RAPPORT SUR L’EXPOSITION DES PRODUITS DE L’INDUSTRIE GENEVOISE, f OUVERTE PAR LA CLASSE D'INDUSTRIE. a :: o mcramo iit;ïiz: j;rvj m * i; ’fT /•<-.* i. RAPPORT FAIT A LA CLASSE D’INDUSTRIE ET COMMERCE, SUR L’EXPOSITION des j PRODUITS DE L’INDUSTRIE GENEVOISE EN 1828, RÉDIGÉ D’APRÈS LES NOTES DES MEMBRES DE LA COMMISSION DISPOSITION Jfécor tyfà. r (De ^Qcciu^oiîoj J (trWjiiWi be fa Société b etc/ Aaninj. GENÈVE, IMPRIMERIE DE G. M ‘ FICK-BONNANT. 1 828. ««sms?*®** r/iO'i^A/!: rm i T 2 A 't: 'üonmmmmï mi fiT&iUj/ u'Q-.^bajd- aj.à ;| woïTieoixa J jtjb p.-fu 'jmowisio a f/rretw/j'vi :m çhyooih ■ ■' ■„ ,'f.^H ï Y:',ï ;' , ■ . - ■'•-<•■- KnirMawt'.i ■■îoiasiif mo3.aj w çutfjktK.W* £4TOK es.! ïin'u';; te'iù’.i ■•■''■ i , V>J -oCsCl. ’ Ava • v.i- » , ' S: iÀ:t* W> -:A*y*tâ *i AU) .).? >'•*. ;■/■ M • fÀv.r4.*s.A-'v.'i.' « l t * * .‘iy :•» / * a _ - :V.î' }un w .ü •!'» 'UH/?^UViK; ssr TABLE DES MATIÈRES. I NTRODUCTION Page i PREMIÈRE PARTIE. Notes descriptives des objets exposés. 19 §. 1. Instrumens aratoires et produits immédiats de l’agriculture cantonale..21 §. 2, Filatures. 32 5. 3. Tissus divers. 32 §. 4• Impressions sur toiles et teintures. 36 §. 5. Chapellerie en feutre .... 37 §. 6. Chapellerie et ouvrages en paille, vannerie, etc. 38 §. 7. Perruques. 4° §. 8. Ganterie et ouvrages en peau. 4 2 §. 9. Bonnetterie. 43 §. 10 . Cordonnerie. 43 §. 11. Peignes de cornes. 4^ §. 12. Broderies. 4^ ( II > §. i3. Fleura artificielles.Page 48 §. 14. Brosses. 5o §. i5. Charpenterie, construction debâtimens,etc. 5i §. 16. Ébénisterie, etc. .... 53 §. 17. Tapissiers. 57 §. 18. Etamage des glaces..58 §. 19. Vernis. 58 §. 2ôv Appareils de chauffage .v . — 6o §. 21. Appareils d’éclairage. 65 §. 22. Carosserie; Sellerie. 68 §. 23. Corderie ................-........ 7* ^ » 24. Poterie.. -. , -. v»......., ••. 73* §. 25. Taille des cristaux... .. ...... .. 74 26. Gélatine .. ...... v.. 75 §. 27. Gainerie et cartonnage.....,...... 76' 28. Reliure,-«-v•«- • ,,. .. • «-.,.. •,.. yft §.. 29. Imprimerie.v... .......... 80 §. 3». Impression en taille-douce. . 8® §. 3i. Gravure en taille-douce.-... 83 §,. 3a. Gravure en médailles, etc. ... 85 §. 33. Peinture en émail, etc... 87 34.. Plans en relief... 88 35. Machines destinées à l’art militaire...... 90 §. 36. Machines de physique,, etc. 92 §>. 37. Machines diverses .. 99 ( III ) §. 38 . Fabrication d’outils.Page 102 §. 3 g. Instrumens de musique. 107 5. 4 °■ Exploitation des fers. 110 §. 4 1- Ouvrages divers en métaux. 1x2 §. 4 a • Zinc,. Il 5 §. 43 . Ferblanterie. Chaudronnerie. 117 §. 44. Serrurerie. 118 5 * 45 * Coutellerie. 121 §. 46 - Dorures et bronzes. 1 23 §. 47 • Orfèvrerie. 124 5. 43 » Ouvrages en platine. 125 §. 49 - Bijouterie. 125 §. 5 o. Joaillerie. i 3 o §. 5 1. Pièces à musique... i 3 o 5. 52 . Horlogerie. i 34 SECONDE PARTIE. Considérations générales sur les expositions. 164 Arrêté de la Classe et du Comité d’industrie .. 1 83 . . . • ... . .-ff'üirn‘ 1 . , :,r'l Ml ..'.injr>,rt(rî •(»> *r.nî' i*i{. ^ '•*11 ..... .............. «.•.■U ,'(/ ...,. , ■ ... . • . . YVtfibi-f- 't-i-+r.y f 'û* wa■*r.uf) .t £ - >n ua- Le1 ;n »'o :i tiï'ct*. ■ - * 'ï~ . ■ .. . .... ■. .. .••. . .^i-ndMc-.jiil .- r .*. .V .u- .'f ■ vE t .. .. ‘jfipBBfft ,ii .KiJDÔr' .ri: jit.r ..................g ..••iT:'A 5 •. ''"‘L : >. i'ùl ■ •* ' ;ji. ô. oL;. '..oo : , l'.f'KffoD Lof .«HîyjOüVjJ ;•. • ...... j: * ;,*■ ■ -.Km/-. 6M A J / Il y*a environ deux ans qu’un fabricant de Genève demanda à la Société des Arts la permission de joindre quelques objets d’industrie à l’exposition des tableaux qui était alors ouverte. La Société ne crut pas devoir accéder à cette demande, à cause du mélange d’objets trop hétérogènes quelle aurait déterminé,mais elle renvoya au Comité d’industrie à examiner s’il ne conviendrait point, à l’exemple de Paris et de quelques Cantons Suisses, d’organiser à Genève une exposition des produits de l’industrie, qui rendit aux fabricans les mêmes services que celle des tableaux rend aux peintres. Cette question fut débattue pendant plusieurs séances, soit dans le Comité, i 2 INTRODUCTION. soit dans la Classe d’industrie ; les raisons pour et contre cette institution furent présentées avec intérêt ; il n’entre point dans notre tâche de les exposer ici. La décision fut de nommer une Commission d’enquête chargée de recueillir les opinions des fabricans eux-mêmes, sur une question dont ils paraissaient être les juges compétens. Les membres de cette Commission visitèrent un grand nombre d’artistes et de fabricans, choisis dans les diverses branches de l’industrie et parmi ceux qui jouissent de la plus grande considération dans leur art. Le résultat de cette enquête fut que sur une centaine environ de fabricans consultés, les neuf dixièmes paraissaient désirer une exposition, et promettaient d’y mettre leurs ouvrages. Ce fut sur ce rapport que le Comité décida d’ouvrir une exposition des produits industriels et chargea la même Commission de son organisation , en l’autorisant à s’adjoindre ceux des membres du Comité et de la Classe dont elle croirait avoir besoin pour ses travaux. La Commission était composée de MM. De Candolle , président ; Roman ; Gourdon ; Chastel ; Dufour , colonel ; Morin , père ; Vaucher; Olivier; Mercier et Paul; par INTRODUCTION. 3 suite de l'accroissement du travail et de l’absence de quelques-uns de ses membres, elle s’est graduellement adjoint MM. De Constant; Darier-Wacnon; Prevost-Pictet; Gou- nouilhou ; Dufour, horloger; Outramare; Roux et Viguet. Cette Commission avait d’abord pensé quelle pourrait organiser l’exposition pour l’été de 1827, mais il lui parut ensuite évident que le délai laissé aux fabricans par le premier avis n’était pas suffisant, et ce motif principal, joint à quelques autres de moindre valeur, la décida à renvoyer l’ouverture au mois de Mai 1828. Elle employa ce temps à adresser à tous les fabricans dont elle a pû acquérir connaissance des lettres, où en leur donnant avis du délai, elle les engageait à préparer leurs ouvrages ; cependant il résulta de la nouveauté de cette institution dans nos murs, que malgré ces précautions un grand nombre d’industriels conservaient des doutes soit sur l’utilité qu’ils pourraient trouver à exposer leurs ouvrages, soit sur la réalisation de l’exposition annoncée. Ceux mêmes qui n’avaient pas des doutes à cet égard, craignaient detre les premiers à se mettre en avant et redoutaient ces espèces de railleries dont la routine et la A INTRODUCTION. médiocrité sont généralement si libérales, envers ceux qui tentent de leur échapper. Nous arrivâmes donc au premier Mai n’ayant qu’un petit nombre d’objets apportés ou annoncés avec certitude. Cependant votre Commission jalouse d’exécuter le mandat dont elle était chargée, ne se rebuta point et annonça d’une manière formelle la prochaine ouverture : cet avis fût comme une secousse électrique et détermina les fabricans à apporter les produits de leur art. L’ouverture réelle en décida un grand nombre, à ce point qu’ayant ouvert avec cent trente exposans , nous avons clos avec deux cent soixante-six. Dès le premier Mai la Commission établit un commis à poste fixe au Musée, pour enregistrer les objets qui arrivaient. Deux de ses membres MM. Mercier et Roux se chargèrent d’y être aussi l’un ou l’autre en permanence pour délivrer des reçus des objets déposés, et les autres membres de la Commission eurent soin d’y venir fréquemment. MM. les Conservateurs du Musée eurent la complaisance de débarasser la grande salle du centre, ses deux antichambres et la salle ordinaire des assemblées de la Société, et de les mettre à la disposition de la Commission ; le Comité d’Agricul- INTRODUCTION. 5 turc voulut bien concourir aux vues de celui d’industrie, en permettant que son Conservatoire et les machines de fabrique genevoise ou suisse qui s’y trouvent fussent disposes convenablement pour ce but. La disposition des tablettes et vitrines destinées à recevoir les objets dans la salle du centre, et dans celle de nos séances, fût confiée à notre collègue M. r Samuel Vaucher et sous sa direction à M. r Monod, membre de la Classe d’industrie, qui a exécuté ces travaux avec l’intelligence et le désintéressement qui lui sont propres. A mesure que les objets étaient apportés on les inscrivait sur un registre à talon, duquel on détachait le reçu livré à l’exposant et qui devait lui servir non seulement à les retirer à la clôture, mais encore à entrer dans les salles aux jours et heures réservés pour les membres de la Société des Arts. Ce registre servait encore à la rédaction du livret destiné à faire connaître au public les objets exposés.* Ce livret aurait eu plus d’avantages s’il eût été possible de le ranger par ordre de matières ; mais la chose était impraticable puisqu’on n’a * Sa rédaction a été confiée à une Sous-Connnission composée de MM. Morin, père; Prevost-Pictet et Violet. 6 INTRODUCTION. pas cessé d'apporter des objets pendant la durée et jusqu’au dernier jour de l’exposition. Ceux qui ont (lit que nous aurions dû refuser ces articles tardifs, ne sont sûrement pas des fabricans etn’ont pas réfléchi aux égards qu’une Société comme la nôtre doit aux industriels, dont elle cherche avant tout à favoriser les intérêts et à encourager les efforts même lorsqu'ils sont tardifs ; nous pensons que si nous avions adopté cette mesure de rigueur la Classe nous en eût justement blâmé. Le petit inconvénient qui est résulté de ce que tout le livret n’a pû être imprimé à la fois, est en lui-même fort léger et chacun de ceux qui ont pu s’en plaindre a dû se demander en même temps s’il eût mieux valu que l’objet ne fut pas exposé, plutôt que de l’être avec une explication qui a tardé huit ou dix jours à paraître. Quant aux trente articles qui sont arrivés dans les dix derniers jours de l’exposition et qui n’ont pu faire partie du livret, la Commission a eu soin d’y faire fixer des annonces écrites à la main et propres à le remplacer. Elle a cru cependant devoir faire completter l’impression, soit par ces articles soit par deux tables alphabétiques, l une des exposans, l’autre des fabrications. Elle pense que les membres de INTRODUCTION. 7 la Classe et les exposans mettront quelque intérêt à conserver le souvenir complet de l’exposition, et vous propose de leur distribuer gratuitement le complément de leur livret, en reconnaissance des soins qu’ils ont pris pour seconder les intentions du Comité. L’arrangement matériel des objets dans les salles a été d’abord conçu par M. r Morin, père, dont le zèle et les connoissances ont beaucoup contribués au succès de l’exposition, et exécuté sous sa direction par plusieurs membres de la Commission et particulièrement par MM. Prévost, Roux, Viguet, Olivier, etc, La salle du Conservatoire botanique fut consacrée aux instrumens d’agriculture : son arrangement fut confié aux soins de M. 1 ' De Constant, membre de notre Commission et délégué en même temps par le Comité d’A- griculture. Celle des séances de la Société fut réservée pour l’horlogerie, la bijouterie et l’orfèvrerie, c’est-à-dire pour tous les métaux précieux qui exigeaient plus de surveillance ; ces objets furent presque tous placés sous verre. Les moyens de garde furent multipliés, et on eut soin de ne les faire apporter qu’au moment même où l’on pouvait les exposer convenablement. Cette circonstance a retardé 8 1NTKODUCTIOIÎ. l’ouverture de cette salle de quelques jours, mais nous lui devons peut-être la parfaite conservation de ces objets précieux ; enfin tous les autres articles furent placés dans la salle du centre et les antichambres, en cherchant à rapprocher les objets analogues, autant que l’a pu permettre leur inégalité de grandeur, l’époque diverse de leur arrivée et le désir de placer chaque objet de la manière qui lui était la plus favorable. On a eu égard aux réclamations peu nombreuses que quelques fabricans ont faites' à cet égard, et nous pouvons citer avec vérité que la plupart de ceux qui en avaient fait, ont fini par convenir, après examen, que la place assignée à leur ouvrage était encore celle qui leur convenait le mieux. Il eut sans doute été à désirer, et le public l’a fréquemment exprimé , qu’un nombre d’objets plus considérable porta l’indication des prix : on a toujours eu soin de demander aux fabricans s’ils voulaient l’indiquer , et plusieurs y ont consenti. Parmi ceux qui ne l’ont pas fait, les uns avaient de bonnes raisons pour s’y refuser, ce sont ceux dont les produits se vendent aux marchands et non aux particuliers ; les autres ont cru sans doute que cette réticence était dans leur intérêt : l’évène- I INTRODUCTION. 9 ment a du leur prouver le contraire, car ils ont par-là diminué la vente ou la commande qu’ils auraient pu raisonnablement espérer; les Commissaires en étaient persuadés d’avance, mais après l’avoir insinué aux fabricans, ils ont cru que leur devoir était de leur laisser entière liberté sur un objet évidemment lié à leur intérêt personnel. La Commission a donné ses soins à ce qu’aucun des objets fabriqués hors du Canton, ou tout au moins hors des conditions voulues par le programme, fît partie de l’exposition; et quand elle a eu des doutes, elle a pris des renseignemens convenables ; elle n’a point abordé l’idée qui a été suggérée dans un écrit, fait dans les vues les plus louables * et offert à la Classe vers la fin de l’exposition ; elle n’a point abordé, dis-je, l’idée d’une exposition de produits de l’industrie étrangère : il lui a paru évident qu’un pareil essai aurait pour résultats directs de décourager nos fabricans en les mettant imprudemment en regard avec l’Europe entière et de favoriser dans les consommateurs ce q’uil peut y avoir de goût pour * Coup d’œil historique sur l’industrie genevoise, par M. 1 ' Dunant ; in-8.°, Genève 1828. » t 10 INTRODUCTION. les fabriques étrangères, goût que l’exposition actuelle a eu pour but de contrebalancer au profit de nos propres fabriques. Les membres de la Réunion des Industriels ont mis beaucoup d’intérêt à orner l’exposition de leurs ouvrages, et la Société des Arts leur en doit des remercîmens. La Commission s’est empressée d’accéder au désir qu’ils ont témoigné de mettre le cachet de la Réunion à tous leurs articles. Non seulement elle n’y a vu en soi aucun inconvénient, mais elle s’est plue à donner au public cette occasion de connoître une association aussi intéressante, et elle savait qu’en faisant quelque chose qui lui fut agréable, elle serait approuvée par la Classe d’industrie qui la voit s’élever avec intérêt comme son collaborateur, qui jouit de ses progrès et se félicite de ce que plusieurs de ses membre sont concouru à l’organiser. Les jours d’ouverture publique furent fixés aux lundi, mercredi, jeudi et samedi de chaque semaine ; le vendredi fut consacré au nettoyage et le mardi fut réservé pour que les membres de la Classe d’industrie, ceux de la Société des Arts et les exposans eux- mêmes, c’est-à-dire ceux qui avaient contri- INTRODUCTION. 11 bue par leurs peines ou par leurs contributions à réaliser l’exposition, pussent en jouir avec leur famille, avec quelque commodité. L’heure d’ouverture fut fixée de midi à quatre heures, afin de laisser aux ouvriers et aux commercans leur matinée totalement libre. La surveillance des salles fut confiée pendant l’ouverture, i.° aux membres de la Commission qui fuirent considérés comme inspecteurs permanens; 2. 0 aux membres de la Classe d’industrie, dont quelques-uns furent appelés chaque jour pour cet office; 3.° à quelques étudians, (MM. G. Fatio, Jurine, Cramer, Le Fort et De la Rive), qui ont bien voulu se prêter à cette surveillance avec l’activité de leur âge. Ces divers commissaires étaien t munis d’une carte particulière, propre à les faire reconnaître et il était défendu de manier les objets exposés sans leur autorisation. Trois gardiens salariés étaient de plus attachés aux diverses salles ; un gendarme faisait la police de l’entrée et de plus les concierges du Musée n’ont cessé de contribuer au maintien de l’ordre avec un zèle, une activité et une intelligence pour lesquels la Classe d’industrie leur doit des remercîrnens. 12 INTRODUCTION. Ces précautions pouvaient paraître trop multipliées, mais elles n’ont géné personne ; tous nos collègues s’y sont prêtés avec l’empressement qu’on trouve toujours clans notre ville pour la chose publique. Le public lui- même a compris toute l’utilité cle l’ordre le plus exact : celui-ci n’a pas été troublé un instant, quoiqu’il y ait eu des momens où les salles étaient tell ement pleines qu’on pouvait à peine s’y tourner et qu’on était obligé d’en suspendre l’entrée ; grâce à cet ordre nous avons le plaisir de pouvoir rapporter que sur plus d’un millier d’articles divers dont l’exposition s’est composée, il ne s’est pas élevé une seule plainte sur la perte ou la détérioration d’aucun objet. Nous ne terminerons point ce récit de la marche de l’exposition, sans parler des en- eouragemens que la Classe, à cette occasion, a reçus du Gouvernement. Sur la demande de la Commission, le Conseil d’Etat a proposé et le Conseil Représentatif a alloué, à l’extraordinaire, Une somme de trois mille florins pour subvenir à une partie des frais. M. r le Lieutenant de Police a bien voulu donner des ordres pour qu’un gendarme fut de service à la porte et que l’arrosement des rues environnant le Musée, se fit avec régularité. M. 1 ' le INTRODUCTION. 13 Syndic de la Garde a consenti à placer une sentinelle sous la croisée de la salle qui renfermait les métaux précieux. Enfin le Conseil d’Etat est venu en corps inaugurer l’ouverture de l’exposition et témoigner par là, de l’intérêt qu’il prend à l’industrie du pays et aux efforts de la Classe pour l’encourager. L’exposition a été ouverte le premier lundi de Juin; on avait annoncé qu’elle durerait jusqu’à la fin de ce mois, mais l’affiueuce qui s’y portait habituellement, était encore telle à la fin de Juin, que la Commission en a prolongé la durée jusqu’au 12 Juillet. Pendant ces six semaines, il n’y a eu que quelques jours de chaleurs extraordinaires où les salles n’aient pas été habituellement pleines de visi- tans nationaux et étrangers. La concordance de cette époque avec le séjour de MM. les Carabiniers des divers Cantons, nous a procuré le plaisir d’y voir arriver un grand nombre de nos chers Confédérés. La Commission voulant donner à l’exposition une utilité plus durable que le simple regard, p. chargé diverses personnes soit de son sein, soit hors de son sein, d’examiner les objets exposés, chacun dans les parties qu’ils connaissent. Les commissaires qui ont 14 INTRODUCTION. concourra à cet examen, sont MM. Moiun- Deriaz et ses deux fils, Gounouilhou , Gour- don , Darier - Wagnon, Prévost - Pictet, Maurice, Olivier, Yiguet, Mercier et Ol- tramare, de la Classe d’industrie; M. Fazy- Pasteur et M. 1 " e PicTET-MENET,de celle d’Agriculture ; M. r Beaumont-Lullin , de celle des Beaux-Arts. La Commission a voulu que les rapports de ces divers commissaires fussent remis à son président, en le chargeant de rédiger, par le dépouillement de ces notes, un rapport général propre à être soumis au Comité, à la Classe et peut-être au public. Il me reste maintenant après ce préambule à vous exposer, dans une première partie, l’énumération des objets qui ont frappé vos commissaires sous l’un des rapports suivans : l’invention ou perfectionnement de l’objet, son introduction nouvelle dans le pays, sa fabrication remarquablement soignée ou l’économie de son prix. Une seconde partie sera consacrée au développement sommaire des idées générales que cette exposition nous a suggérées quant aux conséquences de la publicité des objets d’industrie et aux moyens de favoriser celle-ci dans notre Canton. INTRODUCTION. 