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Notice sur Nicolas Remy - L. Leclerc - 1853

Voir Sorcellerie dans le Bl�montois


M�moires de l'Acad�mie de Stanislas (Nancy)
1853

Notice sur Nicolas Remy par M. L. Leclerc
Incedit per ignes...
DISCOURS DE R�CEPTION

MESSIEURS,
Pour un r�cipiendaire le meilleur de tous les exordes est un remerciement, non pas dans les termes vagues et pompeux d'une banalit� polie, mais parti du coeur, et simple comme la v�rit�.
Permettez-moi donc de vous remercier avant tout de l'honneur que vous m'avez fait, en m'appelant � vous avec une spontan�it� qui devait en doubler le prix � mes yeux.
Cet honneur que les plus dignes n'obtiennent souvent qu'apr�s une longue attente, vous me le d�cerniez au lendemain de mon retour dans notre belle province, comme pour consacrer une fois de plus l'heureuse et antique alliance de la magistrature et des lettres, et ratifier, en quelque sorte, par vos libres et intelligents suffrages le choix du Souverain.
Tant de bont� m'inspirait une profonde reconnaissance et je me croirais bien coupable de vous en apporter seulement aujourd'hui l'expression, si ce retard ne tenait � des causes diverses, connues, toutes plus fortes que mon impatience et ma bonne volont�.
Je me trouve ainsi au moins deux fois votre d�biteur, car les int�r�ts accumul�s d'une dette longtemps impay�e deviennent bient�t un second capital et, � cette s�ance m�me, je voudrais, en vous satisfaisant d'une mani�re compl�te, pouvoir me dire enfin lib�r�.
Mais comment atteindre mon but ? Qu'offrir � une Soci�t� savante dont presque tous les membres sont des ma�tres dans l'art de penser ou d'�crire, et qui a, par cela m�me, le droit de se montrer exigeante envers ses derniers venus ?
Je me proposais d'abord de vous retracer la vie si simple, si bien remplie, si justement honor�e, de mon pr�d�cesseur (1). Mais M. Parade comptait autant d'amis que d'�l�ves et il avait trouv� d�j� dans l'un d'eux (2) le plus exact, le plus �loquent et le plus autoris� des historiens. Apr�s avoir lu ces pages �crites avec son coeur par un homme du m�tier, il m'a fallu renoncer � mon dessein. Personne ne dira mieux d�sormais les travaux, les services, les m�rites de celui qui fut, du 26 juin 1838 au 29 novembre 1864, le Directeur �minent de l'Ecole foresti�re de Nancy (3).
Si cette consid�ration ne me permet point de vous soumettre l'unique biographie contemporaine qui pourrait avoir ici dans ma bouche quelque �-propos, elle me laisse du moins couvert le champ plus vaste des si�cles pass�s, et je vais leur demander, pour sujet de mon discours, l'un des noms les plus fameux de l'ancien ordre judiciaire du pays.
Plusieurs raisons m'y d�terminent.
G�n�ralement bien accueillies de l'auditoire, auquel elles n'imposent qu'une attention restreinte et sans fatigue, les notices individuelles ont presque toujours pour leurs auteurs tout l'attrait de la difficult� vaincue et d'une sorte de cr�ation; soit qu'elles r�habilitent un personnage trop s�v�rement jug�, soit qu'elles fournissent sur ses habitudes, son caract�re, ses ouvrages, sa personne, des d�tails curieux et in�dits.
Quand le biographe d�couvre, � grand'peine, un lieu, une date, un mot, un fait, m�me le plus petit, se rattachant � son h�ros, et qu'avec ces mat�riaux, longtemps �pars et ignor�s, il parvient � le faire, pour ainsi dire, revivre sous nos yeux, il �prouve une joie �gale � celle du peintre ou du statuaire qui, en l'absence du mod�le, � l'aide de r�miniscences habilement provoqu�es, fait sortir d'une simple toile ou d'un bloc de marbre un saisissant portrait.
Ne sait-on pas, d'ailleurs, qu'en �crivant l'histoire de certains hommes, on �crit celle de toute une �poque, de ses id�es, de ses pr�jug�s, de ses grandeurs, de ses mis�res, et qu'on apporte ainsi sa modeste pierre au majestueux �difice qui doit �tre un jour l'histoire g�n�rale, l'histoire de tous ?
A ce point de vue, je me plais � le dire, parce qu'on l'oublie, peut-�tre, un peu trop, je resterai fid�le � la pens�e de notre bien-aim� fondateur. Si je consulte, en effet, les premiers statuts par lui donn�s � la Soci�t� Royale des Sciences et Lettres de Nancy (4), je constate qu'il lui assigne surtout la mission de r�unir et de mettre en oeuvre les documents historiques d'un peuple dont il faisait le bonheur, et qu'il voulait, sans doute, consoler � l'avance, de sa nationalit� perdue, par le glorieux souvenir de ce qu'il avait �t�.

I

Nicolas Remy est n� � Charmes, Vosges, dans le premier tiers du seizi�me si�cle (5), sans qu'on puisse, d'une mani�re certaine, assigner � sa naissance une date plus pr�cise.
Il appartenait � une de ces familles pl�b�iennes, morales dans leurs habitudes, simples dans leurs go�ts, intelligentes, laborieuses, au sein desquelles la magistrature aime � se recruter et se recrute toujours avec profit. Il n'y trouva point la fortune, mais le quotidien et salutaire exemple de toutes les vertus domestiques, et cette heureuse m�diocrit� qui place les �mes d'�lite dans les meilleures conditions de succ�s, parce qu'elle leur apprend � ne chercher qu'en elles-m�mes les moyens de l'obtenir et de l'honorer.
Il sut de bonne heure se suffire, et, apr�s avoir assid�ment suivi les Universit�s de France (6), devenu licenci� �s loix, il se fit professeur de litt�rature et de jurisprudence, non-seulement pour ne relever que de lui dans la satisfaction de ses besoins, mais encore afin de se mieux pr�parer au sacerdoce judiciaire par l'un des plus p�nibles et des plus f�conds noviciats.
Cette �preuve volontaire ne dura pas pour lui moins de vingt ans, et il devait en avoir � peu pr�s quarante, lorsque, le 25 mars 1570, un de ses oncles maternels, Fran�ois Mittat, lieutenant-g�n�ral au baillage de Vosges, sollicita l'autorisation de lui transmettre des fonctions que la vieillesse et les infirmit�s ne lui permettaient plus de convenablement remplir (7).
Nicolas Remy avait bient�t, dans cette premi�re charge, donn� sa mesure et le Duc de Lorraine, comprenant tout le parti qu'il pouvait en tirer, l'attacha � sa personne en qualit� de secr�taire ordinaire, le 4 novembre 1575 (8).
Il allait ainsi devenir le confident intime et l'interpr�te habituel d'un des princes les plus distingu�s de son temps. C'�tait le Duc Charles III, surnomm� le Grand, le fils de Christine de Danemarck, le gendre de Henry II et de Catherine de M�dicis, le petit-neveu de Charles-Quint, le proche des Guise, l'�mule de Henri IV (9)
En reprenant � Nicolas Remy la lieutenance-g�n�rale de Vosges, pour l'appeler dans sa capitale, le Duc ne voulait pas seulement demander � son intelligence, � sa discr�tion, � son z�le, des services personnels, il songeait aussi, dans l'int�r�t de la justice, � utiliser sa science de jurisconsulte, et, l'ann�e suivante, en 1576, il en faisait l'un des membres du Tribunal des �chevins de Nancy (10).
Par la nature de ses pouvoirs et l'�tendue de son ressort, le Tribunal des �chevins ou du change, auquel nos annalistes aiment � donner les noms de Tribunal souverain du Prince (11), constituait, en r�alit�, apr�s les Assises de la chevalerie, la plus haute juridiction du duch� (12).
On ne devait l'honneur d'y si�ger, ni au hasard de la naissance, ni � un de ces tristes march�s qui faisaient ailleurs descendre la plus noble fonction au niveau de la plus vile marchandise, mais � des moeurs irr�prochables, � une longue exp�rience et � de fortes �tudes. D'apr�s un contemporain, plus en situation qu'un autre d'en dire son sentiment (13), il se composait de �� gradu�s, personnes excellentes et bien choisies, instruites en mati�res civiles et criminelles � (14).
Les mati�res civiles et criminelles se partageaient, en effet, ses longues audiences.
Il jugeait, au civil, avec ou sans appel, les affaires des gentilshommes, anoblis et autres privil�gi�s, hors les cas que r�servait la coutume (15).
La qualit� des justiciables r�v�le ici l'importance des juges, � une �poque o� l'aristocratie se refusait � admettre l'�galit� devant la loi; et cependant, si, le Tribunal des �chevins n'avait connu que des litiges civils de la noblesse lorraine, le souvenir en serait, sans doute, depuis longtemps effac�; mais il faut surtout voir en lui un Tribunal de r�pression; et, c'est en l'envisageant sous cet aspect, que l'on comprend la notori�t� dont il jouissait et que lui a conserv�e l'imagination d'un peuple ignorant, superstitieux et effray�.
Au criminel l'autorit� du Tribunal des �chevins s'�tendait � toutes les parties de la Lorraine; s'il n'instruisait et ne jugeait les proc�s que dans la pr�v�t� de Nancy, de partout ailleurs les proc�dures devaient lui �tre toujours communiqu�es, afin qu'il donn�t pr�alablement son avis.
Cet avis, d'abord facultatif, devint peu � peu obligatoire, encourag� par le prince dont il augmentait l'influence et auquel il permettait de surveiller et de r�gulariser dans ses Etats le plus important des services publics et le plus redoutable des droits de la puissance souveraine, celui de punir (16).
Les membres de la chevalerie eux-m�mes, ces gentilshommes si fiers de leur origine, si jaloux de leurs pr�rogatives, subissaient la loi du Tribunal des �chevins, quand ils se rendaient coupables d'un d�lit ou d'un crime, sans autre faveur que l'adjonction, dans tous les cas, de quelques-uns de leurs pairs ou l'�vocation au conseil du Duc, s'il s'agissait d'affaires touchant le point d'honneur (17).
Nicolas Remy fut, pendant quinze ann�es, l'un des membres les plus instruits, les plus laborieux, les plus fermes du Tribunal des �chevins. Que, dans l'appr�ciation de certains faits, son �nergie ait d�pass� le but, je n'h�site pas � le reconna�tre, me r�servant toutefois de plaider tout � l'heure les circonstances att�nuantes devant l'histoire, ce grand jury, dont toutes les sentences ne sont pas des verdicts, et qui doit � ceux qu'il condamne, sinon
l'indulgence, du moins la plus exacte justice, la plus scrupuleuse impartialit�.
Quand ici j'�voque l'histoire, le mot peut para�tre ambitieux, et pourtant, il n'est que vrai; car, de nos vieux magistrats Lorrains, bien peu ont, autant que Nicolas Remy, attir� les regards des historiens et, laissant dans l'ombre ce qui le recommandait � l'estime des hommes, les historiens n'ont cess�, sous l'empire des id�es modernes, de le traiter, comme juge, avec une excessive rigueur.
Il ne pressentait pas les col�res qui s'attaqueraient un jour � sa m�moire et contre lesquelles on dirait que le prince cherchait � le prot�ger par les t�moignages r�p�t�s de sa confiance, de son approbation et de sa faveur.
Des lettres patentes du 9 ao�t 1583 lui conf�r�rent la noblesse, sans attendre qu'avec le temps elle f�t pour lui la cons�quence naturelle et r�guli�re de l'exercice de ses fonctions (18).
Le 1er ao�t 1589 il entrait au conseil priv� en qualit� de conseiller et sans cesser d'�tre �chevin (19).
Le conseil priv� l'aurait, du reste, � lui seul, maintenu dans la sph�re de ses aptitudes sp�ciales, puisque ce conseil s'occupait des mati�res de l�gislation, de justice, de gr�ce puisque c'�tait de plus, et tout � la fois, une Cour d'appel et une Cour de cassation (20).
Nicolas Remy y rendit de nouveaux services qui, de plus en plus appr�ci�s, lui valurent, le 24 ao�t 1591, le titre de procureur g�n�ral de Lorraine (21).
Ce titre avait plus d'importance encore qu'aujourd'hui il conf�rait des attributions nombreuses et diverses, les unes purement judiciaires et de police, les autres essentiellement politiques. Ainsi, le procureur g�n�ral devait veiller � la s�curit� des personnes et au maintien de l'ordre public; ne laisser impunie aucune infraction � la loi p�nale; d�fendre devant toutes les juridictions, les plus �lev�es aussi bien que les plus humbles, les int�r�ts du prince, ceux des veuves et des orphelins. Et puis, quand les Etats s'assemblaient pour voter des subsides entendre les dol�ances du peuple, pourvoir � quelque n�cessit� impr�vue et urgente, il y prenait la parole, comme ferait aujourd'hui un ministre, au nom du Souverain (22). Car, Messieurs, pour le dire en passant, avec un de nos plus illustres et de nos plus regrett�s confr�res (23), la Lorraine poss�dait un gouvernement repr�sentatif et constitutionnel, alors qu'en France les assembl�es de la nation, tomb�es dans le discr�dit, ne se r�unissaient presque plus, et que l'Angleterre elle-m�me, apr�s avoir subi les convulsions de la guerre civile et la honte du r�gicide, s'essayait � la pratique, encore bien imparfaite, de la libert�.
Les forces d'un seul homme n'auraient pas suffi � l'accomplissement de tous ces devoirs; aussi le chef du Parquet pouvait-il en d�l�guer une partie � des substituts de son choix (24).
Mais, en d�pit de ses auxiliaires et de sa vigueur exceptionnelle, Nicolas Remy, presque septuag�naire, commen�ait � sentir le poids des ans il r�solut de transmettre sa charge � son fils Claude, probablement l'a�n�, qui acqu�rait de plus en plus � Paris l'habitude des affaires et la science du droit.
Le 26 ao�t 1599, c�dant aux instances de sa belle-fille, la Duchesse de Bar (25), Charles III accorda � son procureur g�n�ral la faveur qu'il lui demandait; et, � cette faveur d�j� si grande, il en joignit une autre plus grande encore, parce qu'elle �tait plus rare, celle de continuer ses fonctions, �� soit en l'absence ou en la pr�sence du nouveau titulaire, tant et aussi longuement qu'il le voudroit � (26).
Aux yeux du Prince, Nicolas Remy justifiait par sa valeur personnelle et ses bons offices, une d�rogation � la r�gle commune. Pour lui, il n'avait pas �t� seulement un magistrat de l'ordre le plus �lev� et un conseiller fid�le, il avait �t� encore, quand il le fallait, un n�gociateur habile.
On le voit, selon la coutume du temps, souvent au dehors, charg� de missions d�licates, presque toujours en compagnie des personnages les plus consid�rables, dont les noms, par leur rapprochement, ajoutaient encore � l'�clat du sien (27).
Il remplissait aussi quelquefois un r�le plus facile et tout honorifique. Pour n'en citer qu'un exemple, quand la petite ville de Marsal, envahie d'abord par les Huguenots, qui s'y livraient � tous les d�sordres, et tomb�e plus tard en la puissance de Charles III, � la suite d'un si�ge et d'un assaut, dut passer, en vertu du trait� de Saint-Germain-en-Laye, des mains de l'Ev�que de Metz en celles du Duc de Lorraine, celui-ci envoya son procureur g�n�ral en prendre officiellement possession (28).
On sait que cette formalit� diplomatique, emprunt�e au droit Romain, s'accomplissait g�n�ralement avec une certaine pompe et que les hautes parties contractantes s'y faisaient repr�senter par des mandataires dignes d'elles.
A quelque point de vue qu'on se place et sans trop s'arr�ter � de menus d�tails indiff�rents � l'histoire, mais que les allures plus modestes de la biographie autorisent, on peut donc dire que, au dix-septi�me si�cle, dans notre Lorraine, peu d'existences ont �t� plus honor�es et mieux remplies que celle de Nicolas Remy.
Vous n'en connaissez cependant encore que moiti� apr�s vous avoir montr� l'homme public s'�levant de lui-m�me, et par son m�rite, d'une humble position au fa�te des dignit�s, il me reste, par l'exacte appr�ciation de ses ouvrages, � vous montrer l'�crivain et l'homme priv�.

II

A la fin de sa longue et laborieuse carri�re, Nicolas Remy avait plus que tout autre acquis le droit au repos; mais chez lui les forces paraissaient grandir avec l'�ge, et il ne voulut, � l'imitation du grand Arnaud (29), se reposer que dans l'�ternit�.
Au moment o� les mieux dou�s d�posent la plume que leurs d�biles mains se refusent � tenir, il reprit la sienne avec plus d'ardeur et de suite.
Jusque-l�, absorb� par les exigences journali�res de fonctions multiples, la po�sie et l'histoire ne charmaient que de loin en loin ses loisirs. De toutes ses veilles il ne lui restait que des notes rares, br�ves, sans lien entre elles, et sans utilit� pour ses successeurs; la pens�e lui vint de laisser apr�s lui quelque chose de plus durable, en mettant � profit son exp�rience et ses souvenirs.
De cette pens�e sortit un premier livre dont tout le monde conna�t le titre, dont on parle souvent, mais que, de nos jours, personne ou presque personne n'a lu, et sur lequel il faut, par cela m�me, que je m'arr�te un peu plus, afin de vous le faire appr�cier.
Apr�s m'avoir entendu, vous vous �tonneriez que ce livre ait �t� pour son auteur une oeuvre favorite, si vous ne saviez que le vieux juge, comme le vieux soldat, aime � parler de ses campagnes et � en redire les moindres particularit�s.
Dans le cours du dix-septi�me si�cle, en Lorraine plus qu'ailleurs (30), la sorcellerie compta de nombreux adeptes malgr� ses lumi�res et son noble coeur, Charles III pr�cha contre eux une v�ritable croisade (31); les magistrats � tous les degr�s re�urent des ordres pr�cis, r�p�t�s, s�v�res en moins de quinze ans huit ou neuf cents p�rirent sur le b�cher, apr�s avoir subi la torture (32), et la Demonolatrie (33) n'est pas autre chose que leur lamentable histoire �crite en assez bon latin.

