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Politique
d'annexion fran�aise en Lorraine � la fin du XVIIe
si�cle
Jahr-Buch
der Gesellschaft f�r lothringische Geschichte und
Altertumskunde
Auteur : Soci�t� d'histoire et d'arch�ologie de Lorraine
�diteur : G. Scriba (Metz)
Date d'�dition : 1889-1980
Politique
d'annexion fran�aise en Lorraine � la fin du XVIIe
si�cle ou
Rapport du procureur g�n�ral RAVAULT sur les moyens �
employer pour faire oublier aux Lorrains leurs anciens
maitres
par E. Paulus, Puzieux.
INTRODUCTION.
Il est plus difficile, disait jadis l'historien Florus,
de s'attacher les provinces que de les conqu�rir, car si
c'est par la force des armes qu'on les soumet on ne les
conserve que par le droit et la justice (1). Pour �tre
vieux d'une quinzaine de si�cles cet axiome n'a rien
perdu de sa valeur primitive. Tous les conqu�rants en
ont fait depuis lors la dure exp�rience. On ne rompt
point des liens s�culaires, on ne renverse point un
ordre de chose �tabli et aim�, sans soulever des
d�fiances, provoquer d'amers regrets et se heurter � des
r�sistances parfois bien l�gitimes. Car aux combats
sanglants, pr�ludes ordinaires des annexions, succ�de
habituellement une guerre d'un autre genre, guerre aux
id�es et aux esprits, guerre aux coutumes, aux
traditions, aux lois, � la langue m�me du vaincu, guerre
sans violence, sans doute, mais �galement p�nible et
douloureuse pour ceux qui la supportent et quelquefois
pour ceux qui la font.
Ces luttes et ces combats n'ont point �t� �pargn�s � la
Lorraine pendant le cours des �ges. Et quiconque veut
pr�ter l'oreille aux voix du pass�, entend parfois
retentir de bien tristes �chos. - Le document in�dit que
nous publions ici en est un �pisode curieux et plein
d'int�r�t. Nous en devons la connaissance � la
bienveillance de notre secr�taire, M. le Dr Wolfram,
directeur de nos archives d�partementales, qui a bien
voulu nous le communiquer. - Ce rapport, adress� au roi
Louis XIV, est attachant � un double point de vue. Il
t�moigne d'abord des difficult�s qu'eut la France pour
soumettre, non pas le pays, mais les esprits, chose,
comme nous l'avons d�j� dit, autrement difficile. Ars
artium. reggimen animarum; il cherche ensuite les moyens
� prendre, soit en particulier, envers le clerg�, la
noblesse et le tiers-�tat, soit en g�n�ral, par des
r�formes dans l'administration des finances, de la
justice, de la police, etc., pour parvenir � ce but. Il
nous fait conna�tre, en second lieu, la situation
int�rieur du duch� de Lorraine (2) � la fin du XVIIe
si�cle c'est � dire l'�tat politique' administratif et
�conomique de ce pays pendant la p�riode qui suivit la
guerre n�faste d�sign�e dans l'histoire sous le nom de
guerre de trente ans. Epoque lamentable, pendant
laquelle ce malheureux pays, entrain� par son prince
tant�t dans un parti, tant�t dans l'autre, ne cessait de
lutter pour �chapper � l'ambition conqu�rante de ses
voisins, la France et l'Empire. Et pour aboutir � quoi
? au triste r�sultat, apr�s tant de sacrifices, de se
voir �galement d�vast�e et ruin�e par ses amis comme par
ses ennemis.
On me permettra de soulever ici, quoiqu'en passant, une
question vivement discut�e de nos jours, trop vivement
peut-�tre.
S'il est un fait bien constat� dans l'histoire, c'est la
r�sistance d�sesp�r�e que les Lorrains oppos�rent � la
France, lors de cette premi�re annexion. Mais conclure
de l�, comme l'ont fait quelques-uns, et d'une fa�on
aussi g�n�rale qu'inexacte, que les Lorrains �taient
Allemands dans toute la force du terme, c'est aller
plus loin que ne le justifient les faits de l'histoire.
- A notre �poque on commence � revenir sur le pass�.
Mais trop souvent des pr�occupations politiques, des
sentiments de nationalit�, respectables tout ailleurs,
ont fait d�river plusieurs historiens du terrain
impartial de l'histoire pour les lancer dans des oeuvres
d'imagination et de parti. - On a perdu trop de temps en
grands mots, en vaines d�clamations. L'histoire est
plus modes te, elle n'aime pas le bruit, mais la v�rit�,
qu'elle puise aux sources autoris�es, dans les documents
de l'�poque. L'historien sinc�re ne doit pas consulter
le pass� pour y chercher un vain texte � d�clamation ou
pour appuyer un syst�me pr�con�u. Son devoir est de
pr�senter les faits non tels qu'il les e�t d�sir�s
d'apr�s ses sentiments personnels, mais tels qu'ils
furent en r�alit�.