15 En entreprenant cette tâche j’ai cédé, Messieurs , au vœu de la Commission par dévouement pour des collègues qui avaient eux- mêmes si heureusement rempli la charge difficile que vous leur aviez donnée ; mais je sens toute mon insuffisance et je la professe hautement. Mes études ont été trop éloignées des objets technologiques, pour que malgré le mérite des notes que je suis chargé de coordonner, je ne craigne vivement de ne les avoir pas extraites avec assez de clarté et d’exactitude. Si j’avais jamais cessé de regretter le vide qu’a laissé dans la Société des Arts, l’éminent physicien et technologiste auquel ses suffrages m’ont appelé à succéder; c’est aujourd’hui surtout que je sentirais combien le travail dont je suis chargé, eut été plus dignement exécuté par lui. J’implore donc votre indulgence pour ce rapport: j’ai sous les yeux des notes précieuses fournies par nos collègues les plus distingués et je me hâte de dire combien je crains de les défigurer, obligé comme je le suis de les combiner les unes avec les autres; si quelque chose de bon ressort de ce travail, ce sera aux excellens commissaires qui en ont fourni les bases qu’il faudra l’attribuer et ce sera sur le rédacteur qu’on 16 INTRODUCTION. devra rejeter toutes les omissions, toutes les erreurs, toutes les obscurités qui pourront s’y trouver : je ne réclame pour lui que l’espèce de faveur que peut obtenir le zèle, le labeur et le dévouement à l’utilité publique. Ce travail offre des difficultés d’un autre genre, c’est l’embarras de ne pas rendre peut- être à tous une justice exacte, d’omettre quelques particularités utiles, de négliger quelques perfectionnemens heureux. Je prie ceux qui croiraient avoir quelques reproches de ce genre à m’adresser, de se rappeler que je suis ici simple coordonnateur des travaux de mes collègues, que je suis animé du seul désir de faire valoir notre industrie, qu’aucune idée d’affection ni de partialité n’a abordé mon esprit, et si je commets quelqu’omission, il ne faut l’attribuer qu’à mon ignorance. Je dis quelqu’omission et non quelqu’injustice, car il n’entre pas dans le plan de la Commission de relever en public ce quelle croirait défectueux dans certains ouvrages ; elle se réserve de le faire connaître amicalement aux fabricans eux-mêmes. La Commission avait hésité dans l’origine à décerner des médailles aux exposans qui se seraient le plus distingués; mais elle a re- INTRODUCTION. 1 culé devant cette idée en pensant que l’exiguité de nos moyens ne nous permettraient pas des récompenses suffisantes ; que la distribution de ces médailles pourrait exciter des froissemens pénibles d’amour-propre dans un pays aussi resserré que le nôtre ; que surtout la vraie récompense sera décernée par le public qui accroîtra le débit de ceux qui auront prouvé que leurs produits sont améliorés. Le public est en effet toujours le vrai juge lorsqu’il est éclairé; nous ne prétendons ici qu’à lui présenter le préavis de quelques personnes plus spécialement versées dans les objets dont il s’agit, afin de soumettre ce préavis à fa décision suprême et impartiale de l’opinion publique. I I. RE PARTIE. ' NOTES DESCRIPTIVES DES OBJETS EXPOSÉS. L’Exposition avait été ouverte pour les habitans du Canton de Genève, des autres Cantons suisses, et pour les Genevois établis à l’étranger. Quatre d’entre ceux-ci ont profité de cette faculté et douze babitans des autres Cantons ont adressé divers articles. Sauf ce petit nombre d’objets, tous les autres formant environ i5o numéros du livret , sont les produits de l’industrie du Canton de Genève. En les énumérant, nous profiterons de l’occasion pour jeter de temps en temps un regard rapide sur l’état général de chaque industrie dans notre pays. Il va sans dire qu’en citant comme exemples les objets exposés, nous n’entendons . nullement dire que les exposans soient les seuls qui se distinguent dans leur art; mais nous ne 20 MOTES DESCRIPTIVES. pouvons parler que de ce qui a été soumis à nos regards ; il est évident que ce n’est pas notre faute si tous les fabricans ne nous ont pas mis à même de rendre justice à leurs talens. Nous en exprimons ici nos regrets, et nous prions nos lecteurs de ne pas prendre pour du blâme un silence qui est forcé. Nous passerons en revue les seuls objets exposés qui ont attiré l’attention des Commissaires, en laissant toutefois de côté certains objets ou trop peu importans comme branche d’industrie 1 , ou à peine naturalisés 2 , ou déjà signalés à la Classe par quelque rapport 3 , ou renvoyés par elle à un examen spécial sur lequel nous n’avons pas dû préjuger 4 . Nous commencerons cette revue par les arts qui sont plus particulièrement consacrés à l’exploitation du sol, et delà nous poursuivrons notre examen, en grouppant les objets à peu près analogues, relativement à leur emploi pour le vêtement, le logement, l’ameublement et les besoins divers de l’homme, commençant par les industries urbaines les moins importantes, pour terminer par celles qui tiennent à l’emploi des 1 Découpures n.° 188. — Écritures n.“ 187. 2 Albâtre n.° 176. — Mosaïque n.° 234. 3 Huile pour l’horlogerie n.° 103. 4 Enduits hydrofuges n.° 239. INSTRUMENS ARATOIRES. 21 métaux, et surtout des métaux précieux, qui forment les bases principales de nos fabriques et de notre commerce. Nous n’avons pas cru , vu l’extrême difficulté d’une classification méthodique des arts et métiers, devoir rechercher ici un plus grand degré d’exactitude. §. 1. Instrumens aratoires et produits immédiats de l’agriculture cantonale . Quoique les instrumens d’agriculture placés à l’exposition aient été peu nombreux, on ne doit pas en conclure que cette branche d’industrie soit chez nous dans un état d’infériorité; il paraît au contraire que nous sommes plutôt en avant des pays voisins, puisqu’il s’exporte de notre Canton un assez grand nombre d’instrumens, et en particnlier des charrues belges pour la France et la Savoie. Si l’exposition offrait si peu de nouveaux modèles, c’est probablement que nos fabricans, ayant presque tous plus de demandes qu’ils ne peuvent en fournir, n’ont pas mis d’importance à en acquérir davantage, et que leurs ouvrages étant enlevés dès qu’ils sont achevés, ils n’en avaient pas à exposer. La Classe d’Agriculture y a supplée en mettant sous les yeux du public ceux des fabriques suisses qu’elle possède. 22 INSTRUMENS ARATOIRES. Il faut d’ailleurs observer que ceux qui ne connaissent pas l’agriculture par une longue pratique, se font facilement illusion sur le nombre d’instrumens qu’exigent les travaux de la terre ; on ne se persuade pas assez que ces instrumens doivent être de nature à pouvoir résister aux intempéries de l’air, aux secousses et aux efforts que leur emploi nécessite, et surtout à la maladresse d’ouvriers grossiers , peu habitués au maniement des objets délicats, et souvent de mauvaise volonté, surtout pour les nouveautés ; d’où résulte que toute pièce trop délicate, trop compliquée, ou dont l’emploi n’est pas tellement nécessaire, qu’une autre déjà admise ne puisse y suppléer, est promptement hors de service ou abandonnée; c’est ce dont on peut se convaincre en visitant en particulier le Conservatoire des arts et métiers de Paris et eu voyant le nombre immense d’outils aratoires, inventés, prônés dans leur temps , et aujourd’hui oubliés. iNotre Classe d’Agriculture pénétrée de ces vérités n’a cherché à encourager chez nous que l’adoption d’instrumens assez simples et assez éprouvés pour espérer que leur usage pourra s’y établir. Son action a surtout été remarquable pour trans- ormer la charrue ordinaire du pays en une nom fvelle charrue qui, imitée de celle de Belgique, mais adaptée à nos habitudes et à nos terrains par diverses améliorations, n’en a pas moins conservé INSTRUMENS ARATOIRES. 23 le nom de charrue belge. C’est une charrue de ce genre, exécutée par M. r Pierre Charpine 1 , qui figurait à l’exposition sous le n.° 124; ses avantages , si on la compare à l’ancienne charrue , sont d’exiger moins de force, d’être propre à la plupart des terrains légers ou argileux, de mieux retourner la terre, et défaire à volonté un labour profond ou superficiel. Le seul cas où son emploi ne soit pas avantageux, est celui où la pente du champ à labourer est trop rapide ; on a cherché à parer à cet inconvénient, et l’on a pu voir sous le n.° 127 une charrue belge à double soc inventée et exécutée par M. r Chaeut 2 ; cet instrument a en outre l’avantage de pouvoir labourer à plat, comme cela se fait avec l’ancienne charrue courante. L’expérience a prouvé que malgré l’apparence un peu bizarre de cet instrument, il marche bien et remplit son but, mais il est volumineux, trop coûteux et d’un emploi trop rarement indispensable pour devenir populaire. A côté de ces charrues nouvelles on voit sous le n.° 130 l’ancienne grande charrue courante du pays, à oreilles de fer, perfectionnée et exécutée par M. r Ciiarpine. La présence des oreilles en fer tend à y diminuer le frottement. Elle marche de plus avec un sabot au lieu d’avant-train, ce qui * Maréchal à Lancy. 2 Maréchal à la Capite de Vésenaz. 24 IjySTRUMEMS ARATOIRES. est déjà une amélioration capitale. L’avantage de cet instrument sur la charrue dite belge, c’est de pouvoir labourer à plat et de cheminer dans les champs en pente, suivant l’ancienne méthode mais elle exige plus de force, parce qu’elle déchire le terrain au lieu de le couper et elle retourne moins bien que la charrue belge la tranche qu’elle soulève. La petite charrue courante à oreilles de fer, exécutée par M. r Chariune, et qui figurait à l’exposition sous le n.° 129 , serait mieux désignée sous le nom de cultivateur ou buttoir. Elle est d’un bon usage pour cet objet. L’extirpateur à trois socs , fait par M. r Chalut et placé sous le n.° 131 j convient pour les petites exploitations où l’on ne peut disposer que d’un cheval ; mais partout où l’on peut avoir à sa disposition une paire d’animaux de trait, l’extirpa- teur à cinq socs est préférable. La charrue taupe 1 exécutée par M. r Chalut , est faite d’après un modèle anglais introduit dans le pays par J\L r De Staël. Son nom provient de ce que son soc trace sous terre des boyaux qui ne ressemblent pas mal aux conduits souterrains de la taupe. En Angleterre on se sert de cet instru- j ment pour égoutter les prés. Il a été essayé ici. Dans les champs où la terre est meuble, les conduits sont promptement bouchés; dans les prés, 1 Livret n.° 133. 1MSTRÜMENS ARATOIRES. 25 ils se maintiennent bien pendant l’hyver, mais l’opération exigeant assez de force, ne peut avoir lieu que lorsque le terrain est humide, et alors les animaux, par leurs pas, endommagent les prés, peut-être plus que l’instrument ne les améliore. Il est probable que ces inconvéniens sont moins sensibles dans un pays où l’air et le sol sont plus habituellement dans un état moyen d’humidité qui permet d’opérer en temps opportun. lies semoirs ont été fort en vogue lorsque les grains étaient à des prix élevés, parcequ’ils procurent évidemment une économie de semence; le bas prix de ces dernières années en a fait momentanément moins sentir l’utilité. L’avantage permanent du semoir est d’espacer le grain avec régularité et de le disposer en lignes qui permettent mieux l’accès de la lumière et de l’air ; l’usage de semer à la main, prévaut encore dans notre pays, soit à raison de l’habitude, soit à cause de la grande promptitude de ce procédé, soit parce que les semoirs n’exécutent leur action que d’une manière incomplette dans les terrains trop argileux et difficiles à bien amenuiser, soit enfin parce / que le coût des semoirs a été d’abord et est peut- être encore trop élevé. On a pu voir à l’exposition sous les n. os 123 et 133 deux semoirs exécutés à Hoffwill , chez M. r De Fellemberg, d’après les directions de cet habile agriculteur qui a particulièrement cherché à influer sur la construction 26 INSTRUMENS ARATOIRES. des instrumens de l’agriculture. C’est pour arriver à réduire le prix de ce genre d’instrumens et par conséquent à le populariser, que notre Comité d’Agriculturea combiné le petit semoir àbraspour les céréales, exécuté par M. r Levrat 1 et exposé sous le n.° 134; on a cherché à profiter de ce qui est le plus avantageux dans ceux de MM. De Fellemberg et Matthieu de Dombasle; son utilité ne se borne pas aux céréales dont les semailles iraient peut- être avec trop de lenteur avec cet appareil, au moins dans les grandes exploitations, mais au moyen de la grandeur diverse qu’on peut donner aux trous, il s’applique aux graines de plantes sarclées qui se sement en ligne comme colzas, fèves et carottes. L’inconvénient de la lenteur pourrait peut-être se lever en accolant l’une à côté de l’autre plusieurs boîtes semblables à celle qui sert ici à la distribution des graines. M. r Perret 2 , a dans un but louable, tenté par la construction de son extirpateur-semoir, de réunir deux buts peut - être inconciliables. Cet instrument considéré comme semoir, semble avoir le défaut de n’avoir que trois socs, et par conséquent de ne pouvoir former que trois lignes à la fois. Considéré comme extirparteur il n’offre pas d’avantages sur les autres et est plus compliqué; 1 A. Crans , Canton de Vaud. 2 Livret n.° 136.— Charron-Maréchal à Puplinge. INSTRT1MENS ARATOIRES. 27 mais on n’en doit pas moins justice à la manière dont cet instrument est exécuté. La brouette à lisier, exécutée par M. r Levrat \ sur les plans donnés par le Comité d’Agriculture, est un instrument précieux par sa simplicité. Il est propre à arroser les plantes sarclées en ligne aussi bien que les prairies; lorsque la brouette est pleine, elle est un peu pesante pour un seul homme, surtout dans les terres labourées; mais deux la traînent avec facilité et on peut remplacer avantageusement le manche par un petit brancard pour y atteler un âne. Cet appareil tendra sûrement, s’il devient populaire, à répandre chez nous l’emploi trop négligé des engrais liquides pour lequel nos confédérés de la Suisse allemande nous donnent de si bons exemples. Le coupe-racines exposé sous le n.° 135, a été exécuté par M. r Levrat, d’après un modèle anglais que l’expérience a confirmé. On ne peut trouver un meilleur instrument pour couper les pommes de-terres, raves, rutalagas, carottes, destinées au bétail. Le plantoir pour les chapons de vigne, exécuté par M. r Ostermann 2 est imité de ceux qu’on employé à la Taux. Les chapons de vigne se plantent ordinairement avec le paufer qui a le défaut de n’entrer en terre que par la pression qu’il opère 1 Livret n.° 137. 2 Livret n.° 142. —Ferblantier aux Eaux-Vives. 28 IJVSTRUMEJVS ARATOIRES. autour de lui; or cette pression a l’inconvénient de tasser la terre du trou , ce qui, surtout dans les terrains déjà compacts, gêne le développement des radicules. Dans le nouvel instrument, il n’y a point de pression puisque la terre est tirée au dehors à mesure qu’on fait l’excavation ; ce procédé encore peu répandu chez nous, doit y prendre faveur, étant meilleur et aussi prompt que l’ancien ; nous sommes d’ailleurs en général disposés à bien augurer quant à la culture de la vigne, de tout ce qui provient d’un Canton où cet art est aussi perfectionné que celui de Yaud; c’est ce qui doit encourager à essayer le rablai pour ôter la mauvaise herbe de la vigne, qui a été exposé sous le n.° 145, et qui vient aussi de La Vaux. Le Comité d’Agriculture a exposé sous len.° 146, une faulx à panier, provenant du Canton de Fribourg où elle est d’un usage général sous le nom d 'Erigerai. La question de savoir si on doit moissonner à la faulx ou à la faucille est très-compliquée; nous n’essaierons point de l’attaquer; mais il est évident que le seul moyen de la résoudre un jour avec exactitude , c’est de faire connoître aux agriculteurs les divers procédés par lesquels on évite les inconvéniens et on accroît les avantages de chacune des deux méthodes; c’est dans ce but que la Classe d’Agriculture cherche à en réunir des exemples. L’introduction du colza dans notre pays, a fait lIVSTRUMENS ARATOIRES. 29 chercher les moyens les plus simples cl’en épurer l’huile. M. r Rigot-Finguerlin a construit dans ce but un petit appareil fort simple qui remplit parfaitement son but ; il a été exposé sous le n.° 125, et comme il est toujours visible au Conservatoire, on doit engager les cultivateurs de colza à le copier pour leur usage. M. r Pictet-Bararan a fait d’après une planche, le modèle d’un noria dit tourbillon , mécanisme simple et ingénieux qui n’a pas encore été exécuté en grand dans ce pays, mais qui pourrait avantageusement remplacer les puiserandes de Plainpa- lais. Il a été exposé sous le n.° 147. M. r Favre, vétérinaire, a fourni à M. r Leclerc 1 le modèle d’après lequel il a exécuté le trois quart exposé sous le n.° 148 et destiné à percer la panse des bestiaux météorisés. Cet instrument répond bien à sa destination : chaque ferme devrait en posséder un, au lieu d’employer le couteau, qui fait souvent une plaie difficile à guérir. Il seraques- tion à l’article de la coutellerie, des autres outils d’agri- et d’horticulture exposés par MJ Leclerc. Nous ne mentionnerons pas ici quelques machines trop simples ou trop connues pour que nous devions nous y arrêter. Les directeurs de l’école rurale de Carra 2 , ont exposé quelques ouvrages de charonnagc, exé- 1 Couteleric. —. Rue de Cornavin. 2 Livret n.° 33. 30 INSTRUMENS ARATOIRES. cutés par les élèves pendant les soirées et les mauvais temps. Ces essais sont exécutés avec propreté et intelligence; le public les a vus avec d’autant plus d’intérêt qu’il n’a eu jusqu’ici que des occasions rares de voir les résultats de celte école, dont il espère cependant beaucoup, sur la confiance personnelle que lui inspirent ses directeurs. MM. Ch.-Ferd. et Phil. Despraz 1 , ont exposé un seillotà traire et une bourcane à faire le beurre, exécutés avec soin et propreté. Il est. à désirer que l’emploi de la bourcane, soit machine à battre le beurre par le moyen d’une roue, remplace universellement dans notre Canton la beurrière commune où l’on agit par percussion ; étant moins pénible, elle donne le moyen d’extraire plus complettement le sérum et par conséquent de faire du beurre plus susceptible de se garder et d’entrer dans le commerce. C’est aussi pour parvenir à tirer un parti avantageux du lait de nos troupeaux et pour suppléer au bas prix de nos fromages ordinaires, que divers propriétaires ont essayé de fabriquer quelques fromages à l’imitation de ceux cju’on tire de l’étranger pour des goûts ou des buts spéciaux. M. 1 ' le Doct. r Morin 2 , a exposé un fromage façon 1 Livret n.° 45 et 46. — Rue Neuve n.° 106 et 107 . 2 Livret n.° 165. INST RUMENS ARATOIRES. 