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Marthe RICHARD -
Biographie
(15 avril 1889 - 9 f�vrier 1982)
Quelles que soient les controverses, la vie de Marthe Richard est une l�gende o� se m�lent sans cesse mensonges et v�rit�. Nous ne pr�tendons apporter
ici ni biographie exhaustive, ni r�v�lations : car sur la
vie souvent obscure de Marthe Richard, entre les faits historiques, les �crits du commandant
Ladoux, ceux de Marthe Richard elle-m�me, de certains t�moins,
et historiens, les informations discordent.
Voir les textes sur
Marthe Richard
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Marthe Betenfelfd, est n�e le 15 avril 1889 � Bl�mont. Elle est
la fille (jumelle de sa soeur Berthe, n�e une demi-heure plus
tard) de l'ouvrier brasseur, Louis Betenfeld (n� � Saint
Nicolas de Port le 16 novembre 1857), qui a �pous� � Repaix le
12 juillet 1884 Marie Lartisant (n�e � Repaix le 15 septembre
1862).
Note : dans son ouvrage ���Marthe Richard au service de la France � le Commandant Ladoux lui inventera un p�re militaire, hussard v�t�ran de la guerre de 1870 habitant Nancy. De la m�me mani�re inventive, Marthe Richard elle m�me racontera, dans son roman port� au cin�ma, que ses parents ont �t� fusill�s par les allemands au d�but de la guerre
(peut-�tre influenc�e par les v�ritables ex�cutions de civils, dont celle du
cafetier Foell � Bl�mont).
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Acte de
naissance de Marthe Betenfeld.
L'an mil huit cent quatre vingt neuf, le seize avril, � neuf heures du matin, devant
nous, Charles Hyacinthe Ferdinand Barthel�my, maire et officier de l'�tat civil de la ville de Bl�mont, arrondissement de Lun�ville, D�partement de Meurthe-et-Moselle, �tant en la maison commune, ont comparu Louis Betenfeld, �g� de trente deux ans, gar�on brasseur, domicili� � Bl�mont, lequel nous a d�clar� qu'hier quinze courant, � onze heures du soir, Marie Lartisant �g�e de vingt cinq ans, sans profession, son �pouse, est accouch�e en son domicile en cette commune, d'un enfant de sexe f�minin, qu'il nous a pr�sent� et auquel il a dit vouloir donner le pr�nom de Marthe. Les dites d�clarations et pr�sentations faites en pr�sence de Th�ophile Tonnaire, �ge de trente deux ans, cordonnier, et F�lix Bain, �g� de trente neuf ans, d�bitant, domicili�s � Bl�mont. En foi de quoi nous avons dress� le pr�sent acte, que nous avons �crit sur les deux registres �
ce destin�s et que le d�clarant et les t�moins ont sign� avec nous apr�s lecture et collation.
En marge : Mari�e � Paris (16e art) le 13 avril 1915 avec Henri Louis Emile Marie Joseph Richer. Mention faite le premier janvier 1919.
Mari�e � Paris (9) le 15 avril 1926 avec Thomas Compton.
Mention ajout�e : D�c�d�e � Paris 16 le 9.2.82
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En 1903, Marthe devient apprentie culotti�re � Nancy. Elle fugue de chez ses parents et elle se livre rapidement � la prostitution � Nancy, o� elle est fich�e pour racolage en mai 1905. Ramen�e chez ses parents, elle fugue de nouveau, et devient prostitu�e dans les
���bordels � soldats � de Nancy, o� elle contacte la syphilis. D�nonc�e par un soldat qu'elle a contamin�, elle est fich�e par la police en ao�t 1905.
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En janvier 1907, Marthe Betenfeld d�clare au service des moeurs qu'elle part pour
l'Italie, mais en r�alit� rejoint Paris. Elle y reprend ses activit�s dans un �� �tablissement de bain �, o� elle rencontre en 1907 Henri Richer, fortun� mandataire aux Halles (Henri Louis Emile Marie Joseph, n� le 24 mai 1879 � Bonn�table dans la Sarthe), qui l'installe rue de l'Od�on. Malgr� cette ascension sociale, Marthe n'obtient pas en 1908 sa radiation du fichier des prostitu�s.
Henri Richer lui ach�te un avion en 1912, et Marthe Betenfeld obtient son brevet de pilote
en mai 1913.
Est-R�publicain - 29
mai 1913
Nos aviatrices
Notre compatriote, Mme Marthe Betenfeld-Richer,
vient de passer sur biplan Astra son brevet de
pilote avec le plus grand succ�s. Mme Richer - qui
est une fort jolie personne - est n�e le 15 avril
1889, � Bl�mont.
