pos� et l'�cu du d�part �taient remis au
moment m�me du tirage au sort. Le reste des fonds, vers� par les
officiers et syndics aux recettes particuli�res des finances ou
centralis� chez le tr�sorier g�n�ral, passait finalement dans la
caisse du tr�sorier de la milice. Ce comptable, qui r�sidait �
Nancy (82), s'occupait, sous la direction de l'Intendant, des
approvisionnements, veillait aux acquisitions et aux r�parations
(83). Armes et effets, d�pos�s � Nancy dans des salles
sp�ciales, connues sous le nom de magasins de la milice, �taient
confi�s aux hommes lors des assembl�es. Au licenciement
provisoire ou d�finitif, les miliciens devaient rendre ces
objets: l'armement et le grand �quipement, avant de rejoindre
leurs paroisses; le petit �quipement, � leur retour au village.
Aucun cong� n'�tait d�livr� que l'int�ress� n'e�t justifi� par
certificat de cette restitution (84). Chapeaux, vestes et
culottes furent par exception abandonn�s aux soldats lorrains
apr�s la campagne de 1748.
Pour ce qui concerne le recrutement, c'est d'une fa�on g�n�rale
l'ordonnance royale du 25 f�vrier 1726 qui fait loi. C'est �
elle que le ministre a, d�s le d�but, renvoy� La Galaizi�re. Le
milicien n'est donc demand�, dans les Duch�s comme en France,
qu'aux classes roturi�res. Les ordres privil�gi�s, c'est-�-dire
les eccl�siastiques, les nobles et gens vivant noblement, n'en
fournissent pas. La charge du service n'atteint pas davantage
les hommes originaires de l'�tranger (85). De plus, le
miliciable doit r�unir les m�mes conditions d'aptitude physique
qu'en France : avoir seize ans r�volus et pas encore quarante ;
mesurer au moins 5 pieds de haut (1m,624). Aux instants
critiques, cette r�gle fl�chit en Lorraine. � Je dois vous
observer �, �crivait en janvier 1756 l'Intendant � ses
subd�l�gu�s, � que le point principal n'est pas de s'attacher si
exactement � la taille, mais de prendre des hommes s�rs et
forts, et qui soient d'une esp�ce propre � servir. � Pareilles
instructions restaient d'ailleurs inavou�es. A la moindre
plainte de l'int�ress�, on en revenait � la lettre des articles.
La m�me ann�e 1756, nous voyons La Galaizi�re faire remplacer
sur-le-champ un milicien qui observe avec raison ne mesurer que
4 pieds 9 pouces et quelques lignes (86).
Le nombre des miliciables �tait enfin singuli�rement restreint
par les immunit�s locales et surtout par les exemptions
personnelles. Dans les Duch�s, trois villes seulement furent
dispens�es, et encore de fa�on temporaire, de contribuer � la
composition des bataillons de milice. On ne tira pas au sort �
Lun�ville, � Nancy et � Bar, en 1742. Cette faveur avait �t�
exceptionnellement accord�e pour la premi�re lev�e. Elle fut
maintenue l'ann�e suivante, bien que l'ordonnance de Louis XV du
30 octobre 1742 e�t pr�cis�ment d�clar� toutes les villes du
Royaume, y compris la capitale, d�sormais astreintes � la
milice. L'ordonnance lorraine du 29 janvier 1758 affranchit
encore pour le prochain tirage, et sans engager l'avenir, les
trois cit�s privil�gi�es. Mais en toutes autres circonstances,
les habitants de Lun�ville, de Nancy et de Bar sont assujettis �
la milice. Ils doivent tirer, notamment en 1744, pour le
remplacement, dans les neuf bataillons, des hommes employ�s � la
formation de Royal-Lorraine. Nancy et Lun�ville fournissent
chacune 100 hommes ; Bar, 50 (87). Quand on proc�de, en avril
1757, au recrutement des deux bataillons de Mirecourt, 80
miliciens sont demand�s � Lun�ville (88).
C'est au chapitre des exemptions personnelles que l'on constate
le plus de divergence dans la l�gislation des intendants. Sur ce
point, ces fonctionnaires avaient une latitude d'autant plus
grande qu'aucune nomenclature des cas de dispense ne se retrouve
de longtemps dans les ordonnances royales. Guid�s qu'ils �taient
seulement par de vagues circulaires, leur jurisprudence varia �
l'infini. Les r�gles arr�t�es par le Commissaire d�parti de
Lorraine doivent ainsi nous retenir. Elles m�ritent d'autant
mieux l'attention, que cette question pr�occupa toujours
vivement La Galaizi�re p�re, et que c'est � ses essais que la
France enti�re dut, plus tard, le premier tableau g�n�ral des
cas d'immunit�. Huit jours apr�s l'�tablissement de la milice en
Lorraine, une ordonnance explicative, sign�e de l'Intendant,
s'�tendait avec soin sur le r�gime des exemptions (89). Plus
avanc�s en cela que nombre de provinces, les Duch�s eurent, sans
retard, une liste officielle ; liste souvent comment�e dans des
instructions de circonstance, envoy�es aux subd�l�gu�s. Sont,
d'apr�s ce syst�me et jusqu'� la fin de 1754, exempts de la
milice en Lorraine :
AGRICULTURE
a) Les hommes mari�s ou les gar�ons faisant valoir au moins une
charrue (90), soit en propre, soit � ferme, et payant au moins
20 livres de subvention ;
b) Un fils miliciable des laboureurs, ou veuves, faisant valoir
au moins deux charrues en propre ou � ferme; et au choix des
parents. Un valet, s'ils n'ont pas de fils miliciable;
c) Un valet, au choix du maitre, par eccl�siastique, gentilhomme
ou officier faisant valoir par soi-m�me au moins deux charrues ;
d) Les bergers et marcaires des eccl�siastiques, laboureurs,
etc., charg�s toute l'ann�e d'au moins cent t�tes de b�tail ;
Les p�tres communs des paroisses.
COMMERCE ET INDUSTRIE
a) Les marchands et n�gociants qui paient plus de 60 livres de
subvention, eux: et leurs enfants ; leur principal commis, s'ils
n'ont pas de fils miliciable ; mais dans les villes seulement;
b) Tout ma�tre de m�tier, dans les villes o� il y a maitrise.
PROFESSIONS LIB�RALES
a) Les �tudiants de l'Universit� de Pont-�-Mousson ou des
coll�ges des �tats, y travaillant depuis un an au moins;
b) Les m�decins, chirurgiens et apothicaires, ainsi que leurs
enfants; les gar�ons qu'ils emploient depuis au moins six mois ;
c) Les ma�tres d'�cole, gar�ons ou mari�s, institu�s par le
sup�rieur eccl�siastique.
SERVICES D'INT�R�T G�N�RAL
a) Les officiers des salines et leurs enfants; les ouvriers des
m�mes usines, personnellement;
b) Les salp�triers; leurs enfants et leurs ouvriers travaillant
au salp�tre depuis plus d'un an;
c) Les ma�tres des postes aux lettres et leur principal commis,
dans les villes;
d) Les maitres des postes aux chevaux, dans les villes et les
campagnes;
Un postillon par quatre chevaux au service de la poste et, au
besoin, du labourage.
JUSTICE, FINANCES, FONCTIONNAIRES ET OFFICIERS
a) Tous les officiers de justice et des finances; les
subd�l�gu�s et leurs greffiers; les avocats et procureurs des
justices royales; les notaires, les tabellions et les huissiers;
les ge�liers des prisons; - eux et leurs enfants;
b) Les baillis et procureurs fiscaux; les avocats et procureurs
postulants ; les greffiers, notaires et sergents des justices
seigneuriales ;
c) Tous les employ�s aux recettes et fermes du roi; eux et leurs
enfants, s'ils ont une commission directe des receveurs
g�n�raux, fermiers ou sous-fermiers; sinon, personnellement ;
d) Les commis � la distribution de l'�tape, dans chaque lieu de
passage ;
e) Les collecteurs de la subvention et les syndics des
communaut�s, durant l'ann�e de leur exercice ;
f) Les gardes des for�ts, chasses, �tangs ou rivi�res, re�us
dans les grueries.
FAMILLE
Dans une famille o� il y a plusieurs fils miliciables, il doit
toujours en rester un, au moins, au p�re et �. la m�re.
DOMESTIQUES
a) Les valets servant les eccl�siastiques, gentilshommes et
autres privil�gi�s, pourvu que les ma�tres en aient fait la
d�claration avant le tirage ;
b) Les ma�tres jardiniers des privil�gi�s, qui servent depuis un
an ;
c) Les valets engag�s, pour une campagne au moins, au service
des officiers, de l'artillerie, de l'entreprise des vivres; et
pendant l'ann�e de cet engagement.
Par contre, La Galaizi�re recommandait soigneusement qu'au
nombre des sujets miliciables fussent compris ceux qui, ayant
d�j� servi dans les Gardes lorraines, � Royal-Lorraine ou
Royal-Barrois, soit dans un bataillon ordinaire de milice,
auraient obtenu leur lib�ration ayant l'expiration des six
ann�es de service. Si le sort les d�signait, ces hommes
n'avaient toutefois qu'� parfaire le temps exig� pour la
d�livrance du cong� absolu. Quant aux miliciables ayant servi
dans toutes autres troupes, ils �taient contraints de tirer, et,
le cas �ch�ant, demeuraient miliciens six ann�es pleines. Sans
qu'un article sp�cial de son ordonnance e�t formul� cette
faveur, en ce qui concernait la maison du roi de Pologne,
l'intendant admettait l'exemption pour les enfants des ma�tres
d'h�tel, chefs de cuisine et musiciens, demeurant chez leurs
parents et n'exer�ant pas de profession. Il estimait, d'autre
part, qu'il n'y avait pas lieu de dispenser les fils des valets
de pied, suisses et coureurs; les compagnons des ouvriers et les
domestiques des fourriers ; enfin, malgr� de vives r�clamations,
� les perruquiers de MM. les cadets et pages de Sa Majest� (91)
�. La pr�tention de ceux-ci fera sourire. Elle ne donne qu'une
faible id�e des demandes, plus ou moins singuli�res, qui
parvenaient journellement dans les bureaux et tendaient � forcer
les r�gles �tablies. Les suppliants trouvaient les plus
touchants pr�textes � l'appui de leurs requ�tes. Haener,
imprimeur ordinaire de Stanislas, apprend qu'� Paris ses
confr�res exemptent tous les ouvriers qu'ils occupent sous leurs
yeux.
En octobre 1758, il s'adresse donc au Commissaire d�parti. Il
va, �crit-il, � travailler aux quatri�me et cinqui�me volumes
des M�moires de l'Acad�mie, et il est certain que le roi, qui
est si jaloux de ce qui peut contribuer au lustre des
belles-lettres et � la splendeur de son Acad�mie, verrait avec
d�plaisir cet ouvrage ch�mer, ce qui arrivera n�anmoins si le
suppliant perd ses ouvriers (92) �.
Ajoutons que des dispenses �taient parfois d�cern�es � des
titres tout exceptionnels. Une d'elles fut �tendue � une famille
enti�re. Un membre de la fameuse dynastie des rebouteurs du
Val-d'Ajol, Jean-Joseph Fleurot, ayant �t� appel� � Versailles,
en octobre 1759, pour soigner le jeune duc de Bourgogne,
l'exemption d'imp�ts lui fut propos�e. Le p�re avait refus� du
duc L�opold la noblesse. Le fils d�clara ne vouloir pas �tre �
charge � ses concitoyens. Mais, choix caract�ristique, Fleurat
demanda � que Louis XV prit L'Intendant de Lorraine de
l'exempter, lui et les siens, de la milice �. Et le monarque
d'assurer le brave Vosgien � que M. de La Galaizi�re, ayant des
bont�s pour lui �, ne refusera pas cette faveur (93).
Les recommandations faites par le Commissaire d�parti � ses
pr�pos�s, nous renseignent sur les abus contre lesquels il eut
le plus �nergiquement � lutter. Beaucoup de jeunes gens
entraient au coll�ge quelques mois avant le tirage. L'Intendant
exige qu'ils soient d�clar�s miliciables. Un privil�gi� qui a
coutume d'avoir � son service un certain nombre de domestiques,
peut les remplacer moins de trois mois avant la lev�e et
affranchir leurs successeurs; mais � condition que le personnel
ordinaire ne soit pas augment� et que les b�n�ficiaires restent
en place toute une ann�e. Il fallut souvent r�p�ter que les
clercs des avocats, notaires ou procureurs, devaient tirer.
L'impression dominante qui se d�gage lorsqu'on parcourt la
nomenclature des exemptions reconnues par l'ordonnance du 28
octobre 1741, c'est que les petites gens sont sacrifi�s � tout
ce qui touche, de pr�s ou de loin, non seulement � la noblesse,
mais � ce qu'on pourrait appeler l'aristocratie de la roture.
La Galaizi�re n'ignorait pas ce grave d�faut. On ne saurait l'en
rendre responsable. Il �tait de l'essence m�me de l'institution.
Tout ce qu'e�t pu faire l'administrateur, dans les limites o� il
avait facult� de se mouvoir, c'e�t �t� de moins favoriser
l'artisan des villes au d�triment du travailleur des champs. Du
moins profita-t-il des le�ons de la pratique.
A partir de 1755, deux articles d'une incalculable port�e pour
l'�conomie du pays vont en effet modifier le syst�me initial.
L'ordonnance du 26 janvier(94) vient en aide � l'agriculture
d�faillante. Les laboureurs ou veuves de laboureurs, quelle que
soit leur cote de subvention, qui font valoir une charrue, soit
en propre, soit � ferme, et qui entretiennent quatre chevaux au
moins toute l'ann�e, exempteront d�sormais un fils miliciable
occup� � la culture, ou, � son d�faut, un domestique. Pour
chaque charrue suppl�mentaire, ils affranchiront de m�me un
autre fils ou un autre domestique. En retour, les ma�tres de
m�tier c�libataires tireront au sort; ils ne seront lib�r�s de
cette obligation qu'� trente ans accomplis et s'ils exercent, de
plus, leur profession � boutique ouverte, dans une ville ou un
bourg. Un tel changement fut accueilli comme un bienfait.
L'ordonnance de 1755 fait �poque dans l'histoire de la
Province. De ce moment, La Galaizi�re, pour compl�ter son oeuvre
r�paratrice et relever l'agriculture, ne n�glige aucun moyen.
M�nager � tout prix les laboureurs, est son mot d'ordre. On
applaudirait pleinement � ces pr�cautions, si le fardeau dont on
soulageait les uns, n'e�t d� fatalement retomber sur les �paules
de plus humbles. � J'ai autant qu'il �tait en moi favoris� le
labourage. C'est entrer dans les vues de Votre Excellence, pour
le plus grand bien de l'�tat �, �crit, en 1756, un subd�l�gu�. �
Comme Votre Excellence m'avait permis de prendre des miliciens
au-dessous de la taille, je me suis servi de cette permission
pour faire tirer des manoeuvres forts et trapus que leur taille
faisait exempter les ann�es pr�c�dentes, au grand pr�judice des
laboureurs qu'il fallait chicaner davantage sur le nombre de
jours de leurs charrues. Au lieu que, cette fois, tant que j'ai
eu des manoeuvres, j'ai fait le bien des laboureurs, en ne les
inqui�tant. pas sur de m�diocres charrues. Au surplus, j'ai
d�clar� constamment, au commencement de chaque tirage, que les
�gards que j'avais cette fois pour les laboureurs ne tireraient
point � cons�quence pour un tirage subs�quent o� je me
trouverais plus serr� et moins libre � �tendre leurs privil�ges
(95). � - � Qu'il nous soit permis �, dit un encyclop�diste, �
de jeter un regard sur l'ordre des laboureurs, cette portion
pr�cieuse des sujets, qui m�rite tant de consid�ration et qui en
a si peu : elle parait avoir �t� trop n�glig�e dans la
dispensation des privil�ges relatifs au service de la milice.
Dans une de nos plus belles provinces, o� l'agriculture
languissait par le malheur des temps, on lui a rendu sa premi�re
activit� en augmentant, � cet �gard, les privil�ges de
l'agriculture. � Et apr�s avoir analys� les articles de
l'ordonnance de 1755, l'�crivain, Jean Durival, ajoute: � Sur
l'heureuse exp�rience de ces dispositions salutaires, ne
serait-il pas possible d'�tendre leur influence aux autres
provinces du Royaume? On ne peut sans g�mir y voir l'�tat
p�nible et n�cessaire du modeste laboureur, dans l'avilissement
et l'oubli, tandis que des corps d'artisans bas ou frivoles y
jouissent de pr�rogatives utiles et flatteuses, sous pr�texte de
chefs-d'oeuvre et de r�ceptions aux maitrises (96). �
L'intendant avait � dresser les listes de r�partition pour les
lev�es de remplacement ou d'augmentation. En th�orie, cette
r�partition e�t d� se faire � proportion du nombre de feux de
chaque communaut�, d'apr�s les �tats fournis annuellement par
les syndics et transmis � l'Intendance par les soins des
subd�l�gu�s. La premi�re r�partition, en 1742, eut lieu � raison
d'un milicien pour 30 ou 35 feux. Toute latitude leur �tant
laiss�e sur ce point, les commissaires d�partis avaient adopt�,
selon les G�n�ralit�s, des m�thodes distinctes. La Galaizi�re
jugeait bon de juxtaposer les proc�d�s les plus usit�s par ses
coll�gues. C'est ainsi que Nancy, Lun�ville et Bar �taient
divis�es en quartiers. Lun�ville comprenait sept quartiers. Un
employ� de l'Intendance parcourait chacune de ces sections et y
�tablissait le d�tail exact des miliciables. A Nancy, les
subdivisions correspondaient aux paroisses. Les autres villes,
les bourgs et les villages les plus importants, �taient
s�par�ment tax�s pour une certaine quantit� de miliciens, un
tout au moins. Quant aux petites communaut�s, aux hameaux, aux
censes, on les groupait en nombre variable, et cet ensemble
�tait solidairement responsable d'un ou de quelques hommes (97).
Il y a l� un acheminement vers un mode de d�limitation plus
large ; et, pourtant, m�me en l'observant, il �tait presque
impossible d'arriver � un r�sultat �quitable. Les chances
demeuraient tr�s in�gales. En 1751, dans la subd�l�gation de
Saint-Di�, le ban d'�tival et la mairie de Tanviller sont l'un
et l'autre port�s pour un milicien; or, sur le premier
territoire, on compte 73 miliciables ; 4 seulement, tout juste
le minimum n�cessaire, - sur le second (98). Pour les campagnes,
d'ailleurs, l'absence de toute statistique rendait ces calculs
laborieux. Tout moyen de v�rification manquant aux int�ress�s,
le pouvoir, pr�tendit-on, en aurait fait parfois son profit.
L'Intendant aurait combl� des d�ficits, en exigeant de certaines
communaut�s plus de miliciens qu'elles n'eussent d� en fournir.
Il est incontestable que La Galaizi�re en fut souvent r�duit �
imaginer des combinaisons fort compliqu�es, gr�ce auxquelles il
n'arrivait � quelque pr�cision qu'apr�s toute une s�rie de
lev�es.
C'est pendant l'hiver que l'Intendant proc�dait � ces travaux.
Il envoyait ensuite � chaque subd�l�gu� un extrait du tableau
g�n�ral de r�partition. A cette pi�ce plusieurs autres �taient
annex�es: imprim�s des mandements indiquant aux officiers
municipaux des villes, aux maires et syndics des communaut�s
rurales, le jour et le lieu du tirage ; formulaires des
proc�s-verbaux de tirage et de constitution de fuyards. Un peu
plus tard, �taient distribu�s les exemplaires de l'ordonnance
qui d�cr�tait la lev�e. Les subd�l�gu�s devaient les r�pandre le
plus t�t possible dans toutes les paroisses, apr�s publication
et affichage au chef-lieu.
Le tirage s'effectuait sous la direction du subd�l�gu�, soit �
l'h�tel de ville de sa r�sidence, soit dans sa propre demeure.
Au jour marqu� sur sa feuille, chaque syndic am�ne les
miliciables de sa communaut� et affirme qu'� sa connaissance il
n'en existe pas d'autres. Ceux qu'il signale comme s'�tant
absent�s depuis l'ordonnance, sont sur-le-champ d�clar�s
fuyards. On dresse alors, s�ance tenante, une liste d�finitive
de tous les miliciables pr�sents, ayant la taille et les
qualit�s requises. L'�limination de la derni�re heure est
toujours consid�rable. A Nancy, en avril 1766, sur pr�s de 800
hommes pr�sent�s, 227 seulement r�unissent les conditions
indispensables (99).
Mais ici une observation importante s'impose. Les hommes mari�s
ne contribuent pas � la milice de la m�me mani�re que les
c�libataires, les gar�ons, comme on disait. La jurisprudence,
�minemment variable selon les provinces, changea en Lorraine �
diverses reprises. Lors de la premi�re lev�e, La Galaizi�re
avait arr�t� qu'� d�faut de quatre gar�ons au moins par
milicien, dans un village ou pour un ensemble de communaut�s,
les hommes mari�s au-dessous de trente ans devraient op�rer
entre eux un tirage pr�liminaire, o� seraient d�sign�s ceux des
leurs qui auraient � se joindre aux gar�ons pour compl�ter le
nombre de miliciables voulu. Cette r�glementation resta en
vigueur pendant toute la guerre de la Succession d'Autriche.