31 Parmesan, fabriqué dans son domaine de Meyrin, daprès les documens recueillis par lui en Italie ; ce fromage est de qualité tout-à-fait semblable au vrai Parmesan et deviendra selon toute probabilité une entreprise utile à celui auquel nous en devons l’introduction, et par suite au Canton même dont elle variera et multipliera les produits. Le Gouvernement du Canton de Berne a donné des encouragemens actifs à la fabrication du fromage Parmesan dans son territoire. Enfin le Comité d’Agriculture a profité de la circonstance de l’exposition pour mettre sous les yeux du public les échantillons des laines mérinos qui ont remporté les prix cette année aux grands concours ouverts à ce sujet. La qualité superfine de ces laines a démontré mieux que tous les rapports, l’affinement croissant des troupeaux du Canton. Cet accroissement dans la finesse de la laine est le seul moyen de maintenir l’industriedes troupeaux à laine dans des pays comme le nôtre, où le terrain et la main-d’œuvre ont tant de valeur et qui se trouve pour cet objet en concurrence avec les immenses steppes de l’orient où la laine peut se produire à un prix fort inférieur ; mais où les soins minutieux qu’exige l’affinement, ne peuvent s’établir facilement. Nous devons donc encourager de tous nos moyens la seule méthode qui tende à conserver dans notre vallée une industrie aussi importante et pour laquelle les direc- 32 INSTRUMENS ARATOIRES. teurs des troupeaux de Naz nous ont donné de si beaux exemples. Nous n’osons nous étendre ici sur ce sujet et nous renvoyons aux divers docu- mens que le Comité d’Agriculture a consignés dans ses bulletins. §. 2. Filatures. Nous ne possédons aucune filature mécanique de laines dans notre Canton. Les échantillons qui ont été exposés par M. r Mayor - Vandembruch l , proviennent de celle qu’il a établie à la Gordane près Rolle, Canton de Vaud. Ces divers échantillons donnent une idée avantageuse de cette fabrique et elle peut devenir précieuse, en se liant à l’accroissement et à l’amélioration des troupeaux de la vallée du Léman. La filature de la Gordane se charge en effet de filer, à des prix satisfaisans, les laines qu’il pouroit convenir aux propriétaires de troupeaux de lui confier pour en surveiller eux-mêmes l’emploi ultérieur. §. 3. Tissus divers. Toutes les différentes sortes de tissus se fabriquent peu dans notre pays, ce qui nous engage à réunir ici sous un titre commun, des objets qu’ailleurs on aurait soin de diviser. 1 Livret n.° 44. — A la Gardane, près Rolle. TISSUS DIVERS. 33 M. mc V. e Malegue 1 a exposé des couvertures en laine, qui n’ont rien de remarquable à la vue; mais il était bon que l’on vit paraître à l’exposition une fabrication presqu’oubliée à Genève, quoiqu’elle y occupe deux ateliers. Le public a en effet facilement de la tendance à croire étranger tout ce cpii ne se fabrique pas dans les magasins ouverts sur la rue. Ces couvertures communes se font avec des qualités de laines qui manqueraient d’emploi, si elles n’avaient pas celui-ci. L’Administration de la Frison Pénitentiaire 3 a exposé une couverture en laine fine. Elle se charge de fabriquer pour le compte des propriétaires qui voudraient employer la laine de leurs troupeaux. Elle a aussi exposé des tapis de pied de divers dessins et cet établissement a recherché cette branche d’industrie parce qu’elle n’est exercée par personne dans le Canton, et que par conséquent elle peut servir à occuper les détenus sans nuire aux industriels. Les tapis à grandes raies et façonnés, qu’elle fabrique depuis près de deux ans, sont en particulier d’une exécution soignée et paraissent d’un bon emploi. Ces ateliers peuvent cheminer sans perte, ce.qui est déjà un point assez grand de succès dans ces maisons, où l’on 1 Livret n." 161: — Rue du Perron, n.° iii3. 2 Livret r.' 1 2 3P. — A.-E.-H: 3 TISSUS DIVERS 34 est obligé d’employer des ouvriers presque sans choix, souvent maladroits et rarement bien disposés au travail. L’administration a cherché : i.° La variété des produits, afin d’utiliser tous les bras dont elle peut disposer et d’en faciliter l’écoulement; 2. 0 L’économie d’exécution, afin de tenir ces tapis à un prix modéré qui en assure la vente; car dès qu’elle se livrerait à des tapis de luxe, elle trouverait trop de concurrence dans les tapis étrangers. Les soins éclairés et soutenus des administrateurs et chefs d’atelier ont réussi à vaincre bien des difficultés, et la bonne qualité de leurs produits a contribué à en étendre l’usage. La même administration i a aussi exposé des toiles de coton et de rite et des nappages damassés exécutés avec soin. Cette industrie est une de celles qui est le moins développée dans notre Canton. Les prisonniers exécutent le tissage pour compte des particuliers à deux florins et deux florins six sols l’aune. M. r Gos 2 , genevois établi à Milan, et, dont la demande mentionnée en tête de ce rapport a été la cause occasionnelle de cette exposition, y a placé des tissus de soie de sa fabrique qui en ont fait l’un des principaux ornemens. Chacun a admiré les 1 Livret n.° 37 F. G. et 257. 2 Livret n.° 177. — Son bureau d’adresse à Genève, est chez M. r Melly-Duchêwe , rue de la Cité, n.° 37 . J TISSUS DIVERS. 35 belles couvertures en bourre de soie qu’il fabrique àAbbiate-Grasso, et a appris avec plaisir qu’il se préparait à établir une nouvelle fabrique de même genre dans notre Canton. Ces couvertures ont le mérite d’employer une matière qui avait ci-devant très-peu de valeur et d’utilité, et de la transformer en un tissu chaud et léger, susceptible de recevoir les plus belles couleurs, de n’être jamais attaqué par les insectes et de pouvoir se laver sans inconvénient. Ces tissus peuvent servir soit à des couvertures de lits, soit à des manteaux pour dames ou enfans. M. r Pierre Gos est inventeur des procédés nécessaires à la préparation de la matière première et au tissage des tissus à double face. Nous devons faire des vœux pour qu’il réussisse à enrichir notre Canton de cette industrie. J’ajouterai ici, en passant qu’un singulier genre de pelléterie a été placé à l’exposition par un anonyme l , c’est une palatine entièrement composée de peaux de taupes : la couleur en est un peu triste, mais le toucher en est remarquablement moelleux. Peut-être pourrait-on tirer parti de cette idée en relevant l’apparence sombre de la fourrure de taupe par quelques mouchets de couleur plus claire. Ce serait un vrai service que la mode rendrait à l’agriculture que d’exciter à la destruction des rongeurs incommodes qui fournissent ces peaux. 1 Livret n,° 53. 30 IMPRESSION SUR TOILES. §. À. Impression sur toiles et teintures. Les différentes pièces de toiles peintes exposées par M. r Hofer 1 , successeur de M. r Petit, sont destinées à la consommation populaire de pays étrangers et particulièrement au nord de l’Italie, c’est donc sur le goût des consommateurs auxquelles elles sont destinées et non d’après le nôtre, que leurs dessins et leurs couleurs doivent être jugés. Ce qui a frappé cependant en général c’est la pureté des teintes; les connaisseurs ont en particulier distingué un certain mouchoir bleu à dessin réservé , qui est remarquable par son beau teint et la pureté de son dessin. Ce mouchoir toujours demandé et toujours préféré en Savoie , en Piémont, dans le midi de la France et une partie de l’Espagne,fait depuis plus de vingt-cinq ans une partie considérable des expéditions des fabriques qui le produisent. Celle de M. r Hofer a déjà figuré avec avantage dans une des expositions de Paris et soutient honorablement chez nous, avec un petit nombre de concurrens, uiîe industrie intéressante. Celle de la teinturerie qui était jadis importante dans notre ville, y a au contraire beaucoup déchu depuis trente ans, sans qu’on puisse espérer un 1 Livret n.° 24. — Aux Eaux-Vives. IMPRESSION SUR TOILES. 37 prompt rétablissement. Le seul teinturier qui ait exposé, M. r Duplan 1 2 , nous a fait voir un échantillon de son savoir-faire pour la teinture des scbals dits ombrés à trois couleurs. C’est une industrie qu’il a importée et qui s’emploie sur les objets de soie légers, comme gazes et crêpes de Chine. Quoique cette mode paraisse sur son déclin, la nature même de cette puissance est trop inconstante pour que ce genre ou tel autre analogue ne puisse acquérir un jour quelque importance pour d’autres objets. §. 5. Chapellerie en feutre. Notre voisinage de Lyon qui a déjà détruit nos anciennes fabriques de galons et plus récemment, celle de teinture, notre voisinage, dis-je, d’une ville où la chapellerie s’exerce avec succès, et nos fréquens rapports avec elle ont beaucoup diminué la fabrication des chapeaux, si ce n’est quant aux chapeaux communs, pour lesquels le prix du port devient uue partie plus considérable de la valeur. MM. Chemin fils, Claudin et C. e 2 , ont placé à l’exposition un choix de chapeaux de leur fabrique qui montre, par son ensemble, que toute cette partie peut se fabriquer ici avec succès. 1 Livret n.° 240. — Rue des Etuves, n." i3a. 2 Livret n,° 12. — A Carougc , Rue St.-Victor, n.°. 146 . 38 CHAPELLERIE EN PAILLE. On y a distingué des chapeaux de castor d’une légèreté et d’un fini remarquables; il faut espérer que nos marchands chapeliers trouveront de l’avantage à se fournir auprès d’eux, ou que ces fabricans établiront un dépôt de leurs chapeaux dans le chef-lieu du canton. Ce que nous savons de leurs prix nous fait espérer qu’ils soutiendront la concurrence aussi bien à cet égard que pour la bienfacture. Nous les exhortons, dans leur intérêt et dans l’intérêt public, à faire tous leurs efforts pour étendre le placement de leurs produits. Déjà vingt-deux ans de succès peuvent en faire augurer de plus grands. M. r Charbon 1 a aussi exposé des chapeaux en partie de sa fabrication qui ont mérité des éloges et des encouragemens analogues. §. 6. Chapellerie en paille, vannerie, etc. La fabrication des chapeaux de paille est dévenue comme on sait une industrie importante pour plusieurs cantons de la Suisse et notamment pour ceux de Berne et de Fribourg. Elle rivalise avec les fabrications d’Italie et devient un objet d’exportation assez considérable ; on assure que dans le seul canton de Fribourg plusieurs milliers d’individus y trouvent leur existence. 1 Livret n.° 164 — Place de la Fusteric, n.° 76. CHAPELLERIE EN PAILLE. 39 MM. Girard et C. e , de Fribourg \ oijt envoyé à notre exposition deux chapeaux provenant de leur fabrique, qui ont fait, et surtout l’un d’eux, l’admiration de tous les connaisseurs. Ces chapeaux sont faits en paille de froment tressée à sept bouts. La qualité de cette tresse paraît être le plus haut degré de perfection que l’on a pu atteindre. La parfaite blancheur de la paille, la finesse de la bûche, soit du lien, la régularité et le serré du tressage, et surtout la perfection de la couture, sont les qualités qui donnent à ce chapeau sa supériorité. Il a exigé cent cinquante-cinq aunes de tresses de paille dans sa construction. La fabrique de MM. Girard mérite tout l’intérêt des amis de l’industrie suisse, et le nom des gérans n’a pas été la moindre cause de celui que le public Genevois y a porté. Nous mentionnerons ici rapidement quelques ouvrages de paille ou de vanerie moins impor- tans. Tels sont le tableau en paille exécuté par M. r Muller 2 ; les paniers et autres ouvrages d’usage courant fabriqués par M. r Thomas 1 2 3 4 , et ceux un peu plus délicats de M. r Garbani /j ; ces ou- 1 Livret n.° 11. 2 Livret u.° 178. — Place de Bel-Air. 3 Livret n.° 128. — Rue de Coulance. 4 Livret n.° 156. — Rue du Temple, n.° iSj. ■40 PERRUQUES. vrages de vanerie remplissent leur but usuel, mais n’exigent aucun détail. Ajoutons ici que M. r Retor 1 , a exposé des parapluies de sa fabrique qui ont paru bien faits et qui soutiennent complètement la concurrence avec ceux de Lyon et de Paris. §. 7. Perruques. L’art du perruquier n’est plus seulement celui défaire une coiffure avec des cheveux d’emprunt pour se conformer à la mode; il faut aujourd’hui couvrir les têtes chauves ou mal garnies de cheveux, pour les mettre à l’abri des intempéries atmosphériques, auxquelles nous sommes plus sensibles que nos pères ; il faut dissimuler les ravages de l’âge, en cachant des cheveux qui grisonnent indiscrètement, et ce besoin s’est surtout fait sentir depuis que les costumes des divers âges n’offrent presque plus de différences et que l’abandon de la poudre a rendu le choix des cheveux plus important. Ces motifs donnent à la confection des perruques une nouvelle importance; il serait curieux de savoir si l’abandon de la poudre qui semblait menacer l’art du perruquier d’une ruine totale ne l’a peut-être pas dévéloppé; nous tirons encore de Paris^ et de Lyon un grand nom- 1 Livret n.° 113. — Rue du P-erron , n.° n6. PERRUQUES. 41 bre de diverses coiffures factices, mais on a pu remarquer que nos perruquiers font des efforts pour détourner à leur profit l’argent qui s’écoulait au dehors, et nous devons leur en savoir gré. Tout en rendant justice à la fabrication des perruques, tours et boucles exposés sous les numéros, 71,221 et 222, nous signalerons de préférence les articles suivans : M. r Langlois, fils 1 , a exposé un faux toupet pour hommes, façon dite double épi, imitant les cheveux naturels. Il est fait avec un talent et une adresse à laquelle, ses rivaux même, ont rendu justice, pour sa légèreté, sa transparence et l’absence de tout tissu apparent. M. r Rozat 2 , outre plusieurs objets bien confectionnés, a exposé en particulier deux perruques faites dans le système dit implanté ou à raye de chair; le but de ce genre de fabrication est de distribuer les cheveux de manière à ce qu’on les voie sortir du tissu qui les porte, absolument comme les cheveux naturels sortent de la peau. C’est un genre de travail importé et perfectionné par Monsieur Rozat , et ceux qui ont vu ces ouvrages en fabrique dans son atelier, rendent justice à la patience et à l’adresse qu’ils exigent.Ces perruques, ont sans interruption attiré l’attention du public 1 Livret n.° 29. — Rue des Chaudronniers, n.° 8. 2 Livret n.° 94, — Grand’rue , n.° 203. GANTERIE. 42 de manière que nous sommes dispensés ici de tout éloge ultérieur. Nous ne doutons pas que cet artiste ne trouve un débit fréquent de ce genre de perruques perfectionnées et si propres à ceux qui veulent bien porter perruque, mais ne veulent pas l’afficher; l’avantage évident qu’on trouve à les faire faire sous ses yeux est d’avoir bien plus de chance pour les adapter à la couleur de ses cheveux et à la forme de sa tête. §. 8. Ganterie. La fabrication des gants est devenue depuis quelque temps une des petites industries qui prospèrent dans Genève ; mais les personnes vouées à ce travail n’ont pas cru qu’il fut de leur intérêt d’exposer leurs ouvrages, qu’ils font en sorte de présenter au public comme provenant de la fabrique de Grenoble. M/Demourex 1 , gantier-culottier et bandagiste a seul exposé un assortiment de plusieurs articles de sa fabrication, qu’il est difficile d’apprécier sans terme de comparaison. Il a toujours été utile d’avertir le public que ces ouvrages se confectionnent chez nous, et nous espérons qu’il trouvera son compte à s’être fait connaître ainsi. 1 Livret n.° 180. — Place de la l'ustene, il.' 1 8o. BONNETERIE SOULIERS. 43 §. 9. Bonneterie. Depuis long-temps la bonneterie ne se fabrique plus ici avec activité ; les métiers travaillans sont en bien petit nombre. L’objet le plus important qui se fasse encore est le tricot de laine-flanelle gazée exposée par M. me Wanzenried 1 . Ces bas se mettent sous une chaussure fine et légère et tiennent le pied et la jambe chauds et secs. M. me Wanzenried fait aussi des gilets, camisoles, etc., ajustemens propres à notre climat inconstant. L’usage s’en accroît tous les jours. §. 10. Souliers. La fabrication des souliers pour hommes et pour femmes est d’un débit si répandu et si usuel qu’elle occupe un assez grand'nombre d’individus. M. r Breitenstein 2 a exposé des demi-bottes et des souliers faits avec soin et élégance. Toutes les personnes qui en font usage rendent bon témoignage de leur durée et du soin avec lequel il les adapte aux formes du pied. En général les bottes se font ici avec succès et laissent peu à désirer; mais quant aux souliers communs, on a 1 Livret n.° 32. — Rue des Allemands-dessus n.° /*g. 2 Livret n, 51. — Tour de Boël. AA SOULIEBS. souvent à se plaindre des cordonniers inférieurs qui, probablement dénués de capitaux suffisans, ne soignent pas assez la qualité de leurs cuirs. M. r Jacoud 1 , a mis sous les yeux du public de grandes bottes à éperons jaunes, qui ont paru faites avec soin, Les ateliers de la Prison pénitentiaire 2 3 ont exposé des souliers pour hommes et femmes, destinés à la consommation courante et où l’on a surtout visé à l’économie. M. r Gagnebin , chef d’atelier dans cet établissement, a exposé des formes de souliers bien faites et un soulier de son invention dont la semelle et l’empeigne extérieure sont d’une seule pièce, sans clous ni couture; sorte de difficulté vaincue, qui jusques à présent a plus servi à montrer le talent de l’ouvrier qu’à entrer dans l’usage courant. Les souliers de femmes, au moins ceux qui sont destinés aux femmes de fortune aisée, paraissent offrir des difficultés particulières dans leur construction pour réunir la durée avec la légèreté et l’élégance. M. r Chantin 3 a exposé diverses sortes de souliers et de bottines pour dames qui sont fabriqués avec soin et laissent peu à désirer pour tout ce qui est du ressort des yeux ; 1 Livret n. n 238. — Place de la Fusterie. 2 Livret n.° 37. 3 Livret n.° 62. — Rue de la Cité, n.° 28 . PEIGNE DE CORKE. 45 quant à savoir s’ils ne se déforment pas trop promptement à l’usage, c’est ce que nous n’avons pu vérifier. Sans vouloir dire que ce mérite leur manque, nous engageons M. r Chantin à donner tous ses soins à cette partie importante, afin de détournera son profit la masse trop considérable de commandes qui se font à Paris, et nous engageons en même temps les dames à faire l’essai comparatif des souliers fabriqués ici, afin de s’assurer si ce ne serait point par une opinion irréfléchie et fondée sur des souvenirs anciens, qu’elles croient avoir besoin de tirer leurs souliers de Paris. §. 11. Peignes de corne. La fabrication des peignes de corne imitant l’écaille, a été introduite dans notre ville dès l’année i8o3 par M. r Juileard 1 , qui a exposé des échantillons de son atelier ; un de ses élèves M. r Métral 2 , en a aussi mis des siens à l’exposition. Les peignes de la fabrique de Genève rivalisent maintenant avantageusement avec ceux de France, leur débit est grand chez nous et dans le reste de la Suisse ; ils offrent l’avantage d’être à meilleur marché; car les prix indiqués au livret sont ceux 1 Livret n.° 116. — Rue du Cendrier, n.° io4- “ Livret n.° 212. — Rue du Boule, n.° 21/j. BRODERIES. 