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Barack Obama s'est dit confiant, mardi 3 septembre, sur l'issue du vote du Congrès concernant l'intervention des États-Unis en Syrie. Le président américain a en effet réussi un tour de force en obtenant l'appui du sénateur John McCain et de John Boehner, le leader des Républicains à la chambre des représentants. Deux alliés de poids qui pourraient faire pencher la balance en faveur d'une intervention en Syrie, alors que les débats débutent cette semaine au Congrès.
"Le président a une majorité assurée au Sénat, les leaders républicains et démocrates s'étant accordés mardi 3 septembre sur le sujet", explique ainsi Nicole Bacharan, chercheuse associée à la Hoover Institution de l'université Stanford. "Il n'est en revanche pas sûr d'obtenir un vote favorable à la Chambre, puisqu'une coalition de républicains radicaux et de démocrates de gauche se montrent très récalcitrants à l'idée d'intervenir en Syrie. Mais l'appui de John Boehner va jouer un rôle capital dans les discussions, car, s'il arrive à contrôler ses troupes, la résolution de l'administration devrait être votée", poursuit-elle.
La crédibilité des États-Unis en jeu
Si les leaders républicains ont apporté leur soutien au président, ce n'est pas tant à cause de la situation humanitaire dramatique en Syrie que parce qu'ils souhaitent maintenir la crédibilité des États-Unis sur la scène internationale. "Seuls les États-Unis ont la compétence et la capacité de stopper Assad, et d'avertir les autres à travers le monde que ce genre d'attitude ne sera pas tolérée", a ainsi justifié le président républicain de la Chambre, John Boehner, mardi. La menace de l'Iran, qui pourrait profiter de "l'inaction" des États-Unis pour tenter de les "mettre à l'épreuve", selon le secrétaire d'État américain, John Kerry, est en effet au coeur des discussions parlementaires. "Il est capital pour les États-Unis de montrer que leur parole vaut toujours quelque chose, sur des questions comme le nucléaire iranien, l'humanitaire ou le soutien à Israël", confirme Nicole Bacharan.
D'autant que les républicains gardent en tête les prochaines échéances électorales, selon Hélène Harter, chercheuse spécialiste des États-Unis et secrétaire générale de l'Institut des Amériques. "Au-delà de la question de la Syrie, l'opposition cherche surtout à cultiver son image de fermeté en matière de politique étrangère et à se placer dans la continuité des précédents dirigeants républicains", explique-t-elle.
Le "syndrome de la guerre en Irak"
Mais les leaders démocrates et républicains ont encore beaucoup à faire pour convaincre les nombreux élus indécis, qui souhaitent notamment obtenir plus de preuves sur l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad. "Il est important pour les membres du Congrès américain d'avoir des certitudes", souligne Hélène Harter. "L'expérience de la guerre en Irak, où les États-Unis se sont engagés à cause de la soi-disant existence d'armes de destruction massive, a donné naissance à un sentiment de prudence chez les législateurs, qui ne veulent pas renouveler l'expérience."
Prudence aussi face à la possibilité de se trouver une nouvelle fois embourbés dans une guerre au Moyen-Orient. À tel point que certains membres du Congrès souhaitent limiter le champ d'action de la résolution présentée par l'administration. "C'est en quelque sorte le syndrome de la guerre en Irak : les Américains ne veulent pas intervenir une nouvelle fois dans un conflit sans avoir de plan construit pour gérer le chaos qui peut s'installer dans la région tout entière", poursuit Hélène Harter. La menace de représailles contre les États-Unis ou leur allié israélien inquiète de nombreux membres du Congrès, qui estiment n'avoir aucun intérêt à engager leur pays dans un conflit à l'autre bout du monde. Surtout si cela revient à aider l'opposition syrienne, liée à des organisations terroristes appartenant à la mouvance d'al-Qaida.
"Le pays en a assez d'être en guerre"
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Dernière ombre au tableau, et non des moindres : l'intervention en Syrie n'est soutenue ni par la communauté internationale, ni par l'opinion publique américaine. Les membres du Congrès redoutent ainsi de s'engager seuls en Syrie, alors que l'anti-américanisme est plus virulent que jamais au Moyen-Orient et qu'aucune résolution du Conseil de sécurité de l'ONU n'est pour l'instant à l'ordre du jour. D'autant que 59 % des Américains s'opposent à des frappes par missiles de croisière, selon un sondage ABC News/Washington Post publié mardi.
"Le pays en assez d'être en guerre, d'une part, parce que la politique intérieure est la priorité des Américains et, de l'autre, parce qu'ils sont convaincus que toute action américaine sera mal perçue à l'étranger", résume Nicole Bacharan. "Barack Obama a donc mis le doigt dans un engrenage très dangereux", conclut-elle. Le président américain devrait connaître l'issue du vote du Congrès la semaine prochaine, une fois les débats terminés.
Le "r" et le "a" de "autorisera" fait toute la différence. Car à première vue, on a une tendance de lire "autorise". Le Congrès n'a rien autorisé. Mais Obama s'est tellement précipité, pensant peut-être qu'il pourrait compter sur Cameron, sans trop considérer Hollande à ce moment là, qu'il a trop parler, trop tôt.
F. Hollande, voyant sa chance de devenir le deuxième champion justicier du monde une fois Cameron éclipsé, a parlé encore davantage et aussi trop tôt. Le résultat c'est qu'Obama compte absolument sur l'autorisation du Congrès pour ne pas perdre de face, car c'est plausible qu'un indécis comme lui sera éventuellement persuadé de ne rien faire sans l'aval du Congrès et du peuple américain.
Dans ce cas ce sera aussi cuit pour F. Hollande, mais encore plus, et son deux petits points de popularité gagnés durement va s'évaporer avec une dizaine de plus comme de la vapeur, et il risque d'être le risée du monde.
La Syrie donne bonne conscience et un alibi pour que l'Amérique et son vassal français entrent en guerre. Je ne suis pas sûr que les arguments mis en avant pour justifier notre engagement au moyen Orient ne soient pas des leurres.