Notice sur les
Ch�telains de Bl�mont
par E. A.
Docteur en droit
Associ� correspondant de l'Acad�mie de Stanislas
E. Bastien, Libraire-�diteur
Lun�ville
Notice
La biblioth�que du Comice agricole de Lun�ville renferme un
manuscrit v�n�rable, qui, sans �tre d�pourvu de tout int�r�t au
point de vue agricole, serait cependant mieux � sa place dans
une collection d'ouvrages historiques.
Ce sont les comptes que les Ch�telains du Comt� de Bl�mont ont
dress�s et soumis � l'approbation de la Chambre des Comptes de
Lorraine, � l'appui de leur gestion au cours des ann�es
1604-1612-1634 et 1668.
La lecture en est parfois difficile; car les abr�viations et
signes conventionnels rendent notamment certains noms propres �
peu pr�s ind�chiffrables. Elle est fastidieuse aussi, il faut le
dire, � cause de la multiplicit� des d�tails de m�me nature dont
beaucoup sont d'un mince int�r�t. Ce manuscrit appartenait � M.
R. C..., propri�taire du domaine des Salli�res (pr�s de Bl�mont)
pour lequel il avait un int�r�t sp�cial, car on y trouve
relat�es les origines de cette propri�t� fort ancienne,
circonstance heureuse qui l'a soustrait � une destruction
certaine.
Si, apr�s s'�tre pr�alablement r�sign� � quelques d�ceptions,
l'on veut s'imposer la t�che de lire jusqu'au bout ces pages
jaunies, on ne tarde pas � voir la plupart de leurs lignes
arides et s�ches s'animer en quelque sorte � la lumi�re des
faits historiques, et se parer, malgr� l'�troitesse du cadre, de
tout le charme d'une peinture archa�que, na�ve et color�e. Les
d�tails, menus en apparence, mais nombreux et piquants,
environnent les faits g�n�raux, et bien connus auxquels ils se
rattachent, d'une atmosph�re de r�alit� vivante, et l'on y sent,
prise sur le vif, l'empreinte qu'ont laiss�e sur le sol et dans
la vie journali�re du peuple, les institutions et les tragiques
�v�nements de cette �poque.
Impression plut�t douloureuse. Les premiers comptes, ceux de
1604 et 1612, rendent t�moignage de la prosp�rit� des pays
lorrains, aux beaux jours de leur ind�pendance, quatre ans avant
la mort du plus grand de nos ducs, Charles III, et quatre ans
apr�s l'av�nement de Henry II digne h�ritier des traditions
politiques et administratives de son p�re. Mais le compte de
1634 nous d�peint en des d�tails navrants, la confusion et le
d�sarroi qui firent cort�ge � la premi�re invasion fran�aise
(septembre 1633). Les traces de l'attaque et de la prise du
Ch�teau de Bl�mont pr�lude de sa destruction totale deux ans
apr�s, y apparaissent � chaque page, trahissant et expliquant
l'embarras du comptable, pris entre ses sentiments de fid�lit�
au duc son ma�tre, et les exigences brutales des envahisseurs.
Quant au compte de 1668, il n'est autre chose que le relev�
g�n�ral des ruines mat�riel les et financi�res accumul�es sur le
pays par trente ans de ravages, et un lugubre recensement des
d�bris d'une population d�cim�e par la peste et la guerre.
Est-ce le hasard qui a r�uni sous le m�me parchemin ces quatre
documents, qu'aucun lien logique ne semble relier l'un �
l'autre, puisqu'ijs s'�chelonnent au contraire � intervalles
in�gaux, sur une p�riode de 64 ans ? Ou bien est-ce la pi�t� de
quelque lorrain patriote qui, de la poudre des archives, a voulu
extraire comme un faisceau de jalons authentiques, propres �
disputer � l'oubli les �tapes successives par lesquelles son
pays s'est achemin� vers la ruine ?
Quoi qu'il en soit, on ne pouvait gu�re, parmi des documents de
ce genre, faire un choix plus judicieux pour marquer les
principales phases de la d�cadence du duch� de Lorraine au 17e
si�cle, C'est cet int�r�t de contraste, qu'il soit voulu ou
fortuit, qui nous semble se d�gager de la lecture du manuscrit;
en m�me temps que cette saveur sp�ciale, ce parfum de terroir,
fait des na�vet�s du style et des incorrections de l'orthographe
dont se grisent volontiers les fervents du culte de la terre
lorraine.
1604-1612
Le Ch�teau de Blamont
Le duc de Lorraine avait acquis le Comt�
de Bl�mont en 1503. C'�tait un beau domaine en ce sens qu'il
renfermait fort peu de seigneuries particuli�res, et que dans
les 15 localit�s qui le composaient, le duc �tait, selon
l'expression du temps �� seigneur haut justicier, moyen et bas,
sans part ni portion d'autrui �.
