« Les étudiants ne pourront pas vivre une année blanche de plus » : le coût de la rentrée étudiante déraille à nouveau
La Fage et plusieurs de ses organisations membres viennent de publier leur indicateur du coût de la rentrée. Il s’élève en moyenne à 3 227 euros, explosant le dernier record.

« Comme chaque année on dit qu’il y a une urgence sociale, mais cette année on ne peut plus ignorer la pauvreté que vivent chaque jour des centaines de milliers d’étudiants et d’étudiantes », alerte d’entrée de jeu Maëlle Nizan, présidente de la Fage, lors de la conférence de presse pour présenter l’actualisation de ses données sur le coût de la rentrée étudiante. En ce mois de septembre 2025, il a encore bondi à 3 227 euros, contre 3 157 euros l’an passé ; en hausse de 2,21 %. Cette augmentation du coût de la rentrée est notamment liée à la hausse des frais spécifiques, évalués en moyenne à 1 985,55 euros (+ 3,49 %), tels que les frais d’inscription (+ 1,71 %) et la CVEC (+ 1,94 %), considérée comme « un coût supplémentaire que les étudiants non-boursiers doivent assumer, alors que l’utilisation des fonds de la CVEC est encore trop opaque », dénonce le syndicat étudiant, qui demande la désindexation de cette taxe sur l’inflation.
Parmi ces frais spécifiques, l’organisation étudiante pointe aussi le prix du matériel pédagogique (livres, matériel pour des travaux pratiques, équipement sportif). Il pèse plus ou moins lourd dans le portefeuille des étudiants selon les filières et s’élève en moyenne à 427 euros.
20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim
L’augmentation des frais de vie courante (+ 0,22 %) liée à l’inflation, est également dénoncée par l’organisation étudiante. En premier lieu, les dépenses liées au logement, « fragilisent » le portefeuille des étudiants. Ces frais sont estimés à 1 241 euros en moyenne, avec un pic à 1 510 euros en Île-de-France, région où la dépense en logement est la plus élevée. Le logement représente de loin le premier poste de dépenses (47 % du budget - 581 euros par mois au niveau national).
« À Paris, seulement 2 % des étudiants sont logés en Crous, les autres se tournent vers le parc privé », souligne Ilane Lê, 1er vice-président de l’Agep, la fédération des étudiants de Paris (membre de la Fage) très sollicitée par des jeunes en difficulté. « Nous sommes très préoccupés par ces situations qui obligent les étudiants à rogner sur leur budget, à sauter des repas, ou à s’éloigner de leur lieu d’études. Les dispositifs de logements solidaires ne sont que des palliatifs, et entraînent une instabilité financière et mentale », poursuit-il. « On estime que 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim et sautent en moyenne 3 repas par semaine, ce n’est pas normal », poursuit la présidente de la Fage.
« Des repas Crous à 1 € pour toutes et tous »
« L’année blanche pour les étudiants c’est tous les ans. Mais aujourd’hui, les étudiants ne pourront pas vivre une année blanche de plus », lance Maëlle Nizan. « Si une seule priorité devait être retenue, c’est la mise en place d’une réforme systémique des bourses sur critères sociaux promise depuis 2017 ». Pour l’organisation étudiante, il est « urgent d’agir », alors que le gouvernement avait annoncé un report de la réforme des bourses étudiantes à la rentrée 2026.
Parmi les autres revendications, la Fage appelle entre autres à « la pérennisation de l’expérimentation d’encadrement des loyers au niveau national », « l’ouverture des repas Crous à 1 € pour toutes et tous », « la gratuité des transports ou a minima la mise en place d’une tarification étudiante dans les villes étudiantes » ou encore la suppression des droits différenciés pour les étudiants étrangers.
Par Clémentine Maligorne
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