46 du public et non du commerce; et même à prix égal nos fabricans n’en redoutent point la concurrence; la couleur jaune naturelle de la corne étant moins dominante dans leurs ouvrages, parce qu’ils savent mieux la blanchir, et les couleurs variées des nuances de l’écaille y étant généralement mieux saisies. Les formes et les couleurs de ces sortes d’ouvrages sont déterminées par des modes qui ne s’établiront point ici, et dont nos fabricans doivent suivre les variations avec rapidité ; mais nous pensons que tout ce qui tient à l’exécution de ce genre d’ouvrages laisse peu à désirer et que la classe doit y mettre quelqu’intérêt à cause de la nouveauté et du développement de cette industrie. §. 12. Broderies. Depuis long-temps la fabrique de galons qui était importante à Genève au 17 .' siècle, a langui dans notre ville, et avec elle la broderie d’or et d’argent a fort diminué. Lyon est devenu le grand atelier de ce genre d’ouvrages. M. r et M. lle Lxmow 3 ont montré par les broderies d’or et d’argent qu’ils ont exposées, que ce n’était pas faute de moyens d’exécution qu’on n’en fait plus ici et qu’ils pourront à l’avenir répondre aux demandes qui leur seraient faites. 1 Livret n.° 81. — Rue de la Cité n.° 33. BRODERIES. 47 La direction des modes actuelles pour les dames a au contraire fait développer l’art de la broderie sur toiles, mousselines , gazes et autres tissus analogues et cet art qui peut occuper un grand nombre de femmes à leurs momens perdus et sans les détourner des soins de leur ménage, qui peut en particulier donner quel- qu’existence à des personnes qui, élevées dans l’aisance, répugnent à gagner leur vie par des métiers trop publics, cet art mérite plus d’intérêt qu’il ne paraîtrait au premier coup d’œil. L’habitude de bien manier l’aiguille est assez populaire chez nous et l’établissement récent des écoles de couture tendra à la développer ; il est certain que la broderie peut s’exécuter chez nous aussi bien et meilleur marché qu’à Paris et que si les brodeuses ont soin de se tenir au courant des variations de la mode, elles pourront non- seulement fournir le pays, mais produire une branche d’exportation. M. lles Bon et Bâchasse 1 ont donné un échantillon de leur fabrique par l’exposition d’un coin de mouchoir. M. lle Jos. Qüédin 1 2 a exposé une belle robe de blondes rapportées. Cet ouvrage remarquable est composé de 8oo morceaux tenus par des points 1 Livret n.° 49. — Rue des Belles-Filles. 2 Livret n,° 57. — AlaFusterie, n.° 76 ; FLEURS ARTIFICIELLES. 48 solides et inapperçus, imitant dans leur ensemble une seule pièce faite au fuseau ; ce travail peut être cédé à un prix fort inférieur à celui des fabriques françaises. On en peut dire autant d’un voile de dentelles rapportées sur un fond d’Angleterre à l’iniitation des points de Bruxelles. Ces deux ouvrages ont excité l’admiration des dames , vrais connaisseurs en ce genre d’industrie. Nous ajouterons que les dentelles et les blondes employées dans ces deux ouvrages, sont faites, partie dans le canton de Neuchâtel, partie dans celui de Genève, et que ce travail tend par conséquent à donner une nouvelle valeur aux fabriques suisses. §. 13. Fleurs artificielles. La fabrication des fleurs artificielles a fait depuis un demi siècle des progrès remarquables à Paris, et y est devenue une industrie considérable. Quelques fabriques de ce genre établies chez nous ont fait des progrès réels depuis quelques années, et continueront à prospérer si elles s’étudient à rivaliser de plus près avec Paris par le choix scrupuleux des matières premières et l’exactitude minutieuse de l’imitation; car il ne faut cesser de répéter à cette classe d’industriels, que dans les objets de pur goût et de pure fantaisie il est peu de degrés du médiocre au pire. La modicité du prix auquel les fabricantes de FLEURS ARTIFICIELLES. 49 fleurs artificielles peuvent livrer leurs ouvrages, pourra cependant les faire rechercher par les modistes, surtout si les ouvrages continuent à se perfectionner comme on le remarque depuis quelque temps. Une corbeille de fleurs, exécutée par M. me Roche 1 , quoique non totalement terminée faute de temps, a généralement attiré l’approbation des connaisseurs,soit par la fidélité de l’exécution, soit par la manière dont les fleurs sont groupées; on n’a pas vu sans un intérêt réel un vase de fleurs de même genre exécuté par M. me Veillard 2 non plus que les fleurs qui portaient le serpent émaillé, exposé sous le n.° 220. Est-ce ici, est-ce ailleurs que je dois citer les fleurs artificielles en sucre que M. r Croisier 1 2 3 , confiseur, a exposé, plutôt comme preuve de son savoir-faire, que comme branche réelle d’industrie. Ce qu’on en peut dire de mieux, c’est qu’on a été obligé d’écrire au-dessous qu’elles étaient en sucre. Au reste la Classe d’industrie n’aura jamais à encourager chez nous l’art du confiseur, la multiplicité des collations pour les thés et les soirées lui en évite le soin. Pour revenir aux fleurs artificielles dont les sucreries m’ont un peu détourné, je me hasarde- 1 Livret n.° 72 . — Rue Terraillet n.° 180. 2 Livret n.° 36 . — Rue de la Cité n.° 223 . 3 Livret n.° 58 . — Rue du Marché n.° L t 2. 4 50 èiiosses. rai à proposer à nos modistes un essai, qui, s’il réussit, pourrait leur fournir une petite branche de commerce. Nos Alpes offrent un grand nombre de fleurs brillantes et variées qui frappent l’attention des nombreux voyageurs qui vont à Cha- mouni. Il ne serait pas impossible que si les dames voyageuses trouvaient à emporter avec elles quelques bouquets artificiels qui représenteraient ces fleurs des Alpes et leur rappelleraient leur voyage, elles n’en prissent la fantaisie, et que les modistes ne se créassent ainsi une petite branche d’industrie. L’essai coûterait peu et s’il avait du succès, ce serait une petite mine à exploiter, d’autant plus précieuse qu’on ne s’y trouverait sur la rencontre de personne. §. 14. Brosses. La fabrication des brosses est sans doute un des arts qui semble offrir le moins de variété et le moins de chance de perfectionnement ; mais les ouvriers accoutumés à réfléchir, savent toujours apporter dans leur fabrication , quelques nouveaux détails propres à l’améliorer ; c’est ce qu’a fait M. r Larchevêque 1 dans les objets qu’il a mis à l’exposition. Son frottoir et sa brosse cein- trée ont l’avantage de se prêter plus commodé- 1 Livret n.° 158 et 214. — Rue Verdaine n.° 277 . CHARPENTERIE. 51 ment au mouvement du bras qui les met en action, de sorte qu’ils nettoyent mieux et s’usent plus également. Ce qui caractérise les ouvrages de M. r Larchevèque , c’est la précision des espaces et des inclinaisons des pinceaux de ces différentes brosses, qui est due à une machine de son invention , avec laquelle ces trous sont percés. M. r Fijrert 1 a aussi exposé une brosse à pied munie d’un cylindre mobile, qui sera sans doute recherchée dans les maisons de campagne que l’on désire tenir parfaitement propres. §. 15. Charpenterie. Construction des bâtimens. Le goût qui s’est répandu depuis quelques années dans notre pays pour la construction de nouveaux bâtimens et la réparation des anciens, a beaucoup contribué à y améliorer tout ce qui tient à la construction des édifices ; Les belles habitations de M. rs Eynard et Saladin , l’orangerie du Jardin Botanique, la Prison pénitentiaire, le Casino, les Ponts de fil-de-fer et ce Musée même où l’exposition s’est tenue, sont des preuves de cette amélioration, qui comme on le conçoit n’était pas de nature à être reconnue par les objets exposés. La Société a du moins désiré appeler en particulier l’attention du public sur la perfection des 1 Livret n.° 104. —Rue des Allemands-dessus n.° 43. 52 CHARPENTERIE. grandes portes de ce Musée, ouvrage difficile de menuiserie exécuté par M. r Monod 1 , d’après les dessins de M. r Samuel Vaucher. Dans un genre plus simple on a vu avec intérêt à l’exposition le modèle eu bois d’une maison de campagne, exécuté par M. r Grandjean 2 . M. r Abraham Mathey 3 a mérité les remercî- mens de la Société des Arts en plaçant à l’exposition , puis en lui donnant pour son Musée le modèle d’une to'iture de château, chef-d’œuvre de son père, feu M. r Jean-Frédéric-Louis Mathey. M. r Ziirlinder 4 a exposé le modèle d’un pont en bois proposé pour être construit sur laLondon; ce modèle est lui-même assez bien exécuté pour avoir pu supporter un poids de cinq-cents livres et fait ainsi bien augurer de la solidité de ce genre de ponts propres à la Suisse. M. r Wolf 5 a exposé le dessin d’un pont de son invention. La fabrication des tuiles et des briques a aussi reçu des encouragemens par la multiplicité des constructions; celles exposées par M. 1 ' IIeiïli 6 de 1 Livret n.° 110. — Rue des Belles-filles n.° 3g. 2 Livret u.° 256. 3 Livret n.° 202. — Sur S.'-Jean. 3 Livret n.° 39. — Eaux-vives. 5 Livret n.° 245. — Place de la Magdelaine. 6 Livret n.° 258. — A Bellevue, Commune de Collex- Bossy. 53 ÉBÉNISTERIE, MENUISERIE, ETC. Bellevue et celles qui proviennent de la tuilerie de M/Mayor 7 à Hermance, prouvent qu’on fait des efforts pour en varier les formes et en assurer la bonne qualité. §. 16. Ébénisterie , Menuiserie , etc. L’Ebénisterie semblerait devoir être un des arts les plus perfectionnés de notre pays. Nous sommes entourés de contrées qui produisent des bois de noyer, de plane et autres propres à ce genre d’ouvrages ; nous ne manquons ni de bons modèles , ni de moyens de faire apprendre le dessin aux élèves ; le volume et le poids des ouvrages d’ébénisterie est assez grand pour que le prix de port assure aux meubles exécutés chez nous un avantage sur ceux qu’on tire de Paris ; mais cependant on a dès long-temps reproché a nos ébénistes d’employer des bois qui n’ont pas été conservés assez long-temps et de manquer de soins pour le fini du travail et l’ensemble de l’extérieur et de l’intérieur. Ces reproches ont été fondés et le sont encore à quelques égards; mais on a dû reconnaître d’après l’exposition, que l’art de l’ébénisterie avait fait des progrès chez nous et qu’il ne tiendrait qu’à la volonté de nos ébénistes d’entrer en concurrence utile pour 1 Livret n.° 262. —. Place du Molard. 54 ÉBÉNISTERIE, MENUISERIE, ETC. détourner à leur profit une partie des sommes qui s’exportent annuellement en achat de meubles soignés ; ils y parviendront en alliant comme ils le font chaque jour davantage, la solidité à l’élégance, et en se persuadant qu’il ne s’agit pas seulement de vendre une fois un meuble de bonne apparence; mais que si ce meuble se fend , se déplaque, se déjoiut quelque temps après, l’acheteur se dégoûte de leurs ouvrages et se fournit ailleurs. Nous sentons, il est vrai, que le défaut de débouchés et le petit nombre de personnes riches qui peuvent acheter un meuble soigné, sont des obstacles réels à l’art de l’ébéniste dans notre pays ; mais c’est pour y parvenir que nous les exhortons à redoubler d’efforts. Nous les engageons à profiter plus qu’ils ne l’ont fait des secours que leur offre le cabinet des estampes pour copier de bons modèles et se tenir au courant du goût et de la mode, que les philosophes peuvent narguer, mais que les ouvriers doivent consulter sous peine de perdre leur temps. Cette dernière réflexion s’applique aux ouvrages que M. r STaiiELiN 1 a exposé; il est difficile de trouver de la marquetterieplus soignée, mieux finie, plus habilement composée que la sienne, et il n’est aucun connaisseur qui n’en ait admiré l’exécution; mais il a trop peu consulté le goût du temps dans 1 Livret n.° 42 . — Rue St.-Viclorà Carouge, ri." 187. P ÉBENISTERIE, MENUISERIE, ETC. 55 ses dessins et les formes générales qu'il-a adoptées; il semble avoir cherché des difficultés pour les vaincre, plutôt que des besoins ou des commodités à satisfaire. Nous l’engageons à faire des efforts pour se plier aux goûts des acheteurs et nous osons lui prédire alors des succès qui répondront à son talent distingué d’exécution. Le secrétaire en racine d’ormeau indigène, exécuté par M. r Auvergne 1 , a paru, quoique non encore terminé, être d’une exécution soignée et de bon goût. Plusieurs des meubles exposés par M. r Weber 2 ont réuni les suffrages des connaisseurs et de ses propres rivaux ; tels sont en particulier un secrétaire en bois et racine de plane et une table gothique en noyer. MM. Buffle 3 méritent aussi des éloges pour leurs ouvrages et notamment pour ceux en bois de frêne. M. r George Frey 4 5 a exposé unetable destinéeà pouvoir à volonté écrire assis ou debout. Elle est bien combinée et exécutée avec soin. M. r Robert 3 a montré une jolie toilette de 1 Livret n.° 28. — Rue de l’Isle n.° 219 . 2 Livret n.° 167 et 245.— Place de la Magdeleine, n.° 177 . 3 Livret n.° 197. — Grand’rue, n.° 5. 4 Livret n.° 56. —- Rue de la Pélisserie n.° 100 . 5 Livret n.° 100. — Rue de la Rôtisserie. 1 56 ÉBENISTERIE, MENUISERIE, ETC. femme en bois de frêne, de forme élégante et de bonne exécution. M. r Durr 1 a fabriqué un secrétaire en bois de frêne qui a obtenu les suffrages des connaisseurs. M. r Gerbenne 2 a exposé une corbeille à fruits et M. r Hermanjeot 3 a fait preuve d’une adresse qu’on pourrait employer plus utilement, en exposant un dévidoir monté dans une caraffe à goulot plus étroit que lui. M. r Gillet^ a rivalisé avec M. r Hermajyjeot, en présentant une petite bosse ovale et cerclée, montée dans une caraffe. * M. r Lecotjltre 5 a exposé un tonneau à trois compartimens dont les divers liquides sortent par le même robinet. Divers ouvrages sculptés en bois par les pay sans de l’Oberland 6 ont été vus avec plaisir à l’exposition comme preuves de l’adresse de ces montagnards industrieux, et comme ouvrages de nos Confédérés. 1 Livret n.° 254. 2 Livret n.° 233. 3 Livret n.° 171. ^ Livret n.° 1. 5 Livret n.° 216. 6 Livret n.° 169, Berne. — Bue de Cornavin. — Rue de la Pélisserie n.° 104 . — Rue des Barrières n.° 144 . — Rue du Temple, 191. — Rue de l’Isle n.° a3o. 204, 217. — Oberhasli, Canton de TAPISSIERS. 57 Un ouvrier anonyme 1 2 a montré une chaise à dessiner assez commode et qui peut être recommandée aux amateurs de paysages. §. 17. Tapissiers. Le goût qui s’est répandu pour l’ameublement des appartemens a donné assez de développement à l’industrie de nos tapissiers. Quoique plusieurs d’entr’eux eussent annoncé l’intention d’exposer, un seul a suivi à son projet : M. ,ne Tiiiébaud 2 a montré un fauteuil élégamment et économiquement recouvert d’une étoffe bleue imitant une tapisserie. Elle s’est chargée de plus de décorer une des croisées de la salle consacrée à l’horlogerie; cette décoration a été remarquée pour son bon goût et son élégante simplicité. L’avantage de l’étoffe imprimée à Genève en imitation de ca- lenca et employée par M. me Thiébaud, est de se conserver blanche plus long-temps que les étoffes ordinaires par suite de l’apprêt qu’elle a reçu ; cet apprêt donne encore la facilité d’employer des galons de couleur sur le blanc. On se charge de le donner aux étoffes de couleur. 1 Livret n.^-265. — S’adresser chez M. r Oi.tramare, en l’Isle n.° 225 pour en commander. 2 Livret n.° 55 et 185. — Grand’rue n.° 3i. 58 ÉTAMAGE DES GLACES. - VERNIS. §. 18. Étamage de glaces. L’étamage des glaces qui était jusques ici réduit à celui des miroirs de la plus petite dimension, a reçu quelques développemens et M. r Piron 1 2 a exposé une glace de grande dimension, provenant quant au verre de la fabrique de Paris ; mais étamée dans son atelier avec tout le soin qu’on peut désirer. §. 19- Ferais. Les couvertures en vernis sont un moyen important de protéger et d ’orner une foule de matières. Cette industrie a acquis chez nous une espèce d’indigenat et l’ouvrage le plus estimé sur cet art est dû à feu notre savant collègue, M. r TiNGRY;mais il nousmanquait encore quelques branches importantes de cette industrie; l’exposition vient de nous prouver que nous les avons conquises. C’est à M. r Haas 2 que nous devons diverses améliorations dans cette fabrication. Il a exposé des barreaux de fer, revêtus d’un vernis imitant parfaitement les différentes nuances métalliques; ce vernis est d’un bel éclat, possède 1 Livret n." 163. — Place du Molard. 2 Livret n.° 91. — Rue de St.-Léger n." 63. VERNIS. 59 une grande dureté, jointe à une élasticité telle qu’il peut sans s’éclater, recevoir des chocs assez violens, tels que des coups de maillet. Nous ne doutons point qu’il ne soit promptement recherché pour la conservation et l’ornement des ouvrages de serrurerie. M. r Haas a également réussi pour un article qui peut devenir beaucoup plus important. La Classe d’industrie s’était occupée à chercher un vernis assez dur et assez incolore pour pouvoir remplacer celui de Brunswick, et les essais faits jusques ici étaient resté sans succès réels. M. r Haas nous a i paru avoir résolu la question ; les deux tabatières qu’il a exposées ont été portées pendant quinze jours dans la poche avec des objets durs, sans que le vernis ait souffert de cette épreuve et si, comme on a lieu de l’espérer, ces tabatières continuent à supporter jusqu’à la fin la comparaison avec celles de Brunswick, c’est-à-dire, si elles conservent leur poli en s’usant, M. r Haas aura introduit dans le Canton une industrie nouvelle. Cette industrie peut devenir plus importante qu’elle ne le semble au premier coup-d’œil, car elle peut ouvrir de nouveaux débouchés pour nos peintres, et en particulier le goût si répandu aujourd’hui des vues et des costumes suisses, pourrait donner de l’intérêt à cette fabrication. Une cuvette de montre, revêtue du vernis de M. r Haas, a été pendant toute la durée de l’exposition placée à côté de 60 APPAREILS DE CHAUFFAGE. cuvettes émaillées sans qu’on ait pu la distinguer, même quand on était prévenu que sur les cinq cuvettes exposées dans le même cadre, il y en avait une vernie ; cet essai tend à prouver que ces vernis perfectionnés pourront se lier au sort de nos principales fabriques. §. 20. Appareils de chauffage. Le prix toujours croissant du combustible est un argument permanent pour encourager tous les industriels à perfectionner les divers appareils de chauffage, et la situation défavorable de Genève, quant aux combustibles, doit nous avertir de mettre à cette branche d’industrie plus d’importance encore qu’on ne le fait ailleurs, et doit nous faire accueillir les inventions , améliorations ou importations qui concourent à l’économie du combustible. Les cheminées-poêles de M. r Girard 1 sont des copies de celles qu’on faisait venir de Paris ; l’importation de cette industrie dans notre pays, nous donnera le moyen de les avoir un jour à meilleur marché et déjà elle est un exemple de l’appui que les diverses industries se prêtent les unes aux autres, car cette construction employé des garnitures de marbre et donne ainsi de l’activité à la scierie de la Coulouvrenière dont le succès 1 Livret n.° 101 et 184. — Rue du Boule n.° a/ 17 . , APPAREILS DE CHAUFFAGE. 61 ' a aussi de l’intérêt. MM. Doret et Dizerons 1 ont exposé douze échantillons de leurs marbres qui ! présentent des apparences assez variées. Pour re- ï * venir aux cheminées de M. r Girard , nous remar- I querons que ce qui pourrait en rendre l’adoption plus lente parmi nous, c’est que par la manière dont on les pose, on néglige trop souvent de les 1 rendre calorifères et on perd ainsi une partie de : leur utilité. Nous engageons le fabricant lui-même i dans son propre intérêt, à éviter cet inconvénient j lorsqu’il n’est pas nécessité par les localités. ; La rôtissoire de M. r Faure 2 offre évidemment de l’économie sur les appareils ordinaires, en uti- . lisant pour chauffer des casseroles, une partie de ^ la chaleur immédiatement emportée dans la cheminée par l’air de la combustion ; il nous, semble que cette idée a déjà été appliquée ailleurs; mais elle l’est ici très - convenablement et sous une forme simple et inusitée chez nous. Nous louons doncM. r Faure de sa construction et nous la re- i . 