Le Ch�telain de Bl�mont, conservateur et r�gisseur, mais non
commandant militaire de la forteresse, �tait responsable du
mobilier, de la vaisselle et des munitions de guerre renferm�es
dans le ch�teau. Il nous en donne de curieux et minutieux
inventaires. Il �tait en m�me temps gruyer, c' est-�-dire
agent-forestier du Comt�, ce qui nous permet de tirer de ses
comptes la liste compl�te de toutes les for�ts, de toutes les
fourri�res, de tous les �tangs, de toutes les scieries qui
appartenaient au duc ; d'y trouver la somme des produits qu'on
pouvait y recueillir en bois de chauffage ou de charpente, en
c�r�ales, pois et f�ves, sans omettre le poivre et le gingembre,
et enfin de reconstituer les grandes p�ches annuelles, qui
duraient plusieurs semaines, et pendant lesquelles avait lieu la
vente du poisson, principale source des revenus du domaine.
Bl�mont avait �t� pendant quelques ann�es (1552-1559) la
r�sidence de la duchesse douairi�re de Lorraine, Christine de
Danemark, veuve du duc Fran�ois, et m�re du duc r�gnant Charles
Ill. Christine de Danemark �tait une tr�s glande princesse et
une femme sup�rieure. Elle avait, comme r�gente du duch�,
pendant la minorit� de son fils, fait preuve d'une grande
�nergie et lutt� de son mieux contre les empi�tements de la
France. Mais elle avait contre elle d'�tre la ni�ce de
Charles-Quint, c'est-�-dire soup�onn�e de m�nager en Lorraine
l'influence allemande. Le roi de France, Henry II avait, par un
abus criant de sa force, retir� � Christine la r�gence du duch�,
et mis la main sur le jeune duc qu'il fit �lever � sa Cour.
C'est sous le coup de cette double humiliation, que la duchesse
�tait venue se retirer � Bl�mont. Le Ch�teau avait donc �t�
meubl� comme il convenait pour le s�jour d'une si grande
princesse. Elle le quitta, et y revint plusieurs fois, jusqu'�
sa mort qui survint en 1590, et nous allons voir que quatorze
ans apr�s, en 1604, Bl�mont �tait encore tout rempli de son
souvenir. Toutefois apr�s elle, le Ch�teau �prouv� d�j� lors de
l'attaque de l'arm�e protestante en 1587, �tait rest� la plupart
du temps inhabit�. Il servait de g�te momentan�, soit au duc,
soit � de grands personnages qui traversaient la Lorraine. En
1595, on l'avait am�nag� pour recevoir le prince Maximilien de
Bavi�re, lorsqu'il vint, en grand �quipage c�l�brer ses
fian�ailles avec la princesse Elisabeth. Mais en dehors de ces
circonstances, il semble que le Ch�teau ait �t� quelque peu
abandonn�. Il avait �t� d�muni de son artillerie, et l'on avait
serr� dans des coffres les tapisseries, les tentures et autres
objets de valeur qui avalent servi � la duchesse. Malgr� ces
pr�cautions, le temps et �� les artisons � faisaient leur oeuvre.
LE MOBILIER
Les deux inventaires de 1604 et de 1612,
identiques sur ce point, �noncent que �� � la chambre �tant au
bout de la salle en bas. � main droite en entrant au Ch�teau,
appel�e commun�ment chambre de la chapelle, est trouve ce qui
suit: en un coffre bahut, appel� garde-robe, couvert de cuir
noir, bien vieil et bien cass�, barr� n�anmoins de fer, cinq
douzaines et 3 linaux de lin, toile de Flandre.... les deux
meilleures douzaines furent envoy�es � Nancy pour les f�tes de
noces de Monseigneur le duc Maximilien de Bavi�re, comme appert
par le mandement de son altesse au compte de l'ann�e 95 �.
��.... Cinq autres couverts de taffetas violet changeant, ledit
taffetas est tout rompu et deschir� par le dessous, et
n�antmoins serait �t� racommod� pour la venue de Monseigneur le
duc de Baviere..... �
Au cours de cette tr�s longue �num�ration on trouve encore ��
onze gros lits de plume, couverts de Cutty de Flandre tous bons,
cinq desquels y a quelques petites pi�ces �, vingt paillasses,
vingt-cinq mantes de laine rouge, dont plusieurs �� fort vieilles
et toutes perc�es et mang�es des artisons, desquelles n'y a
moins l'on pouvait (se) servir �.
Quelques-uns des objets ayant meubl� plus sp�cialement les
appartements particuliers de la duchesse Christine (� laquelle �
raison de ses pr�tentions au tr�ne de Danemark, on donnait le
titre de Majest�) t�moignent d'une richesse vraiment princi�re:
�� Deux grands rideaux de drap rouge, desquels sa Majest� se
servait � mettre � l'entour de son lit... iceux �tant bons...