Bien que d'Argenson, par une lettre du 3 mars 1748, e�t
recommand� au Commissaire d�parti de ne plus appeler au tirage
les hommes mari�s qu'� d�faut absolu de gar�ons, c'est en 1751
seulement que La Galaizi�re crut pouvoir accorder aux m�nages
cette satisfaction. Encore voit-on, en 1732, dans le bailliage
de Bitche, des p�res de famille oblig�s de tenter le sort (100).
En janvier 1756, l'Intendant revient sur sa d�cision : � S'il ne
se trouve pas quatre gar�ons propres � tirer pour fournir chaque
milicien, c'est le cas d'y faire suppl�er par les hommes mari�s
qui n'ont pas d�pass� trente ans. � L'ann�e suivante, autre
changement. Il ne doit plus �tre question de s'adresser aux
hommes mari�s, quel que soit leur �ge. Si, dans certaines
paroisses, il ne se rencontre pas quatre gar�ons par milicien
demand�, les subd�l�gu�s auront la libert�, � condition d'en
avertir leur chef, de modifier les extraits de r�partition et
d'imaginer de nouveaux groupements.
Lorsque le syndic avait remis au subd�l�gu� les 5 livres
d'indemnit� et l'�cu du d�part, r�clam�s par milicien, les
miliciables choisissaient dans un chapeau des billets roul�s et
num�rot�s, indiquant le rang suivant lequel ils devaient se
placer. Dans cet ordre, ils tiraient une seconde fois, pour
amener soit des billets laiss�s en blanc, soit des billets
�crits. Le papier qui portait la mention : milicien, �tait
commun�ment d�sign� sous le nom de billet noir. Quand il
s'agissait de pourvoir simultan�ment � une lev�e de remplacement
et � une lev�e d'augmentation, on effectuait deux tirages
distincts mais successifs, et sans modifier en rien la
num�rotation indiqu�e tout d'abord. Du tout, il �tait aussit�t
r�dig� un proc�s-verbal, que le subd�l�gu� et le syndic
signaient en trois exemplaires. L'une de ces pi�ces �tait
destin�e � l'intendance, une autre au secr�tariat de la Guerre,
la troisi�me �tait conserv�e dans les bureaux de la
subd�l�gation. Avec l'�tat nominatif de tous les hommes de la
communaut� lib�r�s, exempt�s, absents, en fuite, renvoy�s pour
infirmit�s ou d�faut de taille, on couchait sur ces
proc�s-verbaux le signalement pr�cis des nouveaux miliciens. De
ce jour, ceux-ci �taient acquis au service. Ils devaient se
tenir pr�ts � r�pondre � la premi�re r�quisition, et d�fense
expresse leur �tait faite de sortir de leurs paroisses sans
remplir diverses formalit�s. Le Commissaire d�parti notifiait
r�ception des proc�s-verbaux par l'envoi des mandements en vue
de l'assembl�e.
A la date indiqu�e, conduits par leurs syndics respectifs ou
group�s par plusieurs communaut�s, sous la surveillance d'un de
ces officiers, les miliciens arrivaient au quartier d'assembl�e.
L� se trouvait toujours l'intendant en personne. Les assembl�es
de formation �taient les plus solennelles. Les syndics devaient
y rendre compte des miliciens � la charge de leurs communaut�s,
et ils n'�taient autoris�s � repartir que lorsque ces hommes
avaient �t� d�finitivement incorpor�s. A la cr�ation des neuf
bataillons de milice, ces assembl�es eurent lieu, nous l'avons
vu, dans les villes dont ils empruntaient le nom.
Pont-�-Mousson, Saint-Nicolas, Rosi�res-aux-Salines, la
Malgrange, furent aussi des lieux de r�union. D'ordinaire, le
premier jour �tait employ� � �tablir les rangs ; le matin du
lendemain, on d�livrait l'�quipement ; l'apr�s-midi, l'armement
et l'habillement. Il faut distinguer entre ces assembl�es de
formation, pr�c�dant la mise en marche pour une garnison ou
l'arm�e, et les simples assembl�es p�riodiques qui, en temps de
paix, r�unissaient, le plus souvent � Nancy, les jeunes
Lorrains, pour y �tre exerc�s pendant quelques jours. A ces
derni�res, les syndics n'�taient oblig�s de se rendre que s'ils
avaient � accompagner de nouveaux miliciens. Les hommes y
�taient command�s, apr�s avoir �t� organis�s en compagnies, par
un capitaine et un lieutenant choisis soit parmi les officiers
de milice, soit dans une autre arme. Au licenciement, les
compagnies de grenadiers prolongeaient d'un mois leur p�riode
d'instruction.
Le milicien qui abandonnait sa garnison ou son bataillon en
campagne, �tait assimil� aux autres soldats d�serteurs et
encourait la peine de mort; les gal�res, s'il �tait seulement en
quartier d'assembl�e (101). La non-comparution aux exercices
p�riodiques entra�nait �galement un ch�timent s�v�re. Jean
Michelet, de Houdemont, ne s'est pas trouv� � la derni�re
r�union de la milice. L'Intendant, inform�, ordonne au
subd�l�gu� de le faire arr�ter et transf�rer � Nancy, o� il sera
incarc�r� durant trente jours. Il ne sera �largi qu'apr�s avoir
pay� les frais de capture et de ge�le (102). Dans l'intervalle
des assembl�es annuelles, les miliciens lorrains ne purent, tout
d'abord, s'absenter, f�t-ce vingt-quatre heures, de leurs
paroisses, sans une permission que le syndic �tait en droit de
refuser. Par la suite, ils n'eurent plus qu'� avertir simplement
cet officier du but de leur d�placement. Les communaut�s �taient
d'ailleurs responsables de leurs hommes, au cours des six ann�es
de service. Elles devaient toujours justifier du m�me nombre,
et, � mesure des vides, remplacer les d�serteurs, les disparus,
les morts.
Il nous reste � dire quelques mots de l'organisation des recrues
provinciales. L'ordonnance de Stanislas, du 25 d�cembre 1760, �
portant r�glement pour la lev�e des recrues dans ses �tats de
Lorraine et Barrois (103) �, n'est que la fid�le reproduction de
l'ordonnance fran�aise du 25 novembre pr�c�dent (104). La
direction et le d�tail des op�rations sont confi�s �
l'Intendant, qui a sous ses ordres un commissaire des recrues,
affect� � toute la Province, ainsi qu'un nombre suffisant de
recruteurs, distribu�s dans les villes et les cantons o� les
chances de r�ussite apparaissent les plus favorables. Ces
pr�pos�s doivent �tre de pr�f�rence d'anciens militaires. Les
engagements ont lieu pour six ans. Le prix maximum est en
principe de 10 �cus. Le pourboire varie entre 5 et 30 livres,
selon la taille. Les enr�leurs re�oivent une gratification
proportionn�e au nombre de soldats qu'ils procurent: 3 livres,
par exemple, pour chacun des cinq ou six premiers hommes; 12
livres � partir du vingt-troisi�me. Les officiers et la
mar�chauss�e ont mission d'appuyer et de faciliter la t�che de
ces agents. Les maires et les syndics, les particuliers m�me
sont invit�s, � par z�le pour le service du Roi �, � obtenir le
consentement de leurs administr�s, de leurs compatriotes. Les
documents officiels recommandent, toutefois, de n'user ni de
pi�ges, ni de violence, et d'�carter tout d�serteur, vagabond ou
mendiant. Comme il ne manquait pas de pr�sider les assembl�es de
la milice, l'intendant passe en revue tout d�tachement de
recrues pr�t � partir pour les d�p�ts de Metz ou de Strasbourg.
Lors de la cr�ation des r�giments de recrues, o� le service
demand� aux hommes �tait de huit ann�es, La Galaizi�re fils eut
� se reporter � l'ordonnance fran�aise du 1er f�vrier 1763, qui
chargeait, sous l'autorit� et le contr�le des intendants, avec
qui ils devaient entretenir une correspondance suivie, les
commissaires des guerres de la police et de l'inspection de ces
corps. L'Intendant de Lorraine estime que cette mission est
aussi d�licate qu'importante, et il appelle l'attention de ses
subd�l�gu�s, qui d�sormais tiennent lieu de pr�pos�s principaux,
sur la m�thode � suivre. Chaque subd�l�gu� pourra choisir un
pr�pos� particulier � qui sera d�livr�e une commission. Les
pr�pos�s particuliers seront libres d'employer, � leur tour,
d'autres recruteurs et d'�tendre leurs recherches partout o� il
leur semblera bon. Ces recruteurs re�oivent, tant dans les
d�p�ts qu'en tourn�e, une solde de sols 8 deniers. Le taux des
engagements ne doit plus, dans aucun cas, exc�der 30 livres. Des
d�p�ts secondaires les hommes sont, sans d�lai, envoy�s au d�p�t
g�n�ral de Rosi�res (105), o� ils re�oivent un habit de
tiretaine blanche, une veste de drap blanc doubl�e de serge, et
une culotte de tricot, doubl�e de toile. A partir du 1er janvier
1767, enfin, et durant les huit mois que le R�giment de Nancy
fut encore maintenu sur pied, l'Intendant se vit d�charg� du
soin des recrues, confi� sup�rieurement au commandant de ce
corps et � tous les officiers sous ses ordres (106). Il �tait
pourvu aux d�penses par le tr�sorier des troupes, au moyen de
sommes pr�lev�es sur le fonds dit des recrues, qu'alimentait en
partie une contribution sp�ciale acquitt�e par la Province
(107).
CHAPITRE III
Impopularit� de la milice. - Son retentissement sur la condition
�conomique du pays. - Exp�dients pour se soustraire au tirage. -
Les fraudes. - Les r�voltes. - Les fuyards. - R�le difficile
mais efforts louables du Chancelier-intendant.
La milice �tait impopulaire dans le
Royaume. Combien devait-elle l'�tre davantage en Lorraine, en
raison de la situation unique faite � ce pays. On con�oit que,
pour se soustraire au fardeau d'une institution abhorr�e, on y
ait us� de toutes les r�sistances, de toutes les fraudes.
Les exemptions �taient recherch�es avec ardeur, et chaque fois
que le syst�me en fut modifi�, de subits virements s'op�r�rent
dans les conditions sociales. A partir de 1741, les fils des
paysans � l'aise aspirent aux professions lib�rales; ils
briguent les moindres postes dans l'administration ou le service
des Fermes; les autres se disputent les places de laquais chez
les privil�gi�s, ou de valets � la suite des officiers. Beaucoup
de jeunes campagnards prennent l'habit religieux, plus par
calcul que par vocation. Le r�glement du 26 janvier 1755
provoque un changement complet. � Son effet fut prompt �, nous
dit Nicolas Durival, � et fit sortir des �tudes des procureurs,
des clo�tres et des coll�ges, et revenir dans la province, les
fils de nos meilleurs laboureurs (108). � Les boutiques se
ferment; on retourne aux champs. L'agriculture manquait de bras;
le but est atteint.
Il fut m�me d�pass�. La Galaizi�re avait compt� sans les divers
d�tours, les ententes tacites que sugg�rait l'effroi du tirage
au sort. Dans nombre de communaut�s en �tat de fournir des
miliciables, � les manoeuvriers s'arrangent avec les laboureurs,
au moyen de quoi il ne s'en trouve aucun �. - � La condition des
laboureurs �, d�clare le subd�l�gu� de Lamarche � l'Intendant, �
m�rite toutes sortes de protection; mais il serait int�ressant
que Son Excellence rend�t une ordonnance contre ceux qui, en
fraude de la milice, re�oivent chez eux les gar�ons des
man�uvriers, sous le nom de domestiques (109).� C'est l'avis de
son coll�gue de Bourmont : � Dans tous les cas, j'ai observ� de
seconder les intentions de Votre Grandeur en faveur des
cultivateurs. Mais je dois l'informer que la plupart sont
indignes de ces �gards, par les abus et les fraudes qui se
commettent. Avant les ordonnances, presque tout laboureur
conduisait sa charrue avec le secours d'un petit domestique de
douze ou quinze ans, et souvent d'une fille. Maintenant ils
retirent des sujets miliciables, et, apr�s le tirage, ils les
renvoient. (110) � Il est tel de ces �tranges serviteurs qui
paient grassement pour l'�tre. Laissons la parole � un troisi�me
subd�l�gu�, celui de Neufch�teau : � Mes tirages sont presque
d�serts � cause du privil�ge accord� aux valets des
laboureurs... Les valets qui m'ont �t� pr�sent�s sont les plus
beaux gar�ons que j'aie encore vus. J'en ai reconnu plusieurs,
fils d'artisans ou n�gociants de campagne, beaucoup plus riches
que leurs ma�tres auxquels ils ne s'engagent que pour se mettre
� couvert du sort (111). � Afin de s'�viter des obligations qui
leur p�sent, soit par bienveillance pour des parents, des amis,
ceux qu'exempte d�sormais leur train de culture laissent
volontiers aux gens de la basse classe, c'est-�-dire aux
man�uvres qui par l� s'affranchissent eux-m�mes, les fonctions
de maire, de syndic, d'asseyeur et de collecteur, r�serv�es
pourtant, - � l'exception de celles de troisi�me asseyeur, - aux
membres des deux autres classes. Des man�uvres, �galement,
sollicitent et obtiennent des officiers des chasses, qui les
multiplient � plaisir, des commissions de gardes. Il se trouve
d'importants villages o� tout gar�on apte � tirer se retranche
derri�re une exception (112).
Tant que les hommes mari�s �chappent � la milice, de nombreux
mariages se contractent � l'�poque des lev�es; la plupart,
unions trop pr�coces, avec la mis�re au foyer. Quand les
localit�s privil�gi�es ne participent pas au sort, Nancy,
Lun�ville et Bar acqui�rent une population suppl�mentaire.
On s'engageait dans les troupes-r�gl�es, car c'est la milice et
non le m�tier des armes, librement accept�, qui �tait honnie
(113). De longue date, la Lorraine avait fourni au Royaume un
important contingent de volontaires. Le subd�l�gu� de
Sarreguemines, qui d�plore la difficult� de r�unir des
miliciens, reconna�t � ses administr�s un r�el penchant � vivre
sous les drapeaux : � Il faut avouer qu'il n'y a point de
province en France o� les gar�ons aient plus d'inclination �
servir que dans celle-ci (114). � Les recruteurs avaient beau
jeu (115). Le comt� de Bitche �tait rempli d'enr�leurs op�rant
pour le compte des r�giments �trangers. Les Suisses surtout,
nous apprend le subd�l�gu�, � avaient la confiance du pays (116)
�. Certains de ces engagements n'�taient que fictifs. Quand un
miliciable en arguait, on avait soin de dresser, sur-le-champ,
proc�s-verbal du contrat invoqu�, et, quelle qu'en f�t la
valeur, l'homme �tait oblig� de l'ex�cuter (117).
Mais la plupart des r�fractaires pr�f�raient un exil momentan�.
D'octobre � f�vrier, ces d�parts �taient r�guliers. Selon le mot
expressif d'un fonctionnaire, � les paroisses se vidaient
d'hommes �. Chaque r�gion avait � ce sujet des habitudes
command�es par les facilit�s offertes. Du Bassigny barrois on
passait en Champagne ou en Franche-Comt�, pour se r�pandre dans
le reste du Royaume. Les gar�ons de la subd�l�gation de Lamarche
cumulaient avec leur m�tier ordinaire celui de marchands
ambulants. A l'annonce d'un tirage, ils d�posaient l'outil, et,
devenus colporteurs, s'�loignaient. Crainviller, Saint-Ouen ou
Nijon, au bailliage de Bourmont, ne comptaient plus, � certains
moments, que de ch�tifs vendeurs de quincaillerie, qui se
dispersaient la balle au dos. Les jeunes gens de Gondrecourt
allaient de pr�f�rence � Paris ; et de ceux-l� � il en revenait
bien peu (118) �. Tous les ans, les miliciables des environs de
Villers-la-Montagne reproduisaient � la m�me man�uvre �. Ils
gagnaient le Luxembourg. Le petit village d'Athus perd de la
sorte, en 1758, quinze de ses habitants. � Les avertissements
que je leur donne et les menaces que je leur fais, ne sont pas
capables d'arr�ter ce d�sordre, ni le cours de cette �migration
� , �crit le subd�l�gu� (119). En 1757, Nouillonpont, l'une des
plus fortes communaut�s du ressort de Longuyon, ne compte plus
un seul gar�on; ils se sont r�fugi�s dans le Clermontois et dans
l'enclave �v�choise de Longwy (120). C'est dans cette ville,
dont ils sont voisins, que, tr�s avis�s, les hommes de Cheni�res
� ne cessent de passer, tirant leur subsistance de la maison
paternelle, o� ils se repr�sentent souvent et dont ils ne
s'absentent le plus r�guli�rement que dans le temps des lev�es
(121) �. Avec non moins d'empressement, on s'expatriait depuis
la Lorraine allemande, dans les principaut�s d'Empire contigu�s.
Les paysans de la subd�l�gation de F�n�trange affectionnaient
les terres de Nassau, o� ils se pr�tendaient engag�s en qualit�
de domestiques, mais qu'ils quittaient quand les miliciens
avaient rejoint leurs corps. Les gens du Schambourg �
s'�vadaient � par bandes dans l'archev�ch� de Tr�ves, sous
pr�texte de se perfectionner dans une profession. Apr�s quelques
semaines � peine, on les voyait repara�tre (122).
Il �tait impossible de s�vir contre les d�faillants qui
n'attendaient pas la publication des ordonnances pour franchir
la fronti�re. Les subd�l�gu�s faisaient donc diligence et
prenaient leurs mesures pour que les communaut�s de leur ressort
fussent toutes inform�es simultan�ment des intentions du roi.
Ils conseillaient, sans doute, � l'Intendant de n'estimer
valable qu'une absence d'une ann�e au moins, et de d�clarer
d'office acquis � l'arm�e le miliciable revenu avant ce d�lai.
Le Commissaire d�parti ne s'y d�cida pas. Il craignait, et avec
raison, d'aggraver le mal en rendant irr�vocables ces
�migrations temporaires. Aussi, la c�l�rit� de ses pr�pos�s, les
pr�cautions dont ils s'entouraient, restaient-elles � peu pr�s
sans effet. � Je n'ai pas perdu un moment de temps pour
l'ex�cution de vos ordres concernant la milice de remplacement
�, explique son agent de Neufch�teau. � Les engagements dans les
troupes du Roi, les nouveaux mariages qui tous ont �t�
pr�cipit�s, ont occasionn� le d�ficit, et je crois que si je
n'avais pas �t� si exp�ditif, je n'aurais vu personne (123). � -
� Le bruit d'une lev�e consid�rable de milice �, poursuit celui
de Longuyon, � a fait sortir beaucoup de gar�ons; une partie
s'est mari�e et plusieurs se sont engag�s pour soldats et pour
valets � des officiers (124). � - � Les enr�lements nombreux � ,
reprend le subd�l�gu� de Neufch�teau, � les domestiques de
militaires, des privil�gi�s, les exemptions des laboureurs, de
leurs enfants et de leurs valets, ont �puis� les communaut�s de
miliciables. Enfin, j'ai fait tout ce qui �tait en moi (125). �
La premi�re fois que Nancy fut assujettie au tirage, beaucoup
d'habitants se fix�rent momentan�ment � Luxembourg; pr�s de 400
s'engag�rent dans diff�rents r�giments, et il se fit tant
d'unions qu'on en compta jusqu'� 40 dans un jour (126) !
Les publications effectu�es, l'exode continuait. L'approche du
tirage d�terminait les ind�cis. Au lendemain de l'ordonnance de
1751, dans la subd�l�gation de Boulay l'ensemble des hommes
valides de six communaut�s s'enfuit (127). La veille de la lev�e
de 1757, c'est � Lun�ville un sauve-qui-peut g�n�ral (128).
Quand les miliciables �taient conduits au chef-lieu, d'aucuns,
se repentant de n'avoir pas suivi l'exemple de leurs camarades,
tombaient malades en route, s'alitaient et ne recouvraient la
sant� que les op�rations termin�es. D'autres, subitement gu�ris,
s'empressaient de rejoindre les r�fractaires. Interroger le sort
n'engageait � rien les plus r�solus. Ils pr�f�raient tenter la
fortune, quitte, en cas de malchance, � s'y soustraire bien
vite. A �tain, en f�vrier 1758, le subd�l�gu� signe un
proc�s-verbal de tirage, regarde et s'�tonne : plus de milicien
(129) ! Au cours des �tapes vers les bataillons, immatricul�s
dans les compagnies, durant le loisir des garnisons ou sous le
feu de l'ennemi, plusieurs de ces hommes, enfin, n'�prouveront
aucun scrupule � d�serter, sit�t qu'il leur sera possible (130).
Les parents, les amis �taient, � l'origine, autoris�s � tirer
pour les miliciables provisoirement absents. Quand le mandataire
avait la main malheureuse, le plus souvent le mandant n'avait
garde de repara�tre. Sa condition de milicien n'�tant pas
r�guli�rement �tablie, il �chappait � la p�nalit�. Aussi
n'admit-on plus, � partir de 1753, les p�res eux-m�mes �
repr�senter leurs fils sans une procuration, � d�faut de
laquelle l'int�ress� �tait d'ailleurs r�pr�hensible. Les
communaut�s poss�dant des ressources rempla�aient volontiers
leurs miliciens par des salari�s : � Je vous fis connaitre
l'ann�e derni�re combien il importe que la lev�e soit faite par
le sort, ainsi qu'il a �t� r�gl� par les ordonnances, sans
admettre aucun homme vendu, ces gens �tant la ruine des
communaut�s ou particuliers... J'ai su � regret la complaisance
mal entendue dont on a us�, nonobstant les d�fenses les plus
pr�cises... En cas de la moindre surprise dont je m'apercevrai,
on doit s'attendre que j'userai de la derni�re s�v�rit� pour
d�raciner un abus aussi pr�judiciable au service du Roi (131).�
Les menaces r�it�r�es de La Galaizi�re n'eurent d'autre r�sultat
que de rendre secr�te cette substitution. En droit, les
subd�l�gu�s n'�taient m�me pas autoris�s � accepter un fr�re
pour un autre, ce qu'on leur proposait souvent.