Que la Lorraine ait fait autrefois partie du St-Empire
Romain, c'est l� un fait ind�niable, qu'il serait
insens� de contester. Mais entre cette affirmation
appuy�e par les faits et celle que nous citions plus
haut, il y a loin. - Oui, la Lorraine a fait partie du
St-Empire, mais elle en a fait partie au m�me titre que
les autres Etats conf�d�r�s : Les questions de
nationalit� n'agitaient point alors les esprits, comme
elles le font de nos jours. - Chaque �tat de l'Empire
conservait ses coutumes, ses moeurs, son langage, la
Lorraine n'a point fait exception � cette r�gle:
compos�e d'�l�ments divers, il est vrai, elle �tait
parvenue sous la conduite de ses ducs h�r�ditaires �
former un �tat distinct, jaloux de conserver intacte son
ind�pendance. Et elle y tenait. - Non, le Lorrain
n'�tait pas plus Fran�ais qu'il n'�tait Allemand, Lorrain il �tait, et Lorrain il voulait rester. Sans
doute les choses ont chang� depuis, mais nous parlons du
Lorrain du XVIIe si�cle et non pas de celui du XIXe
si�cle.
Nous prions ceux qui seraient tent�s d'en douter, de
lire attentivement dans notre excellent historien M.
Digot cette �poque de notre histoire. Ils y verront une
population h�ro�que, dans un pays livr� aux
d�vastations des arm�es amies et ennemies, soumise aux
vexations de toutes sortes, soutenir malgr� tout de son
sang et de ses biens son prince l�gitime. Et quel prince
? Un aventurier, dit M. d'Haussonville, (3) sans foi ni
moeurs, sans consistance ni dans les id�es ni dans la
conduite, toujours appliqu� � se donner l'apparence des
premiers torts et � fournir des pr�textes � ses ennemis,
un de ces hommes qui semblent cr��s tout expr�s pour
perdre une dynastie et conduire un peuple aux abimes.
N�anmoins, on se d�vouait, car il repr�sentait la
libert� et l'ind�pendance du pays. - On nous permettra
de citer ici comme document � l'appui cette page de
Jameray-Duval. (4) elle vaut � elle seule une longue
discussion. �� Pour maintenir en eux la qualit� de ses
sujets; ils tiraient du sein m�me de leur indigence,
plusieurs subsides qu'ils lui envoyaient en pays
�trangers .... Un d�vouement si digne d'�loges,
d�vouement qui forme le caract�re du peuple lorrain, fut
regard� en France comme une f�lonie et un perp�tuel
principe de r�volte. - Toute correspondance avec le
prince fut interdite sous peine de la vie ou des
gal�res. Ceux de ses fid�les sujets parmy la noblesse,
qui sans �gard � cette d�fense, hasardaient d'aller lui
rendre ses services, etoient aussi tost proscrits, leurs
biens confisqu�s, et leurs maisons ras�es. Si ces
personnes �taient d'une condition vulgaire, et qu'elles
eussent le malheur d'�tre arr�t�es en sortant du pays,
on les condamnait sans r�mission � un esclavage
�galement inf�me et p�nible. La pers�cution fut si
outr�e, qu'un cordelier fut pendu en place publique,
pour avoir fourni quelques provisions � deux soldats de
Charles IV qui passaient aux environs de Nancy. S'avouer
Lorrain, c'�tait se donner l'exclusion de toutes les
dignit�s eccl�siastiques et civiles. Toutes les charges
lucratives et les b�n�fices �taient conf�r�s aux seuls
�trangers. Pour ce qui est du chapitre et des
communaut�s r�guli�res on fit venir du fond de la France
des sup�rieurs pour les diriger et pour y pr�cher
l'humble r�signation au despotisme fran�ais.... Voyant
que leur aversion pour la domination fran�aise
augmentait � mesure qu'on la leur rendait odieuse, on
d�lib�ra si on ne renouvellerait point � leur �gard une
transmigration semblable � celle de Babylone. Ce dessin
barbare ne manqua pas de trouver des approbateurs ....
Il allait donc �tre d�cid� que la nation enti�re seroit
transport�e dans un autre �misph�re (sic) et dispers�e
dans les vastes d�serts de l' Arn�rique. Le Marechal de
la Force, tout calviniste qu'il �tait, osa prendre le
parti de l'humanit�, Il para un coup si funeste en
faisant sentir qu'une action de cette nature �tait
capable de r�volter l'univers contre la France .... On
consentit � laisser les d�bris du peuple lorrain dans
son pays natal, mais on le soumit � des gouverneurs et �
des intendants qui lui firent payer bien cher cet
avantage. � (5)
Notre dessein n'est pas de suivre toutes les
fluctuations politiques qu'eut � subir la Lorraine
pendant la seconde partie du XVII si�cle. Nous nous
contenterons de dire que les mesures violentes, adopt�es
an d�but et poursuivies pendant trop longtemps, finirent
enfin par �tre remplac�es par d'autres plus en harmonie
avec les droits de l'humanit� et le bien du pays. Il y a
longtemps qu'on l'a observ�, le caract�re lorrain est
tenace, il peut plier sous la violence, mais il ne c�de
pas. La rigueur avait donc �t� inutile. Louis XIV voulut
ramener les Lorrains par la douceur. Et il fit bien.