1 commandons aux bonnes ménagères. M. r Micoud 3 a exposé un cylindre d’une nouvelle forme destiné à chauffer l’eau d’une cuve ou d’une baignoire. Dans les cylindres ordinaires , le feu est alimenté par l’air qu’amènent un ou j 1 Livret n.° 203. — A la Coulouvrenière. j» 2 Livret n.° 47. — Chemin de Châtelaine. 3 Livret n.° 157. — Place de Sl.-Gervais. I 62 APPAREILS DE CHAUFFAGE, deux tuyaux latéraux débouchant sous la grille ; dans cette disposition, la plus grande partie du calorique, entraîné par le courant d’air ascendant, se dégage en pure perte dans la chambre où est placé l’apppareil. M. r Micoud , dans son nouveau cylindre fait suivre au courant d’air une marche inverse; celui-ci frappe de haut en bas sur les charbons placés près du fond du cylindre, et après avoir parcouru la partie inférieure, il s’en retourne par un tuyau servant de cheminée et placé au centre. De plus, afin de multiplier les surfaces de l’eau en contact avec les parois chauffées , M. r Micoud la fait pénétrer au moyen d’une double enveloppe entre la cheminée et la partie renfermant le charbon. Au moyen de ces nouvelles dispositions, ce nouveau cylindre présente les avantages suivans: i.° de diminuer le combustible employé de manière que trois livres de charbon peuvent suffire pour chauffer une baignoire, a. 0 De diminuer l’inconvénient de la chaleur produite par le courant d’air chaud, ce qui est souvent à redouter dans les chambres de malades. 3.° D’être d’un usage plus commode et d’un moindre volume que les anciens cylindres. Des divers appareils de chauffage mis à l'exposition , celui de notre collègue, M. r Viande 1 a le plus constamment attiré l’attention du public. 1 Livret n.» 35. — Rue des Allemands-dessus n.° 48. APPAREILS DE CHAUFFAGE. 63 Le mode de chauffage à la vapeur est nouveau pour Genève et son application avait été dans cette circonstance motivée d’une manière particulière_ Cet appareil se compose de trois parties dis. tinctes : i.° Une chaudière où se produit la vapeur; elle est munie d’une soupape de sûreté et offre pour l’admission de l’eau, un mode nouveau dans lequel la tige du flotteur la règle directement ; par ce moyen , on évite la perte de vapeur qui a lieu à la tige du flotteur dans l’appareil à balancier; le frottement ne s’exerce que dans un endroit et l’entretien en est tout-à-fait facile. Cette chaudière ainsi alimentée fournit de la vapeur, soit à un appareil distillatoire indépendant de celui-ci, soit à deux autres parties. 2. 0 Des tuyaux munis de robinets et de soupapes portent la vapeur aux condensateurs. 3.° Deux condensateurs en cuivre placés dans deux pièces différentes, les chauffent en transmettant à l’air la chaleur abandonnée par la vapeur pendant la condensation et peuvent être chauffés ensemble ou séparément : l’un qui a la forme d’un tambour contient une cuvette servant à chauffer des liquides ou à dessécher des objets qui ne doivent pas recevoir une haute température; l’autre, sous la forme d’une table élégante est un véritable poêle. Le local pour lequel cet appareil est destiné, présentait un volume d’air à chauffer de i/p mètres cubes et était exposé à être fréquemment ouvert. 64 APPAREILS DE CHAUFFAGE. Cette donnée a déterminé les surfaces de la chaudière et des condensateurs. La cheminée ne pouvait avoir que six pieds de hauteur et devait verser dans une cour l’air de la combustion. Cet air ne pouvant pas être chargé de fumée, le seul combustible à employer était du charbon de bois; c’est ce qui a déterminé la forme du foyer, ses dimensions, celle de la grille du cendrier et de la cheminée. A l’aide des bonnes proportions de cet appareil, la quantité de vapeur produite par heure a été de 62 kilog. par mètre carré de surface de chauffe. Le maximum théorique est de 110 kilog. et le résultat pratique dans les grands appareils de 1 5 kilog. par mètrecarré ; on a obtenu 3 kilog. et 6 /io de vapeur par kilog. de charbon; c’est avoir réalisé un tiers de la valeur calorifique totale de ce combustible et la moitié du résultat pratique obtenu avec les meilleurs appareils construits dans de grandes dimensions et où par conséquent les causes deperte sont considérablement réduites. L’appareil a coûté 53o francs. Les frais de chauffage ont été, en y comprenant les intérêts de la construction par journée de quatorze heures : Très-froide, i f - à i f - 20 c ' Modérément froide, y 5 e à 90 e Si l’on avait pu substituer du bois de sapin au charbon, le chauffage, y compris l’intérêt, ne serait revenu que de 4o e ' à y 5 c ' 65 APPAREILS D’ÉCLAIRAGE. La réussite île cet appareil est un des exemples les plus frappans de l’utilité des connaissances théoriques pour les personnes qui s’occupent d’applications, et de l’importance de soumettre au calcul toutes les idées de ce genre. Nous ne terminerons point cet article sans ajouter que toute la partie de chaudronnerie exécutée par M. r Weidner 1 est faite avec intelligence et ne laisse rien à désirer pour l’exécution. §. ai. Appareils d’éclairage. Une exposition industrielle ouverte dans la patrie d’Argand aurait dû présenter à ce qu’il semble un grand nombre de lampes et d’ajupareils d’éclairage ; mais il faut l’avouer, de même que le nom de l’inventeur des lampes à double courant d’air a été remplacé par celui de quinquet, de même aussi nos lampistes se sont laissés en général dévancer par ceux de Paris. Au reste, quoiqu’ils fabriquent encore, ils n’ont pas cru de leur intérêt de présenter leurs ouvrages au public. La seule lampe à double courant d’air qui ait paru à l’exposition est l’ouvrage de M. r Baridox 1 2 , pendulier, qui a porté soin habileté dans l’horlogerie au perfectionnement des lampes mécaniques 1 Chaudronnier, rue du Perron, n.° i55. 2 Livret n.° 226. — A St. Pierre. 66 APPAREILS D’ÉCLAIRAGE. dites à la Carcel ; ces lampes ont comme on sait l’avantage de tenir la mèche imbibée d’huile au niveau du bec, ce qui conserve l’égalité de la lumière et évite l’inconvénient des variations du niveau de l’huile, propre à tous les autres systèmes. M. r Baridon a perfectionné ce mécanisme en égalisant l’emploi de la force par le moyen de courbes elliptiques, ce qui amène l’huile plus également vers la mèche et permet d’obtenir avec un même moteur, un service plus prolongé ; la perfection de l’exécution donne encore à cette lampe l’avantage d’être complettement silencieuse, tandis que les lampes ordinaires à la Carcel laissent toujours plus ou moins entendre le bruit de leurs rouages. Ce mécanisme, placé dans une colonne transparente, fait un meuble élégant, dont la surveillance est facile, et qui laisse voir à découvert tout le jeu de la machine. M. r Njcod-Delon 1 , de Yevey, a exposé une lampe de cuisine d’une forme particulière, qui, n’ayant point de réservoir susceptible de porter ombre, peut éclairer en tous sens, et qui peut se transporter à la main, sans que l’huile puisse verser. M. r Bormer-Marcet 2 , successeur d’ÀRGAND , et qui a beaucoup contribué à populariser et à perfectionner ses découvertes relatives à l’éclairage, nous 1 Livret n.° 63. — A Vevey. 2 Livret n.° 235. APPAREILS D’ÉCLAIRAGE. 67 a envoyé de Paris une boîte à reverbère de forme nouvelle avec une notice détaillée sur ce genre de boîtes; il fait remarquer qn’elles l’emportent sur les anciennes boîtes saillantes et carrées: i.° Parce que leur forme en bosse arrondie évite certains accidens de choc. 2. 0 Que leur emballage pour le transport est plus facile. 3.° Que leur application sur les murs ou poteaux offre moins d’embarras. 4-° Que par le mécanisme d’attache de la corde celle-ci est moins sujette à s’user et diminue les chances de chute ou de secousse des lanternes. Nous mentionnerons en parlant de la carosserie l’application des réflecteurs paraboliques faite aux lanternes de voiture par M. r Deleiderier \ et nous terminerons ce qui tient à l’éclairage, en rappel- lant que M. r Chenaud 2 a exposé des chandelles de suif à simple clarification, et M. r Déchet 1 2 3 , fils, des demi bougies au blanc baleine de leur fabrication. Ces objets ont paru bien exécutés, mais sont, au nombre de ceux dont l’usage doit seul décider la valeur réelle. 1 Livret n.° 111. — Rue du Perron n.° 116 . 2 Livret n.° 73. — Rue du Fort de l’Écluse n,° igü. 3 Livret n.° 175. — Rue du Rhône n.° 172 . 68 CAROSSlïTHE - SELLERIE. §. 22. Carosserie. Sellerie. L’art du sellier-carossier est un de ceux qui a pris depuis peu de grands développemens dans notre Canton, et tout annonce qu’il est destiné à en prendre davantage encore. Placée au centre de l’Europe civilisée , habituellement visitée par des étrangers riches, qui fournissent à la fois des chalans et des modèles, peuplée d’habitans aisés, et qui vivant beaucoup à la campagne, ont besoin d’équipages ; entourée de pays qui fournissent à des prix modérés des bois Cxcel- lens pour le charonnage, pourvue de tous les arts accessoires à la carosserie, tels que ceux des vernis, des ressorts, etc., Genève réunit toutes les conditions les plus favorables pour le développement de cette industrie. Déjà un grand nombre de petits chars élégans se construisent dans notre pays, et quelques-uns s’exportent chez nos voisins. Des équipages plus considérables et plus soignés s’y construisent aussi avec succès, et un nombre de bras assez grand est employé aux diverses branches de la carosserie. Mais cet art ne pourra faire de grands progrès que lorsqu’il sera entre les mains d’hommes qui ayent assez de capitaux pour avoir d’anciennes provisions de bois et pour faire travailler à l’avance en fabrique , et sans attendre trop immédiatement les commandes. Un obstacle très-grand s’oppose à CAROSSERIE. - SELLERIE. 69 ces progrès dans notre ville, savoir : d’y trouver des emplacemens assez vastes; peut-être les atte- liers de ce genre devront-ils être plus convenablement placés hors des murs ? Malgré ces obstacles, il est de fait qu’un équipage supérieur en solidité, et égal en élégance à ceux qu’on tire de Paris, peut être établi à Genève à un tiers au moins meilleur marché;.on ne peut sans doute comparer nos voitures pour la perfection, avec celles qui viennent d’Angleterre; mais la différence de qualité n’est nullement en rapport avec celle des prix, qui est dans la proportion de deux à cinq. . L’art du sellier est donc dans un état de prospérité réelle, et il est un de ceux pour lesquels la publicité pourrait avoir les résultats les plus utiles. Si le nombre des exposans en ce genre a été peu considérable, cela tient sans doute à ce qu’ils avaient peu d’ouvrages achevés et prêts à mettre en vente. Ce qui a été exposé mérite des éloges. M. r Ctianal i , a déposé au Musée un harnais en cuir jaune, d’une exécution parfaite, et qui lui fait honneur sous les rapports de la forme et du travail. La couture , et surtout la piqûre y sont des mieux soignées. Le collier offre une difficul té vaincue, c’est d’être arrivé à le confectionner en- 1 Livret n.° 166 . — Rue du Rhône n,° 6i. 70 CAROSSERIE.-SELLERIE. fièrement sans avoir mouillé le cuir, moyen habituellement employé par les bourreliers, et que M. r Gitan al devait éviter, à cause de la couleur délicate Vie son harnais. Ce genre de harnais est peu usité dans notre pays, et on n’en emploie guères de semblables que dans le Midi. M. r Chanal observe qu’il lui est facile de le noircir et de lui donner le brillant à la mode, mais qu’il a choisi le cuir jaune, non pour en faire un objet de vente, mais pour offrir au public un échantillon du fini auquel il peut parvenir. M. r Topfer 1 a exposé un harnais en cuir noir, qui, sous le rapport du travail est aussi parfait que le précédent, et du goût le plus récent. Cet habile fabricant excelle dans toutes les branches de son art. Le prix de son harnais, qui est de deux cent vingt - cinq francs, est aussi cher qu’à Paris, mais on ne peut dire que ce prix soit trop élevé, vu le fini du travail. M. r Morhardt 2 , qui est aussi un de nos {dus habiles selliers et charrons, a exposé un tilbury, petite voiture élégante et parfaitement construite dans son genre, et que cependant quelques connaisseurs ont trouvée encore inférieure à d’autres équipages du même fabricant. Au moyeu d’un nouveau fourneau à vapeur , il est parvenu à 4 Livret n.° 264. — Rue J.-J. Rousseau. 2 Livret n.° 224. — Rue J.-J. Rousseau n.° /|8. CAROSSERIE. - SELLERIE. 71 ceintrer les brancards avec une extrême facilité i il en fabrique de trois pièces seulement, et toute la portion de derrière d’un marchepied à l’autre est d’une seule pièce. Quant au tilbury exposé, il est surtout remarquable par l’épaisseur des couches de fond, la perfection du poli, la transparence et la beauté du vernis et l’élégance générale de ses formes. M. r Morhardt peut le céder au prix de neuf cents francs, et des personnes accoutumées à ce genre d’achats, assurent qu’on ne pourrait pas l’avoir à Paris à moins de quatorze à quinze cents francs. M. r Deleyderrier 1 a exposé une paire de lanternes pour voitures, mieux faites que celles que l’on construit habituellement. Il y a appliqué l’invention des réflecteurs paraboliques. Par ce moyen le terrain qui est au devant et à côté des chevaux se trouve parfaitement éclairé, et le cocher placé entre les deux réflecteurs, étant lui- même dans l’ombre, n’est point ébloui par les lanternes, et sa position est la plus favorable pour bien voir la route qu’il doit parcourir. Une petite boîte placée dans le manche de la lanterne, contient des allumettes oxigenées. Les essais faits de ces lanternes ont été très satisfaisans et le coût de l’éclairage des voitures se trouve réduit à peu de chose par ce procédé. 1 Livret n.° 111. — Rue du Perron n.° n6. 72 COKDKKJK. §. 23. Garderie. Il existe à Genève quatre maîtres cordiers. Deux d’entr’eux, MM. Lafond 1 et Maillard 1 2 , ont exposé des échantillons de leurs ouvrages qui ont été jugés satisfaisans par les connaisseurs. Les cordes que l’on fabrique à Genève sont en général plus chères que celles qu’on tire de l’étranger, mais de beaucoup supérieures en qualité ; aussi sont elles recherchées pour les emplois où la fidélité de la corde est une condition essentielle , comme pour cables, cordes à soutenir les réverbères, les ponts de maçons, etc.: ce commerce n’est guères susceptible de prendre une grande extension, parce que l’entrée des cordes est soumise en France et en Savoie à des droits qui équivalent à une prohibition pour un objet si volumineux quant à sa valeur. Le commerce de détail est alimenté par l’étranger et trouve sou compte à vendre à bas prix une qualité inférieure. Les cordes de tille (écorce intérieure de tilleul) qui se fabriquent ici, sont employés pour les papeteries et pour la navigation du lac, parce qu’elles résistent mieux que les autres à l’humidité. 1 I.ivret n.° 18. — Rue de Cornavin n.° 35. 2 Livret n.° 74. — Eaux-vives. POTIiKlE. 73 §. 24. Poterie. La poterie commune a été long-temps seule à se fabriquer dans notre pays, et y mériterait des améliorations pour en élever un peu la qualité. MM. Baylon et C. e 1 ont bien mérité de l’industrie par les efforts qu’ils ont fait pour introduire chez nous la fabrication de la poterie fine. Leur fabrique dure depuis vingt-cinq ans et a éprouvé beaucoup de difficultés par suite des évènemens politiques et commerciaux qui se sont passés pendant cette époque. Ils ont mis à l’exposition un nombre considérable de pièces variées qui ont été vues avec intérêt. On a remarqué en particulier la forme et la régularité des grandes pièces, telles que le lave - pied et le grand vase, forme. Médicis. La qualité de cette poterie paraît recommandable: M. r Baylon est parvenu par des essais nombreux à la mettre en état de résister à l’épreuve du feu et offre aux acquéreurs de soumettre ses assiettes à nu à une chaleur considérable. ) : 1 ; Les formes de cette fabrique sont en général bien choisies et d’une exécution correcte. Le tourneur qui y est attaché passe pour un homme habile dans son art, et le directeur recherche avec soin les dessins de bon goût. Peut-être, au lieu de 1 Livret n," 30. — A Carçugc rue Caroline. TAILLE DES CRISTAUX. 74 se modeler sur les formes des autres fabriques, trouvera-t-il quelque profit à consulter les formes antiques, dont nos musées peuvent lui présenter des modèles. Les peintures ou décors sont la partie où cette fabrique peut faire de grands progrès. Ses directeurs le sentent et nous ont eux-mêmes signalé cet objet comme étant au- dessous de leurs vœux. Il est à désirer qu’ils puissent promptement perfectionner cette partie qui, sans ajouter à l’usage réel, ajoute tant à l’agrément de la poterie. Dès que l’exécution sera soignée , MM. Baylon trouveront dans nos dessinateurs et nos peintres des ressources pour varier les ornemens de leurs produits. Les prix de cette fabrique sont modérés et doivent engager les consommateurs amis de l’industrie nationale à se fournir chez elle. §. 25. Taille des cristaux. Chacun a vu avec une agréable surprise à l’exposition les objets variés de cette industrie transplantée depuis peu chez nous par M. r Aubert 1 . La beauté des formes, la régularité de la taille et le beau poli de ces cristaux ne laissent rien à désirer. 1 Livret n.° 38. — Rue de Rive n.° 17 . GÉLATINE. 75 L’art de la taille des cristaux éprouve dans ce moment une sorte de concurrence à raison de la perfection avec laquelle on arrive à fondre les cristaux et à se passer par conséquent de la taille, au moins pour les formes arrondies et pour les objets qui ne sont pas destinés au plus grand luxe; c’est une raison de plus pour que les tailleurs de cristaux tendent autant que possible à livrer leurs ouvrages à meilleur marché. Il serait impossible sans cette circonstance que cet art pût rivaliser avec la fabrique de Paris. M. "Aubert espère pouvoir soutenir avantageusementcette concurrence. Nous ne pouvons que lui donner des encouragemens. §. 26. Gélatine. La disette des années r 816 et 1817 a introduit chez nous l’emploi de la gélatine ; dès - lors, ce genre de fabriquation s’y est conservé. M. r Languftin 1 fils cadet et M. r Samuel Bor- nand 2 ont l’un et l’autre exposé leurs produits qui ont paru satisfaisans, soit pour l’emploi de la gélatine comme nourriture, soit quant à son usage pour le commerce des vins et liqueurs, soit dans son emploi pharmaceutique, en l’associant avec 1 Livret n.° 69. — Rue de la Machine n.° 224 . 2 Livret n.° 87. —- Grand’rue , chez M. r Ponsos - Mer- ouet. GAINERIE ET CARTONNAGE. 76 diverses matières. M. r Bornand a été jadis encouragé par la Société des Arts, et sa gélatine a été approuvée par la Faculté de médecine. §. 