Les maires, les syndics s'ing�niaient � soulager leurs villages.
Pour y mieux parvenir, ils ne reculaient devant aucun moyen.
Leurs d�clarations �taient � l'envi infid�les. Le subd�l�gu� de
Longuyon d�nonce, en 1752, � le tour de souplesse qu'a entrepris
de faire le syndic de Saint-Supplet, concert� avec sa
communaut�, afin de ne pas tirer, et qui m�rite une punition
pour servir d'exemple (132) �. A l'automne de 1758, les gar�ons
de Valfroicourt pensent �luder leurs obligations gr�ce � une
liste apocryphe, fabriqu�e sous l'oeil bienveillant de
l'officier public, et o� ils se d�signent tous comme domestiques
de laboureurs. Ce subterfuge �tait trop grossier. Coupables et
complice le paient de quinze jours de prison et des frais
n�cessit�s par un tirage ult�rieur. Ne choisissant nos exemples
que pour cette lev�e extraordinaire de 1758, nous voyons un
syndic, encore, omettre la moiti� des miliciables, imaginer des
exemptions fantaisistes pour ceux qu'il laisse inscrits, et, �
l'appui de ses dires, suborner des t�moins. Un troisi�me s'est
content� d'attribuer � chaque cultivateur une plus grande
quantit� de terres qu'il n'en fait valoir. Le r�le de la
subvention les trahit tous deux. Falsifier conjointement les
�tats e�t �t�, certes, plus logique. Au syndic de Housseras
revient l'honneur d'y avoir song� et la confusion d'�tre
n�anmoins d�couvert.
L'exemple est classique, dans nos manuels, du milicien �perdu se
coupant le pouce pour ne pas servir. J'avoue que les papiers de
l'Intendance ne m'ont r�v�l� aucun cas analogue, non plus que
d'une mutilation quelconque. Par son incomparable topographie,
terre fronti�re serr�e d'enclaves, la Lorraine offrait, sans
doute, assez d-'autres ressources aux r�fractaires les plus
d�termin�s, pour qu'ils s'�pargnassent les moyens sanglants. Au
coeur de la Province, o� les commodit�s d'�migration
diminuaient, on recourait � des proc�d�s plus r�pugnants que
brutaux. En quelques heures le sang g�n�reux se viciait; les
membres sains se couvraient de plaies et d'excoriations. Les
ulc�res �taient en faveur. Pour les provoquer, les familles se
confiaient des recettes infaillibles. � Je suis inform�,
Monseigneur, �crit le subd�l�gu� de. Remiremont, que nombre des
gar�ons de mon d�partement font � pr�sent usage de mouches
cantarides et d'une herbe qui leur occasionne ces sortes
d'infirmit�s aux jambes, cc qui arrive actuellement tr�s
fr�quemment, surtout � l'approche des milices, lesquelles
finies, ils s'abstiennent de s'en servir (133). � La rigueur de
cette r�ponse, crayonn�e par l'intendant en marge de la requ�te
d'un campagnard, n'est donc qu'apparente : � D�cid� que pouvant
�tre gu�ri de son ulc�re, il doit servir. � Du jour au
lendemain, des paroisses r�put�es pour leurs gars robustes, se
transformaient en cour des miracles. Des incurables naissaient ;
des boiteux surgissaient. Mieux : il se trouvait des voisins
honorables pour attester l'anciennet� de ces maux; de braves
m�decins, des chirurgiens de confiance, pour r�gulariser ces
pr�tendus �clop�s. � Les artifices des gar�ons, les infirmit�s
qu'ils ont pr�tendues lors du tirage, celles employ�es depuis
par ceux auxquels le sort est �chu, nous ont mis dans le d�troit
�, avoue le subd�l�gu� de Villers-la-Montagne (134). L'habilet�
de Joseph Grosjean, de Ch�teau-Salins, dut rendre jaloux plus
d'un miliciable. Quoique ayant l'oeil gauche atteint par la
cataracte, il ne s'est pas cru � l'abri du sort. Bien lui en a
pris, du reste, car c'est pour d�faut de taille que, par deux
fois, on le r�forme. Or, � une nouvelle comparution, le pr�pos�
s'avise de le faire litt�ralement �tirer. Et le patient de
grandir, de d�passer les 5 pieds exig�s. Comme l'explique
na�vement le rapport, Grosjean avait � le secret de se
rapetisser de fa�on qu'il faisait rentrer les hanches dans les
cuisses (135) �. D�voil�es, ces supercheries �taient
impitoyablement ch�ti�es. Mais il fallait avoir soin de signaler
sans r�ticence ses tares physiques. La fausse honte co�tait cher
: � Pour punir ce milicien de n'avoir pas d�clar� ses
infirmit�s, vous le ferez mettre en prison, d'o� vous ne le
ferez sortir qu'apr�s qu'il aura subi cette peine pendant trois
jours, en payant par lui les frais de capture, nourriture, gite
et ge�lage ; vous lui ferez aussi payer le voyage des syndics et
gar�ons des communaut�s convoqu�s pour son remplacement (136). �
Les subd�l�gu�s � qui incombait la t�che d�licate de d�jouer des
ruses sans cesse renouvel�es, de confondre les simulateurs,
�taient loin d'avoir toujours leurs aises en pr�sence de ces
hommes, m�contents, pr�ts � tout. A maintes reprises, ils
informent leurs chefs que les op�rations du tirage ont �t�
p�nibles, tumultueuses. En sa qualit� de subd�l�gu� de Nancy,
Nicolas Durival assista � des tentatives de r�volte : � J'ai
fait publier une ordonnance � six heures du matin pour le
rassemblement de ceux qui avaient �t� s�par�s par le sort. M. le
marquis de Choiseul m'a accord� une forte garde. L'assembl�e
avait commenc� � huit heures du matin, mais les gar�ons
refusaient d'entrer dans la salle de concert, demandant que les
fils de marchands et autres qui avaient �t� exempt�s, soient
soumis au sort. Je l'ai refus�. Les gar�ons se sont mutin�s. Un
soldat avait bourr� l'un d'eux; tous se sont avanc�s pour le
soutenir. Ils protestaient de ne pas tirer si la garde ne se
retirait. Je l'ai encore refus�. Vers dix heures, la s�dition a
augment�; et il y avait � craindre. Mais, par la fermet� et la
sagesse du sergent de garde, tout est devenu plus calme, surtout
apr�s que j'ai eu d�clar� aux ar�ons que j'allais d�clarer
miliciens environ une trentaine qui �taient entr�s, et eux tous
miliciens de droit pour servir � la d�charge des premiers. J'ai
pris la r�solution de tirer par paroisses, � commencer par celle
de Notre-Dame. Alors les mutins, � la vue de ceux que le sort
avait affranchis, ont demand� � �tre admis � tirer, et
l'op�ration s'est faite assez tranquillement (137). � Les
montagnards des Vosges �taient non moins ombrageux que les
ouvriers des faubourgs, les gars du Val-d'Ajol particuli�rement.
� Je les ai vus plusieurs fois de suite, raconte un voyageur,
arriver en une troupe de plus de cent trente ou quarante, qui
�taient affubl�s d'une mani�re si grotesque, qu'ils faisaient
rire tout le monde. Ils chantaient � pleine t�te, et jouaient de
quelques mauvais instruments; ils �taient tellement d�termin�s,
que la mar�chauss�e qui �tait pr�sente, ne les �pouvantait
gu�re, et que celui qui �tait pr�pos� pour faire tirer le sort,
craignait ce moment comme le plus critique de toute son
op�ration. Il les faisait sortir de sa cour qui n'�tait pas
assez spacieuse pour les contenir, afin de les arranger dans la
rue, en les traitant d'amis, tandis que ceux des autres
communaut�s n'�taient regard�s que comme de petits gar�ons
(138). �
Ce fut souvent, aussi, dans un extr�me d�sordre que les
miliciens quitt�rent le lieu d'assembl�e. Quels sentiments
devaient animer ces hommes, souvent mal v�tus, d�j� maltrait�s,
et qu'une coupable incurie laissa m�me sans abri. A Nancy, en
mai 1744, on donne aux nouveaux conscrits les uniformes us�s de
leurs camarades incorpor�s dans le r�giment de Royal-Lorraine.
Sans billets de logement, pr�s de-2000 gar�ons restent, pendant
deux et trois nuits, � sur le pav� (139) �. L'ann�e suivante,
les vieux effets remis aux hommes de remplacement se trouvent en
si minable �tat, que d'aucuns, refusant de s'en affubler, � les
ont laiss�s par terre (140) �. A Saint-Nicolas, le 10 mars 1746,
une foule immense et la pluie battante ajoutent � la confusion;
le pointage devient impossible. On ne peut �tre fix� sur le
nombre de miliciens mis en marche qu'� en juger par les
�quipements d�livr�s. Les malheureux s'en vont grelottant,
couverts d'une simple veste (141).
Tout miliciable absent de sa communaut�, sans motif l�gitime, au
moment du tirage au sort, �tait r�put� fuyard. Devait �tre
pareillement rang� dans cette cat�gorie, quiconque avait r�ussi
� s'affranchir par le mensonge, ou continuait � profiter d'une
dispense que rien ne motivait plus. En 1755, la subd�l�gation de
Villers-la-Montagne qui doit fournir 9 soldats, a jusqu'� 12
fuyards. A la lev�e d'automne de 1758, la subd�l�gation de
Lun�ville en compte 27 (142).
Le fuyard �tait de droit milicien et contraint de servir � la
place de celui qui parvenait � s'en emparer. Quand un milicien
avait conduit, de gr� ou de force, un de ces r�fractaires devant
le subd�l�gu�, on dressait ce qui s'appelait le proc�s-verbal de
constitution de fuyard. Mais la mutation qui s'ensuivait, avait
lieu aux risques et p�rils du b�n�ficiaire :� Je viens
d'apprendre que le nomm� Jean Louis, fuyard de Dominique Vehert,
milicien de Fontenoy, a �t� tu� � l'arm�e. Comme ce milicien est
responsable du service de son fuyard, vous aurez agr�able de lui
ordonner de se rendre � la premi�re assembl�e, pr�t � joindre
son r�giment. (143) � Cette facult� de substitution avait des
cons�quences d�plorables, dans les campagnes surtout, o� d�j� le
r�gime des exemptions suscitait les rivalit�s et attisait les
haines. Les articles du 26 janvier 1755 ne pr�voyaient que le
labourage au moyen de chevaux. Or, dans certains cantons de la
Province, les boeufs travaillaient aux champs. Leurs
propri�taires pr�tendaient n'�tre pas moins favoris�s. Mais ceux
qui n'attelaient que les chevaux, r�clamaient l'application
textuelle de l'ordonnance, craignant que cette extension
n'amoindr�t leur privil�ge. Avant que l'Intendant n'e�t tranch�
le d�bat dans son sens le plus large, les agriculteurs du
Schambourg se s�par�rent soudain en deux camps rivaux (144). Que
devait �tre, d�s lors, la lutte entre miliciens et fuyards, on
le devine sans peine. Autant les familles qui n'avaient pas de
membres astreints au tirage, prot�geaient et servaient les
miliciables en qu�te d'une tromperie, ou la population d'une
paroisse se solidarisait pour une fraude commune, autant, quand
il s'agissait d'un r�fractaire isol�, l'amiti� se taisait, la
piti� devenait un mythe. Le plus ignorant discute sciemment des
cas d'exemption; un rustre ergote sur des v�tilles. On raille ce
malade; on confond cet infirme. On interroge, on �pie, on prend
acte des moindres faits de la vie journali�re. Le voisin devient
un ennemi, les parents eux-m�mes sont � craindre. C'est le r�gne
de la m�fiance, le .triomphe de la d�lation. Tel est d�nonc�
qui, exempt� en sa qualit� de valet, a quitt� son ma�tre avant
l'ann�e r�volue. Malheur au fugitif qui repara�t en cachette au
foyer ! En 1752, les gar�ons de Saint-Supplet attirent
l'attention du subd�l�gu� sur deux jeunes gens qui n'ont pas
comparu, � sous pr�texte qu'ils �tudient chez le vicaire, qui
tient des �coliers �. Le cur� et le vicaire envoient une
attestation en r�gle. Non, r�pliquent les opposants, ce sont des
fuyards; on les a aper�us, l'�t� dernier, occup�s aux moissons
(145).
Il �tait interdit aux �tablissements religieux et aux
particuliers de donner asile, avant le tirage, � des miliciables,
et, apr�s une lev�e, � des miliciens, sous peine de 500 livres
d'amende pour chaque contravention, sans aucune remise (146). Le
fuyard reconnu est une pauvre b�te traqu�e, qu'on poursuit sans
r�pit par les champs et par les bois. En 1758, les habitants de
Bar-le-Duc supplient l'intendant de faciliter aux p�res et m�res
la capture des fuyards (147). Pour tra�ner devant le subd�l�gu�
un compatriote, un camarade, soup�onn� de n'�tre pas en r�gle,
le milicien use tour � tour de promesses ou de violence; il
persuade ou terrorise sa victime; il mettra au besoin la
mar�chauss�e, que la loi lui permet de r�quisitionner, � ses
trousses. Devenant un vil racoleur, il ach�tera ou grisera
l'infortun�.
Ces sc�nes pitoyables se fussent davantage multipli�es, si la
lib�ration du d�lateur n'�tait pas rest�e subordonn�e au service
int�gral du fuyard; s'il ne lui avait fallu courir, � la
prochaine lev�e, les hasards d'un nouveau tirage ; et, enfin,
prendre � sa charge les frais d'arrestation. Sans fortune,
incertains du lendemain, beaucoup de miliciens se taisaient
donc, moins par g�n�rosit� que par d�couragement. Ainsi
s'explique le succ�s relatif des infirmit�s passag�res, la
fr�quence des �migrations abr�g�es sans danger. A ces heures
n�fastes o� le sens moral succombait, il y eut aussi d'obscurs
sacrifices. Depuis cinq ans, les hommes mari�s ne tiraient plus
au sort, quand, en 1756, ils furent � nouveau convoqu�s, vu
l'insuffisance de gar�ons.
Il s'agit de sauver des chefs de famille. Nombre de r�fractaires
reparaissent. Touchant d�vouement, il y eut m�me, de temps �
autre, des substitutions de fuyards frauduleuses.
Les commissaires d�partis, qui d�cidaient sans appel en mati�re
d'exemptions, dressaient �galement la liste d�finitive des
fuyards et fixaient les punitions selon la gravit� des fautes.
Toute la charge de cette branche de l'administration reposait de
la sorte sur eux. Il n'est pas d'attributions o� l'Intendant de
Lorraine eut � d�ployer, de 1741 � 1758, plus d'activit� et
d'�nergie. En cette t�che ingrate, La Galaizi�re fit preuve d'un
esprit sup�rieur. Qu'il s'agisse du bon ordre d'une assembl�e,
du choix des fournitures, ou de l'examen d'un placet, il tient �
tout v�rifier par soi-m�me. Le d�pouillement de l'�norme
correspondance relative � la milice, qui parvient dans ses
bureaux, est lui seul un labeur. On y remarque des lettres de
tout genre : billets de grands personnages, requ�tes de hauts
eccl�siastiques qui patronnent un miliciable, missives tr�s
humbles adress�es � Monseigneur par des parents en larmes. Des
m�res, des �pouses supplient l'lntendant de se laisser
attendrir. Elles prieront, ajoutent-elles, pour la sant� de Sa
Grandeur. Des jeunes hommes exposent des cas de r�forme. Ceux-ci
d�veloppent une situation particuli�re et non encore pr�vue. La
Galaizi�re a pris personnellement connaissance du moindre de ces
papiers. Les simples mentions : exempt�, d�charg�, d�bout�, plus
souvent des consid�rants d�taill�s, indiquent que tous ont �t�
lus consciencieusement. Certains arr�ts semblent durs; il ne
s'en trouve gu�re d'arrach�s par sollicitation. Sous le s�v�re
coup d'�il du chef, � la faveur, les bons diners et les petits
cadeaux � n'obtenaient pas tout, et le pouvoir des subd�l�gu�s
n'�tait pas � poss�d� sans partage et exerc� sans contr�le (148)
�. Si ces agents, moins �clair�s ou plus sensibles � de bas
arguments, ont pu, � certains moments, tromper sa confiance, sa
responsabilit� n'en saurait �tre atteinte. Le subd�l�gu� de
Bar-le-Duc, par exemple, souffre, en octobre 1758, des
irr�gularit�s dans le tirage au sort. Il a d�sign� le fils de
son boulanger pour �tablir le r�le des miliciables d'un
quartier; exempt�, sans autre raison, le fils du d�positaire des
clefs d'un magasin communal et un individu qu'accidentellement
il envoya porter des ordres dans un village. Sur plus de 100
miliciables, il n'y en a eu que 70 d'inscrits, et, comme les
int�ress�s murmuraient, la mar�chauss�e a frapp� � � grands
coups sur eux �. Le dossier de cette affaire, transmis �
l'Intendance, nous atteste que les ill�galit�s signal�es �taient
toujours suivies d'une r�paration (149). En ces questions o�
l'arbitraire est flagrant pour la plupart des provinces, La
Galaizi�re ne c�de ni aux sollicitations, ni � la brigue.
Maintes fois, les plus chaudes recommandations du roi de Pologne
lui-m�me demeurent lettre morte pour l'aust�re administrateur.
Ce n'est pas le terrible chancelier de Stanislas qui �puisa
d'hommes les Duch�s. Avant le prince insouciant, il �leva la
voix en faveur du pays. N'�tant pas entendu, il lui procure
l'all�gement de l'ordonnance de 1755; et, plus pitoyable que
plusieurs de ses subd�l�gu�s, consent volontiers a cette
occasion des fraudes, si du moins l'agriculture est sauv�e. Tout
reproche doit aller � l'institution m�me de la milice, source
d'abus et d'injustices, aux ministres de Louis XV, surtout, dont
les demandes inconsid�r�es marquaient la ruine d'une province
qui, � s'en tenir aux strictes clauses des trait�s, n'�tait pas
encore fran�aise.
CHAPITRE IV
Le contingent fourni par les Duch�s est proportionnellement
sup�rieur � celui des autres provinces. - Le service de
garnison. - La milice lorraine aux arm�es. - Les pertes. -
Profond �puisement du pays.
Les chiffres cit�s plus haut ont laiss�
entrevoir l'importance du contingent lev� dans les Duch�s, au
cours des dix-sept ann�es que l'on tira au sort sous le r�gne de
Stanislas. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, plus
de 13 200 hommes furent mobilis�s. Ce total est minimum. Il
manque � notre addition les remplacements individuels des hommes
morts ou en fuite, impos�s aux paroisses responsables, dans
l'intervalle des tirages (150). En 1748, le pays avait sur pied
9 740 miliciens (151), alors que l'effectif �tait de 79 520
hommes pour la totalit� de la milice assembl�e par Louis XV
(152). La quote-part �tait donc de plus du huiti�me, et, � juste
titre, Durival pouvait �crire : � Aucune province de son royaume
n'en avait tant fourni (153). � Pour la guerre de Sept ans, la
proportion est moindre. Du d�but de 1757 � la fin d'octobre
1758, 6 034 miliciens sont r�clam�s � la Lorraine lors des
lev�es g�n�rales (154).
On a, depuis, exag�r� ces chiffres, assez �loquents pour qu'on
ne les force pas. Ce qu'il est vrai d'ajouter, c'est que ces
quelque 20 000 hommes ne donnent qu'une id�e imparfaite de la
contribution des Duch�s au cours des hostilit�s avec l'Autriche
et la Prusse. Il faut mettre en ligne de compte, � partir de
1759, les recrues provinciales. On ne saurait oublier les
enr�l�s soi-disant volontaires, beaucoup engag�s par surprise ou
dans une heure de d�couragement ; ni m�me ces miliciables que la
peur jetait par bandes aux fronti�res. La Cour souveraine
l'affirme: � Quoique par les ordonnances de 1741 et 1743 il ne
paraisse que cinq mille quatre cents hommes de milices lev�s
dans la Lorraine et le Barrois, on peut assurer que cette lev�e
en a fait sortir plus du triple et du quadruple des deux
provinces, parce qu'il est certain que la crainte du tirage en a
d�termin� un grand nombre � s'enr�ler volontairement et des
milliers � passer en pays �tranger (155). � La paroisse de
Laneuveville-aux-Bois, qui se compose de 90 feux, a plus de 20
gar�ons sous les drapeaux (156). En 1757, le subd�l�gu� de
Sarreguemines parle d'une communaut� de son ressort qui a fourni
aux arm�es 150 soldats (157). Fraisnes-en-Saintois, au bailliage
de V�zelise, compta simultan�ment 40 gar�ons entr�s, de gr� ou
de force, au service du roi. Les filles ayant �t� oblig�es de
les remplacer aux plus dures besognes, il en meurt 15 dans une
ann�e (158). D�j�, au printemps de 1744, �'avait �t� � Nancy,
selon le libraire Nicolas, � un v�ritable brigandage de voir une
foule de soldats battre la caisse dans les deux villes, pour
engager toutes sortes de jeunes gens, m�me de famille (159) �. A
la lev�e d'automne de 1758, le subd�l�gu� reconna�t qu'il n'y a
plus rien � attendre de la capitale, en raison � des enr�lements
prodigieux qui s'y sont faits, tous les clercs s'�tant faits
gendarmes (160) �.