Mais � quelle �poque fixer ce changement de r�gime ? Je
le placerais volontiers apr�s la suppression de la trop
fameuse Chambre de r�union, dernier acte d'une politique
injuste et violente, une oeuvre d'iniquit� au dire de
l'intendant Turgot, (6) c'est-�-dire apr�s 1686.
Le procureur g�n�ral Ravault, l'auteur du document que
nous publions ci-apr�s, fut-il officiellement charg� de
ce m�moire, ou devons-nous voir ici un acte d'initiative
personnelle ? Le caract�re de l'auteur, en l'absence de
donn�es certaines, nous ferait volontiers adopter notre
premi�re supposition. Ce caract�re, d�peint par un de
ses contemporains et de ses compatriotes, l'intendant
Turgot lui-m�me. est assez curieux pour qu'il nous
semble devoir trouver sa place ici: �� Le Conseiller au
parlement Ravaulx, esprit remuant, actif, cherchant � se
faire valoir, assez confus, et qui avait pris quelques
id�es par la lecture (7) des titres des Trois �v�ch�s,
sans songer aux trait�s intervenus entre les puissances,
proposa de rendre � la province des trois �v�ch�s tout
leur ancien domaine pour absorber tout ce qui
avoisinait. Il administra quelques titres, fit des
m�moires suivant uniquement ces titres, sans se mettre
en peine des trait�s qui avaient couvert la possession,
et regardant ces affaires non comme des mati�res de
droit public � r�gler par des trait�s, mais comme des
affaires particuli�res, sujettes aux proc�dures. � (8)
Quoi qu'il en soit de ses proc�d�s politiques et
judiciaires, nous devons lui reconna�tre. dans l'objet
de son rapport, une comp�tence s�rieuse, et une
connaissance compl�te des mati�res qu'il est amen� �
traiter. - A part quelques points que nous nous
permettrons de relever, le lecteur jugera avec nous que
ses propositions, si jamais elles furent suivies, durent
�tre un vrai soulagement pour la Lorraine.
�� Les Lorrains et Barisiens estant naturellement
glorieux amateurs de nouveaut�s et paresseux quoy que
tres pauvres, (9) pour leur faire enti�rement oublier
leurs anciens ma�tres et aimer la domination de Sa
Majest� je propose pour moiens a lesgard des
ecclesiastiques qui composent le clerg� desdits pais en
premier lieu de les incorporer et les faire iouir des
privileges du Clerg� de France (10) dans la veue par
ceste nouveaut�: 1� de flatter leur ambition d'�tre du
corps le plus ven�rable de l'estat ; 2� d'oublier
agr�ablement le corps du Clerg� dont ils faisaient
partie par le moien de ce qu'ils ne seront plus tax�s
aux impositions publiques avec et par les seculiers. En
second lieu de laisser iouir les r�guliers du droit (11)
d'�lection de leurs abb�s par ce qu'il serait dangereux
d'en user d'aultre maniere et qu'il sera ais� au Roy d'�stre
le maistre des elections en deffendant aux moines de
s'assembler pour �lire un abb� sans la permission de Sa
Majest� ; 2� de faire lesdites elections qu'en pr�sence
de personnes deput�es de sa part; 3� d'obliger lesdits
moines d'�slire trois ou quatre subjects pour estre l'un
diceulx choisy par Sa Majest�; 4� En refusant
l'investiture des biens dependans des abbayes a tous
ceulx qui ne seront poinct agreables au Roy. En
troisi�me lieu de deffendre l'exercisse de tout aultre
religion que de la romaine cela s'estant tousiours
observ� par les ducs depuis que Luther et Calvin ont
publi� leurs nouvelles oppinions et de manniere que si
dans l'estendue de la Lorraine et Barrois il y a
maintenant quelque famille qui fasse profession du
calvinisme ou luth�ranisme il est certain que les
familles ne sy sont etablies que depuis que le Roy en
est devenu le souverain legitime. En quatriesme et
dernier lieu de donner aux cur�s (12) des portions
congrues suffisantes pour leur subsistance a dessein par
cette iustisse que le Roy fera aux cur�s lesquels sont
tr�s maltrait�s par les decimateurs desdits pays de leur
donner subiect de faire entendre a leurs paroissiens
leur debvoir envers Sa Majest�.
