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Documents sur Bl�mont (54) et le Bl�montois

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La congr�gation Notre-Dame � Bl�mont de 1627 � 1791


1627-1643 : la guerre et la peste chassent les Soeurs tant�t de Saint-Nicolas � Bl�mont, tant�t de Bl�mont � Saint-Nicolas

D�buts difficiles

En 1627, la peste qui s�vissait � Saint-Nicolas obligea les Soeurs � se disperser.
Quelques-unes d'entre elles s'install�rent � Bl�mont, ville du comt� de Bl�mont, au dioc�se de Toul. Blottie au pied des ruines du ch�teau, cette petite ville se trouve aujourd'hui en Meurthe-et-Moselle.
D�s son arriv�e, le petit groupe des Soeurs se logea pr�s du ch�teau de la duchesse douairi�re Marguerite de Gonzague (1). Sans tarder, les Soeurs ouvrirent une �cole qui plut aux bourgeois de la ville. La duchesse apprit le fait et en t�moigna sa surprise au Bon p�re lui-m�me qui note, dans une lettre du 28 octobre 1627 au P. Petitjean, prieur des Chanoines r�guliers de l'abbaye de Saint-Remy de Lun�ville : �� Je ne s�ais s'il nous faudra point en demander permission � Son Altesse. Nos P�res de Toul tenaient qu'il n'est point exp�dient pour ce coup, mais je vis hier que l'Altesse de Madame admiroit et sembloit trouver aucunement �trange que deux Filles �toient entr�es � Bl�mont pour y r�sider et tenir communaut� sans sa permission. Votre avis l�-dessus aussy. Je pr�vois que nous appr�henderons par avanture d'�tre hurtez tout aussy t�t que nous demanderons ; mais toujours nous faut-il venir � ce choc ou t�t ou tard � ce que l'on nous dit. �
N�anmoins elle ne leur refusa pas sa bienveillance. L'�tablissement dura, soutenu par les religieux de Dom�vre et d'autres bienfaiteurs. Le monast�re s'�tablissait peu � peu. S'adressant au R. P. Cl�ment Philippe � Dom�vre, le 23 d�cembre 1628, Pierre Fourier pr�cise : �� Il faut avoir permission de Mgr de Scythie pour �tablir � Bl�mont la Congr�gation des Filles de la ville, et pour continuer � dire messe en ce nouvel oratoire. J'aurai soin d'en solliciter la poursuite mais il y faut un peu plus de temps et peut-�tre de peine que ne s'imaginent ces pauvres Filles, qui sont si pieusement impatientes et importunes en leurs d�votions. � Il suffira, ajoute-t-il, qu'elles �� servent Dieu avec silence et patience en attendant le reste �.
La guerre et la peste se charg�rent de chasser les religieuses de leur maison de Bl�mont, d�s le d�but de l'ann�e 1630. Le 19 f�vrier 1630, Pierre Fourier leur �crit: �� Je suis tr�s aise, et tr�s consol�, et tr�s �difi� de la fidelle assistance et d�mesur�e charit� qu'avez par la gr�ce de Dieu rencontr� si opportun�ment � Domepvre et � Saint-Nicolas. � Le Bon P�re songe alors � une fondation � Sorcy, bourg situ� dans la riante vall�e de la Meuse, � quelque distance de Toul. Profitant de la dispersion provisoire et providentielle des Soeurs de Bl�mont, il voudrait d�tacher Soeur Catherine pour cette nouvelle implantation. Aux religieuses de Lun�ville, il confie le 22 avril 1630: �� Je crains que nos Soeurs ne pourront s'accommoder � Bl�mont, et seront contraintes de n'y plus retourner, se contentans d'y avoir une �cole simple sans religieuses ainsy que du pass�. Nous d�sirerions d'en retenir notre bonne soeur et sainte Catherine pour donner commencement � une maison tout autre que celle de Bl�mont, dans le bourg de Sorcy. Mais � l'avis des Soeurs de Saint Nicolas et de Lun�ville et de Bl�mont, ce serait ruiner la maison de Bl�mont d'en �ter pr�sentement cette toute d�vote, et toute adroite, et toute utile brebiette Soeur Catherine. �
Au d�but de 1631, Pierre Fourier doit calmer l'ardeur des Soeurs retourn�es � Bl�mont qui ach�tent des maisons et des terrains �� pour y b�tir � chaux et � sable, comme l'on dit �. Il faut au pr�alable �� des patentes de l'Altesse de Madame pour l'affermissement de leur monast�re ou demeure qui ne devoit j� se tant avancer sans la permission bien expresse et par �crit de cette bonne dame �.