Sur ces hommes, combien furent � jamais perdus pour leur sol
natal ? Il serait difficile d'�tablir un bilan, f�t-il
approximatif. En ce qui concerne les seuls miliciens, on a du
moins quelques donn�es. La preuve se trouve dans les
statistiques officielles, que la plupart tomb�rent sur les
champs de bataille, p�rirent dans les prisons ou les h�pitaux.
Pendant la guerre de la Succession d'Autriche, les bataillons de
milice proprement dite restent affect�s aux garnisons ou aux
forteresses des fronti�res et des c�tes. Nous ayons vu, d�s leur
cr�ation, les trois r�giments lorrains partir pour Landau, o�
Croix s�journait encore en septembre 1743, pour Calais et pour
Givet. En mai 1745, Montureux est � Saint-Esprit; les bataillons
de Polignac sont � Bergues, � Calais et � Dunkerque; ceux de
Ligniville � Valenciennes et � Lille (161). Mais � dater de
cette ann�e, les grenadiers royaux, d�tach�s des compagnies de
fusiliers, prennent une part active aux op�rations. Ils
assistent aux si�ges d'Anvers et de Namur, � l'affaire de
Raucoux, � la prise de Berg-op-Zoom. Lors de la guerre de Sept
ans, o� ces m�mes grenadiers royaux furent envoy�s � Minorque,
des fusiliers lorrains sont, selon le nouveau syst�me en
vigueur, organis�s en bataillons de campagne. Le r�giment de
Montureux concourt � remplacer les troupes r�gl�es pr�lev�es sur
les forces de Clermont au profit de celles de Soubise. A
l'automne de 1758, tandis que Polignac est en Dauphin�, nous le
rencontrons � Wesel, o� il se trouve encore un an plus tard. En
1760, le bataillon de Sarreguemines, sous les ordres de
Castries, est � Meurs, pr�pos� � la garde des �quipages, le jour
du combat de Clostercamp. En 1761, c'est un des onze bataillons
de milice figurant � l'arm�e du Bas-Rhin, et un des quatre
attach�s � l'�tat-major. A la fin de cette campagne, le
bataillon de Nancy compte encore 460 hommes vivants, sur un
effectif de 720; mais de ceux-l� presque tous sont bless�s et
prisonniers. En mars 1761, 22 seulement rentrent dans leurs
villages (162).
Royal-Lorraine et Royal-Barrois march�rent partout au premier
rang. En 1744, Royal-Lorraine est � l'arm�e du Rhin, sons les
ordres du duc de Coigny. Il renforce le corps qui couvre le
si�ge de Fribourg. Il hiverne dans les Villes Foresti�res, et,
au printemps suivant, on le voit � l'arm�e de Bavi�re, command�e
par S�gur; puis, sous Conti, � l'arm�e du Mein. De 1746 � 1748,
c'est � l'arme d'Italie qu'il se signale. D'abord immobilis� sur
le versant occidental des Alpes, dans le Dauphin�, en Provence,
il a son r�le au si�ge de Vintimille. Royal-Barrois, qui prend
rang imm�diatement apr�s Royal-Lorraine, est, en 1746, l'arm�e
de Flandre, � Charleroi, � Raucoux; puis il se rapproche
�galement des Alpes.
Apr�s leur r�tablissement de 1757, les deux r�giments furent
encore moins m�nag�s. Dirig�s tout d'abord sur l'arm�e de
Soubise, ils assistent au d�sastre de Rosbach, o� ils facilitent
la retraite. Le 20 novembre, Durival consignait dans ses cahiers
: � On a nouvelle � Lun�ville que le r�giment Royal-Lorraine et
celui de Royal-Barrois se sont bien conduits � la suite de la
malheureuse affaire du 5, pr�s de Weissenfels. Le premier �tait
� la droite de l'arm�e, � garder un pont sur la Sala, qu'il
br�la avant de le quitter, et fit la retraite sous les ordres de
M. de Saint-Germain. Royal-Barrois �tait de garde au parc de
l'artillerie, vit d�filer l'artillerie et se mit en marche en
bon ordre � sa suite. Ce r�giment n'arriva � Fribourg, �
quelques lieues de l�, qu'� six heures du matin, le 6. Les
autres corps de l'arm�e de Soubise y �taient d�s minuit. �
Royal-Barrois ne perdit qu'une vingtaine d'hommes, mais
Royal-Lorraine fut plus �prouv� (163). Bless�, son colonel, M.
de Rivray, fut pris et conduit � Berlin pour une longue
captivit� (164). En 1758, les deux corps font partie de l'arm�e
du Bas-Rhin. Royal-Barrois fut � Crefeld (23 juin).
Royal-Lorraine et Royal-Barrois grossissent le d�tachement qui,
sous les ordres de Chevert, essaie en vain, le 5 ao�t suivant,
de rompre, pr�s de Emmerich, le pont des Hanovriens. Plus de 100
miliciens lorrains paient de leur vie cette tentative; une
soixantaine sont bless�s ou prisonniers (165). Quand
Royal-Barrois est r�form�, de ses 680 hommes il en reste � peine
300 !
Il serait injuste de ne pas accorder un souvenir au r�giment des
Gardes de Lorraine, compos� en majorit� de volontaires, mais qui
comprit aussi, nous l'avons vu, des miliciens. Ce corps combat �
Plaisance (16 juin 1746), o� il laisse 75 soldats tu�s et a 107
bless�s. La journ�e du Tidon (10 ao�t 1746) est pour lui plus
sanglante : 280 hommes manquent � l'appel, 187 sont bless�s
(166). Retir�s � Grasse apr�s cette terrible campagne de 1746,
ses deux bataillons r�unis ne se composent plus que de 361
hommes. Oblig�, le 23 f�vrier 1758, de se battre � Hoya contre
un corps sup�rieur de Hanovriens et de Prussiens, le r�giment,
de nouveau d�cim�, opposera la plus vigoureuse r�sistance (167).
Mais � quel prix, grand Dieu ! Des 600 hommes rest�s sous les
armes, 150 sont tu�s - un sur quatre; pr�s de 260, faits
prisonniers. Assi�g�e dans Minden, enfin, avant qu'il soit un
mois, une ample partie de ce glorieux d�bris 138 hommes et 17
officiers - doit d�poser les armes pour �tre transf�r�e dans les
casemates de Hanovre (168).
De telles saign�es devaient infailliblement amener une prompte
an�mie. A la lev�e de 1746, il s'en fallait d�j� de 77 miliciens
que la quotit� demand�e f�t atteinte (169). Une seconde
r�partition avait �t� n�cessaire. Apr�s Aix-la-Chapelle, alors
qu'il ne s'agit plus que d'effectuer les remplacements dans six
bataillons, les subd�l�gu�s ont grand'peine � y parvenir. � Je
suis persuade que des 22 miliciens que j'ai � tirer dans ma
subd�l�gation, il ne s'en trouvera pas 12 �, �crit, en 1751,
celui de Pont-�-Mousson (170). Partout, il est indispensable de
modifier, de remanier les �tats dress�s � l'Intendance. Les
proc�s-verbaux dits d'insuffisance, de d�ficit, de surs�ance, se
multiplient. En 1755, dans la subd�l�gation de Bourmont, il ne
se trouve que 9 miliciens sur les 17 voulus (171). L'ordonnance
du 26 janvier de cette ann�e accrut la difficult� d'alimenter la
milice. Mais que fussent devenues les campagnes sans cette
mesure salutaire ? � Le d�vastement des gar�ons avait �t� si
grand, que sans les bont�s qu'a eues Votre Excellence
d'affranchir un fils et un domestique aux laboureurs, il n'en
serait point rest� du tout �, d�clare � La Galaizi�re son
subd�l�gu� de Sarreguemines (172). On a vu les fils de
marchands, les manoeuvres, se mettre � couvert du sort en louant
leurs services aux cultivateurs. En d�pit du privil�ge consenti,
les aides ruraux eux-m�mes finissent par devenir rares. Le
subd�l�gu� de Longuyon l'affirme : � J'ai remarqu�, Monseigneur,
que beaucoup de laboureurs qui cependant ont droit d'exempter
par chaque charrue un enfant ou un domestique, en manquent et
sont oblig�s de prendre des Luxembourgeois � gros gages (173). �
Le t�moignage peu suspect d'un autre contemporain est pins
saisissant : � On voyait � la suite de nos charrues des
vieillards, des femmes, des enfants (174). �
La guerre de Sept ans aggrava l'�tat de choses. Au printemps de
1757, et malgr� deux tirages successifs, la subd�l�gation de
Darney, qui n'avait donn�, en 1752, que 21 miliciens sur 27,
n'en fournit plus que 16 sur les 24 qui lui sont assign�s (175)
. A Lun�ville, port�e pour 80 miliciens, on ne peut, le 1er
avril de la m�me ann�e, en r�unir que 28 (176).
Cependant une extr�me tol�rance est maintenant accord�e aux
pr�pos�s, pour le choix de ces soldats. Le subd�l�gu� de
Gondrecourt souligne l'opportunit� de cette latitude : � J'ai vu
le temps o� les hommes de ce pays-ci �taient grands, et ils sont
� pr�sent aussi rares qu'ils y �taient autrefois communs.
J'avoue que les recrues enl�vent les plus beaux (177). � La
mis�re ab�tardissait la race. En 1751, aucun des 12 miliciables
pr�sent�s par la communaut� de Hampont n'a les qualit�s
physiques requises (178). C'est d�sormais un �v�nement quand les
subd�l�gu�s envoient � l'assembl�e des gar�ons bien constitu�s.
Ils insistent sur leur chance; pour un peu, ils en prendraient
vanit� (179). R�duits aux exp�dients, la plupart. en arrivent �
une facilit� ridicule. Leurs miliciens sont vraiment � de trop
mince figure � ; ils ne peuvent �tre incorpor�s. L'un d'eux, �g�
de trente ans et d'une taille tr�s inf�rieure � la moyenne,
n'avait-il pas �t� accept� sous le pu�ril pr�texte que
d'aventure il grandirait. Le subd�l�gu� de Ch�teau-Salins h�site
� rejeter un homme attaqu� de la teigne; il d�clare milicien un
gar�on qui a � la cheville du pied gauche d�rang�e de naissance
�, sans doute un pied-bot. Deux fois l'estropi� avait �t�
r�form�; mais il est bon marcheur, assez mauvais sujet et -
consid�ration d�cisive - il entretient la brouille dans sa
famille (180) ! Afin d'�viter ces incidents absurdes, La
Galaizi�re devra en revenir, pour les lev�es de 1758, �
l'application de l'ancienne r�gle. A ce moment, l'administration
donne pour son compte la chasse aux fuyards; et ces r�fractaires
que l'Intendant faisait nagu�re incarc�rer comme vagabonds,
quand des miliciens ne les repr�sentaient pas, forment une
pr�cieuse aubaine. Pour beaucoup de paroisses, en effet, ce
n'est plus l'insuffisance que l'on constate, mais la carence
absolue. � J'ai taill�, coup� et renou� autant qu'il m'a �t�
possible �, �crit, le 2 f�vrier 1758, le subd�l�gu� de
Neufch�teau, � sans que le succ�s que vous vous �tes propos� y
e�t pleinement r�pondu : vous le verrez par les proc�s-verbaux
que je vous prie de faire examiner de pr�s (181). � A l'automne,
le subd�l�gu� de Nancy informe l'Intendant que, malgr� tous ses
soins, son arrondissement ne lui a cc rendu que 153 hommes, en
sorte qu'il s'en manque 20 que l'�tat ne soit rempli. Il n'y a
plus rien � esp�rer � Nancy, il est �puis� de gar�ons (182).�
Ses coll�gues sont unanimes � reconna�tre que trouver les quatre
miliciables r�glementaires par milicien, est un probl�me
insoluble. Le pr�v�t de Sarralbe remarque que � l'�toffe fait
d�faut �.
Les subd�l�gu�s de Bouzonville et de Bitche parlent de la �
disette des sujets �. Celui de Bar-le-Duc en d�plore la �
p�nurie �. Dix ans plus t�t, au dire de Durival, � l'esp�ce des
miliciables �tait devenue rare (183) �. Aujourd'hui, selon le
mol �nergique du rapporteur de la Cour souveraine, c'est �
l'esp�ce d'homme � qui s'�teint (184).
Quand il y aura � rassembler en 1759 les recrues provinciales,
�nergie du Commissaire d�parti, habilet� de ses agents,
intimidations de la mar�chauss�e, ruses, promesses, n'aboutiront
donc qu'� de maigres r�sultats. La France se heurte � un
impossible. De janvier � octobre 1761, Lun�ville envoie au d�p�t
de Strasbourg 53 hommes; Nancy, 48; Epinal, 18; Saint-Mihiel,
16; Bar-le-Duc, 13 ; mais Neufch�teau et Pont-�-Mousson n'en ont
procur� que 2; Nomeny, un seul. Veut-on le secret de ce succ�s
relatif ? On a laiss� de c�t� toutes les recommandations des
premi�res circulaires. Le prix des engagements, bient�t calcul�
sur une moyenne de 50 livres, a �t� sans cesse �lev�. Il y a,
suivant les semaines et les r�gions, un v�ritable cours des
recrues. Le taux peut redescendre � 30 livres; le plus souvent,
il est sup�rieur � 100 livres. Quatorze engagements, conclus �
Sarreguemines, co�tent chacun 126 livres. Telle recrue re�oit,
outre sa prime, la garantie de 72 livres par an. A Bouzonville,
un nomm� Mathis Heitz, �g� de dix-neuf ans, ne s'est pas d�cid�
� moins de 324 livres. Des march�s immoraux sont sugg�r�s. Un
homme se rach�te moyennant deux hommes. Et, parmi ces recrues,
je vois que beaucoup ne sont pas dans les conditions prescrites.
Il en est de seize et de quarante ans � environ �. L'adverbe est
ici significatif. On a n�glig� la limite de la taille, ferm� les
yeux sur des cas r�dhibitoires �vidents. 24 d�serteurs, qui
profitent de l'amnistie accord�e par l'ordonnance du 1er juillet
1761, sont enr�l�s � Lun�ville par le commissaire des guerres.
On admet les pires vauriens. On racole dans les prisons, on
s'assure des d�tenus � leur sortie. Cette mention : � On n'a pas
revu ce particulier depuis son engagement �, est fr�quente en
marge des listes. Sur 515 de ces singuli�res recrues, 36
s'enfuient et 32 doivent �tre r�form�es avant m�me d'avoir gagn�
le quartier g�n�ral. A la cr�ation du R�giment de Nancy, enfin,
quand le prix des engagements ne dut plus exc�der les 30 livres
habituelles, pourboire non compris, harcel� par ses chefs,
l'Intendant est contraint, pour ne pas laisser vides les
casernes de Rosi�res, de mettre en cause l'avidit� de tous les
gens malhonn�tes et d'augmenter progressivement le traitement de
ses recruteurs (185).
CHAPITRE V
La milice, de la mort de Stanislas � la R�volution. -
R�tablissement du tirage au sort. - Unification avec le syst�me
fran�ais, puis transformations parall�les. - R�giments
provinciaux et bataillons de garnison. - Derni�res
particularit�s propres � la Lorraine. - Cons�quences durables
des premi�res exigences.
Par un f�cheux concours de circonstances,
fortuit.es et voulues, le r�gne nominal de Stanislas correspond
pour la milice, tout comme nous l'avions vu pour le second imp�t
en nature, la corv�e (186), � la p�riode o� le fardeau fut de
beaucoup le plus lourd.
Si le r�giment de recrues de Nancy est supprim� en 1767 (187),
on a recommenc� de tirer au sort quelques semaines � peine apr�s
la mort du roi de Pologne. mais, pour la premi�re fois,
l'ordonnance de Louis XV du 27 novembre 1765 qui r�tablit la
milice et en d�cr�te la lev�e prochaine, assimilant franchement
les Duch�s aux autres provinces du Royaume, a effac� toute
distinction p�jorative. A lire le d�but de son dispositif, on
dirait qu'un secret pressentiment avait averti le gouvernement
fran�ais qu'� l'heure o� ces articles recevraient leur
application, le prince dont la vieillesse avanc�e prolongeait
une situation �quivoque, le Duc-roi, ne serait plus. � Les 105
bataillons de milice des provinces et g�n�ralit�s du Royaume, y
compris les quatre des duch�s de Lorraine et de Bar, et celui de
Paris � , compos�s chacun de 710 hommes, formeront d�sormais un
corps de 74 500 hommes. La milice lorraine, c'est-�-dire les
bataillons de Nancy, de Bar, d'Etain et de Sarreguemines,
marchant de pair avec celle des �v�ch�s, est class�e la 18e.
Elle prend rang entre la milice de Bretagne et celle d' Artois.
Quant � ses compagnies d'�lite, elles composeront, avec celles
des bataillons alsaciens et �v�chois - Metz et Verdun,
Strasbourg et Colmar,- le 4e des 11 r�giments fran�ais de
grenadiers royaux (188).
On sait qu'en 1771 le roi tint � donner � la milice une
constitution qui la rapproch�t de son infanterie, et qu'une
d�signation nouvelle fut substitu�e � un terme trop d�test�. Les
104 bataillons alors existants sont group�s en 47 r�giments
provinciaux (189); le milicien devient un soldat provincial.
Dans ce remaniement (190), les bataillons de Nancy et de
Sarreguemines forment le 34e r�giment, ou provincial de Nancy
(191); ceux de Bar et d'�tain, le 35e, ou provincial de
Bar-le-Duc (192). Tous deux ont leur quartier d'assembl�e et
leur centre d'exercices dans la capitale lorraine (193). Leurs
compagnies de grenadiers royaux, r�unies � celles des
provinciaux de Colmar et de Verdun, composent, sous le nom de
grenadiers royaux de la Lorraine, le 8� des onze nouveaux
r�giments d'�lite (194).
Apr�s quelques modifications dans leur classement (195), les
r�giments provinciaux sont supprim�s par l'ordonnance du 15
d�cembre 1776, ou plut�t ne sont plus convoqu�s (196). Mais, d�s
le commencement de 1778, le ministre r�tablit les troupes
provinciales, qu'il relie plus �troitement que du pass� aux
troupes r�gl�es (197). Assembl�s � Nancy le 1er juin (198), les
quatre bataillons des r�giments de Nancy et de Bar sont compris
parmi les 78 bataillons (199) qui, sous le titre de bataillons
de garnison, doivent �tre attach�s aux r�giments d'infanterie et
en porter le nom. Le bataillon de Nancy devient bataillon de
garnison du r�giment d'Austrasie ; celui de Sarreguemines,
bataillon de garnison de Lorraine (200), celui de Bar-le-Duc est
affect� au r�giment de Champagne, et celui d'�tain au r�giment
de Barrois (201). Leurs quatre compagnies de grenadiers royaux,
jointes aux deux compagnies du r�giment provincial de Sens
(202), aux: trois du r�giment de Salins (203), et � celle du
premier bataillon de Clermont (204), continuent de donner leur
nom au r�giment des grenadiers royaux de la Lorraine (205).
Jusqu'� la R�volution, il n'y aura plus dans cette organisation
que des changements de d�tail; jusqu'� la R�volution, �galement,
c'est au chiffre de 2 840 hommes, prescrit par l'ordonnance de
1765, que reste fix�e la part contributive des anciens Duch�s.
Pour dispenser cette charge le plus �quitablement que possible,
La Galaizi�re fils inaugure, en 1766, le syst�me des �
arrondissements de cantons �, moins �troit que celui des petits
groupements de communaut�s. La subd�l�gation de Nancy, par
exemple, est divis�e en onze circonscriptions: ville de Nancy,
ville de Saint-Nicolas, cantons de Malz�ville, d'Essey, de
Varang�ville, de Bouxi�res-aux-Ch�nes, de Faulx, de Flavigny, de
Gondreville, de Lupcourt et de Pont-Saint- Vincent (206). Plus
d'initiative est bient�t laiss�e aux subd�l�gu�s. A partir de
1769, ils peuvent combiner, comme ils le jugent pr�f�rable, le
fractionne ment du contingent attribu� � leur ressort (207). La
sup�riorit� de ce m�canisme est �vidente, surtout si l'on songe
qu'� la m�me �poque les simples groupements de paroisses
n'�taient m�me pas pratiqu�s dans la plupart des g�n�ralit�s, et
qu'ils ne furent rendus obligatoires que par l'ordonnance du 19
octobre 1779.
Au point de vue p�cuniaire, la Lorraine ne subvient plus qu'aux
frais de petit �quipement de ses miliciens et � l'indemnit� due
au pr�pos� au tirage (208). Et encore, en mani�re de
soulagement, les sommes n�cessaires sont-elles volontiers
r�parties, non plus d'apr�s le nombre d'hommes fournis par une
paroisse, mais entre toutes les communaut�s d'une subd�l�gation,
et sur le pied de l'imposition des Ponts et Chauss�es.
D�s le r�tablissement de la milice, le minimum d'�ge a �t�
recul� � dix-huit ans (209). A d� faut de gar�ons ou de veufs
sans enfants, on n'appelle plus que les hommes mari�s n'ayant
pas d�pass� vingt ans; et l'on s'adresse de pr�f�rence � ceux
qui n'ont pas d'enfants. Apr�s 1773, les hommes mari�s et les
veufs p�res de famille ne sont plus inqui�t�s dans aucun cas.
