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Position officielle du Parlement européen - Textes adoptés

Résolution du 19 novembre 1997 sur le traité d'Amsterdam (CONF 4007/97 - C4-0538/97)
A4-0347/97


Le Parlement européen,

1. considérant que les peuples et les parlements des États membres ainsi que les institutions de l'Union attendent du Parlement européen qu'il émette un avis sur le traité d'Amsterdam,

2. considérant que, de par la double légitimité de l'Union européenne, union des États et union des peuples d'Europe, il incombe au Parlement européen d'exprimer en toute indépendance la volonté d'intégration des peuples de l'Union,

3. considérant que la récente Conférence intergouvernementale a mis en lumière les limites de la méthode de la négociation diplomatique; que, eu égard à la contribution constructive qu'il a apportée lors de la révision des traités ainsi qu'à sa fonction de représentant légitime des citoyens européens, le Parlement européen doit revendiquer un rôle très substantiellement accru en ce qui concerne les prochaines modifications du traité;

4. considérant que les intérêts internationaux de l'Union européenne exigent qu'à l'avenir son identité soit plus claire;

5. considérant que le complément politique apporté à l'Union par le traité d'Amsterdam est trop limité pour accompagner valablement l'Union monétaire et qu'il faudra, par conséquent, se pencher au plus vite sur les aspects institutionnels de celle-ci, notamment en ce qui concerne l'exercice du contrôle démocratique;

6. considérant que l'analyse du nouveau traité doit s'effectuer principalement sur la base des six critères suivants :

a) toute nouvelle mesure d'intégration doit accroître la qualité démocratique de l'Union et faire l'objet d'une légitimation démocratique,

b) la double nature de l'Union - union des peuples et union des États - suppose que toute mesure d'intégration renforce l'identité de l'Union et sa capacité d'action, qu'elle tienne compte de l'identité des États membres, de l'essence des cultures constitutionnelles nationales et les protège et qu'elle préserve la parité entre tous les États membres et la diversité des cultures de ses citoyens,

c) il y a lieu de déterminer si et dans quelle mesure chaque avancée d'intégration constitue une expression de l'Union et la renforce, non seulement en tant que marché commun mais aussi en tant que système de valeurs, et quelles améliorations de la qualité de vie des citoyens, de leurs perspectives d'emploi et de la qualité de la société elle rend possibles, en particulier les effets, dans la pratique, de la citoyenneté européenne,

d) toute nouvelle mesure d'intégration doit représenter un progrès, une évolution constructive par rapport à l'acquis,

e) la nouvelle étape d'intégration doit être jugée à l'aune des demandes et attentes formulées par le Parlement européen dans la perspective et au cours de la Conférence intergouvernementale,

f) il y a lieu de déterminer si la nouvelle étape d'intégration crée les conditions institutionnelles des prochains élargissements,

7. considérant que d'autres améliorations allant dans le sens des intérêts du citoyen ne sont possibles que si l'analyse qui se dégage de l'application des critères énoncés ci-dessus est transformée par toutes les forces politiques et sociales de l'Union agissant solidairement en un combat constructif assorti de suggestions concrètes pour l'avenir immédiat;

8. conscient que les valeurs fondamentales que constituent pour l'Union européenne la paix, la démocratie, la liberté, les droits de l'homme, l'État de droit, la justice sociale, la solidarité et la cohésion ne sauraient jamais être considérées comme acquises mais qu'elles doivent faire l'objet d'une conquête incessante;

Appréciation générale

1. recommande aux États membres de ratifier le traité d'Amsterdam;

2. constate que le traité d'Amsterdam marque une nouvelle étape dans le processus inachevé de construction d'une union politique européenne; qu'il comporte des avancées non négligeables pour certaines institutions, mais laisse irrésolues d'autres questions;

3. déplore que le traité d'Amsterdam ne comporte pas les réformes institutionnelles nécessaires au fonctionnement efficace et démocratique d'une union élargie et affirme que ces réformes doivent être réalisées avant l'élargissement et dans les meilleurs délais afin de ne pas retarder les adhésions;

4. demande au Conseil européen d'affirmer qu'aucune adhésion n'entrera en vigueur avant que soient menées à bien les réformes institutionnelles nécessaires au bon fonctionnement d'une Union élargie, d'entamer, sur la base de la présente résolution, ses travaux à ce sujet et d'engager dans ce cadre un dialogue politique avec le Parlement européen;

Principes

5. souligne que, d'une part, le traité d'Amsterdam privilégie en principe la méthode communautaire et, d'autre part, circonscrit de manière acceptable les risques d'une intégration différenciée (inévitable dans plusieurs domaines), et ce au moyen de critères précis et grâce à son caractère exceptionnel; souligne toutefois que des démarches plus courageuses et plus résolues dans le passage à la méthode communautaire auraient été nécessaires;

6. voit dans le fait que le traité d'Amsterdam confirme les objectifs de l'Union et les principes de la Communauté le signe de la nécessaire volonté d'intégration des peuples et des États; déplore, cependant, l'absence d'un préambule qui, à l'instar des traités antérieurs, eût exprimé de façon explicite la volonté politique commune des parties contractantes, volonté qui doit viser à l'appartenance à une communauté qui soit d'avantage que la somme de ses parties et qu'un simple groupement d'intérêts dont les membres ne poursuivent pas d'autres buts que l'équilibre entre la contribution qu'ils apportent et les avantages qu'ils obtiennent;

