Figure phare des médias, René Homier-Roy a su démocratiser la culture au Québec avec passion, esprit critique et humanisme.
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À la télévision
De 1983 à 1989, René Homier-Roy coanime avec Chantal Jolis l’émission À première vue sur les ondes de Radio-Canada. Ce magazine cinématographique proposait chaque semaine des critiques de films, présentées dans un dialogue à la fois rigoureux et animé. La dynamique du duo, nourrie par leurs divergences d’opinions, était très appréciée du public. « Nous n’avions pas de conflit, mais des opinions parfois opposées », témoignait Homier-Roy à La Presse en 2012. En offrant une tribune vivante et accessible, À première vue a contribué à démocratiser la critique cinématographique à la télévision québécoise.
Dans la presse
René Homier-Roy s’est aussi imposé dans le milieu des médias écrits. Il fait ses débuts au Petit Journal vers 1966-1967, où il couvre les arts. Déjà, on reconnaît son style et son ton : haut en couleur, passionné, parfois caustique.
Dépêché au Festival de Cannes en 1967, il rend compte du film de course automobile Grand Prix, dans lequel joue, entre autres, Yves Montand : « Fans de Montand, allez-y, mais avec prudence : le film est interminable, et Montand joue parfois comme s’il se souvenait qu’il est italien et que les ltaliens sont les rois de la pizza et du mélo ». Son compte rendu d’une conférence de presse du cinéaste Michelangelo Antonioni est aussi plutôt « distrayant » (Le Petit Journal, 11 juin 1967).
L’année suivante, il s’entretient avec un Jean-Pierre Ferland reparti à la conquête de Paris (Le Petit Journal, 31 mars 1968) avec en poche un Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros. « Pour la première fois depuis Félix, Paris est aux pieds d'un Canadien », écrit Homier-Roy.
Ensuite, il dirige les pages Arts et spectacles de La Presse de 1969 à 1973 (il n’a que 29 ans au moment où il est embauché). Cette fonction lui permet d’imposer sa plume dans le paysage médiatique québécois et de développer un ton libre et original. Il prend également la barre du supplément SPEC, cahier culturel audacieux, apprécié pour son approche singulière. À travers ses écrits, Homier-Roy s’affirme comme un critique culturel distinctif, doté d’une voix forte et indépendante. Son éditorial du 11 mars 1971 en fournit un intéressant échantillon.
À la radio
La radio demeure toutefois le média qui scelle le rôle de passeur culturel de René Homier-Roy. À partir de 2013, il anime Culture Club sur ICI Radio-Canada Première, un rendez-vous hebdomadaire qui réunit critiques de films, entrevues, débats et actualités culturelles. Avec les années, l’émission devient une référence et consolide la relation de confiance qu’il entretient avec le public. Sa sévérité, parfois critiquée, était pour lui une manière d’offrir un point de repère fiable aux auditeurs. Sa signature reste pourtant inchangée : chaleur et esprit rassembleur. Contraint par la maladie, Homier-Roy met fin à Culture Club en juin 2025, marquant la conclusion émotive d’une longue carrière radiophonique.
Que ce soit par la télévision, la presse ou la radio, René Homier-Roy aura consacré sa vie à faire rayonner la culture québécoise. Curieux, franc et passionné, il laisse derrière lui un héritage unique : celui d’un homme qui a su transmettre son amour de la culture à des générations entières, avec générosité et intelligence.
Pour aller plus loin
HOMIER-ROY, René, Moi : biographie, Montréal, Leméac, 2018, 269 p.
Rédaction et recherche : Pascale Lafleur