Cinq autres petits de m�me drap, cinq ciels de lit d'escarlatte
rouge � quatre pantes, le fond et docier aussi escarlatte,
doubl�s du devant et au pied de crespine d'or.... Trois rideaux
de mesme escarlatte servant au m�me lit, celui du devant et du
pied garnis de frangettes d'or... La couverte de lit est de m�me
escarlatte doubl� d'une toile incarnate..... Ladite couverte
n�antrnoins fut prise et d�rob�e lorsque M. le Cardinal de
Lorraine retourna la premi�re fois de Saverne, avec d'autres
meubles appartenant au Ch�telain.... Un autre ciel de lit plat
de damas cramoisi, doubl� d'une toilette incarnate... frangettes
de soie cramoisie, couverte de crespine d'or dedans et dehors,
et docier de m�me damas... garni de frangettes d'or et de
soie.... Un autre lit � l'imp�riale, de gros drap bleu, ayant
des franges de m�me laine, six pavillons de serge, trois tappis
de drap vert, quatre couvertes de velours noire, etc.
Viennent ensuite les tapisseries qui d�coraient les murs des
appartements: �� 38 pi�ces de tapisseries de diverses fassons de
cuir d'or d'Espagne, mais vieilles et rompues en plusieurs
lieus, deux desquelles sont coup�es m�mement en deux pi�ces. -
Deux grands tappis de Turquie, d une liti�re de velours noir,
doubl� de sattin cramoisi, avec une petite broderie de fillet
d'or par dessus, ledit velours et sattin n'�tant nullement us�.
�
Cette liti�re fort somptueuse ayant �t� r�clam�e par la
princesse Doroth�e de Lorraine, Duchesse de Brunswick, son
fr�re, le duc Charles III avait ordonn� qu'elle fut �� men�e et
conduite au lieu de Nancy, et illec d�livr�e � madame la
duchesse, parceque madite dame disait lui appartenir.�
Dans la salle correspondant � la premi�re, c'est-�-dire �� en bas
entrant au Ch�teau � main gauche � on avait rassembl� la
vaisselle; 45 grands plats d'�tain �� neufs et entiers marqu�s
aux armes de feue sa majest� �, 89 petits plats, 44 assiettes la
plupart �� toutes neuves �, 16 salli�res d'�tain, �� 16 pots de
chambre d'estaing marqu�s au fond des armes de feue sa majest� �
32 chandeliers de cuivre ou d'�tain etc. sans parler de 34 plats
de fer blanc �� tout rompus et enrouill�s �.
Les meubles de bois �taient rest�s diss�min�s dans toutes les
chambres. �� Ils ne sont icy sp�cifi� les lieux o� ils sont,
d'autant que le Ch�telain ni autre n'ont su dire les noms de la
chambre� 34 escabeaux, 13 dressoirs de cuisine, 85 bancs tant
grands que petits, 15 cr�dances de ch�ne �� aucunes �tant faites
en formes de buffet �, 13 couchettes de sapin, 18 chassits de
ch�ne, 44 tables de sapin dont huit dans le dongeon (donjon), 56
grands chandeliers de bois, couverts de feuilles d'argent, enfin
2 grands bouges �� �s cassemattes dudit ch�teau �,
Tout ce mobilier, �videmment � l'usage des gens de la suite et
des soldats, contraste par sa simplicit� avec la richesse des
meubles r�serv�s � la duchesse. On sent que depuis sa mort, les
objets de valeur ont �t� pour la plupart enlev�s, et le
comptable r�it�re d'ailleurs ses plaintes et dol�ances � ce
sujet, en 1612 non moins qu'en 1604.
�� Remontrant humblement que combien qu'il soit, comme du pass�,
tait inventaire de tous les meubles qui �taient par ci-devant au
ch�teau, ci est-ce que la plus grande partie et les plus
apparents et meilleurs d'iceux sont �t� envoy�s � Nancy... qui
est l'occasion que ledit remontrant prie tr�s humblement l'en
d�charger. �
L'ARSENAL
Si l'on avait d�garni les appartements, on
avait non moins largement puis� dans les magasins d'armes et de
munitions.
Le comptable remontre, en effet, que le 26 d'ao�t 1591, suivant
le commandement de Monseigneur le Cardinal g�n�ral lors au pays,
en l'absence de son altesse, on avait envoy� � Lun�ville �� huit
pi�ces de campagne de fer forg� et mont�es sur roues avec 39
douzaines et dix balles de plomb, faict la plus grande partie
avec des carreaux de fer enclos en icelles...., 7 petits essieux
servant � les mener par pays, 7 petits coffres ferr�s pour
mettre balles, 6 moules � faire balles, etc., etc. �
L'ann�e 1591 avait �t� en effet, l'une des plus critiques du
r�gne de Charles Ill. Le danger d'une invasion fran�aise dans le
Barrois, et d'une attaque des bandes allemandes lev�es pour le
compte du roi de Navarre, avait oblig� le duc � prendre en
personne le commandement de ses troupes. C'est alors qu'il avait
confi� � son fils le c�l�bre Cardinal de Lorraine, les fonctions
de lieutenant-g�n�ral. C'est � ces graves �v�nements que se
rattache la mise en d�fense de Lun�ville au moyen de
l'artillerie prise dans les places secondaires, notamment �
Bl�mont.