A lesgars des gentilshommes qui composent le Corps de la
Noblesse desdits pays pour leur faire aimer la
domination du Roy et oublier la superiorit� que les
aieulx du prince Charle avoient usurp� sur eulx je
propose quatre moiens, le premier de retrancher de leur
corps tous ceulx qui en ont usurp� la qualit� ou qui ont
est� annoblis par les ducs (13) ou aultres lesquels non
plus que lesdits ducs n'ont poinct eu le droict ny
pouvoir de les annoblir a dessein : 1� de contenter l'ambition de la noblesse ancienne (14) qui se croira
extremement honnor� de se voir ainsy distingu�e; 2� de
donner a cognoistre a tout le monde que les ducs n'ont
poinct eu le droict dannoblir et par cons�quent qu'ils
nont poinct est� souverains dans l'estendue de leurs
terres et seigneuries et que sil y ont exerc� ce droict
de Souverain et plusieurs aultres que sa est� par
usurpation et par consequent que l' Empire a c�d�
legitimement au Roy la souverainet� desdites terres et
seigneuries ; le second d'accorder ung fermier franc �
chacun gentilhomme suivant la declaration du Roy par ce
que cela leur donnera quelque moien de subsister et que
c'est le seul droict que le feu duc Charle leur a laiss�
d'un grand nombres d'aultres qui leur appartenoient
lesquels estoien t si considerables qu'ils se disoient
�gaulx aux ducs, leurs amys et allies, et non pas leurs
subiects ; le troisiesme d'accorder aux gentilshommes
qui avoient voy et sceance aux assises (15) de Lorraine
ou aux grands jours de Saint-Mihiel: (16) 1� le droict
de Committimus au petit sceau ;(17) 2� de pouvoir seuls
estre bailly desp�e des bailliages royaux; 3� d' estre
Conseiller d'honneur ou dep�e dans les pr�sidiaux ou
Conseils provinciaux qu'il est aussi n�cessaire d'establir
dans lesdits pays pour les raisons que je rapporteray cy
apres tout cesi dans la vue de contenter lambition de la
noblesse desdits pays et de faire tout ce qui se peut
pour l'interesser a la conservation de la domination de
Sa Majest� pour bien faire entendre pourquoy les moyens
que ie propose � lesgard de la Noblesse produiront les
effects que je fay esperer il est n�cessaire de scavoir
qu'encors que depuis la transaction pas� en 1542 par le
duc Anthoine de Lorrainne avec les Estats de l'Empire
ledit duc, le duc Charle son petit fils et le duc Henry
fils dudit duc Charles aient faict tout ce quils ont pu
pour seriger en souverain dans toutte l'estendue de ce
quils ont appel� le duch� de Lorraine et de Bar non
mouvant et pr�tendu non mouvant et quils aient
insensiblement usurp� beaucoup de droits dont iouissoit
l'ancienne noblesse desdits pays avant ladite
transaction mesme quils aient annobli plus de neuf cent
familles pour diminuer l'esclat et l'authorit� de
l'ancienne noblessse susdite. Neantmoings que lesdits
ducs nont point cru leur affaire estre, d'empescher
l'ancienne noblesse de iouir dans leurs terres du droit
de buffet (18) et d'assise et de grands iours dans les
terres et seigneuries desdits ducs, c'est-a-dire de
iuger souverainement.... chacun en son particulier les
causes civilles et criminelles des habitans de leurs
seigneuries et de iuger tous ensemble aussi
souverainement aux assises de Lorraine et aux grands
iours de Saint-Mihiel, les causes civilles et
criminelles tant desdits ducs que des habitants des
terres et seigneuries qui leur appartenaient, et bien
que le duc Charle oncle du prince du mesme nom aussitost
la mort du duc Henry arriv�e en 1624 ait beaucoup
entrepri sur le droit, tant de la Noblesse que des
autres habitans des terres et seigneuries dont il
iouissoit du chef de sa femme, que de la France et
aultres, il n'a point cependant aus� entreprendre de
priver ladite Noblesse desdits droits qu'apr�s avoir
faict plier la plus grande partie et ruin� lautre � le
suivre a la guerre il a establi � St-Mihiel et � Nancy
un tribunal de justice auquel il a donn� le nom de
Parlement.
Oultre tous les moiens qui ne regardent que les corps du
Clerg� et de la noblesse chacun en leur particulier i'ai
encors propos� daultres lesquels les regardent aussy et
particulierement les gens du Tiers Estat dudit pays dans
la veue de faire oublier aux ungs et aux aultres leurs
anciens maistres et aimer la domination du Roy.
Le premier desdits rnoiens est de deffendre la lev�e des
p�ages establis sans necessit�, et des droits de hault
conduy de tonneu on six deniers pour franc de sauvernent,
de bourgeoisie et de l'aide de Saint Remy (19) mesme de
punir ceux qui soub pretexte de la levee desdits droits
ont faict des exactions publiques. Ayant compris dans ce
moien la meilleure partie de tous les droits dont la
lev�e fatigue le plus les Lorrains et Barisiens sans que
Sa Majest� en tire un grand fond de finance, et dont la
suppression fera que ces peuples aimeront la domination
de Sa Maiest�, il est necessaire, il semble, de donner a
cognoistre en quoy consistent lesd. droits, pourquoy et
comment ils fatiguent le peuple.