Elle a pass� brillamment son brevet sans avoir
jamais rien cass� et � une hauteur de 450 m�tres. |
Elle participe � divers meetings a�riens (Nantes, Ch�teau-Gontier, Pornic...), ce qui lui vaudra d'�tre surnomm�e
���l'Alouette � par la presse (surnom que reprendra Ladoux dans sa l�gende sur Marthe Richard).Gri�vement bless�e le 31 ao�t 1913 � La Roche-Bernard en atterrissant sur un terrain non appropri�, elle passe trois semaines dans le coma, mais reprend son
entra�nement le 5 f�vrier 1914, sur son tout nouveau Caudron
G.3, pour participer au meeting de Zurich.
C'est ainsi qu'en f�vrier 1914, Marthe Betenfeld fait croire � la presse qu'elle a vol� depuis Le Crotoy, en baie de Somme, jusqu'� Zurich. En r�alit�, elle accompagne l'aviateur Poulet, et, suite � une s�rie de pannes, ils atterrissent dans une prairie
en Bourgogne. D�montant alors leur avion, ils le convoient par train jusqu'�
Zurich.
D�s le d�but de la guerre, Marthe Betenfeld propose au Minist�re de la Guerre de fonder une �� Union Patriotique des Aviatrices de France � dans le but de devenir pilote militaire : sa proposition est repouss�e. |

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Le 13 avril 1915, elle finit par �pouser � Paris (16�me arrondissement) Henri Richer. Une fois de plus, elle tente d'obtenir, en vain, des services des moeurs de Nancy, sa radiation des contr�les de la prostitution (sans doute la fausse d�claration de voyage en Italie en 1907 a-t-elle contribu�e � ce refus).
Affect� comme soldat au 20�me escadron du Train, Henri Richer d�c�de � Massiges dans la Marne le 25 mai 1916 de suites de blessures de guerre
(c'est par d�formation du nom de Richer, que le Commandant Ladoux cr�era le nom de
���Richard �).
La veuve Richer fr�quente r�guli�rement les bureaux du Minist�re de la Guerre, o� d�s 1916, le Capitaine Ladoux du 2e bureau, d�cide de lui proposer
���l'espionnage horizontal �. Il l'envoie en Espagne en 1917 devenir la ma�tresse de Hans von
Krohn, attach� naval allemand � Madrid. Elle est alors sous le contr�le de l'agent Joseph Davrichewy (n� � Gory en Georgie en 1872, d�c�d� � Paris en 1975), plus connu sous le pseudonyme de Jean Violan ou encore de
���Zozo �. La mission, qui n'est certainement qu'un test, ne dure que trois mois, et est interrompue par un accident automobile qui soul�ve de
nombreuses interrogations dans la presse fran�aise.
A son retour en France, elle d�couvre que son nom est ray� des services et que le capitaine Ledoux est incarc�r�.
En 1926, elle rencontre Thomas Crompton, directeur financier de la fondation Rockefeller et l'�pouse le 15 avril 1926 (acqu�rant ainsi la nationalit� britannique), menant alors grande vie jusqu'au d�c�s subit de son mari � Gen�ve le 14 ao�t 1928.
Mais
Marthe Crompton ne devient r�ellement c�l�bre qu'en 1932, avec la publication par le Commandant Georges Ladoux de son roman
���L'aviatrice Marthe Richard espionne au service de la France � (Le capitaine Ladoux est sorti de prison en 1930, et a �t� r�tabli au grade de commandant : il a sans doute voulu cette publication pour gommer certaines de activit�s troubles en 1917...).
Mais cette c�l�brit� permet � Marthe, d�sormais connue sous
le nom de Richard, d'obtenir la L�gion
d'Honneur en 1933, pour ���Services signal�s rendus aux int�r�ts fran�ais �
: le d�bat dans la presse sur l'indignit� � remettre une telle d�coration � une ancienne prostitu�e, et sur les
��� m�thodes � utilis�es par Marthe Richard, ne fait qu'accro�tre sa notori�t�.
Note : l� encore, les versions romanc�es abondent. De la m�me fa�on que certains r�cits �voquent son entr�e en 1916 dans les services secrets en pr�sumant que Joseph Davrichewy aurait �t� son amant, d'autres �voquent une l�gion d'honneur obtenue gr�ce � un autre amant
suppos� : �douard Herriot, chef du
gouvernement.
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Exemple de presse : La
Voix du combattant - 4 f�vrier 1933
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Devant le succ�s du roman de Ladoux, Marthe r�clame la moiti� des droits d'auteur amass�s, mais finit par �crire ses propres
���m�moires �, ���Ma vie d'espionne au service de la France �, adoptant
d�finitivement le pseudonyme de Marthe Richard. C'est de ce best-seller que sera tir� en 1937 le film avec Edwige Feuill�re et Erich von Stroheim :
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Cin�ma : MARTHE RICHARD ESPIONNE AU SERVICE DE LA FRANCE
R�alis� en 1937 par Raymond Bernard - Musique d'Arthur Honegger
Avec Edwige Feuill�re, D�lia Col, Marthe Mellot, Liliane
Lesaffre, Erich von Stroheim, Jean Galland, Marcel
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Une fois encore ce film est un assemblage d'inventions : ainsi le film commence en 1914 � Wattignies, o� les parents et la petite soeur de Marthe Richard sont fusill�s par les Allemands. En r�alit�, Marie
Betenfeld, sa m�re, a �t� �cras�e par un train � Nancy le 2 juin 1924, Louis
Betenfeld, son p�re est d�c�d� � Nancy le 6 octobre 1925, sa soeur Jeanne
(n�e � Bl�mont le 31 janvier 1886) est d�c�d�e le 29 avril 1954 � Nancy, sa soeur jumelle Berthe
�tait d�c�d�e � 5 semaines (le 24 mai 1889), et son fr�re Camille
(n� � Bl�mont le 1er mai 1887) est d�c�d� � Boulogne-Billancourt le
7 janvier 1956.