(Voir Digot, t. IV, p. 274)
Depuis lors, il ne restait plus, pour la d�fense de ce ch�teau,
aucun canon, mais seulement 45 harquebuses � crocq, soit en ter,
soit en bronze; 28 � m�che �� pour soldat � pied �, plus trois
petites pour tirer en parade, enfin 921 livres de poudre, 238
livres de plomb, 92 livres de m�ches... et �� quatre hallebardes
sur lesquelles sont grav�es les armoiries de feue sa Majest� de
Danemark, qui servent � ceux qui font la garde du ch�teau �.
La garde du ch�teau �tait assur�e par des lev�es de paysans, qui
formaient quatre guets permanents. Apr�s la mort de la duchesse
Christine, le sieur de St-Balmont, gouverneur, avait �� mis
dehors les quatre guets du ch�teau �, mais ils avaient �t�
r�tablis en 1602, et l'on avait fait revivre: l'ancienne
redevance f�odale qui en assurait le recrutement. �� S'il y a
quelques jeunes hommes des villages de la Comt�, qui ait d�sob�i
au commandement du maire du lieu, quand il est command� de se
venir pr�senter au ch�teau dudit Blamont, le lendemain de la
nativit� de Notre Seigneur, qui est le jour que. tous les jeunes
hommes des villages y sont assembl�s, que le ch�telain a
accoutum� de faire le choix et �lection des guets qui se
choisissent par chacun an pour la garde ordinaire dudit ch�teau
� celui qui sera reconnu avoir d�sob�i, sera �� mult� � de 25
francs d'amende.
Cette garnison consommait, 36 resaulx de bl�, un resal de pois
et f�ves, cinq francs et 10 gros de chandelle, plus le
chauffage. C'�tait d'ailleurs, la principale d�pense d'int�r�t
public qui grevait les revenus du domaine, outre les gages des
officiers.
LES FONCTIONNAIRES
Le ch�telain recevait cinquante francs en
argent, douze resaulx de bl� et autant d'avoine. Il �tait log�
au ch�teau et bien chauff�, car �� le chauffage du ch�telain se
prend ordnairement � la Haie-Vauthier, scavoir tant en bois de
fagottage qu'en bois de corde, estant les habitants de villages
de Fromonville, Repaix, Antrepierre et Barbas,.attenus et
oblig�s de rendre par chacun an ledit bois audit ch�teau par
corv�e; que chacune charrue payant rente � son Altesse est
oblig�e de faire un charroi avec quatre chevaux seulement, �
chacune haute f�te de l'ann�e, comme � P�ques, la Pentec�te, la
Toussaint et No�l, et ledit ch�telain est oblig� de leur payer �
ses frais leurs droits, scavoir deux miches � chacun, et la
miche pouvant valoir 8 deniers �.
C'�tait quinze ou seize voitures � quatre chevaux ; (16 en 1612
- 15 en 1604).
Comme, gruyer, le ch�telain touchait en outre 3 francs, comme
gouverneur des �tangs 16 francs plus 4 francs �� pour ses
houzeaux �. On d�pensait d'ailleurs cinq francs pour �� la
graisse et le rabillage � des houzeaux de tous les valets
d'�tangs.
Outre ses gag�e, le ch�telain pr�levait trente gros (2 fr. 50)
pour le papier et parchemin du compte qu'il dressait chaque
ann�e; et comme il �tait tenu de faire avec son contr�leur le
voyage de Nancy, pour pr�senter et �� faire ou�r� son compte � la
Cour, et d'y s�journer en attendant l'approbation, il avait
droit pour ce d�placement � 50 francs.
II avait d'ailleurs grand soin de porter en compte toutes ses
d�penses.
�� D�penses faites par le ch�telain, contr�leur et les forestier,
recueillant les deniers de la foresterie avec les grains, 11
francs 6 gros. �
Quand il lui arrivait d'abuser quelques peu, la Chambre des
Comptes le rappelait paternellement � la mod�ration: �� Voyage du
comptable pour visiter et marquer les coupes, trente-quatre
francs. �
On lit en marge:
�� Allou� pour cette fois, et ne soit plus fait semblable
d�pense, attendu qu'il est du devoir des comptables de faire
leurs visites et voyages � leurs frais. �
La liste des fonctionnaires du Comt� est assez br�ve. En dehors
du ch�telain et de son contr�leur, nous ne voyons figurer que le
garde des �� hauts-bois des montagnes � et les deux forestiers du
plat pays, recevant chacun dix francs en argent, et une part
dans les amendes des d�linquants.
