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Documents sur Bl�mont (54) et le Bl�montois

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Histoire du Bl�montois des origines � la Renaissance (7/9)
Abb� Alphonse Dedenon (1865-1940)
1931

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L'Histoire du Bl�montois des origines � la Renaissance est tomb�e dans le domaine public en 2010. Cette version num�rique int�grale permet de faciliter les recherches, y compris dans l'�dition papier publi�e en 1998 par Le livre d'histoire.
Le pr�sent texte est issu d'une correction apport�e apr�s reconnaissance optique de caract�res, et peut donc, malgr� le soin apport�, contenir encore des erreurs.
Par ailleurs, les notes de bas de page ont �t� ici renum�rot�es et plac�es en fin de chaque document.

NDLR :
L'abb� Dedenon a laiss� dans ses carnets des notes manuscrites indiquant diverses corrections � apporter � ce texte.


IV
Le d�clin de la Maison de Bl�mont

1� Maimbournie de Marguerite de Lorraine

La veuve de Thi�baut II �tait active, intelligente et ferme. Elle eut � coeur de redresser les finances de sa famille et de refaire l'int�grit� du comt�. Pour l'aider dans cette t�che, elle trouva les compagnons de son mari, surtout Jean d'Herb�viller. Sa maimbournie dura six ans. Elle commen�a par envoyer � la r�gente Isabelle, en vue de d�livrer son mari prisonnier � Dijon, la jolie somme de 4.500 florins, qu'elle pr�leva sur le r�achat de Turquestein. La duchesse, en reconnaissance, lui octroya une rente sur la saline de Dieuze (1432). La comtesse fit rentrer en sa possession la vouerie de Neufch�teau, pr�c�demment engag�e (1433). Elle r�gla un proc�s intent� par son beau-fr�re, le comte de Thierstein (I434). Elle fit un accord avec l'�v�que de Metz au sujet des contremands usit�s dans les r�gions d'Entrecours (1436) (1) Elle remit en somme, sur un bon pied, toutes les finances de son petit Etat.
En 1437, Ferry, son fils a�n�, prit en mains les r�nes du gouvernement. Ce fut pour elle le moment de s'effacer, tout en veillant � la formation de ses autres enfants. Un douaire lui fut constitu� � Mandres, avec une rente viag�re de deux cents florins. Mais elle ne r�sida gu�re dans ce domaine �cart�. On la vit plus volontiers � Bl�mont ou � Deneuvre. Il semble m�me que Badonviller ait eu ses pr�f�rences, du moins pendant quelque temps. Car elle voulut y avoir une maison, que lui vendit Jean d'Herb�viller (1435). Simon, comte de Salm, son cousin, eut la courtoisie d'affranchir cet immeuble, en le d�chargeant de l'hommage qui lui �tait d�. On ne sait si notre douairi�re l'habita beaucoup : on n'a, du reste, que peu de renseignements sur la fin de sa vie. Son testament fut r�dig� � Deneuvre, le 6 avril 1469, en pr�sence de Nicole Mougenot, pr�v�t de la Coll�giale, et de Jean Mathieu, chanoine. Le texte en a �t� donn� par M. E. de Martimprey; il prouve la foi de cette noble femme, la reconnaissance qu'elle gardait � ses familiers et l'aisance dont elle jouit jusqu'� la fin. Sa mort et sa s�pulture en ce lieu expliquent, sans doute, que son fils Olry ait toujours montr� plus d'attachement � Deneuvre qu'� Bl�mont.

2� Ferry II de Bl�mont (1437-1493) :

Partage de famille peu avantageux

Le comte Ferry aurait pu se rendre c�l�bre. Il gouverna le comt� durant 56 ans et il assista aux �v�nements les plus tragiques de l'histoire lorraine. Or jamais prince ne fut plus effac�. Est-ce irr�solution, faiblesse d'esprit ou calcul ? Peu importe. Une telle nullit� serre le coeur


SCEAU DE FERRY II DE BLAMONT

et va nous faire assister � l'agonie lente et irr�m�diable d'une Maison longtemps florissante.
Ferry brise d'abord avec les traditions de ses parents, en embrassant le parti d'Antoine de Vaud�mont. Ce premier acte, qui ne s'explique pas, lui co�te cher. Sous la conduite de Beaudoin de Fl�ville et de l'Abb� de Corze, les Lorrains se jettent sur ses possessions de Mandres-aux-Quatre-Tours. Le si�ge du ch�teau dure huit jours et cette place est sur le point d'�tre d�truite, quand arrive Antoine de Vaud�mont, avec 600 chevaux. Il �tait temps; les assaillants se dispersent et le ch�teau �chappe � la ruine (1438). Peu apr�s, Ferry est en querelle avec l'�v�que de Metz pour des affaires d'Entrecours, et il prom�ne ses troupes sur les terres de l'�v�ch�. Mais il va perdre la vouerie de Vic dans la transaction qui interviendra, en f�vrier 1441, � Pont-�-Mousson, pour r�gler sous les yeux de la duchesse r�gente, ses nombreux d�m�l�s avec Raoul de Coucy.
En 1441, le plus jeune fr�re de la famille atteignait sa majorit�. Comme le patrimoine �tait rest� jusque-l� indivis, il fallut songer � le partager. Les filles eurent leur dot en argent. Les trois fils convinrent de garder en commun la propri�t� de leurs seigneuries, tout en attribuant la gestion de Bl�mont et de Mandres � Ferry, celle de Deneuvre � Olry et celle des terres de Bourgogne � Thi�baut. Les papiers de famille furent enferm�s dans une armoire � trois cl�s diff�rentes, que se distribu�rent les ayant droit. Mais un tel arrangement ne pouvait durer, et les trois fr�res allaient en venir aux mains, quand des amis leur firent accepter la m�diation du duc Jean II et de l'�v�que de Metz (1457).
Les clauses suivantes furent accept�es : �� Ferry, pour son droit d'a�nesse, aura le ch�teau-fort de Bl�mont, les pourpris des foss�s, la grange et la mar�chauss�e voisine et tout le jardin longeant en partie les foss�s (parterre) moyennant quoi, il supportera toutes les charges de la forteresse, comme portiers, gardes et guetteurs et les fournira � ses d�pens. Ses fr�res pourront faire construire une forteresse � Bl�mont en achetant les maisons n�cessaires � son emplacement, sauf � les reprendre de l'�v�que de Metz. Le surplus de leurs terres restera indivis entre eux, avec des droits �gaux pour chacun. � (2).
On peut trouver �trange ce projet d'�lever ainsi ch�teau contre ch�teau. Olry n'y �tait pour rien, certes, car il convoitait plut�t les dignit�s eccl�siastiques et s'occupait assez peu de Deneuvre. Mais c'�tait le r�ve de Thi�baut. On le vit, d�s lors, acheter maisons et jardins au quartier du Vieux March�, et commencer une maison princi�re, en face de la demeure de son fr�re. La maladie l'arr�ta et il ne reste rien de ses constructions. Par son testament, dat� de 1459, il laisse tous ses achats � Ferry, et il meurt, en 1465, sans avoir �t� mari�.
Les deux fr�res survivants firent, en 1471, leur reprise obligatoire vis-�-vis de leurs suzerains : l'�v�que de Metz et le duc de Lorraine (3); et remplirent loyalement les obligations f�odales qui leur incombaient.