27. Gainerie et Cartonnage. La fabrication des ouvrages divers en carton est parmi les petites industries, une de celles qui réussit dans le pays. M. r Yermot 1 a exposé un cadre en carton, renfermant des échantillons variés, élégans et propremeut exécutés d’un grand nombre d’articles. Ce travail donne une idée avantageuse de cet ouvrier ; ses cadres en carton sont meilleur marché que ceux, en bois ; il les monte lui-même sur les dessins ou gravures, et ils se maintiennent long-temps dans leur premier éclat ; il fait aussi des boîtes de diverses constructions nouvelles pour les horlogers, bijoutiers , etc. M. r Roche 1 2 a exposé une boîte de carton, destinée à recevoir une parure; elle est d’une exécution élégante et solide. Ces ouvrages en carton, et particulièrement les boîtes et coffres sont de nature à porter des oi’nemens de divers genres, qui peuvent leur donner de la valeur et en recevoir. Les jolis paysages 1 Livret n.° 34. — Rue de la Machine n.° 226 . 2 Livret n,° 225. — Rue du Terraillct n.” 180 . CAINERIE ET CARTONNAGE. 77 exécutés par un amateur de Lausanne, au moyen de la simple fumée, et qui ont servi à orner le carton exposé sous le n.° 102, peuvent donner une idée de cette sorte de petits produits. Les représentations de ce genre qui rappelleraient les paysages et les costumes de la Suisse, seraient de nature à avoir quelque débit parmi les nationaux et les étrangers, et pourraient employer utilement les loisirs quelquefois forcés de quelques dessinateurs. MM. JIuTEAu 1 et Gassmann 2 , cartiers, ont l’un et l’autre exposé des échantillons de leurs cartes à jouer. Il ne faut pas, comme l’a fait quelquefois le public in attentif, les rendre responsables des horribles figures que l’usage a obstinément consacrées sur les cartes à jouer ; mais si on examine la qualité des cartonnages, on voit que ceux-ci remplissent bien leur destination. La fabrication des cartes blanches, est ici plus considérable, peut-être que dans aucune autre ville, à cause de l’emploi très-multiplié qu’on en fait à la place de papier, pour billets d’invitation et de convocation. Ces derniers qui appellent tant de Genevois à des réunions gratuites de bien public, feront passer les moralistes sévères sur la frivolité des premières. 1 Livret n.° 17. — Rue de la Tour-de-Boël n.° 72 . 2 Livret n.° 207. — Rue de Trois Perdrix n.° 5o. 78 RELIURE. La fabrication du papier est moins abondante et moins perfectionnée dans le Canton qu’elle ne pourrait l’être. Nous avons regretté cependant, ne fut-ce que pour avoir une occasion de les encourager , que les deux papeteries qui existent et qui semblaient vouloir exposer leur travail, y aient ensuite renoncé. §. 28. Reliure. La reliure est sans doute un art ancien dans une ville aussi anciennement lettrée que la nôtre, mais il [a pris depuis quelques années une telle amélioration qu’elle mérite d’être mentionnée ici. M. 1 Glaser 1 a exposé divers ouvrages reliés par lui en imitation des reliures anglaises en veau et en maroquin, et elles peuvent tout-à-fait rivaliser avec les meilleures reliures de Londres et de Paris. Les ornemens y sont simples et de bon goût. Le livre s’ouvre complettement et reste partout bien ouvert. Les pages y sont placées avec soin et les marges bien conservées. Ces qualités se remarquent en particulier dans un petit volume in-32 des Maximes de LaRochefoucault que Monsieur Glaser a exposé comme une espèce de difficulté vaincue. 1 Livret n.° 99. — Rue de la Pellisserie n.° 99. RELIURE. 79 M. r Mertz 1 a aussi exposé des livres reliés en veau et maroquin à la méthode anglaise et qui méritent des éloges , quoique l’un deux, trop mince et imprimé sur un papier fort inférieur à celui des livres choisis par M. r Glaser, présente une sorte d’infériorité apparente qui n’est pas du fait du relieur. Celui-ci avait préparé pour l’exposition un ouvrage plus considérable qu’il n’a pas eu le temps d’achever. M. r Dietz 2 a exposé un ouvrage relié en veau clair à l’ancienne méthode française qui est moins beau que les précédens, mais qui a comme eux le mérite essentiel d’une bonne couture , qui permet de tenir le livre ouvert partout sans effort. Il a aussi exposé un exemple de cartonnage à la Bradel, fait avec plus de soin qu’on n’a coutume de le faire ici. Enfin, nous citerons le grand livre relié à dos élastique, dos et coins de laiton et recouvert en peau verte que MM. Lafond et Geisendorf 1 2 3 ont exposé ; ce genre de livres dont les maisons de commerce ont fréquemment besoin, ne s’exécutait ici que d’une manière imparfaite et on tirait de Paris ceux qu’on voulait avoir de première qualité. Celui-ci soutient complettement la concur- 1 Livret n.° 126. — Grand’rue n.° 212 . 2 Livret 11. 0 10. — Place de la Fusterie n.° 8/ t . 3 Livret n,° 48. — Rue de la Cité n,° 221 . 80 IMPRIMERIE. rence quant à la bienfacture et a pu s’établir avec une économie de quinze pour cent. On y a remarqué en particulier l’exactitude parfaite de la règlure. §. 29 . Imprimerie. L’Imprimerie a été jadis un des arts florissans de Genève et les fortunes des Cramer et des Détournés suffiraient pour l’attester. Comment y est-il dès-lors tombé au point où nous l’avons vu ? Ce serait un problème de statistique commerciale assez piquant que d’expliquer par quelles causes l’imprimerie a été réduite à une industrie de peu d’importance dans une ville instruite et qui a fourni un grand nombre d’auteurs, comment on est obligé de tirer de l’étranger des protes et des compositeurs dans une ville, où l’éducation primaire est plus répandue qu’aileurs, et où l’orthographe et les élémens des langues française et latine sont populaires. Sans chercher ici à résoudre cette question, nous dirons seulement que l’imprimerie s’est surtout ressentie de la chute de la librairie ; mais les exemples d’impressions qui ont été mis à l’exposition sous les yeux du public, peuvent faire espérer que l’art de l’imprimerie tend à reprendre quelque faveur. IMPRIMERIE. 81 MM. Barbezat et Delarue 1 ont exposé divers ouvrages soignés sortis de leurs presses, et choisis de manière à faire connaître la variété de leurs caractères, aussi bien que l’égalité de la teinte obtenue par leurs pressiers et la correction de leur prote. Le texte des Plantes rares du jardin de Genève publié par la même maison avant qu’elle eut une imprimerie, sort des presses de M. r G. me FiCK 2 et réunit aussi toutes les qualités nécessaires pour une bonne impression. C’est à lui que la Commission avait confié l’impression du livret qui, malgré la rapidité nécessaire à un pareil ouvrage, donne aussi une idée très-avantageuse de cette imprimerie. Nous en dirons autant des exemples soignés d’impression que M. r P.-À. Bonnant 3 a déposés sous les yeux du public et que celui-ci a paru apprécier. Ces exemples de trois imprimeries diverses tendent à prouver que dès que le commerce de la librairie reprendra chez nous le rang qu’il doit y avoir , ce ne seront pas les difficultés mécaniques de l’impression qui s’y opposeront, 1 Livret n.° 86. — Rue du Rhône n.° 177. 2 Livret n.° 86 A. — Rue des Relles-Filles n.° 37. 3 Livret n.° 20 . — Rue Verdaine n.° 277. 6 82 IMPRESSION EN TAILLE-DOUCE. §. 30. Impression en taille-douce. L’impression en taille-douce n’est exercée dans nos murs que par un petit nombre d’artistes et ne pourra devenir une branche importante que lorsque la librairie et le commerce des estampes aura pris lui-même plus de développement. Il a été cependant agréable de voir que des imprimeurs en taille - douce beaucoup trop occupés d’objets courans où l’on n’exige pas une grande perfection , ayent pu exécuter des ouvrages aussi soignés que ceux que l’exposition a montrés. Les planches de l’atlas despoissonsdu lac Léman et celles des plantes rares du jardin de Genève exposées par MM.Barbezat et Delarue, et qui sortent des presses de MM. Suardet 1 et Tattegraix^, laissent peu de chose à désirer pour la propreté, la correction et l’égalité de l’exécution. La publication des plantes rares du jardin de Genève a été une époque pour notre industrie, en ceci que l’impression des planches a été faite en couleur, d’après le procédé introduit par le célèbre peintre Redouté. Ce procédé consiste à mettre la couleur au pinceau sur la planche gravée, comme si l’on devait imprimer en noir, et 1 Livret n.° 86 A et C. — Place de la Magdclainc. 2 Livret n.° 8 6 a. — An bas du Perron, GRAVURE EN TAIIXE-DOUCE. 83 à appliquer la planche autant de fois qu’elle doit porter de couleurs différentes. On conçoit que ce procédé exige une grande précision dans l’exécution, mais il offre, en particulier pour les ouvrages d’histoire naturelle, l’avantage important que toutes les planches sont nécessairement de la même teinte, tandis que dans les planches coloriées à la main il n’est pas rare de voir les épreuves différer beaucoup entr’elles pour l’intensité et le ton des couleurs. Nous avons dû signaler ici cette branche d’industrie nouvelle pour le pays, mais qui ne pourra prendre de progrès qu’avec le développement de l’état du libraire-éditeur. §. 31. Gravure en Taille-douce. La gravure en taille-douce avait toujours été négligée à Genève et on en était arrivé au point qu’ori était obligé de recourir à l’étranger pour les objets de ce genre les plus simples. Le retour de notre collègue M. r Schenker dans sa patrie, et l’heureuse idée qu’eut alors la Société des Arts de profiter de cet excellent maître pour monter une école de gravure, ont fait disparaître cette lacune de notre industrie. L’exposition a montré les heureux résultats du développement de l’art de la gravure. GRAVURE EIC TAILLE-DOUCE. 84 M. r Bouvier 1 a exposé une belle gravure représentant le buste de Michel Cervantes d’après le tableau de Velasquez, appartenant à M. nie Brière- Martin. Cette gravure distinguée fait partie des objets commandés par la Société des Amis des Beaux-Arts, et il est à regretter que cette association ait dès-lors abandonné le soin d’encourager l’art de la gravure et se soit bornée à la peinture et au dessin. M. r Bovet 2 a aussi exposé un portrait gravé sur cuivre en taille-douce, qui a mérité les suffrages des connaisseurs. Les planches de poissons gravées par M. r Escuyer 3 4 , les planches de plantes^ gravées par MM. Anspach' 51 , Milnet 5 , Bouvier et Heyland 6 ont prouvé que ces parties de la gravure étaient assez perfectionnées chez nous pour suffire à tous les besoins des sciences et de la librairie. Nous avons même la connaissance personnelle de planches d’histoire naturelle qu’une célèbre académie étrangère a fait graver ici. Qu’il nous soit permis de faire remarquer que la liaison de la gravure avec la librairie est pour notre pays un des principaux moyens de ranimer 1 Livret n.° 172. — Rue de Chantepoulet n.° 38 bis. 2 Livret n.° 193. — Place du Bourg du four n.° / ( G. 3 Livret n.° 86 C. — Rue du Terraillet. 4 Livret n.° 86 a.— Rue des Allemands-dessus. 5 Livret n.° 86a. — Rue des Etuves n.° i33. 6 Livret: n.° 86 a.— Rue de la Pelisseric u.° i3i. 85 GRÀVTT1UÏ EN MÉDAILLES, ETC. cclle-ci. En effet les libraires de ceux des grands pays où la législation les protège contre les contre' façons, peuvent sous l’abri tutélaire des lois, publier des ouvrages dépourvus de planches, sans crainte qu’on les leur enlève; mais dans notre pays où les lois sur la contrefaçon sont douteuses en droit et inefficaces en fait à cause de sa petitesse, je ne connais pas de meilleure garantie de propriété pour nos libraires, que de joindre des planches aux livres qu’ils voudront publier ; car les planches étant aussi chères à copier qu’à établir, détournent les contrefacteurs de leurs entre- prises.C’est dans ce but qu’on les introduit souvent, même dans les plus grands états ; mais c’est surtout pour les petits que cette précaution est utile. Nous engageons nos libraires à faire par conséquent des efforts pour maintenir autour d’eux l’art, de la gravure qui leur sera nécessaire, lorsqu'ils voudront joindre sérieusement à leur commerce d’importation, celui de la confection même de livres nouveaux. §. 32. Gravure en médaille, etc. La gravure des médailles est un art dans lequel Genève a dès long-temps acquis de la célébrité, et nous voyons avec plaisir que notre illustre graveur Dassier compte des successeurs. 86 GRAVURE EN MEDAILLES, ETC. M. r Antoine Bovt 1 a exposé dix médailles qui ont mérité les éloges et l’admiration du public. La dernière qu’il vient de frapper et qui était destinée à célébrer l’anniversaire de la réformation de Berne, prouve que les efforts de M. r Bovï ne se ralentissent point et que son talent suit une marche manifestement ascendante. Nous ne pouvons que l’encourager de tous nos efforts à soutenir sa réputation et celle de Genève. M. r Fournier 2 se distingue aussi dans ce genre difficile et délicat; les quatre médailles en bronze dessinées, gravées et frappées par lui, font honneur à son talent sous ces divers rapports. La gravure sur cristaux a aussi été représentée dans l’exposition. M. r Kuhn 3 qui y a placé un cristal gravé par lui, mérite des encouragemens ; il est à désirer que ce genre de gravures ne soit pas abandonné, car il a de fréquentes liaisoiis avec diverses branches de nos premières industries. 1 Livret n.° 151a.— Rue J.-J, Rousseau n.° 5i. 2 Livret n.° 155. — Rue des Belles-Filles n.° 17 . 3 Livret n.° 189. — A Carouge — Rue Saint - Victor n.° 187 . PEINTURES EN ÉMAIL, ETC. 87 §. 33. Peintures en émail, etc. Quoique l’exposition industrielle dût avoir un caractère très-différent de celle des beaux-arts, on a cru devoir y admettre celles des peintures qui sont pour ainsi dire liées au sort de nos principales fabriques et sont devenues de vraies branches d’industrie.Telle est en particulier la peinture en émail ; Genève a compté dans cette partie de l’art un grand nombre d’hommes distingués, et si les variations de la mode laissent un peu languir aujourd’hui ce genre d’ornemens, il n’en est pas moins encore l’un des arts accessoires à la bijouterie et à l’horlogerie qui a le plus d’importance; les émaux qui ont paru comme ornemens de montres et de bijoux seront mentionnés plus tard, mais nous distinguerons ici quelques peintures exposées par un anonyme 1 ; deux copies de portraits en émail exécutées par M. r G.^ Lamunière 2 ; un portrait de M. r Gevril 3 ; un portrait de Ch. Bonnet en genre grisaille, exécuté par M/Cambessedes 4 ; et surtout deux beaux ouvrages de M. r Dupont 5 qui est déjà si avantageusement connu dans cette branche de 1 Livret n.° 152. 2 Livret n.° 21. — Rue du Rhône. 3 Livret n.° 79. — Grand’rue n.° 198 . Livret n.° 190. — Rue Verdaine n.° 277 . 5 Livret n.° 80. — Grand’rue n.° 197 , 88 PLANS EN RELIEF. l’art, son tableau des ivrognes de M. 1 ' Grosclaudc a long-temps attiré l’attention du public. Le même artiste a aussi exposé la copie d’un Vandyck sur porcelaine, qui lui fait honneur. Une mosaïque exécutée par un amateur, M. r A. Mazzoli 1 , a intéressé le public, soit par son exécution soignée, soit par la nouveauté de cet art dans notre Canton; mais quoique l’auteur l’habite en ce moment nous ne pouvons pas considérer cet art comme naturalisé. §. 3 4. Plans en relief. Les reliefs, imaginés jadis par M. r Pfiffer pour donner une idée des pays montagneux, sont devenus dans plusieurs villes de la Suisse une véritable branche d’industrie : elle mérite d’être encouragée, car ce genre de représentations topographiques n’est pas seulement un objet de curiosité et d’amusement, c’est le seul moyen de bien comprendre la topographie des montagnes. La géologie, la simple géographie, l’histoire naturelle et l’art militaire peuvent en tirer des résultats importans. M. r Léonard Gaudin 2 , qui exerce cet art dans notre Canton, est bien connu par le grand modèle en relief, qui sur une surface de dix-neuf 1 Livret n.° 234. — A Coulancc. 2 Livret n.° 25. — Cité. PLANS EN RELIEF. 89 pieds sur vingt - quatre, représente la presque totalité de la Suisse , il a placé à l’exposition une réduction de ce grand travail faite sur les proportions de six pieds de long sur cinq de large, et un autre sur la dimension de vingt-six pouces sur vingt-deux. Il a encore exposé trois autres reliefs : savoir, la vallée de Chamouni avec les montagnes environnantes ; l’Oberland Bernois et la route du Simplon. Ces divers modèles sont exécutés avec soin et accompagnés de répertoires qui donnent la nomenclature de tous les lieux qui y sont désignés ; M. r Gaudin est mieux que personne à même de donner à ces reliefs l’apparence qui tend le mieux à représenter le pays, ayant lui-même parcouru dans ce but et en prenant des croquis de toutes les localités dont il a exécuté les reliefs. En pensant à la difficulté de l’exécution de ces ouvrages on s’étonne du bas prix auquel on est parvenu à les livrer. M. r Gaudin avait encore exécuté sous la direction de feu M. r Moll 2 un relief destiné à représenter un plan d’embellissement que cet ami des arts avait proposé il y a environ vingt ans pour notre ville. Dès lors M. r Moll en a fait don à la Société des Arts et y a ajouté un legs de trois mille francs. La Société a fait placer ce relief dans la saile d’exposition, soit comme objet d’art, soit 1 Livret n.” 10.9. 90 MACHINES DESTINÉES A LART MIILITAIRE. pour rendre hommage au généreux, donateur duquel elle le tient. §. 35. Machines destinées à l’art militaire Dans un pays où tous les citoyens sont soldats, les industries qui tendent à servir l’art militaire ont dû prendre un peu plus de développement que ne le comportait d’ailleurs sa nature pacifique. Ce qui a été présenté de plus remarquable sous ce rapport à l’exposition est une idée heureuse de M. r Leuppi 1 , armurier habile et intelligent, pour éviter la projection des baguettes de fusil, lorsqu’elles ont été oubliées dans le canon, au moyen d’un ressort fort simple, qui peut s’adapter à peu de frais, même aux anciens fusils. M. r Leuppi obtient ce résultat, que la détente ne peut partir que quand la baguette est à sa place. On évitera par là ces accidens causés par la projection des baguettes dans les décharges dont nos revues nous font déplorer la fréquence. C’est une question si en temps de guerre le nombre des coups qui pourraient ne pas partir parce que la baguette ne serait pas enfoncée au point nécessaire, sera compensé par l’avantage de ne pas perdre des baguettes ; car outre la perte de la baguette elle - 1 Livret n.° 43, — Rue du Rhône n." 70 . MACHINES DESTINÉES A l’aRT MILITAIRE. Q1 même, le fusil qui en est privé se trouve inutile au moins pour le reste du combat. On pourra peut-être améliorer encore cette idée heureuse en arrangeant le ressort, de manière que la détente puisse partir lorsque la baguette a atteint un point de la coulisse qui soit encore à quelque distance du fond. Cette légère objection ne doit point nous empêcher de rendre pleine justice à l’intelligent et ingénieux armurier qui rendra à l’avenir le spectacle de nos revues aussi sûr qu’il est agréa * ble à la population. M. r Petit - Pierre 1 a exposé un petit canon monté sur son affût. M. r Yetzler 1 2 , une caisse en laiton qui a paru faite avec soin. M. r Frainet 3 , horloger et bon tireur à l’arc, a exposé des arcs et des flèches faits avec beaucoup de soin et qui ont mérité l’approbation des amateurs de ce genre d’arme d’amusement et d’exercice salutaire. M. r Changer 4 , artificier, a exposé un modèle de fusée à baguette concentrique, improprement nommée à la Congrève et que les Commissaires n’ont pas eu l’occasion d’essayer. Il a aussi montré un petit feu d’artifice de table. 