Rentrée littéraire 2025 : 4 premiers romans incontournables à découvrir
Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin Abonnez-vous
Il pleut sur la parade, de Lucie-Anne Belgy
«De toute façon, je me suis toujours méfiée des enfances heureuses. Les enfants ravis d'être là, mon doudou mon tracteur mon goûter maman je t'aime et les licornes, ça fait des adultes qui n'ont aucune résistance. […] Alors qu'une enfance comme celle de mon fils Ariel, à se faire pousser en dehors de l'équipe et à exaspérer les adultes, vous promet une vie qui ressemble à la vie !
Le ton est donné dès le début du roman, mais Lucie, la mère d'Ariel, a beau faire la fière, son garçon pose un problème : il frappe tous les autres enfants, à la crèche, à l'école. À la maison pourtant, tout se passe bien. Lucie et Jonas, le père d'Ariel, s'aiment.
Jonas est juif, Lucie non. Lui dit qu'il s'en moque, mais est-ce si sûr ? Est-ce que les actes de l'enfant auraient un lien avec la mixité du couple ?
Enquête ! Les échanges familiaux, avec Ariel, une psy, et entre les parents, non sans humour, compo sent ce roman fin et intelligent qui questionne la religion, la culture et l'éducation.
Notre avis : PPP
Quatre jours sans ma mère, de Ramsès Kefi
Ed. Philippe Rey, 208 p ; 20 €
Ta mère a fugué, lâche Hédi à son fils, qui traîne, comme tous les soirs, sur le parking de l'ancienne cité ouvrière, en banlieue parisienne.
La nouvelle fait l'effet d'une bombe dans l'existence de Salmane, qui, à 36 ans, vit encore chez ses parents retraités, lui ancien maçon, elle, femme de ménage. Pourquoi fuit-elle ? Entre colère et désespoir, père et fils se retrouvent confrontés au vertige d'un quotidien étriqué qu'ils se sont construit dans ce quartier enlisé dans la routine.
Quand Salmane commence à enquêter sur ses origines tunisiennes, son cocon familial se fissure. D'une écriture gouailleuse, vivante et drôle, empruntée à la culture de l'oralité, Ramsès Kefi, journaliste et ancien du Bondy Blog, déroule les fils d'une histoire familiale complexe, peuplée de personnages pudiques, qui s'enracine dans les montagnes d'Afrique du Nord.
Un roman dense, au dénouement bouleversant, lauréat du prix Première Plume Furet du Nord - Decitre 2025.
Notre avis : PPP
Des enfants uniques, de Gabrielle de Tournemire
Hector et Luz, deux adolescents handicapés, tombent amoureux presque au premier regard. Ils s'échangent leurs dessins et se tiennent par la main à la sortie de leur établissement spécialisé. Ils ont 13 ans. Lui est fils unique, introverti et hypersensible. Elle est entourée de ses trois sœurs, parle vite, en avalant les mots, et chante d'une voix suraiguë. Telle une caméra cachée, le fil narratif nous plonge dans l'univers intérieur de ces êtres différents.
Derrière les silences d'Hector, la syntaxe désordonnée de Luz, se révèle une humanité "autrement capable". Par la magie des rencontres, notamment celle de Carlo, l'éducateur d'Hector, les points de vue évoluent jusqu'à ce que la norme change de camp. Gabrielle de Tournemire, qui a passé une année dans un foyer belge, signe un premier roman d'apprentissage éblouissant, porté par une langue poétique, sensible et cristalline.
Notre avis : PPP
La bonne mère, de Mathilda di Matteo
Ed. l'Iconoclaste, 368 p ; 20,90 €
Le girafon, c'est comme ça que la mère de Clara appelle l'amoureux de sa fille : «un long cou et des manières bourgeoises… Je me doutais bien, avec sa Grande École et ses grands airs, qu'elle allait nous ramener un petit Parisien.»
Clara, elle, l'aime, ce rejeton de la haute qui l'invite enfin dans sa famille. Et elle ne peut s'empêcher d'éprouver de la honte pour sa mère, Véro, une Marseillaise aux tenues excentriques et à la gouaille savoureuse, flanquée d'un compagnon napolitain patibulaire. Mère et fille prennent chacune à leur tour la parole, se cherchent, se trouvent, s'éloignent, se fâchent.
C'est un ballet de répliques savoureuses que le lecteur déguste, toujours un sourire aux lèvres. On songe à La vie est un long fleuve tranquille, le film d'Étienne Chatiliez (1988) où les enfants de deux familles, l'une de classe populaire, l'autre bourgeoise, avaient été échangés. Caricatural certes, mais tellement drôle!
On se laisse embarquer.
Notre avis : PP
* À lire aussi : Les Mandragores, de Marius Degardin (notre avis ici)
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