Ferry II et Charles le T�m�raire

Une crise redoutable mettait en p�ril l'ind�pendance de la Lorraine, que convoitaient � la fois la France et la Bourgogne. On sait les d�vastations qui pr�c�d�rent la bataille lib�ratrice de Nancy. Notre Bl�montois fut plus � l'abri des chevauch�es bourguignonnes, qui causaient tant de ruines, et on le regrette presque. C'est qu'en effet, nos comtes, si peu empress�s � seconder Ren� II, ne semblaient pas comprendre la belle cause que d�fendait l'infatigable duc. L'id�e nationale, dira-t-on, n'�tait pas encore sortie du chaos f�odal et des d�fections pareilles �taient commises par nombre de seigneurs aussi en vue : nous l'admettons. La femme de Ferry de Bl�mont �tait fille d'un ami de Jean sans Peur; sa belle-soeur, �tait mari�e � Rodolphe de Hochberg, l'un des principaux capitaines de Charles le T�m�raire : il �tait difficile d'�chapper � de telles influences, De plus, Georges de Bade, le nouvel �v�que de Metz, favorisait le T�m�raire. D'autre part, Olry II de Bl�mont, chanoine, protonotaire apostolique, �tait tout d�vou� � Louis XI, hostile � Ren� II. Toutes ces raisons expliquent la r�serve de Ferry, mais suffisent-elles � justifier son inertie ?
En ao�t 1475, la frayeur caus�e par l'invasion bourguignonne fut telle que plusieurs villes de Lorraine : Lun�ville, Deneuvre. Dieuze, all�rent spontan�ment faire leur soumission au T�m�raire, arr�t� devant


Monnaie de Ren� II, duc de Lorraine

Nancy. Le bailliage d'Allemagne opposa bravement sa r�sistance et fut �cras� de garnisons ennemies. Sarrebourg fut pris d'assaut. Bl�mont re�ut au contraire un sauf-conduit et ne fut pas inqui�t�. Quand Nancy fut assi�g� pour la seconde fois (24 octobre-30 novembre), Charles le T�m�raire manda (29 octobre) qu'il prenait �� sous sa sauvegarde les possessions de Bl�mont, Deneuvre et Mandres, � la demande de Ferry et d'Olry �.
En mars 1476, Ren� II partit pour la Suisse, afin d'y chercher du secours. Avec quatre cents lances fran�aises, il eut l'audace de traverser un pays occup� tout entier par l'ennemi.
Contournant Lun�ville et Deneuvre, il vint coucher � Og�viller, dans la nuit du 1er et 2 mai. Il traversa Bl�mont et y re�ut des vivres; il parvint ensuite � Sarrebourg, o� la r�ception fut enthousiaste. L�, ses compagnons furent port�s de 400 � 800. La chronique lorraine raconte que �� les seigneurs allemands faisaient absorber au duc et � ses gens jusqu'� cinq repas par jour : d�jeuner, d�ner, marande, souper et recinon ou schlaff-trunck, o� disparaissaient, � l'envi, chapons, victuailles, pfafferlins (p�t�s de moines), largement arros�s de vins blancs d'Alsace ou de vins gris de Lorraine. Les Fran�ais en �taient tout �baubis et se demandaient si c'�tait l'ordinaire des allemands de manger tant et si souvent �.
A son retour, Ren� II traversa Saint-Di�, Bruy�res et essaya de d�gager Nancy. Il reprit Lun�ville et rallia � sa cause quelques seigneurs qui n'�taient pas pour lui. Mais ses ressources furent bient�t �puis�es et il lui fallut retourner en Suisse chercher de nouveaux renforts. Il en revint avec des Alsaciens qu'il rassembla � B�le, traversa Strasbourg, s'arr�ta, le 20 ao�t, � Sarrebourg et remit aux bourgeois une charte o� il loue leur fid�lit� et o� il les exempte de tailles pour l'avenir. Arriv� devant Nancy, il refoula les Bourguignons. Mais ce succ�s ne fut que passager. Charles le T�m�raire vint surprendre le noble champion de la cause lorraine avec des troupes fra�ches, qu'il amenait de Pont � Mousson, et le fit reculer.
On �tait en. octobre. L'arm�e ducale �tait d�courag�e; ses mercenaires non pay�s ne voulaient plus se battre. Pour la troisi�me fois, l'intr�pide Ren� reprit le chemin de la Suisse, en promettant de revenir dans deux mois. N'�tait-ce pas tenter l'impossible ? La t�nacit� du duc et le souvenir de sa vaillance � Merat firent, de l'autre c�t� du Jura, une si heureuse impression que plusieurs centaines de volontaires vinrent se ranger sous ses ordres. A No�l, la petite troupe sortit de B�le, et parvint � Saint-Di�, puis � Raon, � la fin de d�cembre. En m�me temps, des recrues d'Alsace arrivaient par Saverne et Sarrebourg. La jonction devait se faire � Hadonviller (Croismare). On sait que Ren� conduisait la premi�re de ces colonnes, car, de Bergarten (4), il exp�dia, le jeudi 2 janvier 1477, une lettre � Guillaume de Ribeaupierre, pour lui donner rendez-vous � Hadonviller. Le 3, il passait � Og�viller, o� les vivres firent d�faut, parce que ce village venait d'�tre ravag� par les Bourguignons; le lendemain, il �tait � Hadonviller. On sait le reste. La bataille, engag�e devant Nancy, le 5, se termina, le 6, par la d�route des Bourguignons et la mort de Charles le T�m�raire.
On peut croire que le comte de Bl�mont se d�partit alors de sa neutralit� et envoya quelques hommes de renfort au vaillant duc de Lorraine, car, un mois apr�s la campagne, celui-ci, accordant des r�compenses aux seigneurs qui l'avaient secouru, n'oublia pas de conc�der Fougerolles � la famille de Bl�mont, en sp�cifiant que cette gr�ce lui �tait faite en retour de ses bons services. On sait, en outre, qu'Olry III, quatri�me fils de Ferry de Bl�mont, d�j� damoiseau de Ren� en 1470, passa le reste de sa vie � la Cour de Lorraine, rev�tu de l'insigne dignit� de s�n�chal, puis de bailly de Nancy; jusqu'� sa mort, en 1489.