Nicolas Remy ne s'y pose pas en novateur (34) il suit modestement la trace de ses devanciers; il croit ce qu'ils ont cru il affirme ce qu'ils ont affirm� seulement, � l'appui de leurs affirmations et de leurs croyances, il apporte des preuves nouvelles, et ces preuves il les emprunte aux proc�s qu'il a instruits ou jug�s.
Il cite les noms, les lieux, les dates, le fait en lui-m�me, ses circonstances accessoires, les t�moins, leur demeure, toutes choses qui rendaient le contr�le facile, et qui, v�rifi�es ou pouvant l'�tre par les contemporains, excluent � ses yeux, d'une mani�re invincible, la supposition d'un mensonge ou d'une erreur (35).
Son langage, parfois tr�s-imag�, porte, du commencement � la fin, la vive empreinte d'une profonde conviction il s'�tonne que, quand la sorcellerie se r�v�le aux hommes par tant de malheurs et de crimes, on ne la reconnaisse pas � ces signes, comme � fum�e on reconna�t l'existence du feu (36) ; il invoque souvent son propre t�moignage, raconte ce qu'il a vu ou entendu (37) et s'excuse de d�fendre, trop �nergiquement peut-�tre, ce qu'il atteste sous la double garantie de son exp�rience et de sa bonne foi (38).
Ce qu'il atteste est cependant bien �trange et on s'�tonne que des hommes s�rieux et instruits y aient jamais cru.
Il nous montre le d�mon prenant toutes les formes pour aborder ses victimes (39); exploitant leur faiblesse, leur ignorance, leur pauvret�, pour les s�duire; faisant appel, pour atteindre le m�me but, aux passions qui les agitent le plus, � la vengeance, � la haine, � l'amour, � la cupidit� (40); se les attachant par des serments ex�crables (41) leur imprimant sur le corps, en un lieu qui devenait insensible, le stigmate de ses ongles (42) les souillant de son contact impur (43) les soumettant aux devoirs du plus honteux servage (44) leur imposant les plus douloureux sacrifices (45); infligeant � leur d�sob�issance les traitements les plus cruels (46).
Les sorciers, ou plut�t les sorci�res, partout et de beaucoup plus nombreuses (47), ne tardaient pas � se repentir (48); mais leur petit ma�tre (49), c'est ainsi qu'elles appelaient le diable, les retenait sous sa domination par des menaces terribles et ordinairement suivies d'effet (50). Il ex�cutait, d'ailleurs, envers elles, quelques-unes de ses promesses; car, si son or �tait poussi�re, si ses caresses �taient glac�es et st�riles (52), jamais contre un adversaire ou un ennemi elles n'invoquaient en vain son secours (53) il les associait dans une large mesure � l'exercice de son pouvoir il leur remettait d�s le premier jour une poudre noire qui tuait, une poudre grise qui rendait malade, une poudre blanche qui gu�rissait (54). Il leur apprenait � composer certaines mixtions dont la vertu op�rait des prodiges (55) il leur apprenait aussi � amonceler les nuages, � former les brouillards, la gel�e, la gr�le, � lancer la foudre et, � l'aide de ces mal�fices, � d�truire en un instant les esp�rances du vigneron et du laboureur (56).
Je n'ose pas ranger parmi les moyens de s�duction du malin esprit ces assembl�es nocturnes o� les sorci�res, trompant leurs maris, et s'�chappant par le tuyau d'une chemin�e (57), se rendaient, � travers l'espace, le mercredi et le samedi, � cheval sur un manche � balais ou sur le dos. d'un bouc o� elles dansaient en rond, retourn�es et masqu�es pour ne pas se reconna�tre (58) o� elles prenaient enfin un repas inconsistant, f�tide, sans pain, sans sel (59), au milieu d'une effroyable musique dans laquelle un b�ton creux, un cr�ne et des os servaient d'instruments (60).
Ces derniers r�ves, enfants d'imaginations en d�lire, d�passaient toutes les limites assign�es � la cr�dulit� aussi Nicolas Remy h�site-t-il, non pas � les raconter, mais � y ajouter une foi enti�re, et il conc�de que quelques-unes de ces femmes qui disaient avoir assist� au Sabbat pouvaient bien �tre les dupes d'une illusion du sommeil ou des sens, parce qu'on a constat� avec certitude qu'elles dormaient chez elles au moment m�me o� elles se croyaient assises au banquet de Satan (61).
Dans le m�me ordre d'id�es, et � ses heures de doute, il h�site �galement � admettre la soudaine et fr�quente m�tamorphose des sorciers et des sorci�res en chiens, en chats, en loups, parce que Dieu qui a cr�� l'homme � son image et � sa ressemblance, un peu au-dessous de l'ange, n'a pas pu permettre au d�mon de d�naturer son oeuvre et de la r�duire aux proportions d'un animal (62).
Et ces deux concessions ne sont pas les seules qu'il fasse au bon sens et � la r�alit�. D'autres semblent pr�tes � lui �chapper encore celles-ci trop ind�cises pour qu'on en saisisse bien l'�tendue celles-l� plus accentu�es, mais, pour ne pas blesser de chastes oreilles, impossibles � dire ici (63).
Nicolas Remy n'avait rien � nous apprendre de la proc�dure de son temps on traitait les sorciers comme les autres criminels (64) on les soumettait � la torture le bourreau devenait l'auxiliaire des juges les gr�sillons, les tortillons, l'�chelle arrachaient dans de longs interrogatoires, et par d'atroces douleurs, des aveux suspects et, ces aveux une fois obtenus, le patient montait au b�cher pour y expier un crime imaginaire, et plus d'une fois victime d'une odieuse d�lation (65).
Les enfants seuls �chappaient � cet affreux supplice on se contentait de les faire passer nus trois fois sous les verges pr�s du lieu o� leurs p�res l'avaient subi (66). L'auteur de la Demonol�trie aurait voulu qu'infect�s d'un vice incurable, qu'issus d'une race � jamais maudite, on les trait�t comme leurs a�n�s; et c'est, sans doute apr�s avoir lu sa longue dissertation sur ce triste sujet (67), qu'� la fin du si�cle dernier l'un des meilleurs historiens de notre province lan�ait contre lui l'anath�me et le comparait � Torquemada (6S).
Ce s�v�re jugement d'une conscience indign�e et que des consciences plus calmes, et non moins honn�tes (69), ont depuis accept�, doit-il �tre, en d�finitive, le jugement de l'histoire ?
Je ne le pense pas, et, ou je me trompe, ou vous ne le penserez pas plus que moi.
Pour juger un homme d'une mani�re �quitable, il ne faut pas appliquer � ses actes les r�gles abstraites et trop absolues du juste, du bien, du vrai il. ne faut pas surtout le s�parer de ses contemporains il importe au contraire de le replacer dans le milieu o� il a v�cu et de bien conna�tre les id�es qui y avaient cours et qui ont exerc� sur lui une secr�te et irr�sistible influence.
L'esprit a, comme le corps, ses maladies �pid�miques, pr�jug�s ou erreur.
Lorsqu'ils r�gnent en ma�tres, lorsque surtout ils proc�dent d'un sentiment religieux, les pr�jug�s nous aveuglent au point d'obscurcir � nos yeux la lumi�re et d'encha�ner notre libert�.
L'erreur, l'erreur commune, ressemble � l'air qui nous entoure, qui nous enveloppe, qui nous p�n�tre, que nous respirons et que nous ne pourrions pas, sans cesser de vivre, ne pas respirer; elle est si subtile, si puissante, si in�vitable, que dans les transactions humaines, quand plus tard on la d�couvre, la loi elle-m�me lui attribue la force et l'autorit� du droit (70).
Comment d�s lors, Messieurs, je vous le demande, dans le jugement � porter sur un homme, ne tenir aucun compte des pr�jug�s et de l'erreur, auxquels il a fatalement pay� son tribut (71) !
Aujourd'hui que la raison �mancip�e et plus s�re d'elle-m�me a rel�gu� les mal�fices, les sortil�ges, le sabbat, au rang de ces contes dont s'effrayait ou s'amusait notre enfance, on n'en parle plus que pour en rire mais autrefois, il y a moins de deux cents ans, tout le monde y croyait, tout le monde, le peuple, les classes �lev�es, le Prince (72). Les magistrats eux-m�mes, quoique plus instruits, partageaient l'opinion g�n�rale au lieu de voir dans les sorciers des dupes, des malades, des hallucin�s, des fous (73), et de les traiter avec mis�ricorde et piti� (74), ils y voyaient les ennemis de Dieu, les fl�aux de la soci�t� et ils se constituaient les vengeurs de l'un et de l'autre, bien convaincus que, plus ils se montraient inexorables et mieux ils s'acquittaient d'un grand et saint devoir (75).
Sur ces d�plorables aberrations de la justice humaine et sur leur cause la D�monol�trie ne laisse aucun doute c'est au nom du salut public et la main sur l'Evangile (76) que les juges envoient � la mort tant de malheureux.
Dans l'accomplissement de leur t�che si ingrate, ils n'�prouvent pas le moindre scrupule (77) ils se sentent d'autant plus � l'aise qu'ils ne redoutent pas qu'on les accuse d'ob�ir � la crainte d'un danger personnel; ils savent que, par un bienfait sp�cial de la Providence, d�mons et sorciers ne peuvent rien contre eux (78). Nicolas Remy insiste avec complaisance sur ce merveilleux privil�ge, cite ses preuves et en prend occasion pour exhorter les juges de la terre � la confiance et � la fermet�, en leur rappelant, avec un mot des Saintes Ecritures, qu'ils sont presque des Dieux, Deos uti se appellans (79).
Malgr� l'approbation qu'il leur donne, des sanglants holocaustes dont il se fait trop facilement l'historien, il ne doit cependant accepter que sa part effective de responsabilit�. Or, au Tribunal des Echevins, il ne si�geait pas seul il si�geait en compagnie des magistrats les plus savants, les plus sages de la contr�e (80), et, alors comme aujourd'hui, � la suite d'une d�lib�ration consciencieuse et libre, la sentence exprimait le sentiment de la majorit� (81).
Et puis, ce qu'on parait ignorer, c'est que, pour le crime de sorcellerie, le Tribunal des Echevins n'avait pas, m�me dans la pr�v�t� de Nancy, une comp�tence exclusive (82); les justices seigneuriales et communales en connaissaient au moins une fois sur trois, et, chose digne de remarque ! dans ces justices particuli�res, le droit de juger n'appartenait pas aux officiers du seigneur ou de la commune, mais d la multitude, multitudinis suffragiis. Le peuple assembl�, apr�s avoir ou� le rapport des proc�z, asseyait son jugement (83).
Que signifient ces mots multitudinis suffragiis qui se trouvent dans la Demonol�trie ou ceux-ci, le peuple assembl� dont se sert le duc Charles IV dans son ordonnance du 6 octobre 1629 ? Quelle que soit leur g�n�ralit�, ces mots ne sauraient s'appliquer au peuple tout entier, alors trop ignorant pour jouer un aussi grand r�le ils ne concernent �videmment que quelques hommes �lus ou choisis dans son sein (84). En quel nombre, par qui, sous quelles conditions, avec quelles garanties d'aptitude et de moralit� ? Je n'ai pu le d�couvrir. Mais le fait lui-m�me, l'intervention du peuple dans l'administration de la justice criminelle, reste indubitable et je l'invoque avec un patriotique orgueil, parce qu'il prouve que la Lorraine, dot�e d�j�, comme on l'a vu, longtemps avant sa r�union � la France, d'un gouvernement constitutionnel, jouissait aussi, dans sa forme primitive, du jugement par les pairs, c'est-�-dire de l'institution du jury.
Pour revenir � mon sujet, ai-je besoin de montrer combien cette institution all�ge encore la responsabilit� de l'homme dont je plaide ici la cause ? Peut-on �quitablement le rendre responsable de condamnations auxquelles ni lui, ni ses coll�gues n'ont concouru ? Que dis-je, Messieurs, non-seulement le Tribunal des Echevins ne concourait pas aux condamnations �man�es des justices seigneuriales, mais il exer�ait sur elles une b�nigne et salutaire influence ; il n'intervenait dans les proc�dures que pour s'assurer de leur r�gularit� et de la suffisance des charges ; il n'intervenait dans la peine que pour lui assigner � l'avance une limite qu'en aucun cas elle ne devait d�passer (85). Il �tait tout � la fois un mod�rateur et un guide, et, dans l'ordre d'id�es qui nous occupe, il y a plus d'honneur que de d�savantage � avoir �t�, comme Nicolas Remy, l'un de ses membres influents.
Si le juge me para�t excusable, je me sens plus d'indulgence encore pour l'�crivain, quand je songe � la bonhomie avec laquelle il livre son oeuvre au lecteur. Pour excuser ce qui lui manque, en la forme, sous le rapport de la m�thode et de l'art, il explique qu'il en a d'abord r�uni les mat�riaux sans intention de les utiliser jamais et que, press� plus tard par ses amis de les mettre en oeuvre, il n'a pas eu le temps de les mettre en ordre, ce qui donne � son livre l'apparence bizarre ou d'un v�tement form� de diverses �toffes, ou celui d'une ville � l'origine et aux accroissements successifs de laquelle aucun plan n'a pr�sid� (86). Ces comparaisons pleines de modestie ne manquent pas de justesse; on voudrait trouver dans les parties d'un tout, relativement consid�rable, plus d'harmonie, de coh�sion, et de suite mais la critique s'arr�te � la pens�e qu'avec ce p�lem�le d'observations erron�es et de faits incroyables, l'auteur, en d�pit de ses divisions et de ses subdivisions d'apparence scientifique, n'avait pas l'ambition t�m�raire de composer ce que, dans la langue de la science, on nomme trait�.
Telle qu'elle est, la Demonol�trie a fait de Nicolas Remy tout au moins l'�gal des Delrio (87), des Leloyer (88), des Boguet (89), des de Lancre (90), et des Bodin (91). Peut-�tre m�me, son titre, dont g�n�ralement on se contente sans aller plus loin (92), lui a-t-il valu une plus grande et plus triste c�l�brit�.
Aussi l'histoire a-t-elle �t� pour lui bien plus impitoyable que pour eux elle n'en a pas fait seulement une sorte de bourreau sous la toge, elle a voulu lui infliger encore la peine du talion et en faire un sorcier. On lit, en effet, dans un livre moderne et int�ressant sur les sciences occultes, que d�sesp�r� �� de n'�tre pas cru sur parole quand il affirmait que presque tout le monde �tait coupable de magie, il finit par se d�clarer sorcier lui-m�me et fut br�l� sur ses propres aveux (93). �
Pour le venger de cette supposition gratuite, qui ne tendait � rien moins qu'� le rendre ridicule apr�s l'avoir rendu odieux, il m'a suffi d'en interroger l'auteur ; sa r�ponse courtoise et franche me permet de vous assurer que, sur la foi d'un autre, il a pris un conte en l'air pour la r�alit� (94).
J'en ai fini, Messieurs, avec la Demonol�trie; malgr� mon vif d�sir d'�tre bref, je m'y suis longtemps attard�, parce qu'aux yeux du plus grand nombre, derri�re elle disparaissent tous les autres titres de Nicolas Remy; il en a cependant de bien meilleurs et de plus s�rieux.
Je rencontre d'abord, dans l'ordre des dates, le Recveil des principaux points de la remontrance faite � l'ouverture des plaidoieries du Duch� de Lorraine, apr�s les Rois en l'an 1597 (95).
Autrefois, comme aujourd'hui, � certaines �poques de l'ann�e, le Procureur G�n�ral entretenait ses coll�gues des devoirs, de la discipline, des moeurs judiciaires, et Nicolas Remy �tait dans l'exercice de sa charge quand il pronon�a le discours dont je donne ici l'indication.
La Lorraine entrait en possession de sa coutume �crite (96) les avocats, d�sormais s�par�s des procureurs (97), allaient pr�ter un serment professionnel et renouvel� tous les ans (98).
C'est ce serment que, le 21 janvier de l'ann�e susdite, Nicolas Remy prit pour texte de sa Remontrance, en mettant en saillie, avec beaucoup de pr�cision et de nerf, les principales obligationss qu'il imposait au Barreau.
Il y recommande le respect des magistrats, celui des !us, style et coutumes, le choix des bonnes causes et des bons moyens, l'abr�viation de la justice et de ses d�lais, la mod�ration dans les honoraires, l'urbanit� et la convenance dans les relations confraternelles.
Ce discours de rentr�e, le premier ou l'un des premiers que l'on connaisse (99), est un curieux sp�cimen de l'�loquence du temps; mais il ne donne pas de la mani�re d'�crire de Nicolas Remy une id�e aussi exacte et aussi compl�te qu'une autre production due � ses veilles et qui nous permet de le regarder comme l'un de nos plus illustres anc�tres, en m�me temps qu'elle le place au premier rang de nos historiens. Je veux parler, aucun de vous ne saurait s'y m�prendre, du Discours des choses advenves en Lorraine depuis le d�cez du Duc Nicolas iusques � celuy du Duc Ren� (100).
Dans cette remarquable et instructive monographie, la langue du XVIe si�cle devient plus correcte et plus concise sous la plume de Nicolas Remy on y rencontre moins d'inversions et de r�miniscences latines, moins aussi de locutions emprunt�es au patois Lorrain, et, apr�s une ou deux pages, on se voit bien rarement arr�t� par un mot dont on ignore ou dont on ne devine pas le sens.
Le style a quelque chose de si ferme, la raison a quelque chose de si droit que les r�flexions morales, souvent m�l�es au r�cit, ressemblent � ces axiomes qui se transmettent d'�ge en �ge comme d'indiscutables m�rit�s (101).
Le fond, du reste, ne le c�de en rien au m�rite de la forme.
Assez rapproch�, par sa naissance, du r�gne de R�n� II pour en recueillir les derniers �chos, mais pas assez pour que son impartialit� en ressent�t quelque g�ne, Nicolas Remy se trouvait dans les conditions les plus favorables � un historien; sa haute position lui faisait ouvrir toutes les archives il avait � sa disposition, comme il nous l'apprend lui-m�me (102), des manuscrits pr�cieux, des documents contemporains; il poss�dait notamment la Chronique Lorraine dont il ne nous reste que des copies imparfaites, et dont il suit si exactement la version que, sans trop de t�m�rit�, on peut y reconna�tre, avec l'un de nos plus �rudits confr�res, ceste m�dalle cooverte de ro�lle que le hasard lui a fait d�couvrir et qu'il offre, dans sa pr�face au comte Palatin du Rhin, apr�s lui avoir donn� quelque polissure affin d'y faire revivre les v�ritables traicts de sa premi�re perfection (103). �
Aid� d'un guide aussi s�r, il marche droit au but, sans se laisser aller � des digressions inutiles, et si, parfois, il peut craindre qu'on ne l'accuse de manquer � cette r�gle �l�mentaire et de bon go�t, il prend soin de s'en d�fendre en termes qui d�sarment le lecteur le moins indulgent et le plus press� (104).
Il expose les faits dans leur ordre, � leur date; il assigne � chacun d'eux une place proportionn�e � son importance et � l'int�r�t qu'il doit �veiller.

C'est assez dire qu'il consacre ses meilleures pages � la lutte glorieuse et supr�me dans laquelle le Duc de Lorraine avait presque autant � redouter les ruses et tes perfidies de son alli�, le vieux roi de France, Louis XI, que les emportements et les convoitises du duc de Bourgogne, ce Chartes le T�m�raire, si digne de son nom qu'il r�vait l'empire du monde et ne craignait rien autre chose que la chute du ciel (105).
A c�t� des grandes sc�nes du drame �mouvant et terrible qui devait finir sous les murs de Nancy par la victoire du jeune et vaillant Ren� II et la mort de son puissant agresseur (106), on rencontre partout d'int�ressants �pisodes ; ici, la description d'une petite ville assez bien trait�e pour qu'on y entrevoie ou qu'on y devine le lieu natal de l'auteur (107) ; l�, une �num�ration non moins complaisante et un peu hyperbolique de nos richesses locales (108) ; ailleurs, les navrantes p�rip�ties de deux si�ges (108a), une harangue du duc de Bourgogne, chef-d'oeuvre d'habilet� et de clairvoyance (109), le discours d'un Bourgmestre de Zurich plus remarquable encore par le bon sens et l'honn�tet� (110), le d�vouement individuel pouss� jusqu'� l'h�ro�sme (111), les coupables d�faillances d'une noblesse ingrate et bient�t ramen�e par la fortune du Prince au sentiment de l'honneur et de la fid�lit� (112). Tout cela expos� en ce langage substantiel et simple, qui convient tant � l'histoire et dont elle perd toujours � s'�carter.
Une question de droit public tr�s-d�licate et tr�s-controvers�e se posait, pour ainsi dire, au frontispice de son livre, celle de savoir si, en Lorraine, les femmes h�ritaient de la couronne, � l'exclusion des collat�raux, et Nicolas Remy la r�sout, non pas en philosophe ou en publiciste, d'une fa�on sp�culative et � l'aide de consid�rations tir�es de la politique ou de l'int�r�t des peuples, mais en historien, qui interroge les faits, et en jurisconsulte, qui connait et qui applique la loi; il rappelle le testament du duc Charles II, l'approbation qu'il a re�ue non-seulement de l'assembl�e des Etats, mais encore du concile de B�le, et enfin et surtout �� les us et coustumes suivant lesquels les filles � faute de fils ou de leur repr�sentant excluent tous autres du parent� en la succession de leur p�re et m�re (113). �
Et quelque laconique qu'elle f�t, cette solution empruntait une autorit� si grande � la renomm�e de science et de droiture de son auteur qu'un peu plus tard Charles IV chercha � emp�cher la r�impression de l'ouvrage o� elle se trouvait consign�e, quand, dans son ambition turbulente et inqui�te, il voulut, au d�triment de sa cousine germaine, et � l'aide d'une odieuse com�die, attribuer � son p�re Fran�ois, comte de Vaud�mont, une couronne qu'il se proposait de bient�t lui reprendre (114).
Serait-ce parce qu'on y lisait la d�monstration du droit h�r�ditaire de sa fille a�n�e Nicole que le bon duc Henry crut devoir donner sa haute approbation au Discours des choses advenues en Lorraine depuis le d�cez du Duc Nicolas iusques � celuy du Duc Ren� ? Je n'oserais pas le pr�tendre mais je sais que ce discours a valu � son auteur une marque de la munificence ducale le 7 mars 1609, le tr�sorier g�n�ral lui versait 1,000 fr. (115) et la pi�ce comptable qui fournit ce renseignement en donne un autre que je me garderai bien de n�gliger.
Elle prouve que Nicolas Remy avait re�u la mission de r�diger par �crit et qu'il a r�dig�, en un volume, le recueil des �dits et des ordonnances de la Province. Ce recueil qui lui avait demand� beaucoup de peines et de soins, il aurait voulu le mettre en lumi�re mais, pour des causes rest�es inconnues, le duc de Lorraine lui refusa cette petite satisfaction d'amour propre, en lui allouant, � titre de consolation et de r�compense, une somme de 3,000 fr.
payable en trois ann�es cons�cutives sur les recettes en bl� de Charmes et de Ch�tel (115 a).
Il faut, Messieurs, regretter aujourd'hui un travail confi� � d'aussi habiles mains et qui r�sumait, en d�finitive, avec la coutume et son style, toute la l�gislation du duch� (116).
Nicolas Remy, � peu pr�s octog�naire, n'imposait pas toujours � sa verte vieillesse d'aussi rudes et d'aussi longs labeurs. Selon le pr�cepte d'Horace, il calculait ce que ses �paules pouvaient porter (117), r�glait avec intelligence l'emploi de son temps et savait pr�venir l'ennui et la fatigue de l'�tude par sa vari�t� (118). Sous ce rapport d'immenses ressources s'offraient � lui; il connaissait aussi bien la langue d'Hom�re et de D�mosth�nes que celle de Virgile et de Cic�ron (119) l'antiquit� sacr�e ou profane pouvait ainsi, chaque jour, lui ouvrir ses tr�sors la science moderne elle-m�me d�couvrait � ses yeux �merveill�s des horizons sans cesse agrandis d�j�, dans son admirable structure, le corps humain n'avait plus pour lui de secrets (120); mais la po�sie surtout r�pondait aux besoins de sa nature ardente et riche, et instinctivement il lui demandait ses plus fr�quentes et ses plus ch�res distractions (121). Il faisait des vers latins aussi bien que Guy Coquille (122) et Estienne Pasquier (123); il en a laiss� beaucoup, tous d'une forme irr�prochable et quelques-uns tr�s-heureusement inspir�s. Les meilleurs, au nombre de 967 pr�c�dent la D�monol�trie (124) et lui servent d'introduction; apr�s les avoir lus, on pourrait fermer le livre, car le livre, dans sa prose, n'apprend rien de plus et ne renferme rien de mieux.
On doit ranger parmi les d�lassements po�tiques de Nicolas Remy la relation latine de l'entr�e solennelle � Nancy de Marguerite de Gonzague, seconde femme du duc de Bar, depuis Henri II (125).
Cet opuscule de 16 pages, sorti des presses de Clairlieu et devenu tr�s-rare, a, � cause de son extr�me raret�, toute la valeur d'un diamant dans l'�crin d'un bibliophile, mais je ne crois pas qu'il ajoute quelque chose � la r�putation de l'�crivain.
Je pr�f�re de beaucoup le petit po�me consacr� � l'�loge du duc Charles III; on y sent d'un bout � l'autre le souffle divin d'une na�ve admiration, d'une sinc�re gratitude et d'une profonde douleur (126).
Lorsqu'en 1611 la capitale de la Lorraine voulut, d'une mani�re r�trospective, f�ter le joyeux av�nement de son nouveau duc, ce fut encore � Nicolas Remy, malgr� son grand �ge, qu'elle envoya son ambassadeur (127), pour obtenir de lui un programme que Son Altesse, par un sentiment d'�conomie tr�s-louable, ne permit pas d'ex�cuter. L'ancien procureur g�n�ral s'�tait charg� de la harangue officielle, et le vieux po�te des inscriptions versifi�es selon le go�t du temps.

III

Depuis que ses fonctions ne retenaient plus Nicolas Remy � Nancy dans sa maison de la rue du Hault-Bourget (128) et pr�s de sa paroisse de Notre-Dame (129), il vivait retir�, tant�t � Charmes (130), o� reposaient les cendres de son p�re, ce praetor urbanus (131) dont il ne parle jamais qu'avec v�n�ration, tant�t � sa petite campagne de Saint-Mard (132), o�, � l'exemple de Lhospital (133), il cultivait ses fleurs et r�coltait ses fruits; heureux de jouir encore, au terme de sa longue vie, d'une �me saine dans un corps sain (134); satisfait comme le sage d'une m�diocrit� � laquelle le Prince ajoutait ses largesses; entour� des soins les plus intelligents et des �gards les plus tendres fier d'une descendance nombreuse et dont l'a�n� portait d�j� tr�s-dignement son nom (135).
Il go�ta ce bonheur jusqu'au mois d'avril 1612 (136).
La mort ne pouvait pas le surprendre; elle pouvait encore moins l'effrayer; car il avait cette foi robuste, cette foi de nos p�res, qui, avant la derni�re heure, entrouvrait � leurs yeux les portes du ciel.
De m�me qu'il admirait tout dans la nature, tout lui plaisait dans la religion, ses dogmes, sa morale, sa liturgie, ses rites, ses pompes; les cloches elles-m�mes, si souvent accus�es d'importunit�, trouvaient en lui un g�n�reux d�fenseur s'il combattait le pr�jug� vulgaire qui attribue � leur sonnerie le pouvoir de conjurer la foudre, il leur savait un gr� infini d'appeler les fid�les � la pri�re (137), et, pour les chanter, il e�t �t� bien certainement avec Schiller (138) contre Boileau (139).
On aime, Messieurs, � voir ainsi ce magistrat qu'une peinture grossi�re (140) et la tradition tromp�e nous repr�sentent avec un visage presque farouche, et, sur son si�ge, s�v�re jusqu'� la cruaut�, appara�tre au contraire, quand on l'�tudie dans ce qui nous reste de lui, c'est-�-dire dans ses ouvrages, simple comme un enfant, �mu comme un po�te, croyant comme un ap�tre, accessible enfin � tous les sentiments honn�tes, g�n�reux et bons.
L'harmonie rena�t alors dans cette remarquable personnalit� le noble coeur explique les grandes pens�es et les grands services.

Messieurs, on r�p�te tous les jours que notre �poque est, en histoire, l'�poque des r�habilitations, et je confesse que beaucoup de celles que l'esprit de parti a tent�es me laissent incr�dule ou m�content.
Je n'ai donc eu ni la volont� ni le pr�somptueux espoir de r�habiliter Nicolas Remy; je voudrais seulement, pour me servir d'une expression judiciaire en parlant d'un magistrat, que cette notice si incompl�te, malgr� sa longueur, �veill�t chez un autre la pens�e �quitable et lib�rale d'instruire � nouveau et de r�viser impartialement son proc�s.
Ces r�visions d�sint�ress�es, consciencieuses, inoffensives, faites sur pi�ces, � deux ou trois si�cles de distance, n'ont rien de suspect elles n'inqui�tent personne mais elles honorent les compagnies savantes qui les accueillent et ne peuvent �tre qu'un utile et tardif hommage rendu � la v�rit�.

