L'an dernier, le passage du cyclone Idai avait eu des effets désastreux au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi.
© ZINYANGE AUNTONY / AFPTemps de lecture : 4 min
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Le Programme alimentaire mondial (PAM) sous la férule des Nations unies tire la sonnette d'alarme. Dans un rapport récent, il pointe du doigt la crise alimentaire qui pourrait subvenir en Afrique australe si les résultats du dérèglement climatique continuent à se manifester comme ils le font actuellement. « Cette crise de la faim atteint des proportions jamais vues et nos observations sur le terrain montrent qu'elle va encore empirer », déplore Lola Castro, responsable régionale du PAM, dans un communiqué de l'organisme onusien.
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Situation particulièrement préoccupante au Zimbabwe
« Au Zimbabwe, près de 8 millions de personnes – la moitié – se trouvent en situation d'insécurité alimentaire grave, c'est-à-dire en risque de famine », selon le chercheur Hugo Le Picard, spécialiste de l'Afrique et des questions énergétiques à l'Ifri (Institut français des relations internationales). Une famine provoquée par deux phénomènes : « l'impossibilité d'accès physiques à des denrées alimentaires, à cause par exemple des inondations, et le prix exorbitant des denrées alimentaires ». Dans ces deux cas, le climat est pour beaucoup responsable. Il faut dire que depuis quelques années, les climatologues et spécialistes constatent une augmentation du nombre et de l'intensité d'épisodes climatiques dommageables, soit à travers la progression de la désertification, soit une multiplication du nombre de cyclones. « L'intensité des pluies est beaucoup plus forte. Cela provoque à la fois des inondations et une érosion des sols qui augmentent la désertification », explique Hugo Le Picard. Une dégradation des sols qui impacte fortement les cultures, et le prix des produits sur les marchés : « Au Zimbabwe, le prix du blé a énormément augmenté. Et celui du pain a été multiplié par vingt ces six derniers mois ! » En effet, en plus d'une situation climatique, le pays doit faire face depuis plus de vingt ans à une crise économique sans précédent qui se traduit par des pénuries (médicaments, farine, etc.) et des coupures d'électricité à répétition.
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« Une absence d'anticipation des gouvernements »
Pour Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique australe, « la principale cause de la famine est l'absence d'anticipation et d'adaptation des gouvernements au changement climatique ». Car la région subit de plein fouet une alternance d'épisodes climatiques extrêmes : des périodes de sécheresses sévères, suivies par de fortes inondations. En avril 2019 par exemple, le cyclone Idai avait provoqué au Mozambique et au Zimbabwe des pluies diluviennes et des vents violents, causant la mort de plus de 1 000 personnes. « Si tous les États d'Afrique australe ont des politiques censées lutter contre le réchauffement climatique, les gouvernements – même l'Afrique du Sud qui possède le plus de ressources financières – ont dû mal à les mettre en œuvre parce que les événements climatiques sont imprévisibles », souligne le chercheur. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, les températures en Afrique australe augmentent deux fois plus rapidement que dans d'autres régions du monde. Pour répondre à ce nouvel épisode de famine plus que dramatique, l'ONU prévoit ainsi de venir en aide à 8,3 millions de personnes en Afrique australe.
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Maroc, le modèle à suivre
Il y a pourtant des États africains qui ont réussi à enrayer la famine. Si le Maroc a connu des catastrophes naturelles, et des épisodes de famines, notamment celle de 1940-1947, aujourd'hui, le royaume fait partie des exemples à suivre en matière climatique. Depuis la COP21 de 2015, Rabat respecte l'accord climat et parvient à se maintenir à 1,5 °C. Le royaume a d'ailleurs réussi à développer un secteur agricole prometteur. Hugo Le Picard, chercheur au centre Énergie & climat à l'Ifri, affirme d'ailleurs que « le Maroc est très en avance ». « À travers le plan climat 2019, le gouvernement veut augmenter la part des énergies renouvelables dans le pays à 52 % d'ici à 2030 », ajoute-t-il.
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