Les anciennes. villes privil�gi�es participent au sort, sans
faveurs temporaires. Quant au vice des exemptions personnelles,
inh�rent � l'institution, il devait fatalement se perp�tuer avec
elle. Pour la majorit� des provinces, l'article XXIV de
l'ordonnance de novembre 1765, premier essai s�rieux de
codification, barri�re derri�re laquelle les intendants,
assaillis par le flot des pr�tentions particuli�res, purent
enfin se retrancher, constitua un r�el progr�s. Pour la Lorraine
que le Chancelier avait dot�e d'une l�gislation plus parfaite,
il y a v�ritablement recul. L'agriculture y perd. La dispense
accord�e, en 1755, par La Galaizi�re, � un fils ou un valet de
laboureur, pour toute charrue suppl�mentaire, n'est-elle pas
pass�e sous silence ? Cette oeuvre est loin d'ailleurs d'�tre
suffisamment m�rie, et les intendants restent maitres de
l'interpr�ter et d'en �tendre les dispositions suivant les
besoins des pays qu'ils administrent. Dans les encouragements �
donner � l'industrie, il y a une question d'esp�ce. Aussi
scrupuleux que son p�re, La Galaizi�re fils �tudie la situation
de chaque fabrique et mesure les privil�ges � la sollicitude
dont elle est digne. C'est ainsi qu'il exemple un principal
commis et un principal ouvrier, au choix, dans les fa�enceries
de Lun�ville et de Rambervillers (210); mais, en plus de
ceux-ci, dans la manufacture de tissus fond�e pour les pauvres �
Lun�ville, les ma�tres teinturier, drapier, appr�teur, tondeur,
d�m�leur, fileur et cordier, un ouvrier teinturier, le boulanger
et le ma�tre d'�cole (211). Il multiplie les instructions � ses
subd�l�gu�s, �lucide les points obscurs. Les domestiques des
officiers des ma�trises doivent �tre exempts tout comme ceux des
officiers des justices royales ou des finances, mais non ceux
des justices seigneuriales; les gar�ons chirurgiens de l'h�pital
militaire, mais non les �l�ves des chirurgiens particuliers, �
moins qu'ils n'aient suivi les cours d'une �cole publique
pendant. deux ans (212). Puis, pour plus de clart�, le
consciencieux fonctionnaire signe par provision, le 20 f�vrier
1767, une ordonnance en quatre-vingt-dix-huit articles, qui,
davantage encore, �carte l'arbitraire. Louis XV approuva ce
texte, qui est officiellement promulgu� un an plus tard (213).
En octobre 1773, une nouvelle liste limitative est dress�e pour
toute l'�tendue du Royaume (214), mais dont l'application est
�ph�m�re, puisque l'ordonnance du 1er d�cembre 1774 revient,
sous une forme plus pr�cise, � la l�gislation de 1765 (215). Le
Gouvernement s'est r�serv�, en ce qui concerne l'agriculture,
l'industrie et le commerce, de statuer sp�cialement pour chaque
g�n�ralit�. Dans les anciens Duch�s, il n'y avait qu'�
s'inspirer des travaux sur lesquels, par trois fois, les La
Galaizi�re avaient port� leur attention. Le 14 janvier 1775, est
arr�t� � Versailles, en vingt-quatre articles, un � �tat des
exemptions particuli�res du tirage au sort pour les r�giments
provinciaux, accord�es par le Roi aux provinces de Lorraine et
Barrois, eu �gard aux circonstances locales (216) � . Ce fut le
terme d'une longue et progressive �laboration.
La dur�e du service, abaiss�e � cinq ans pour le milicien
fran�ais, a �t� de nouveau port�e � six ann�es en 1766. Mais
nous avons vu que le milicien lorrain n'avait en rien profit� de
la r�duction de 1748. La guerre de Sept ans a du reste �t� la
derni�re o� ces soldats furent employ�s. Le contingent demeurant
identique, il ne s'agit plus que de remplacements par sixi�me
(217). On a recommenc� � lever des hommes, mais ils ne sont plus
r�unis jusqu'� la cr�ation des r�giments provinciaux, pour
lesquels les exercices annuels sont de neuf ou douze jours.
L'ordonnance de 1775 supprime cette formation p�riodique
elle-m�me, et l'assembl�e exceptionnelle de 1778 a pour unique
but de constater un r�tablissement tout th�orique. Seules, les
compagnies de grenadiers royaux sont encore convoqu�es chaque
�t�, et retenues un mois durant (218).
La Lorraine, toutefois, avait �t� si profond�ment an�mi�e que,
longtemps encore, l'intendant n'obtint qu'avec de grandes
difficult�s les miliciens de remplacement. En avril 1766, le
subd�l�gu� de Nancy est oblig� de recourir � des soldats
cong�di�s comptant jusqu'� quinze ans de service (219). Le
Commissaire d�parti se voit dans l'impossibilit� d'exempter les
fils a�n�s de parents ayant dix enfants et plus (220). En 1769,
la ville de Bar-le-Duc n'a que 12 miliciables pour 15 miliciens
demand�s; et, dans la m�me subd�l�gation, le canton de
Longeville n'offre pas un seul miliciable (221).. La race n'a pu
se r�g�n�rer; le nombre des rejet�s est �norme (222).
Le cauchemar du billet noir affole toujours � ce point les
esprits, que, sous un autre nom et n'existant plus gu�re que sur
le papier, la milice continue de provoquer des fraudes, de
soulever des r�voltes (223) et de disperser des fuyards (224).
C'est quand � nouveau l'orage gronde au dehors, quand il y a
imminence d'une guerre avec l'Autriche, que l'Assembl�e
constituante, jugeant suffisamment pourvoir aux n�cessit�s de la
d�fense nationale par une lev�e de volontaires, prononce, le 4
mars 1791, l'abolition des milices provinciales. Le service
militaire obligatoire ne tardera pas, sans doute, � �tre
r�tabli. Mais, quel que soit d�sormais le mode d'appel,
r�quisition, conscription, les Lorrains, partout et entre tous,
vont se distinguer par ces belles qualit�s d'endurance et de
bravoure que les moins avertis leur devinaient d�j� au temps de
Stanislas. Et voici que tel de ces fils d'artisans ou d'humbles
campagnards, qui, entr� � regret dans la milice, serait, apr�s
six ans, revenu simple soldat dans son village, communiquant �
ses camarades le d�go�t d'une arme pour laquelle les officiers
eux-m�mes ne dissimulaient pas leur m�pris, atteindra
brillamment aux plus hauts grades et inscrira son nom dans
l'�pop�e fran�aise.
PRINCIPALES SOURCES
Archives historiques du Minist�re de la
Guerre.
Administration militaire, reg. nos 2859 et sq. - CHAPUY, Guerres
de Louis XI V et de Louis XV, vol. ms. in-fol.
La Collection des ordonnances militaires depuis 1112 jusqu'�
1801, form�e par le marquis DE SAUGEN et conserv�e en 77 volumes
� la Biblioth�que du Minist�re de la Guerre; vol. 42 et sq. -
Toutes les ordonnances et circulaires que nous aurons l'occasion
de citer, figurent dans cette collection, d'une importance
exceptionnelle. Nous n'y renvoyons express�ment que pour les
pi�ces manuscrites. D'autre part, quand un acte figure au
Recueil des ordonnances de Lorraine, c'est ce dernier r�pertoire
que nous citons.
Archives d�partementales de Meurthe-et-Moselle. - Fonds de
l'Intendance, C, 231 290.- Archives d�partementales de la Meuse,
C, 29-31.
Divers passages du tome 1er de la Description de la Lorraine et
du Barrois (1778) de Nicolas DURIVAL, fournissent des
renseignements utiles; mais c'est surtout au Journal manuscrit
du m�me auteur, conserv� � la Biblioth�que publique de Nancy
sous le no 863 (1310-1323 du Catalogue g�n�ral), que l'on trouve
de nombreux et minutieux d�tails. Attach� d�s 1737 la personne
de La Galaizi�re, en tant que secr�taire, N. Durival accompagna
le Chancelier-intendant dans tous ses d�placements, lors des
assembl�es des bataillons de milice; lieutenant g�n�ral de
police de Nancy, et, par suite, subd�l�gu� de cette ville, de
1760 � 1769, il eut y pr�parer et y pr�sida les op�rations du
tirage au sort. Son t�moignage est de premier ordre.
Nous nous sommes appliqu� � mettre avant tout en relief les
particularit�s locales. En ce qui concerne l'organisation
g�n�rale des milices du Royaume, nous ne saurions mieux faire
que de renvoyer, une fois pour toutes, au livre si consciencieux
et si document� de J. GEBELIN: Histoire des milices provinciales
(1688-1791). Le Tirage au Sort sous l'Ancien R�gime. Paris,
1882, in-8�.
Les travaux bien connus des g�n�raux SUSANE, PAJOL et VANSON ont
�t� consult�s. Nous nous y reportons de temps � autre, et c'est
sciemment que, parfois, nous nous trouvons en contradiction avec
ces auteurs.
(1). Voir � la fin du travail l'indication des
principales sources.
(2). Description de la Lorraine et du Barrois, I, 337.
(3). Et non du 20 mars, comme le dit DURIVAL, 0p. cit., I, 172.
(4). Ces compagnies d'invalides, - mar�chaux des logis, sergents
et gendarmes, - glorieux d�bris des guerres du grand Roi,
�taient arriv�es � Lun�ville le 6 septembre 1737. C'�tait celles
d'Autane, de Moret - plus tard compagnie de Larzilli�re, - et de
la Vassorie - plus tard, de Bruchet. Elles avaient �t� form�es
sp�cialement pour la garde � pied du roi de Pologne, par
ordonnance du 20 mars pr�c�dent, � 100 hommes chacune, sous le
commandement de Jean-Baptiste de Marin, comte de Moncan, colonel
r�form� d'infanterie; l'aide-major charg� du d�tail �tait le
capitaine d'Autane. La compagnie comprenait : 1 capitaine, 3
lieutenants, 4 sergents, 4 caporaux, 4 anspessades, et 88
fusiliers, dont 2 tambours. Une seconde ordonnance, du 26 mars,
avait r�gl� le traitement � 3 livres par jour pour les
capitaines, 30 sols pour les lieutenants, 12 pour les sergents,
9 pour les caporaux, 8 pour les anspessades, 7 pour les
fusiliers et tambours. La constitution d�finitive eut lieu �
Bar-le-Duc. Une ordonnance sign�e � Fontainebleau, le 31 octobre
1738, augmenta chaque compagnie de 40 hommes; ce fut d�s lors :
6 sergents, 6 caporaux, 6 anspessades, et 122 fusiliers, dont 4
tambours. On sait que ces invalides portaient l'habit bleu avec
parements et doublure rouges ; la veste, la culotte et les bas
�taient blancs; les boutons d'�tain. (Collection Saugeon, vol.
42, pi�ces 26, 27 et 71.)- Cf. et rectifier A. BENOIT, La
premi�re garnison fran�aise � Lun�ville, dans Lun�ville et ses
environs. Lun�ville, s.d., in-8; pp. 45 et sq.
(5). C'est ce que porte un m�moire du 14 f�vrier 1740, soumis �
Louis XV. - Lettre de La Galaizi�re au marquis de Breteuil, 25
f�vrier 1740.
(6). Le v�ritable titre sous lequel ce r�giment fut cr�� est
Gardes de Lorraine. Mais l'usage lui substitua peu � peu, par
analogie avec les Gardes fran�aises, celui de Gardes lorraines,
qui finit par figurer dans les documents officiels eux-m�mes.
L'ordonnance du 6 avril 1740 avait �tabli ce corps � un seul
bataillon de 17 compagnies de 30 hommes, dont une de grenadiers,
et avec pr�v�t�. Le cadre comprenait : 17 capitaines, 17
lieutenants, 2 enseignes, 2 lieutenants en second, 1 major et 1
aide-major- L'ordonnance du 15 mai suivant, sign�e � Marly,
porte r�glement sur le traitement- Le r�giment fut form� �
Saint-Nicolas, et l'on commen�a � habiller les hommes en janvier
1741. Le 8 mars, le mar�chal ile Belle-Isle les passe en revue �
la Malgrange. Gardes de Lorraine �tait enti�rement sur le pied
des autres r�giments d'infanterie fran�aise; aussi l'ordonnance
du 15 mai 1741, augmentant ceux-ci de 40 hommes par compagnie de
fusiliers et de 45 par compagnie de grenadiers, lui fut-elle
appliqu�e. En 1744 (ord. du 20 mars), le r�giment fut port� �
deux bataillons par l'annexion de celui de Perche, de m�me
effectif. Le colonel de ce dernier, M. de Livry, �tait dispos� �
quitter le service. Stanislas lui remboursa le prix de son
r�giment et d�pensa pour cette union 40 000 livres. Gardes
lorraines prit alors le rang de Perche, qui comptait de longs
�tats de service et tirait son origine du r�giment pi�montais de
Carignan, cr�� en 1644. Une ordonnance dat�e de Metz, 1er
septembre 1744, conserve l'�tat-major des Gardes de Lorraine,
supprime celui de Perche et donne le drapeau blanc � la
compagnie colonelle du plus ancien r�giment. La jonction des
deux bataillons se fil � Aix-en-Provence, durant l'hiver.
L'ordonnance du 10 d�cembre 1747 prescrira la lev�e d'un
troisi�me bataillon, supprim� d'ailleurs d�s 24 d�cembre 1748.
L'uniforme fut d'abord jaune � parements noirs, couleurs de la
maison de Stanislas. En 1755, cc fut le justaucorps bleu, avec
veste, culotte et doublure blanches, puis �galement bleues en
1759, et � nouveau blanches apr�s 1762. Les tambours rest�rent �
la livr�e du roi de Pologne. Le drapeau d'ordonnance, portant
une croix blanche, montrait deux quartiers jaunes et deux
quartiers noirs oppos�s, une couronne ducale au centre de la
croix et cinq al�rions noirs dans chaque branche.
Le prince de Beauvau fut le premier colonel des Gardes
lorraines. Il d�missionna en 1760, et sa charge fut donn�e, le
14 septembre, � son neveu par alliance Louis-Bruno de Boisgelin,
comte de Cuc�. Stanislas avait tenu � ce que le comte de Moncan,
commandant ses compagnies d'invalides, f�t colonel en second.
Cet officier se retira en 1746 et fut remplac� par le chevalier
de Beauvau, fr�re du prince. Le chevalier quitta � son tour le
service, la m�me ann�e que son a�n�. Parmi les officiers du
r�giment � sa formation, il faut signaler deux des fr�res du
chancelier- intendant La Galaizi�re, tous deux pr�c�demment
capitaines au r�giment d'infanterie d'Enghien : Fran�ois- Albert
de Chaumont Mareil, fait lieutenant-colonel, et qui devint
colonel de Royal-Lorraine en 1744; Philippe de Chaumont de
Rivray, nomm� capitaine des grenadiers, et qui sera, lui aussi,
colonel de Royal-Lorraine, au r�tablissement de ce r�giment en
1757. Ajoutons que Saint-Lambert, l'auteur des Saisons, servit
aux Gardes lorraines en qualit� de lieutenant, puis de
capitaine.
A la mort de Stanislas, le r�giment perdit ses privil�ges, son
uniforme et son nom. L'ordonnance du 28 mars 1766 le classe �
son rang dans l'infanterie, sous le titre de Lorraine, port�
ant�rieurement par un autre corps. Apr�s des garnisons
successives, presque toutes loin de la province que rappelait sa
d�nomination, il �tait, en 1791, � Bayeux, lorsqu'il devint
simplement le 47e r�giment d'infanterie.
Pour d'autres d�tails on peut voir : G�n�ral SUSANE, Histoire de
l'infanterie fran�aise. Paris, 1876, 5 vol. in-18; IV, pp. 126-
134. - G�n�ral PAJOL, Les Guerres sous Louis XV. Paris,
1881-1891, 7 vol. in-8�; VII, pp. 139-141.- G�n�ral VANSON,
L'Infanterie lorraine sous Louis XV. I. R�giment des Gardes
lorraines [seule partie parue]. Paris, 1896, in-8�; tirage �
part du Carnet de la Sabretache. - En ce qui concerne
l'uniforme, on trouvera, en t�te du travail pr�cit� du g�n�ral
Vanson, la reproduction d'un tableau repr�sentant deux officiers
des Gardes lorraines vers 1762. - Henry GANIER Costumes des
r�giments et des milices recrut�s dans les anciennes provinces
d'Alsace et de la Sarre ... et le duch� de Lorraine, pendant les
XVIIe et XVIIIe si�cles. �pinal, 1882, in-fol.; pl. XII, fig. 2,
aquarelle repr�sentant le porte-drapeau et le drapeau
d'ordonnance. Pour ce qui est des milices lorraines, ne
consulter cet ouvrage qu'avec une extr�me r�serve.
(7). Malgr� l'aridit� de cette nomenclature, il est int�ressant
de mentionner, autant que les documents le permettent, les
s�jours � Lun�ville et les absences loin de la r�sidence ducale,
du bataillon des Gardes lorraines affect� � la personne de
Stanislas. On verra combien peu les intentions du Duc-roi furent
remplies, et l'on pourra ainsi retrouver quelle sorte de garde �
pied eut alternativement le prince.
Les bas officiers reprirent leur service au ch�teau d�s
l'automne de 1742, tandis que les Gardes lorraines allaient
hiverner et s'exercer � Strasbourg, avant de passer pour la
premi�re fois le Rhin le 20 mai 1743. Ce r�giment rentre �
Lun�ville le 31 octobre, et rel�ve les invalides le 2 novembre.
Mais il en repart le 10 avril 1744 pour l'Italie, et ce n'est,
cette fois, que le 1er janvier 1749 que deux d�tachements, de
120 hommes chacun, viendront relever les compagnies d'Autane, de
Larzilli�re et de Bruchet, envoy�es le lendemain, les deux
premi�res � Arras, la troisi�me au fort du Griffon, pr�s de
Besan�on. - 11 novembre 1749. Le 1er bataillon des Gardes
lorraines arrive � Lun�ville ; le 2e � Metz. - 6 septembre 1750.
Le 2e bataillon vient de Metz � Lun�ville ; le 1er part le 7
pour Metz. - 8 novembre 1750. Le 2e bataillon part de Lun�ville
pour Montm�dy, o� le 1er se rend �galement. On ne laisse pour la
garde de Stanislas que 150 hommes tir�s de ces deux bataillons.
- Lors de la guerre de Sept ans, ce faible continuent lui-m�me
est rappel� et part, le 5 mars 1757, pour rejoindre � Metz le
r�giment, affect� � l'arm�e du Bas-Rhin. La veille, quatre
compagnies de Royal-Roussillon sont venues le remplacer.
Relev�es le 8 octobre 1758 par un d�tachement des Gardes de
Lorraine, celles-ci reparaissent au ch�teau le 18 mars 1759. Le
r�giment lorrain est en marche vers la Normandie, o� il se
distingue, l'ann�e suivante, au bombardement du Havre par les
Anglais. Le 15 ao�t 1759, on revoit � Lun�ville les bas
officiers invalides, dont deux compagnies rel�vent, ce m�me
jour, quatre nouvelles compagnies du 2e bataillon de
Royal-Roussillon. Ils restent aupr�s de Stanislas jusqu'au 1er
septembre 1763, �poque o� ils vont au fort Barraux (Dauphin�).
Rentr�s dans les Duch�s en 1762, apr�s avoir encore servi en
Allemagne, les soldats du r�giment des Gardes lorraines ont �t�,
en effet, envoy�s en garnison � Bitche, et ce n'est que le 31
ao�t 1763 que le 1er bataillon a rejoint Lun�ville, tandis que
le 2e, affect� � la place de Metz, retourne presque aussit�t �
Bitche. Enfin, en novembre 1764, le r�giment tout entier est
r�uni � Lun�ville; les bataillons ne s'�loignent plus que
temporairement, pour Nancy ou les r�sidences princi�res de
Commercy et de la Malgrange. Mais, le 23 f�vrier 1766, Stanislas
mourait, et, d�s le 31 mars, les Gardes lorraines s'�loignaient
pour jamais des rives de la Vezouse, � destination de Brian�on.
(8). Collection Saugeon, vol. 43, pi�ce 41.
(9). Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 296.
(10). Le tirage au sort se faisait entre c�libataires de
dix-huit � trente ans. La dur�e du service �tait de six ann�es.
- V. �dit du 24 novembre 1720 (Recueil des ordonnances de
Lorraine, II, 428) ; �dit du 12 avril 1721 (ibid., If, {58);
arr�t du Conseil d'�tat du 12 d�cembre 1720 (ibid., III, 453);
ordonnance du 2 janvier 1726 (ibid., III, 140). - BAUMONT,
�tudes sur le r�gne de L�opold, duc de Lorraine et de Bar
(1697-1729). Paris, 1894, in-8�; p. 516.
(11). Sous Henri II, chaque ville ou village devait fournir, par
dix habitants, un homme capable de porter les armes, et munir �
ses frais ces soldats de � mousquets ou picques et corcelets �.
L'obligation du service ne d�passait pas trois ans. - Cf.
l'ordonnance des 4 et 5 d�cembre 1615 : Forme que Son Altesse
veult et ordonne estre suivie et effectu�e pour l'establissement
d'une milice en ses duch�s de Lorraine et Barrois et terres y
enclav�es. Nancy, Jacob Garnich, 1616, in-4�. Lettre-circulaire
du Duc, du 23 avril 1617, � � la noblesse et milice de Lorraine
de se tenir arm�es, mont�es et pr�tes de servir au premier
commandement �. (Archives de Meurthe-et-Moselle, B, 845, nos 118
et 124.) - V. aussi H. LEPAGE, Sur l'organisation et les
institutions militaires de la Lorraine. Paris, 1884, in-8�; pp.