NOTES

Dom Calmet, Biblioth�que Lorraine, ou histoire des hommes illustres, qui ont fleuri en Lorraine, dans les trois Ev�ch�s, dans l'Archev�ch� de Tr�ves, dans le duch� de Luxembourg,etc, col. 802-803. - Dom Ambroise Pelletier, Nobiliaire armorial g�n�ral de la Lorraine et du Barrois, p. 690. - Chevrier, Histoire militaire, eccl�siastique, politique et litt�raire de Lorraine et de Bar, t. IX, p. 74-77, et M�moires pourr servir � l'histoire des hommes illustres de Lorraine t. I, p. 125-129.
Ces trois auteurs, et tous ceux qui se sont apr�s eux occup�s de Nicolas Remy, ne savaient presque rien de sa vie; ils ne connaissaient ni le lieu de sa naissance, ni l'�poque de sa mort, ni les nombreuses fonctions qu'il a remplies, ni l'existence, ni les titres de tous les ouvrages qu'il a compos�s; ils ont �t� jusqu'� le confondre avec l'un de ses fils. Pour rectifier ces erreurs et combler ces lacunes, il fallait plus que de pures et simples affirmations, il fallait apporter des preuves, indiquer des sources et les notes qui suivent pourvoiront, je l'esp�re, dans une suffisante mesure, � cette n�cessite.
Je dois � l'obligeance aussi infatigable qu'�clair�e de M. Henri Lepage, archiviste du d�partement de la Meurthe, tous les documents tir�s de l'ancien Tr�sor des Chartes de Lorraine ; et, avant de m'en servir, je me plais � lui offrir ici l'expression de ma vive et sinc�re gratitude.

(1) M. Adolphe-Louis-Fran�ois Parade, n� � Ribeauvill� (Haut-Rhin), le 11 f�vrier 1802, Directeur de l'Ecole Foresti�re de Nancy, Officier de l'Ordre imp�rial de la L�gion d'honneur, Chevalier des Ordres de Saint-Stanislas de Russie, de Notre-Dame de Conception du Portugal, de Charles III d'Espagne, appartenait � l'Acad�mie de Stanislas depuis le 6 f�vrier 1863. Il est mort � Am�lie-les-Bains, le 29 novembre 1864, avant d'avoir, pour ainsi dire, pris possession de son si�ge.

(2) M. Tassy, aujourd'hui Conservateur des for�ts.

(3) M. Parade, sa vie et ses oeuvres.

(4) M�moires de la Soci�t� Royale des sciences et belles-lettres de Nancy, T. I, p. 100 Statuts du 27 d�cembre 176i, art. 35 et 36.

(5) M. Dupin, Eloge de Guy Coquille, p. 4-5.
La naissance de Nicolas Remy ne doit �tre ni ant�rieure � 1525, ni post�rieure � 1530, c'est-�-dire qu'elle se reporte � peu pr�s au temps o� Guy Coquille, qui fut, lui aussi, Procureur g�n�ral de sa province, naissait � Decize, en Nivernais. Il a eu ainsi, et comme lui, pour contemporains et pour �mules, les plus savants jurisconsultes et les plus grands magistrats Dumoulin et Cujas, Antoine Loisel, Estienne Pasquier, les fr�res Pithou, Gilles Lemaistre, Chr�tien de Lamoignon, Michel de l'Hospital, Christophe de Thou, Achille de Harlay...

(6) Dom Calmet, Histoire de Lorraine, T. V, col. 765-771. - De Rog�ville, Dictionnaire historique des ordonnances et des tribunaux de la Lorraine et du Barrois, T. II, p. 489-499, 508-509, 626. - Chevrier, Histoire de Lorraine et de Bar, T. IV, p. 206-221.- M. Neveu-Lemaire, Discours de rentr�e, prononc�, � Nancy, le 3 novembre 1864, p. 8-20.
Les Universit�s de France, que Nicolas Remy a suivies et dont parlent les Lettres patentes auxquelles j'emprunte ce d�tail, �taient probablement celles de Paris, d'Orl�ans ou de Toulouse, les plus c�l�bres d'alors. Canoniquement institu�e, � la demande du cardinal de Lorraine, par une bulle du 5 d�cembre 1572, l'Universit� de Pont-�-Mousson n'ouvrait ses classes de grammaire qu'au mois d'octobre de l'ann�e suivante et son �cole de droit que cinq ans plus tard, en 1578, avec le concours de l'Ecossais William Barclay, et, bient�t apr�s, sous le d�canat de Gr�goire de Toulouse, l'un des meilleurs �l�ves de Cujas.

(7) B. 39� f� 205 (*). Lettres patentes.
�� CHARLES, etc. L'humble supplication de nostre cher et f�al Fran�ois Milalte, lieutenant g�n�ral en nostre bailliage de Vosge, avons receue, contenant que... se sentant vieil et caducque... et ayant d�sir de veoir continuer sa parent� en nostre service, � l'imitation de ses ancestres, et qu'� ces fins il auroit, depuis quelque temps, retir� en grande instance ung sien nepveu, nomm� Me Nicolas Remi, licenci� ez loiz des universitez de France, o� il auroit vers� l'espace de vingt ung ans, faisant profession, la pluspart d'iceulx, d'enseigner tant les lettres humaines que les droictz; nous suppliant tr�s-humblement vouloir donner et conf�rer � sondict nepveu ledict estat et office de lieutenant g�n�ral en nostredict bailliage de Vosge, comme idoine, suffisant et capable pour le faire et exercer; lequel estat, � ceste occasion, il remettoit volontairement entre noz mains. S�avoir faisons que nous, ce que dict est consid�r�,... ayant �gard et consid�ration au bon et fidel rapport.qui nous a est� faict des sens, science,
preudhommie, int�grit�, exp�rience, litt�rature et bonne diligence estans en la personne dudict Me Nicolas Remi, son nepveu, et qu'il est besoing et requis prouveoir audict estat...
de lieutenant g�n�ral, tant pour l'administration de la justice a qu'� la conservation de noz droictz et aucthorit� audict bailliage de Vosge, pour ces causes... avons, ce jourd'huy, audict Me Nicolas Remi, son nepveu, donn�, conf�r� et octroy�... ledict estat. � charge toutefois qu'il fera sa r�sidence au lieu de Mirecourt... Donn�es en nostre ville de Nancy le...
vingt-cinquieme de mars mil soixante-dix.... �
(*) Dans cette formule abr�g�e, et qui se reproduira souvent, la lettre B. signifie Tr�sor des Chartes, anciens fonds de la Chambre des Comptes de Lorraine ; le chiffre qui suit est le num�ro d'ordre da volume; le dernier, celui de la page, recto ou verso.

(8) B. 45, f� 115, v�. Lettres patentes.
�� Charles, etc. Comme nagu�res nous ayons reprins en noz mains l'estat de lieutenant g�n�ral du bailliage de Vosges des mains de nostre am� et f�al Nicolas Remy, licenci� ez loix, afin de le retirer � nostre service et pr�s de nostre personne; s�avoir faisons que, pour les sens, discr�tion, s�avoir et preudhomie estans en la personne dudict Remy, avons icelluy, pour ces causes et autres bonnes consid�rations nous mouvans, prins et retenu, prenons et retenons par ces pr�sentes en esat de secr�taires des nostres, aux droictz, honneurs, franchises, libertez, irnmunitez, pr�rogatives et aux gages que cy-apr�s luy ordonnerons sur nostre estat... Donn�es en nostre ville de Nancy, le quatri�me jour du mois de novembre a mil ve soixante quinze.... �

(9) Dom Calmet, Histoire de Lorraine, T. V, col. 631-902. Chevrier, Histoire de Lorraine et de Bar, T. IV, p. 440-258.- Digot, Histoire de Lorraine, T. IV, p. 145-.403. - Joseph-Fran�ois Coster, Eloge de Charles III, dit le Grand, Duc de Lorraine, Marchis, Duc de Calabre, Bar, Gueldres, etc.
Le Duc Chartes III, dont l'heureux et long r�gne, commenc� le 12 juin 1545, ne finit que le 14 mai 1608, avait �pous� Claude de France, le 22 janvier 1559. Personne n'ignore que la Lorraine a d� � sa vigoureuse et intelligente initiative de nombreuses ordonnances sur les mati�res les plus importantes et les plus diverses, la r�daction de ses principales coutumes, la substitution d'une Cour souveraine au Tribunal des Assises, la dotation de ses h�pitaux, l'extension de son territoire, les fortifications de ses places fronti�res, celles r�put�es admirables de sa capitale, la ville neuve de Nancy, son �glise primatiale, l'ordre et l'�conomie dans les finances, l'efficace protection des sciences, des lettres, des arts, de l'industrie, et du commerce, le calendrier Gr�gorien. II avait une instruction vari�e et solide; il parlait presque toutes les langues de l'Europe, et, s'il faut en croire Dom Calmet, il �tait si beau que tous les autres souverains voulaient avoir son portrait.

(10) B. 1172, f� 166, v�. Compte du Tr�sorier g�n�ral.
On ne trouve pas, au registre des Lettres patentes, celles qui ont conf�r� � Nicolas Remy le titre d'Echevin, mais on y suppl�e par les comptes du Tr�sorier G�n�ral de Lorraine, o� il figure pour la premi�re fois � ce titre en 1576. - Les �chevins touchaient 50 fr. chacun, le Ma�tre-Echevin en touchait 400.

(11) J.-J. Lionnois, Histoire des villes vieille et neuve de Nancy, depuis leur fondation jusqu'en 1788, T. I, p. 311.

(12) M. Auguste Prost, Notice sur le Ma�tre-Echevinat � Metz, M�moires de l'Acad�mie imp�riale de Metz, ann�e 1853, p. 144-157. - L'Abb� Clouet, Histoire de Verdun et du pays verdunois, T. I, p. 428. - Stile pour l'instruction des proc�s �s sieges tant sup�rieurs des Bailliages de Nancy, Vosges et Allemagne, qu'inf�rieurs des Pr�costez et Mairies estans �s districts et ressorts d'iceux, tit. art. 1 et 2. - Recueil des �dicts, ordonnances et r�glemens de tr�s-magnanime, auguste et puissant Prince Charles IV, Duc de Lorraine et de Bar et de aucuns serenissimes Ducs, ses devanciers et prog�niteurs.
1307-1631. Code manuscrit de la riche collection de M. Beaupr�, conseiller honoraire de la Cour Imp�riale de Nancy, tiv. II, p. 30-52. - De Rog�ville, Dictionnaire historique des ordonnances, T. I, p. 60-64 et 552. - J.-J. Lionnois..., Ibid, T. I, p. 311 et T. III, p. 32-33 et 70.
L'Echevinat � Nancy n'avait point comme � Metz et � Verdun, un caract�re mixte, c'est-�-dire tout � la fois municipal, administratif et judiciaire; les Echevins n'�taient que des juges, juges ayant des attributions particuli�res comme tribunal, et de plus juges assesseurs, non-seulement au Bailliage, mais encore � la Pr�v�t� et � la Gruerie de Nancy.
A la fin du seizi�me si�cle, ce tribunal se composait de quatre membres, dont l'un prenait le litre de Ma�tre-Echevin; peut-�tre m�me, dans l'origine, ne se composait-il que de deux, ce qui expliquerait pourquoi Nicolas Remy l'appelle toujours coll�ge des Duumvirs, Duumvirorum Nanceianorum collegium.
Il tint d'abord ses s�ances sur la place des Dames, � l'h�tel du Change, qui lui donna son nom, et dans la suite seulement � l'H�tel-de-Ville, dont la d�molition, en 1751 ou 1752, a fait la place Mengin.
Quatre r�glements successifs, en date des 23 mai 1606, 25 janvier 1608, 31 d�cembre 1610 et 1er f�vrier 1616, fournissent des renseignements pr�cis et curieux sur son organisation int�rieure et sur ses travaux.
Il si�geait le mardi et les trois jours suivants, avant ou apr�s la messe: depuis P�ques jusqu'� la Saint-Remy, le matin, de sept heures � dix heures, le soir, de deux heures � cinq heures; depuis la Saint-Remy jusqu'� P�ques, le matin, de huit heures � dix heures, le soir de une heure � quatre heures. Les absents et les retardataires, sans motifs l�gitimes, payaient 2 fr. d'amende.
Le Greffe, situ� proche la salle d'audience, restait ouvert en �t�, le matin de six heures � onze heures, le soir de une heure � six heures en hiver, de sept heures � onze heures, et le soir de une heure � quatre heures.
Le Greffier apportait avant l'audience au Ma�tre �chevin, en la chambre du conseil, tous les proc�s, dans la huitaine au plus tard de leur mise en �tat, et celui-ci les distribuait, d'une mani�re �gale, aux Echevins charg�s d'en faire le rapport par extrait fidel et exact et non verbalement et de bouche. L'exactitude et la fid�lit� de ce rapport �taient, d'ailleurs, contr�l�es par la lecture des pi�ces soigneusement inventori�es.
Le rapporteur opinait le premier et les autres apr�s lui, � commencer par le dernier re�u.
Les opinants devaient �tre au nombre de cinq au moins, s'ils �taient six, et qu'il y e�t partage, au civil, la voix du Ma�tre-Echevin l'emportait; mais, au criminel, on remettait l'affaire � un autre jour, pour entendre te septi�me, ou, � son d�faut, le plus ancien avocat du si�ge.
Le Ma�tre-Echevin r�digeait les jugements rendus sur plaidoiries et le rapporteur ceux des proc�s par �crit.
Tous les jugements �taient intitul�s du nom du Bailli, ou de son lieutenant et des Maitre-Echevin et Echevins; aucun ne pouvait se rendre hors de l'auditoire; les simples d�crets, que les Echevins donnaient chez eux, �chappaient seuls � cette r�gle absolue et d'ordre public.
Afin de pr�venir les sollicitations indiscr�tes, le nom du rapporteur demeurait toujours inconnu aux parties.
La taxe des d�pens et des �pices se faisait par la compagnie enti�re.
Les Echevins s'assemblaient, aux jour et heure convenus entre eux, dans la chambre du conseil, dont chacun avait la clef, pour y entendre les rapports, d�lib�rer, r�soudre les proc�s et faire toutes autres choses concernant le fait de leur charge et devant �tre exp�di�es hors des audiences.
Le Ma�tre-Echevin et les Echevins, ainsi que les avocats, portaient la robe longue et le bonnet carr�, pendant tout le temps qu'ils vaquaient aux devoirs de leurs fonctions ou de leur minist�re, � l'audience et au Palais. Le Clerc jur�, c'est-�-dire le greffier, et son commis, portaient au contraire la robe courte et une toque.
Le Ma�tre-Echevin jouissait de toutes les pr�rogatives d'un chef de compagnie, quoiqu'il n'en pr�t pas le titre. Il faisait observer les r�glements, ordre et respect dus a la Justice. Il pr�sidait en l'absence du Bailli et de son lieutenant il avait la garde du sceau qu'il apposait � tous les actes qui devaient en �tre rev�tus il convoquait extraordinairement ses coll�gues dans les cas requ�rant c�l�rit� il mettait les scell�s sur les biens des mineurs d�c�d�s et des absents.
Le Bailli ne d�lib�rait pas avec les Echevins, mais il avait une juridiction sp�ciale et toute personnelle. En cas d'urgence, sous le titre de commissions ou de lettres du Bailli, il rendait des sentences provisoires, que, dans notre droit moderne, on appellerait des ordonnances de r�f�r�. - En mati�re ordinaire, � moins que les parties ne s'adressassent � lui, de leur gr� et consentement, pour �tre jug�es, ses pouvoirs se bornaient aux actes pr�paratoires et d'instruction qu'�num�rent, dans leur vieux langage, les art. 1 et 2 du titre Ier du Stile pour l'instruction des proc�s autres que ceux port�s devant les assises. - Il assurait l'ex�cution des sentences rendues sur le fonds des proc�s. - Il exer�ait enfin un pouvoir disciplinaire � l'�gard des sergents, qu'il r�voquait en cas de malversation.
Les vacances et f�ries des fenaison, moisson et vendange se r�glaient � l'audience, les avocats ou�s et de l'avis du Bailli.
Par ordonnance du 22 d�cembre 1633, en attribuant au Tribunal des Echevins la connaissance des affaires contentieuses des mineurs et de celles se rattachant � l'administration de leurs biens, le duc Charles IV cr�a deux nouveaux offices d'Echevins et en porta � 9 le nombre qui s'�tait d�j� progressivement �lev� de 4 � 7. M�me avant l'ordonnance pr�cit�e, les affaires des mineurs avaient toujours eu en Lorraine un caract�re particulier et privil�gi�, � ce point, que, dans les premiers temps, on leur assignait des audiences sp�ciales et on en tenait registre � part.

(13) L'avocat Guinet.

(14) Dom Calmet. Histoire de Lorraine et de Bar. - Dissertation sur l'ancienne jurisprudence de Lorraine. - M�moire sur l'�tat des duch�s de Lorraine et de Bar, auquel ils �toient avant la guerre de 1633. T. III, col. ccxxxiii.

(15) Cout�mes anciennes du Duch� de Lorraine, tit. I, art. 5. Recueil du Stile � observer es instructions des Proc�dures d'Assizes, �s Bailliages de Nancy, Vosges et Allemagne, tit. i, art. 5. - Stile pour l'instruction des proc�s �s si�ges tant sup�rieurs des Bailliages de Nancy, Vosges et Allemagne qu'inf�rieurs des Pr�vostez et Mairies estans �s districts et ressorts d'iceux. Tit. VIII, art. 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17. - De Rog�ville, Dictionnaire, T. I, p. 60-61 et 64-65.- Guinet, M�moire sur l'�tat des Duch�s de Lorraine et de Bar. - Dom Calmet, Hist. de Lorr., T. III, col.ccxxix-ccxxxi. - Aug. Digot, Hist. de Lorr., T. V, p. 90-92, 96. -
M. le comte d'Haussonville, Histoire de la r�union de la Lorraine � la France. T. I, p. 444-445.
Au civil, le Tribunal des �chevins remplissait les fonctions du Bailliage; on pourrait m�me dire que, � Nancy, il �tait le Bailliage, s'il n'avait eu, en certaines mati�res, des pouvoirs autres et plus consid�rables.
Il jugeait toutes les affaires personnelles des gentilshommes de l'ancienne chevalerie, des nobles, anoblis et autres privil�gi�s il jugeait aussi leurs affaires r�elles, moins celles qui s'intentaient au petitoire, �� pour fiefs, arri�re-fiefs, chasteaux, maisons fortes, rentes, revenus, revenus et droits seigneuriaux, francs aloeuds, nobles enclav�s esdit Bailliage, pour villes ou �� villages, droits de patronage lay et pour toutes autres choses de pareille nature et condition �.
L'appel n'�tait interdit qu'exceptionnellement et dans des cas tr�s-rares lorsqu'il s'agissait de salaires, loyers, gages, merc�des de serviteurs et manouvriers, legs pieux bien reconnus, trait de bouche, choses mises en d�p�t en mati�re de saunage; dans les cinq cas de chose jug�e, de serment loqu�, acte de trouble et nouvellet� faite depuis an et jour injure et crime; enfin, dans toutes les instances introduites par un �tranger contre un r�gnicole pour chose n'exc�dant pas la valeur de 100 fr.
Presque toutes les affaires jug�es en dernier ressort se traitaient sommairement et de plain, nonobstant toutes f�eries et vacances et elles ne comportaient qu'une sorte de recours en cassation par la voie de plainte au Conseil du Duc, en faute de justice.
Dans les autres affaires, quand il y avait appel, la sentence, ou pour me servir de l'expression consacr�e par l'usage et trop justifi�e par le profond sentiment de la faillibilit� humaine, le semblant �tait d�f�r� � Messieurs de l'Ancienne Chevalerie au droict de l'h�tel de Monseigneur; ce qui explique cette �trange formule des arr�ts en cas de confirmation, �� le droict de l'h�tel de Monseigneur le Duct dict que le semblant des Ma�tres-Eschevins de Nancy est bon � et en cas d'infirmation, �� le droict de l'h�tel de Monseigneur le Duc dict, en infirmant le semblant des Ma�tres-Eschevins de Nancy, que... � ; suivait le dispositif en termes brefs et pr�cis.
L'appel devait �tre interjet� sur-le-champ, si les parties ou leurs procureurs assistaient � l'audience, et relev� par l'appelant dans la quinzaine, avec consignation d'une somme de six francs. �� Des quels six francs, dit Guinet, le Greffier du Bailliage, pour instruire et mettre le proc�s dans le sac, le cacheter et le porter au Greffier de l'Assise, prenait six gros et on bailloit autres six gros au Greffier de l'Assise pour toutes choses, et il �toit oblig� d'en charger son registre, et de le rapporter au Greffier du Bailliage, avec l'arr�t de l'Assise le tout cachet�. Les autres cinq francs se mettoient dans le sac, et appartenoient aux Gentilshommes, qui ne prenoient point �pices, ni autres profits, et venoient expr�s � l'Assise � leurs frais, pour rendre la justice; et quant � ces cinq francs, ils ne les partageoient pas; pour l'ordinaire ils les bailloient partie � leurs Greffiers, partie aux pauvres.
�� La forme de prononcer �toit par �crit au bas de la sentence,... et le cachet secret appos�, qui �toit des al�rions de cire verte, et le papier dessus, et sign� par le Greffier de l'Assise ; laquelle �tant finie, ceux qui vouloient poursuivre et qui croyoient avoir gagn� leur proc�s, faisoient assigner leurs parties devant les Juges dont �toit appel, pour voir faire l'ouverture du droit revenu de l'h�tel de Monseigneur le Duc ; et, � l'audience, le Greffier du Bailliage ouvroit le sac et en faisoit lecture, et on en demeuroit l�, pour ex�cuter ce qui �toit ordonn� sans autre longueur; point d'appel, point de r�vision, point d'opposition, point de requ�te civile, point de proposition d'erreur, point de chicane plus avant. �
La proc�dure ant�rieure � l'arr�t se recommandait par une simplicit� au moins aussi grande. �� Il n'y avoit point de griefs, point de production nouvelle, point d'intervenant. �
S'il s'agissait d'un proc�s par �crit, �� on jugeoit pr�cis�ment sur la sentence, dont �toit appel, et sur les �critures et pi�ces sur lesquelles elle avoit �t� rendue. Si c'�toit une sentence d'audience, les avocats qui avoient plaid� bailloient pardevant les Juges des �critures d'agr�ment qui d�voient �tre agr��es de part et d'autre, c'est-�-dire que l'on demeurait d'accord que c'�toit ce qu'on avoit plaid�, et ces �critures, avec les extraits de la demande et de la sentence, faisoient toute l'instruction. On les enfermait dans un sac, puis on les portoit comme les autres par �crit. �
Quand un interlocutoire paraissait utile, comme une enqu�te, une vue des lieux ou toute autre proc�dure du m�me genre, �� le Bailli nommait un commissaire, qui �toit d'ordinaire le Lieutenant g�n�ral, que l'on appeloit le Lieutenant du a Bailli, ou quelqu'honn�te praticien bien connu, qui se transportaient sur les lieux. Les enqu�tes faites se lisoient en l'Assise, on y en ordonnoit. Les nullit�s, reproches et contredits se baillaient sur-le-champ enfin toutes les longueurs et tous les frais �toient bien retranch�s ; ce qui arrive toujours, quand les Juges baillent leurs preuves gratis.
�� On ne faisoit qu'une enqu�te, et si le demandeur, par exempte, avoit fait l'enqu�te, si elle �toit suffisante, on pronon�ait : le Demandeur en a assez fait, et rien de plus ; mais cela signifioit que les conclusions de la demande lui �toient adjug�es avec d�pens. Si elle n'�toit pas suffisante, on disait : un tel a peu fait, et rien de plus ; mais cela signifioit qu'il perdoit son proc�s. Quoiqu'on ne donn�t point d'�critures, ni point de griefs � l'Assise, n�anmoins on faisoit des factums et des remontrances imprim�es que l'un distribuoit � Messieurs de l'Ancienne chevalerie ; on les sollicitoit m�me tant que l'on vouloit, quelque grands seigneurs qu'ils fussent et quelque pauvres que fussent les parties ; ils les recevoient toujours et les �coutaient et les avocats avec beaucoup d'honn�tet�; et comme ces messieurs avoient des amis et leurs avocats pour leurs affaires particuli�res, s'il se pr�sentoit quelque question difficile � juger, o� ils n'eussent point d'engagements, ils les consultoient volontiers et s'en instruisoient avec sinc�rit� et on ne trouvait parmi ces grands seigneurs aucun soup�on de corruption. �
Celui qui d�sertait son appel ou y renon�ait, encourait une amende de deux francs.