7. souligne que les nouvelles possibilités offertes par le traité d'Amsterdam n'aboutiront à des résultats tangibles que si se manifeste la volonté politique d'une démarche commune dans tous les domaines couverts par les traités, laquelle n'existe pas, pour l'heure, dans une mesure suffisante, et si s'établit un nouveau rapport de confiance mutuelle entre les États membres et entre ceux-ci et les institutions de la Communauté;

Base des politiques de l'Union

8. constate, à la lumière des éléments énoncés dans le document de séance (A4-0347/97) ( 9), que le traité d'Amsterdam a, à certains égards, sensiblement amélioré les instruments mis à la disposition de l'Union pour développer des politiques dans l'intérêt des citoyens - politiques menées par la Communauté, notamment dans le domaine social et de l'emploi, environnemental et sanitaire, et de la sécurité intérieure; d'autres améliorations se révélant nécessaires, demande notamment:

9. constate que le traité d'Amsterdam apporte quelques améliorations institutionnelles, budgétaires et pratiques dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune mais que, globalement, il est nettement en retrait par rapport aux attentes, pas seulement en ce qui concerne les mécanismes de décision; souligne notamment:

10. perçoit certains progrès dans le domaine des affaires intérieures et de la justice dans les secteurs qui continuent de relever de la coopération intergouvernementale; demande au Conseil et aux États membres:

Questions institutionnelles

11. reconnaît que le traité d'Amsterdam confirme l'Union européenne en tant que système de valeurs d'une communauté solidaire caractérisée par la liberté, la démocratie, l'État de droit et social assortie de droits fondamentaux et de droits des citoyens communs et qu'il la développe sur certains plans;

12. se félicite de l'extension de la procédure de codécision à plusieurs domaines nouveaux ainsi que du droit d'approuver la désignation du Président de la Commission; demande toutefois en outre que:

13. reconnaît les progrès accomplis en matière de transparence et de publicité , par la simplification et la réduction du nombre des procédures de décision, grâce aux règles fixées par le traité pour l'accès aux documents et grâce au toilettage des textes des traités; souligne toutefois que le principe de l'accessibilité du citoyen impose de compléter ces efforts par:

14. regrette que l'on ne soit pas suffisamment parvenu à améliorer l'efficacité des procédures de décision en étendant le vote à la majorité qualifiée;

15. prend acte que le traité d'Amsterdam reconnaît dans le protocole sur les institutions la nécessité d'autres réformes institutionnelles avant l'élargissement de l'Union à plus de vingt membres; approuve dans ce contexte, sans réserves, la déclaration commune de la Belgique, de la France et de l'Italie préconisant de telles réformes comme condition de tout élargissement;

16. demande donc notamment qu'avant tout élargissement:

17. demande aux États membres de ne recourir qu'en toute extrémité à la possibilité de faire obstacle à une décision à la majorité en invoquant des raisons de politique nationale importantes, possibilité qui est prévue par le traité d'Amsterdam dans le domaine de la politique étrangère et dans le cadre de la "coopération renforcée";

Méthode et stratégie ultérieures

18. constate que le traité d'Amsterdam marque la fin d'une époque historique au cours de laquelle l'oeuvre d'unification européenne a pu progresser peu à peu avec les moyens de la diplomatie traditionnelle;

19. se déclare convaincu que la politique doit plutôt, à présent, jouer le premier rôle dans la réforme de l'Union européenne et que, dans ce contexte, surtout le Parlement européen et les parlements des États membres doivent exercer leurs droits;

20. demande à la Commission de lui soumettre, en temps utile avant le Conseil européen de décembre 1998, un rapport avec des propositions pour une réforme d'ensemble des traités, nécessaire notamment dans le domaine institutionnel et dans le contexte de l'élargissement; demande que ce document, conformément au nouveau protocole concernant le rôle des parlements nationaux dans l'Union européenne, soit transmis aux parlements des États membres; se propose de définir, à la lumière de ces propositions, sa propre position en temps utile dans le cadre de ce processus, afin d'engager ensuite un dialogue entre Commission et Parlement européen; demande que, avant la modification de l'article 48 (ancien article N) du traité sur l'UE, le Parlement soit pleinement associé à la prochaine conférence intergouvernementale et qu'il soit décidé d'un commun accord contraignant (en s'inspirant du modèle des accords interinstitutionnels) que le traité ne peut entrer en vigueur qu'après approbation du Parlement;

21. attend avec intérêt les prises de position des parlements des États membres sur ce rapport; exprime son intention d'intensifier systématiquement les contacts avec les parlements des États membres pour mener un dialogue politique et examiner la réforme future de l'Union européenne;

22. demande à la Commission de faire sienne la position prise par le Parlement européen et de présenter des propositions formelles de modification des traités conformément à l'article 48 (ancien article N) du traité sur l'UE; demande que le Parlement européen soit associé paritairement à la suite de la procédure;

23. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements et aux gouvernements des États membres, et de veiller à ce qu'elle soit accessible à l'opinion européenne, de même que le document de séance qui s'y rattache.


( 1) JO C 151 du 19.06.1995, p. 56.

( 2) JO C 96 du 01.04.1996, p. 77.

( 3) JO C 33 du 03.02.1997, p. 66.

( 4) JO C 115 du 14.04.1997, p. 165.

( 5) JO C 200 du 30.06.1997, p. 70.

( 6) JO C 222 du 21.07.1997, p. 17.

( 7) JO C 77 du 19.03.1984, p. 53.

( 8) JO C 125 du 18.05.1992, p. 81.

( 9) Voir exposé des motifs du rapport qui contient le présente résolution.


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