« Le Monde » répond à vos questions sur sa ligne éditoriale, sa gouvernance et la vie de sa rédaction

Cet épisode des « Rendez-vous avec Le Monde » est maintenant terminé. Merci pour vos questions et pour ce débat sur médias d’information et médias d’opinion. On se retrouve début novembre. D’ici là, portez-vous bien.

Bonjour Bellette,

N’hésitez pas à couper de temps en temps le robinet de l’information, ça peut être salutaire et c’est un journaliste qui vous le dit ! J’en discutais justement hier avec un collègue du journal qui me disait que l’actualité du moment avait un effet négatif sur son moral. Pour éviter cela, je pense important de parvenir à mettre une certaine distance avec l’actualité.

Chacun gère cela à sa façon, mais nous mettons à la disposition de nos salariés une cellule d’aide psychologique à laquelle ils peuvent faire appel quand le suivi de l’actualité devient trop pesant ou quand ils ont couvert des événements pouvant occasion un traumatisme psychologique.

Bonjour Le Temps c’est de l’argent,

C’est un bon résumé des épisodes précédents. Merci pour l’humour.

Bonjour Dorianne,

Vous trouverez des éléments de réponse dans l’article ci-dessous.

Bonjour Oth,

Tout se trouve dans l’article ci-dessous.

Bonjour Tourioutan,

Le débat se poursuit ! C’est votre opinion et je la respecte, mais puisque vous parlez de déni de réalité, permettez-moi de rétablir celle-ci : la « baisse de la diffusion continue » que vous évoquez n’existe que dans votre imagination. Notre diffusion payante (abonnements et vente au numéro) dépasse désormais le chiffre de 660.000, un record absolu dans l’histoire du Monde, record que nous battons mois après mois.

Bonjour Bertille,

Un changement de titre est une chose absolument courante à l’heure du numérique. Il peut s’agir d’actualiser, d’améliorer ou de corriger une formulation. Nous ne tenons absolument pas compte des pressions qui peuvent venir de l’extérieur. Notre indépendance éditoriale est absolue. Le titre que vous citez ne me semble pas choquant, même si nous ne reprenons pas le terme « génocide » à notre propre compte. Mais rien ne nous empêche de l’utiliser dans une citation.

Bonjour Mohammed, Pascal_pas_de_pot et Antiwoke,

Le débat semble se focaliser sur la définition du journalisme militant. Après cinq années d’échanges avec les lecteurs et tous types de publics, j’ai l’impression que beaucoup ont tendance à considérer comme « militants » les médias dont ils ne partagent pas les valeurs et la ligne éditioriale. Peut-être parce qu’eux-mêmes ont adopté des positions très tranchées qu’ils voudraient retrouver dans les médias auxquels ils sont attachés.

Encore une fois, le journalisme tel que nous le pratiquons au Monde est un journalisme d’information, basé sur les faits, la vérification de l’information et le respect du débat contradictoire. Nous défendons un journalisme de qualité et je ne pense pas que c’est par hasard que Le Monde soit aujourd’hui le premier média d’information francophone par le nombre d’abonnés, loin devant ses concurrents.

Cela ne veut pas dire que Le Monde n’a pas d’opinions et une ligne éditoriale s’appuyant sur un socle de valeurs. Car en matière de journalisme, la neutralité n’existe pas. Mais cette ligne éditoriale est assumée et connue de tous. Quant à nos points de vue, nous les exprimons tous les jours dans notre éditorial ou dans nos articles d’analyse.

Bonjour candidat,

La vérification de l’information est un principe de base du journalisme. Ce sont donc nos journalistes eux-mêmes qui recoupent les informations à caractère scientifique avant publication. Pour ce qui concerne le domaine des sciences, nous avons un service dédié, mais l’ensemble des services (économie, planète, société, etc.) peut être concerné. Quand un journaliste atteint la limite de ses compétences, il peut avoir recours à des experts (scientifiques) pour se faire expliquer et vérifier des informations recueillies. Chaque journaliste dispose d’un réseau d’experts, mais ceux-ci sont extérieurs à la rédaction.

Bonjour Mathilde,

Les aides publiques reçues par Le Monde en 2024 s’élèvent à 1,8 million d’euros, soit un peu plus de 1 % de notre chiffre d’affaires. A comparer à 65 % de nos revenus issus des abonnements et de la vente du journal. Si nous sommes dépendants de quelqu’un, c’est donc bien de nos abonnés et de nos acheteurs, pas de l’Etat français !

Bonjour Sebi 41,

Pour nous, journalistes, la question n’est pas de savoir si nous sommes « pro » ou « anti » mais de traiter de l’actualité dans un système qui est celui dans lequel nous évoluons. Nous ne sommes pas un média militant mais un média d’information généraliste qui s’adresse au plus grand nombre. Or il semble qu’en France, l’écrasante majorité de la population ne soit pas opposée au capitalisme.