(16) Dom Calmet, Histoire de Lorraine, T. III, col. ccxxxiii-ccxxxiv et T. V, col. 883-884. - J.-J. Lionnois, T. I, p. 311-313 et T. III, p. 33 et 34. Aug. Digot, Histoire de Lorrarie, T. V, p. 96-97. Dumont, Justice criminelle des Duch�s de Lorraine et de du Bassigny et des Trois-Ev�ch�s, T. I, p. 73-78. -B. 2197. Pi�ces justificatives du compte du domaine d'Amance pour l'ann�e 1615.
Il n'est pas, en Lorraine, de point de droit criminel plus clairement �tabli que l'obligation pour tous les Tribunaux d'adresser avant le jugement leurs proc�dures au Tribunal des Echevins de Nancy, afin d'obtenir son avis. Et cependant cette obligation, n�e peu � peu de l'usage, ne repose � l'origine sur aucun texte ; elle ressemble � ces f�condes et nombreuses conqu�tes que les Juristes ont faites en France, sur le pouvoir f�odal, au profit de la royaut� et que le l�gislateur n'a r�glement�es que beaucoup plus tard.
Gr�ce � l'avis qu'on lui demandait toujours et qu'il devait toujours �mettre, le Tribunal des �chevins constituait bien moins un Tribunal, dans le sens rigoureux de ce mot, qu'une sorte de Chambre des mises en accusation.
Sur le vu des pi�ces, et en assembl�e sp�ciale, il disait si des charges suffisantes s'�levaient contre l'accus� ; il indiquait aussi la peine � appliquer mais cette indication de la peine, pas plus que la d�claration de charges suffisantes, ne liait le Juge ; elle n'avait pour lui d'autre valeur que celle d'un maximum qu'il ne pouvait pas d�passer.
L'avis des �chevins �tait le plus souvent demand� deux fois ; la premi�re, avant la question et pour savoir s'il convenait d'y appliquer l'accus� ; la seconde, apr�s cette terrible �preuve, et pour en appr�cier les r�sultats. L'avis d�finitif relatait presque toujours celui qu'on pourrait appeler l'avis interlocutoire.
�� Les maistre eschevin et eschevins de Nancy, qui ont veu derechef le pr�sent proc�s extraordinairement instruict par les pr�vost et gens de justice d'Amance contre la d�nomm�e..., et notamment ce qu'a est� faict depuis leur advis du deuxi�me du pr�sent mois, dient que, pour r�paration dudict crime dont ladicte pr�venue est suffisamment convaincue, y a mati�re d'adjuger au sieur procureur g�n�ral de Lorraine ses fins et conclusions du 25e septembre dernier. Faict � Nancy, en la chambre du conseil de l'Auditoire, le 5e d'octobre 1615. �
Voici, d'apr�s le d�nombrement de la Lorraine, dress� par le Pr�sident Alix, en 1594, le nom des villages qui composaient la pr�v�t� de Nancy et dans lesquels le tribunal des Ecbevins instruisait etjM~6a!)< les proc�s crimines:
Nancy, Saint-Nicolas, Art-sur-Meurthe, Champigneulles, Dombasle, Frouard, G�rardcourt, Heillecourt, Houdemont, Houdelmont, Jarville, Laxou, Lupcourt, Ludres, Laneuveville-devant-Nancy, Malz�ville, Max�ville, Manoncourt-en-Vermois, Pulnoy, Pierreville, Parey-saint-C�saire, Richardm�nil, Varang�ville, Vandoeuvre, Ville-en-Vermois, Villers-l�s-Nancy, Azelot, Anthelupt, Bouxi�res-aux-Dames, Burthecourt-aux-Ch�nes, Cr�vic, Eulmont, Flainval, Flavigny, Grandvezin, Hudiviller, Lay-saint-Christophe, Sommerviller, Benney, Bosserville, Cr�v�champs, Crantenoy, Ceintrey, Dommartemont, Essey-l�s-Nancy, Fl�ville, Gerb�court, Harou�, Herb�mont, Haplemont, Jevoncourt, Lenoncourt, Lemainville, Laneuveville-devant-Bayon, M�r�ville, Messein, Maron, Neuviller-sur-Moselle, Ormes. Affracourt, Pulligny, Pixer�court, Saint-Max, S�champs, Saint-Remimont, Saulxures-I�s-Nancy, Vaudeville, Tomblaine, Vaudigny, Voin�mont, Ville-s.-Madon, Xirocourt.
Quelque �tendue qu'on suppose la Pr�v�t� de Nancy, j'ai peine � admettre que le Tribunal des Echevins ne jugeait pas les proc�s criminels au del� de ses limites je regarde comme beaucoup plus vraisemblable, eu �gard � son importance hi�rarchique et judiciaire, qu'il pouvait les juger dans tout le Bailliage et, si je n'affirme son droit � cet �gard que pour la pr�v�t� de Nancy, c'est parce que je n'ai trouv� qu'en ce qui la concerne, des jugements criminels rendus par le Tribunal des Echevins. Dans d'autres, dans celle d'Amance notamment, les jugements criminels �manaient de la Justice locale, et des lors se pr�sente la difficult� de concilier ce droit de la Justice locale avec celui du Tribunal des Echevins, s'il existait, � moins d'attribuer comp�tence concurremment et simultan�ment � tous deux.

(17) Mory d'Elvange, Etats, Droits, Usages en Lorraine, p. 5. - J.-J. Lionnois, T. I, p. 311-312. - Dumont, Justice criminelle, T. I, p. 104-105.
Les lettres patentes du 1er septembre 1595 portaient �� que les proc�s criminels de ceux de l'Ancienne Chevalerie et autres leurs Pairs-fielv�s en Lorraine, pr�venus de crime,... seront faits, instruits et jug�s par les Ma�tre-Echevin et Echevins de Nancy et assisteront � l'instruction et confection d'iceux en nombre �gal Gentilshommes de la qualit� avant dite, pour � cette fin nomm�s et d�put�s, lesquels avenant qu'ils reconnoissent le d�linquant avoir �t� contraint du point et sentiment d'honneur, de tomber en l'inconv�nient dont il sera recherch�, lui en feront rapport et � ses successeurs ducs, et pourront supplier d'en connoitre, � ce que si le point d'honneur l'a pouss� � cet inconv�nient, il lui plaise d'en retenir la connoissance, y appelant les gentilshommes j� d�put�s et autres leurs pairs en nombre plus grand, tel qu'il lui plaira mieux ordonner si du contraire, il se trouve que l'acte ne soit commis par sentiment d'honneur, soit le pr�venu renvoy� par devant les Juges premiers, auxquels pour le parach�vement du proc�s, assisteront comme auparavant les dits Gentilshommes j� d�put�s jusqu'� sentence d�finitive exclusivement ; la r�solution et prononciation de laquelle sera et demeurera auxdits Ma�tre-Echevin et Echevins seuls. �
Aux Etats de 1607, les membres de la Chevalerie obtinrent un droit de r�cusation dont le duc se r�servait d'appr�cier l'exercice; ils obtinrent aussi que les Gentilshommes commissaires assistants au proc�s auraient communication des conclusions du Procureur g�n�ral et de la sentence du Tribunal des Echevins avant sa prononciation, pour qu'ils pussent, en cas de rigueur excessive, solliciter du Prince l'ordre d'une autre r�solution ou la gr�ce du coupable.

(18) B. 53, f� 24, v�. Lettres patentes. - Dom Pelletier, Nobiliaire, p. 690. - Lallain de Montigny, Annoblis tant du duch� de Lorraine que de celui de Bar, par le duc Ren�, avec le blason de leurs armes � commencer depuis p. 69. J.-J. Lionnois, T. I, p. 313-314. - Bernard de la Roche-Fiavin, Treize livres des Parlemens de France, liv. x, chap. 5, p. 591. - Emmery, Recueil des Edits, D�clarations, Lettres Patentes et Arr�ts du Conseil enregistr�s au Parlement de Metz, ensemble des arr�ts de R�glement rendus par cette cour, T. II, p. 609. - Le vicomte de Bastard d'Estang, Les Parlements de France, T. I. p. 258. - M. de Lacuisine, le Parlement de Bourgogne depuis son origine jusqu'� sa chute, T. I, p. 57. - M. G -M.-L. Pittot, Histoire du Parlement de Sandres, T. II, p. 312-323. - Emmanuel Michel Histoire du Parlement de Metz p. 289-291.
�� Pour ce est-il que nous, aians plaine et certaine congnoissance des louables, fidelles et vertueux d�portemens qui sont en nostre am� et f�al Nicolas Remy, licenci� ez droitz, conseiller et secr�taire des nostres et eschevin en la justice ordinaire de ce lieu de Nancy, tant en l'exercice de sesdicts estatz et offices, desquelz l'aurions express�ment honnor� pour ses vertus, apr�s qu'il se seroit voluntairement d�mis en noz mains de la lieutenance g�n�rale au bailliage de Vosges, qu'�s ex�cutions de belles et honnorables charges � luy par nous d�f�r�es et commises, pour l'enti�re et parfaicte asseurance qu'avons de ses int�grit� de meurs, preud'homie, idoint� et suffisance, mesme qu'il se seroit comport� en chacune d'icelles avec tel acquis et satisfaction de son debvoir, que nous en aurions tousjours receu bon contentement, et noz subjectz, � qui il auroit attouch� support et soulaigement; pour ces causes et autres justes consid�rations ad ce nous mouvans, avons icelluy... annobly et annoblissons... VouIons... que luy et ses enfans masles et femelles, nez et � naistre, descendans de luyen l�al mariage. soient � toujoursmais tenus, traictez et r�putez pour nobles... sans ce qu'ilz soient tenus ne puissent estre contrainctz... d'en payer � nous et � noz successeurs ducz de Lorraine aulcunne finance, laquelle, de nostre gr�ce sp�ciale, avons quict�e, remise et donn�e... audict Nicolas Remy en faveur et contemplation de ce que dessus... Que furent donn�es � Thiecourt, le neufi�me jour d'aoust l'an de gr�ce Nostre Seigneur mil cinq cens quatre vingt et trois...
Nicolas Remy portait d'or, �cartel� en sautoir d'azur, � deux serpents volants, affront�s d'argent, mouchet�s, allum�s et arm�s de gueules, et, pour cimier, un serpent de l'�cu.
Sous l'ancienne monarchie fran�aise, les fonctions judiciaires exerc�es pendant un certain temps au sein d'une cour souveraine suffisaient pour conf�rer la noblesse.
Dans des lettres patentes du janvier 1583, Chartes III d�clare que le Maitre-Echevin et les Echevins de Nancy jouissent �� des franchises, libert�s, exemptions, pr�rogatives et immunit�s de noblesse telles et semblables que peuvent �tre celles dont usent et peuvent jouyr les conseillers des cours du Parlement du royaume de France. �

(19) B. 58, f 222. Lettres patentes.
�� ...Comme, par bonne exp�rience, nous avons remarqu� et congnu les sens, discr�tion, preudhommie, habiliit�, suffisance, dext�rit�, vertuz, science et autres bonnes et louables parties estans en la personne de nostre am� et f�al conseillier secr�taire ordinaire des nostres et eschevin en la justice de Nancy Mre Nicole Remy; consid�rant mesmement que, depuis dix-neuf ans en�� qu'il est � nostre service, nous l'avons employ� � diverses charges et commissions pour noz importans affaires, dont il s'est fidellement acquit�, � nostre contantement; et soit que, pour l'enti�re confidance qu'avons en luy, et affin de luy donner occasion de continuer de bien en mieulx, nous ayons advis� et d�lib�r� le gratiffler et honnorer de quelque estat honnorable proche de nostre personne, condigne � ses vertuz et m�rites; S�avoir faisons que nous, ce que dessus favorablement consid�r�, et pour aultres bons et justes respectz nous mouvans, avons retenu... ledict Mre Nicole Remy en estat de conseillier en nostre Conseil priv�... et aux gages de quatre cens frans par chacun an, que luy avons ordonn� et establi, pour cause dudict est�t; et moyennant quoy, les deux cens frans qu'il souloit tirer de nous d'estat de secr�taire, demeureront estainctz... en quoy sy n�aulmoins n'entendons comprendre son estat d'eschevin, que voulons estre par luy exerc� comme il faisoit auparavant... �

(20) De Rog�ville, Dictionnaire, T. I, p. 369. - Dom Calmet, T. III, col. cxxxiii-ccxxxiv, et T. V, col. 885-886.
Quand on se pourvoyait au conseil du prince, au lieu de dire appel, On disoit plainte; et on consignait une amende de 30 fr.
Le duc si�geait en personne, d�s huit heures du matin, entour� des princes de sa Maison, des conseillers d'Etat et des quatre ma�tres des Requ�tes.

�� Le ma�tre des Requestes en quartier rapportoit les requ�tes sur lesquelles on prenoit r�solution; apr�s on faisoit entrer les avocats et leurs parties seulement; ceux dont il falloit plaider la cause, qui �toient introduits par l'huissier du conseil. Ils plaidoient avec leurs robes et t�tes nues devant le duc, apr�s une r�v�rence. L'avocat plaidoit sommairement et cavalli�rement celui qui d�duisoit le fait plus nettement et bri�vement �tait le mieux �cout� ; on y m�loit quelques raisons de droit que l'on vouloit ; on r�pliquoit de m�me sur-le-champ; et apr�s avoir conclu, les parties et les avocats sortoient. On opinoit et le ma�tre des Requ�tes dressoit l'arr�t en son logis, qu'il rapportoit le lendemain au m�me conseil, pour voir si c'�toit l'intention du Duc et de son conseil. Il y avoit des secr�taires du Conseil qui retiroient des mains du ma�tre des Requ�tes en quartier, les requ�tes cott�es et les minutes des arr�ts, qu'ils mettoient en forme sur papier, les faisoient signer par le duc et les contresignoient pour les d�livrer aux clients; car toutes exp�ditions du conseil �toient sign�es du duc. �
Les recours en gr�ce se jugeaient aussi sur le rapport du ma�tre des Requ�tes en quartier, qui se faisait apporter les informations �� et si le duc tenoit le cas r�missible, il accordoit la gr�ce par un simple d�cret, sans autres frais. �

(21) B. 61, f� 197. Lettres patentes.
�� ...Comme nous ayons appell�. George Mainbourg � l'estat de maistre des requestes en nostre hostel, et, par raison de ce, l'estat de procureur g�n�ral de Lorraine, qu'il souloit tenir par cy-devant, soit pr�sentement vacquant et de besoing y prouvoir et establir personnage capable et � nous fidel, affin que noz droictz, aucthoritez et jurisdictions soient bien et diligemment gard�es, conserv�es et maintenues, et nostre peuple soulag� et secouru de justice; s�avoir faisons que, recongnoissant de longue main les scavoir, exp�riance, suffisance, preudhommie, dilligences et autres bonnes et louables parties estans en la personne de nostre tr�s-cher et f�at conseiller d'Estat et eschevin en la justice de Nancy, Nicol Remy, ainsy que les effects nous l'ont faict congnoistre depuis vingt deulx ans que nous l'avons appelle � nostre service, tant en l'estat de lieutenant g�n�ral au bailliage de Vosges, secr�taire ordinaire des nostres, eschevin de ladicte justice de ce lieu et conseiller en nostre conseil priv�, qu'aultres plusieurs notables commissions particuli�res �squelles nous l'avons emploi�, o� il se seroit comport� tellement, que nous avons recongnu le fruict de son labeur au bien et advancement de nostre service et � nostre contantement; nous, pour ces causes, avons ledict Remy cr��, ordonn�, nomm�... nostre procureur g�n�ral au duch� de Lorraine. luy donnant pouvoir, puissance, commission et mandement sp�cial de garder, poursuivre, pourchasser, d�mener et deffendre toutes et une chacune noz causes, pr�tentions, demandes, actions et d�nonces contre tous et envers tous, tant en demandant qu'en deffendant, et faire poursuittes de toutes amendes, exc�s commis et d�tictz qui se feront et commettront en nostredict duch�, � ce que pugnition et corection s'en ensuivies sans estre d�laisses, impugn�s, et g�n�rallement faire, dire, procurer et besongner en tout ce qu'il congnoistra. estre requis pour la conservation de noz droictz et aucthoritez, ainsy qu'� bon et loial procureur appartient, et mesmement de prouvoir et faire substitutz audict duch�, o� il verra estre de besoing, manutention de nozdictz droictz et auchtoritez, et ainsy que par cy-devant ses pr�d�cesseurs audict office ont accoustum� faire � condition que, pour la taxe de la finance dudict estat, il nous paiera la somme de deux mil cinq cens frans... Au moyen de quoy avons permis... audict Remy qu'il puisse disposer librement, en son vivant, vingt jours avant son d�c�s, dudict estat de procureur, � personne capable et ydoine, en nous paiant la quart partie de ladicte somme de deux mil cinq cens frans. �
Les gages du Procureur g�n�ral de Lorraine �taient de cinq cents francs et ceux de son substitut de Nancy, de cent francs le substitut de Lun�ville n'en recevait que trente.

(22) De Rog�ville, Dictionnaire t. II, p. 224-226.

(23) M. Victor de Saint-Mauris, d�c�d� le 27 ao�t 1868, membre honoraire de l'Acad�mie de Stanislas, �tudes historiques sur l'ancienne Lorraine, T. I, p. 133. - Dom Calmet, Histoire, T. III, col. CCXXXI-CCXII, T. V, col. CCXLIII-CCXLVI, et p. 882-883. - M. le comte d'Haussonville, T. I, p. 430-439. - Augt. Digot, M�moires de l'Acad�mie de Stanislas, 1854, p, 29-138.

(24) De Rog�ville, Dictionnaire, T.II, p. 225. - R�glement �tabli par les Etats du 4 d�cembre 1532, art. 6 : �� Il ne commettra aucuns substituts �s villes ou l'on a accoutum� en avoir, qui ne soient gens de bien et de bonne fame, diligens et s�avans � entendre les affaires de notre souverain seigneur et � ses d�pens. �

(25) Dom Calmet, Histoire, T. V, col. 857-864. - Mme la comtesse d'Armaill�, Catherine de Bourbon, soeur de Henri IV, 1559-1604 p. 246-316.
Charles III voulait, par sa condescendance et ses bont�s, faire oublier � sa bru la froideur de l'accueil que la catholique Lorraine faisait � la fervente calviniste. Les mortelles tristesses de la Fille de France ont inspir� � une plume f�minine et tr�s-aristocratique quelques pages pleines de charme et de v�rit�.

(26) B. 70, f� 109, V. Lettres patentes, et B. 1292, f� 180 vo. XIe compte du Tr�sorier G�n�ral de Lorraine, Claude de Malvoisin. - De Rog�ville, Dict., T. II p. 257.
�� ...Receue avons l'humble supplication et requeste de nostre tr�s-cher et f�al conseiller en nostre Conseil d'Estat et procureur g�n�ral de Lorraine, Mre Nicolas Remy, contenant que j� par longue espace d'ann�es, il entretient aux estudes ung sien filz, nomm� Claude Remy, pr�sent r�sidant et receu en estat d'avocat en court de Parlement � Paris, eu intention de le rendre idoinne et capable pour estre emploie � nostre service nous suppliant tres-humblement, suivant le pouvoir � !uy donn� par noz lettres d'institution et establissement dudit estat de procureur g�n�ral de Lorraine, d'en prouvoir iceluy son filz. S�avoir faisons qu'aians en bonne et favorable recommandation les agr�ables et fidelz services dudit Nicolas Remy, p�re, mesmement nous estans amplement inform�s des sens, suffisance, capacit�, s�avoir et exp�rience dudit Claude Remy, filz, nous, pour ces causes et autres bons respects nous mouvans, notamment en faveur de nostre tr�s-ch�re et tr�s-am�e belle-fille Madame la duchesse de Bar, qui nous a pri� et requis, avons, d�s � pr�sent, cr��, nomm�, estably. ledit Claude Remy, filz, en estat et office de nostre procureur g�n�ral... Et affin de donner audit Remy, filz, tant plus de moien et commodit� de continuer, poursuivre ses estudes et se fa�onner � la praticque en ladicte court de Parlement � Paris, pour le rendre tousjours tant plus ydoine et capable � exercer ledit estat de procureur et s'acquicter d'autres affaires ausquelles il pourra estre employ� pour nostre service, nous avons octroi� et permis. audit Nicolas Remy d'exercer ledit estat et office de procureur g�n�ral de Lorrainne et d'en con tinuer les charges et fonctions tant et sy longuement qu'il voudra, soit en l'absence ou en la pr�sence d'iceluy Remy, son filz, et sans que pour ce n�antmoins il soit de besoing ny n�cessaire que ledit Claude Remy, filz, en obtienne cy-apr�s autres provisions ny lettres de nous plus expresses, nonobstantes toutes ordonnances que pourrions avoir faictes cy-devant, contraires � la teneur de cestes, et ausquelles nous avons pour ceste fois d�rog�... �
C'est en 1606 que Claude Remy a touch� ses gages pour la premi�re fois d'o� l'on doit induire que c'est � cette �poque aussi qu'il a pris possession effective de sa charge et que son p�re y a d�finitivement renonc�.
Claude Remy a �t� remplac� comme procureur g�n�ral de Lorraine par Claude d'Hacourt, le 16 juillet 1631.

(27) B. 1215, f� 387 v� et 413 v�. B. 1217, f� 373 v� - B. 1244, f� 338. - B. 1257, f� 340. - B. 1261, fos 262, 265, 266. - B. 1265, f� 281 v�. - B. 1268, f� 270 v�. - B. 1274, f� 239, 240 v�. - B. 1285, f� 238. - Comptes du tr�sorier g�n�ral de Lorraine pour les ann�es 1588, 1589, 1596,1599,1600,1601,1602,1603,1605.
Nicolas Remy se transporta seul, pour le service de Son Altesse, � la Mothe en 1587, � Pont-�-Mousson en 1589, � Toul en 1596.

Des difficult�s s'�l�vent, en 1599 avec le comte de Zollern, en 1600 avec le duc de Deux-Ponts et le comte de Nassau, en 1602 avec la France et le pays Messin, en 1603 avec les Ma�tre-Echevin, Treize et Communaut� de Metz, en 1605 avec le comte de Nassau et, pour les aplanir, Nicolas Remy assiste, au nom de son ma�tre, � des conf�rences ouvertes � Bitche, � Hornbach, � Toul, � Nomeny, � Saint-Avolt.
Il avait pour coll�gues, tant�t le sr de Raigecourt, gouverneur de Bitche, le lieutenant g�n�ral du comt� de Vaud�mont et Fran�ois Lepois ; tant�t Jacques Bournon, pr�sident de la Cour des Grands-Jours de Saint-Mihiel, Georges Mainbourg, conseiller d'Etat, et Jean Bourgeois, procureur g�n�ral de Lorraine et Barrois tant�t le baron de Cr�hange, bailli d'Allemagne.
La d�pense de ces commissaires s'�levait quelquefois � des sommes assez importantes 295 fr., 399 fr., 779 fr., 800 fr., 2,004 fr.

(28) B. 1240, f� 298, v�. Compte du tr�sorier g�n�ral de Lorraine. Dom Calmet, Hist. de Lorraine, T. V, col. 758-759 et Notice de la Lorraine, v�, Marsal - Art�z� de la Sauvag�re, Recherches sur la nature et l'�tendue d'un ancien ouvrage des Romains, appel� commun�ment Briquetage de Marsal, avec un abr�g� de l'histoire de cette ville, p. 33-35.
Henri Lepage, Le d�partement de la Meurthe, statistique historique et administrative, 2� partie, p. 353; et Les communes de la Meurthe, T. II. p. 9-10.
Mandement du 25 janvier 1594 : �� Au sieur Nicolas Remy, Procureur G�n�ral de Lorraine, la somme de cent quarante sept francs, neuf gros, huit deniers, pour remboursement de semblable somme qu'il a frai� et despenc�, allant, de l'ordonnance de Son Altesse, prendre possession de Marsal, ses appartenances et d�pendances au nom d'Icelle... �
Le trait� de paix de Saint-Germain-en-Laye, conclu en 1594, entre le roi de France Henri IV et le duc de Lorraine, ne faisait qu'affermir aux mains de ce dernier la propri�t� de Marsal que, par un contrat d'�change du 14 d�cembre 1593, le cardinal de Lorraine, �v�que de Metz, avait c�d�e au duc Charles III, son p�re.

