Temps de lecture : 2 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Lorsque j'ai reçu le message d'un ami me présentant ses condoléances pour mon amie Elsa, j'ai cru à une erreur ou à une mauvaise plaisanterie. J'ai donc pris tout de suite mon téléphone pour appeler Elsa. Le sien sonnait, ce qui dans un premier temps m'avait rassurée ; puis je me suis rappelée qu'elle aimait le rock et qu'elle me donnait souvent rendez-vous pour boire un verre dans les bars du 11e arrondissement : le doute m'envahissait peu à peu, glaçant et terrifiant, mais je ne voulais pas y croire. Quand cette horrible nouvelle m'a été confirmée, je me suis sentie anéantie.
Elsa Delplace et sa mère Patricia sont décédées vendredi soir, sous les balles, au Bataclan. Le fils d'Elsa, Louis, son rayon de soleil, les accompagnait. Louis a été retrouvé à l'hôpital de Vincennes hagard, recouvert du sang de sa mère qui l'a protégé des balles.
Elsa était une personne joyeuse qui gardait toujours le sourire aux lèvres, même dans les moments difficiles. Elsa s'est toujours souciée du bien-être des autres. Elle était engagée dans le monde associatif, culturel et artistique. Elle jouait brillamment du violoncelle. Elle était toujours vent debout contre toutes les formes d'injustice. Je pense que c'est peut-être aussi dû à son histoire familiale : sa mère, chilienne, a fui la dictature de Pinochet.
Elle venait de signer un CDI
Elsa n'avait que 35 ans. On s'était connu il y a 3 ans, à une période de ma vie assez difficile. Elle m'a aidée et a toujours su trouver les mots pour me réconforter. Elle a toujours été présente dans les bons comme dans les mauvais moments. Lorsqu'elle passait le week-end chez moi et que j'avais des insomnies, elle me faisait faire de la méditation. La fête de l'Huma, c'était pour elle la fête à ne pas manquer, sinon elle nous tirait les oreilles…
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
Durant des années, malgré ses études supérieures, sa détermination, son expérience et sa motivation, elle a enchaîné les CDD et l'intérim. Elle venait, le 2 novembre dernier, d'être confirmée en CDI pour un poste de consultante, elle était tellement heureuse… C'était le Saint Graal pour trouver un appartement. Les galères, elle en a connu et elle a toujours su les affronter. Parfois tomber, mais toujours se relever. Elle disait souvent « il faut profiter de chaque instant, car chaque jour est une vie entière ». Son dernier SMS datant du 2 novembre disait : « J'ai été confirmée en CDI ma belle. On se voit quand ma cologalère ? » Je lui ai répondu : « Très vite… » Je regrette de ne pas avoir pris le temps de la revoir après ce SMS. J'aurais dû le prendre, ce temps... Car aujourd'hui Daesh est passé par là.
Oui, je suis terriblement en colère contre ces monstres de Daesh, mais aussi contre nos services de renseignements qui ont été incapables de déjouer ces attentats. Au lieu de mettre des moyens pour géolocaliser des opposants politiques, l'État devrait mettre en place tous les moyens pour écouter tous les potentiels terroristes. Notre pays est en guerre contre la barbarie et la priorité, c'est la sécurité nationale. Encore combien de parents, frères, sœurs, enfants, amis, oncles... vont-ils devoir souffrir d'avoir perdu un proche ?