Famille de Ferry II

Le comte de Bl�mont eut une nombreuse famille, o� figur�rent huit enfants l�gitimes et deux b�tards. Ceux-ci, nomm�s, Fran�ois et Gaspard, re�urent quelque part de l'h�ritage, mais moururent sans laisser de traces. Les quatre filles sont connues seulement par le testament de leur a�eule, Marguerite de Lorraine, o� se trouvent leurs noms : Marguerite, Alice, Agenon et Isabelle. Elles moururent, jeunes et sans �tre mari�es. Les quatre fils moururent aussi, sans laisser de post�rit�; c'�taient : Claude, Louis, Guillaume et Olry III. Ce dernier, nous l'avons dit, eut quelque c�l�brit� comme s�n�chal et finit � la Cour de Lorraine, vers 1489. Guillaume disparut, vers 1496, sans qu'on en sache rien d'autre.
Pouvait-on croire qu'une maisonn�e si bien fournie f�t si proche de son extinction ? La cause d'une telle d�ch�ance reste myst�rieuse. En l'absence de toute indication positive, nous nous abstiendrons d'�mettre la moindre supposition. Nous dirons pourtant que cette agonie d'une race dut attrister singuli�rement le ch�teau de Bl�mont, alors que retentissait de tous c�t�s, le bruit des f�tes somptueuses, mises � la mode par le luxe du T�m�raire.
On ne. sait quand ni comment mourut la comtesse Marie de Vienne. Le comte Ferry II, val�tudinaire et morose, prolongea son existence jusqu'en 1493, et mourut sans avoir rien accompli de remarquable.

3� Claude et Louis de Bl�mont

CLAUDE, devenu comte apr�s la mort de son p�re, ne fit que passer (1493-1496). On n'a de lui que son testament, reproduit par M. de Martimprey. Il fut r�dig� en 1496, alors que le malade pressentait sa fin. La mort vint, en effet, peu de temps apr�s. Suivant son d�sir, le comte fut inhum� � Bl�mont, dans la chapelle Saint-Georges de la Coll�giale. Il s'�tait mari�, mais on ignore le nom et l'origine de sa femme. Il eut un fils, nomm� aussi Claude, qui mourut en 1499, trop jeune pour porter le titre de comte.
LOUIS, fr�re du pr�c�dent, gouverna le comt� de 1496 � 1503, avec le concours de son oncle, Olry II,' devenu �v�que de Toul. Maladif comme son fr�re, il s'en tint aux actes de reprises obligatoires et de conservation pure et simple, en laissant �, son oncle le soin de toutes les affaires. Il mourut en d�cembre 1503 ou janvier 1504; Il avait �pous� Bonne, fille de Claude de Neufch�tel et de Bonne de Boulay, qui ne lui donna pas d'enfant. Sa veuve se remaria avec Guillaume de Furstemberg.

4� Olry II, �v�que de Toul, dernier comte de Bl�mont :