Soub ce mot de p�age s'entendent tous les droits qui se
paient sur les ponts et chauss�es et sur les chemins. A
lesgard de ceulx qui se paient pour l'entretennement des
ponts et chauss�es il est appropos de donner ordre que
ces droits ne soient point exorbitens et qu'aulieu
pourquoy (o�) le droict est deub y (il) y ait la loge du
recepveur de ce droict et audevant de ladite loge un
poteau sur lequel soient escript ce qui se doibt paier
pour ledit droict. A lesgard des droicts qui se levent
sur les chemins, o� il n'y a point de pont ny de
chauss�e � entretenir il y en a qui s'appellent droict
de traver d'aultre de haut conduit ou d'aultre noms
suivant les pays. Ces drois ont �st� etablis par l'authorit�
priv�e des seigneurs particuliers seavoir le droict de
traver pour permettre de passer dans le destroict ce
leurs seigneuries ; quant au droict de hault conduit il
se payoit enciennement pour passer avec suret� dans le
detroict de la seigneurie et moyennant le paiement de ce
droict le seigneur estoit responsable de ce qui estait
vol� dans le d�troit de sa seigneurie ce qui ne se
praticquant plus et d'ailleurs estant au souverain de
tenir les chemins de son Estat sures et libres et non
pas � ses subiects, il y a justice dabolir lesdits
droits et tous les aultres de ceste nature parceque soub
pretexte de la lev�e desdits droicts les recepveurs
exigent plus qu'il ne se paie et faulte de les
(acquitter) continuer ? arestent les personnes ou ce
quils conduisent par lesdits chemins, ce qui fatigue
extraordinairement les peuples et empeche la libert� du
commerce.
Le droict de tonneu (20) est un ancien droict royal dont
les Empereurs ont investi les Euesques depuis plus de
cinc cent ans et vraisernblablament les evesques ....
ont aussi investi les vassaulx de leurs eglises dans le
pays que subisse ce droict se paie a raison de dix
denier pour la vente d'une cavalle ou une grande beste a
corne et ung denier pour la vente dune dousaine de beste
a laine et pareille somme pour la vente d'une petite
beste � corne ou dunq pourceau, trois denier pour la
vente de toutte sorte de danr�e qu'un homme emporte sur
son col vingt denier de toute danr�e vandue qui se
transporte sur une charette hors de la seigneurie et
quarente denier sur ung chariot dans l'estendue des
seigneuries dont iouissent encors les evesques. Ce droit
est si peu considerable qu'en la plus part des lieux la
lev�e en est abolie ; avant le duc Charle dernier mort
(1675), la lev�e de ce droict de peu de rapport estait
aussi n�glig� dans l'estendue de ses seigneuries. Ce
prince voulant augmenter ses revenus (� l'imitation des
archiducs qui en 1600 ont ordonn� que dans le Luxembourg
lon paierait pour droict de tonneu le soixantiesme
denier de la vente des danr�es) s'est advis� d'ordonner
que pour le droict de tonneu tous ses subiects
paieraient six deniers pour franc pour la vente et
revente de toutte sorte de danr�e, mesmes des droicts de
hault conduy pour tout ce qui sortirait de ses terres et
seroit transport� en france, dans les (pays-bas?) (
ev�ch�s)? ou dans le Luxembourg. Tant que ce droict a
est� lev� de son temps il lui produisait fort peu de
revenu, ses subiects neantmoings en faisaient de grandes
plaintes et de celuy qui auoit donn� � ce prince l'advis
destablir ce droit mal assur� quil estait resolu de
l'abolir accause du peu de revenu qu'il en tirait et
des plaintes qui luy en estaient faittes. Le fermier du
Roy aiant souferm� ce droict a des gens du pays les souf
ermiers se sont enrichis for considerablement a faire
paier ce droict ; les fermiers generaulx depuis aiant
augment� la ferme generalle les mesmes sousfermiers du
precedent bail ont aussi augment� la souferme dudict
droict et de celuy de hault concluy sachant bien quils
gagneroient encor en continuant simplement a le faire
paier comme ils avoient fait pendant le bail precedant ;
mais ces sortes de gens ne voulant poinct se contenter
d'un gain honeste et voulant tout d'un coup devenir
riche, ils se sont advis�s de ne poinct lever lesdits
droicts pendant les quatre prerniers moy de leur bail et
apres ledit temps sont all� dans les villes et villages
faire assigner generallement tous les habitans de chacun
lieu pour eulx voir condamner � l'amende faute d'avoir
d�clar� les denr�es par eulx vendues et d'en avoir pai�
le droict de six deniers pour franc, ces assignations
les aiant effrai� les peuples pour se liberer de proces
ont est� oblig� de compter avec les soubfermiers a telle
somme quil leur a plu. Par ceste conduitte lesdits
soubfermiers ont exig� de la ville de Neufchateau cent
mil franc au lieu de trente mil quils en avaient tir�
pendant le temps de leur bail precedent de mani�re que
les habitans de Nancy, Mircour, le Neufchateau et grand
nombre d'autres. quoique tres affectionnes au prince
Charle, pour estre liber�s de la ruine que leur cause la
lev�e desdits droicts me sont venus prier plusieurs foy
de les faire r�unir pour en estre exempt.