Mais la duchesse Christine avait, de son vivant, distribu� bien
des largesses autour d'elle, sous forme de rentes viag�res, qui
continuaient � grever les finances du Comt�: �� deux cent
vingt-cinq francs � Marguerite Cel�e, veuve de feu Thomas
Gu�gitirna (?) pr�v�t et receveur de Bl�mont. qu'il a plu � feue
sa Majest� lui octroyer en faveur de mariage.
�� Cent francs � Meshille Obry, veuve de Francisque Brusauilles,
vivant ch�telain et gruyer.
�� Trois cents francs, qu'il a plu � sa Majest�, octroyer � ce
comptable, en consid�ration et r�compense de vingt-cinq ans
qu'il il �t� � son service et suite ordinaire. �
Ces gratifications paraissent fort g�n�reuses, si on les compare
� la modicit� des appointements ordinaires. II semble bien
d'ailleurs, comme nous le verrons plus loin que la famille
Thabouret h�r�ditairement titulaire de la charge de ch�telain,
s'y soit enrichie.

Carte ancienne du Pays de Bl�mont
Les D�penses du Domaine
Les r�parations annuelles faites au
ch�teau, absorbaient une tr�s grande partie des revenus du
domaine. Elles sont expliqu�es avec grands d�tails, et
fournissent une foule de renseignements sur les agencements
int�rieurs du ch�teau, le mode de construction, les pr�tentions
des ouvriers: je cite au hasard:
�� Nicolas et ses compagnons massons ont fourni, taill� et assis
dix marches de pierre de taille au-dessus de l'�chelle que l'on
monte pour aller � la tour du s�n�chal. � Le s charpentiers ont
fourni une cr�che de soixante pieds (20 m�tres) de long.
On a remplac� par un fourneau de fer fondu, celui en ferre tout
rompu qui �tait au po�le du ch�telain.
Ou a pay� 387 lozanges pour les fen�tres des chambres et
offices, et trois pi�ces de grand verre �s armoiries des
fen�tres des salles.
Il a fallu tirer hors, le vieux tour du puits qui �tait tomb�
dedans et emp�chait la descente de la seille � tirer l'eau.
Le recouvreur r�clame pour avoir plusieurs fois et �� signamment
lorsqu'il faisait de grandes pluies � visit� toute la toiture ��
pour du tout mieux reconna�tre et remarquer les goutti�res �.
Mais la cour a mis en marge �� Allou� pour cette fois, et ne soit
plus fait semblable d�pense, d'autant que les recouvreurs ont
�t� pay�s de leur peine �.
Enfin, on voit figurer la d�pense relative � quatre ventilions,
pour mettre aux lucarnes qui sont � la toiture de la tour de la
grosse cloche du rologe du ch�teau
Bref, ces r�parations avaient coul� en 1604, sept sent
cinquante-deux francs, et en 1612, cinq cent quarante-cinq
francs.
La r�paration des digues, cors-volants, et loges des nombreux
�tangs, �tait �galement une source de lourdes d�penses. Et ce
pendant les d�penses g�n�rales varient peu: 2.412 francs en
1604, 2.425 francs en 1612. En 1668, nous les voyons tomber �
1.633 francs; mais � cette �poque, les �tangs �taient afferm�s
pour 25 ans, on ne faisait plus de largesses � personne, et le
ch�teau �tait en ruine.
Les Recettes du Domaine
A quelles sources puisait-on les recettes qui constituaient les
revenus du Comt� ?
Ces sources �taient ing�nieuses et complexes. Elles d�coulaient
indiff�remment, et sans qu'il en soit fait aucune distinction �
ce point de vue, aussi bien de la puissance f�odale que du droit
de propri�t�. Les comptes se contentent de s�parer seulement les
recettes en argent des recettes en nature.
Les premi�res sont de beaucoup les plus importantes.
Recettes en deniers � cause des rivi�res;
Recettes � cause de la foresterie;
Recettes pour bois vendu, notamment pour le service des salines
de Rozi�res;
Recettes provenant des pi�ces de bois sapins vendues �� au
Cuvelier des valons du bois de Bousson; �
Recettes provenant des bois secs et couronn�s ne portant aucun
fruit, ou tomb�s par les grands vents �;
Bois taillis pour les gages des officiers ;
Recettes advenant des vains p�turages ;
Recettes des amendes des buis du plat-pays. et de la montagne;
Amendes de d�sob�issance;
Amendes de la chasse;
Amendes des �tang- ;
Rachat de services f�odaux, location d'�tangs, d'herbes et droit
de p�ture dans les for�ts.
Terres assenc�es, vente des roseaux des �tangs et fouri�res,
vente de chapons, de poivre, de gingembre,
et enfin la p�che des �tangs.
Chacune de ces sources de revenus, fait l'objet d'un chapitre
sp�cial, o� tout est soigneusement d�crit et expliqu�.
