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John Grisham, auteur de nombreux romans à succès dont certains portés à l'écran par les plus talentueux des réalisateurs, Sydney Pollack, Joël Schumacher ou Francis Ford Coppola, signe son dernier opus intitulé « Les Garçons de Biloxi ». Biloxi ? Une charmante petite ville côtière du Mississipi où trouvent refuge de nombreux migrants en provenance d'Europe de l'Est au début des années 1900. Récolte de crevettes et d'huîtres rythment la vie de ces travailleurs venus aux Etats-Unis avec l'espoir d'offrir un futur meilleur à leur descendance.
Sur cette « Riviera du pauvre », les familles croates Rudic et Malokovic dont les noms américanisés deviennent Rudy et Malco, vivent dans le même quartier et travaillent nuit et jour pour survivre.
Le Bien ou le Mal ?
Villes côtières et ports ont toujours attiré les malfrats et Biloxi ne fait pas exception à la règle. Alcool, prostitution, jeux de hasard, drogue s'entremêlent. Page après page, avec méthode, John Grisham tisse une fresque familiale qui s'étale sur plusieurs décennies. Si la première génération était dure à la tâche, la seconde entame un parcours qui va inexorablement les séparer. Favorisé par la prohibition, Lance Malco se lance dans l'acquisition de bars et casinos illégaux en liaison avec l'organisation criminelle locale, la Dixie Mafia. Élevé dans un environnement ultra respectueux des lois, Jesse Rudy devient avocat, puis procureur. Face à la mafia et à l'omniprésence de la corruption, il semble pourtant impuissant.
Des choix de vie
Quel chemin pour la troisième génération ? L'écriture de John Grisham cisèle les portraits de Hugh Malco et de Keith Rudy. Adolescents fans de baseball, ils ont les mêmes envies, rient aux mêmes blagues et s'entendent comme des frères. Mais ils n'ont pas les mêmes familles… Au rythme des pages, on les voit grandir, on perçoit leurs indécisions. Peut-on échapper au poids du destin familial ? Hugh Malco ne résiste pas au côté obscur de Biloxi et devient un gangster, tandis que Keith Rudy embrasse une carrière de juriste. Est-ce que le noir est aussi noir que le blanc est blanc ? Naviguant entre des zones de gris, les univers d'Hugh et Keith évoluent en parallèle et se croisent souvent dans les prétoires et les prisons. Une dualité presque manichéenne, où Grisham démontre que si l'environnement est important, l'individu reste seul face à un virage qui scelle son destin. Pour Hugh, la rédemption sera-t-elle possible ? Son ami d'enfance pourra-t-il l'aider à s'extirper de son patrimoine mafieux ? Une approche immersive, qui donne au lecteur mille manières de réfléchir sur l'inné et l'acquis, sur les valeurs et traditions familiales et le poids d'un héritage trop lourd à porter.
John Grisham, Les Garçons de Biloxi, JC Lattès, 22,90€