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Alors que le biopic Le majordome, retraçant la conquête des droits civiques par les Afro-Américains, est en tête du box-office aux États-Unis depuis bientôt trois semaines, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les communautés noire et blanche a eu lieu fin août. Un représentant local de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), une des plus influentes associations afro-américaines, s'est en effet secrètement entretenu avec un responsable du Ku Klux Klan samedi 31 août, dans le Wyoming. Une rencontre historique entre les deux organisations ennemies, selon le quotidien local The Casper Star-Tribune.
Jimmy Simmons, le président de la délégation locale de la NAACP, et John Abarr, responsable du Klan dans le Montana, ont discuté de "l'état des relations raciales" dans le Wyoming après la naissance de tensions entre les communautés blanche et afro-américaine ces dernières semaines. Des manifestes suprémacistes ont en effet été distribués dans la ville de Gillette, où "on n'avait jamais entendu parler du Klan jusqu'ici", selon la police locale.
Jimmy Simmons a par ailleurs interrogé John Abarr au sujet de plusieurs passages à tabac d'Afro-Américains dans la région. Le représentant du Klan, qui qualifie les violences contre les Noirs de crimes haineux, a affirmé ne pas avoir connaissance de ces événements. "Nous n'avons rien à voir avec la violence", a déclaré le suprémaciste, ajoutant que son organisation reposait sur "la fierté d'être blanc".
Une rencontre controversée
Il a fallu plusieurs semaines de négociations pour que cette branche du Ku Klux Klan accepte l'invitation de Jimmy Simmons. L'entrevue, à l'origine prévue en juin, a été reportée plusieurs fois afin que toutes les conditions imposées par l'organisation suprémaciste blanche soient remplies, notamment en matière de sécurité. John Abarr a de plus attendu d'obtenir l'approbation de Bradley Jenkins, le leader de l'organisation United Klans of America, qui a qualifié cette rencontre de première historique.
L'entretien n'a en revanche pas été du goût de tous au sein de la communauté afro-américaine. Mark Potok, membre de l'association de surveillance des mouvements d'extrême droite Southern Poverty Law Center, a ainsi affirmé que l'entretien était "scandaleux et contre-productif". "Cela donne de la légitimité au Klan en laissant entendre qu'il s'agit d'une organisation avec laquelle on peut discuter", a poursuivi le défenseur des droits civiques. La NAACP a, quant à elle, précisé que ses représentants locaux n'avaient pas besoin de son aval pour organiser leurs rendez-vous.
Ouvrir le dialogue avec le Ku Klux Klan
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Malgré les nombreuses critiques, le représentant local maintient que son entretien avec John Abarr a été utile. "Il s'agit d'ouvrir le dialogue avec un groupe qui affirme être en train d'essayer de changer", a déclaré le représentant de la NAACP à Associated Press après la rencontre. "Ils disent essayer de renoncer à la violence, mais il semblerait que ce ne soit que des apparences", a-t-il toutefois nuancé.
"Je ne sais pas si nous avons accompli grand-chose", a pour sa part estimé John Abarr, qui décrit son mouvement comme une organisation religieuse non violente se concentrant sur des questions politiques. Le représentant du Ku Klux Klan a conclu la rencontre en déboursant 30 dollars afin d'adhérer à la NAACP. Se disant désireux d'en "savoir plus sur les idées de l'organisation", il a même fait un don de 20 dollars à l'association. Impossible en revanche pour les membres de la NAACP de lui retourner la pareille, puisque, comme l'a rappelé John Abarr, "il faut être blanc pour faire partie du Klan".
La gauche morale américaine découvre tardivement ses intérêts communs avec les suprématistes ethniques blancs. Cette voie contre nature avait pourtant été depuis longtemps explorée par Malcolm X et Louis Farrakhan, leaders de Nation of Islam, organisation centrale des suprématistes ethniques noirs, le 30/1/1961. Ces contacts malsains s'étaient poursuivis par l'invitation de Lincoln Rockwell, fondateur du parti nazi américain à la conventiion annuelle islamique de Chicago le 25/2/1962. Sur fond de plateforme idéologique de séparation des races et d'antisémitisme, 1/2 siècle avant Kemi Seba, Dieudonné et Soral.
N'importe quoi ! On est de la race humaine et des couleurs ! Je rêve d'une cité, d'une époque où mon fils pourra grandir sans que l'on ne le juge sur ses origines !