A propos de la location du droit de p�che dans la Vezouse, on
nous d�crit tout le cours de la rivi�re, depuis son entr�e sur
le territoire de Bl�mont, jusqu'� sa sortie, ainsi que les
formalit�s de la mise en adjudication; et des explications
analogues, d�taill�es et pr�cises, se renouvellent pour la
location de chaque cours d'eau, de m�me que pour celle de la
p�ture ou paxon dans les cantons forestiers.
�� La rivi�re de Bl�mont, appel�e Vezouse, appartenant � son
Altesse, commen�ant au lieu qu'on dit au faux-xaux du battand �
piller �corces de Claude Brouille, que l'on appelle hauterive,
les pacquis de Bl�mont du c�t� de Saint-Jean... et le flinaige
de Fromonville et la rivi�re dudit lieu d'autre part.... comme
appert par des bornes.... continuant ladite rivi�re jusqu'au
ruisseau de Barbezieux, etc., etc., a �t� donn� � encheoir
(ench�rir) pour un an, � qui plus, � estainte de la chandelle,
escheu (est �chue), comme au plus offrant et dernier
ench�risseur � Claudin Joseph, pour la somme de douze francs,
tierc� et crois� par Melchior, monta l'encheutte (l'ench�re)
tiercement et croisement � la somme de 19 francs 9 gros 6
deniers obol...
Les vins ont mont� � la part de son altesse, au taux de 10 0/0 �
sept gros cinq deniers, en quoi son Altesse prend la moiti� et
les ench�risseurs l'autre.
Ce qui nous frappe dans ces antiques proc�d�s d'adjudication,
c'est l'ing�niosit� des moyens mis en oeuvre pour �chauffer les
ench�res. en piquant, en m�me temps que l'amour-propre du
paysan, sa naturelle gourmandise, le tout pour le plus grand
profit du seigneur.
L'op�ration commen�ait sur la mise aux ench�res � l'extinction
de la chandelle, proc�d� primitif qu'a rendu populaire la
gracieuse musique de Boi�ldieu ; seulement ici le plus offrant
et dernier ench�risseur n'est nullement s�r de demeurer
l'heureux acqu�reur de l'objet achet� sur ses �conomies. Il est
expos� � se voir imrn�diatement tierc�, crois�, moienn� et
finalement d�poss�d�, si sa convoitise ne l'entra�ne jusqu'au
point de faire des folies.
Tierc�, c'est ajouter moiti� de la derni�re ench�re. Moienner,
c:est doubler le tout.
Croiser, c'est ajouter encore un dixi�me,
C'est ainsi que le prix d'abord fix� au moment de l'estaincte de
la chandelle peut se trouver plus que tripl�. Or les exemples de
ces surench�res d�raisonnables sont donn�s souvent � propos des
droits de p�ture que la n�cessit� de faire vivre le b�tail,
obligeait des communes, insuffisamment pourvues de prairies, �
se disputer avec acharnement.
�� La paxon du gratteux des Arrabois a �t� escheutte � la commune
de Reillon, pour la somme de cinq francs, tierc�, moiti� et
crois� par la commune de Bl�merey, monta l'encheutte,
tiercement, moiti�ment et croisement � la somme de seize francs
six gros. �)
L'usage des francs-vins, qui s'ajoutaient encore au prix, s'est
perp�tu� jusqu'aujourd'hui, r�duit toutefois au taux moins
excessif de 5 0/0 au lieu de dix. Mais ce qui ne laisse pas
d'�tre curieux, c'est l'usage qui �tait fait de ce suppl�ment de
prix. II appartenait pour moiti� au duc et pour moiti� aux
ench�risseurs ; immoral mais infaillible moyen de cacher au
paysan, sous l'app�t d'un avantage illusoire, le danger d'une
mise imprudemment lanc�e. L'illusion se dissipait vite, car il
va sans dire, qu'alors comme aujourd'hui, d�s apr�s la vente
faite, l'on se retrouve � la taverne o� suivant une expression
qui n'a rien perdu de son actualit�, il faut bien boire les
francs-vins.
En outre des redevances en argent, il s'en payait aussi en
nature. Par exemple, les �� p�cheurs de la rivi�re de Domjevin,
doivent au ch�teau de Bl�mont trois services de poissons,
scavoir aux veilles de l'Assomption, � la Toussaint et No�l, et
on leur doit pour chacun service, leur d�ner de trois gros. �
Pour les ruisseaux de la montagne, l'usage industriel de l'eau
se louait ind�pendamment de la p�che, pour l'exploitation des
scieries. Plusieurs de ces petites usines mentionn�es au XVIIe
si�cle existent encore, et n'ont point chang� de nom :
�� La rivi�re des scyes des montagnes commence au-dessus le bois
le Moine, ledit bois d'une part, et depuis la scye Malvoy et
Mauchet (Mauvay et Machet) et va jusqu'au bois proche la
Boudouze de Bousson d'une part, et les bois de Messieurs de
Ch�tillon d'autre part, a �t� �chu comme au plus offrant �
Chr�tien, marquaire, pour un franc. �
Mais ce revenu �tait tort incertain, car on n'exploitait pas
toujours les for�ts : �� Ne se fait ici aucune recette en deniers
des scyes des montagnes � cause elles sont vagues �.