Saint Pierre Fourier et la duchesse Marguerite de Gonzague

Pierre Fourier avait beaucoup d'estime et d'affection pour Madame Marguerite de Gonzague, seconde �pouse du duc de Lorraine Henri II d�c�d� en 1624. Elle fut tr�s affect�e de ce d�c�s et Pierre Fourier prenait souvent de ses nouvelles aupr�s des Soeurs de Nancy � qui il �crivait le 9 novembre 1624 : �� L'indicible affection que je lui porte me rend ainsi curieux et excusable de vous importuner si souvent. � Cette estime �tait r�ciproque. Des propos mal sonnants suivis d'une bature (2) avaient �t� �chang�s entre le vicaire de Xaronval et le greffier du lieu. Pour �viter que les registres de justice �� fussent charg�z pour le tems � venir d'actions ainsy scandaleuses �, Madame la duchesse douairi�re, dans une lettre du 24 novembre 1630 dat�e d'�pinal, s'adresse au P�re de Mattaincourt pour lui demander d'�tre le m�diateur dans cette affaire. Il faudrait, �crit-elle, qu'une �� personne d'autorit� s'entrem�t � un accommodement entre les parties. J' ay cru qu'� ma pri�re vous voudriez bien vous en rendre l'entremetteur ainsy que je vous en supplie. Vous m'obligerez v�ritablement de vous en donner la peine, et de croire que je tiendray � courtoisie ce qu'en aurez fait pour rechercher les occasions par lesquelles je vous donnasse � conna�tre le sentiment qui m'en demeurera, et de combien j'en resteray toute ma vie, mon R�v�rend P�re, votre bonne amie Marguerite. � On peut supposer que Pierre Fourier accepta de rendre ce service � la duchesse, �� car, avait-il �crit la m�me ann�e aux Soeurs de Saint-Mihiel, qui luy pourroit rien refuser, ou chez vous ou chez nous, veu sa bont�, sa grandeur, son pouvoir et cr�dit qui a toujours est� � nostre d�votion toutes les fois qu'y avons eu recours �.

Faut-il poursuivre le projet ou �� retirer de par l� tout doucement nos pi�ces � ?

Malgr� la bienveillance de la duchesse Marguerite de Gonzague, l'installation � Bl�mont s'av�re difficile, comme le constate le Bon P�re en brossant ce bien sombre tableau dans sa lettre du 13 d�cembre 1631 : �� La place est fort petite et incommode pour un dessein si grand : fort peu de charitez [dons], fort peu de bons et parfaits amis, fort peu de pensionnaires, fort peu d'escholi�res externes, fort peu de filles de moyens qui se pr�sentent pour partir avec vous, et fort peu d'apparence d'en avoir davantage. Si bien que je doubte fort qu'il ne faille quelque jour nous tenir pr�ts � retirer de par l� tout doulcement nos pi�ces. Il ne doit n�antmoins se r�souldre l�g�rement et sans l'avoir au pr�allable meurement dig�r�. �
Les relations avec leur monast�re d'origine, Saint-Nicolas, �taient toujours rest�es tr�s �troites. Or jusqu'� pr�sent Bl�mont n'avait pas de sup�rieure et n'�tait pas un monast�re �rig�. Le 7 janvier 1632, Pierre Fourier sugg�re aux Soeurs de Saint-Nicolas d'envoyer comme sup�rieure � Bl�mont M�re �lisabeth, � condition qu'elle soit contente d'y aller. Mais il faut consulter la communaut� et surtout M�re Claude pour voir si elle est satisfaite de l'avoir. �� J'esp�re que si elles s'accordent bien, �crit Pierre Fourier, il y aura du bon mesnage et pour le spirituel et pour le temporel. �
Deux ans apr�s une nouvelle fuite � Saint-Nicolas, la situation semblait r�tablie et les Soeurs demandaient conseil au Bon p�re pour accepter une �� fondation � qui allait enfin leur donner un peu plus de stabilit� et d'aisance. Il vint lui-m�me � Bl�mont au d�but de l'�t�. Les Soeurs, gouvern�es par Soeur �lisabeth Lecocq, l'attendaient depuis longtemps. La veuve de M. Jean Thirion, �� tr�s honorable et tr�s pieuse �, s'�tait jointe � elles et voulait leur donner tous ses biens. Pierre Fourier r�gla cette question en conseillant la prudence vis-�-vis d'�ventuels h�ritiers. La fondation fut sign�e le 31 mai 1634 (3).

1636 : nouvelle alerte, les Su�dois

Les temps sont durs. Selon l'avanc�e des troupes, nous trouvons les Soeurs tant�t � Saint-Nicolas, tant�t � Bl�mont. Le 8 novembre 1635, Pierre Fourier adresse une lettre aux religieuses de la Congr�gation Notre-Dame o� il leur dit : �� Vous serez averties que le 5 de ce mois de novembre vos Soeurs de Saint-Nicolas furent tout � l'improviste et tout � fine force contraintes de sortir de chez elles, et bien h�tivement abandonner la maison et tout ce qui �tait dedans � la mercy d'un gros r�giment de soldats (desquels on n'entend pas la langue et qui emportent tout) et se retir�rent, les pauvrettes, apr�s plusieurs d�tours et craintes et fatigues, vers leurs Soeurs d'une ville voisine qui, les voyant toutes effray�es, toutes �perdues, toutes affam�es et sans argent, sans pain et presque sans habits, priment piti� d'elles, et les mirent dedans, et d�s lors jusques � l'heure pr�sente, m�lant jour et nuit leurs pleurs les unes aux autres, elles toutes, jusques au nombre de cent et davantage, se nourrissent � derny, ou pour mieux dire languissent � l'entour d'un peu de pain qui �toit l�-dedans. � Le 10 novembre, Saint-Nicolas br�le mais le couvent tout proche �chappe partiellement aux flammes et trois ou quatre religieuses parviennent � s'y maintenir ou � y entrer.
Un petit groupe part fonder en Belgique tandis que la ville se rel�ve lentement de ses ruines. Et quand la guerre gagne le Bl�montois, les Soeurs reviennent en h�te � Saint-Nicolas o� elles trouvent une sup�rieure pour les accueillir.

