« L’adoption de l’IA par les femmes est essentielle »
La présidente fondatrice de JFD, Delphine Remy-Boutang, publie ce mardi le premier baromètre européen de l’IA, réalisé avec EY Fabernovel et Opinionway. L’étude pointe la proportion insuffisante de femmes et les opportunités que cette révolution technologique leur ouvre.

« Les femmes qui réussiront dans l’intelligence artificielle (IA) sont celles qui sauront relier la tech et le business ! » Pour Delphine Remy-Boutang, fondatrice et présidente de JFD (Join Forces & Dare), il y aura pour elles « un espace d’immenses opportunités à saisir ». C’est à Clara Chappaz, la ministre déléguée chargée de l’IA et du Numérique, qu’elle a réservé la primeur de l’étude Women RAIsing, publiée ce 11 février à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA.
26 % de femmes dans l’IA européenne
Réalisé avec EY Fabernovel et Opinionway, il s’agit du premier baromètre européen de l’IA qui balaye 8 secteurs et 8 pays du Vieux Continent, avec un coup de projecteur particulier sur la place des femmes. Rien de plus normal pour une organisation comme JFD, initiatrice du prix Margaret qui récompense chaque année des projets féminins dans la tech, et se focalise en 2025 sur les projets liés à l’IA.
Le premier constat est plutôt encourageant pour les femmes, estime Delphine Remy-Boutang : en Europe, les femmes représentent 26 % des effectifs de l’IA, contre 22 % en moyenne dans le monde. Et les entreprises ont pris conscience des conséquences du déséquilibre, puisque 51 % d’entre elles ont mis en place des protocoles pour tester et corriger les biais de leurs modèles, qui touchent notamment les processus de recrutement.
Des « responsables IA » qui siègent dans les comex
Cet élan reste toutefois à consolider, surtout dans un contexte international peu favorable à la recherche d’un équilibre entre les femmes et les hommes. Depuis l’installation de Donald Trump à la Maison-Blanche, les objectifs d’égalité et de parité au sein des entreprises - et des institutions américaines - sont ouvertement mis à mal et dénoncés par son administration.
Le deuxième constat de l’étude est plus mitigé. Dans leur grande majorité, les entreprises européennes ont intégré la dimension stratégique de l’IA, 99 % d’entre elles ayant déjà investi dans cette technologie et 88 % prévoyant d’augmenter leurs investissements au cours des 12 prochains mois. En conséquence, 65 % d’entre elles ont nommé un responsable IA siégeant au comité exécutif, l’instance dirigeante décisionnaire dans les entreprises.
C’est là que le bât blesse, car les femmes occupent une place minoritaire parmi les titulaires de ces fonctions : seulement 29 % des responsables IA sont des femmes (24 % dans l’Hexagone), une proportion qui atteint pourtant 38 % au Royaume-Uni et en Italie. La France, donc, peut mieux faire.
Un appel à l’action pour encourager les talents féminins
L’étude Women RAIsing se penche également sur les différences entre les pays européens, faisant apparaître l’Espagne plus en pointe que la France, et les secteurs d’activité, avec l’industrie pharmaceutique en tête de ceux qui investissent le plus, alors que l’éducation, paradoxalement, coiffe le bonnet d’âne.
C’est par un appel à l’action que se conclut l’étude, qui formule plusieurs recommandations pour rééquilibrer la place des femmes dans l’univers de la tech et de l’IA. Déployer des formations paritaires comme le font déjà l’école Epitech ou le groupe La Poste, favoriser l’émergence des talents féminins à l’instar des prix Margaret, ou encore réduire les biais algorithmiques à l’image d’Allianz France, L’Oréal, Sanofi ou IBM figurent parmi les pistes proposées.
Mais rien ne se fera si les femmes elles-mêmes ne mesurent pas l’enjeu de la transformation en cours. « L’adoption de l’IA par les femmes est essentielle pour éviter de creuser l’écart entre les genres », considère Delphine Remy-Boutang.
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