Le droict de sauvement est ung droict que les seigneurs
particuliers qui avoient des ch�teaux forts ont establi
ou pour permettre aux habitants du voisinage desdits
chateaux de s'y sauver et mettre en seuret� (21) ou pour
les prendre soub leur protection, ce droict iniurieux �
l'authorit� du souverain doibt estre aboly pour ceste
raison et par ce qu'il fatigue les peuples y aiant des
lieux qui paient ce droit a cinq et six endroits quoy
que les chasteaux soient ras�s et que les seigneurs ne
soient poinct en estat de les prot�ger.
Le droict de bourgeoisie est ung droict que les
seigneurs particuliers ont estably sous pr�texte de
permettre de venir habiter dans lestendue de leur
seigneurie ce droit aiant du rapport avec le droict de
donner lettre de naturalit� aux �trangers il semble qu'�l
doiht estre aboli pour ceste raison et parcequ'il est
contre la libert� publicque.
L'aide de Saint Remy est une imposition et lev�e de
certaine somme que les ducs de Lorraine et beaucoup
daultres seigneurs du pays ont aultrefoy impos� sur les
habitans de leurs seigneuries de ... et pour fournir aux
d�penses de l'Empire laquelle imposition et lev�e a est�
continu�e par lesdits seigneurs sans ordre ny permission
de l'Empire c'est pourquoy ceste lev�e doit estre
supprim�e et encor parceque le pauvre paie aultant pour
ledit droict que faict le riche, cc qui est injuste.
(22)
Le second moien que je propose qui regarde le Clerg� la
Noblesse et le tiers Estat est de lever les bureaux des
entr�es et sorties de France des lieux ou ils sont entre
la Lorraine, le Barroy et la France et de les porter et
establir sur les confins d'entre la France et l'Empire.
(23) Je ne propose poinct ce moien dans la veue
simplement de persuader les Lorrains et Barisiens que le
Roy les veut soulager des charges du droict d'entr�e et
sortie de son royaulme et effacer les marques qui les
ont fait croire iusqu'a present qu'ils sont d'une
domination differente de celle de Sa Majest�, mais ie
propose ce moyen dans la pans�e qu'il produira beaucoup
daultres advantages tres considerables a l'Estat
lesquels pour ceste raison il est necessaire il semble
de faire cognoistre par le menu.
Oultre les advantages que ie viens de remarquer dont l'Estat
profitera l'ex�cution de ce moien sera encor cause: 1�
que le commerce s'establira tant entre les habitans du
pays qu'entre les aultres subiects de Sa Maiest� ce qui
fera que les uns et les aultres deviendront riches et en
estat de secourir Sa Maiest� plus consid�rablement
qu'ils ne le peuvent faire presenternent; 2� que les f
ormes des salines et des antr�es et sorties de France en
Lorraine Barrois et Luxembourg quadrupleront; 3� que les
villes de Spir, Vuorms, Maience, Coblence, Tr�ve,
Luxembourg seront oblig�es de demander au Roy la grace
d'estre receus soub sa protection perp�tuelle sans que
l' Empire ny aultre puisse se pleindre avec iustisse ;
4� que Sa Maiest� dimminuera plus la puissance des
princes du Rhein et des Hollandais m�me par ce moien
qu'en leur faisant ouvertement la guerre ainsy qu'il est
ais� de consepvoir sans que neantmoings ny les uns ny
les aultres puissent se pleindre que Sa Maiest�
contrevient aux trait�s de Munster et de Nim�gue ny
mesme quelle faict des choses contraires au droict des
gens et des Souverains ; 5� que Sa Maiest� ne peut rien
faire sans rompre la paix qui puisse plustost donner le
... (sujet) pour benir sa domination qu'en ex�cutant
ledit moien et les suivant.
Le 3�, 4� et 5� moien que je propose pour faire oublier
aux Lorrains et Barisiens leurs anciens maistres et
aimer la domination du Roy sont de faire vivre les
trouppes avec le m�me ordre qu'en Flandre, de reformer
les d�sordres qui se commettent dans l'administration de
la iustisse polisse et finances et de faire restablir
les Ponts et chauss�es. Je propose ces trois moyens qui
regardent l'establissement d'un bon ordre dans des pays
ou il y en a eu peu iusques a present et ou chacun se
pleint des injustisses qui sy font dans la seulle veue
de faire aimer la domination du Roy.
Le sixiesme moien que je propose est de faire rentrer
les Cornrnunaut�s dans leurs usages et de regler le
paiement de leurs debtes,
Je propose ce moien dans la pensee de donner moien au
Communault�s de faire des nouritures (24) qui sont les
mines d'or des peuples desdits pays et d'empescher ceulx
� qui il est deub par les communault�es de les
contraindre � paier plus que ce que qu'ils pourront.
Le sept et huietieme moyen que ie propose sont de
deffendre absolument lexposition des monoies fabriqu�es
au coin des ducs de Lorraine, et a lesgard de celles des
aultres princes est moyen d'en deffendre aussi
lexposition sinon qu'aux conditions port�es dans les
ordonnances; 2� d'ordonner qu'� l'avenir dans lesdits
pays les stipulations se feront en livres, sols et
deniers tournois.
