|
Table alphab�tique des publications de l'Acad�mie de Stanislas
1902
Histoire de l'Acad�mie de Stanislas. - Christian Pfister
[...] L'occupation principale de la Soci�t� fut de juger les concours annuels ; elle y consacra une bonne partie de ses s�ances. Malgr� son d�sir, elle n'osa violer ses statuts et proposer elle-m�me les sujets ; les candidats continuaient de lui pr�senter les dissertations les plus diverses et les �lucubrations l�s plus bizarres ; pourtant dans cette masse de discours appara�t parfois une oeuvre de belle allure, d'un accent sinc�re. En l'ann�e 1773, l'Acad�mie retint parmi sept ouvrages pr�sent�s un �loge de la Po�sie et lui d�cerna le prix �� malgr� quelques d�fauts que rach�tent de grandes beaut�s �. Le pli cachet� r�v�la que l'auteur �tait �� M. Gr�goire, sous-diacre �. Mais, sans un subterfuge, Gr�goire n'aurait pas eu sa r�compense. Il �tait n� � V�ho, au bailliage de Bl�mont; et V�ho faisait partie non de la Lorraine, mais de l'�v�ch� de Metz. On tourna la difficult� ; Gr�goire �tait � cette date r�gent de sixi�me au coll�ge de Pont-�-Mousson : il avait ainsi un emploi permanent en Lorraine et pouvait �tre couronn�. Le jeune homme avait fait ses �tudes au coll�ge de Nancy et connaissait bien le chemin qui conduisait � la Biblioth�que. Un jour, comme il nous le rapporte dans ses M�moires, il s'adressa � l'abb� Marquet, sous-biblioth�caire. �� Que d�sirez-vous ? lui demanda l'abb� avec indulgence. - Des livres pour m'amuser. - Mon ami, vous vous �tes mal adress� ; on n'en donne que pour s'instruire. - Je vous remercie ; de ma vie je n'oublierai pas la r�primande. � Il ne l'oublia pas, le laur�at de la Soci�t� des lettres et sciences de Nancy, qui devait devenir le d�put� aux �tats g�n�raux et l'homme politique si c�l�bre sous le nom d'abb� Gr�goire *.
* L'abb� Gr�goire parait encore avoir concouru � l'Acad�mie de Nancy avec un moindre succ�s en l'ann�e 1774, l'ann�e de
la Mort d'Abel. Il �crit dans ses M�moires: ��
MM. Gautier et de Solignac corrigeaient mes essais po�tiques ; j'ai tout br�l� ; je regrette cependant un ouvrage en vers de neuf syllabes ; cette mesure, admise dans la po�sie italienne, est inusit�e dans la n�tre.
� Or, l'Acad�mie porta ce jugement, en sa s�ance du 9 mars 1774, sur une pi�ce intitul�e:
Mes souhaits. ��
C'est une imitation assez fid�le d'un idylle de Gessner: quoique le fond n'en soit pas d�nu� d'agr�ment, il pr�sente � chaque pas des images ridicules... Entre quantit� de bizarreries, la plus singuli�re qu'offre ce po�me annonc� avec raison par l'auteur comme �tant d'un genre absolument nouveau, c'est le choix du rythme qu'il a employ�. Son oreille l'a tromp�, s'il s'est persuad� que des vers de neuf syllabes pouvaient �tre harmonieux. � Ces vers nous semblent �tre ceux auxquels Gr�goire a fait allusion. On s'explique le l�ger anachronisme qu'il commet dans ses M�moires en parlant � ce propos de M. de Solignac, mort en 1772. |
