Marion Bartoli: "J'ai besoin de me prouver que je suis en vie"
Trois semaines après l'annonce de son retour à la compétition, Marion Bartoli s'est confiée longuement à L'Equipe. Ses souvenirs, les réactions du milieu à son come-back, ses séances d'entraînement, ses ambitions, mais aussi et surtout le cheminement qui l'a mené à maigrir à tel point qu'elle s'était vu refuser le tournoi des Légendes à Wimbledon, et qu'elle était passée tout près de la fin. "Quand j'allais me coucher, je ne savais pas si le lendemain, je serais toujours en vie", se rappelle-t-elle. Une dégringolade dûe, selon elle, à son compagnon de l'époque.
Les raisons de sa descente aux enfers
"J'avais perdu beaucoup de poids, j'étais faible, et sur un système immunitaire très affaibli, j'ai chopé un truc en Inde qui ma achevée. J'étais déjà extrêmement mince, voire maigre, mais je ne le voyais pas. (...) Quand j'ai arrêté ma carrière, j'étais la plus heureuse du monde. Puis j'ai rencontré mon ancien mec en mai 2014, et tous les jours, il me disait que j'étais grosse. Tous les jours. (...) Je me suis laissé détruire par quelqu'un et je ne pensais pas que c'était possible. Je me suis laissé avaler. (...)
Je suis sortie de Wimbledon (2013) en me disant: 'J'ai réalisé mon rêve, je serai heureuse éternellement.' J'avais une joie de vivre au quotidien immense. Il a tout pris. Il l'a éteinte au fur et à mesure tous les jours. Il m'a même enlevé la joie de jouer parce que, quand on jouait ensemble au tennis, il faisait tout pour me battre en faisant des doubles pourris, en se mettant le meilleur joueur possible et moi avec le moins bon. (...) Je suis arrivé à partir, mais il m'a fallu du temps. Dix-huit mois, c'est très long. J'étais très jeune dans une relation amoureuse vraie en vivant tous les jours avec quelqu'un. Mais je ne pensais pas pouvoir me laisser marcher dessus, car j'ai du caractère."
Sa décision de revenir
"J'ai besoin de me prouver que je suis en vie. Lors de ce retour il y a un double processus, et c'est pour ça que ça me donne autant de force et d'énergie. C'est à la fois pour me sortir de cette maladie et me prouver que même si je suis passée à deux doigts de la mort, je peux à nouveau être sur un terrain de tennis et me battre pendant trois heures pour gagner un match en trois sets. Et la deuxième raison, c'est pour tout ce qui m'a dévalorisée. Tous les jours, de façon insidieuse, il m'a mise plus bas que terre. Je veux prouver que je peux arriver à ma relever. (...) Quel que soit le résultat, ce sera gagné quand je serai sur le terrain."
Le contexte médical
"Aujourd'hui, je n'ai vraiment pas l'impression de me mettre en danger. Au contraire, je revis chaque jour. Si j'avais l'impression de me mettre en danger, j'arrêterais. J'ai passé tous les tests médicaux, tout tient. Si les doses augmentent et que je vois que ça commence à devenir dangereux pour ma santé, j'annulerai mon retour. (...) Pour moi, ça ne sera pas une défaite. Ca sera juste qu'à 33 ans, avec tout ce qui m'est arrivé, mon corps ne peut plus. (...) Je dois bien évidemment perdre du poids, entre 5 et 7kg. Ca fait trois mois que je joue avec un gilet lesté de 7kg. Les docteurs Montalvan et Barbiche m'aident sur le plan nutritionnel. (...) Pour l'instant, tout le plan est en marche. La perte de poids est le baromètre de mon retour."
Les réactions autour de son retour
"J'ai eu des messages de Serena et Monica Seles. C'était des messages très positifs. Quand Serena me dit que je suis vraiment une preuve de courage, ça me fait extrêmement plaisir. Pareil pour Monica qui était mon idole absolue quand j'étais petite. (...) (Yannick Noah) m'a envoyé un message très gentil. (Les joueuses françaises ?) Aucun (message), mais je m'y attendais."
Son programme et ses ambitions
"Quand je suis au CNE, j'arrive à 9h et je repars à 21h. Je fais entre 3h30 et 4h de tennis par jour, 2h-2h30 de physique plus la récup, les kinés. Entre les séances, je fais une petite sieste. (...) J'adore ça. Pour arriver à atteindre les plus grands résultats, il faut vivre comme ça, ce n'est pas possible autrement. (...) Honnêtement, je ne vais pas aller me faire 'chier' à jouer des Challengers. Je jouais les 50 000 dollars quand j'avais 16 ans. Ce n'est pas à 33 que je vais le faire. Si je reviens, c'est pour essayer de jouer des grands matches sur des grands courts et de ressentir ces émotions-là. (...)
Si je commence à Miami, je ne ferai pas l'impasse (sur la saison sur terre battue). Je ferai une programmation plutôt alléger, avec Madrid, Rome et Roland. Si je ne commence pas à Miami, je ferai l'impasse et j'irai à Nottingham, Birmingham et Wimbledon. (...) Je ne vais pas revenir pour être 100e mondiale. J'ai fait toute ma carrière dans le Top 20 et au meilleur dans le Top 10. Si en février, je joue Top 100 et que je ne prends que des branlées contre des Top 10, je vais vraiment me poser des questions. Si, sans pression, sur des sets d'entraînement, avec mon coach derrière, je n'ai pas le niveau, je n'aurai pas le niveau en match. (...) Je reviens pour m'amuser, jouer des grands matches et prendre du plaisir.
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