LA FORESTERIE
On appelait foresterie les produits du bois vif ou mort, les
droits de passage � travers les for�ts pour atteindre les
prairies situ�es au-del�, le produit des herbes, des fourri�res, etc,
En l'ann�e 1612, il n'avait �t� fourni aucun bois pour les
salines de Rozi�res; on n'avait tir� des sapini�res que �� des
pi�ces de bois pour les Cuveliers des vallons du buis de Bousson
� soit 114 francs; et les bois secs ou tomb�s par les grands
vents, tant en montagne qu'au plat-pays, s'�taient vendus 248
francs. Le prix, presque uniforme, est de un franc et quelques
gros par arbre; le p�turage ou paxon dans les for�ts �tait mis
en adjudication, comme nous l'avons vu, Il avait rapport� 142
francs en 1604, 522 francs en 1612,
La p�ture dans les bois �tait aussi une source de revenus, mais
il avait tout un code de mesures rigoureuses et arbitraires pour
emp�cher que l'exercice de ce droit imm�morial, ne servit de
pr�texte � des d�lits forestiers.
La �� d�claration des amendes et gagi�res des bois et en quoi
elles consistent, tant pour les m�susants que pour le b�tail �
ne comprend pas moins de onze articles, dont le texte se r�p�te
identique dans le compte de chaque ann�e; et ses prescriptions
sont s�v�res :
�� La moindre amende est de cinq francs scavoir trois francs
quatre gros qui font les deux tiers pour son Altesse et l'autre
au forestier jur� qui aura luit le rapport. �
�� Tout quidam mesurant au huis nuitamment avec hache, scie,
crochets et autres outils, repris ou trouv� par les forestiers
jur�s, le tout doit �tre confisqu� et mull� d'amende arbitraire.
�
Pour mieux assurer la r�pression, on en rend responsables les
habitants. �� Advenant le cas o� lesdits habitants de villes et
villages apr�s avoir trouv� les m�susants ne feraient le
rapport dans les vingt-quatre heures �, ils seront frapp�s
eux-m�mes d'une amende arbitraire au profit de son Altesse,
C'est ainsi que furent relev�s en 1612, vingt-six contraventions
qui rapport�rent au duc 117 francs 19 gros,
Tout un chapitre est aussi consacr� � l'�num�ration des amendes
de d�sob�issance, par exemple �� venant occasion pour faire
promptement des charois de crov�es l'entret�nement et r�paration
des �tangs.... ceux qui feraient difficult� au commandement des
forestiers et valets d'�tangs � l'amende est de dix francs pour
la premi�re fois, de 25 francs la seconde, et arbitraire pour la
troisi�me, avec obligation de satisfaire aux dommages-int�r�ts.
Le r�sultat de ces s�v�rit�s �tait p�remptoire. C'�tait la
soumission absolue. � Receptes pour l'un de ce compte... n�ant.
�
�� Item amendes de chasse, tax�es par l'ordonnance.. n�ant.
On respectait pour les m�mes raisons les �tangs du domaine,
principale source de ses revenus: et gard�s d'ailleurs par des
forestiers et valets d'�tangs, int�ress�s aux prises. Ce code
�tait m�me le plus rigoureux.
�� Pour quant les officiers des �tangs font transporter les
poissons ou alevins, s'il se trouvait quelqu'un des charretiers
qui ait pris quelque poisson � c'�tait 25 francs d'amende pour
la premi�re fois, amende arbitraire et punition corporelle pour
la seconde.
�� Item celui qui fait d�lit aux chauss�es des etangs, carpi�res
ou r�servoirs �. �� Pour tout troupeau de porques qui soit trouv�
dans les �tangs en quel temps ce soit � dix francs d'amende, et
la seconde fois, confiscation du troupeau.
On louait aussi, pour un prix modique les fourri�res,
c'est-�-dire les terrains vagues ou d�garnis d'arbres aux
approches des for�ts, � la condition �� d'arracher les �pines et
les vieux troncs d'arbres, et de les rendre en bonne nature de
prairie � la fin desquelles ann�es de bail. �
Augmenter les fourri�res, �tait une des principales
pr�occupation du ch�telain. Il ne manque jamais de faire
ressortir le nombre de fourri�res nouvelles qu'il a cr��es pour
le bien du service de son Altesse. Ce z�le toutefois ne
s'exer�ait pas sans l�ser d'autres int�r�ts, notamment ceux des
Communes qui payaient pour la p�ture dans les for�ts. Aussi les
voyons-nous en 1634, sans doute � ln faveur du d�sordre et du
rel�chement, que les graves �v�nements de cette ann�e avaient
jet�s dans l'administration, se refuser positivement � payer les
redevances ordinaires.