34 et sq., 39 et sq. Dans cette �tude, Lepage laisse � dessein
de c�t� ce qui fait pr�cis�ment l'objet de notre travail : les
milices lev�es sous Stanislas pour le compte de la France.
(12) � Ayant r�solu de faire mettre sur pied dans les pays de
Lorraine et Barrois et des �v�ch�s de Metz, Toul et Verdun, un
r�giment d'infanterie de milice de quinze compagnies, outre
celui de vingt compagnies que j'y ai d�j� fait lever, je vous
�cris cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous
choisissiez incessamment dans ledit pays les officiers que vous
jugerez �tre les plus capables pour bien remplir les charges des
compagnies dudit r�giment et celles de colonel, major et
aide-major d'icelui, et que vous teniez la main � ce que les
paroisses qui devront fournir les soldats dont lesdites
compagnies seront compos�es, suivant ce qui est port� par mon
r�glement du 29 novembre 1688, y satisfassent sans retardement.
Et me remettant � mondit r�glement, aux ordonnances que j'ai
fait exp�dier en cons�quence, et � ce qui est port� par la
d�p�che que je vous ai fait exp�dier pour la lev�e dudit
r�giment de vingt compagnies, et � ce que je pourrais ajouter �
la pr�sente, je ne vous la ferai plus longue que pour prier
Dieu, etc. (Louis XIV au comte de Bissy, 28 septembre
1692.)[Collection Saugeon, vol. 28, pi�ce 28.] - Le r�glement du
29 septembre 1688 auquel renvoie le roi, �uvre de Louvois, est
le v�ritable acte de cr�ation des milices provinciales, lev�es
par le sort � partir de l'ordonnance du 23 d�cembre 1688. Sur
leur organisation � ce moment, voir GEBELIN, op. cit., pp.
33-51. La compagnie �tait de 50 hommes, lorsqu'une circulaire du
12 d�cembre 1692 la porta � 60. Le contingent impos� aux deux
provinces, r�unies en un m�me gouvernement, fut donc finalement
de 2 100 hommes, sur lesquels il ne nous a pas �t� possible
d'�tablir la part contributive de la Lorraine seule.
(13). � Vous savez que les bataillons, tels qu'ils sont r�gl�s
par l'ordonnance du 20 novembre 1736, sont de 600 hommes. Le Roi
compte que la Lorraine peut en fournir au moins six, compos�s
chacun de ce nombre. Vous aurez agr�able d'en pr�venir le roi de
Pologne et de l'engager � trouver bon que les dispositions
soient faites sur ce pied. � Breteuil � La Galaizi�re, 10 ao�t
1741, lit. cit. Ordonnance de Stanislas du 21 octobre 1741, j.
cit.
(14). Ordonnance de Monseigneur le Chancelier, Commissaire
d�parti dans les Etats de Lorraine et Barrois, concernant la
milice. (Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 300.)
(15). Journal de Durival.
(16). � Au surplus, avait �crit le secr�taire d'�tat de la
Guerre � La Galaizi�re, le Roi prend sur son compte les
appointements et la solde des officiers et soldats, soit pendant
les assembl�es ordinaires et lorsqu'il sera question d'en faire
usage pour la garde des places ou de les faire marcher sur les
fronti�res. C'est une d�pense que Sa Majest� veut bien �pargner
� la Lorraine. � (Lit. cit.)
(17). Journal de Durival.
(18). Le comte de Croix se d�mit de son r�giment de milice le 4
avril 174. Le comte de Montureux, qui le rempla�a, �tait
capitaine de la compagnie de Nancy des Gardes lorraines.
(19). C'est Amable-Gaspard vicomte de Thianges que le mar�chal
de Saxe d�p�cha, le 2 juillet 1747, du champ de bataille de
Lawfeld, � Stanislas, pour lui rendre compte de la victoire
remport�e sur le duc de Cumberland. M. de Thianges arriva �
Einville, o� �tait le prince, le 5 juillet. - Cf. DURIVAL,
Description de la Lorraine et du Barrois, I, 149.
(20). Rectifier ainsi Gal SUSANE, op. cit., V, 364; GANIER, op.
cit., pp. 109-110.
(21). Le bataillon de Bar partit le 6 juin; celui d'�tain, le 9;
celui de Nancy, le 14; celui d'�pinal, le 19; celui de
Neufch�teau, le 22; et celui de Sarreguemines, le 27. (Journal
de Durival.)
(22)- Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 3.
(23). Journal de Durival.
(24). L'approbation, toute de forme, fut donn�e par Stanislas le
31 janvier, c'est-�-dire presque simultan�ment.
(25). Ces nouveaux miliciens furent assembl�s � Nancy, le 11
mai; ils en partirent les 13 et 14 pour leurs garnisons.
(26). Ordonnance de Louis XV, dat�e de Versailles, 1er avril
1745.
(27). Les bataillons �taient arriv�s � Nancy du 31 mars au 4
avril. - Ce m�me jour, 8 avril, on publia que les soldats de
Royal Lorraine qui voudraient retourner dans la milice, �taient
libres de sortir des rangs. Il n'y en eut finalement que 35 qui
profit�rent de cette permission. D'autre part, une lettre de
d'Argenson, le nouveau secr�taire d'Etat de la Guerre, ayant
fait appel, le 10 avril, aux miliciens de bonne volont�, pour
servir dans les troupes r�gl�es, en remplacement des recrues
trop faibles qui permuteraient avec eux, 69 hommes de la milice
lorraine prirent ce parti. Cf. Journal de Durival, 8 avril, 11
et 14 mai.
(28). Journal du libraire J.-F Nicolas. �dit. Pister, Nancy,
1900, in-8�; p. 165. - Le Journal de Durival nous apprend que
les 1er et 2e bataillons de Royal-Lorraine arriv�rent le 7 mai,
� midi, � Lun�ville, et camp�rent dans la prairie. Le 3e
bataillon arriva le 9, et le 1er se mit en marche. Les deux
autres le suivirent le 11.
Chacun de ces bataillons comprenait 9 compagnies, dont 1 de
grenadiers � 50 hommes, et 8 de fusiliers � 75 hommes. Le
r�giment avait grand �tat-major : colonel, lieutenant- colonel,
2 commandants de bataillon, major, 3 aides-majors, mar�chal des
logis, aum�nier, chirurgien, pr�v�t, lieutenant de pr�v�t,
greffier, 5 archers et l'ex�cuteur. Il ne lui �tait donn� ni
ustensiles, ni fourrage ; ni m�me argent de recrues, compl�t�
qu'il devait �tre r�guli�rement par celles des bataillons de
milice lorraine. Le roi de France accordait seulement des
feuilles de route avec �tapes, pour le voyage de ces hommes de
remplacement. L'uniforme impos� par l'ordonnance de cr�ation
�tait jaune avec parements noirs. Ce fut ensuite l'habit
gris-blanc avec parements jaunes; boutons et galons d'argent.
Drapeau d'ordonnance : jaune et noir par opposition, avec croix
blanche, soit le drapeau des Gardes de Lorraine moins la
couronne et les al�rions. V. H. GANIER, op. cit., pl. XII, fig.
6 (porte-drapeau et drapeau d'ordonnance), et pl. XIV, fig. 4
(grenadier, tenue de la cr�ation).
(29). Journal de Du rival. Journal da libraire Nicolas; �dit.
cit., p. 155.
(30). Journal de Durival, 7 mai 1741.
(31). Breteuil � La Galaizi�re, lettre du 10 ao�t 1741, j. cit.
- M�moire remis � Louis XV, le 1er septembre 1749 ; cit� par le
Gal VANSON, op. cit., pp. 3-4. - DURIVAL a pris soin d'ins�rer
dans son Journal l'�tat nominatif des cadres des r�giments de
milice lorraine, tels qu'ils �taient compos�s � la cr�ation,
puis au d�part des bataillons en 1742, aux assembl�es de 1750 et
de 1751.
(32). Passage d'un fragment sans titre de ses �uvres in�dites.
(Manuscrit n� 630 de la Biblioth�que publique de Nancy, pi�ce
13.)
(33). Journal de Durival.
(34). Ibidem.
(35). Avec grand �tat-major et sur le m�me pied que
Royal-Lorraine. L'uniforme de cr�ation �tait identique. -
Colonel : Louis-Marie Fouquet, comte de Gisors.
(36). Ordonnance de Louis XV; Fontainebleau, 1er novembre 1744.
- Ordonnance de Stanislas, du 27 d�cembre 1745.
(37). Journal de Durival. L'ann�e pr�c�dente, les 549 soldats de
remplacement avaient �t� assembl�s � Nancy, le 11 mai. Ils en
�taient partis le 12 : 203 pour Polignac, 165 pour Montureux, et
181 pour Ligniville. L'ordonnance du 17 avril 1745 avait de plus
prescrit une lev�e de 55 hommes dans la principaut� de Commercy,
o� la duchesse douairi�re de Lorraine, �lisabeth-Charlotte
d'Orl�ans, �tait morte le 23 d�cembre 1744. Ces 55 hommes furent
distribu�s dans les trois bataillons de Polignac. - En 1747,
1363 miliciens sont r�unis � Nancy le 11 avril. Les hommes de
remplacement de Thianges parlent le 12 ; ceux de Polignac et de
Montureux, le 13; les 68 hommes destin�s � Royal-Barrois et les
12 r�serv�s pour Royal-Lorraine, le 14.
(38). Journal de Durival, 8 d�cembre 1746.
(39). Ibidem.
(40). Ordonnance de Louis XV, dat�e du camp de Hamal, 10
d�cembre 1747.
(41) D'Argenson � La Galaizi�re, 3 mars 1748. Lettre cit�e par
DURIVAL, Journal.
(42). Ces miliciens quitt�rent Nancy du 27 au 28 du m�me mois
(Journal de Durival).
(43). 1062 hommes �taient partis, les 27, 29 et 30 mars pour
Thianges; 482 pour Montureux; et 801 pour Polignac. - Cf.
ibidem, 30 mars 1748.
(44). Recueil des ordonnances de Lorraine, VII, 257. - Journal
de Durival.
Les bataillons supprim�s �taient : Saint-Mihiel, pour Polignac;
Dieuze, pour Montureux ; Epinal, quoique plus ancien que
Mirecourt, pour Thianges.
(45). Ordonnance du 10 f�vrier 1749.
(46). Ordonnances du 31 d�cembre 1748 (Royal-Lorraine) et du 1er
janvier 1749 (Royal-Barrois).
DURIVAL note dans son Journal, en date du 21 d�cembre 1748: �
Ayant eu ce soir occasion de parler au roi de Pologne, il m'a
dit : � J'ai un grand chagrin, mon cher Durival, le r�giment de
ce pauvre Mareil est supprim�. � Le lendemain, le secr�taire de
l'Intendant ajoute : � Et M. de Mareil est parti aujourd'hui 22,
en poste, pour Paris. �
(47). Rappelons que l'ordonnance fran�aise du 15 septembre 1744
avait �tabli une compagnie de grenadiers, les grenadiers royaux,
dans chaque bataillon de milice. Au commencement d'une campagne,
ces compagnies �taient d�tach�es et r�unies en sept r�giments
sp�ciaux, portant le nom de leur colonel. L'ordonnance du 28
janvier 1746 avait de plus cr�� une seconde compagnie de
grenadiers par bataillon, les grenadiers postiches, qui
fournissaient des hommes aux grenadiers royaux et se recrutaient
eux-m�mes parmi les fusiliers.
(48). Ce r�giment, dont le nom est rest� populaire, �tait de
nouvelle cr�ation (15 f�vrier 1749). Destin� tout d'abord �
r�unir les 48 compagnies de grenadiers des bataillons supprim�s
� la paix, il sera licenci� an Havre le 4 ao�t 1771.
(49) Ordonnance du roi concernant les compagnies de grenadiers
des r�giments de Royal-Lorraine et de Royal-Barrois, qui sont
dans le r�giment des Grenadiers de France (3 ao�t 1749).
(50). Journal de Durival. - Ordonnance du 31 janvier 1750
(Recueil des ordonnances de Lorraine, VIII, 120); ordonnance du
5 f�vrier 1754 (ibid., IX, 107); ordonnance du 22 janvier 1755
(ibid., IX, 183). D'autres ordonnances, imprim�es s�par�ment, ne
figurent pas au Recueil, telles celles du 6 f�vrier 1751 et du
26 janvier 1753.
(51). En 1760, Polignac s'assemble � Bar, les 14 et 15 avril. On
laisse le 1er bataillon � 498 hommes; le 2e � 582. Mirecourt est
r�uni, dans la ville de ce nom, du 17 au 18 avril. Le r�giment
se trouve au complet � 1000 hommes. Montureux est assembl� �
Nancy, du 21 au 22 avril. Il est aussi � 1000 hommes. Tous trois
restent neuf jours sous les armes.- En 1751, Polignac et
Mirecourt sont assembl�s � Nancy, les 11 et 12 mai ; Polignac se
trouve � 964 hommes, et Mirecourt � 957. Ils vont s'exercer �
Rosi�res -aux-Salines. Montureux, �galement r�uni dans la
capitale, le 20 mai, est � 944 hommes, et va manoeuvrer �
Saint-Nicolas. (Journal de Durival.)
(52). L'ordonnance du 1er mars 1750 avait, en effet, reconstitu�
les bataillons de grenadiers royaux dissous par celle du 6 ao�t
1748, et, par la r�union de 107 compagnies, avait port� � onze
le nombre de leurs r�giments. Chabrillant �tait un des sept
d'ancienne cr�ation. Longaunay � l'origine, il �tait devenu
Beauteville en 1745, Chabrillant en 1746 ; il se nommera
Mirom�nil en 1762.
En 1751, la revue du r�giment de Chabrillant fut pass�e � Nancy,
par Chevert, le 21 mai; les hommes rendirent les armes le 20
juin, apr�s que 21 d'entre eux: eurent �t� d�sign�s pour les
Grenadiers de France. (Journal de Durival.)
(53). Recueil des ordonnances de Lorraine, IX, 314.
(54). Journal de Durival.
(55). Le 2e bataillon de Mirecourt, devenu Royal-Barrois, re�ut
son habillement neuf � Rosi�res le 20 avril, et alla aussit�t
prendre garnison � Nancy. Le 25 juin, le 1er bataillon,
d�sormais Royal-Lorraine, fut habill� � la Malgrange. Le 19, les
deux r�giments partirent pour l'arm�e du Haut-Rhin. (Journal de
Durival.)
Les 685 soldats de chacun de ces r�giments �taient divis�s en 9
compagnies, dont 1 de grenadiers � 45 hommes et 8 de fusiliers �
80 hommes. Le nouvel uniforme de Royal-Lorraine �tait l'habit
blanc, avec collet et revers noirs; boutons et galons jaunes ;
doubles poches en long, � trois boutons ; trois boutons sur les
manches- Royal-Barrois eut l'habit blanc, la veste rouge, le
collet jaune et les revers noirs, avec boutons jaunes. Il prit
ensuite le m�me costume que Royal-Lorraine, avec cette
diff�rence que les parements �taient jaunes, le collet noir et
les boutons blancs. Voir dans GANIER, op. cit., pl. XIII, fig.
7, un officier de Royal-Barrois.
Le 18 mai, la plupart des officiers qui restaient des r�giments
r�form�s en 1748-1749, avaient pris le commandement des
compagnies, � la place des officiers de milice. M. de Rivray,
lieutenant-colonel de l'ancien Royal-Lorraine, fut re�u, �
Saint-Nicolas, colonel du nouveau r�giment de ce nom, donn� en
1761 au chevalier du Hautoy. Le m�me jour, � Nancy, le comte de
Bassompierre �tait re�u colonel de Royal-Barrois. Il mourut de
la petite v�role, � l'arm�e de Soubise, d�s le 22 octobre
suivant, et fut remplac�, le 29 novembre, par le marquis
L�opold-Cl�ment, son p�re. Royal-Barrois sera enfin accord� en
1759 au marquis de Langeron. Rectifier et pr�ciser ainsi Gal
SUSANE, op. cit., V, pp. 365 et 368.
(56). Les deux premi�res compagnies en avaient �t� d�tach�es
pour les besoins du service.
(57). Recueil des ordonnances de Lorraine, IX, 385.- Les
assembl�es des hommes de nouvelle lev�e et de remplacement se
firent � Nancy. De ces 850 miliciens, 310 hommes partent, le 18
mars, pour rejoindre le r�giment de Montureux; 250, le 5 avril,
pour celui de Polignac. 150 sont r�serv�s comme recrues pour
Royal-Lorraine et 140 pour Royal-Barrois. (Journal de Durival.)
(58). Ordonnance du 7 octobre 1748. (Recueil des ordonnances de
Lorraine, IX, 414.)
(59). L'intendant les assembla � Lun�ville, du 7 au 10 novembre,
devant l'h�tel de Craon (rue de Lorraine). 532 partent pour
Polignac, le 9; 474 pour Montureux, le 10. 160 hommes ayant �t�
choisis pour Royal-Barrois et 122 pour Royal-Lorraine, furent
provisoirement renvoy�s dans leurs foyers. Convoqu�s et r�unis �
Nancy, au faubourg de Bon-Secours, le 3 f�vrier 1759, ils
gagn�rent alors leurs r�giments. - DURIVAL nous apprend dans son
Journal qu'aucun des 109 miliciens du bataillon de Nancy n'avait
de bon gr� consenti � aller compl�ter Royal-Lorraine : � C'�tait
un complot fait entre eux pour ne point se s�parer, et servir
sous M. de Montureux qui est de Nancy. �
(60). Journal de Durival.- Le 10 juillet pr�c�dent, on avait
d�j� fait partir de Lun�ville 110 miliciens.
(61). Ordonnance du roi concernant le r�giment de Montureux des
milices de Lorraine; de Versailles, 1er septembre 1759. -
Ordonnance du roi concernant le r�giment de Polignac des milices
de Lorraine; de Versailles, 25 octobre 1759. (Collection Saugeon,
vol. 49, pi�ces 48 et 58.)
(62). Ordonnance du roi concernant les recrues que S. M. fait
faire pour compl�ter ses troupes (du 15 juillet 1760).
(63). Recueil des ordonnances de Lorraine, X, 95.
(64). Journal de Durival, o� nous relevons encore les
indications suivantes : � 22 d�cembre 1759. M. l'Intendant va �
Nancy et en fait partir pour Metz 143 hommes de recrues. - 11
janvier 1760. Il part de Nancy pour Metz 40 hommes de recrues
faites par M. l'Intendant. - 15 janvier 1761. Il part 26 recrues
de la subd�l�gation de Nancy. Elles doivent dans quelques jours
se rendre � Strasbourg. �
(65). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234.
(66). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 435.
(67). Cf. Journal de Durival, 1er et 2 octobre.
(68). Ordonnance du 25 novembre 1766.
(69) Avec ceux de Lyon, de Sens, de Blois, d'Aix, et celui de la
ville de Paris.
(70). Ordonnance du roi pour r�former le r�giment de recrues de
Nancy (du 15 ao�t 1767). [Collection Saugeon, vol. 54, pi�ce
31.] - Dans l'intervalle, le r�giment de Paris avait �t�
r�form�, le 7 avril; les quatre autres ne le seront qu'� dater
du 30 mai 1768.
(71). Du 1er octobre 1763 au 1er octobre 1764, 175 recrues sont
admises � Rosi�res; 161, du 1er octobre 1764 au 1er octobre 1765
; 83, durant les douze mois suivants. - Voici, comme exemple, le
mouvement des recrues du R�giment de Nancy pour l'exercice
1764-1765. Au 1er octobre 1764, il reste au d�p�t 34 fusiliers
des lev�es de 1763-1764. Pendant le quartier d'octobre, y
arrivent 89 enr�l�s; 42, pendant celui de janvier 1765; 21, pour
celui d'avril; et 9 seulement, pour celui de juillet. Soit un
total de 195 fusiliers, desquels il faut distraire 12
d�serteurs, 1 mort, 1 homme cong�di�, et 16 promus au grade
d'appoint�s. Des 165 autres : 7 quittent Rosi�res pour le corps
des Grenadiers de France; 16, pour le r�giment de dragons de
Schomberg; 1, pour celui de cavalerie d'Orl�ans ; 5, pour celui
de cavalerie de Chartres ; 6, pour les Gardes fran�aises;
20,.pour le r�giment d'infanterie de Navarre ; et 100, pour
celui d'Aquitaine. Finalement, l'effectif est r�duit � 10
fusiliers. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234.)
(72). Archives nationales, K, 1184.
(73). Ordonnance fran�aise du 6 ao�t 1748.- Cf. [STEMER], Trait�
du d�partement de Metz. Metz, 1756, in-4�; pp. 3-4.
(74) Ordonnance du roi concernant les trois r�giments de milice
de Lorraine et de Bar; de Fontainebleau, 1er novembre 1745. -
Ordonnance de Stanislas, du 27 d�cembre 1745.
(75). Ordonnance du 18 novembre 1748. (Recueil des ordonnances
de Lorraine, VII, 257.)
(76). D'apr�s GANIER (op. cit., p, 12), cet uniforme aurait
d'abord rappel� le fond d'habit en usage sous les anciens Ducs,
et, jusqu'en 1748, c'e�t �t� le justaucorps jaune, avec
retroussis et revers noirs. De m�me,-Gal PAJOL, op. cit., VII,
545. - En sens contraire, voir l'article XI de l'ordonnance du
21 octobre 1741.