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Extrait du journal
"Le Gaulois" du 4 juin 1924 :
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Marthe Richard compl�te la
fable en 1939 avec la publication de Mes derni�res
mission secr�tes - Espagne 1936-1938.
Mais le succ�s ne fait pas tout : ainsi quand en ao�t 1939, Marthe Richard (qui n'est toujours officiellement que la britannique veuve Crompton) demande la r�int�gration dans la nationalit� fran�aise, elle se voit opposer un refus. Elle part alors pour
l'Afrique du Nord, et ne revient � Paris, occup�, qu'en 1940. Tr�s vite, elle fr�quente les milieux minist�riels de Vichy, mais le 3 octobre 1942, elle fait l'objet d'un arr�t� d'�loignement des d�partements du Puy-de-D�me et de l'Allier. De retour � Paris, elle se rapproche de la Gestapo, et elle se serait adonn� � de nombreux comportements �quivoques (intelligence avec l'ennemi, recels, march� noir, organisation de soir�es dans les milieux
collaborateurs, etc...), alors m�me qu'elle revendique � la Lib�ration des actions de r�sistance.
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C'est ainsi qu'en 1945, se pr�sentant comme ���h�ro�ne
des deux guerres �, elle est �lue conseill�re municipale dans
le 5�me arrondissement de Paris sur la liste R�sistance Unifi�e,
proche du Mouvement R�publicain Populaire. Ce mouvement
souhaitant l�gif�rer contre la prostitution, Marthe Richard d�pose
le 13 d�cembre 1945 devant le conseil municipal un projet pour
la fermeture des maisons closes. Sa proposition est vot�e, et le
pr�fet Charles Luizet d�cide de fermer les maisons de la Seine
dans les 3 mois.
Le 9 avril 1946, le d�put� Marcel Roclore pr�sente le rapport
de la Commission de la famille, de la population et de la sant�
publique, qui conclut � la n�cessit� de la fermeture des
maisons closes, et le d�put�
Pierre Dominjon d�pose une proposition de loi dans ce sens. La
loi n� 46-685, vot�e le 13 avril 1946, �dicte en son article
premier ���Toutes les maisons de tol�rance sont interdites sur
l'ensemble du territoire � ; Environs 1 400 �tablissements
sont ainsi ferm�s, dont 180 � Paris. Cette loi reste connue
sous le nom de �� loi Marthe Richard �.
Note : c'est la fermeture
des maisons de tol�rance qui sert de trame au t�l�film
"Marthe Richard", r�alis� par Thierry Binisti,
et diffus� sur France 3 le 30
avril 2011, avec Cl�mentine C�lari� dans le r�le de
Marthe.

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Au final, Marthe Richard est aujourd'hui plus c�l�bre pour la
���loi Marthe Richard � que pour ses activit�s de 1913 � 1945, alors m�me qu'en simple conseill�re municipale elle n'a ni propos� ni vot� cette loi. D'o� la qualification trop rapide de
���d�put� � dans
l' extrait ci-contre du Journal de France 2 du 26 juin
2002 :
Les activit�s politiques de Marthe Richard cessent en 1948, lorsqu'est rendu public le fait que, Veuve Crompton, elle a toujours la nationalit� anglaise, et que donc son �lection �tait ill�gale. |

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En 1951, Marthe Richard fonde un prix de litt�rature �rotique, le Prix
Tabou, et
publie la m�me ann�e
l'Appel des sexes (1951).
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Suivent diff�rentes pol�miques sur ses activit�s pass�s, notamment avec Jean Galtier-Boissi�re, le directeur du Crapouillot, puis Jacques
Delarue, inspecteur de la S�ret� Nationale, et Charles
Chenevier, ancien sous-directeur de la police judiciaire.
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| On
notera qu'en 1973, Marthe Richard se positionne en faveur
de la r�ouverture des maisons closes, comme on le voit
dans cette vid�o du Journal de France 3 Ile de France (11
ao�t 1993) :
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Marthe Richard d�c�de � son domicile parisien, � l'�ge de 92 ans, le 9 f�vrier 1982.
Elle repose, apr�s cr�mation, au columbarium du P�re
Lachaise.
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R�daction :
Thierry Meurant |
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