(29) Nisard, Histoire de la litt�rature fran�aise, liv. III, ch. 5 � 5.

(30) J.-F. Huguenin, Les chroniques de la ville de Metz, p. 112, 253, 259, 285, 287, 676. - Journal d'Aubrion, Bourgeois de Metz, p. 200-204. - Histoire g�n�rale de la ville de Metz, par des Religieux B�n�dictins de la Congr�gation de St-Vannes, T. II, p. 651. - Journal de Jean Bauchez, p. IX-X, 219-220.- Proc�s pour sorcellerie et jugements rendus par les justices de Metz, Plappeville, Antilly, Woippy, Vali�res, Vezon, Sainte-Iure, Talange et Vic pendant les ann�es 1576, 1588, 1594, 1595, 1602 et 1622, avec les informations, d�positions de t�moins et condamnations.- Catalogue des manuscrits de la ville de Metz, n� 9. Dom Calmet, Hist. de Lorr., T. VII, col. 30-35.-Lionnois, T. II, p. 349-363.- Richard, Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l'ancienne Lorraine, p. 256. - M. Viville, Statistique du d�partement de la Moselle, T. II, p. 212-213, 320-322, 392, 420, 445-446. - Dumont, Justice criminelle, T. Il, p. 23-61 et 69-95. - E. de Bouteiller, Les sorciers de Plappeville. L'Austrasie, revue de Metz et de Lorraine, T. III, p. 149-164. - Louis Spach, Lettres sur les archives d�partementales du Bas-Rhin, p. 247-250. - Renouard, Histoire de la m�decine, T. II, p. 117.
Si ce fut surtout au XVIIe si�cle que les pr�tendus sorciers d�sol�rent la Lorraine, ils y avaient fait longtemps auparavant leur premi�re apparition; d�s le XIVe le pays messin en comptait d�j� quelques-uns.
En 1372, a une bourgeoise de Mets, nomm�e Bietris, fille a de Symon de Halefedange, et son mari et deux aultres femmes, furent arses entre les deux ponts, pour tant qu'elles usoient de certains voeulx et charmes et auttres cais deffendus par a l'esglise, et pour le pareil cas fut prins Willamme de Chambre, a nepveu � maistre Williamm le seelleur, lequel s'estrangla en a la prison et fut trayn� en l'isle et li� � ung pal; et l� fut ars a comme les aultres, tout mort quil estoit. �
Plus tard, en 1445, �� on prit � Verdun trois sorci�res servantes de tous les ennemis de l'enfer qui par leurs sortil�ges firent tonner, gr�ler et caus�rent des temp�tes si furieuses que les bleds, les vignes et les maisons de plusieurs villages furent saccag�s. La premi�re, appel�e Jeannette, �toit boiteuse; elle avoit d�j� �l� prise � St-Germain-les-Metz, pour un fait � peu pr�s pareil et avoit �t� marqu�e au visage avec un fer chaud, avec menace de la br�ler, si jamais elle r�cidivoit. Elle fut reprise du c�t� de Verdun pour avoir recommenc� ses mal�fices. Apr�s lui avoir refait son proc�s, elle fut a marqu�e de nouveau au visage et condamn�e au feu. Le nom qu'elle portoit dans les assembt�es de sorciers �toit Lochatte, celui du diable son ma�tre Cloubaut; l'hommage qu'elle lui rendoit consistoit � lui baiser le derri�re. La seconde, nomm�e Jeanne s'appeloit dans les assembl�es, Chamet; elle avoit pour ma�tresse Marquelse et pour ma�tre Carbolette, � qui elle baisoit le dos. La troisi�me, enfin, appel�e Didet, femme du ma�tre �chevin de Verdun, se nommoit dans les assembl�es Hapillat et avoit pour ma�tresse Jacob�e et pour ma�tre Grispanier, qu'elle baisoit sur la bouche et � qui elle offroit les rognures de ses cheveux et de ses ongles, au lieu que les deux autres offroient une poule. Celles-ci furent br�l�es, et la femme du ma�tre �chevin, en consid�ration apparente de son �tat, fut sauv�e. �
A partir de cette �poque, sous l'influence croissante de l'ignorance et de la mis�re, les sorciers devinrent de jour en jour plus nombreux, et l'histoire locale n'eut plus qu'� enregistrer � chaque page, avec leurs tristes exploits, les sanglantes repr�sailles d'une soci�t� troubl�e par la peur.
Il ne faut pas croire, du reste, que la Lorraine souffrait seule de ce mal �trange; l'Europe enti�re semblait, comme elle, frapp�e de vertige les pays protestants eux-m�mes n'�chappaient pas � la contagion, et on ne doit pas s'en �tonner, quand on songe que Luther partageait, � l'�gard des sorciers, les pr�jug�s du vulgaire et racontait ses luttes incessantes avec le diable qui, sous la figure d'un moine, venait argumenter avec lui.

(31) Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, 868. Extrait des coupures de Bournon, p. 35. - Aug. Digot, Hist. de Lorr., T. V, p. 115-116.
Les pr�d�cesseurs de Charles III s'�taient montr�s moins s�v�res que lui. Le duc Raoul se contentait de d�cr�ter �� que celui qui feroit magie, sortil�ges, billets de sort. seroit honni et payeroit 10 livres tournois � et le duc Antoine ordonnait, � son tour, en 1529, �� que l'on ne proc�d�t pas l�g�rement � sa prise, si doncques ne fust qu'il y eust partie formelle. �

(32) Sprengel, Histoire de la m�decine, T. III, p. 232. - Michetet, la Sorci�re, 4� �dit., p. 198. - P. de Lancre, L'incredulit� et mescr�ance dv Sortil�ge plainement convaincve, ov il est amplement traict� de la v�rit� ou illusion du Sortil�ge, de la Fascination, de l'Attouchement, du Scopelisme, de la Diuination, de la Ligature ou Liaison Magique, des Apparitions ; et d'une infinit� d'autres rares et nouveaux subjects, p.584.
Huit o� neuf cents ! ce chiffre est �norme, sans doute; mais il le fut bien davantage ailleurs. Dans le seul �lectorat de Tr�ves, il s'�leva � six mille cinq cents en quelques ann�es ! A Toulouse, quatre cents d�monol�tres mont�rent au b�cher en un jour sous le r�gne de Fran�ois Ier, cent mille furent, en France, d�f�r�s � la justice

(33) NtGOLAI REMIGII Sereniss. Dvcis Lotharingiae a concitiia interioribvs, et in eivs ditione Lotharingic� cognitoris publici DENONOLATRAE LIBRI TRES. - Ex Iudiciis capitalibus nongentorum plus minus hominum, qui sortilegii crimen intra annos quindecim in Lotharingi� capite luerunt. - Ad illustrissimum Principem, amplissimumque Cardinalem Carolum a Lotharingi� - Lvgdvni. in officin� Vincetii, M.D.XCV. - In-4� prelim. 12 ff. y compris le titre texte, 394 p.
La D�monol�trie a �t�, l'ann�e suivante, imprim�e � Cologne et � Francfort : Colonioe Agrippinae apud Henricum Falkenburg, anno 1596. pet. in-8�. - Francofvrti in officin� Palthenii. M.D.XCVI. pet. in-12.
L'�diteur de Francfort a ajout� au titre primitif : Miris ac iucundis narrationibus, variarum naturalium qusestionum ac mysteriorum Daemonicorum discussionibus, valde suaues et grati, adque sales mouendos inprimis apti. �
Mes renvois se r�f�rent tous � l'�dition fran�aise, de beaucoup la plus belle et la meilleure.

�� (34) Demonolatria, ad lectorem, in fine.

�� Quamquam hic mihi bene conscius sum, nihil certandi scripsisse studio, nihil quo ex argumenti novitate admirationem moverem, gratiam captarem; sed tant�m in eum veritatis scopum, quo muiti alii, quorum tamen minus instructa esset jaculis pharetra, quam nostra nunc est, collimasse (sic) atque oculorum aciem direxisse. �

(35) Id., epistola dedicatoria, in medio.
�� Sed c�m hoc ne sic quidem validum ad persuasionem videretur (quis enim, eo orationis genere, ipsam etiam veritatem mendacii suspectam non habeat ?) adhibui quae ad eam assearendam momenti atque authoritatis plurimum apud homines habere solent, rerum, personarum, locorum, atque temporum, quae intercessissent, peculiarem, certam ac luculentam desiagnationem. �

(36) Id., ibid. et lib. III, cap. 1 et 12, p. 305 et 580.
�� Verum c�m ea sive deliratio, sive impietas habeat conjunctam atque implicatam societatem veneficii alior�mque scelerum quae se facil� produnt, mirum est quod aliquando ex fumo ignem non deprehenderint. �
Nicolas Remy d�clare ailleurs, � deux reprises diff�rentes et � peu pr�s dans les m�mes termes, que vouloir expliquer les sortil�ges et les mal�fices, par des causes naturelles, c'est vouloir mesurer ou toucher le ciel en �tendant la main.
�� Quae omnia si quis velit ad certum naturae modum atque ordinem referre, nihilo plus agat quam si caelum, pass� a manu, demetiri tentet. �
�� Ut qui velit ea ex causis naturalibus aestimare, nihilo plus agat, quam si conetur digito ipsum coelum attingere. �

(37) Id., epistol. d�dic.
�� Cert� mihi cui � t�t annis contigil de iis qua; in Lotharingia capitaliter admissa sunt judicia exercere, jam nihil reliqui esse putavi, quin pleraque omnia, quae de istiusmodi maleficiis vel ad prodigium narrantur vera ducerem, an praeterea qualia ipse ex quaestionum quae de iis habitae in manus meas pervenere inspectione comperi, m�moriae ac litteria proderem. �

(38) Doempl. ad lectorem, in fine.
�� Fit enim ut, quae quis praesens vel vidit, vel audivit, ea orationis majore narret fiduci�, praefacriusque, adversus eos qui contr� sentiunt, defendat.�

(39) Id., lib. I, cap. 7 et 23.

(40) Id., lib. I.cap.

(41) Id., lib. I, cap. 18.

(42) Id., lib. I, cap. 5, p. 47 et 48. - J.-J. Lionnois, T. II, p. 355-353. - Dumont, Just. crim., T. II, p. 34-35.
En indiquant que quelquefois le D�mon choisit pour d�poser son empreinte l'endroit du corps o� s'est faite l'onction du Bapt�me, Nicolas Remy le compare au voleur de brebis qui, apr�s avoir effac� la marque du propri�taire, y substitue la sienne.
�� His adeo barbarae atque inhumanae servitutis veluti tesseris inustos ac insignitos etiamnum hodie habet Diabolus quos recens sibi addixit praecipueque, aiunt non nulli, e� in parte corporis quae, � sacrorum Antistite in die cujusque initiali chrismate fuit delibuta, uti fures abacti pecoris signa suis impressis immutare solent. �
Et cette marque du d�mon n'�tait pas seulement insensible, une aiguille profond�ment enfonc�e dans la chair n'en faisait pas sortir la plus petite goutte de sang. �� Et quod magis mirum a videri possit, totus ille locus ita exsanguis est ac sensu labefactatus, ut ne admissa quidem acus altissim� aut dolorem faciat, aut sanguinis minimum eliciat. �
Aussi les magistrats commen�aient-its presque toujours par faire rechercher sur toutes les parties du corps, m�me les plus secr�tes, cet endroit priv� de sensibilit� et de sang, sans prendre le moindre souci de la pudeur de l'accus� ou de l'accus�e, et en appelant � leur aide ou le bourreau ou la personne vile du lieu. �� Idque ita jam pro comperto habent rerum capitalium vindices, ut inde quaestionis ac tormentorum saepe initium faciant.

(43) Doemonol. lib. l, cap. 6.

(44) Id., lib. cap. 20, p. 144.
�� Sed praetera, dictu indignum ! ab invitis ingerenda esse oscula Daemonis podici, postquam is sese immutavit in hircum horridum ac mutt� gravius olentem quam haedi solent ineunte brum�, multi memorant. �

(45) Id., Iib. i, cap. 15.

(46) Id., ibid.et cap.17.

(47) Id., lib. III, cap. 12, p. 386. - Pierre de Lancre, Tableav de l'inconstance des mauvais des Anges et D�mons, ou il est amplement traict� des Sorciers et de la Sorcellerie. Livre tr�s vtile et n�cessaire non seulement aux luges, mais � tous ceux qui viuent sous les loix Chrestiennes - Avc un discours contenant la proc�dure faicte par les Inquisitions d'Espagne et de Navarre � 53 magiciens, Apostats, luifs et Sorciers en la ville de Logrogne en Castille, le 9 novembre 1610. En la quelle on voit combien l'exercice de la lustice enFrance est plus iuridiquement traict�, et auec de plus belles formes qu'en tous autres Empires, Royaumes, R�publiques et Estats. Liv. Ier, Disc. 3, chap. 2, p. 54. - J. Bodin, La D�monomanie des Sorciers. - Le docteur F�lix Marchal, tableau historique, chronologique et m�dical des maladies end�miques, �pid�miques et contagieuses qui ont r�gn� � Metz et dans le pays messin, depuis les temps les plus, recul�s jusqu'� nos jours, p. 216.
�� Sed mares, lic�t id infrequentia quidem, aequ� sibi in hoc obsequii genere devotos, addictosque habet Daemon. �
Tout en reconnaissant avec Nicolas Remy que les hommes, eux aussi, devenaient les disciples du diable, les autres d�monologues constatent que le fait �tait tr�s-rare; Jean Bodin va m�me jusqu'� pr�tendre, dans sa r�futation du livre de Wyer, qu'il y avait cinquante sorci�res pour un sorcier, et quand Pierre de Lancre cherche � expliquer cette singularit�, il ne trouve rien de mieux que ceci
�� Bodin dict tr�s bien que ce n'est pas pour la foiblesse et fragilit� du sexe, puisqu'on voit quelles souffrent la torture plus constamment que les hommes... ce seroit plus t�st la force de la cupidit� bestiale qui pousse et r�duit la femme � des extr�mitez es quelles elle se iette volontiers pour io�ir de ses app�tits, pour se venger, ou pour autres nouueautez et curiositez qui se voyent es dictes assembl�es. �
Dans sa savante et fid�le nosographie messine, M. le docteur Mar�chal exprime � peu pr�s la m�me opinion, mais en un langage dont la science att�nue la crudit�.
�� Nous ferons remarquer sans y insister pour le moment, combien le nombre des femmes condamn�es comme sorci�res est infiniment plus consid�rable que le nombre des hommes accus�s du m�me fait; cette disproportion n'a rien d'�tonnant quand on songe � la fr�quence des hallucinations chez les femmes et � l'impressionnabilit� physique et morale dont les hyst�riques et les chloro-an�miques sont dou�es. �

(48) Daemonol. lib. III cap. 6.

(49) Dumont, T. Il, p. 53-54. - Dom Calmet, Hist. de Lorr., T. VII, col. 32.
Magistellus, ce mot, diminutif de magister, se retrouve sans cesse sous la plume de Nicolas Remy. - Le Diable avait en Lorraine diff�rents noms Persin, Persil, Napnel, Joli-bois, Saute-Buisson, Verdelet, Bonnot.

(50) Daemonol. lib. I cap. 13 et lib. III, cap. 6.

(51) Id., lib. I, cap. 4, p. 46. �� Nihit eorum quae promittunt ex se tradere possunt daernones ; sed visu tantum quaedam inania suis cultoribus afferunt, varia prorsus et instabilia... testas ac carbones... arborum folia... calculum ferrugineum, qui etiam contractu primo facil� in frusta dissiliret. �

(52) Id., lib. I, cap. 6.

(53) Id., lib. II, cap. 7, 12, 13, 14, 15.

(54) Id., lib. I, cap. 2, p. 36-37.
�� Minutum pulverem, primo quoque congressu, administrat diabolus, qui morbi necisve certissimam, cui ita constituerit, causam praebeat.eum qui necat atri, qui morbum tantum facit cinertiti, aliquando etiam ruffi esse coloris;... tertium accipiunt albi coloris, cujus vel aspersione, vel in esculentum poculent�mve immissione, morbus proputsetur. �

(55) Id., lib. I, cap. 3 et 14, p. 120 lib. II, cap. 3.

(56) Id., lib. I, cap. 25.

(57) !d., lib. I, cap. 14, p. 120. �� Sed, ut ad intermissum de nocturnis illis conventibus sermonem redeam, juvat, quo magis eorum veritatem adjuvem, modum quoque et viam, qu� ad illos properatur, exponere. Ac prim�m vulgatissima ea ab omnibus perhibetur, quae per camini vaporarium esse consuevit. �


(58) ld., lib. I, cap. I, p. 121; cap. 17, p. 134-135 et cap. 18.
�� Quibus omnibus et hoc obiter non erit absurdum adjicere, quod de die, quo sic un� conveniunt, ab illis vulgo dicitur... Omnes quorum quaestiones capitales hactenus in Lotharingi� expendere licuit, non aliis noctibus, qu�m quae proxim� praecedunt diem vel Jovis, vel Dominicum, ejusmodi conventus agitari autumant.
�� Porro circulares esse omnes choros, qui sic agitanlur, atque ab aversis saltatoribus, uti una Gratiarum in choro depingitur, tripudiari affirmant sagae... Addit Sybilla Morelia gyrum semper in loevam progredi. Dubium quae tam praeposteri ordinis causa atque occasio, nisi si forte ea est, ne se recta atque ex adverso intuentes tam facil� agnoscant. Nam non leve periculum esse putant in judicio, quod qui ejus sceleris fiunt manifesta de conseils saep� apud quaestorem vi tormentorum profitentur. Ob idque et saep� personati, ut alibi dictum a est, conveniunt. �

(59) Doemonol. lib. i, cap. 16, p. 127-128.
�� Ac prim�m in confesse est omnibus, quos sic daemon sua dignatur mens�, adeo omnes ejus epulas sordere, sive earum apparatus oculis, sive odor naribus percipiatur, ut vel famelico ac latranti stomacho facil� nauseam parere possint... Cibos illic, aiunt, apponi omnium generum, sed adeo viles, illiberales, ac mal� conditos, ut vix sint vescendo. Nicolaus Morelius ita tristem, austricum atque atque amarum esse illis gustum, ut sumptos confessim, prae molestia, sibi necesse fueritexpuere. Vinumpraetera, instar atri atque insynceri sanguinis, in sordido aliquo simpulo epulonibus solitum propinari. �
D'autres moins difficiles ou moins sinc�res que Nicolas Morel pr�tendent qu'� ce banquet du diable, rien ne manquait que le pain et le sel : �� Nullarum fer� rerum copiam illic deesse praeterquam salis et panis. �

(60) Doemonol. lib. t, cap. 19, p. 141.

�� Ergo miris modis illic miscentur ac turbantur omnia, nec ull� oratione salis ;exprimi queat, qu�m strepant sonis inconditis, absurdis ac discrepantibus. Canit hic ad tibiam, vel veri�s ad contum aut baculum aliquod, quod fort� humi repertum buccae, ceu tibiam admovet... Ille pro lyra equi calvariam pulsat ac digitis concrepat... Alius fuste vel clava graviore quercum tundit; unde exauditur sonus ac boatus veluti tympanorum vehementius pulsatorum. �

(61) ld., lib. I, cap. 14, p. 110.- Histoire de Metz t. III, p. 165.
�� Res est controversa et plena dissensionis, inter eos qui haec sagarum tractant portenta; eae ne rever� ad illos quos sic jactant daernonum conventus avolent ac pr�sentes iis adsint.. Nam et certis authoribus compertum habemus extitisse, quae, c�m domi, im� in eodem c�m marito cubili, manifest� pernoctassent, recenserent tamen postero man�, ac confidenter dicerent multa ad ejusmodi conventus pertinentia, quibus se superiore nocte interfuisse affirmarent. �
Aux auteurs dont il parle ici, Nicolas Remy aurait pu, cinquante ans plus tard, ajouter le c�l�bre Gassendi, dont le t�moignage se fortifie de la confiance qu'il a inspir�e, m�me en cette mati�re d�licate, aux savants B�n�dictins. �� Ce philosophe, chanoine et pr�v�t de la cath�drale de Digne, rapporte qu'un jour �tant all� dans une terre de sa pr�v�t�, il vit, en y arrivant, les paysans attroup�s autour du berger du lieu. Il en demanda le sujet. On lui r�pondit que ce berger �tait sorcier. Notre savant charm� de s'instruire par lui-m�me du fait de la sorcellerie, demande qu'on lui confie le berger. Il le m�ne en sa maison, l'interroge et le berger confesse qu'il est r�ellement sorcier, qu'il ira au sabbat la nuit prochaine; que M. Gassendi l'accompagnera, s'il le veut. Le philosophe accepte la proposition et dit � cet homme de l'avertir de l'heure du d�part. Lorsqu'elle fut venue, le berger tira de sa poche un pot de graisse, dont il avala une certaine quantit� et dit � M. Gassendi de faire de m�me. Celui-ci feignit de ne pouvoir prendre cette graisse qu'il ne l'e�t mise dans du pain � chanter; prit le pot, entra dans son cabinet, substitua de la confiture � la graisse et vint se mettre au coin du feu pr�s du berger qui se coucha par terre. Il ne tarda pas � s'endormir, et d�s que la graisse commen�a � se dig�rer, il entra dans une agitation extraordinaire, qui dura jusqu'au lendemain matin qu'il s'�veilla et dit � M. Gassendi : Oh ! oh ! monsieur, on vous a fait bien de l'honneur; vous avez bais� le cul du grand bouc, etc. Ce pauvre malheureux croyoit avoir �t� au a sabbat, et n'avoit pas chang� de place. �

(62) Doemonol. lib. II, cap. 5, p. 237.

(63) Id., lib. i, cap, 6.

(64) Dumont, Justice criminelle, T. I, p. 78-90 et T. II, p. 34. - Doemonol. lib, m, cap. 8, p. 351 et 355.
M. Dumont a, en termes souvent indign�s, d�crit avec une saisissante exactitude toutes les phases de cette proc�dure impuissante et barbare dont Nicolas Remy appelle les moyens de preuve, c'est-�-dire les instruments de supplice, exquisitae Judicis artes, comme il appelait la mis�re de la prison, le commencement du salut, carceris miseria salutis initium.