(77). En temps d'assembl�e, le capitaine re�oit 50 sols par
jour; l'aide-major, 40; le lieutenant, 20; et le sergent, 10. La
solde de garnison ou de campagne est respectivement, pour les
m�mes, de 3 livres, 2 livres 5 sols, 1 livre, et 11 sols. - Cp.
GEBELIN, op. cit., pp. 172-173.
(78). Le r�le �tait arr�t� par l'Intendant, et 3 deniers par
livre per�us en surplus pour frais de recouvrement. Les trois
villes privil�gi�es elles-m�mes (Lun�ville, Nancy et
Bar-le-Duc), exemples � la fois de la subvention proprement dite
et des Ponts et Chauss�es, devaient participer � cette charge. -
Sur ce que, dans le langage fiscal, on entendait en Lorraine par
Ponts et Chauss�es, voir notre travail: Le Budget de la province
de Lorraine et Barrois sous le r�gne nominal de Stanislas (1737-
1766). Nancy, 1896, in-8�; pp. 14 et sq.
(79). � Je crois qu'il n'est pas n�cessaire de vous dire que
c'est � la Lorraine � faire les frais de sa milice. Ils
consistent dans l'habillement, l'�quipement particulier et
l'armement que doivent fournir les communaut�s � chacun de leurs
miliciens. Je joins ici un �tat de l'habillement et de
l'�quipement dont il convient de faire mention dans
l'ordonnance. Je m'en rapporte � ce que vous croirez devoir
faire pour les mesures � prendre � l'effet de la prompte
fourniture de l'habillement et du payement de la d�pense .....
L'intention de S. M. est aussi de faire d�livrer la partie de
l'armement qui consiste dans le fusil et la bayonnette,
c'est-�-dire que S. M. fournira ces armes aux milices de la
Lorraine, comme elle fait � ses autres troupes, et le
remboursement lui en sera fait sur le produit de l'imposition
que vous jugerez � propos de faire avec les autres d�penses.
Celle-ci montera, � raison de 13 livres 15 sols chaque arme, �
la somme de 47 025 livres pour les six bataillons ... �
(Breteuil � La Galaizi�re, lettre du 10 ao�t 1741, j. cit.)
(80). Ordonnance du 28 octobre 1741.
(81). Ordonnances des 21 et 28 octobre 1741, articles XIII et
IV.
(82). Le premier tr�sorier de la milice fut le sieur Gu�rin; en
1744, c'�tait M. de Saint-Hubert (d�c�d� le 24 mai 1745); puis
M. Lallement; et, en 1763, M. Rolland, qualifi� �galement de
tr�sorier provincial de l'extraordinaire des guerres.
(83). La Biblioth�que publique de Rouen poss�de, en original,
l'int�ressante lettre suivante, relative � l'armement des
premiers miliciens lorrains:� Monsieur, j'ai re�u l'ordre que
vous m'avez fait l'honneur de m'adresser par votre lettre du 21
de ce mois, pour faire prendre au magasin de Metz 144
hallebardes et 3384 fusils, avec leurs bayonnettes, pour armer
nos six bataillons de milice. J'en vais faire usage pour ce qui
concerne les fusils et bayonnettes; � l'�gard des hallebardes,
j'en ai pass� un trait� particulier, et je m'y suis d�termin�
sur ce que, par la lettre que vous me f�tes l'honneur de
m'�crire le 10 ao�t de l'ann�e derni�re, le roi ne devait faire
d�livrer que les fusils et les bayonnettes, fix�s ensemble � 13
livres 15 sols. Ainsi j'�cris aujourd'hui � M. Gu�rin de ne
point faire faire les radoubs dont les hallebardes qui sont au
magasin de Metz pourraient avoir besoin. Du reste, vous pouvez
compter que je prendrai les mesures les plus justes pour faire
transporter ces armes dans les lieux d'assembl�e, avec toutes
les pr�cautions convenables pour emp�cher qu'elles ne soient
endommag�es. � (La Galaizi�re au marquis de Breteuil, de
Lun�ville 26 f�vrier 1742.) [Recueil ms. no 3345 (5826), 1re
partie.]
(84). Le 17 mars 1754, le subd�l�gu� de Neufch�teau �crit �
l'Intendant. : � Comme j'�tais inform� que bien des miliciens,
au retour de la derni�re assembl�e, n'avaient point remis leurs
chapeaux aux syndics, je ne leur ni d�livr� aucun cong� qu'en me
rapportant certificat de cette remise. � (Archives de
Meurthe-et-Moselle, C, 253.)
(85). L'�tat des exemptions du 14 janvier 1775 pr�cisera que les
gar�ons n�s dans le Royaume d'un p�re �tranger qui s'y est
�tabli, doivent invariablement tirer au sort.
(86). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 231.
(87). On est bien loin, comme on le voit, des 2000 hommes que
GANIER (op. cit., p. 109) fait lever, cette m�me ann�e, dans les
trois villes. - Les 100 miliciens de Nancy tir�rent les 2, 3 et
5 mars. Le 4 mai, on proc�da au remplacement de ceux qui
n'�taient pas en �tat de servir. Cf. Journal du libraire
Nicolas; �dit. cit., p. 165.
(88). Journal de Durival, 1er avril.
(89). Recueil des ordonnances de Lorraine, VI, 300.
(90). La superficie � laquelle s'�valuait le labourage d'une
charrue variait suivant l'usage des lieux et la nature des
terres. En l'esp�ce, cette appr�ciation �tait d'ordinaire
laiss�e aux subd�l�gu�s-
(91). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 238.
(92). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 232.
(93). DURIVAL, Description de la Lorraine et du Barrois, I, 232.
- ABB� GR�GOIRE, Promenade dans les Vosges; �dit. A. Benoit,
dans les Annales de la Soci�t� d'�mulation du d�partement des
Vosges, t. LXXI, ann�e 1895; pp. 271-272.- Cette exemption
n'aurait-elle pas �t� maintenue ? C'est ce que donnerait �
supposer un passage de DOM TAILLY nous apprenant � que les
messieurs Fleurot �tant dans le cas de tirer au sort, les
miliciables [du Val] ne voulurent pas le permettre. Ils les
firent sortir des rangs, et s'offrirent de grand c�ur � tirer
pour eux et de les exempter � jamais, de crainte, disaient-ils,
de les perdre et de priver la province et tout le pays de gens
si utiles et si n�cessaires � l'humanit� souffrante. � - � Ce
trait n'est-il pas bien beau ? ajoute le voyageur qui, fort
probablement, comprit mal et fait confusion. Voir lettres
vosgiennes ou lettres �crites de Plombi�res par M. le chevalier
de *** Me la marquise de *** en Bretagne. Li�ge, 1789, in-8�;
pp. 105-106.
(94). Ordonnance de Monseigneur le Chancelier sur les
exemptions. (Recueil des ordonnances de Lorraine, LX, 191-)
(95). Darney, 4 f�vrier 1756. (Archives de Meurthe-et-Moselle,
C, 261.)
(96). Encyclop�die ou dictionnaire raisonn� des sciences, des
arts et des m�tiers, t. LX, v� Lev�e, p. 441.- Cf. Encyclop�die
m�thodique ; Art militaire, III [1787], pp. 187-188.
Jean DURIVAL, fr�re cadet de Nicolas, entr� dans les bureaux de
l'Intendance de Lorraine en 1742, y devint, en 1759, l'un des
deux premiers secr�taires, et avait tout sp�cialement dans ses
attributions les � d�tails militaires �. C'est m�me sous ce
titre de D�tails militaires qu'il r�unit et remania, dans un
opuscule paru en 1758 (s. 1., pet. in-8� de 127 p. ; quelques
exemplaires avec un titre post�rieurement modifi� et portant
comme indications : Lun�ville, Messuy, MDCCLVIII) plusieurs
articles �crits pour l'Encyclop�die et relatifs � la lev�e des
troupes, � l'armement et � l'habillement, aux fuyards, aux
grenadiers, � la r�forme. Ainsi qu'on peut s'y attendre, le
passage que nous avons transcrit, �tant � l'�loge du chef, a �t�
complaisamment d�velopp� dans cette �dition. On y pr�cise que la
province en question est la Lorraine et que l'ordonnance
bienfaisante est due � M. de La Galaizi�re (cf. pp. 59-82).
Bient�t secr�taire du cabinet de Stanislas ( 1759), greffier des
Conseils d'Etat et des finances (1760), l'un des commissaires
des guerres en Lorraine (1761) et charg�, en cette qualit�, de
la surveillance des recrues, puis, en 1763, de l'organisation du
R�giment de Nancy, premier secr�taire des Affaires �trang�res
(1766), etc., Jean Durival a publi� aussi, entre autres �tudes,
un Essai sur l'infanterie fran�aise, son discours de r�ception �
l'Acad�mie de Nancy (Nancy [1760], pet. in-8� de 36 p.). A des
titres divers, cet administrateur distingu� pouvait donc, non
moins que son a�n�, parler en connaissance de cause des milices,
et son opinion ne saurait �tre n�glig�e. Il d�plore l'immunit�
dont jouissent � les valets aux personnes � , car � � la faveur
d'un tel privil�ge, cette classe oisive et top nombreuse enl�ve
continuellement et sans retour au travail de la terre et des
arts utiles ce qu'il y a de mieux constitu� dans la jeunesse des
campagnes, pour remplir les antichambres des grands et des
riches �. Mais il n'est pas hostile � la milice m�me : �
L'humanit� souffre beaucoup, sans doute, des moyens forc�s qu'on
est oblig� d'employer pour recruter et entretenir les corps des
milices ; mais ces moyens sont n�cessaires; le l�gislateur doit
seulement s'occuper du soin d'en temp�rer la rigueur par tous
les adoucissements possibles, et de les faire tourner au profit
de la soci�t�. � Les milices sont � la puissance naturelle des
�tats; ce corps a form� en tout temps un des plus fermes appuis
de la monarchie �. - Le m�contentement �tait tel en Lorraine,
que ces appr�ciations, parfois plut�t os�es, y furent mal
accueillies. Nicolas DURIVAL consigne dans son Journal, le 17
juillet 1758, �poque, il est vrai, o� la lutte contre le
Chancelier-intendant, et quiconque l'approchait, �tait pouss�e �
l'extr�me : � Grand tapage � Nancy, surtout de la part des
avocats, sur le livre de mon fr�re intitul� D�tails militaires,
que ces messieurs regardent comme une preuve du degr� o� on veut
porter le despotisme dans cette province. � Et le 18: � Mon
fr�re r�pond le Lendemain � M. Drouot qui lui en avait donn�
avis : J'esp�re qu'on ne me disputera pas le droit d'�crire
qu'un soldat doit �tre un bon pi�ton, que les exc�s sur le fait
des enr�lements doivent �tre punis, que la longueur des �p�es
est r�gl�e � 24 pouces, et que Louis XIV �tablit les Invalides.
(97). Un exemple de ces groupements ne sera pas superflu. Pour
la lev�e de 1750, la subd�l�gation de Lun�ville devant fournir
80 miliciens, le d�tail en est ainsi arr�t�. Pr�v�t� de
Lun�ville : Lun�ville, 4; Avricourt, Saint-Martin, Belchamp et
Beaupr�, 4; Giriviller, Haudonville, Verdenal et Grandseille, 4;
Xermam�nil, Og�viller, Pettonville et Reclonville, 3; B�nam�nil,
Serres et Athienville, 1 ; Blainville-sur-I'Eau et Charmois, 2 ;
Domjevin, 5; Marainviller, Beaulieu, Roh� et Thi�baum�nil, 4;
Moncel, les censes de Mondon, Hablainville, Haigneville et
M�honcourt, 3; Emberm�nil et H�rim�nil, 4; Laneuveville-aux-Bois,
6; Manonviller, 2; Huviller (Jolivet) et les censes de Champel
et de Froide-Fontaine, 4; Craon (Croismare) et Chanteheux, 6;
Mont et Mortagne, 1 ; Rehainviller, 1. - Pr�v�t� d'Einville :
Einville et Pessincourt, 1; Haraucourt-sur-Seille et la cense de
la Borde, 2 ; Parroy, 2; Xousse, Arracourt et la cense de
VaudrecourL, 1 ; Coincourt, Valhey et la cense de Bonneval, 2;
Bauzemont, 2; Drouville, Gellenoncourt, Crion et Bures, 3 ;
H�nam�nil et Mouacourt, 2 ; Bonviller et la Petite-Blainville,
Bathel�mont-l�s-Bauzemont, Charmois, Deuxville, les Foucrey ,
Hincourt, L�omont, Maixe, Raville, la Rochelle, Saint-Pancrace,
Sionviller et Vitrimont, 2. - Pr�v�t� d' Azerailles : Azerailles,
Flin, Badm�nil, G�lacourt, Glonville et les censes de Valzey (Olzey),
Mazelure et la Voivre, 6. - Pr�v�t� de Deneuvre: Deneuvre et
Fontenoy, 2. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 235.)
(98). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 245.
(99). Cf. Journal de Durival, 21-22 avril 1766.
(100). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 20.
(101). En Lorraine comme en France, la rigueur des ordonnances
recevait des temp�raments dans la pratique. Un nomm� Corroy,
d'Ancerville, abandonne son bataillon assembl�. Une lettre de d'
Argenson le d�clare passible des gal�res perp�tuelles. Le
conseil de guerre ne le condamne, le 15 avril 1750, qu'� servir,
sa vie durant, dans la milice. (Journal de Durival.)
(102). Archives de Meurthe-et-Moselle, CG, 231.
(103). Recueil des ordonnances de Lorraine, X, 95.
(104). R�glement pour la lev�e des recrues, ordonn� par le Roi
dans les diff�rentes provinces du Royaume.
(105) Les casernes avaient �t� a m�nag�es dans les b�timents de
la saline, supprim�e le 1er anil 1760. Voir, sur cette
transformation: P. BOY�, les Salines et le sel en Lorraine au
XVlIIe si�cle. Nancy, 1904, in-8�; pp. 32-36.
(106). Ordonnance fran�aise du 25 novembre 1766.- Les
engagements pouvaient se faire dans tout le Royaume. Il �tait
pay� 100 livres par homme. D�j�, avant cette disposition
expresse, les officiers du R�giment de Nancy s'�taient occup�s,
conjointement avec les subordonn�s de l'Intendant, d'assurer le
recrutement. Du 1er octobre 1763 au 30 septembre 1764, on leur
dut 46 recrues.
Pour tous les d�tails qui pr�c�dent, voir Archives de
Meurthe-et-Moselle, C, 234 et 435.
(107). Les villes l'acquittaient sur les deniers d'octroi; les
autres localit�s, sur leurs ressources communales. Selon le r�le
de r�partition, la contribution proportionnelle de la ville de
Plombi�res dans la d�pense g�n�rale pour la lev�e des recrues
faites du 1er septembre 1762 a 31 mars 1763, est, par exemple,
de livres 15 sols de France. (Archives communales de Plombi�res,
E E.)
(108). Description de la Lorraine et du Barrois, I, 218.
(109). 8 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 263.)
(110). 6 avril 1767. (Ibid., G, 282.)
(111). 14 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C,
262.)
(112). D�s la lev�e qui suivit l'ordonnance du 26 janvier 1755,
les subd�l�gu�s signalaient la difficult� de trouver des
miliciens, en raison m�me de ces articles. Celui de
Pont-�-Mousson le d�clarait � son chef le 13 mars : � Je ne
doute nullement que votre ordonnance du 26 janvier dernier, si
favorable � l'agriculture et aux laboureurs, n'y ait beaucoup de
part. � Quatre jours plus tard, le subd�l�gu� de Neufch�teau,
adressant ses proc�s-verbaux de tirage, expliquait: � Tout m'y
parait fort en r�gle et vous ne devez point �tre surpris s'il y
a beaucoup de d�ficits, les exemptions que vous avez accord�es
aux laboureurs, � leurs enfants et � leurs domestiques, dans les
cas marqu�s par votre ordonnance du 26 janvier dernier, ont
occasionn� la raret� des miliciables. Je n'esp�rais moi-m�me
pouvoir effectuer les tirages au point o� vous les trouverez.
Mais j'ai �t� si fort en garde contre les fraudes, qu'enfin le
succ�s a pass� mes esp�rances. Nous allons voir revivre les
labours qui tendaient � leur fin, et je crois ce bien au-dessus
de tout autre. � (Ibid., C, 254.)
(113). On trouve dans Chan Heurlin ou les Fian�ailles de.
Fanchon, po�me eu patois messin, commenc� en 1786 par A. BRONDEX
et termin� plus tard par D. MORYY, un passage significatif:
Lo fel don Merchaut-l�t, qu'en houint l'b� Marice,
S�u de tochet l'enclieume, et dolant let m�lice
S'�veut min Volontaire en in vieux R�giment,
O� content de s'm�rite, on l'�veut f� Sargent-
(Le fils de ce mar�chal-l�, qu'on appelait le beau Maurice, -
sao�l de toucher l'enclume, et craignant la milice, - s'�tait
mis volontaire dans un vieux r�giment, - o� content de son
m�rite on l'avait fait sergent). Cf. �dit. J. Favier, Nancy,
1900, in-8 ; p. 11.
(114). 5 f�vrier 1757. (Archives de Meurthe-et-Moselle, CG,
264.)
(115). � J'ai remarqu� encore que les engagements militaires
m'ont enlev� bien des sujets. � Le subd�l�gu� de Neufch�teau �
l'Intendant, 17 mars 1755. (Ibid.,C, 254.) - Le 17 f�vrier 1758,
le subd�l�gu� de Gondrecourt d�nonce de m�me les multiples
engagements que les officiers obtiennent dans son
arrondissement. (Ibid., C, 265.)
(116). 18 avril 1758. (Ibid., C, 266.) -- Dans une autre lettre
o� il d�plore � nouveau la situation, ce fonctionnaire pr�cise
que ses administr�s � pr�f�rent de prendre ce parti plut�t que
de s'exposer au sort d'un service de six ann�es dans la milice
... �. Sans doute les ordonnances d�fendaient aux capitaines des
r�giments �trangers au service de la France de recevoir des
sujets regnicoles dans leurs compagnies, et, au cas o� ils en
eussent admis, ces hommes pouvaient �tre r�clam�s par tout
capitaine fran�ais moyennant 30 livres de d�dommagement. Mais
cette disposition, �tendue � la Savoie et au Comtat-Venaissin,
ne s'appliquait encore pour la Lorraine qu'� la partie situ�e en
de�� de la Sarre.
(117). Ordonnance fran�aise du 6 ao�t 1748.- L'ordonnance du 12
novembre 1733 condamnait aux gal�res le pr�tendu enr�l�.
(118). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 270-271, passim.
(119). 2 f�vrier 1756. (bd., CG, 259.)
(120). Ibid., C, 262.
(121). Ibid., C, 259, 292, 265 et 272.
(122). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 26.
(123). 21 f�vrier 1752. (Ibid., C, 248.)
(124). 18 f�vrier 1758. (Ibid., C. 265.) � Le bruit de la milice
nous en a �loign� beaucoup. � Lixheim, 15 f�vrier 1758. (Ibid.,
C, 26.)
(125). 22 octobre 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C,
272.)
(126). Journal du libraire Nicolas; �dit. cit., pp. 164-165. -
Pour les m�mes causes, � Lun�ville, o� l'on demande 100
miliciens, le subd�l�gu� n'en peut obtenir que 53.
(127). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 243.
(128). Journal de Durival, 1er avril.
(129). Archives de Meurthe-et-Moselle, C. 200.
(130). Les grenadiers royaux d�sertaient. Les Grenadiers de
France eux-m�mes, choy�s du Gouvernement qui, par l'ordonnance
du 21 d�cembre 1702, leur accorda une solde sup�rieure � celle
des grenadiers des r�giments d'infanterie, turbulents et
indisciplin�s, abandonnaient leur corps au moindre
m�contentement. Ecoutons le subd�l�gu� et lieutenant g�n�ral de
police de Nancy : � 12 mai 1765. Revue � huit heures du matin, �
la Garenne, des quatre brigades des Grenadiers de France, tous
avec l'habillement neuf. -. 24 mai. Grande rumeur parmi les
Grenadiers � l'occasion de 3 Livres 10 sols qu'on voulait leur
retenir sur leur d�compte; menaces, lettre insolente �crite � M.
de Stainville: qu'ils ont plus d'amis que lui � la cour de
France. Ils avaient mis � quelques casernes : maison � louer, et
le coup de la retraite �tait pour eux le signal de la g�n�rale.
La retenue n'a pas eu lieu. - 29 mai. Hier matin il d�serta deux
grenadiers ; cette nuit autant. Le m�contentement subsiste.
Toute la mar�chauss�e et plusieurs d�tachements sont aux
environs, et le tout en vain. - 8 juillet. Les 1re et 3e
brigades des Grenadiers de France sont parties � trois heures et
demie du matin. Il y a encore eu de la d�sertion. � (Journal de
Durival.)
(131). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 231.- Le 18 f�vrier
1758, le subd�l�gu� de Longuyon observe qu'en France � on tol�re
que les communaut�s marchandent des gar�ons pour miliciens �.
(Ibid., C, 265.)
(132). Ibid., C, 248.
(133). 6 septembre 1755.(Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 25.)
(134). 7 mars 1758. (Ibid., CG, 265.)
(135). 17 f�vrier 1747. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C,
263.)
(136). Ibid., C, 237.
(137). Journal de Durival, 22 avril 1766.
(138). DOM TAILLY, Lettres vosgiennes...; �dit. cit., p. 105.