Dignit�s eccl�siastiques d'Olry
Dernier survivant de la famille de Bl�mont, Olry fut peu m�l� � la vie de notre r�gion; mais, quelques d�tails s'imposent ici sur l'ensemble de sa brillante carri�re. Vou� de bonne heure � la cl�ricature, il alla conqu�rir � Paris ses grades universitaires, vers 1444. Il re�ut, coup sur coup, plusieurs b�n�fices eccl�siastiques, fut chanoine de Verdun, en 1456, obtint deux voix pour cet �v�ch�, lors de l'�lection de Guillaume de Haraucourt re�ut les ordres sacr�s, devint protonotaire du Saint-Si�ge et chanoine de Metz, en 1457, chanoine de Strasbourg, puis de Cologne. On a de sa m�re, Marguerite de Lorraine, une lettre, qui recommande sa candidature � une stalle du chapitre de Saint-Di�, et qui promet �� � ses chiers et grands amis (les chanoines de Saint-Di�), en retour du premier camail vacant, de soutenir leur �glise et leur personne �. L'�v�que de Metz, Conrad de Boppart, �tant mort en 1460, le jeune chanoine se met sur les rangs pour briguer sa succession. Il obtient treize voix contre seize abstentions, que motive un vice de forme �tranger � ses m�rites, Il esp�re que l'�lection sera valid�e par le pape Pie II, mais elle est rejet�e comme �� clandestine, nulle, t�m�raire �, et il y a menace d'excommunication, si ses partisans s'y obstinent. Au scrutin suivant, Olry est supplant� par Georges de Bade et il accuse encore sa d�convenue, cinq ans plus tard, en ajoutant � sa signature la mention : �� Evesque eslu de Metz � (5).
Pourtant sa r�putation grandit � la suite de cet incident. Le roi Louis XI discerne notre chanoine et lui r�serve des faveurs signal�es. Le 20 septembre 1470, il lui �crit pour le remercier des plaisirs qu'il a procur�s � ses gens et le prier de venir pr�s de lui, afin de r�gler certaines affaires pendantes, Olry va rejoindre le monarque � Tours, en re�oit un accueil gracieux, puis est avis�, le 28 novembre �� que le puissant roy de France le nomme membre de son grand conseil avec tous les droits et honneurs attach�s � cette charge; qu'en outre, par une faveur plus insigne et en reconnaissance des services rendus � la Royaut� par lui et ses anc�tres, il lui permet d'ajouter � ses armes un petit �cusson d'azur, charg� d'un lys d'or; qu'enfin il lui accorde une pension de cent livres tournois� (6).
En accordant ces honneurs, le diplomate rus�, qui gouvernait la France, cherchait � se faire des amis pour le jour attendu o� il devait annexer � son royaume la cit� touloise. Mais le duc de Lorraine caressait aussi le m�me projet. Entre les deux, Olry n'h�sita gu�re. Aussi le verrons-nous fausser constamment compagnie � Ren� II, dans sa lutte contre le T�m�raire. Pourtant le duc victorieux fut sans rancune, et continua au chanoine sa bienveillance accoutum�e.
En 1484, la nouvelle se l'�pandit soudain que Georges de Bade mourait � Moyen. D�j�, bien �g�, Olry fut repris du d�sir de ceindre la m�tre et remit en mouvement tous les amis. qu'il avait gard�s � Metz. Il ne comptait pas sur l'opposition qu'allait pr�senter le duc Ren�, en proposant la candidature de Henri de Lorraine, fils du comte de Vaud�mont, son cousin-germain. �� Il y eut � ce sujet quelque difficult�, �crit Meurisse. La' plupart des chanoynes et bourgeois d�siraient, avec une tr�s grande passion, qu'un chanoyne, nomm� Oulry de Bl�mont, rempl�t cette place; mais le duc de Lorrayne, ayant mis ses troupes sur pied avec le s�n�chal de Bar, ils les fl�chirent � porter leur voix sur Henri de Vaud�mont, de quoy la ville t�moigna un grand d�plaisir. �
Comme consolation, Olry re�ut les revenus de l'abbaye de Saint-Mansuy de Toul. Cette mani�re de traiter les affaires eccl�siastiques et le cumul des b�n�fices �taient, on le voit, une grande plaie � cette �poque.
Pourtant Ren� sentait qu'� tout prix, il fallait d�tacher O1ry du roi de France et l'attirer � sa cause. Une occasion favorable se pr�senta. Le si�ge de Toul devint vacant, en mars 1498, par la mort de Jean Marad�s. Ren� fit pression sur les chanoines pour qu'ils �lisent son prot�g�. Le vieillard fut ravi de rev�tir enfin la dignit� �piscopale. Il obtint ses bulles non sans difficult�s, et entreprit d'administrer son immense dioc�se. C'�tait un lourd fardeau pour un septuag�naire, ob�se, impotent, presque toujours confin� dans son ch�teau de Mandres. Mais ce pr�lat, d'une ambition quelque peu na�ve, sut s'entourer d'auxiliaires habiles, et de grandes choses s'accomplirent par ses soins. La discipline religieuse fut restaur�e. Le portail de la Cath�drale de Toul, achev� apr�s trois si�cles, se vit enfin d�barrass� de ses �chafaudages. Hugues des Hazards, choisi comme coadjuteur, put pr�parer, pour la suite, les bases d'un �piscopat f�cond.
On a dit - mais le propos est contestable - que, par reconnaissance, l'�v�que Olry avait fourni 500 hommes et 4.000 florins au duc Ren� II, pour l'aider � faire le si�ge de Metz. Il est vrai, tout au moins, qu'il le fit son h�ritier pour la totalit� de ses biens, sauf � en garder l'usufruit, sa vie durant. Il r�digea dans ce sens un premier testament, le 3 octobre 1499, avec, l'assentiment de Louis, son petit-neveu. Quand celui-ci mourut, en 1503, l'�v�que devint comte de Bl�mont, le dernier de cette longue et illustre lign�e. Il compl�ta son premier testament, le 14 mars 1504, puis, le reprenant une troisi�me fois, le 23 septembre 1505, il lui donna la forme d�finitive que nous a conserv�e D. Calmet (7). Il �tait temps. Le vieil �v�que, �g� de 80 ans, s'�teignit doucement dans son ch�teau de Mandres, le 3 mai 1506, n'ayant plus conscience de ce qui se passait autour de lui. Dans son testament, il demandait d'�tre inhum� devant le grand autel de l'�glise de Deneuvre, laissait au duc de Lorraine tous les biens de sa famille. faisait diverses fondations pour les �glises et les pauvres, r�servait mille �cus d'or � ceux qui �� de droit, us et coutumes� auraient d� �tre ses h�ritiers, et d�signait, pour ex�cuteurs de ses volont�s, Hugues des Hazards, Didier de Bistroff, son. vicaire, Gaspard d'Haussonville, bailli de son �v�ch� et Nicolas Thierry, son secr�taire.
On remplit tous ses d�sirs et, en particulier, on transporta ses restes � Deneuvre avec de grands honneurs. Son mausol�e se voyait encore dans l'�glise, � la fin du XVIIIe si�cle. Une statue qui le repr�sentait en faisait l'ornement. Elle �tait, dit D. Calmet, d'une grosseur non commune. La R�volution dispersa ces pierres, qu'on retrouva plus tard, servant de bornes dans la campagne.
Avec Olry, comte et pr�lat, disparaissait � tout jamais l'illustre et puissante Maison des sires et comtes de Bl�mont.


Clich� Bernhardt
Armoiries de
Baccarat - Deneuvre




QUATRIEME PARTIE
Les autres Seigneuries voisines



I
Le Pays des Baronnies

1� El�ments des Baronnies :

La Seigneurie de Ch�tillon

Ce que nous appelons Pays des Baronnies est vraiment en marge du Bl�montois, mais nous lui donnons une place dans notre cadre, � cause de ses nombreux rapports avec notre r�gion. Son nom de baronnie lui vint de ses fondateurs, les sires d'Haussonville, cr��s barons au XVe si�cle. Comme nous connaissons d�j� les �l�ments dont ils form�rent leur seigneurie, nous indiquerons seulement les phases de leurs achats successifs.
Leur premi�re acquisition porta sur Ch�tillon. On se rappelle que Henri Ier de Bl�mont en fut le fondateur, en 1314,et que ses possesseurs, apr�s lui, furent Ad�la�de de Bl�mont, femme du comte d'Ernstein (partage de 1334), Jean III, puis Jean IV de Salm (achats de 1352 et 1363), enfin Jean III de Vergy (8) (achat de 1384). Cette derni�re transaction �tonne quelque peu; Comment un descendant de Salm songeait-il � se d�faire d'une r�gion si unie � l'h�ritage de ses a�eux ? Quel motif, d'autre part, attirait dans ces solitudes sauvages. un alli� des ducs de Bourgogne, un grand seigneur qui s'intitulait sire de Vergy, Champlitte, Port-sur-Sa�ne, etc ?Ce nouveau possesseur �tait d'ailleurs un adversaire de la famille de Bl�mont qui avait particip� aux si�ges de Vellexon et d'Oricourt rapport�s plus haut et dont le fils devait, peu apr�s, prendre les armes contre elle, � propos de la succession de F�n�trange.
Si Jean III ne vint jamais � Ch�tillon, Antoine, son second fils, ne cessa d'y r�sider depuis 1390 jusqu'en 1408 environ. C'est alors que celui-ci fit acte d'hostilit� contre Henri IV de Bl�mont, en entrant dans la conjuration de 1391, ourdie par tous les partisans des sires de F�n�trange. Un premier accord, conclu � Lagarde (1392), apaisa une partie du conflit; les sujets de Ch�tillon, qui �taient pass�s au comte de Bl�mont et r�ciproquement, furent rendus � leur seigneur respectif et l'�tang de Cresson fut laiss� au comte de Bl�mont (9). Un autre trait� (1408) affermit l'entente, en stipulant que Cirey et Bonmoutier seraient d�sormais communs aux deux seigneurs (10). D�s lors, l'amiti� des deux voisins ne fut plus troubl�e.
Nous devons ajouter qu'au sortir de ses montagnes, Antoine de Vergy eut � courir dans le monde des aventures assez glorieuses. On le vit, sous le nom de sire de Ch�tillon en V�ge, Champlitte, Dommartin, Rigny et Frolois, servir de chambellan � Charles VI de Champagne, puis devenir capitaine aux ordres de Bourgogne. Il �tait � Montereau, le 10 septembre 1419. Il fut nomm� mar�chal de France par le roi d' Angleterre (1421), �tabli gardien des duch�s de Bourgogne et de Charolais (1423), gouverneur des comt�s de Champagne et de Brie, de la ville de Langres (1427), chevalier de la Toison d'Or (1430). Avec son neveu, il vint au secours de Chappes, assi�g� par Ren� d'Anjou, prit part � la bataille de, Bulgn�ville contre le m�me Ren� d'Anjou. Il mourut de maladie, le 29 octobre 1439, et fut inhum� dans la coll�giale de Champlitte, fond�e par lui en 1437. Mari� � Jeanne de Rigny-sur-Sa�ne, il ne laissa pas de post�rit�.
C'est au cours de ses exp�ditions qu'il rencontra Jean d'Haussonville et lui vendit ses domaines de la V�ge. Les conditions de ce march� nous �chappent. Toutefois nous connaissons deux arrangements avec Thi�baut de Bl�mont qui nous en donnent quelque id�e. Nous avons rapport�, plus haut, celui de 1430, qui r�gla le sort de Halloville et de Harbouey (11). Celui de 1427 sera relatif � Hattigny.