(65) M�moires du marqui de Beavau pour servir � l'histoire de Charles IV, p. 10-11 - Calmet, Histoire de Lorr., T. VI, col. 41-42, note. - J.-J. Lionnois, T. Il, p. 344-349 et 373-376.- Chevrier, Hist. de Lorr., T. IX, p. 75-76.- Henri Lepage, Andr�. des Bordes ; Episode de l'histoire des sorciers en Lorraine. Bulletins de la Soci�t� d'Arch�ologie Lorraine, T. VII, p. 5-55. - M. le comte d'Haussonville, T. p. 155-158. - Dumont, T. II, p. 198-200. - Aug. Digot,T.V,p. 120.
L'accusation de sorcellerie �tait une arme des plus redoutables dans la main d'un adversaire ou d'un ennemi. Il suffisait qu'un sorcier ou, une sorci�re, aux prises avec le tourmenteur, signal�t l'homme. le plus innocent et le plus inoffensif du monde comme l'ayant vu au sabbat, pour que cet homme dev�nt bient�t lui-m�me un accuse. Les situations les plus �lev�es ne mettaient pas � l'abri d'une poursuite et en devenaient quelquefois l'occasion. Sans remonter jusqu'� Jeanne d'Arc, ce pieux et touchant symbole du d�vouement, de l'abn�gation et du patriotisme, notre histoire locale a conserv� le souvenir de deux noms qui mettent en vive lumi�re cette triste v�rit�. Andr� Desbordes, seigneur de Gihaumeix et Melchior de la Vall�e, chantre de la coll�giale Saint-Georges, avaient �t� les familiers et les conseils du duc,Henri; � la mort de ce, prince, son neveu, depuis Charles IV, ne leur pardonna point de s'�tre, autant qu'ils le pouvaient, oppos�s � son mariage avec la princesse Nicole, en recommandant de pr�f�rence le baron d'Ancerville, b�tard d'un Guise. Pour se venger d'un fait qu'il aurait eu grand peine � �lever � la hauteur d'un crime, il leur imputa des sortil�ges et six commissaires, plus faciles � convaincre que des juges, accept�rent cette imputation comme une r�alit�.
Le marquis de Beauvau raconte ainsi ce qu'il savait de ce curieux proc�s
�� Dans le commencement du r�gne, un nomm� Desbordes, valet de chambre, et fort affectionn� au feu duc Henri, avec un autre homme dit le chantre l'un de ses aum�niers, et qui avait eu aussi grande part en ses bonnes gr�ces, furent poursuivis criminellement, �tant tous deux soup�onn�s de sortil�ges. Le sieur Sarazin, �chevin en la justice de Nancy, assez cr�dule et rigoureux, � ce que l'on dit, sur cette mati�re, leur fut donn� pour commissaire, et les ayant jug�s suffisamment convaincus de ce crime, il les condamna � �tre a br�l�s; ce qui fut ex�cute. Pour le premier, j'ai oui dire qu'il avoit fait souvent certains tours de souplesse de corps, qui paraissoient extraordinaires, et m�me surnaturels, et qu'il avoit confess� son crime sur le point d'�tre ex�cut�; mais pour le chantre il mourut constamment, sans le vouloir jamais avo�er, protestant toujours qu'il n'en �toit point coupable. Il confessa seulement qu'il ne laissoit pas de m�riter justement la mort, pour divers sacril�ges qu'il avoit commis, comme d'avoir d�jeun� quelquefois avant de dire la messe, et d'�tre tomb� dans d'autres irr�gularit�s. Cependant, comme c'�toit lui qui avuit baptis� la duchesse Nicole, ce fut une des causes qu'on all�gua depuis, pour la pr�tendue dissolution de son mariage d'avec le duc son mari, sur ce qu'ayant �t� baptis�e par un sorcier, il n'avoit pu conf�rer ce sacrement. Que le duc pr�supposoit avoir �pous� une chr�tienne et qu'elle ne pouvoit l'�tre faute du bapt�me. Qu'ainsi ayant �t� abus�, le mariage par cons�quent �tait nul. �
Dom Calmet est venu � son tour compl�ter, en ce qui touche Andr� Desbordes, le r�cit de l'historien de Charles IV :
�� On raconte de lui une infinit� de faits fort extraordinaires; par exemple qu'il ordonnoit aux personnages d'une tapisserie de se d�tacher et de venir faire la r�v�rence � la compagnie; qu'il commanda un jour � trois pendus de descendre et de venir faire la r�v�rence au duc Henri et qu'ils ob�irent; qu'il avoit une bo�te � plusieurs cellules, qu'il dressoit une table qui se couvroit de toutes sortes de mets, � mesure qu'il ouvroit les petites chambres de sa boite qu'il se mettoit � cheval sur un tonneau et s'en servoit comme d'une monture. Un de ses t�moins l'accusa de l'avoir rencontr� hors de la porte Notre-Dame qu'on venoit de fermer sur le soir et que lui ayant dit qu'il voudroit qu'on lui donn�t du pied au c... et qu'il f�t dans son lit; qu'il re�ut de lui ce coup et qu'effectivement ce m�me soir il s'�toit trouv� dans son lit. �
C'est sur la foi d'all�gations aussi absurdes qu'on condamnait au dernier supplice m�me les gentilshommes, quand la vengeance, la jalousie ou l'int�r�t leur suscitaient des d�nonciateurs.
La sentence de mort pronon�ait toujours la confiscation des biens du condamn�; et, avec sa malveillance et sa l�g�ret� ordinaire, Chevrier suspecte l'impartialit� du prince ou du seigneur haut justicier que cette confiscation enrichissait, et qu'il accuse, non-seulement de provoquer les poursuites, mais encore d'acheter des t�moins. Ai-je besoin de dire que pas un mot de ce que j'ai lu, soit dans la D�monol�trie, soit ailleurs, n'autorise cette grave et audacieuse supposition !
En semblable mati�re, tout �tait, d'ailleurs, incroyable et je n'en voudrais d'autres preuves que les condamnations prononc�es, avec toutes les formalit�s judiciaires, contre des animaux. Presque tous ces animaux avaient d�vor� des enfants, mais il est bien probable qu'on reprochait de plus � quelques-uns leur complicit� ou leur connivence avec des sorciers.

(66) Doemonol. lib. n, cap. 2. p. 200-201.

�� Extiterunt et alii plures nostr� memori� sic ab ineunte aetate in malam rem a parentibus abducti, quos, quoniam doli jam capaces videbantur, censuimus nos Duumviri damnandos, ut nudi ter virgis coederentur circum eum locum, ubi vivi parentes comburerentur. Quod et ab eo tempore fer� sic est usurpatum. Sed ne hac quidem ratione nunquam putavi plen� legibus esse satis factum. �

(67) Id., ibid., p. 201-208.

(68) L'abb� Bexon, Histoire de Lorraine, T. I, p. 261-267.

(69) M. de Saint-Mauris, Etudes histor., T. Il, p. 46-47. Cet auteur appelle Nicolas Remy un boucher.

(70) Error communis facit jus. Argum. legis 3, ff. de officioPrsetorum.

(71) Dumont, Justice criminelle, T. II, p. 61-68.
En se pla�ant le premier � un point de vue raisonnable et vrai, pour juger Nicolas Remy, M. Dumont a commenc� une oeuvre de justice, que je voudrais, sinon finir, du moins continuer.

(72) Le comte de R�sie, Histoire des sciences occultes, T. II, p. 352 et suiv., 365 et suiv. - Joseph Bizouard, Des rapports de l'homme avec le D�mon, T. IV, liv. 23, cbap. 4, p. 517-525. - Richard, Traditions populaires. - Pommerel, Les sorcelleries Lorraines. - Revue spirite, Journal d'�tudes psychologiques.
Notre si�cle, trop content de tui-m�me, a-t-il bien le droit de s'�tonner d'une cr�dulit� si facile et si grande, quand hier encore, malgr� ses lumi�res, il interrogeait les tables tournantes et se pr�occupait des esprits frappeurs ! quand, aujourd'hui m�me, le spiritisme a, dans la presse, un organe mensuel l Il n'est pas vrai de dire que les croyances superstitieuses du moyen �ge ont compl�tement disparu; on les retrouve, partout et sans cesse, � l'�tat de traditions populaires, en Bourgogne, en Franche-Comt�, en Auvergne, en Champagne, en Normandie, en Bretagne, dans le M�doc, l'Agenois, le Morvan, la Bresse, le Rouergue, le Quercy, le Maine, le Perche, le Poitou, le Berry, tout le Midi et les d�partements qui avoisinent les Alpes.
On y montre le lieu o� se tenaient les assembl�es du Sabbat, pr�s d'une fontaine, ou d'une mare, sous un arbre s�culaire, dans une vall�e profonde, ou sur un mont escarp�. On s'y adresse avec confiance aux gu�risseurs et aux devins. On y signale avec effroi certains individus aux allures suspectes, � la mine sinistre, comme jetant des sorts aux animaux et aux hommes. Les apparitions, les fant�mes, s'y m�lent aux r�cita des longues veill�es d'hiver. Les loups-garous y effraient le soir les enfants, les femmes, les voyageurs attard�s...
Notre Lorraine, si positive et chez laquelle la sorcellerie a caus� cependant tant de ravages et fait tant de victimes, ne devait pas �tre moins longtemps accessible que les autres provinces de France � toutes ces mis�res, � toutes ces faiblesses de l'esprit et chacun de nous peut, sans peine, en retrouver autour de lui les derni�res traces mat effac�es.

(73) Le docteur F�lix Mar�chal, Tableau historique... des maladies end�miques... p. 209.
A c�t� de ces dupes, de ces malades, de ces hallucin�s, de ces fous, qui composaient le gros de l'arm�e des pr�tendus sorciers et qu'il fallait �clairer, absoudre ou gu�rir, il y avait, en bien plus petit nombre, des fourbes, audacieux et habiles, qui, � l'aide de pratiques myst�rieuses et coupables, cherchaient � satisfaire leurs passions ou � servir leurs int�r�ts ou leur haine; � ces derniers seulement la justice aurait d�, comme aujourd'hui, r�server ses rigueurs.

(74) Tableav de l'hiconstance des mavvais Anges...
Pierre de Lancre entrevoyait cette v�rit�, lorsque, dans sa d�dicace � M. de Sillery, chancelier de France, il disait �� C'est � vous droictement � ietter l'oeil partout et reiettant le soing sur les bons pr�lats de ce royaume (les quels se trouueront, peut-estre, plus heureux que les luges) les exhorter de veiller sur leur Bergerie, la multiplicit� des condamn�z � mort iusques icy ayant faict voir � tout le monde que le sortil�ge est vn crime ou maladie parfois autant ou plus digne de commis�ration que de chastiment. �
Je constate � regret que Nicolas Remy ne partageait pas ce sentiment et ne tenait pas non plus ce langage au cardinal de Lorraine.

(75) De Lancre, L'incr�dulit� et mescr�ance.... p. 36-37. - Dom Calmet, Hist. de Lorr. T. VII, col. 31-32-35. - Joseph Bizouard, T. M, p. 3-5 et T. III, p. 447-435.
Les magistrats charg�s de la r�pression en mati�re de sorcellerie �taient d�j� de leur temps l'objet de vives attaques; on les accusait surtout de poursuivre une chim�re et il semble qu'ils n'aient voulu laisser � personne le soin de les d�fendre quand on voit l'un d'eux s'exprimer ainsi
�� En chasque village trouuer vne Royne du sabbat que Sathan tenoit en d�lices comme une espouse priuil�gi�e confesser les mesmes caresses, dire les mesmes choses tout � vn coup, et tout en mesme temps quelles auoient veu en public et en priu� : et tous les sorciers d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, d'Angleterre, et de toutes les autres contr�es de France, et en fin de tout l'Europe dire mesme chose. Est-il possible que si c'estoit resuerie, illusion ou songe, que mesmes songes roulassent dans la ceruelle de gens composez de si diuerses humeurs? Les vns m�lancholiques, les autres ioyeux; les vns collerez, les autres paisibles, les vns vieux, les autres jeunes, les autres de bon aage. Et tel qui estoit fils de sorcier, dire la mesme chose et les mesmes circonstances du sabbat que son p�re, ayeul ou ayeule sorciers auoient dict et d�pos� en justice cent ans auparauant.
�� Ce n'est pas tout en mesme temps, en l'ann�e 1609, que nous vacquions par commission souueraine qu'il avoit pieu � sa Majest� donner � monsieur le Pr�sident d'Espaignet et � moy, on vaquoit aussi en Espagne et Nauarre � mesme inquisition et recherche, i'en ay les proc�dures en espagnol; si bien qu'il s'y trouue que ce sont mesmes accusations, mesmes circonstances, et mesmes d�positions. Toutes les sorci�res, soient Fran�aises, Espagnolles, ou Nauarroises, comme s'exer�ant � mesmes abominations, se trouuoient attainctes de mesmes crimes et affligeoient le monde de pareilles maladies.
�� Et, apr�s tout, la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre, Flandres et les Pays-Bas, bref toute l'Europe estant touch�e de ceste maladie, est-il possible que tous les peuples resuent, et s'ils resuent se peut-il faire que tant de gens si esloign�s et si dissemblables ayent mesmes resueries et mesmes grotesques, facent mesmes songes, estans si diuers d'humeur ? ayent le Diable en apparition en mesme forme, ayent pareilles visions, pareilles c�r�monies, maux semblables ? Et ne se trouuans aux sabbats encourroient-ils mesmes deffauts et le tout se passeroit-il ainsi auec mesmes circonstances et mesmes folies ? �
A la fin du si�cle dernier, Dom Calmet a apport� � la d�fense de notre ancienne magistrature la bienveillance et la mod�ration de son caract�re.
�� Plusieurs lecteurs traiteront tout ceci de r�veries et je ne doute pas qu'il n'y ait en effet beaucoup d'imagination dans ce qu'on raconte des sorciers. Mais comment se persuader qu'une infinit� de proc�dures faites avec tant de soin et de maturit�, par de tr�s-graves magistrats, et par des juges tr�s �clair�s, soient toutes fausses ? Que des effets aussi r�els que ceux que raconte, par exemple, M. Remy, homme grave et savant, et dont il a rempli les trois livres de sa D�monol�trie, ayant exerc� pendant plus de quinze ans l'office de juge et de procureur g�n�ral de Lorraine; que tout ce qui a �t� �crit sur ce sujet par Binsfeld, suffragant de Tr�ves, homme tr�s-sage et tr�s-capable ; que tous les proc�s de sorciers et de sorci�res dont les greffes et les archives de la province sont remplis, ne contiennent que des illusions et des fausset�s ? Si l'on nous citoit des choses �loign�es, arriv�es dans un autre pays et dans un si�cle d'ignorance et recul�, je m'en d�fierois beaucoup davantage; mais les auteurs dont j'ai parl�, vivoient dans le si�cle m�me o� ces choses se passoient. Ils les entendoient et en �toient tr�s-bien inform�s. Ils ont �crit dans le temps le plus �clair� et le plus f�cond en hommes habiles qu'ait eus la Lorraine...
�� On dira, si l'on veut, que tout cela n'est qu'une maladie de ce temps-l�, ou une esp�ce de convulsion, semblable � peu pr�s � celle qu'on a vue ci-devant dans les sauteurs ou les danseurs qui parurent dans le dioc�se de Tr�ves et aux environs, dans le XIVe si�cle, ou dans les Flagellants du XIIIe; qu'ainsi sur la fin du XVIe si�cle aura r�gn� la maladie des sorciers et des sorcelleries. On en croira ce qu'on voudra ; il me suffira d'avoir ici rapport� historiquement ce que c'�toient que ces gens qui parurent en ce temps-l� dans le dioc�se de Tr�ves et dans la Lorraine. Il est certain qu'alors on ne doutoit nullement dans le pays de la r�alit� et de l'existence des sorciers, puisqu'on les rechercboit et qu'on les punissoit publiquement des plus rigoureux supplices; et l'on ne peut nier que les princes, les �v�ques et les juges n'aient tenu, en les poursuivant par les plus s�v�res ch�timents, une conduile tr�s-sage et tr�s-louable, puisqu'il �toit question d'arr�ter le cours d'une impi�t� tr�s-dangereuse et d'un culte sacril�ge, ridicule, abominable, rendu au d�mon, qui s�duisoit et perdoit une infinit� de personnes et causoit dans l'�tat mille d�sordres tr�s-r�els. �
Enfin, de nos jours, Nicolas Remy et ses nombreux coll�gues ont trouv�, dans un membre du barreau de Paris, M. Bizouard, un d�fenseur encore plus �loquent et plus convaincu.
�� Que la sorcellerie, � dater surtout du XVe si�cle, f�t une maladie singuli�re, ou les uns se croyoient les meurtriers et d'autres les victimes, il est constant qu'une telle maladie a s�vi, comme autrefois la peste ou la l�pre, comme aujourd'hui le chol�ra. Qu'il existe ou non des esprits qui aient donn� � certains hommes le pouvoir de causer tant de maux, le fl�au n'en a pas moins s�vi cruellement sur nos p�res. Pour peu que nous r�fl�chissions, au lieu d'accuser les magistrats de cette �poque de cr�dulit� et de cruaut�, nous essayerions de d�couvrir la nature et les causes de ce fl�au, et si malheureusement il survenait de nouveau parmi nous avec quelques changements dans sa manifestation, n'�tant point pris au d�pourvu, peut-�tre alors nous serait-il donn� d'en att�nuer les effets d�sastreux, s'il ne doit jamais repara�tre, soyons justes, du moins r�serv�s, envers ces magistrats appel�s � statuer sur des faits si peu connus de nous. En tout cas, que ce f�t une folie sui generis dans les accus�s qui avouaient, dans leurs accusateurs, dans les t�moins qui d�posaient, et une erreur invincible dans les magistrats qui condamnaient, f�licitons-nous de n'�tre pas contemporains d'un pareil malheur ! Mais n'accusons pas trop l�g�rement nos Anc�tres; sachons que g�n�ralement des juges consciencieux et int�gres n'�pargnaient ni temps, ni �tude pour examiner ces proc�s extraordinaires : les populations atterr�es demandaient que justice f�t faite, tous les crimes �taient pour elles �vidents et horribles. Si nous avions � examiner les m�mes faits, si nous avions, comme les magistrats de ce temps, le spectacle d'un mal�fici� atteint subitement d'un mal �trange apr�s quelques gestes, quelques paroles ou un simple attouchement, que dirions-nous ? si des m�decins nous d�ctaraient que cette maladie ne trouve d'analogue dans aucun trait� de pathologie, si des t�moins non suspects d�posaient contre les accus�s, si ceux-ci faisaient des aveux, si nous avions enfin, comme ces magistrats, le spectacle plus affreux encore d'un adulte ou d'un enfant manifestant ce qu'on appelait les signes �vidents de possession si peu connus aujourd'hui, que ferions-nous de plus ? Avec toute notre science du XIXe si�cle, ferions-nous mieux. Avant de r�pondre, compulsons ces proc�dures, et non les �crits modernes qui les d�naturent � dessein, et en attendant, on le r�p�te, ne nous h�tons pas trop d'accuser de cruaut� ou de cr�dulit� la magistrature et le clerg� pour avoir ch�ti� ces pr�tendus monomanes. Au milieu d'une �pouvante aussi g�n�rale, n'y aurait-il eu de la part du sorcier que la seule intention de causer le mal, bien manifest�e par des pratiques simplement ridicules, d�s qu'elles devenaient la cause d'un mal tr�s-r�el dans des imaginations effray�es, ces monomanes m�ritaient une rigoureuse r�pression supposons : qu'il y ait de nos jours des natures �tranges assez perverses pour vouloir �pouvanter des femmes et des enfants, et convaincues que le moyen tout pu�ril dont elles usent peut causer l'�pitepsie ou la folie et m�me la mort, le magistrat devrait-il rester dans l'inertie ?

(76) Doemonol. kib. III, cap. 12, p. 386. - Louis Spach, Histoire de la Basse-Alsace, p. 209.
Apr�s avoir donn� pour �pigraphe � son livre ce verset du L�vitique : Vir sive mulier, in quibus Pythonicus vel divinationis fuerit spiritus, morte moriayur, Nicolas Remy invoque, dans son dernier chapitre, l'autorit� de l'Evangile, qui, malgr� la douceur et l'indulgence de sa doctrine, prononce la m�me sentence, dans son style all�gorique et figur�, contre ceux qui se s�parent du Christ. �� In novo instrumento, quod jam mitiorem, moderatioremque doctrinam continet, tamen gravissima sententia pronuntiatur : eum palmitem, qui in Christo non manserit, foras ejiciendum esse atque in ignem mittendum. Omnino id dicitur et sine exceptione. Quod si jus civile vetat nos distinguere ubi lex ipsa non distinguit, quid faciendum tandem putabimus in Evangelio cujus majestas est supra legem; cuique quicquam vel addere, vel detrahere piaculum est sempiternis tuendum flammarum incendiis. �
Pierre de Lancre s'inspirait aussi, dans sa s�v�rit�, d'un texte religieux : maleficos non patieris vivere. Exode, 22.
Les Juges protestants ne maniaient pas avec moins d'�nergie le marteau des sorciers (*), que les Juges catholiques; �� ils rivaiisaient dans l'application des lois rigoureuses port�es contre des crimes imaginaires; car les partisans de chaque culte voulaient, dans la punition des coupables, faire preuve de z�le pour la cause de Dieu contre le r�gne occulte du d�mon. �

(*) Malleus maleficorum; c'est ainsi qu'on nommait le code de proc�dure nquisitoriale � la fin du XVIe si�cle.

(77) Daemonol. lib. III, cap. 12, p. 393-394.
Nulle part Nicolas Remy ne r�v�le mieux la pens�e intime et inexorable qui pr�sidait � toutes ses sentences que dans la derni�re page de la D�monol�trie; on voit qu'il a voulu que, par sa clarl� et son �nergie, cette page en f�t comme le r�sum� et la p�roraison.
�� Vae igitur illis, ut cum Isaia loquar, qui sic foedus cum morte percusserunt et cum inferno pactum fecerunt... Vae quoque illis qui adeo horrendi atque execrandi criminis odium deprecantur, poenasque minuunt, excusatione metus, aetatis, sexus, imprudentiae, atque aliarum id genus rerum, quas ne in levioribus quidem praetexere quisquam sana; mentis audeat...
�� Equidem non verebor qui sim tam longo et diuturno maleficorum examinandorum usu exercitatus ac contirmatus, pal�m atque ing�nue de iis sententiam meam ostendere ac ipsam quantum potero proferre lucem veritatis. Videlicet t�t impietatibus, veneficiis, portentosis libidinibus flagitiosisque facinoribus vitam illis apert� esse inquinatam ac contaminatam, ut � jure esse non dubitem omnibus tormentis excruciatos igni interficere; tum ut debitis poenis sua expient scelera, tum ut aliis sint documento.ac magnitudine supplicii eos deterreant. �

(78) Doemonol. lib. I, cap. 2, p. 38-40. - Bizouard, T.III, liv.XIV,ch.7,p.446.
�� C'�tait un aliome en d�monologie qu'un sorcier ne peut rien contre ses juges. �
Nicolas Remy rappelle � ce propos l'objurgation furibonde qu'une sorci�re lui a un jour adress�e en plein tribunal �� Qu�m ben� agitur vobiscum, � Judices, quod nobis in vos nihil quiequam licet ! nam nulli sunt mortalium quos tam lubenter, insidiis nostris, appetamus, qui sic gentem nostram omnibus poenis suppliciisque prosequimini �

(79) Doemon. lib. I, cap. 10, p. 96 et lib. II, cap. 4, p. 226 ; cap. 11, p. 275 et epist. dedic.
Nicolas Remy recommande aux simples mortels trois moyens plus faciles et non moins eflicaces de se pr�server des emb�ches du d�mon la propret� des mains, la pri�re et la pratique des vertus chr�tiennes.
�� Monebat ne, insalutato numine, illotisque manibus, man� domo pedem efferret, si se � sagarum insidiis tutum cuperet ac securum.
�� Quin igitur adeo saevae truculentaeque bestiae opponimus solidae fidei clypeum, spiritus gladium, galeam salutis, alia quasi succenturiata praesidia, temperantiam, integritatem, vigilantiam, jejunia, precationes, obsecrationesque assiduas, ac praesertim antelucanas et matutinas; nam iis certo suos conatus prohiberi atque infringi ipsae etiam sagae profitentur. � Nicolas Remy avait remarqu� que nulle part la sorcellerie ne s'�tait plus d�velopp�e que dans les villages o� la parole de Dieu se donnait plus rarement et moins bien, �� apud quos aut frigidae, aut rarae, aut omnino nullae conciones habentur de Deo, deque quae fidem (cujus praesidio praecipu� tuti sumus a veteratoris illius insidiis) in Christianorum mentibus stabiliunt, fovent ac conservant. �

(80) M. Dumont, Just. crim., T. II, p. 62-63.
Nicolas Remy a eu successivement pour coll�gues au tribunal des Echevins Nicolas Olry, Philbert Philbert, Aubry Tarat, Claude Maimbourg, Chr�tien Philbert, Antoine Bertrand et Nicolas Bourgeois. - Nicolas Olry Ma�tre-Echevin en 1576, l'�tait encore en 1591.
M. Dumont se trompe quand, pour en att�nuer la responsabilit�, il parait admettre que la plupart des condamnations dont Nicolas Remy �voque partout le souvenir dans sa D�monol�trie, ont �t� prononc�es pendant qu'il exer�ait les fonctions de Procureur G�n�ral ; ces condamnations se rapportent toutes � l'�poque o� il appartenait au tribunal des Echevins, et c'est � ce dernier titre qu'il doit surtout en r�pondre.

