David Lisnard, maire LR de Cannes, justifie le boycott de la conférencede des territoires par les principaux représentants des collectivités.
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La loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2020 a prévu que toutes les collectivités dont le budget de fonctionnement est supérieur à 60 millions d'euros signent un contrat financier avec l'État pour s'engager à réduire leurs dépenses. Celles-ci avaient jusqu'au 30 juin pour se prononcer. Selon Matignon, 70 % d'entre elles ont accepté le pacte. Si beaucoup de départements et quelques régions ont refusé, la plupart des grandes villes et métropoles ont signé.
Ce n'est pas le cas du maire (LR) de Cannes David Lisnard. Celui qui est par ailleurs vice-président et porte-parole de l'Association des maires de France (AMF) et vice-président du Comité des finances locales développe son argumentation au Point. Et explique les raisons du boycott par l'AMF de la prochaine Conférence nationale des territoires.
Le Point : Vous avez écrit deux lettres avec arguments financiers à l'appui au préfet pour expliquer que vous refusiez de signer ce contrat financier avec l'État. Pourquoi une telle position ?
David Lisnard : Mais parce que ce texte n'a de contrat que le nom ! Par contrat, des parties décident de se réunir sur un objectif commun. Ce n'est pas le cas en l'occurrence. L'État nous propose une réglementation de plus. Et lui qui continue d'augmenter ses dépenses nous demande de baisser les nôtres alors que l'immense majorité des collectivités sont déjà engagées dans un tel processus. Cette affaire, ce n'est plus ni plus ni moins que de l'affichage. Je dirais même plus qu'il s'agit d'une opération de vieille politique qui pénalise les rigoureux et encourage les laxistes.
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De quelle façon ?
On ne tient pas compte des efforts réalisés. Nous, à Cannes, en quatre ans, nous avons baissé la dette de 50 millions d'euros, sans créer un seul impôt supplémentaire, ce qui a été salué par la chambre régionale des comptes, nous avons réduit de 250 le nombre de salariés et de 140 celui des véhicules à périmètres constants, et alors que l'État, en restreignant ses dotations, nous a transféré des missions supplémentaires. Et on veut nous fixer de nouveaux objectifs sans prendre en compte ce que nous avons déjà accompli. Quand vous courez le marathon en cinq heures, il est plus facile de mettre cinq minutes de moins que quand vous êtes à 2 h 30… Vouloir imposer la même règle à toutes les collectivités, c'est absurde ! Cette proposition correspond à une vision centralisatrice, dirigiste et archaïque de l'État. Rien n'est plus conformiste pour un pouvoir central que de continuer à dépenser toujours plus tout en prélevant de l'argent à ceux qui dépensent moins.
Comment le président de la République, qui est un homme intelligent, a-t-il pu provoquer une telle réaction chez des responsables modérés et conciliants tels que François Baroin, Dominique Bussereau et Hervé Morin ? Ce ne sont pas des boutefeux !
Il faut bien que tout le monde fasse des efforts, non ?
Mais nous le faisons déjà ! Une collectivité, comme une entreprise, ne peut emprunter que pour investir. Nos budgets de fonctionnement sont forcément excédentaires, c'est la loi. Nombre d'entre nous ont engagé un cycle de baisse de la dette. Dans les cinq ans à venir, on prévoit une baisse globale de celle-ci de 50 milliards d'euros. Parallèlement, l'État va accroître la dette du pays de 330 milliards d'euros, ce sont les chiffres officiels. J'ajoute que l'État a prévu d'augmenter ses effectifs de 25 000 postes alors que les collectivités les réduisent de 7 000. Je gère ma municipalité comme une entreprise. Il nous faut maîtriser les coûts tout en créant une dynamique de recettes, et sans prélever les contribuables. Et cela, une bonne dépense bien ajustée peut le faire. Ce sont les résultats qu'il faut regarder. Le mauvais élève, l'État, nous fait la leçon en permanence, c'est fatigant.
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Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et président de France urbaine, considère que le boycott par l'AMF de la Conférence des territoires n'est pas une attitude constructive. Comment réagissez-vous ?
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Être constructif, ce n'est pas seulement alimenter la bienpensance du moment, mais argumenter. L'AMF est une grande institution qui représente des élus de tous les bords, y compris des centristes et des représentants de La République en marche, et tous disent que nous sommes au bout d'une logique. Comment le président de la République, qui est un homme intelligent, a-t-il pu provoquer une telle réaction chez des responsables modérés et conciliants tels que François Baroin, Dominique Bussereau et Hervé Morin ? Ce ne sont pas des boutefeux ! Aujourd'hui, réellement, nous sommes confrontés à la montée en puissance d'une technostructure d'État archaïque, nous devons expliquer la réalité que nous vivons, et non pas défendre des stratégies personnelles. Nous n'allons pas jouer les figurants dans des opérations de communication. On ne peut pas instaurer un dialogue dans de grandes assises médiatiques, celui-ci se noue au quotidien. Nous ne sommes pas dans l'obstruction, nous voulons juste être respectés et entendus.
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Excellent point et merci de le rappeler car je l’avait oublié de la liste : comme chacun sait et peut le constater, votre modèle est un modèle de sécurité si j’ose dire ! Marseille et ceux qui se font descendre à la kala, Paris et les touristes qui se font devaliser dans leurs voitures, les attentât terroristes, les policiers qui se font brûler vifs dans leurs voitures, bref un pays où l’on se sent en sécurité à tout moment. On ne peut visiblement pas vous forcer à regarder la vérité en face car elle est effroyablement en contradiction avec tout ce que vous prêchez.
Effectivement. Comme dit le proverbe “on ne peut pas forcer un âne à boire.
Cactus répond Bygmalion, 2f, Wauquier…
On parle d’un tremblement de terre au Pérou,
Cactus répond Bygmalion, 2f, Wauquier…
On parle du naufrage du Titanic,
Cactus répond Bygmalion, 2f, Wauquier…
Ce qui a d’intéressant chez Cactus, c’est la profondeur et l’étendue de ses arguments.