La. Seigneurie de Hattigny

Hattigny eut sa petite seigneurie, d�s le XIIIe si�cle. En 1263, apparaissent Wiric et son fils Mathieu, qui sont probablement les fondateurs (12) du modeste fief. En 1314, Mathe1et, chevalier, est arbitre dans le partage des bois de Turquestein. Il a une fille, Alix. ou Aulix, qui �pousera Fourque de Montbey, dit de Montengney (Montigny). Ainsi Hattigny passera-t-il � Montigny, du moins en partie. L'h�ritier de ces derniers sera Jehan, dit Bezanche, p�re de Perrin Bezanche et de Li�tard. Perrin sera citain de Metz et se retrouvera, comme vou� de Cl�mery, Loisy, Atton (13) et comme seigneur de Hattigny, faisant ses reprises vis-�-vis de Thi�baut II de Bl�mont (1422). Les possessions qu'il �num�re dans cet acte sont assez �tendues : la forte Maison de Hattigny et ses appartenances mouvant de Turquestein, la forte Maison de Montigny, la ville de Saint-Maurice, mouvant de Bl�mont, et la vouerie de Bonmoutier (14).Mais il mourra vers 1460, sans h�ritier, et laissera son avoir de Montigny et Saint-Maurice � Bertrand de Liocourt.
L'autre partie de Hattigny, qui n'entrait pas dans l'apanage de Perrin, �tait tomb�e aux mains d'Antoine de Vergy et fut comprise dans la vente de 1427, mais elle �tait mal d�limit�e. Dans un accord amiable, Thi�baut de Bl�mont et Jean d'Haussonville fix�rent ces limites, l'ann�e m�me. Ainsi Hattigny, dans la majeure partie de son territoire, fut annex� aux Baronnies.

La Seigneurie.de Turquestein

Nous ne reviendrons pas sur un pass� connu. Jusque vers 1344, les �v�ques de Metz ne songent pas � ali�ner cette forteresse de leur Temporel. Mais, sous la pression de Jean de Boh�me, un accord conclu entre le duc Raoul et l'�v�que Adh�mar provoque, entre autres combinaisons, l'�change de Turquestein contre Moyen et Rambervillers. Le duc devient ainsi, sauf r�achat, ma�tre de Turquestein. Dans le trait� sont �num�r�s tous les lieux qui composent la seigneurie :le ch�teau et ses d�pendances, Lorquin, Landange, Aspach, Saint-Quirin, Heille, Vasperviller, Xouaxange, Hermelange, Vilre (Courtegain), Giversin (Guerfin), Rammerspach, une partie de Petitmont, Bonmoutier, Cirey, Vala (Val), Hattigny, Niederhoff, Varcoville (La Neuve-Grange), Mesnil-les-Halloville et l'avocatie du prieur� de Saint-Quir�n (15).
Bient�t apr�s (9 ao�t 1346), le duc Raoul eut � r�compenser Thi�baut de Bl�mont. Il lui parut opportun de lui r�troc�der Turquestein, � charge de foi et hommage vis-�-vis de lui et sous r�serve d'un r�achat, qui

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Clich� du ��.Pays Lorrain�
LES RUINES DE TURQUESTEIN EN 1884
(D'apr�s une s�pia de la Biblioth�que publique de Nancy)

serait port� � 2.000 livres de petits tournois. Pendant quatre-vingts ans environ, la seigneurie resta ainsi sous l'autorit� des comtes de Bl�mont, malgr� plusieurs essais de r�achat que les �v�ques ne purent ex�cuter. C'est pour l'administrer que les comtes y �tablirent leur �cuyer, Hartung, dit de Turquestein (16). Celui-ci, mari� � Isabelle de Brouville, eut deux fils : Hamis et Vary, tous deux �cuyers au ch�teau de Bl�mont et dits sires de Turquestein, Parux et Brouville. Vary, seul mari�; eut pour fils Geoffroy, qui recueillit les h�ritages de Parux et de Brouville.
La seigneurie de. Turquestein fut loin de prosp�rer, pendant la gestion de ces ma�tres d' emprunt. Elle fut m�me tellement d�labr�e, en 1432, lorsque l'�v�que Conrad de Boppart se proposa de la racheter, que le d�couragement s'empara du pr�lat et le poussa � d�laisser pour toujours un fief que son Eglise poss�dait depuis cinq si�cles. Alors Jean d'Haussonville se pr�senta.et offrit la somme n�cessaire : 6.200 florins du Rhin, pour d�sint�resser la famille de Bl�mont (17) et une autre somme pour l'�v�que. Le march� conclu en 1433, en la pr�sence de Jacques d'Haussonville et de Jacques de Savigny, fils et gendre de l'acheteur, permit � ce dernier d'unir Turquestein � Ch�tillon. Ajoutons, pour �tre complet, qu'� Turquestein avaient �t� unis des domaines consid�rables, situ�s autour de R�chicourt-le-Ch�teau, que Wecker. de Linange et Mahaut des Armoises, sa femme, avaient l�gu�s � l'�v�que de Metz, le 16 ao�t 1430 : Tout cet ensemble donnait �.la baronnie une grande importance.