Je propose ces deux derniers moiens a dessein de faire
oublier aux Lorrains leurs anciens maistres et a eulx et
� tous les aultres peuples r�unis. La diff�rence qu'il y
a entre la monoie du Roy et celle des aultres princes
mesme de les accoutumer � cognoistre leur souverain et
voiant iournellement son effgie sur sa monnoie.
Apres avoir remarqu� les raisons qui m'ont port� a
proposer les precedens moiens pour faire oublier aux
Lorrains et Barisiens leurs ansiens maistres et auner la
domination du Roy il ne me reste plus qu� achepver ce
m�moire qu� remarquer les raisons qui m'ont faict
proposer pour moien de les int�resser a conserver la
domination du Roy d'est�blir le plus qu'il se pourra de
prevot�es bailliages royaulx et pr�sidiaux et de toutes
sortes de tribunaux et officiers.
La premi�re veue qui m'a port� a proposer ce moien est
qu'en donnant occasion aux Lorrains et Barisiens de
contenter leur humeur ambitieuse. De tirer d'eux le peu
de liquide qu'ils ont ou qu'ils auront credit davoir par
des emprunts et par ce moien les obliger par leur propre
interest � maintenir et conserver la domination du Roy.
La seconde quil y ait dans tous les lieux de la Lorraine
et barrois des personnes qui soient oblig�es par leur
interest particulier � la conservation de ladite
domination.
La troisiesme et derniere veue qui me porte a proposer
ledit moien est d'empescher tous les desordres qui sont
dans lesdits pays en l'administration de la iustisse,
polisse et finances. �
(1)
Difficilius est provincias obtinere quam facere, viribus
parantur jure retinentur. Florus Epit. lib. II. :30
alias. 1. IV, 12.
(2) Nous croyons devoir faire observer ici, pour �viter
tout malentendu, que la Lorraine, dans la pens�e de
l'auteur du document, est l'ancien duch� de Lorraine et
de Bar dans lesquels n'�taient compris ni les
Trois-Ev�ch�s, ni les quelques enclaves qui relevaient
directement de l'Empire. - M�me remarque pour le mot
Lorraines.
(3) Histoire de la r�union de la Lorraine � la France.
(4) Jameray Valentin Duval (1696-1775), biblioth�caire
de Leopold puis du duc Fran�ois, le suivit � Florence
puis � Vienne.
(5) M�moires de Jammeray Duval. :Ms. de la B. de l'
Arsenal. Dans Digot V 292.
(6) M�moires manuscrites sur la Lorraine et les Trois
�v�ch�s. B. de Metz.
(7) Il avait �t� charg� d'�tudier les titres du Tr�sor
des chartres de Lorraine lorsqu'elles furent
transport�es � la citadelle de Metz. Puis en 1683, de
concert avec Du Choisy, des titres des trois �v�ch�s.
(8) M�moires historiques sur la Lorraine par l'intendant
Turgot. Ms. de la Bibl. de Metz p. 390.
(9) Dans trois lignes l'auteur dessine un caract�re que
nous avons du mal � reconna�tre dans notre peuple
lorrain, non-seulement d'aujourd'hui, mais de l'�poque
o� ce document fut �crit. Ces trois lignes sont certes
les plus inexactes de tout ce rapport, Vaubourg des
Mar�ts, intendant de Lorraine, un Fran�ais, nous en
trace un portrait que nous croyons plus fid�le. (M�moire
sur l'�tat de la Lorraine � la fin. du XVII) Recueil de
Doc, sur l'histoire de Lorr. t. IV. P- 25. �� Les
Lorrains sont tous fort laborieux. (Boulainvillers va
plus loin, il dit �� ce peuple est tellement laborieux
qu'il faudrait lui couper les bras pour l'emp�cher de
travailler �) Le pays qui n'est pas peupl� et qui
n�anmoins, est partout fort cultiv� en est une marque
certaine. Ils sont commun�ment grossiers du moins le
menu peuple .... ceux qui se sont comme on dit, d�pays�s
ne manquent ni d'esprit ni de politesse. L'esprit du
commun peuple est plut�t pesant que vif, et son langage
tout � fait d�sagr�able. Il ne faut pas croire pour cela
qu'on ne trouve pas en Lorraine comme partout ailleurs
de bons esprits, capables d'affaires, de sciences et de
belles lettres .... Les peuples lorrains voisins des
Allemands participent aussi de la lenteur des Allemands
.... Les peuples du pays sont si fort attach�s � leurs
anciens usages, aux anciennes mani�res et � tout ce
qu'ils ont vu faire et pratiquer par leurs p�res et par
ceux qui les ont pr�c�d�s, qu'on a peine � les changer
m�me en bien �. A part, le d�faut d'�tre �� naturellement
glorieux � d�faut tellement naturel qu'il est plut�t
humain que Lorrain que restet-il, apr�s ces citations,
des qualifications d'amateurs de nouveaut�s, et de
paresseux. Quant � leur pauvret�, je croirais plus
raisonnable d'en attribuer la cause � la guerre de
Trente ans qu'� leur paresse. Peut-�tre aussi (et c'est
l� un moyen de concilier les deux opinions), nos paysans
lorrains faisaient-ils comme les fellahs d'Egypte, il
n'�taient paresseux que pour �tre moins ran�onn�s par
les troupes amies et ennemies qui occupaient pour lors
le pays.
