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Les manifestations sont toujours un festival de jeux de mots, savoureux ou non. Ainsi, en 2018, lors de la crise des Gilets jaunes, on pouvait lire, sur des pancartes destinées à Emmanuel Macron, « le méprisant de la République ». S'il fallait associer un sentiment, un seul, au double mandat du chef de l'État, ce serait bien celui-ci : le mépris. Depuis 2017, « il symbolise cette civilisation du mépris », affirme le sociologue François Dubet dans un essai instructif consacré à cette forme d'offense. Pourtant, Macron s'est excusé, à maintes reprises, pour des expressions inappropriées. Mais on ne pardonne pas à la seule personne qui, en république, devrait être étrangère à cette attitude hautaine, qui n'est pas un surplomb mais une morgue.
Le mépris est « l'émotion collective par excellence », qui peut avoir, en démocratie, « des effets ravageurs », explique Dubet, en cela qu'« il peut être le carburant des démagogues et des tyrans ». En France, souligne-t-il, Mélenchon et Le Pen prospèrent sur cet affect. À l'étranger, Trump incarne la revanche des « méprisés », alors même qu'il méprise tout ce qui n'est pas son électorat. Ajoutons que Poutine, lui, a construit son récit guerrier sur le mépris des Occidentaux pour les Russes.
Une attitude immature et victimaire
Le problème avec le mépris en démocratie est qu'il peut aussi se discuter. Dans son expression, il est parfois frontal, subtil ou… imaginaire. Réel ou ressenti, donc. L'imagination sert ici une attitude immature et victimaire, où toute parole venue d'en haut (l'État, les riches, les intellectuels, les journalistes…) est vécue comme un crachat au visage. Sur les réseaux sociaux, le témoignage d'un mépris sexiste, raciste, de classe ou climatique est l'assurance d'une indignation immédiate, avec emoji rouge de colère, qui se chiffre en vues ou en followers. Existe aussi un mépris horizontal – celui, par exemple, des « petits Blancs » pour les immigrés, et vice versa. Moralité : regardez-vous dans un miroir, vous y verrez un méprisé et un méprisant.
À Découvrir
Le Kangourou du jour
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« Le Mépris », de François Dubet (Seuil, 128 p., 12,90 €).

Edgar Faure l'a dit :
« Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent. »
« L'immobilisme est en marche, et rien ne pourra l'arrêter. »
Cette époque est décevante...
Trop court, l'article !
Je lirai cet article. Le respect se mérite quand bien même il est international voire universel. Là, j'ai un train à prendre pour revenir à Paris.