1643-1791 : installation d�finitive � Bl�mont

Des mois pass�rent avant que M�re �lisabeth Mercier obtienne de l'�v�ch� de Toul l'autorisation d'aller � Bl�mont �� recognoistre l'estat de leur maison �. Cette permission arriva le 16 d�cembre 1642. Jean Midot, vicaire g�n�ral de l'�v�ch� de Toul, d�put� par le Chapitre, pendant la vacance du si�ge �piscopal, autorisa Soeur �lisabeth avec une autre religieuse, d�sign�e par la sup�rieure de Saint-Nicolas, � aller � Bl�mont, �� � condition de se faire accompagner de quelque honn�te matrone pendant le voyage, et de se comporter religieusement selon les Constitutions de l'Institut (4) �.
Les Soeurs qui avaient perdu leurs meubles, papiers, lettres, acte d'�rection lors de l'incendie et du pillage de la ville, obtinrent, le dernier jour de janvier 1643, un nouveau certificat des officiers de Bl�mont. Ceux-ci certifi�rent que �� vers l'an 1629, les Dames Religieuses de la Congr�gation Notre-Dame, ayant demand� l'entr�e audit lieu pour s'y habituer, elles y avaient �t� admises par la permission de feue d'heureuse m�moire l'Altesse de Madame Douairi�re de Lorraine, dame dudit Bl�mont, et du consentement commun tant des officiers que des bourgeois et habitants du lieu. En suite de quoy, les dites Dames religieuses avoient acquet� une maison size en la rue tirante du Ch�teau, ayant son issue au-dessous de l'�glise Coll�giale dudit lieu, et sur une autre rue transversante dudit ch�teau vers la dite �glise. � Il est sp�cifi� que dans cette maison, elles avaient exerc� les fonctions de leur Institut : �� instruire gratuitement la jeunesse � l'�dification et satisfaction tr�s grande de tout le peuple � jusqu'au d�sastre de 1636.
A la demande des Soeurs qui se proposent de revenir � Bl�mont �� rendre au public semblable service que du pass� �, les magistrats assurent �� qu'elles y seront toujours re�ues avec pareil applaudissement que ci-devant �. On �tait en 1643 (5).
Les Soeurs s'�tablirent donc pour de bon � Bl�mont et leur maison fut prosp�re et florissante au point qu'elles purent, en 1731, envoyer � Vieux-Brisach deux religieuses, Soeur Augustine Hessel et Soeur Marie-Joseph Pierrette Pimpel, pour fonder, avec trois Soeurs de Strasbourg, un nouveau monast�re. Puis Vieux-Brisach fonda � son tour Rastatt et Ottersweier.
Les Soeurs de Strasbourg rapportent le s�jour que firent dans leur monast�re, du 3 au 6 octobre 1785, deux religieuses d'Ottersweier qui, sur leur chemin de retour, avaient fait mi tour en Lorraine et s'�taient arr�t�es � Saint-Nicolas, Lun�ville, Bl�mont et Saverne. Les Annales de Strasbourg ajoutent : �� Partout elles avaient �t� accueillies au mieux, ce que nous cr�mes facilement, connaissant la cordialit� et la bont� de nos ch�res M�res et Soeurs pour celles qui viennent les voir d'une autre maison. �

La R�volution fran�aise disperse d�finitivement les Soeurs

� la R�volution, la maison de Bl�mont compte dix-sept religieuses de choeur, six converses et une affili�e. Toutes protestent �nergiquement, le 3 juillet 1791, qu'elles �� aiment leur communaut� comme un coin de paradis �. Mais l'ordre de dissolution des congr�gations religieuses ayant �t� proclam� le 18 ao�t, les Soeurs quittent leur maison au d�but d'octobre ; plusieurs demandent un passeport pour l'Alsace, leur patrie, d'autres restent � Bl�mont ou aux environs. Leur mobilier est transport� � l'�glise de la paroisse et leur maison deviendra le coll�ge de la ville dont un b�timent subsiste encore. Leur chapelle abritera un certain temps les classes primaires avant d'�tre d�molie et remplac�e par un b�timent plus fonctionnel.

(1) Marguerite de Gonzague, fille du duc de Mantoue, seconde �pouse du duc de Lorraine Henri ll, ni�ce par sa m�re de Marie de M�dicis.
(2) Une bature est une dispute avec �change de coups.
(3) Archives d�partementales de Meurthe-et-Moselle, S�rie H, carton 2533 et 2534.
(4) lbidem.
(5) lbidem.

 

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