(10) Les privil�ges du clerg� lorrain valaient ceux du
clerg� de France, seulement depuis l'occupation
fran�aise ils �taient comme n'existant pas; a tel point
que le Parlement de Metz avait impos� les personnes
eccl�siastiques � diverses reprises, nonobstant tonte
r�clamation. Ce que Ravault propose de leur accorder
n'�tait donc rien de nouveau et plut�t une restitution
qu'un bienfait.
(11) Le droit d'�lection avait �t� supprim�, afin de
nommer des Fran�ais aux charges et b�n�fices
eccl�siastiques. (Voyez le texte de Jaimeray Duval dans
l'Introduction) Ce que l'auteur offre en retour n'�tait
gu�re pr�f�rable. Autant l'arbitraire qu'une libert�
pareille.
(12) Dans le principe la d�me appartenait � Dieu et aux
pauvres, elle servait � nourrir les pasteurs, �
entretenir les �glises et � subvenir aux frais du culte.
Mais dans la suite des si�cles, la noblesse, le haut
clerg�, les abbayes s'empar�rent d'une partie du
patrimoine des �glises rurales, de telle sorte qu'au
XVIIe si�cle, les �glises de campagnes et les cur�s n'en
percevaient gu�re que le tiers, c'�tait ce que l'on
appelait la portion congrue. Plus tard L�opold et Louis
XVI la fix�rent � un minimum de 600 livres. Mais alors ��
toutes les cures de la Lorraine et du Barrois �taient
d'un si modique revenu, qu'il n'y en avait presqu'aucune
qui ne fut r�duite � la portion congrue �. Vaubourg des
Marets. l. c.
(13) D�j� � la fin du XVIe si�cle on comptait plus de
400 haut-justiciers qui ne faisaient point partie des
deux premi�res classes de la noblesse.
(14) La noblesse lorraine se composait des membres de
l'ancienne Chevalerie, ensuite des membres des familles
nobles, �trang�res au duch�, mais qui s'y �taient fix�es
depuis un certain temps et on les appelait, pour les
distinguer des membres de la chevalerie nobles fiebvez,
pairs on pairs fichvez (voyez note suivante), enfin des
annoblis.
(15) �� Des gentilshommes, les uns sont de l'ancienne
chevalerie du duch� de Lorraine et les autres non. Ceux
de l'ancienne chevalerie jugent souverainement sans
plainte, appel ni r�vision de proc�s, avec les Fiebvez
leurs pairs, de toutes causes qui s'intentent aux
assises du baillage de Nancy, comme aussi des
appellations qui y ressortissent de celles des baillages
de Vosge et d'Allemagne � Coutumes de Lorraine. Tit. I,
art. V.
(16) La cour des Grands-jours de St-Mihiel �tait une
juridiction qui offrait de l'analogie avec les assises
de Lorraine. Elle �tait cour souveraine pour le Barrois
non mouvant.
(17) Privil�ge de plaider devant certains juges et de
faire �voquer les causes l� o� on avait int�r�t. Le
droit de committimus au petit sceau n'avait de valeur
que dans le ressort d'un parlement.
(18) Juridiction seigneuriale, devant laquelle on
interjetait appel,
(19) Ces droits sont expliqu�s plus bas en d�tail.
(20) Le tonnagium ou droit de tonneux �tait un droit que
l'on percevait sur les march�s.
(21) Les ch�teaux du moyen �ge servaient de lieu de
refuge aux paysans des environs pendant les guerres si
fr�quentes � cette �poque. Ils s'y retiraient avec leurs
biens et leurs troupeaux.
(22) En 1489 les Etats g�n�raux de Lorraine, c�dant
enfin aux sollicitations de leur souverain, d�cid�rent
une lev�e de deux francs sur chaque conduit (ou feu) le
fort portant le faible, cette redevance devait �tre
pay�e au plus tard le jour de la F�te de St-Remy. Mais
ils voulurent que Ren� sign�t des lettres dans
lesquelles il reconna�trait que la perception de l'aide
�tait une d�rogation aux usages anciens et une pure
lib�ralit� de la part des Etats. (Rogeville, Dict. des
ordonn. T. 1., p 595 et II 142.)
Les m�mes besoins s'�tant fait de nouveau sentir les
ann�es suivantes, cet aide extraordinaire devint l'aide
ordinaire de St-Remy. (Digot, III. 398).
(23) Ce droit, �tabli vers le milieu du XVIe si�cle, ne
fut aboli que par la r�volution. Il �tait plus g�nant
pour la circulation que lourd pour le commerce. (V. Dr
Mathieu L'Ancien r�gime en Lorraine, p. 183).
(24) Elevage de bestiaux. |