(139). Journal du libraire Nicolas; �dit. cit., p. 165.
(140). Journal de Durival, 12 mai 1745.
(141). Ibidem.
(142). Archives de Meurthe-et-Moselle, CG, 254.
(143). Lettre de L'Intendant au subd�l�gu�, 7 octobre 1758.
(Ibid., C, 231.)
(144). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 272.
(145). Ibid., C, 248.
(146). Ordonnance d'octobre 1741, article VII.
(147). Placet du 13 novembre 1758. (Archives de
Meurthe-et-Moselle., C, 233.)
(148). D. MATHIEU, L'Ancien R�gime dans la province de Lorraine
et Barrois (1698-1789). Paris, 1879, in-8�; pp. 215 et 219.
(149). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 233, 238,etc.
(150). GEBELIN (op. cit., p. 112) parle de 11 782 hommes � au
moins � ; il omet la lev�e de 1745 dans la principaut� de
Commercy, et celle de 1747. MATTHIEU (op. cit., p. 211) se
rapproche de la quotit� exacte avec 13 145 hommes. Le tableau
suivant rappellera le d�tail des lev�es :
| DATE DE LA LEV�E. |
CAUSES DE LA LEV�E. |
CONTINGENT LEV� Hommes |
SOURCES |
| 1741, novembre-d�cembre
(assembl�e en juin 1742) |
Cr�ation |
3600 |
Ord. lorr., 21 octobre
1741 |
| 1743 f�vrier-mars |
Augmentation. |
1800 |
Ord. lorr., 25 janvier
1743 |
| 1744, mars |
Remplacements (cr�ation
de Royal-Lorraine). |
1950 |
Ord. fr., 30 janvier
1744; ord. lorr., 20 f�vr. 1744. |
| 1745, f�vrier |
Remplacements |
549 |
| 1745, mars |
Lev�e sp�ciale � la
principaut� de Commercy |
55 |
Ord. lorr., 17 mars
1745. |
| 1746, janvier-f�vrier |
Augmentation et
remplacements (cr�ation de Royal-Barrois) |
1538 |
Ord. fr., 1er novembre
1745; ord. Iorr., 27 d�cembre 1745 |
| 1747, janvier-mars |
Augmentation et
remplacements |
1363 |
Ord. fr., 22 novembre
1746. |
| 1748, mars |
Augmentation |
1800 |
Ord. fr., 25 novembre
1747; ord. lorr., 27 d�cembre 1747. |
| |
Remplacements. |
545 |
(151). Neuf bataillons,
d'abord � 600 hommes et finalement � 710 = 6390
R�giments de Royal-Lorraine et de Royal-Barrois, quatre
bataillons � 65o hommes = 2600
Gardes de Lorraine, miliciens incorpor�s = 750
TOTAL. 9740
(152). Cf. GEBELIN, Op. cit., p. 287.
(153). Description de la Lorraine et du Barrois, l, 197.
(154). Lev�es se r�partissant ainsi :
| DATE DE
LA LEV�E |
CAUSES DE
LA LEV�E |
CONTINGENT LEV� Hommes |
SOURCES.
|
| 1757, janvier-f�vrier |
Augmentation |
3786 |
Ord. lorr., 14 janvier
1757 |
| 1757, mars |
Remplacements
(r�tablissement de Royal-Lorraine et Royal-Barrois) |
110 |
Ord. fr., 20 mars 175 |
| 1758, f�vrier |
Augmentation |
480 |
Ord. lorr., 29 janvier
1758 |
| |
Remplacements |
370 |
| 1758, octobre |
Augmentation et
Remplacements |
1288 |
Ord. lorr., 7 octobre
1758 |
En 1758, l'effectif total
des miliciens au service du roi �tait de 87 480 hommes. Cf.
GEBELIN, Op. cit., p. 287.
(155). M�moire servant d'�claircissement et de suppl�ment aux
remontrances de la Cour souveraine du 27 juin 1758. 5 ao�t 1758,
p.31.
(156). Archives nationales, KK. 1172.
(157). Archives de Meurthe-et-Moselle. C, 264.
(158). Archives nationales, KK, 1172.
(159). Journal; �dit. cit., pp. 164-165.
(160). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 232. Partie de Nancy
pour l'arm�e de Soubise � la fin de juin 1758, la Gendarmerie
�tait revenue hiverner � Epinal, Mirecourt, Bruy�res, Darney,
Lamarche, etc. L'�tat-major r�sidait � Nancy. Les enr�lements
recommenc�rent, plus nombreux encore, en septembre 1759 et en
novembre 1760.
(161). Il e�t �t� facile de ne pas �loigner les miliciens
lorrains, puisqu'en ao�t 1743, par exemple, sur les 34
bataillons dont se composait la garnison d'Alsace, on en
comptait 18 de milice provinciale ; et, en 1744, 22 sur les 30
bataillons en s�jour dans les �v�ch�s.
(162). Journal de Durival, 27 et 30 mars 1761. - Cf. Description
de la Lorraine et du Barrois, I, 237.
(163). Cf. Gal PAJOL, op. cit., IV, 166.
(164). M. de Rivray �tait parti de Lun�ville le 25 juillet
pr�c�dent pour joindre son r�giment. Mis en libert� � la fin de
1759, il rentra dans la r�sidence ducale le 10 novembre.
(Journal de Durival.)
(165). � On re�oit la liste suivante des morts et bless�s des
r�giments Royal-Lorraine et Royal-Barrois dans l'affaire du 5. -
Royal-Lorraine: MM. de Villelongue, tu�; Folley, prisonnier; de
Silly, la main perc�e ; de Rune et Courtois, bless�s. Environ
.30 soldats tu�s et autant de bless�s. - Royal-Barrois: D'Anderny,
bless�; de Cuigy, cuisse cass�e ; de Gourcy de Dommartin, bless�
de coups de bayonnette ; de Chamblay, de Bettancourt, de Klein,
de Voisin, tu�s. Environ 70 ou 80 tu�s et une trentaine de
bless�s ou prisonniers. � (Ibid., 16 ao�t 1758.)
(166). Cf. Gal PAJOL, op. cit., III, 102.
(167). CI. Gal PAJOL, op. cit., IV, 219.
(168). Sur les �tats de service des miliciens lorrains, voir la
compilation de CHAPUY, Guerres de Louis XIV et de Louis XV, ms.,
j. cit., du Minist�re de la Guerre. - Gal PAJOL, op. cit., t.
II-V, passim. - Pour les campagnes des Gardes de Lorraine, lire
surtout Gal VANSON, op. cit., passim; et tout particuli�rement,
en ce qui concerne les affaires du Tidon et de Hoya, pp. 39-53,
80-94.
(169). Apr�s avoir signal� cc d�ficit, DURIVAL ajoute : � Il y
en a eu bien davantage par proportion dans les remplacements
lev�s encore depuis. � (Journal, 6 mars 1746.)
(170). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 245.
(171). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 254.
(172). 5 f�vrier 1757.(Ibid., C, 264.)
(173). � J'ai �t� surpris, dit-il encore, de voir que dans des
grosses communaut�s comme Grand et Petit-Failly, il ne se soit
trouv� qu'un gar�on dans le cas de tirer. J'ai cru que les
syndics � qui j'ai fait conna�tre les peines auxquelles ils
s'exposaient, s'ils donnaient des d�clarations infid�les,
rec�laient des gar�ons. Je les ai communiqu�es au sieur cur� de
ce lieu, qui m'a assur� qu'elles �taient v�ritables. � f�vrier
1757. (Ibid., C, 262.).
(174). DURIVAL, Description de la Lorraine et du Barrois, I,
197.
(175). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 246.
(176). Journal de Durival.
(177). 6 f�vrier 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 258.)
(178). Ibid., C, 243.
(179). � Malgr� mon peu de monde, j'esp�re que Son Excellence
sera contente de mon op�ration, ayant �t� assez: heureux pour
avoir � lui pr�senter de beaux et vigoureux miliciens �, �crit,
le 1er f�vrier 1756, le subd�l�gu� de Darney. - Apr�s avoir
regrett� la m�diocrit� du nombre, celui de Neufch�teau continue
: � Mais ce qui me fait plaisir, est que le sort a second� mon
z�le et que ce que vous verrez est ce qu'il y a de plus beau. �
22 octobre 1758. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 259.)
(180). Ibid., C, 263.
(181). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 265.
(182). 28 octobre 1758. (ibid., C, 232.)
(183). Description de la lorraine et du Barrois, I, 197. - �
L'esp�ce des miliciables commen�ait � manquer �, r�p�te-t-il
ailleurs.
(184). Les campagnes sont tellement d�peupl�es, � qu'on n'y voit
presque plus aujourd'hui de gar�ons propres � l'exercice du
labourage; tel village qui en avait douze avant la lev�e des
milices, n'en a plus aujourd'hui que deux ou trois; il en est
m�me qui n'en ont pas un seul. � (M�moire servant
d'�claircissement et de suppl�ment aux remontrances de la Cour
souveraine... , du 5 ao�t 1758; p. 34.) - � La formation de
trois r�giments qui sont au service de la France, la lev�e des
milices, la fuite d'une multitude de gar�ons pour �viter le
tirage, les engagements de toutes parts..... , forment une perte
�tonnante pour la Lorraine. � (Remontrances de la Chambre des
Comptes de Lorraine, du 21 janvier 1761, p. 15.).- � Il n'y a
pas de province de France qui, � raison de son �tendue et de ses
ressources, ait fourni dans l'espace de vingt ann�es tant de
corps de milice que la Lorraine et le Barrois. Trois r�giments
de milices toujours subsistants, et deux autres successivement
lev�s, r�form�s et renouvel�s, tous arm�s et �quip�s aux frais
des deux provinces, ont port� un coup mortel � la population,
par la quantit� d'hommes fournis pour former et entretenir ces
corps nombreux, par l'�vasion d'une multitude de fugitifs que le
refus d'admettre des miliciens volontaires a fait passer dans
les pays �trangers, par les enr�lements de ceux que le d�sespoir
a jet�s dans le service pour se soustraire � l'incertitude du
sort. � (Remontrances de la Cour souveraine, du 24 janvier 1761,
p. 7-)
(185). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 234, 435.
(186). P. BOY�, Les Travaux publics et le r�gime des corv�es en
Lorraine au XVIIe si�cle. Paris, 1900, in-8�.
(187). Rappelons que les r�giments de Lyon, Sens, Blois et Aix
ne le furent que le 30 mai 1768, � la suite de l'ordonnance du
1er du m�me mois, �tablissant quatre d�p�ts g�n�raux des recrues
: � Saint-Denis, Lyon, Tours et Toulouse. Mais les engagements
continuaient � pouvoir �tre indistinctement op�r�s sur toute
l'�tendue du territoire fran�ais. D'autre part, le 25 d�cembre
1768, le roi � �tant inform� que la l�gion du Hainaut est
compos�e en plus grande partie de recrues faites en Lorraine �,
d�cide qu'elle portera � l'avenir le nom de L�gion de Lorraine.
Supprim�e en 1776, cette l�gion comprenait de l'infanterie,
divis�e en compagnies de chasseurs, et de la cavalerie, sous le
titre de dragons. Sur l'histoire de ce corps qui, � nouveau
r�uni en juin 1779, devait porter les noms de Chasseurs des
Vosges. Chasseurs de Lorraine, voir : Gal SUSANE, Histoire de la
cavalerie fran�aise. Paris, 1874, 3 vol. in-8; III, pp. 109 et
sq. - H. GANIER, op. cit., pp- 101-102.- Gal PAJOL, op. cit.,
VII, pp. 238 et sq.
(188). Avec Nancy comme quartier d'assembl�e.- Seules, les
couleurs de l'�paulette marquaient l'origine. Pour les
grenadiers de la milice lorraine, c'�taient, par exemple, le
rouge et le blanc; pour ceux de la milice �v�choise, le bleu et
le blanc.
(189). Dont 12 � trois bataillons, 33 � deux, et 2 � un seul.
(190). Ordonnance du roi pour former les bataillons de milice en
r�giments provinciaux; du 4 ao�t 1771. - Les Grenadiers de
France �taient de plus supprim�s.
(191). Colonel : comte de Ludres.
(192). Colonel : comte du Hautoy.
(193). � En ex�cution de l'ordonnance du roi du 7 avril 1773, le
r�giment provincial de Nancy a �t� assembl� � Nancy le 18 mai,
et celui de Bar, aussi � Nancy, le 22. On les y exerce
actuellement. � (Journal de Durival, 24 mai 1773.)
(194). Colonel : comte d'Hoffelize. - �paulette distinctive pour
l'ensemble du r�giment : rouge et blanche.
(195). 111 bataillons et 53 r�giments, par l'ordonnance du 19
octobre 1773. Le r�giment de Nancy est le 38e; celui de Bar, le
39e; le r�giment des grenadiers royaux de la Lorraine marche le
9e sur 12. - 105 bataillons et 48 r�giments, par l'ordonnance du
1er d�cembre 1774. Le r�giment de Nancy devient le 35e; celui de
Bar, le 36e.
(196). Les soldats provinciaux lorrains avaient d�pos�, pour la
derni�re fois, les armes � Nancy, le 23 mai pr�c�dent, et
�taient retourn�s, le lendemain, dans leurs communaut�s. - Cf.
Journal de Durival.
(197). Ordonnance du 30 janvier 1778, et r�glement du 1er mars
suivant.
(198). Cf. Journal de Durival.
(199). Sur un total de 106.
(200). Ancien r�giment des Gardes de Lorraine.
(201). Anciennement Conti, il ne portait ce nom que depuis
l'ordonnance du 12 septembre 1776. - Les bataillons de Metz et
de Verdun, de Strasbourg et de Colmar, form�rent, au contraire,
les deux r�giments provinciaux d'artillerie de Metz et de
Strasbourg, attach�s chacun � un r�giment du corps royal de
l'artillerie.
(202). Dont le 1er bataillon �tait attach�, comme bataillon de
garnison, au r�giment Royal, et le 2e au r�giment de Bourgogne.
(203). Les bataillons attach�s � Cond�, Royal-Comtois et
Enghien.
(204). Attach� � Auvergne.
(205). Le 6e sur 8. �paulette : aurore. Quartier d'assembl�e :
Nancy. Colonels: vicomte du Hautoy, 1778; marquis de Monchat,
1780; comte le la Noue, 1784; chevalier de Bassompierre, 1788.
Licenci� le 30 septembre 1789. (Gal SUSANE, op. cit., V, 388.)
(206). La subd�l�gation de Lun�ville comprenait 14
circonscriptions : ville de Lun�ville, ville de Gerb�viller,
cantons d'Arracourt, Azerailles, Badonviller, Croismare,
Domptail, Einville, Fraimbois, Housseras, Laneuveville-aux-Bois,
Magni�res, Parroy et Rambervillers. - Att�nu�e, l'in�galit� des
chances n'�tait pas supprim�e. En avril 1766, il se trouve
finalement, dans la subd�l�gation de Nancy, 227 miliciables pour
36 miliciens demand�s. Sur ce nombre, les cantons de Malz�ville
et de Faulx, qui doivent chacun 4 miliciens, ont respectivement
48 et 52 soumis au sort; ceux de Bouxi�res-aux-Ch�nes et de
Lupcourt doivent l'un et l'autre 3 hommes: or, si le premier
compte 30 miliciables, le second n'en offre que 8. -- Cf.
Journal de Durival, 22 avril et 3 mai 1766.
(207). Le 9 avril de cette m�me ann�e, le subd�l�gu� de
Bouzonville explique � l'intendant sa fa�on de proc�der : � Pour
parvenir au dernier tirage et remplir les vues de Votre Grandeur
qui avait laiss� � ma disposition la r�partition des 33
miliciens sur les 10 cantons, j'ai fait l'examen exact de tous
les sujets capables et non exempts de chacun desdits cantons
s�par�ment. J'en ai ensuite form� un total que j'ai divis� par
33, et qui m'a d�montr� que de 6 hommes 1/2 il en fallait un
pour milicien. C'est sur cette proportion que j'ai r�gl�
l'op�ration, autant qu'il a �t� possible d'atteindre � la
justesse. A cet effet, j'ai joint deux cantons ensemble, quoique
les proc�s-verbaux soient distincts et s�par�s par canton. �
(Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 283.)
(208). Celle-ci resta fix�e � 5 livres par milicien. Les hommes
n'�tant plus dirig�s sur des garnisons, l'�cu du d�part n'�tait
plus per�u. La d�pense du petit �quipement variait suivant les
g�n�ralit�s. En 1767, elle est de 33 livres dans celle de Nancy,
tandis qu'elle n'est que de 29 livres dans celle de Bordeaux.
Quand la milice cessa d'�tre convoqu�e et, par cons�quent, ne
fut plus �quip�e, cette somme - abaiss�e, il est vrai, dans la
Province, � 14 livres - continua n�anmoins d'�tre per�ue en tant
qu'imposition repr�sentative.
(209). Lettre-circulaire de Choiseul aux: intendants, 31 janvier
1766. (Collection Saugeon, vol. 53 pi�ce 2.)-
(210). Sur ces usines, voir notre �tude : La Lorraine
industrielle sous le r�gne nominal de Stanislas (1737-1766).
Nancy, 1900, in-8�; pp. 22 et sq.
(211). Pour l'histoire de cet atelier de charit�, connu sous le
nom populaire de Coton, voir ibid., pp. 59-60.
(212). Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 238.
(213). Recueil des ordonnances de Lorraine, XI, 252.
(214) Ordonnance du Roi concernant les r�giments provinciaux, du
19 octobre 1773. Le titre V, en 46 articles, est enti�rement
consacr� � cette question des exemptions.
(215). Titre V; 40 articles.
(216). Versailles, de l'Imprimerie du Roi, d�partement de la
Guerre, 1776;8 p. in-4�. - Cf. Recueil des ordonnances de
Lorraine, XIII, 371.
(217). En 1775, la subd�l�gation de Lun�ville doit 25 hommes;
26, en 177; 23 en 17775 27, en 1779; 29, en 1780; 20, en 1783;
22, en 1785; etc. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 287-290.)
(218). � Le r�giment des grenadiers provinciaux s'est fait ce
matin et ils sont tous sortis des portes de Nancy d�s les trois
heures du matin. Plusieurs s'�taient engag�s, mais comme leur
temps n'�tait pas fini, ces engagements ont �t� annul�s. M. de
Monchat, leur colonel, �tait venu pour cette op�ration. �
(Journal de Durival, 5 juin 1783.)
(219). Ibid., 22 avril.
(220). Pr�c�demment, ils obtenaient cette dispense, sinon de
droit, du moins de fait. Le 11 septembre 1743, sept habitants de
Macheren et de Petit-Eberswiller, se trouvant dans ce cas,
s'�taient adress�s � l'intendant,- et leur requ�te avait �t�
favorablement accueillie. Cf. Journal de Durival, 13 septembre
1743. - Description de la Lorraine et du Barrois, III, 246.
(221). Le subd�l�gu� l'Intendant, 28 mars. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, C, 277.)
(222). En 1768, la ville de Nancy est d�sign�e pour 36
miliciens. Les sept paroisses comptent 933 gar�ons, ou veufs
sans enfants, ayant l'�ge requis. Sur ce nombre : 208 all�guent
des cas d'exemption; 489 sont infirmes ou de taille trop courte;
91 sont absents ou se sont enfuis; 145 seulement prennent part
au tirage. - L'ann�e suivante, il faut 39 miliciens. Sur les
1178 inscrits : 362 sont exempts, 620 rejet�s, 62 absents ou
fuyards; il ne reste donc pas les quatre miliciables par
milicien. (Archives de Meurthe-et-Moselle, C, 274-275.) - A
Bar-le-Duc, en 1775, sur 408 hommes inscrits : 170 sont exempts,
19 rejet�s comme infirmes, et 145 comme �tant de taille
insuffisante. (Archives de la Meuse, C, 29.)
(223) � ... Il est arriv� que ces gar�ons se sont mutin�s au
point que deux d'entre eux, ayant constamment refus� de tirer
leurs num�ros, ont �t� constitu�s miliciens, au moyen de quoi je
n'en ai plus eu que trois � prendre dans les dix gar�ons, qui
sont devenus plus dociles par l'exemple des autres. � Le
subd�l�gu� de Bar � l'Intendant, 28 mars 1769. (Archives de
Meurthe-et-Moselle, C, 277.) � Le 8 mars 1775, le m�me
fonctionnaire dresse un proc�s-verbal relatant � que ledit jour,
en proc�dant aux op�rations du tirage des soldats provinciaux,
r�partis sur le canton d'Ancerville... , il aurait �t� oblig�
d'interrompre, � diverses reprises, lesdites op�rations, pour
arr�ter le tumulte et faire cesser les violences et propos
s�ditieux de plusieurs gar�ons de la communaut� d' Ancerville
... que toutes repr�sentations n'ont pu soumettre ni ramener �
leur devoir; que, loin d'y d�f�rer, ils auraient au contraire
refus� de subir le sort et continu� � exciter tous les gar�ons
assembl�s � ne pas tirer; ce qui aurait d�termin� ledit sieur
Vayeur � les faire arr�ter, mettre en prison et � les d�clarer
soldats provinciaux de droit, conform�ment aux: dispositions de
l'article 17 du titre IV de l'ordonnance du Roi du 1er d�cembre
1774. � (Archives de la Meuse, C, 29.)
(224). En 1785, dans le canton de Vaub�court (subd�l�gation de
Bar-le-Duc), sur 91 miliciables, 42 se gardent de para�tre au
tirage. (Ibid., C, 30.)
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