2� Les barons d'Haussonville dans la V�ge

Nous n'avons pas � faire l'histoire de l'importante famille d'Haussonville (18), nous nous bornons � exposer son r�le dans la V�ge.
Jean II, notre h�ros, �tait le fils de Jean Ier et d'Alix de Chambley. Le p�re et le fils furent tr�s m�l�s aux affaires de Lorraine et obtinrent la dignit� de s�n�chal. Le premier fut longtemps attach� au parti bourguignon. Le second, devenu fort riche, fut tr�s li� au duc Charles III et l'accompagna dans son exp�dition en Allemagne. Il en revint avec le titre de baron. De nombreuses relations avec Conrad de Boppart, �v�que de Metz, permirent � ce seigneur d'entrer dans l'intimit� du pr�lat et lui facilit�rent ses achats avantageux dans la V�ge.
Le but de ces acquisitions lointaines, qu'il n'�tait pas question d'habiter, se devine � peine : fantaisie de grand chasseur ou d�sir d'un gain


LUN�VILLE : D'or � la bande d'azur; charg� de trois croissants montant d'argent..
PARROY : De gueules � la bordure engr�l�e d'azur, charg� de trois lions d'or.
CHAMBLEY : De sable � la croix d'argent, cantonn� de quatre fleurs de lys d'or.
HAUSSONVILLE : D'or � la croix de gueules frett�e d'argent.
Du CHATELET : D'azur � la bande de gueules charg�e de trois lys d'argent.

pouvant �tre r�alis� par la vente du bois, peu importe. Les march�s furent effectu�s entre 1384 et 1435.
Jean II r�sidait habituellement au ch�teau d'Haussonville, tout pr�s de la coll�giale qu'il avait fond�e. On ne le vit dans le pays des baronnies que pour l'organiser et en tirer les revenus. On sait qu'il fut � Bulgn�ville, dans le camp de Ren� d'Anjou, bien qu'il ait manifest� auparavant de la r�pugnance � pr�ter serment d'ob�issance � un prince qu'il regardait comme un �tranger. Sa conduite lui fit peu d'honneur en cette journ�e, puisqu'il prit la fuite au premier choc, de m�me que le trop fameux Damoiseau de Commercy. Mais cette faute fut noblement r�par�e dans la suite, quand, entr� dans le Conseil de R�gence, il s'employa de son mieux � faire cesser la captivit� du duc. Il dut mourir en 1445 (19).
Mari� deux fois, il eut de Catherine de Ch�tel trois enfants, dont aucun n'int�resse notre histoire, et d'Ermenson d'Autel, dite aussi Irmengarde d'EIten, deux fils et deux filles dont les noms suivent : Ermenson, �pouse de Ferry de Savigny, bailli de Vosges; Yolande, mari�e 1� � Jean de Luxembourg; 2� � Jean de Toulon, sieur de Narcy; Gaspard; mari� � Marguerite d'Haraucourt, mort sans post�rit�; Balthazar, le continuateur de la famille, avec le titre de baron d'Haussonville, Turquestein et Tonnoy, m�l� plus intimement aux affaires de la V�ge
Ce dernier eut pour pr�cepteur Don Saretor, cur� de Lorquin, et il acheva ses �tudes � l'Universit� de Heidelberg. Sa femme, Jeanne d'Anglure, lui donna six enfants, qui tous firent grand honneur � leur famille. Georges fut prieur de Saint-Quirin, abb� de Moyenmoutier, de Saint-Cl�ment de Metz, puis vicaire g�n�ral de Metz, en 1528. Claude fut �v�que d� Sisteron et mourut en 1591. Jeanne mourut religieuse � Saint-Cl�ment de Metz, en 1521.Gaspad, l'a�n�, fut bailli de l'�v�ch� de Toul, au temps de l'�v�que Olry, puis bailli de Nancy sous le duc Antoine (1529), enfin gouverneur de Bl�mont. Il �pousa Eve, fille de Henri de Ligniville et de Marguerite Wyse de Gerb�viller, et eut d'elle trois filles : Anne, mari�e en 1539, � Georges de Nettancourt; Marguerite, mari�e 1� �, Claude de Beauveau (1541) et 2� � Jean du Ch�telet; Ren�e, mari�e 1� � Fran�ois de Boves, 2� � Philippe de Salles, 3� � Jean de Belin. Simon, mari� � Marguerite de Landres, ne quitta pas Haussonville et laissa, en mourant, un fils, Claude, chef d'une branche lat�rale de la famille. Jean III, s�n�chal de Lorraine et de Metz, fut plus sp�cialement charg� de la baronnie de V�ge, non encore partag�e. Mari� d'abord � Marguerite d'Haraucourt, morte en 1519, il convola en secondes noces (1535) avec Catherine de Heu, dame d'Essey, et mourut en 1545. Les enfants de ce dernier mariage furent : Balthazar, Claude, mari�e � Gaspard de Marcossey, et Jeanne, mari�e � Jean de Savigny. Les partages successifs et compliqu�s de cet apanage produisirent les trois baronnies dont l'histoire a rempli le XVIe si�cle.

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Clich� du ��Pays Lorrain�
La tour du ch�teau de Pierre-Perc�e en 1829
(D'apr�s une s�pia de la Biblioth�que publique de Nancy.)

Il
Seigneuries de Pierre-Perc�e et de l'Ober-Salm

Bien que diff�rentes et �loign�es l'une de l'autre, ces deux seigneuries, rest�es en la possession des h�ritiers de Salm, eurent � peu pr�s le m�me sort entre les mains de cadets de famille ou de ch�telains g�rant leurs int�r�ts.
Leur destin�e; par l� m�me, fut modeste et n'est pas comparable � celle des possessions revenant aux ain�s dans les pays de Castres, de Morhange et de F�n�trange. Cependant nos annales bl�montoises nous ont montr� quelques comtes qui, sans, r�sider habituellement ont fait plus qu'appara�tre dans les deux ch�teaux. L'un d'eux fut Jean IV de Salm, mari� � Marguerite de Bl�mont. On le vit r�unir, sous ses ordres, Pierre-Perc�e, l'Ober-Salm et Ch�tillon : Il acquit ensuite, en 1363, pr�s de Rodolphe de Habsbourg; les villages de Fr�monville, Imling, Hattigny, Harbouey. Peut-�tre voulait-il se faire un petit Etat dans ces parages; quand il fut tu� � Ligny (1368). Sa veuve, la Dame de Puttelange, garda Ch�tillon, dans son douaire. Son fils, Jean V, adversaire obstin� de Henri IV de Bl�mont dans l'affaire de la succession de F�n�trange, laissa Ch�tillon � Jean de Vergy (1384) et garda Pierre-Perc�e et l'Ober-Salm. Mais, en 1410, il engagea le quart de ces deux ch�teaux � Philippe de Norroy et il aurait pu les perdre totalement, si un. mariage opportun ne les avait fait rentrer dans l'h�ritage de Salm (20). C'est ce Jean V, personnage le plus r�put� de la Cour de Charles II, qui fut mari� trois fois : en 1403, avec Guillemette de Vergy, morte, en 1412, sans post�rit�; en 1413, avec Hidelmande de Frize, morte en laissant deux enfants : Simon, tige des Rhingraffs, et Marguerite; en 1426, avec Jeanne de Joinville, veuve de Henri d'Og�viller, qui laissa Jean VI de Salm, tige de la branche cadette de Salm, et Henry, qui h�rita de la seigneurie de Domremy, avec sa soeur ut�rine, B�atrix : d'Og�viller.
Pierre-Perc�e, l'Ober-Salm et une partie de Badonviller pass�rent ainsi dans l'apanage des Rhingraffs ou comtes sauvages du Rhin et y rest�rent jusqu'au XVIIe si�cle. Avec le temps, ce petit Etat s'�tait accru de parcelles diverses acquises sur les bans de Pexonne, Fenneviller, Sainte-P�le, Couvay, Pettonville et Og�viller. Le ch�teau d'Og�viller �tait lui-m�me en majeure partie une possession de cette famille allemande.