(81) Code manuscrit de 1307 � 1631.- Nous avons d�j� vu qu'au tribunal des Echevins la voix du Ma�tre-Echevin n'�tait pas pr�pond�rante, en cas de partage, quand il s'agissait d'affaires criminelles et qu'on y exigeait toujours la majorit� effective des voix. Les accus�s y trouvaient une garantie plus rassurante encore pour informer, il fallait l'autorisation pr�alable du tribunal et on confiait l'information � l'un de ceux qui en avaient reconnu la n�cessit�.

(82) Dans la pr�v�t� de Nancy, compos�e de 74 communes, il existait de nombreuses seigneuries particuli�res, et ces seigneuries, ayant presque toutes droit de haute, moyenne et basse justice, �chappaient � la juridiction du tribunal des Echevins.

(83) Doemonol. lib. I, cap. 2, p. 41. - B. 7354. Pi�ces justificatives du compte du domaine de Nancy. - J.-J. Lionnois, T. I, p. 305-308 et T. III, p. 33-34. - Aug. Digot, T. II, p. 116-117 et 395, 397-398.
Nicolas Remy raconte d'abord que, lorsqu'il trouvait d�crits, au cours d'un proc�s criminel, quelques poisons � l'usage des sorciers, il les faisait, dans la lecture publique des pi�ces, passer sous silence par le greffier, afin de pr�venir le danger de leur divulgation; puis il continue : �� Sic enim sunt in Lotharingi� rerum capitalium judicia, ut imperitae atque adeo armatae multitudinis suffragiis, cum summ� ditione, ac citr� provocationem in reum in publico expositum reddantur, ex Nanceiani tamen Duumvirat�s sententia, ad quem de tot� re prius referri oportuit. �
Ces quelques mots r�sument dans leur �nergique concision tout un syst�me de proc�dure criminelle. La justice se rendait publiquement, in reum in publico expositum ; sans appel,
cum summ� ditione; d'office, citr� provocationem ; par une multitude ignorante et arm�e, imperitae atque adeo armatae multitudinis suffragiis ; d'apr�s l'avis du tribunal des Echevins, auquel il fallait pr�alablement en ref�rer pour le tout, ex Nanceiani tamen Duumvirat�s sententia ad quem de re tot� prius referri oportuit.
Cette affirmation d'un homme aussi initi� que Nicolas Remy aux principes de l'organisation judiciaire de son temps, aurait � elle seule une autorit� consid�rable, et elle est de plus confirm�e par le pr�ambule de l'�dit du 31 ao�t 1698, o� le duc L�opold, rentrant dans ses Etats et voulant y r�former la justice, s'exprimait ainsi :
�� Etant inform� que dans aucunes villes s'y trouvant deux juridictions, l'une baillag�re et l'autre pr�v�tale, l'une et l'autre manquaient d'officiers; que ceux des H�tets-de-Ville nomm�s actuellement � la pluralit� des voix des Bourgeois, connaissent en quelques endroits, non-seulement de la Police mais aussi de la juridiction ordinaire en toute sorte de mati�res, quoiqu'ils n'y soient aucunement vers�z... �
Une ordonnance du 6 octobre 1629 �clairait d�j� la m�me question d'un jour non moins vif; car le duc Charles IV y disait : �� que sur les remontrances � lui faites par son Procureur g�n�ral des grands abus et d�sordres qui arrivent ordinairement aux jugemens qui se rendent �s proc�s criminels qui s'instruisent par les juges ordinaires du bailliage des Vosges, par le moyen et la diversit� d'opinions qui se rencontre entre aucuns particuliers d'entre le peuple assembl� pour ou�r la lecture des proc�s et pour asseoir jugement contraire � l'avis qui a �t� pris par des Ma�tre-Echevin et Echevins de Nancy, ce qui produit de tr�s-grands inconv�nients... Pour � quoi obvier, selon l'obligation qu'il a de maintenir la justice en son lustre et m�me de l'�lever au degr� le plus �minent, il fait savoir qu'� l'avenir il ne sera loisible au peuple assembl� pour proc�der au jugement d'un proc�s criminel d'adjuger par leur sentence aucune peine autre plus grande, soit de mort, fouet, bannissement perp�tuel, torture, confiscation de biens, que celle de laquelle les dits Maitre-Echevin et Echevins auront donn� avis, auquel ils seront oblig�s de se conformer, sans augmenter la punition port�e par icelui, sous quelque pr�texte que ce soit, � peine de nullit� de leurs jugemens et des d�pens, dommages et int�r�ts des parties, ou de leurs successeurs; demeurant seulement loisible au dit peuple assembl� pour proc�der au dit jugement, de mod�rer la peine ou de l'adoucir, sans pouvoir l'aggraver pour quelque consid�ration que ce soit... �
En transcrivant toute enti�re cette ordonnance de Charles IV, l'abb� Lionnois ajoute : �� Tel �tait le droit du peuple en Lorraine, et dont il a joui jusqu'� l'invasion de la France dans ce duch�, o� l'on admit les lois du Royaume. �
Ce droit du peuple en Lorraine n'avait rien d'aussi absolu que le langage de l'abb� Lionnois le ferait supposer; il ne s'appliquait pas notamment au tribunal des Echevins de Nancy, qui jugeait sans le concours de la multitude, comme le prouve la sentence suivante et toutes celles qu'il m'a �t� donn� de consulter
�� Veue la proc�dure extraordinairement instruicte par nous les Ma�tre-Eschevin et Eschevins de Nanci, � requeste du sieur procureur g�n�r�t de Lorraine, � l'encontre Ysabelle Girarde, femme � Jan Masson, demeurant � Benney, pr�venue de sortil�ge et v�n�fice, s�avoir les interrogatoirs � elle faictz et ses responses � iceulx portantes, ses confessions et d�n�gations et variations, les conclusions dudict sieur procureur et tout ce que faisoit � veoir et consid�rer en ladicte proc�dure, disons que, par icelle, ladicte pr�venue est suffisamment attaincte etconvaincue dudict crime de sortil�ge et v�n�fice par sa propre confession et recognoissance volontaire, pour r�paration de quoy l'avons condamn� et condamnons � estre estrangl�e � un poteau, apr�s avoir aulcunement senti le feu, pour estre par apr�s son corps brusl� et r�duict en cendres au lieu accoustum�, tous et un chacun ses biens d�clairez acquis et confisquez � qui il appartiendra, les fraiz de justice raisonables pr�alablement prins sur iceulx, par nostre sentence, jugement d�finitif et a droict prononc� judiciairement en l'auditoire de Nanci le cinqui�me juillet 1608. �
Rien dans cette condamnation capitale ne r�v�le la pr�sence de l'�l�ment populaire et je crois qu'il en �tait ainsi de toutes les sentences �manant des justices ducales.
Les Ducs de Lorraine, qui supportaient avec une grande impatience l'intervention de la Chevalerie dans le jugement des affaires civiles, avaient du voir d'un oeil plus ja)oux encore la participation du peuple au jugement des affaires criminelles et tout mettre en oeuvre pour la faire cesser.
Les Seigneurs moins puissants que les Ducs et dont les justices n'offraient pas aux justiciables, sous le rapport du personnel, les m�mes garanties de savoir et d'impartialit�, continu�rent seuls, comme par le pass�, � punir les coupables avec le concours d'une sorte de jury.
Il en fut de m�me, et � plus forte raison, des communes qui avaient re�u des chartes particuli�res ou qui avaient �t� admises � jouir de la loi de Beaumont.
Cette loi confiait en effet, l'administration des int�r�ts communs � un Mayeur et � des Jur�s, �lus pour un an, et ce Mayeur et ces Jur�s administraient aussi la justice, ce que rend indubitable, non-seulement les termes expr�s de la loi, mais encore le partage, entre le Seigneur, le Mayeur et les Jur�s, de toutes les amendes prononc�es pour d�lit ou pour crime.
Art. IX. ln e�dem vill�, consensu omnium vestrum, Jurati constituuntur, et Major similiter, qui fidelitatem nobis jurabit et de redditibus et provintibus villae ministralibus nostris respondebit.
Sed nec tempore Major et Jurati ultra annum, nisi de voluntate omnium in officiis remanebunt.
�� Art. XXIV. Nulli burgenses Bellimontis ad aliam justitiam de alio burgensium clamorem transferre licebit, quandiu alter justifias villae stare voluerit.
�� Art. XXXI. Si quis contradixerit judicio Juratorum et eos de falso judicio per testimonium Juratorum de Brueriis comprobaverit, centum solidos solveot Jurati; si autem eos convincere non poterit, centum solidos solvet et expensam juratorum ; domino videlicet sexaginta solidos, Majori quinque solidos, Juratis trigenta quinque solidos.
�� Art. XXXII. Judicium Juratorum stabile erit, nisi aliquis, accepto statim consilio, judicium contradixerit.
De ces textes de la loi de Beaumont, ici en vigueur, l� en d�su�tude, on doit raisonnablement induire que si, dans les derniers temps, le jury, existait en Lorraine, il y existait, bien moins � l'�tat d'institution proprement dite, qu'� l'�tat de souvenirs plus ou moins vivaces et de vestiges plus ou moins effac�s. Et j'incline � penser que ces souvenirs et ces vestiges se sont conserv�s dans les Vosges plus longtemps qu'ailleurs, parce que, d'une part, c'est plus particuli�rement � l'occasion des d�sordres et des abus commis dans le Bailliage des Vosges que l'ordonnance du 6 octobre 1629 a �t� rendue, parce que, d'un autre c�te, on ne trouve, que relativement � ce Bailliage, rapport�e avec quelque pr�cision et quelques d�tails, la mani�re dont les Jur�s fonctionnaient encore � l'�poque o� la Lorraine devint une province fran�aise.
L'abb� Lionnois fournit � cet �gard des renseignements curieux, dont il n'indique pas la source, mais qui ressemblent au t�moignage d'un contemporain.
�� Dans la ville de Mirecourt o� �toit �tabli un grand Bailliage, le Pr�v�t avoit la connaissance et l'instruction des proc�s criminels, non-seulement contre les Bourgeois de cette ville, mais encore contre les �trangers trouv�s d�linquans dans la Pr�v�t�, mais les jugements se rendoient par le peuple de la mani�re suivante.
�� Si le Pr�v�t estimoit que le pr�venu m�rit�t punition corporelle, il commandoit aux Mayeur et Bourgeois de s'assembler en armes sous la halle de Mirecourt o� il le faisoit mener par deux fois, � deux jours diff�rents, entre lesquels il en mettoit un ou deux d'intervalle, s'il le jugeoit � propos. Le Greffier lisoit � haute voix la proc�dure, apr�s quoi le pr�venu �toit reconduit en prison.
�� Le Pr�v�t remettoit ensuite le proc�s aux Echevins du Mayeur, qui le portoient ou l'envoyoient � leurs frais aux ma�tre Echevin et Echevins de Nancy, pour avoir avis.
�� Lorsque le proc�s �toit rapport�, le Pr�vot faisoit conduire le pr�venu pour la troisi�me et derni�re fois sous la halle ; la proc�dure �toit lue de nouveau, puis remise entre les mains du Mayeur qui, sur la r�quisition du Pr�v�t, ordonnoit � ses Echevins de donner sentence. Ceux-ci munis du proc�s se retiroient � part, et avec l'avis des bourgeois, ils formoient la sentence. S'ils condamnoient � mort le pr�venu, il disoient qu'il doit amener. Le Pr�v�t leur demandoit comment ? Ils se retiroient encore et revenoient ensuite dire : qu'il doit amener de corps. Enfin s'�tant retir� et revenant pour la troisi�me fois, ils pronon�oient la sentence qui �toit ex�cut�e � l'instant. �

(84.) J.-J. Lionnois, T. II, p. 355-360.

Outre les �l�ments de solution que, sur ce point tr�s-obscur, on peut emprunter � l'art. 9 de la loi de Beaumont, je remarque que dans un proc�s de sorcellerie, instruit � Fontenoy-leCh�teau contre la nomm�e Claudon Voillaume d'Amercy et dont l'abb� Lionnois donne les parties principales, on voit partout figurer, � c�t� du maire, deux bourgeois, Jean Corbot et Jean Durand, lurez. Il est vrai que, dans une autre proc�dure, que je poss�de et qui concernait la nomm�e Barbeline, femme de Claudon Didier, les deux bourgeois assistent � toutes les phases de l'instruction en qualit� de ~emo!H~s mais t�moings ou jurez, peu importe, leur assistance �tait pour la pr�venue le gage d'une justice exacte, sinon bienveillante.

(85) Ordonnance du 6 octobre 1629.

(86) Doemonol. ad lectorem.
��Dum igitur modo hoc, mod� illud, prout unum quodque sibi animus per occasionem decerpit, usurpo, ac seorsum attingo ; idem usuvenit mihi quod iis solet, qui, � qu�que veste quam concinnant, segmenta in cistam prim�m quidem abjiciunt acervatim ac negligenter ; post ubi in aliquem numerum jam accrevisse putant, retractant diligentius singula, atque ex commodissimis quibusque centonem aliquem colligunt...
�� Haec sic singula prim�m alligi, ut nihil minus cogitarem qu�m ea aliquando concinnare atque in unum corpus redigere; sed ipsa jam per partes informata materia atque equidem haud omnino poenitendo labore tandem pervicit, ut in hanc, qu� nunc prodit, formam quantumvis rudem sinerem coalescere.Veluti quae ex temere prim�m sparsis aedificiis progressu temporis coagmentantur urbes, inordinatas incompositasque viarum regiones habent; quia scilicet non fuit ab initio destinata collocationis universa certaque facies... Haec nunc, lector, tibi videnda exhibeo modic� ac fideliter denarrans quae ipse diuturno usu atque observatione comperi. �

(87) Martin Antoine Delrio, n� � Anvers le 17 mai 1551, mort � Louvain le 19 octobre 1608 d'abord s�nateur au conseil souverain de Brabant, puis auditeur de l'arm�e, Vice-Chancelier et Procureur g�n�ral, enfin J�suite � Valladolid, �� savant mais cr�dule �, disent les biographes; ce sont ses Disquisitionum magicarum libri sex, Louvain, 1599, in-4�. qui lui ont valu surtout cette r�putation de cr�dulit�.

(88) Pierre le Loyer, n� � Nuill�, Anjou, le 24 novembre 1550, mort conseiller au Pr�sidial d'Angers en 1634. �� C'�tait un prodige d'�rudition, mais il n'avait ni go�t, ni jugement �.
Il composa plusieurs ouvrages, plus �tranges les uns que les autres, et dont le moins mauvais est peut-�tre Quatre livres des spectres ou apparitions et visions d'esprits anges et d�mons se montrans sensiblement aux hommes. Angers, 1586 in-4�.

(89) Henri Boguet, n� dans le XVIe si�cle, � Pierrecourt, successivement Bailli de Gray, Grand Juge de la terre de Saint Claude et conseiller au Parlement de D�le. On a de lui une vie de saint Claude, un commentaire des coutumes de Bourgogne et le Discours sur les sorciers, in-8�. Paris, 1603.

(90) Pierre de Lancre, n� � Bordeaux d'une famille de robe, au cours du XVIe si�cle, mort � Paris en 1630. Il exer�ait les fonctions de conseiller au Parlement de Bordeaux, lorsqu'on l'envoya dans le pays de Labourd, en Gasgogne, pour y poursuivre les sorciers qui infestaient cette province. C'est le souvenir de ces poursuites qui lui a inspir� les deux ouvrages dont j'ai donn� plus haut les titres.

(91) Jean Bodin, n� � Angers vers 1530, fut Procureur du Roi � Laon, ou il mourut de la peste en 1596. D�put� aux Etats de Blois en 1576, il y prit place dans les rangs d'une sage opposition; il emp�cha notamment l'ali�nation du Domaine et l'amoindrissement des Etats qu'on voulait r�duire aux proportions d'une simple commission, dont les membres devaient �tre choisis par la cour dans les trois ordres. Les six livres de la R�publique lui ont fait la r�putation d'un profond politique et beaucoup plus d'honneur que la D�monomanie des Sorciers. In-4�, Paris, 1581. - Grosley, d'accord en cela avec Guy Patin, suppose qu'en �crivant ce dernier livre, il ob�issait � un secret calcul qui tenait � sa position. Il n'admet pas que Bodin �� homme instruit et esprit ind�pendant � ait cru aux sorciers, comme il feint d'y croire. D'autres ont voulu �� qu'il fut tout � la fois protestant, d�iste, sorcier, juif, ath�e �. D'Aguesseau, meilleur juge, le signale comme �� un digne magistrat, un savant auteur, un tr�s-bon citoyen. �

(92) Dom Calmet, Hist. de Lorr., T. VII, col. 30-35. - M. Bizouard. T. II, liv. VII, chap. 3, p. 200-212.
Dom Calmet et M. Bizouard sont les seuls auteurs dont les appr�ciations sur Nicolas Remy t�moignent de la lecture patiente et consciencieuse de la D�monol�trie.

(93) Eliphas L�vi, Dogme et Rituel de la haute magie, T. Il, p. 234-235.

(94) En r�ponse � ma lettre du 16 novembre 1868, M. Alphonse-Louis Constant (Eliphas L�vi) m'�crivait le 20 m�me mois :
�� ...Le fait que j'avance m'a �t� afirm� par un journaliste distingu�e, M. Alexandre Erdan, qui avait fait de s�rieuses recherches pour la composition d'un livre, moins s�rieux peut-�tre dans sa forme, qu'il a intitul� La France mystique et qui ne se trouve plus en librairie ; je ne poss�de pas ce livre et j'ai cess� d'�tre en relation avec M. Erdan, qui depuis plusieurs ann�es est en Italie. Vous voyez que, malgr� mon grand d�sir de vous �tre agr�able, je ne puis vous fournir les preuves que vous me demandez. �

(95) Aug. Digot, Notice biographique et litt�raire sur Florentin le Thierrat. M�moires de t'Acad�mie de Stanislas, ann�es 1849, p. 265-266.
RECtEIL DES PRINCIPAUX POINTS DE LA REMONSTRANCE faitte � l'ouuerture des plaidoiries du Duch� de Lorraine, apr�s les Rois, en l'an 1597, par Nicolas Remy, conseiller de son Alteze en son Conseil d'Estat et son procureur G�n�ral en Lorraine. A Metz, par Abraham Faber...1597, in-4� 16 ff. pagin�s de 2 � 30.
Cette remontrance a �t� reimprim�e dans une collection in-18, dont j'ignore le titre, et o� elle occupe les pages 703 � 746.
Elle a valu � son auteur, de la part de Florentin le Thierriat, une pi�ce de vers d�j� inser�e dans les M�moires de l'Acad�mie de Stanislas, et trop m�diocre pour que j'ose me permettre de la donner ici une seconde fois.

(96) M. Beaupr�, Essai historique sur la r�daction officielle des principales coutumes de la Lorraine et du Barrois, p. 67-99.
La r�daction des Coutumes de Lorraine, propos�e aux Assises de la chevalerie, des le 27 f�vrier 1584, n'�tait achev�e que onze ans plus tard, et, par un �dit dat� seulement du 1er juin 1595, le Duc Charles III ordonnait �� de mettre le tout soubz la presse, pour en donner � chacun une certitude et clart� plus grande. �
La presse, � l'imitation sans doute des commissaires r�dacteurs, ne fut pas non plus tr�s-rapide dans l'accomplissement de son oeuvre, car la premi�re �dition connue des Coutumes de Lorraine porte la date du mois de juillet 1596. Elle parut chez J. Janson, imprimeur ordinaire et jur� de Son Altesse. On y lit une adresse des Etats de Lorraine au duc en remerciement de ce qu'il a fait �� � leur humble requeste, mettre en escrit ce qu'auparavant, soubz l'assurance et certitude de leur preud'hommie, avoit est� remis et confi� � leur seule m�moire, � fin que par prinse d'un mot pour l'autre, l'artifice des subtilz alambiqueurs du droit n'ait tant de force d'en corrompre et d�torquer le sens, ni de tordre autrement le n� � justice. �
Quoique Nicolas Remy ne figure nulle part au nombre des commissaires des Etats pour la r�daction des Coutumes, Chevrier affirme et je crois qu'il a concouru � cet important travail, au moins comme l'un des membres du Conseil ducal charg�s d'y mettre la derni�re main, avant son homologation.

(97) De Rog�ville, Dictionnaire, T. I, p. 53 et T. II, p. 366-372.
L'Ordre des avocats a d� �tre, en Lorraine, contemporain de la Facult� de Droit de Pont-�-Mousson; avant elle on plaidait sans grades. Les Procureurs tenaient leur mandat de la confiance des parties et d'une commission du Bailli. Les avocats ne voulurent pas seulement s'en s�parer, ils demand�rent, et ils obtinrent m�me un instant, leur compl�te suppression.

(98) Voici la formule du serment comment� par Nicolas Remy:
�� Vous reuererez le Magistrat de ceste Court, auec tel respect d'honneur qu'� luy appartient et signamment lorsquil seerra en ce throne et sanctuaire de Iustice pour l'administration d'icelle. - Vous ne prendr�s sciemment en main cause apparemment iniuste et o� vous la descouurir�s telle, apr�s t'auoir prince, la quitter�s et abandonner�s du tout. - Vous ne proposer�s en plaidant, soit verbalement ou par escrit, faicts et articles calomnieux et impertinens, et n'alleguer�s ou soustiendr�s vs, styles et coustumes que vous ne s�achi�s es!re vrayment re�eus et pratiqu�s en ceste Court. - Vous ne chercher�s fuytes et dilays seruans � retarder le cours et le progr�s de la cause. - Vous n'exiger�s de voz parties salaire excessif et ne paschiser�s auec elle de la quote de la liste. - Vous n'interrompr�s le plaidoy� de vostre partie et n'estriuer�s auec elle de propos aigres, picquans et immodestes. �

(99) REMONTRANCES faites aux ouvertures de la St-Martin de la cour souveraine de Lorraine et Barrois, par les advocats g�n�raux en icelle, depuis l'ann�e 1705 jusqu'� l'ann�e 1717 inclus.
La Remontrance de Nicolas Remy est la premi�re qui ait �t� imprim�e en Lorraine; plus tard, Ren� Charlot et P. Deschamps, imprimeurs ordinaires de S.A.R., ont donn�, sous le titre qui pr�c�de et en un vol. in-4� de 307 pages, celles de MM. Bourcier de Villers et Bourcier d'Autrey.

(100) M. Beaupr�, Recherches sur les commencements et les progr�s de l'imprimerie en Lorraine jusqu'� la fin du XVIIe si�cle, p. 234-235. 313, 376-378.
Le DISCOVRS DES CHOSES ADVENVESEN LORRAINE, depuis le d�cez du duc Nicolas, iusques � celuy du duc Ren�, a �t� imprim� trois fois 1� Av Pont � Mousson, Par Melchior Bernard, imprimeur de Monseigneur le Duc de Lorraine, en son Universit�. 1605, pet. in-4�. - Pr�lim. 4 ff. non chiffr�s y compris le titre; texte pagin� de 1 � 196 et suivi d'un feuillet non chiffrr� pour l'errata. - 2� A Espinal, par Pierre bouton, 1617, pet. in-4�. Pr�lim. 4 ff. Texte pagin� de 1 � 158. - 3� Aussi � Espinal, par Pierre Hovion, imprimeur de Son Altesse. M.DC.XXVI, pet. in-8�, 2 ff. liminaires et 171 page de texte.
La premi�re �dition est, sous tous les rapports, tr�s-sup�rieure aux deux autres; elle a un beau titre et un beau portrait de Ren� II, grav�s par Alexandre Vall�e. De mauvaises copies de ce titre et de ce portrait se retrouvent dans la seconde �dition; le titre a disparu dans la troisi�me, et le portrait, grav� sur bois, vaut moins encore que celui de l'�dition pr�c�dente.
Les deux premi�res �ditions sont rares; la troisi�me est � peu pr�s introuvable je renvoie, dans ces notes, � la seconde.