1 Livret n.° 3 . — Rue du Cendrier n.° 117. 2 Livret n.° 195 . — Rue de la Tour-de-Boël n.° 90. 3 Livret n.° 14 . — Rue du Rhône u.° 170. ■'> Livret n.° 6. — Place du Bourg-de-Four n.° 72. 92 MACHINES DE PHYSIQUE, ETC. §. 36. Machines de Physique, Optique, Astronomie , Mathématiques, etc. La construction des machines scientifiques semblerait devoir prospérer dans notre ville ; elle se lierait favorablement, soit au développement de l’horlogerie qui fournirait des ouvriers accoutumés à l’exactitude, soit au développement des sciences plus populaires chez nous que dans bien des villes et fréquemment étudiées par des hommes dont la fortune est suffisante pour leur permettre de faire faire des instrumens pour leur usage. Cependant malgré les succès de feu notre collègue Paul et ceux plus récens de MM. Gourdon et de M. Paul le fils , nous devons regretter que cette branche d’industrie scientifique n’ait pas pris chez nous un plus grand essor, et nous aimons à espérer que quelque circonstance inattendue viendra la développer; si cela n’a pas eu lieu, ce n’est pas, comme on l’a dit un peu légèrement, parce que l’on n’y estime que ce qui vient du dehors , car au contraire, les physiciens dont notre ville s’honore, ont donné à plusieurs reprises des encouragemens aux artistes qui montraient l’intention de se vouer à cette branche, parce qu’il leur eut été d’une commodité journalière de trouver auprès d’eux des secours de cette espece; mais ils ont échoué jusqu’à présent parce que la pra- MACHINES DE PHYSIQUE, ETC. 93 tique d’une ville de notre ordre ne peut suffire à entretenir seule une fabrique, que pour vendre au dehors il faut de la célébrité, et que pour acquérir cette célébrité, il faut un heureux concours de circonstances dont on ne peut pas déterminer la réunion. En ce moment, les instrumens de météorologie de M. r Gourdon sont probablement les seules machines de ce genre, recherchées hors de Genève. Plusieurs des machines exposées, montrent cependant que nous possédons de bons élé- mens de succès pour ce genre d’industrie. M. 1 ' Jérémie Girard 1 a construit sous la direction de M. r le Professeur Auguste De la Rive, un petit appareil destiué à démontrer l’action du cuivre en mouvement sur l’aiguille aimantée pour répéter l’expérience connue de M. r Arago. Une aiguille aimantée suspendue au-dessus et très-près d’un disque de cuivre est dévié de sa direction constante quand on donne un mouvement de rotation au disque de cuivre, et peut même, si le mouvement est très-rapide, se mettre elle-même en rotation dans le même sens que le cuivre dont elle est séparée par une lame de verre. La rotation a lieu au moyen d’un ressort qui se remonte comme celui d’une montre. L’appareil est commode et il ne lui manque qu’un moyen facile de le mettre de niveau. Cette petite construction ne suffirait 1 Livret u.° 97. — Rive n.° 8. 9À MACHINES DE PHYSIQUE, ETC. pas pour donner une idée du travail de M. r Girard qui, élève des meilleures fabriques de Paris, a restauré avec succès un grand nombre de machines de physique du Musée Académique. MM. Chomel 2 , frères, ont exposé un modèle d’une machine pour la fabrication des eaux gazeuses. Cette petite machine, destinée à supporter une grande compression intérieure, se forme d’un corps de pompe très-fort, solidement fermé par des bandes de fer écrouées ; elle donne une idée de ce que peuvent faire MM. Chomel dans cet art de première nécessité, celui de la fonderie et de la tournure des métaux. Elle a aussi intéressé le public en lui donnant un aperçu de la fabrication des eaux gazeuses, qui, inventées dans notre ville, il y a moins d’un demi-siecle, y ont créé un genre d’industrie et d’exportation importante et ont modifié les habitudes populaires, d’une manière utile à la santé et à la morale publique. L’introduction en Europe des boissons fournies par les denrées coloniales a été le premier coup porté à l’ivrognerie; la fabrication des eaux gazeuses est le second; c’est donc autant dans l’intérêt de l’ordre général que dans celui de nos fabriques, que nous devons désirer de voir s’étendre de proche en proche, l’usage de ces boissons qui se fabriquent chez nous 1 Livret n.° 160. — Au haut de la rue du Temple. MACHINES HE PHYSIQUE, ETC. 95 à un prix fort inférieur à celui de toutes les autres villes. M. r Guédin-Robert \ horloger, a exposé une espèce de petite pompe pneumaticpie destinée à dégorger le sein des nourrices. Cette application des machines de physique n’est pas de son invention , mais cet appareil est le premier de ce genre qu’on ait construit ici ; l’exécution en est soignée et annonce un ouvrier intelligent. On en peut dire autant du pied de lunette du même fabricant. Les hommes voués à l’art de guérir verront sans doute avec plaisir l’emploi de ces pompes pneumatiques remplacer dans la pratique l’emploi souvent dangereux et toujours dégoûtant des femmes qui se chargent de téter les nourrices. M. r Artaria 1 2 a exposé trois thermomètres à mercure, dont un dans de très-petites dimensions. Ces thermomètres portent les divisions de Reau- mur, deux d’entr’eux marchent parfaitement d’accord, ce qui comme on sait estime des meilleures garanties de leur qualité. L’exécution en parait soignée et bien conforme aux règles. M. r Weiss - Brolliet 3 a exposé une machine éléctrique à plateau avec tous ses accessoires; le plateau de cette machine vient de Paris ; les jar- 1 Livret n.° J 21. ■— Rue des Etuves n.° 12 g. 2 Livret n.° 107. — Pont des Frises 11. 0 217 . 3 Livret n.° 9. — Rue de Coutance n.° 8 /|. 96 MACHINES DE PHYSIQUE , ETC. res sont probablement de la fabrique de Torrens en Savoie, mais le tout est mis en œuvre et monté à Genève sous la direction de l’exposant qui n’en fait point au reste son état habituel, et se distingue dans celui de guillocheur dont la Classe aurait vu les produits avec intérêt. La machine de M. r Weiss a un double conducteur, une batterie de quatre grandes bouteilles de Leyde, six bouteilles ou jarres indépendantes de diverses forces et dimensions, un tabouret isolant, plusieurs excitateurs , un carillon et en général toutes les pièces nécessaires aux expériences de théorie et même de simple curiosité. Tout cela est confectionné avec soin et confirme ce que nous avons dit tout-à- l’heure, que rien ne s’oppose à ce que les instru- mens de physique s’établissent ici. Il faut avouer au reste, tout en rendant justice à la belle machine de Ma Weiss , que l’importance des machines éléctriques a un peu déchu depuis l’invention des piles voltaïques. On a vu à l’exposition deux prismes de même angle, l’un de Ffintglass, l’autre de Crownglass, de la fabrique de feu M. r Guinand 1 , continuée par son fils et M. r Daguet. En les plaçant sous les yeux du public, on n’a pas eu l’idée de rien apprendre aux hommes éclairés ; tous savent la perfection des verres sortis des creusets de Mon- 1 Livret n.° 96. — Aux Brenets , canton de Ncufcliâtel. MACHINES 1)E PHYSIQUE, ETC. 97 sieur Guinano , et recherchés aujourd’hui dans toute l’Europe pour les machines d’optique les plus délicates et les plus importantes; mais nous n’aurions pas voulu qu’une exposition de produits industriels eut lieu en Suisse, sans y rappeler cette belle industrie. Nous ne pouvons que faire des vœux pour cpie les successeurs de M. r Gutnand se rendent comme on nous le fait espérer, dignes d’un tel patron. M.' Fleury \ fils a exposé des verres périsco- piques cpii méritent des encouragemens ; c’est un artiste soigneux qui fait des efforts louables pour élever chez nous un art qui y a toujours langui. M.‘ Ducommijn 1 2 , de la Chaux de Fond, a exposé deux anneaux solaires de dimension différente et exécutés avec beaucoup de soin et de précision ; leur usage est-de donner lorsqu’ils sont suspendus l’heure du soleil. Ils sont probablement construits pour la latitude de Neuchâtel. Il est douteux que ce genre d’instrumens puisse lutter avec celui des montres, au bas prix auquel celles ci sont arrivées. Nous n’en devons pas moins pleine justice à l’exactitude de l’exécution de cet ouvrage, fruit du travail d’un artiste respectable dont les horlogers de Genève ont l’habitude d’estimer les productions. 1 Livret n.° C6. — Grand’rue. 2 Livret n.° 2ül. — A la Gliaux de Fond, canton de Neuchâtel. - 7 98 MACHINES DE PHYSIQUE, ETC. Deux étuis de mathématiques ont été envoyés à l’exposition par deux artistes distingués de la ville d’Arau, qui, depuis plusieurs années a acquis une supériorité marquée dans ce genre; l’un sort des ateliers de M. r IIommel 1 2 , successeur de feu Louis Esser ; l’autre de ceux de M. r Gysi 2 ; ils contiennent l’un et l’autre l’assortiment le plus complet de toutes les pièces, non-seulement nécessaires , mais même commodes pour le mathématicien, le dessinateur de plans, etc. L’étui de M. r Hommel semble l’emporter un peu pour la justesse des compas et la finesse des tirelignes ; celui de M. r Gysi, parce qu’il contient de plus que l’autre un compas d’épaisseur, utile dans certains arts. La seule pièce de ces deux instrumens qui ne réponde pas à la perfection du reste, est le rapporteur de corne, qui pourrait peut-être être découpé et divisé avec un peu plus de rigueur. Nous nous permettons d’autant plus facilement cette légère observation, que nous savons bien qu’elle n’altérera enrien la réputation méritée de ces fabriques, dont les produits sont appréciés et admirés par tous ceux quilesemploient.Cette industrie manquait en entier chez nous; mais notre compatriote M.' Nqbleï, élève de M. Esser, et qui a continué ses études à Paris, vient de l’introduire dans sa patrie. 1 Livret n.° 88. 2 Livret n.° 75. —■ A Àrau. MACHINES DIVERSES. 99 §. 37. Machines diverses. Nous réunirons ici divers articles assez hétérogènes , mais que nous ne saurions distribuer avec assez d’ordre sous d’autres rubriques. Au premier rang de nos mécaniciens, se place sans contredit notre collègue, M. r Daiuer-Wa- gnon 1 ; la fécondité de son génie inventif, la variété des moyens qu’il sait mettre en usage pour atteindre son but, le fini de l’exécution des pièces auxquelles il met de l’intérêt, sont connus de tous les membres de la Classe, et tous les objets qu’il a déposés à l’exposition y ont été justement admirés. La machine ingénieuse et toute nouvelle qu’il y a déposée quelques jours sous le nom de Graveur à fil tournant, et au moyen de laquelle toute personne peut graver la lettre sur métal presqu’aussi facilement qu’on écrit; cette machine sera probablement susceptible de plusieurs applications variées lorsque son auteur lui aura donné tout le perfectionnement dont elle est susceptible. Les machines qui ont utilement servi à exécuter les dentures de l’observatoire ont été vues avec intérêt et pourraient s’adapter utilement à la fabrication de montures solides pour les grilles et 1 Livret n.° 165. — Place de la Tacconnerie n.° 88. 100 MACHINES DIVERSES. balustrades. La nouvelle machine à aiguiser a rempli son but d’une manière parfaite pour toutes les lames rectilignes ou à courbure convexe par le dehors. Enfin plusieurs dessins de machines de ce genre projetées par M.‘ Darieu, ont contribué à prouver toute la variété d’invention de leur auteur, soit aux étrangers, soit au petit nombre de Genevois qui n’en avaient pas encore connaissance. Il n’est pas possible dans un rapport de la nature de celui-ci, d’analyser et de'discuter ces projets ; les uns déjà présentés à la Classe ont reçu son approbation; les autres seront sans doute graduellement exécutés, et notre collègue, en les mettant sous les yeux de la Classe, lui donnera l’occasion de les apprécier. M. r Darier-Cabrit 1 a aussi présenté quelques machines de sa fabrication. Son odomètre ou machine à mesurer l’espace parcouru par une voiture quelconque, est d’une exécution simple et soignée ; il paraît remplir complettement sa destination. Les ménagères ont vu avec intérêt la machine au moyen de laquelle on plisse le linge avec tant de précision et de propreté, à meilleur marché que lorsqu’on le faisait mal et souvent malproprement. Les constructeurs de maisons auront 1 Livret n.9 247 et 255. — Rue des Étuves-,-n. 0 i3a. MACHINES DIVERSES. 101 vil aussi avec intérêt l’essai de latrines 1 inodores que le même artiste a exposé, et quoiqu’il ne soit pas peut-être aussi parfait que l’état de cette branche de l’art le comporte, il est bon de savoir que cette amélioration commence à s’introduire dans un pays où elle a été trop long-temps négligée. La machine à mesurer la force du coup de poing, soit dynamomètre à répulsion, exposé par M. r Baldiguer 2 , ne semble pas, il faut l’avouer, d’un grand intérêt pour les arts, si ce n’est peut- être pour les boxeurs, gens bien capables de s’en moquer; mais elle n’en mérite pas moins quel- qu’intérèt, si comme on doit l’espérer, ôn parvient avec quelque modification à l’appliquer à la mesure de certains chocs dont l’effet a de la régularité et de l’importance, tels |que les coups de balancier, de mouton, de marteau, la débande des ressorts, etc. Nous engageons son auteur à diriger son talent sur des objets plus dignes de lui. Sa machine pour piquer et justifier les rouleaux de musique paraît bien remplir son but et mérite approbation. Malgré notre intention de ne pas blâmer en public, il nous est impossible pour l’honneur de la Société des Arts, de ne pas demander à l’auteur du bateau mécanique (n." 209), quelle est la puis- 1 Livret n.° 236 bis. 2 Livret n." 201. — Rue de ia Machine n.° 23 . 3 . 102 FABRICATION D OUTILS. sance qu’il veut appliquer à la manivelle qui paraît destinée à faire tout mouvoir, et par quelle nouvelle loi de mécanique, des roues etdes engrenages produiront de la force au lieu de la transmettre ! M. r P.-E. Maurice 1 a exposé deux dessins représentant la partie principale des moulins à blé de Zurich. Ces dessins exécutés avec fidélité et élégance ont été étudiés avec intérêt par les connaisseurs ; ils font partie d’un travail que ce jeune ingénieur prépare pour faciliter la construction de moulins à blé dont nous sentons vivement le besoin; tous les nôtres, construits grossièrement et sur des modèles surannés, ont besoin d’être renouvelés; déjà les Classes d’industrie et d’Agri- culture se sont occupées de ce sujet important, et le travail de M. r Maurice, donnera probablement l’occasion de reprendre ces projets et de les mettre à exécution. §. 38. Fabrication d’outils. Les arts ont sans cesse besoin les uns des autres, non - seulement pour les produits variés qu’ils peuvent être dans le cas d’employer , mais même pour la construction des outils les plus journaliers. L’assortiment, pour ainsi dire, d’un nombre considérable de métiers dans la même î Livret n.° 76. — Rue de la Cité n.° 24 . FABRICATION d’oUTILS. 103 ville est une chose nécessaire et qui tend à fixer l’industrie dans un lieu donné. Nous avons vu avec intérêt paraître à l’exposition un grand nombre d’articles qui ont sans doute peu frappé la partie du public complettement étrangère aux procédés téchnologiques, mais dont l’examen n’a pas échappé à l’œil pénétrant des artistes : tels sont les divers objets qui servent à la fabrique de l’horlogerie ou aux autres arts qui prospèrent dans notre ville. Pour commencer par un outil sur lequel la Société des Arts a souvent attiré l’attention publique, nous rappellerons que MM. les frères Flot 1 ont exposé un assortiment de limes douces, demi-douces et bâtardes; cl’écarissoirs, d’échoppes, riffloirs et burins à jtourner les métaux. On conçoit tout l’intérêt d’une pareille fabrication dans une ville où le travail des métaux joue un rôle aussi important que la nôtre ; les formes des limes et autres outils de M.’ Flot ont en général , et malgré quelques légères critiques , été approuvés ; mais tous les connaisseurs se sont accordés à donner des éloges à la taille de ces outils ; deux conditions sont ici requises , savoir : la forme des élémens , leur régularité ou égalité ; le dernier point est surtout très - remarquable dans les objets exposés; le premier ne peut-être, 1 Livret il." 2'L — Rue du Toupie, n." 162 . FABUICATIOJV D OUTILS. 104 non plus que la qualité de la trempe, complette- ment apprécié que par l’usage. Tout ce qui nous en est revenu, prouve que ces fabricans sont loin d’être en arrière sur l’état actuel de leur art. En définitive, l’exposition de M/Flot a donnéunebonne idée de leurs talens, et la Société doit les encourager à faire des efforts pour persévérer dans cet utile travail et pour soigner toutes les qualités de leurs limes avec une scrupuleuse attention. Les ouvrages de deux fabriques de vis ont paru à l’exposition, savoir : iCeux de la maison Rossel et Arm an, exposés par M. r Ader 1 2 , qui a montré des échantillons de vis très-bien exécutés et destinés pour l’horlogerie et les pièces à musique. Ces objets sont fabriqués à Cluse et n’auraient pas eu droit de paraître à l’exposition, si l’un des associés de la maison qui les produit n’était Genevois. Cette fabrication avait pris naissance à Genève > dans le grand établissement de MM. Sawdoz et Rossel. 2. 0 M. r Eourgeaux 2 a exposé une carte d’échantillons de vis de diverses sortes et grandeurs. Cette carte a été une annonce agréable pour un grand nombre de personnes qui, n’ayant pas d’ateliers de mécanique assez étendus, sont continuellement entravées faute d’un nombre suffisant d’outils ou d’engins convenables; M. r Bour~ 1 Livret n.° 98 11 . 2 Livre! u.° 154. Rut' (lu Temple i).° i52. FABRICATION d’oUTILS. 105 gkaijx remplit cette lacune sous plusieurs rapports et en particulier ses vis sont faites avec une perfection qu’il est bien difficile d’atteindre lorsqu’on n’en fait pas un objet spécial de fabrication. Il lui manquait d’être suffisamment connu; nous espérons que l’exposition y aura remédié pour son bien et pour l’utilité des autres industries. M. r Mcnier* a exposé des échantillons de scies pour l’horlogerie, qui sont estimées des hommes de Fart et qu’il met dans le commerce à six francs la grosse assortie. M. r Rossier 2 a aussi exposé des scies à vider et fendre les perles qui ont été également appréciées par les connaisseurs. M. r Petit- Pierre 3 a montré un tour d’horloger à pointes, instrument consacré par l’usage, quant à sa forme générale, et où il a introduit quelques légères modifications. M.' Olivier 4 , de Carouge, a exposé un laminoir qui a frappé les artistes par l’élégance et la recherche de son travail; quoique son prix, fixé à douze louis, soit modéré; on sait que cet outil est d’une grande importance pour la bijouterie. MM. Gocnouiliiou et François ont exposé un compas aux engrenages perfectionné par M. r Ja- cottet 5 , artiste justement apprécié par les ou- 1 Livret n.° 16. — Rue des Allemands-dessus n.° 47- 2 Livret n.° 250. — Rue du Cendrier n.° 109 . 1 Livret n.° 4. — Rue du Cendrier n.° 117 . i Livret n.° 7. — Rue de la Filature n.° »i5. 