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Retable d'autel (XVIe si�cle) provenant d'une �glise de Badonviller donn� par la ville de Nancy au Mus�e Lorrain

III
Seigneurie de Parux

1� Les premiers Ma�tres

Les francs-alleux n'�taient pas rares, au XIIe si�cle, dans la r�gion bl�montaise. L'un d'eux occupait les pentes d�bois�es de nos contreforts vosgiens, � distance presque �gale entre Pierre-Perc�e et.. Bl�mont. Il dut �tre attribu� � Hermann III de Salm, fils a�n� d'Hermann et d'Agn�s de Langstein, dont on sait le mariage avec Mathilde de Parroy. A ce mariage, qui fut de courte dur�e, remonte, semble-t-il, la formation premi�re de la seigneurie de Parux. Son nom a gard� le souvenir de celle qui s'en est occup�e plus longtemps. Car Parux et Parroy sont deux noms identiques, comme le prouvent les anciennes formes de ce mot : Parru, Parroye, �galement usit�es pour ces deux lieux (21).
La cr�ation nouvelle v�g�ta longuement dans une obscurit� profonde. Cependant on devine qu'elle est poss�d�e par la famille de Parroy. En 1258, Andr� de Bl�mont, chevalier, abandonne � Haute-Seille sa part de d�mes �� sur le ban de ses villes de Parru � (in banno nostrarum villarum de Parru). Il �tait mari� � Mahaut et eut une fille, Dracelent, et trois fils, G�rard, Thierry et Vary. Une �tude attentive des textes nous apprend que cet Andr� appartient en r�alit� � la famille de Parroy et qu'il est m�me la tige d'une branche cadette de cette dynastie. Il n'est plus en 1263, mais il a organis� Parux comme Parroy, en y formant deux sections, dites Haute et Basse, dans les deux endroits. G�rard, son premier fils, qui vit � Saint-Sauveur, appara�t en 1254 et en 1264 et passe pour un membre de la famille de Parroy (22).
Apr�s un demi-si�cle de silence, la dynastie de Parux revient sur la sc�ne. Un autre Andr� (Andruynus dictus de Parru) est fort m�l� aux affaires du Bl�montois avec Li�tard de Brouville. Tous deux apposent leur signature � des actes de 1306 et de 1314 (23). C'est le m�me qui, sous le nom d'Andr� de Parroy, avec sa femme Margarheta, vend, en 1311, aux religieuses de Vergaville, des terres appartenant � la dite Margarheta et situ�es sur les bans de Vergaville, Gundersdorff et Zuzelange.
Rapproch� d'une autre vente faite, en 1312, par les h�ritiers de Jacques d'Herb�viller, ce document nous apprend qu'Andr� de Parux ou de Parroy et Jacques d'Herb�viller avaient �pous� deux soeurs, originaires.de Vergaville. On voit aussi Andr� de Parroy fr�quenter le ch�teau de Brouville; nul doute qu'il n'ait s�journ� longtemps dans ses domaines de Parux. Cependant il fut inhum� � Beaupr�, o� les comtes de Lun�ville avaient leur s�pulture. Son �pitaphe rappelle qu'il descend, en ligne droite, des comtes de Metz-Lun�ville-Dachsbourg (1343) (24).

2� Nouveaux Ma�tres de la Seigneurie au XVe si�cle

A partir de 1400, notre seigneurie (Haute et Basse-Parux) se voit aux mains des seigneurs de Brouville. Nous ignorons tout de l'arrangement, contrat ou mariage, qui op�ra le changement de ma�tres, et nous ajoutons que ce. ne fut pas pour longtemps. Car l'h�ritage de Brouville, r�uni sur la t�te d'Isabelle, h�riti�re unique d'une famille qui avait compt� tant de rejetons, fut apport�, en dot, � Hartung de Turquestein, mari de cette derni�re. Nous connaissons cet �cuyer, plac� par le comte de Bl�mont � la t�te de la seigneurie messine qui lui �tait c�d�e en gage. Son mariage avec Isabelle de Brouville avait eu lieu vers 1389. Quelle fut la r�sidence pr�f�r�e d� ce couple ? Rien ne l'indique. On connait n�anmoins ses deux fils, Vary et Hanus, �cuyers � la Cour de Bl�mont, portant tous deux le titre de sire de Turquestein, Parux et Brouville.
Vary seul se maria et laissa un fils, Geoffroy, que D. Calmet nous pr�sente comme un seigneur puissant, mais que H. Lepage, mieux inform�, d�nonce comme turbulent, batailleur et cribl� de dettes. Quand il mourut, en 1490, ses cr�anciers d�tenaient la majeure partie de sa fortune, en particulier une maison, qu'il avait � Bl�mont ; Marguerite de Lorraine, veuve de Thi�baut II, avait, par engagement, depuis 1460, plusieurs de ses terres situ�es � Parux et � Harbouey; le r�achat ne fut jamais fait et les terres, laiss�es pour compte, devinrent la propri�t� d'Olry II (1469) ou de Haute-Seille (25).
Mari� � Isabelle de Sampigny, Geoffroy n'eut qu'une fille, Isabelle, qui �pousa Vary de L�tzelbourg (et non Luxembourg, comme l'�crit Lepage). Parux et Brouville furent ainsi, apr�s 1490, fondus dans le riche apanage de Vary, comprenant L�tzelbourg, Fl�ville et quantit� d'autres lieux.
Arri�re petit-fils de Fr�d�ric de L�tzelbourg et fils d'Egenolfe ou d'Adolphe, sieur de Fl�ville, bailli de l'�v�ch� de Metz, qui avait �pous�, en 1494., N. de Haranges, Vary se rendit c�l�bre � la Cour de Ren� II et fut un bienfaiteur pour Parux et Brouville (26). Mais il n'eut pas d'enfant d'Isabelle et, apr�s la mort de celle-ci, ce qui faisait partie de sa dot eut un sort qu'il est difficile de suivre. Parux fut achet� par un comte de Salm, avant 1599, et fut incorpor� au comt� de Salm par Fran�ois de Vaud�mont.
Devenu veuf, Vary se remaria � B�atrix de Germiny et en eut un fils, Nicolas, qui �pousa, plus tard, Marguerite de Lucy, fille du sieur de Dombasle. De leur union naquirent quatre filles, et ainsi p�rit le nom de L�tzelbourg.
A la mort de Vary (1525), la famille de Ludres recueillit la plus grande partie de son avoir et la transmit � Henri II de Beauveau, en 1613, et � Henri III, en 1643.
Avec des ma�tres si souvent absents de leur domaine, la seigneurie de Parux ne pouvait que v�g�ter. On sait que la Haute-Parux, la plus �tendue, avait un �tang, un moulin et des terres s'�tendant vers Harbouey, qui ont conserv� le nom de cense de Fl�ville. L'�glise y �tait d�di�e � saint Hubert. Quelques maisons de b�cherons l'entouraient. La r�sidence seigneuriale n'avait qu'une apparence vulgaire, quoiqu'elle f�t plus vaste que les maisons voisines. Le ruisseau, qui coulait un peu plus bas, servait de limite entre les deux La Basse-Parux avait aussi son �tang, son moulin, ses pr�s et ses for�ts. Chaque portion eut sa justice, haute, moyenne, basse. Les usages f�odaux des premiers temps y subsistaient encore � la fin du XVe si�cle, Comme l'atteste la charte d'affranchissement, accord�e, en 1494, par Vary de L�tzelbourg (27). Les manants de ce lieu et ceux de Turquestein �taient les derniers, dans ces parages, � subir encore les rigueurs du servage antique et c'est avec quelque tristesse qu'il nous faut lire dans la charte cette courte r�flexion : �� La seigneurie n'a que cinq habitants et elle ne se peuple pas, � cause de la dure condition faite aux serfs. �

(A suivre)


(1) On nommait Entrecours les territoires situ�s entre les lieux relevant du temporel �v�chois et ceux qui appartenaient au comt� ou � une seigneurie voisine; ainsi : Reherrey, Brouville, Vaxainville, Hablainville, Bertrambois, Lafrimbole, etc... Le contremand, sorte de droit d'option laiss� aux �poux venant de seigneuries diverses, permettait � ceux-ci de choisir, dans un d�lai fix�, la seigneurie � laquelle ils voulaient appartenir. Pour cela, certaines c�r�monies ext�rieures �taient � remplir. (B. 580-93, 644--15.)
(2) Du Fourny, t. X, p. 211. - B. 577-68 et 80.
(3) La partie mouvante de Lorraine �tait : Azerailles, Saint-Cl�ment, Domjevin, Gogney, Verdenal; Chazelles, Igney, Halloville, la vouerie de Dom�vre, le moulin neuf, le bois de Voile et le Haut-Bois, pr�s d'Ibigny.
(4) Ch�teau de Beauregard, situ� au-dessus de Raon-l'Etape,
(5) E. MARTIN : Histoire du dioc�se de Toul et. de Nancy, t. I, p. 541.
(6) MEURISSE : Histoire des �v�ques de Metz, p, 594; - C'est en souvenir d'Olry que la ville de Deneuvre introduisit dans ses armes le petit �cu mentionn� plus haut.
(7) D. CALMET : Preuves de l'Histoire de Lorraine. - DE MARTIMPREY : Op. cit.
(8) Nous avons relat� plus haut la g�n�alogie de Jean III de Vergy, surnomm� le Grand, d'apr�s DUCHESNE : Histoire de la Maison de Vergy, et P. ANSELME : Histoire de la Bourgogne, VII, p. 35. Les armoiries de Vergy �taient : de gueules � trois quintefeuilles d'or, pos�es 2 et 1.
(9) B. 575-177.
(10) B. 576-18.
(11) M.S.A.L, 1886, p. 189. B. 576-48-49.
(12) CHATTON : Histoire de Saint-Sauveur, p. 61.
(13) H. LEPAGE : Communes : Atton, I, p. 53.
(14) B. 345-18-1 9.
(15) B.. 575-101.
(16) Cet �cuyer eut qualit� de noblesse, avec les armoiries suivantes : �cu de gueules, charg� d'une �toile � six rayons d'or, qui semblent indiquer qu'il �tait de Cirey.
(17) Marguerite, veuve de Thi�baut, pr�leva sur cette somme 4.500 florins qu'elle offrit � la duchesse pour payer la ran�on de Ren� d'Anjou.
(18) On peut consulter pour cette histoire : D. PELLETIER : Nobiliaire de Lorraine; P. HUGO :G�n�alogie d'Haussonville, cit�e par D. Calmet; LEPAGE : Communes de la Meurthe; Ch. PFISTER : Histoire de Nancy, H, p. 633; M.S.A.L., 1851, P. 306 ; 1868, p. 300; 1886, p. 145; B.S.A.L., 1925, p. 27 -1927, p. 85.
(19) Voir son �pitaphe mortuaire dans B.S.A.L, 1925, p.44.
(20) L'occupation de Pierre-Perc�e par le comte de Bl�mont dans cette circonstance fut courte, mais effective, puisqu'il y mit. un de ses hommes-liges et qu'il fit construire � Badonviller, pour un autre intendant, une maison forte qui a gard� le nom de Ch�teau de famine.
(21) Un ancien document, relatif � un champ d'Ancerviller, le situe sur le ruz de Parroye; c'est le ruisseau de Parux, tributaires du Vacon. (Communication de M. l'abb� G�rardin.)
(22) CHATTON : Histoire de Saint-Sauveur, p. 82.
(23) DUFOURNY : Inventaire; III, p. 13 et 37.
(24) D. PELLETIER : Nobiliaire de Lorraine. Les armoiries de Parux, � cette �poque, furent sans doute celles de Parroy, � savoir : �cu de gueules � trois lions d'or, :2 et 1, � la bordure engrel�e d'azur.
(25) DE MARTIMPREY : Notice sur Haute-Seille, p. 261. -.E. AMBROISE : B.S.A.L, 1914, p. 10, 18.
(26) Les armoiries de L�tzelhourg �taient ; d'argent au lion de gueules. couronn� d'or, le lion tourn� � droite.
(27) On trouve les curieuses dispositions de cette charte, transcrite par H. LEPAGE, dans les communes de la Meurthe, art. Parux, II, P. 270.
 

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