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« La plupart des Américains se fichent de cette crise franco-américaine. D’autant qu’on ne sait pas exactement ce que le gouvernement américain a caché ou non à la France. La situation n’est pas nette. » Ce constat, c’est celui de Gabriel Scheinmann, directeur de l’Alexander Hamilton Society (AHS), une organisation dédiée à la promotion des relations internationales dans les universités américaines. Pas ou peu d’indignation, aucune mention dans les shows politiques dominicaux… Alors que la France est vent debout contre le torpillage américain du « contrat du siècle » sur la livraison de sous-marins à l’Australie, c’est, sans surprise, une relative indifférence qui règne aux États-Unis, où l’actualité est davantage dominée par « l’affaire Petito », cette jeune femme portée disparue lors d’un road trip avec son fiancé.
Quelques républicains ont bien tenté d’utiliser la crise des sous-marins pour critiquer Joe Biden, à l’image de Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies. Mais, si elle a regretté que l’administration démocrate ait « snobé un autre allié », elle n’est pas allée jusqu’à critiquer le fond du nouvel accord conclu par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS) pour faciliter les transferts de connaissances technologiques dans le domaine des sous-marins, de l’intelligence artificielle et des missiles longue portée notamment.
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Le conservateur Wall Street Journal est sur la même longueur d’onde. Le comité éditorial du quotidien a jugé, le 16 septembre, que le deal conclu par Joe Biden était « intelligent » et « servait les intérêts des États-Unis, malgré des hurlements français ». Un avis que partage Seth Mandel, directeur de la rédaction du Washington Examiner, une autre publication conservatrice, pour qui Joe Biden est « du bon côté sur le plan stratégique » avec la création de ce pacte anglo-saxon. « Vu de Washington, on ne comprend pas bien pourquoi la France a rappelé son ambassadeur, alors qu’elle en conserve un en Iran ou en Chine. On se dit que c’est exagéré, que Macron veut montrer qu’il est fort dans cette situation embarrassante alors qu’une année électorale se profile », reprend Gabriel Scheinmann, qui juge aussi le pacte « très bon pour les États-Unis ». « Il montre que l’Australie, après avoir sous-estimé le problème chinois, est sur la même page que les États-Unis sur le sujet. »
« Comment dit-on chutzpah [“culotté”] en français ? »
« Cela valait-il le coup ? Oui. Cela aurait-il pu être mieux géré ? Oui, aussi », écrit pour sa part Max Boot, chercheur au think tank Council on Foreign Relations (CFR), dans le Washington Post. Selon lui, le nouveau pacte est un beau coup stratégique pour les États-Unis, qui parlent depuis Barack Obama de recentrer leur politique étrangère sur le Pacifique afin de contenir la Chine. « AUKUS est le genre de “big deal énorme” dont l’ancien président Trump se vantait sans l’avoir réalisé. Et il transforme le “pivot pacifique” dont Barack Obama a fait la promotion en un peu plus qu’un slogan creux. » Pour le chercheur, la « réaction rageuse de la France est exagérée. Macron devrait se souvenir qu’il a soutenu un accord d’investissement maintenant suspendu entre l’Union européenne et la Chine en décembre 2020 – juste avant l’entrée en fonction de Joe Biden – malgré les objections américaines. En février, il a rejeté l’idée d’un front commun US-UE contre la Chine. Maintenant, il se plaint que les États-Unis poursuivent leur propre stratégie. Comment dit-on chutzpah [“culotté”] en français ? » Et de conclure : « Les États-Unis ont eu des ruptures avec la France avant celle-ci […], mais l’alliance la plus ancienne du pays a toujours été préservée. Ce sera la même chose cette fois-ci. »
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Max Paul Friedman, doyen par intérim de l’American University (AU) et auteur de Rethinking Anti-Americanism, n’est pas surpris par l’attitude dédaigneuse des Américains envers leur allié. « Les États-Unis attendent de la France une adhésion reconnaissante car […] le sang américain versé pendant les deux guerres mondiales devrait être suffisant pour s’assurer qu’elle se range joyeusement derrière la politique américaine, même quand celle-ci va à l’encontre des intérêts français, analyse-t-il. Les leaders et observateurs américains ont exprimé cette attente lors de toutes les crises, de l’escalade au Vietnam à la guerre en Irak. »
Sur les 20 millions de morts soviétiques de la grande guerre patriotique, une bonne moitié est due à l'incurie du maréchal Staline. De temps en temps, il est bon de remettre les pendules à l'heure. On a perdu l'habitude avec les montres à quartz.
Lire le New York Times, ou le Washington Post. Le titre de cet article est un peu inexact.
Qui va avaler la couleuvre que personne chez macron n'était au courant dans ce monde où tout le monde espionne tout le monde ?