Notre ligne éditoriale n’est certes pas anti-capitaliste, mais, pour faire simple, nous sommes favorable à un capitalisme encadré, régulé par les Etats et les institutions internationales.

Bonjour Jeep,

L’actualité nous donne assez de travail ces derniers temps pour que nous évitions de nous disperser en de vaines polémiques. Nous ne partageons à peu près rien avec les médias contrôlés par Vincent Bolloré et n’avons aucune envie de rentrer dans ce petit jeu du clash qu’ils affectionnent tant.

Pour tout vous dire, nous n’accordons pas une grande importance à ce qui s’y dit ou s’y écrit. Nous montrer à la hauteur de l’exigence de nos lecteurs et lectrices est un défi qui suffit à nous occuper largement !

Bonjour Triste,

Nous n’avons ni le sentiment de virer de plus en plus à gauche ni celui de faire du journalisme militant. Peut-être est-ce tout simplement que Le Monde ne correspond pas à vos attentes ? Dans ce cas, ce n’est pas très grave, il existe quantité d’alternatives dans le paysage français des médias.

Bonjour Chantal C.,

Non, absolument pas, vous avez seulement dû laisser passer sa chronique par mégarde. En tant que fidèle de Maïa, vous avez le droit à une séance de rattrapage !

Bonjour Guy Longueville,

Vous devez rencontrer un problème technique car nous continuons évidemment de publier de nombreux articles sur la situation à Gaza et en Israël. Peut-être faites vous une erreur de rubrique, celle-ci portant désormais le nom de « Gaza » sur notre application et de « Bande de Gaza » sur notre site ?

Bonjour Nafo,

Dire que nous avons librement accès à la ligne de front en Ukraine serait un peu exagéré, et nous évitons de faire prendre à nos journalistes des risques inconsidérés, mais nos envoyés spéciaux peuvent en effet s’en approcher côté ukrainien, comme l’illustre l’article ci-dessous.

Il est difficile de comparer la situation en Ukraine à celle de Gaza, dont l’accès est interdit par les autorités israéliennes à tous les médias.

Bonjour Hugo,

Le Monde diplomatique est une filiale de la Société éditrice du Monde, qui détient un peu plus de la moitié de son capital. Mais au sein du groupe Le Monde, l’indépendance éditoriale des titres est un principe de base. C’est donc la rédaction du « Diplo » qui définit sa ligne éditoriale, les dirigeants du groupe Le Monde n’intervenant absolument pas.

Chacun vit sa vie, et s’en porte très bien ainsi, à tel point que Le Monde diplomatique, propriétaire de son siège, est le seul titre du groupe Le Monde à ne pas avoir rejoint notre nouvel immeuble, en 2020.

Bonjour Ogu,

Vous avez bien fait d’insister ! L’espace contributions que vous évoquez est ouvert exclusivement à nos abonnés et ceux-ci sont libres d’y exprimer leurs points de vue du moment qu’ils respectent la charte des contributions. Je vous accorde que le ton qui y est parfois employé n’est pas toujours raccord avec l’image que l’on peut se faire (à tort sans doute) d’un abonné du Monde, mais je ne pense pas que l’extrême-droite ait souscrit massivement des abonnements à notre journal pour le plaisir d’y exprimer ses opinions.

En tous cas, nous n’avons jamais remarqué de vagues massives d’abonnements qui nous feraient penser que des « fermes à trolls » tentent de coloniser cet espace contributions. Par ailleurs, le lectorat du Monde est nombreux et divers et il n’est pas anormal que différents points de vue y soient représentés.

Bonjour El blaireau,

L’espace contributions est en premier lieu un forum où les abonnés peuvent discuter entre eux. Les journalistes peuvent s’y rendre et prendre connaissance des réactions à leurs articles s’ils le souhaitent mais ce n’est pas systématique. Pour s’adresser directement aux journalistes, il faut écrire au courrier des lecteurs : [email protected]. Les messages sont transmis aux intéressés... à l’exception des messages à caractère injurieux, bien sûr.

Bonjour Chev’,

Nous travaillons comme nous avons toujours travaillé, aux Etats-Unis comme ailleurs, c’est-à-dire en toute indépendance, même si l’accès de nos journalistes à l’administration Trump est limitée, comme vous devez vous en doutez. Nous disposons de trois correspondants et d’une reporter permanente sur place : Piotr Smolar (Washington), Nicolas Chapuis (New York), Arnaud Leparmentier (San Francisco) et Corinne Lesnes. Et également d’un bureau permanent à Los Angeles qui est chargé d’assurer l’actualisation de notre site chaque jour de 23h à 7h, heure française, et de boucler l’édition quotidienne de notre application La Matinale.