Un chapitre est aussi consacr� � la recette de poivre et
gingembre. C'�tait le moulin de Bl�merey qui �tait affect� � la
mouture de ces �pices pour le Ch�teau et le Comt�. Mais il
semble qu'on eut depuis longtemps renonc� � ce proc�d� primitif.
En 1612 la recette avait �t� nulle, l'�tang de Bl�merev �tant
vague; il l'�tait d�ja en 1604 et en 1634, le moulin est ruin�.
Il n'en est plus question en 1668.
Le compte mentionne enfin comme dernier chapitre de recettes, ��
14 chappons � qui ont �t� vendus 9 francs 4 gros; en 1604, 15
chapons s'�taient vendus dix francs, ce qui donne comme prix
moyen 6 � 8 gros (le franc comprenant 12 gros). En 1634, le
chapon se vend deux francs. On peut conjecturer que ce
rench�rissement �norme, du prix d'un objet alimentaire d'usage
aussi commun, �tait d� aux ravages de l'ann�e pr�c�dente.
La P�che des Etangs.
�� S'ensuit la p�che de l'estang d'Albe (albus mons - Blanc-rnont
- Bl�mont) et a commenc� le 15 du mois de mars, et fini le
dernier dudit mois, et a vallu le cent de carpes 24 francs, le
jeune poisson 13 francs, et le cuveau de roussaille 22 gros. �
La p�che des �tangs �tait la grosse recette, et l'op�ration la
plus consid�rable des fonctions du Ch�telain. Ces �tangs �taient
fort nombreux : Blemerey, Autrepierre, Raucogney, Vilvancourt,
Combray, Albe, etc. On en p�chait chaque ann�e un ou plusieurs.
En 1604, c'�tait Cornbray et Vilvancourt, en 1612 Albe.
Les r�sultats de la p�che sont �nonc�s jour par jour, avec les
quantit�s vendues � chaque particulier. Au d�but c'est le petit
poisson, la roussaille, qui domine;
Demenge Didier Roy, prend 4 cuveaux, Monsieur de Domevre, un
quarteron de perchettes, etc
Plus tard, lorsque les eaux ont baiss� davantage, ce sont les
carpes.
Monsieur de Barbas, deux cents;
Le cur� d'Amenoncourt, deux cents;
Le maire jobard, un quarteron;
Le cur� de Reillon, un quarteron, etc., etc.
Au total on vendait pour 626 francs 8 gros, C'�tait un maigre
r�sultat. En 1604, la p�che avait produit 1577 francs et l'on
avait r�serv� beaucoup de poissons pour alimenter les autres
�tangs.
Du produit brut de ces p�ches. il fallait d�falquer les d�penses
et elles �taient importantes : 250 repas � dix valets d'�tangs,
� 5 gros 11 deniers l'un (moiti� d'un franc), le diner des
marchands, les paniers; en tout 156 francs, non compris le
traitement des valets, � 6 francs l'un, plus quatre francs pour
les houzeaux.
L'entretien de ces �tangs co�tait �galement fort cher. Il s'y
produisait des accidents, ou vilains fondoirs, et il fallait en
h�te chercher jusqu'� Aspach l'ouvrier sp�cial ou tarillon
capable de bien �� recouvrir les cors-volants et
les bien corroyer et remettre en hon �tat avec neuf attachement,
barrage, couillard, tarillon, etc. �.
En 1612, l'�tang de Vilvaucourt avait ainsi absorb� 313 francs,
celui d'Albe 126. Le produit de la p�che avait donc �t�
largement absorb� par les d�penses, mais les �tangs p�ch�s en
1604 avaient, comme nous l'avons vu, rapport� beaucoup plus.
Aussi la balance des recettes et des d�penses s'en �tait-elle
heureusement ressentie.
En 1604, il restait d� par le comptable 1031 francs;
En 1612, l'exc�dant se r�duisait � 234 francs seulement. Il
semble que l'on puisse conclure de cette comparaison
que, sans la p�che des �tangs, le domaine de Bl�mont n'eut
apport� aucun appoint aux ressources du tr�sor ducal. Et
pourtant l'id�e qui se d�gage de l'examen de ces comptes, est
celle d'une exacte et scrupuleuse gestion: soigneusement
contr�l�e, et point oppressive. Les produits principaux du
domaine, sont mis � l'ench�re; les taxes bas�es sur l'usage
imm�morial, n'ont rien d'excessif, et la grosse d�pense, celle
du ch�teau, ne devait soulever de graves critiques, puisque
cette forteresse d�fendait le pays, et servait de refuge aux
paysans en temps de crise. Quant aux largesses qu'avait faites
la Duchesse Christine, elles profitaient � d'anciens serviteurs,
et ne sortaient pas du pays.
La situation �tait devenue bien diff�rente en 1634.
(� suivre)
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