3 Livret n,°" 98 N. 106 FABRICATION D OUTILS. vriers désireux d’apporter une grande attention aux engrenages des montres. Ce compas a deux poupées très-courtes qui permettent de se servir d’une forte loupe pour s’assurer s’il y a des imperfections dans les engrenages des petits pignons ou dan6 la denture des roues qui échappent aux loupes ordinaires. Notre collègue, M. 1- 2 Darier-Wagnon 1 a exposé des contre - pivots et plusieurs autres pièces de son importante fabrique, que nous devons mentionner , mais sur laquelle nous reviendrons plus tard avec l’intérêt que nous inspire tout le talent de son créateur. Pour parler d’outils applicables à des arts moins délicats,nous rappe lierons que M. Girome 2 a enri chi le canton d’une industrie nouvelle, en se livrant à la fabrication des outils propres à travailler le bois; il a exposé divers outils de menuiserie fabriqués avec soin et quelques-uns améliorés par lui, tels sont : 1. ° Une varlope à double fer, où les extrémités des deux fers sont maintenues .à la distance désirée , par le moyen d’une vis placée sous le coin. 2 . ° Un bouvet dont les menuisiers approuveront la commodité ; son perfectionnement consiste en ce qu’on y a ajouté un mécanisme composé de trois roues à engrenage, au moyen desquelles les deux 1 Livret n.° 165. — Place de la Taconnerie n.° 88. 2 Livret n.° 213. — Rue du Perron, n.° 102 . INSTRUMENS DE MUSIQUE. 107 parties du bouvet sont toujours maintenues parallèles l’une à l’autre, quelque soit leur écartement, résultat qu’on n’obtient dans les bouvets ordi- nairesque par destâtonnemens longs et incertains. M. r Girome mérite tous les encouragemens de la Classe. §. 39. Instrumens de musique. La fabrication des pianos était naguères un art peu important dans notre pays, mais il s’y est développé depuis quelque temps, soit parce que la musique y est devenue un goût plus universel, soit parce que nos fabricans , mieux avisés, ont cherché à obtenir leur part des sommes que les amateurs de musique dépensent annuellementpour leurs instrumens; çà donc été une surprise agréable pour le public que de voir le nombre et le mérite des artistes de ce genre que nous possédons. Ce nombre a été, il est vrai, un peu exagéré, parce que deux de nos compatriotes, facteurs de pianos à l’étranger, ont profité du droit qu’ils avaient de placer leurs ouvrages à l’exposition. M. r Emile Mussard i , établi à Paris, a envoyé un piano carré à trois cordes, d’une facture soignée- Le toucher facile de cet instrument, l’égalité et la 1 Livret n.° 2. — Son adresse,à Genève, chez M. r Morin-Deriaz ; à la Taconnerie n.° 88. 108 INSTRUMENS DE MUSIQUE. douceur des sons, lui ont concilié la faveur des amateurs. M. r Jacob Müssard 1 2 , établi à Lausanne, a exposé un clavi-harpe perfectionné. On reprochait à cet instrument d’avoir le clavier lourd et de se refuser au tril rapide, enfin de manquer de sûreté en échappant à la corde ou en la frappant deux fois au lieu d’une. M. r Müssard, en substituant un mode d’échappement analogue à celui des pianos, au lieu de l’entraînement du doigt mécanique, par la touche à laquelle il était fixé , a obvié à la pesanteur du clavier qui est devenu aussi léger et aussi prompt que le peut être celui d’un piano et permet à faire le tril aussi précipité qu’on le désire. La suppression d’une masse dont la projection ne répondait pas toujours à la volonté de l’exécutant et son remplacement par des conducteurs fixes, rend la fonction immanquable et contribue encore à la légèreté du clavier. Tels sont les principaux perfectionnemens que cet instrument doit à M. r Müssard, artiste habile, qui joint la théorie à la pratique de son art et a déjà avancé celui-ci sur plusieurs points. M. r Brasciioss 2 a présenté un piano à queue , d’une ébénisterie soignée et brillante.Ce piano joint 1 Livret n.° 13. — Son adresse, à Genève, chez M. r Morin-Deriaz , à la Tacconnerie n.° 88. 2 Livret n.° 27. — Rue de Coutance n,° i! t o. INSTHUMEÜfS DE MUSIQUE. 109 à son bel extérieur un son d’une force et d’un éclat remarquables qui le rendrait particulièrement utile pour les grands vases , tels que les théâtres , les églises ou les vastes salles de concert. Le clavier de l’instrument, pouvant à volonté s’enfoncer plus ou moins, ainsi que l’apprend l’auteur de l’instruction cpii accompagnait l’instrument, il est fâcheux qu’on ne l’ait pas mis immédiatement dans la situation la plus favorable. Le piano carré à trois cordes du même auteur, exposé sous le n.° 18 ne partageait pas la même objection; il a été touché et entendu avec faveur par les assistans. MM. Frey 1 ( George et Adolphe ) ont fait voir vers la fin de l’exposition , un piano à buffet d’un extérieur commode et agréable et d’un travail soigné quant à ce qui constitue l’instrument en lui- même ; les sons en sont beaux et soutenus ; ils ont en général de la fondeur et de la vigueur. Nous avons regretté que cet instrument, apporté très- tard , n’ayant été en vue que peu de temps, n’ait pu acquérir à l’exposition la réputation qu’il mérite. Enfin M. r Stuaubeii 1 2 a montré un exemple d’un genre de pianos qui mérite aussi de l’intérêt. Il a tenté de réduire à de très-petites dimensions un piano à six octaves , de manière à lui 1 Livret n.° 263. — Grand’rue, au coin de la Pélisseric. 2 Livret n. n 52. t~ Maison de la Bourse française. 110 EXPLOITATION DES FERS. conserver une bonne qualité de son. Cette tentative a deux genres d’utilité; elle diminue la place nécessaire pour ces instrumens, circonstance importante dans un pays où les logemens sont aussi resserrés que les nôtres, et elle réduit le prix d’un piano à trois cents francs ; économie précieuse, soit pour les leçons des commençans, soit pour les personnes de fortune médiocre, parmi lesquelles le goût de la musique se répand chaque jour davantage. La prompte vente des pianos de M. r Straubeu et le nombre des commandes qu’il reçoit, sont la preuve incontestable qu’il a senti un des besoins de la population et y a convenablement répondu. On pourrait dire, en employant le langage de l’époque, qu’il est le facteur de pianos de la petite propriété. §. dO. Exploitation des fers. L’exploitation des fers indigènes de la Suisse a pour nous un grand intérêt, vu que les fers de France qui sont dans notre voisinage, favorisés par le droit énorme qui frappe les fers étrangers, refluent à l’intérieur de la France, à ce point que malgré les frais de port, il nous est plus avantageux, dans certains cas, de les tirer d’Angleterre que des départemens limitrophes de la France. Les forges d’Ardon, situées dans le canton du Valais, près de Sion, appartiennent à une société EXPLOITATION DES FERS. 111 anonyme, dont le siège est à Genève, et dont les produits ont fait partie de l’exposition 1 ; ces forges sont alimentées par les mines de fer de Cha- moison et de Chemin, qui donnent des minerais exceliens, et qui sont assez riches pour suffire au plus grand développement de cette usine. Les échantillons soumis à l’exposition sont des fers forgés, des roues d’engrenage en fonte de première fusion, des grilles et des plaques, ainsi que de petits saumons, dont la cassure a permis de juger la bonne qualité de la fonte. Les fers forgés nous ont paru se distinguer essentiellement par le nerf qui indique leur ténacité et leur ductilité. Le saumon cassé et traversé par un trou de foret, présente l’aspect d’une fonte grise malléable, et forable. Les deux grandes roues d’engrenage du battoir écossais paraissent d’une belle exécution, et font espérer que le développement de cette usine concourra aux progrès de la construction de ces machines dans notre pays. La Compagnie des Forges d’Ardon va s’occuper de joindre à la fabrication des fers forgés, celle de tous les objets susceptibles d’être coulés en fonte, sablerie, moulages à découvert et en châssis , pièces de rouages et de machines. La bonne qualité de ses produits, sa position favorable et 1 Livret n." 68. 112 OUVRAGES DIVERS EN MÉTAUX. Ja bienveillance que lui accorde le gouvernement du Valais, font espérer que cette usine, d’ici à peu de temps, pourra fournir notre pays d’un grand nombre d’objets que nous tirons de l’étranger. Ce développement pourrait favoriser plusieurs industries telles que la taillanderie, la clouterie, la tre- filerie, la quincaillerie, la fabrique de machines et mécaniques pour les arts et l’agriculture, et l’introduction parmi nous de plusieurs articles d’économie domestique qui, faits en fonte, ont une durée plus longue et un usage plus sûr qu’avec d’autres matières. Nous croyons que la Classe d’Insdustrie doit faire des vœux pour le succès de cet établissement. §. -41. Ouvrages divers en métaux. Les ouvrages en métaux se sont montrés avantageusement à l’exposition et sont en général au nombre de ceux où l’industrie genevoise a le plus de succès; l’habitude de manier les métaux les plus précieux que l’horlogerie a introduite chez nos artisans, a probablement influé sur cette direction générale. Les ouvrages de cuivre jaune coulés et de fonte de fer ont paru à des connaisseurs exercés , supérieurs à ceux qu’ils avaient eu eux-mêmes occasion de faire exécuter dans les meilleurs ateliers de Paris, même dans ceux diri- OUVRAGES DIVERS EN MÉTAUX. 113 gés par des ouvriers anglais. Cette supériorité leur a paru surtout sensible sous le rapport du moulage, de l’égalité et de l’homogénéité du métal ; ce dernier point est le plus important à remarquer ici, car on a pu soigner d’une manière particulière le moulage pour une exposition d’apparat, tandis que la pâte métallique elle-même doit être un objet de fabrication usuelle. Les ouvrages en fonte de M. r Maget 1 méritent particulièrement ces éloges; les poulies qu’il a exposées à divers degrés de fini, ont mérité l’approbation des hommes de l’art, tant pour le travail que pour la forme; ses épreuves de médailles en fonte sont très-remarquables par la finesse de la pâte et la pureté des traits. MM. Jaquerod frères 2 ont exposé un robinet de fonte à trois eaux. L’exécution de cet appareil qui ne laisse que bien peu à désirer pour le travail et la difficulté des formes , annonce que ces artistes sont capables d’exécuter les parties compliquées de leur art. M.' Darier-Cabrit 3 a exposé des cylindres de cuivre jaune tirés au cric, des balustres en tôle de fer, recouverts de laiton, pour tubes de lunettes et d’autres pour balcons, des poignées, 1 Livret n.° 117 et 183. — Place de la Magdclainc n." 137 . 2 Livret n.° 83. — Rue de Rive n.° 3. 3 Livret n.° 238 bis, 247 et 255. — Rue dès Étuves n.» 129 . 8 114 OUVRAGES DIVERS EN MÉTAUX. (les rosettes et autres objets métalliques , tous remarquables par leur bonne exécution et leur élégance , quelques - uns par des combinaisons heureuses dont nous avons déjà parlé lorsque nous les avons considérés sous le rapport mécanique. Non - seulement ces objets sont d’une meilleure conservation et d’un fini plus précieux que la plupart de ceux qu’on trouve dans les magasins de quincaillerie, mais ils offrent au consommateur le grand avantage qu’il pourra les réassortir à volonté toutes les fois qu’il aura besoin de renouvellement ou de réparations partielles. M. r Ladermann 1 a exposé un assortiment de lettres et de chiffres en acier et en laiton qui se font remarquer par leur exécution soignée, la netteté de leurs contours et la régularité des proportions, Il est le premier qui, dans notre Canton, ait fait de cet objet une branche spéciale d’industrie , ce qui lui permet de céder ces lettres à un prix fort inférieur à celui auquel les ouvriers qui ne les établissent pas en fabrique peuvent les livrer. Cette circonstance tendra à en multiplier l’usage pour étiquettes, écriteaux ou enseignes soignées. Ces enseignes en lettres plates de laiton peuvent réunir en effet l’économie et la simplicité avec l’élégance des formes et la durée presqu’indéfinie; déjà quelques écriteaux de ce genre, placés dans 1 I,i\ret n." 112. — Rue du Temple h.° 211 , ZJNC. 115 notre ville, s’y font remarquer agréablementet tendront à y répandre l’usage encore trop négligé des écriteaux bien visibles. En particulier les lettres d’acier azurées, fabriquées par M. r Ladermann, destinées à marquer l’orfèvrerie en argent et les objets en laiton présentent l’avantage de ne point gâter le fini de l’ouvrage sur lequel on les imprime, parce qu’elles n’exigent qu’une foible percussion; on les employait peu à cause du prix élevé auquel elles étaient dans le commerce, si on le compare à celui auquel M. r Ladermamî est parvenu à les livrer. MM. Ciiomel 1 frères ont présenté un modèle d éjà cité d’une machine servant à la fabi'ication des eauxminérales et à d’autres expériences sur les gaz. L’exécution de cet appareil fait honneur aux connaissances de ces fabricans et a montré surtout l’exactitude et la beauté de leur travail comme fondeurs et tourneurs de métaux. §. 42. Zinc . M. r IIitz 2 propriétaire de mines de zinc dans le Canton des Grisons, a envoyé à l’exposition un échantillon de ses produits. Le zinc qu’il 1 Livret n.° 160. — Au haut de la rue du Temple. 2 Livret n.° 237. 116 ZINC. prépare , présente , d’après le prix auquel il se maintient, une supériorité marquée sur celui qui est le plus répandu dans le commerce. Il la doit à ce qu’étant obtenu par distillation , il n’est point mélangé av^c d’autres métaux ; il est pur, plus malléable et se laisse laminer en feuilles très- minces. Le modèle de. toiture en zinc exposé par M. r Hitz, présente une construction dans laquelle toutes les plaques sont mobiles; il en résulte qu’elles supportent les alternatives du chaud et du froid sans tiraillemens et sans dé- chiremens , deux inconvéniens qu’on n’avait pas évité dans les essais de toiture en zinc faits précédemment chez nous et dont le mauvais succès a dégoûté de ce genre de construction. On nous assure que grâces à ce nouveau mode, on a fait des toitures à Coire, à Zurich et ailleurs qui n’ont exigé de réparations qu’après plusieurs années. Cette construction a encore l’avantage que les charpentes qu’on en recouvre, n’ayant à supporter qu’un poids très - leger comparé à celui des tuiles, peuvent être construites en bois beaucoup moins tort. Le mètre carré posé de toiture en zinc revient à Genève à environ sept francs. M. r Hitz offre de faire poser les premières toitures d’essai. Le métal peut après avoir servi se revendre aux fabricans de laiton pour la moitié environ de sa valeur primitive. FERBLANTERIE ET CHAUDRONNERIE. 117 §. 43 . Ferblanterie et Chaudronnerie. Les ouvrages de ferblanterie et de chaudronnerie qui ont paru à l’exposition ont donné en général une idée avantageuse de cette partie de nos arts industriels, et auraient paru mieux encore si les lampistes ne s’étaient pas abstenu de se montrer. MM. Lugrw 1 etKmiAN 2 ont exposé divers articles de ferblanterie soignée. M. r P. Favre 3 a montré un grand nombre d’articles courans de sa fabrication qui ont satisfait le public par leurs formes et leur fini. M. r Weid- ner 4 outre la confection de la partie de chaudronnerie du grand appareil de chauffage de M. r Viande, a exposé un chauffe-lit en cuivre rouge et un bac à thé de cuivre jaune qui par leurs formes et leur travail ont été avantageusement remarqués. Les ouvrages de M. r Givau- dan 5 ont aussi mérité de justes éloges : quelques - uns d’entr’eux , restreints au marteau à la manière des orfèvres, offrent des formes creuses sans soudure : tel est par exemple son cornet acoustique. 1 Livret n.° 5. — Rue d’Enfer n.° 199 . 2 Livret n.° 159. — Rue de la Pélisserie b.° 129 . 3 Livret n.° 93. — Rue du Roule n.° 206 . Livret n.° 35 et 162. — Rue du Perron, n.° i55, 3 Livret n." 229. — Rue d’Enfer n.® i33. 118 SERRURERIE. §. 44. Serrurerie. La serrurerie est en général un art qui s’exerce avec succès dans notre ville, et nous ne tirons de l’étranger que quelques objets de fabrique dont le bon marché fait tout le mérite, ou quelques objets de fantaisie. On fabrique à Gênes des lits en fer que depuis quelques années étoient un objet d’exportation. M. r ScriwARM 1 a essayé de rivaliser avec Gênes et y a très-bien réussi. Les. lits qu’il fabrique en imitation de ceux d’Italie sont au moins aussi bien faits et reviennent à meilleur compte ; il en a exposé deux sous les yeux du public ; l’un est susceptible de se démonter en douze parties pour se mettre dans une caisse de voyage de huit pouces de largeur sur quatre de hauteur; il est muni de roulettes en cuir et très-soigné dans son exécution ; il peut en faire qui se démontent en quatre parties seulement, les pieds et les écrous en laiton, au prix de cent seize francs, et le prix serait encore réduit pour des lits analogues qui ne seraient pas destinés à être démontés. Nous ne doutons pas que ce genre de lits, si utiles pour la propreté et en même temps légers et commodes 1 Livret n.° 8. -— Place du Bourg- dc-Four, près l’Arcade. SERRURERIE. 119 ne devienne un objet de fabrique et de consommation usuelle, et déjà nous savons que grâces aux nombreuses demandes, en partie déterminées par l’exposition, M. r Scïiwarm s’occupe des moyens de confectionner ces lits en grande fabrique et d’une manière plus économique; M. r Schmidt 1 a exposé une serrure qui se fait remarquer non-seulement par la beauté de son exécution et par le jeu facile des diverses- pièces qui la composent, mais encore par les nouvelles combinaisons que l’auteur y a employées pour en rendre l’ouverture impossible à tout autre qu’au possesseur de la clef. Deux plaques se mouvant par ressorts et. fermant complettement le passage de la clef lorsque celle-ci n’est pas dans la serrure, sont ajustées sur le foncet et empêchent toute introduction de fausses clefs ou de crochets. L’une des deux clefs qui accompagne la serrure , est destinée pour la poche et présente la forme d’un cylindre. Le trou de la broche est bouché de manière à ne permettre l’introduction d’aucun corps étranger qui pourrait l’obstruer. Ces clefs n’étant pour ainsi dire que les tiges de la véritable clef qui reste constamment dans la serrure, ne présentent qu’un très-petit volume, proportionnellement à la serrure qu’elles doivent 1 Livret n." 106. — Rue de la Pélisserie, n.° io5. 120 Serrurerie. ouvrir, et M. r Schmidt a déjà appliqué ce principe avec avantage à des fermetures de magasin. Dans celle qu’il a exposée, le propriétaire est averti combien de fois la serrure a été ouverte dans le cas où il en a confié les clefs à quelqu’un. Un cadran intérieur, portant des numéros, tourne lorsque la serrure s’ouvre et présente chaque fois un nouveau chiffre à un guichet pratiqué sur son entrée. Enfin cette serrure se place de manière que l’on n’aperçoit au dehors ni vis ni pièce qui la tienne. Elle a été généralement admirée du public. M. r Dubourg 1 , l’un de nos plus anciens maîtres serruriers, a exposé une serrure destinée pour un coffre-fort ou une chambre renfermant des objets précieux, tel par exemple que celle d’une administration financière. Cet ouvrage est solide et bien exécuté. 11 est hérissé de difficultés de détail qui donnent une idée avantageuse des ta- lens de l’artiste qui l’a conçu et exécuté. Les trois articles désignés en détail au livret, forment un ensemble de précaution qui ne peut être découvert ni trompé; l’exécution en est si soignée que malgré la force des ressorts et la configuration compliquée des pièces frottantes, les fonctions en sont douces et faciles. 1 Livret n 0 170. — Rue Verdaine n. n a!>- r,; -, V ■ V "■ Ü; Zentralbibliothek Zürich ' ZM02 107389 rtVAL. <€-fM y &