"Yoroï" avec Orelsan, un conte fantastique et une fable potache au pays du Soleil-Levant, à réserver aux fans

Un film maladroit et dispensable, mais drôle malgré tout, dans lequel Orelsan joue son propre rôle.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Orelsan joue son propre rôle dans le film "Yoroï" de David Tomaszewski. (SONY PICTURES RELEASING FRANCE)
Orelsan joue son propre rôle dans le film "Yoroï" de David Tomaszewski. (SONY PICTURES RELEASING FRANCE)

"On a voulu faire un film qui est à la fois une comédie, un film d'action, un film d'aventures pour toute la famille, comme on aimait bien dans les années 1990 ", résume Orelsan à propos de Yoroï. Ce film, que le rappeur normand a co-écrit avec le réalisateur David Tomaszewski et dans lequel il tient le premier rôle, jongle effectivement avec les genres, y compris avec l'auto-fiction, Orelsan jouant son propre rôle dans cette métaphore de la célébrité, en salles mercredi 29 octobre.

Le pitch : à l'issue de sa tournée Civilisation, Orelsan est rincé. Après les concerts, "il ne reste que les galères", souffle-t-il. Rançon de la gloire, il est assailli de messages, de critiques, de louanges, d'informations et de propositions, cet implacable tourbillon de l'époque. Jusqu'au burn-out. Afin de prendre de la distance, il part s'installer au Japon avec son épouse d'origine nippone, Nanako (jouée par Clara Choï), enceinte jusqu'au cou de leur premier enfant.

Dans la charmante maison en pleine campagne qu'ils ont louée, d'où l'on aperçoit le majestueux mont Fuji, il découvre une vieille armure de samouraï (yoroï en japonais) qui s'ajuste comme par magie à son corps et dont il ne peut se défaire. Une armure qui ne le protège de rien et attire même comme un aimant les yokais, ces démons du folklore japonais, qui lui mènent la vie dure chaque soir, dès la nuit tombée.

L'idée de départ, venue du réalisateur, n'était pas mauvaise : proposer un divertissement pour petits et grands avec de l'action, du suspense et du fantastique, en multipliant les références à la pop culture et à l'univers d'Orelsan, dont on connaît la passion pour la culture japonaise.

Il y parvient plus ou moins dans la première partie du film, de nature suffisamment régressive pour nous embarquer. Mais Yoroï s'empêtre hélas aux deux-tiers dans un gros délire potache et indigeste, lorsque survient l'avatar maléfique du rappeur, dont on ne dira rien de plus pour ne pas divulgâcher.

Une bonne dose d'autodérision

Il n'y a cependant pas que du mauvais dans ce film, pour peu qu'on ne soit pas trop exigeant. Il est d'abord sauvé par l'humour, omniprésent, avec des punchlines et des clins d'œil à l'univers du rappeur, mais aussi beaucoup d'autodérision. Le personnage d'Aurélien est lâche, du genre à laisser sa combattante de femme passer devant en cas de danger, et il est incapable de se battre – il se fait régulièrement démolir le portrait dans les incessantes scènes de bagarres. Si l'on ne rit pas à gorge déployée, on sourit souvent et c'est déjà pas mal. Autre atout : les effets spéciaux, plutôt réussis, dont le réalisateur David Tomaszewski, déjà aux manettes de plusieurs clips du rappeur en mode RaelSan, est un spécialiste.

Et c'est à peu près tout. On voyage un peu (trop peu) au Japon – superbes paysages et quelques rues de Tokyo ou d'Osaka –, mais ce qui démarre comme un conte moderne empreint d'un certain mystère manque au final singulièrement de magie et de finesse. Les touches de tendresse et les doutes existentiels du rappeur face à la paternité toute proche (qui font écho à ceux d'Orelsan, dont l'épouse était enceinte durant l'écriture du film), n'y changent rien, au contraire. Trop de banalités psychologiques, trop de pathos.

Dans ce rôle, qui s'approche des charentaises de l'acting – on est loin du rôle de composition à César – Orelsan n'est ni bon ni mauvais, juste lui-même, gardant son flegme habituel en toutes circonstances. Sa partenaire Clara Choï, en guerrière du quotidien et reine de la répartie, est bien plus convaincante, et son énergie tire le film vers le haut.

Une poignée de nouvelles chansons

Reste la musique. La bande originale, réalisée par Orelsan avec ses partenaires de toujours (Skread, Phazz et Eddy Purple), a été enregistrée aux studios Abbey Road avec le London Symphonic Orchestra en pensant très fort à John Williams (E.T., Star Wars). Mais, faute de nouvel album annoncé, les fans attendaient surtout de nouvelles chansons en vue de la tournée du rappeur prévue l'an prochain, dont les premiers 300 000 billets se sont écoulés en un clin d'œil. Des chansons inédites, le film en contient une poignée. La première, un rap à cent à l'heure, est un tube potentiel qui martèle au refrain : "Tu l'as voulu, tu l'as eu. Maintenant, assume". Quoi ? La vie de star, la pression et les absurdités qui vont avec.

Si le film est une métaphore de la célébrité écrite avec des moufles, son message a trait plus précisément à la santé mentale. Il dit en substance : ne vous laissez pas dévorer par vos angoisses et vos peurs. Plutôt que de chercher à les faire taire, apprivoisez-les, regardez-les droit dans les yeux et tout ira mieux. Un peu simpliste à l'heure où les cabinets de psy débordent d'ados en souffrance, mais il faudra s'en contenter.

L'affiche du film "Yoroï" de David Tomaszewski avec Orelsan. (SONY PICTURES RELEASING FRANCE)
L'affiche du film "Yoroï" de David Tomaszewski avec Orelsan. (SONY PICTURES RELEASING FRANCE)

La fiche

Genre : Aventure, Fantastique
Réalisation : David Tomaszewski
Distributeur : Sony Pictures Entertainment France
Avec : Orelsan, Clara Choï, Skread, Ablaye
Pays : France
Durée : 1h46
Sortie
: 29 octobre 2025
Synopsis
: Après une dernière tournée éprouvante, Aurélien décide de s'installer au Japon avec sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant. Alors que le jeune couple emménage dans une maison traditionnelle dans la campagne japonaise, Aurélien découvre dans un puits une armure ancestrale qui va réveiller d'étranges créatures, les yokais.

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