(101) Discours des choses advenues, p. 15, 34, 37, 39-40, 45, 82, 86, 90, 95-96, 111, 114, 119, 127,129, 132, 144,145,148,152-153.

(102) Id., p. 77.

(105) M. l'abb� Marchal, Recueil de documents sur l'Histoire de Lorraine, 1859, p. v-vi.

(104) Disc. des choses advenues, p. 14, 133, 149.

(105) M. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, de la Maison de Valois. R�gne de Charles-le-T�m�raire, 6� �dit., T. VII, liv. VII, p. 239 et 247-249.

(106) Disc. des choses advenues, p. 96-114.
Livr�e le 5 janvier 1477, la bataille de Nancy s'�levait, par l'importance de ses r�suttats, � la hauteur d'un fait europ�en; aussi a-t-elle �t� souvent d�crite avec d�tails, mais, par aucun historien, d'une mani�re aussi dramatique et aussi simpte, dans son vieux et na�f langage, que par Nicolas Remy.

(107) Id., p. 17-18.
�� Charmes est vne ville esleu�e sur vn petit tertre, le pied du quel la Moselle arrouse du cost� du Septentrion. Elle a � dos vers le midy vne petite prairie aboutie d'vne haute colline plantureuse en vignoble, et � ses flancs, tant du dessus vers le levant que du dessoubs vers le ponent, de belles et amples campagnes, au trauers des quelles ceste riuiere roule ses eaux auec vne telle inconstance et imp�tuosit� qu'il n'y a moyen de la contenir en son lict et en empescher les saillies et desbordements.
�� Aussi en r�compense de ce mauuais voisinage elle foisonne en tant de sortes de poissons et si d�licieux que le dommage s'en noye aucunement dans le proufit. Et en est au demeurant le seiour si aggreable, pour la bont� et cl�mence de son air, que nulle ville de tout le pays lui querelle ce pardessus. �
Fran�ois, de Neufch�teau, disait plus tard, dans son po�me des Vosges
Des hauleurs de Chat�, contemplez la Moselle !
Que Charme est bien plac� ! que cette rive est belle !

(108) Disc. des choses advenues, p. 30-31.

(108 a) Id., p. 23-25, 50-51, 53-58, 66-68, 71, 80-85, 106-107.

(109) Id.,p. 27-31.

(110) Id., p. 72-73. - Dom Aubert Roland, La guerre de Ren� II, duc de Lorraine, etc., contre Charles Hardy, duc de Bourgogne, p. 254-257. - Huguenin jeune, Histoire de la guerre de Lorraine et du si�ge de Nancy, par Charles-leT�m�raire, duc de Bourgogne, p. 204-205.
M. Huguenin, qui juge le discours du bourgmestre Waldmann comme je le juge moi-m�me, le donne presque textuellement et en son entier. Le cordelier Dom Aubert Roland n'avait fait, avant lui, que l'amplifier � la fa�on de Tite-Live.

(111) Disc. des choses advenues, p. 43-44, 74.80, 83-84, 87-88.

(112) Id.,p. 25, 31, 119.

(113) Id., p. 2-3. - Vignier, La v�ritable origine des tres!es maisons d'Alsace, de Lorraine, d'Avstriche, de Bade et de quantit� d'autres, p. 203.
En transcrivant, au milieu de ses travaux g�n�alogiques si consciencieux et si justement estim�s, l'opinion de Nicolas Remy, Vignier indique assez toute la valeur qu'il y attachait.

(114) M. Beaupr�, Recherches, p. 376-378.

(115) B. 1317, F� 242. Compte du Tr�sorier g�n�ral de Lorraine.
�� Au sr Nicolas Remy, Conseillier d'Estat de Son Alteze, la somme de mil francs que, pour ceste fois, sa dite Alteze luy at donn� et octroy� en consid�ration des peines et travaulx qu'il a employ� au livre par luy faict et mis en lumi�re des vie et gestes du feu Duc Ren�, trisayeul � S. A.. et pour l'encourager de tant plus de mettre � chef le recueil, au quel il travaille, des ordonnances tant de feu S.A. que de la Regnante. Par mandement du vij de mars 1609.

(115 a) B. 1332, f� 236. Compte du Tr�sorier g�n�ral de Lorraine, pour l'ann�e 1611.
�� Au sr Nicolas Remy, Conseillier d'Estat de S. A., la somme de mil frans sur et en d�duction de trois mil frans que sa dite Alteze luy a accord�s en trois ann�es cons�cutifves � recevoir en trois cens reseaulx de bled des receptes de Chastel et Charmes, en consid�ration des bons services qu'il a faict � feu S.A. et � la Regnante, nommement pour les grands et laborieux travailles qu'il a employ�, du commandement de feu S. A. � compiler et rediger par escript en ung seul volume toutes les ordonnances des feuz ducz de Lorraine, et le quel volume il a mis ez mains de S. A. pour estre tenu au Tr�sors de ses chartes, n'ayant voulu, pour aucune raison, qu'il passe soub la presse, comme estoit l'intention dudit a sieur Remy. �

(116) Le Recueil des Ordonnances r�dig� par Nicolas Remy ne se trouve plus au Tr�sor des Chartes o� le duc Henry para�t cependant l'avoir d�pos�, et on ignore absolument ce qu'il est devenu.

(117) Horatii Flacci, De Arte poetica, v. 38-40.
Sumite materiam vestris, qui seribitis, Bqaam
Viribus, et versate diu, quid ferre recusent,
Quid valeant hameri.

(118) Doemonol. epist. dedic.
�� Ut soleo temporibus negotia mea dividere ac laboris taedium varietate quantum possum effugere. �

(119) Doemonol. ad lectorem.
Dans sa D�lmonol�trie, Nicolas Remy fait preuve d'une �rudition vraiment prodigieuse et beaucoup plus commune alors qu'aujourd'hui. Il invoque, sans cesse, l'Ancien et le Nouveau Testament, les P�res de l'Eglise, les philosophes, les historiens, les po�tes de la Gr�ce et de Rome, et puis et surtout, tous ceux qui, avant lui ou en m�me temps que lui, s'�taient occup�s de mati�res se rattachant plus ou moins � son sujet. Il esp�re, par ce luxe de pr�c�dents et d'autorit�s, plus facilement dissiper les scrupules et les doutes des personnes rest�es jusque-l� �trang�res aux choses de la sorcellerie. �� Ut et hunc scrupulum dubitationemque ex illorum animis evellerem, qui ad ea peregrini atque hospites fort� acc�d�rent, non piguit a ex locupletibus et luculentis authoribus iis consentanea quaedam breviter adjungere; siquidem rerum similiter gestarum commemoratio non parvam veritati lucem authoritatemque afferre perbibetur. �

(120) Id., lib. III, cap. 1, p. 302-303.

(121) Id., epist. dedicat.
�� Sed c�m � re judiciari� subtraherem me ad amaeniora studia, ac fort� ex recenti vel auditione, vel lectione, adhuc haeereret aliquid de sagarum praestigiis ac incantationibus; id quasi po�ticum aliquod figmentum arripiens, (nam fer� affinitatem aliquam habere videntur) inde versus aliquos conficiebam ac post in adversaria negligenter rejiciebam. �

(122) Les oeuvres de maistre Guy Coquille, sieur de Romenay, in-fol., Bordeaux, M.DCCIII. Pr�face. M. Dupin, Eloge de Guy Coquille, p. 7-8, 21-22, 46.
Guy Coquille avait de bonne heure, comme Nicolas Remy et tous les grands magistrats de la Renaissance, contract� le go�t tr�s-vif de la po�sie latine. Si sa muse se faisait le plus souvent l'�cho discret de ses joies intimes et de famille, quelquefois aussi elle �clatait en patriotiques accents. Ainsi � l'heure m�me o� le chancelier de l'Hospital, retir� dans sa terre du Vignay, �crivait son fameux excidat illa dies ! le vieux Procureur g�n�ral du Nivernais, en d�plorant, lui aussi, les horreurs de la Saint-Barth�l�my, se rendait du moins ce consolant t�moignage que, gr�ce � lui, la ville de Nevers y avait �chapp�.
Sed sola fer� orbs Nivernica clemens
Abstinnit misera et crudeli caede suorum.

(123) Les oeuvres d'Estienne Pasquier, in-fol. Amsterdam, M.DCCXXIII, t. II. col. 830. - M. Dupin, Eloge d'Estienne Pasquier, p. 55, 60.
Pour �tre juste, j'aurais d� dire que Nicolas Remy faisait aussi bien les vers que Guy Coquille et qu'il les faisait beaucoup mieux qu'Estienne Pasquier. Ami de Ronsard, alors fort � la mode, et qu'il cherchait � imiter, le savant auteur des Recherches de la France versifiait tr�s-m�diocrement en latin et en fran�ais.

(124) In Doemonolatrioe librum primum periocha, cap. VII et VIII, p. 4.
Nicolas Remy vient de nous faire l'histoire de ces 967 vers je voudrais maintenant, par la citation de quelques-uns, permettre de les appr�cier tous et je choisis le portrait du diable :
Illud inauditum eerl� est, aapraque fidem, quod
Non exhorrescit mulier spectare maritum,
Cui ferrugineos flagrantia lumina vultus
Accendunt, nasus crispanti prominet uneo,
Aspera frons extat resupinis cornibus, aures
Arrecte villis horrent, immanis anhelat
Rietes, sulphureum patulo de gurgite odorem
Undat inaequali per rugas ordine mentum
Impexum setis, nutens, enorme, repandum.
Adde quod incurvos extremis artubus nugues
Exerit; haud aliter qu�m dente harpago minaci :
Quod vasto informis se attollit corpore, quodque
Gutture vox illi presso interclusa remugit
Debilis ex imo testae velut excita fundo.

(125) Qvae svnt ad XVII Cal. IVL, An. M.DC.VI. honoris ergo exhitibitaq. aduentante prim�m ad vrbem Nanceium Sereniss. Margarita Sereniss. Principis Henrici Barri Ducis coniuge.
Clari-loci Ad Nanceium.- Excudebat Joannes Sauine typographus. 1608 Pet. in-8� de 8 ff.. titre compris, pag. de 3 � 16. - Au milieu du titre une gravure ovale repr�sente un guerrier tenant de la main droite une �p�e nue, et de la gauche un bouclier sur lequel on lit : le esp�re en Dieu qvi maidera.

(126) Her�vm Sereniss. potentiss. atqve optimi Principis Caroli III. Dvcis Calabriae, Lotharingia;e, Barri, Guetdriae, Marchisii, Marquionis Mussiponti, comitis Vademontani, Albimontis, Zutphen. Clari-loci Ad Nanceium. Excudebat Joannes Sauine Typographus. 1608. Pet. in-8� de 6 ff., titre compris, page de 3 � 11. M�me gravure que sur le titre de l'entr�e de Marguerite de Gonzague.

(127) M. Beaupr�, Recherches, p. 239-240 et 243-246. - Henri Lepage, les Archives de Nancy, T. II, p. 203-205.
L'ambassadeur envoy� � Nicolas Remy fut Florent Drouin, charg� lui-m�me d'une partie des pr�paratifs de la f�te. La harangue et les vers compos�s par Nicolas Remy ont �t� imprim�s sous ce titre :
Qvse primvm Solennivs in vrbem Nanceivm ingredienti Henirico II Duci Lotharingie XII cal. Maias anni M D.CX. Ciues adornabant nisi, ut sumptibus parceretur, veluisset eius Celsitudo.
- Nanceii, in oedib. Clari-loci per Joannem Sauine Typographum. 1640. Pet. in-8� de 8 ff., titre compris, pagin�s de 3 � 14.
M. Beaupr� a p�remptoirement �tabli que ces trois opuscules, aujourd'hui rarissimes et dont il est l'heureux possesseur, appartenaient � Nicolas Remy. En chargeant de leur impression Jean Savine, apr�s avoir fait imprimer la D�monol�trie, chez Vincent, � Lyon, Les Principaux points de sa remontrance chez Faber, � Metz, et le Discours des choses advenves, chez Melchior Bernard, � Pont-�-Mousson, l'auteur a prouv� qu'il avait le sentiment du beau, l'amour des livres et cette conviction que l'�crivain manque � l'un de ses devoirs essentiels envers le lecteur, quand il se contente de satisfaire son esprit, sans se mettre en peine de satisfaire aussi ses yeux.
Melchior Bernard et Jean Savine passaient, en Lorraine, pour des imprimeurs distingu�s, et Vincent et Faber ne jouissaient pas, en France et dans le Pays messin, d'une moins bonne r�putation.

(128) B. 7396. Roolle des Bourgeois, manans et habitans de Nancy et de la ville noeuve du dit lieu, pour la lev�e des solz, en l'ann�e mil cinq cens quatrevingtz et neuf.
LE HAULT BOURGET.
...
Me Nicolas Remy, Eschevin.
...

(129) J.-J. Lionnois, T. I, p. 201-202, 357-358 et le plan de 1611, n� 21. - Henri Lepage, Les Archives, T. III p. 342.
L'�glise Notre-Dame occupait tout le c�t� m�ridional de la place de l'Arsenal. Le 3 juin 1598, Nicolas Remy y fit baptiser son fils Charles, probablement le dernier. - Le p�re devait avoir 70 ans !
Le 12 ao�t de la m�me ann�e, la fille Anne de Claude-Marcel Remy recevait aussi le bapt�me dans la m�me paroisse. En 1598, le p�re et le fils ont donc eu tous deux, � deux mois d'intervalle, les joies de la paternit� !

(130) Doemonol, lib. I, cap. 17, p. 168. - Dom Calmet, Biblioth. Lorr., col. 590 et 857-859. - Henri Lepage, Archives de Nancy, T. II, p. 203-204. - Fran�ois de Neufchateau, Les Vosges.
J'ai dit en commen�ant que Nicolas Remy �tait n� � Charmes et je crois �tre le premier qui ait donn� cette indication, cependant bien facile � donner, puisque l'auteur de la D�monol�trie la donne lui-m�me, � propos d'un incendie qui avait, dans son enfance, �clat� � Charmes, et � la suite duquel on remarqua sur les d�bris de l'�difice incendi� des empreintes attribu�es aux ongles ou aux griffes du diable.
�� Et memini, me nondum ex ephebis egresso, c�m Charmis (*) (quae mihi patria est) fulmen universas aedes propinqui mihi hominis esaet pervagatum, ad extremum eam porticum qua id se foras ejecerat inscriptam profundis, frequentibusque ungnium vestigiis reliquisse. Quae, c�m populares rei novitate adducti, magn� cum admiratione, certatim inviserent, accurri et ipse e�que praesens vidi, non sine aliqu� narium offensione, c�m sulphuris teterrimo nidore aedes illae adhuc oppletae essent. �
(*) Le texte porte Chermis, mais c'est �videmment une erreur, car on lit plus loin, p 306, non pas Chermarum, mais Charmarum praetor.
Comme tous les coeurs bien n�s, Nicolas Remy conservait le souvenir et le culte de la patrie; il aimait Charmes, il y venait souvent, et, puisqu'on a la preuve qu'il s'y �tait retir� � la nn de sa vie, on peut, sans trop de t�m�rit�, aftirmer qu'il y mourut.
Un peu apr�s lui, Charmes a vu na�tre l'auteur de la Recherche des Sainctes Antiquitez de la V�ge, Jean Ruyr; et, vers la m�me �poque, tout pr�s de Charmes, Claude Gel�e, dit le Lorrain, naissait aussi � Chamagne, dont les vertes et riantes prairies semblent avoir servi de fond � ses immortels tableaux.
Ah faul-il s'�tonner qu'en ces lieux pleins d'attraits,
De l'aimable nature �piant les secrets,
Gel�e ait pu tracer ces riants paysages,
Ces ciels purs, ces beaux soirs, ces vaporeux nuages,
L'air qui joue � travers ces �pis ondoyants,
Ces arbres agit�s et ces lointains fuyants ?
Ce grand peintre naquit au pied de nos montagnes ;
Il a dans ses tableaux transport� nos campagnes.

(131) B. 4024, B. 4032, B. 4033. Compte du Domaine de Charmes. - Doemonol. lib. III, cap. I, p. 306.
En entrant dans la magistrature, Nicolas Remy resta fid�le aux traditions de sa famille. Sa vocation judiciaire s'�tait form�e comme se forment les meilleures; sans contrainte, d'elle-m�me, instinctivement, au foyer domestique, au contact et � l'exemple de son p�re G�rard Remy et de son a�eul Nicolas Remy; tous deux pr�v�ts de Charmes, le premier en vertu d'un acte de l'autorit� publique, le second � la suite d'une sorte d'ench�re et sous la promesse de payer �� chacun an la somme de quatrevingtz quinze florins, dix gros pi�ce de principal, avec les droitz accoustumez, assavoir douze florins pour les espices, neufz florins pour les porcs, soixante libvres cire et cinquante resalx avoinne, comme au plus offrant et dernier ench�rissant, � la chandelle... �

(132) Doemonol. lib. I, cap. 5, p. 51. - Michel, Statistique administrative du d�partement de la Meurthe, p. 483. - Henri Lepage, Le D�partement de la Meurthe, T. Il, p. 511 et les Communes, T. II p. 473.
�� Dum in Sanmardano nostro rusticor. � St-Mard est un tr�s-petit village de l'ancienne province de Lorraine, situ� dans une gorge, � droite de la Moselle, � 5 kil. de Bayon. On le dit fort ancien, quoiqu'aucun titre ne le mentionne. Si Nicotas Remy y avait une campagne, il ne para�t pas qu'il ait �t� le seigneur du lieu; car, d'apr�s les seuls documents qu'on connaisse, la haute, moyenne et basse justice appartenait d'abord, pour des parts in�gales, au comte d'Haussonville et au marquis de Blainville, et, plus tard, au chevalier Drouot, conseiller en la chambre des Comptes de Lorraine.

(133) M. Dupin, Inauguration du tombeau et de la chapelle du chancelier de Lhopital en 1836 et Discours de rentr�e prononc� le 9 nov. de la m�me ann�e.

(134) Doemonol. lib. III, cbap. XII, p. 370.
Mens sana in corpore sano.
Nicolas Remy se louait surtout de ses yeux qui le servaient � merveille.

(135) Dom Ambroise Pelletier, Nobiliaire p. 690.
Nicolas Remy avait �pous� Anne ou Chr�tienne Marchand, fille de Henry Marchand et de M�line Le Galland. Il en eut au moins sept enfants : I. Claude ou Claude Marcel, Procureur g�n�ral de Lorraine, du 26 ao�t 1599 au 16 juillet 163, �poque de sa mort; II. Emmanuel, Echevin � Nancy le 5 f�vrier 1603, puis Gouverneur de la saline de Marsal; III. African, dont la jeune muse s'est associ�e, par un quatrain, � celle de ses fr�res a�n�s, pour saluer l'apparition de la D�monol�trie; IV. Charles, baptis� � l'�glise Notre-Dame le 3 juin 1598; V.
Claude, dame de Rosi�res-en-Blois et du Breuil; VI et VII. Deux filles mari�es, l'une � Fran�ois Vernet, de Neufch�teau, et l'autre � Gaspard Vall�e, Pr�v�t de Charmes.
De cette famille, � l'origine, si nombreuse, il ne reste pas aujourd'hui un seul repr�sentant direct. M. Millet de Chevers, premier Pr�sident de la Cour royale de Colmar sous la Restauration, se disait l'arri�re-neveu de Nicolas Remy, et on assure que M. le comte Henry de Saint-Germain �lev� la m�me pr�tention, mais sans avoir, ni l'un ni l'autre, aucun acte, aucun titre, qui �tablisse ce lien de parent� �loign�e. Le premier poss�dait le portrait du Procureur g�n�ral de Lorraine, qu'il a l�gu� � sa petite-fille, Mme la comtesse de Montangon, et le second conserve pr�cieusement, dans ses archives domestiques, les lellres-patentes par lesquelles le duc Charles III a conf�r� la noblesse � son fid�le conseiller le 9 ao�t 1583.

(136) B. 1317, f � 242.- Chevrier, Hist. de Lorr. T. IX, p. 77, et M�moires pour servir � l'histoire des hommes illustres... T. I, p. 129.
Apr�s avoir d�finitivement r�sign� ses fonctions de Procureur g�n�ral en 1606, Nicolas Remy n'avait plus de gages, lorsque, par un mandement sp�cial du 7 mars 1609, le duc Henri, en lui maintenant son titre de Conseiller d'Etat, lui accorda �� doresnavant et par chacun an, au terme et jour de No�l, sa vie durante, la somme de trois cens frans. �
C'est � cette derni�re lib�ralit� du prince qu'on doit de conna�tre l'�poque du d�c�s de Nicolas Remy. On lit, en effet sur le compte du Tr�sorier g�n�ral de Lorraine, pour l'ann�e 1612, en marge du nom du Conseiller d'Etat �m�rite : �� Obiit au mois d'april 1612. �
En pr�sence de cette mention officielle et irr�cusable, que devient la t�m�raire affirmation de Chevrier que Nicolas Remy est mort au mois de janvier 1600 !
La date du mois d'avril, d�j� si pr�cise, pourrait le devenir plus encore.
On se souvient que le duc de Lorraine avait donn� � son ancien Procureur g�n�ral une somme de 3,000 fr., payable en trois ann�es cons�cutives, 1611, 1612, 1613, sur les recettes en bl� de Charmes et de Ch�tel, pour un Recueil des �dits et ordonnances de la province. Or, Nicolas Remy n'a profit� que des deux premi�res annuit�s, et sa seconde quittance porte la date du 13 avril 1612. La troisi�me et derni�re quittance a �t� donn�e par son fils a�n�, Claude-Marcel, qui signe tant en son nom qu'en celui de ses coh�ritiers. Nicolas Remy est donc mort en avril, et dans la seconde quinzaine de ce mois.

(137) Doemonol. lib. I. cap. 26,p. 165-166 et lib . II, cap. XI, p.276.
�� Quo magis demiror quorundam in censendis christianorum moribus inconsideratam, supinamque sapientiam, qui, si quod nolanis de mane datur signum, quo excitentur homines ad tam salutares ac pias preces et iis quasi oscitantibus auris a vellicetur ; id illic� damnent atque improbent, quia nimirum ab illis usurpatur � quibus in constituend�, colend�que religione dissentiunt.

(138) Das Lied von der Glocke - M. Duchesne, Le chant de la Cloche ou le po�me de la vie, M�moires de l'Acad�mie de Stanislas, ann�e 1866, p. 21-47.
Qui ne conna�t ce petit chef-d'oeuvre, si difficile � traduire et qui a trouv�, nagu�re, au sein de L'Acad�mie de Stanislas, un si exact et un si habile traducteur

(139) Boileau, Les embarras de Paris. Satire IV.
J'entends d�j� partout les charettes courir,
Les ma�ons travailler, les boutiques s'ouvrir
Tandis que dans les airs mille cloches �mues
D'un fun�bre concert font retentir les nues
Et se m�lant au bruit de la gr�le et des vents,
Pour honorer les morts font mourir les vivants.

(140) Ce grossier portrait, que reproduit fid�lement la gravure plac�e en t�te de la pr�sente notice, doit �tre lui-m�me la copie d'un portraite ex�cut� en 1590. En conservant � la l�gende de cette copie le mill�sime primitif et en donnant � Nicolas Remy le titre de Procureur g�n�ral en la cour souveraine de Lorraine et Barrois, on a commis un double et �vident anachronisme car, en 1590, la cour souveraine de Lorraine et Barrois n'existait pas encore et Nicolas Remy n'est devenu Procureur g�n�ral que le 24 ao�t de l'ann�e suivante.

 

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