Portrait d'Astolphe de Custine - Inconnu
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La Russie en 1839, récit de voyage d'Astolphe de Custine, offre de ce pays un portrait dont l'acuité est toujours soulignée aujourd'hui. Samantha Caretti évoque la déception de l'écrivain devant ce régime despotique dont il rêvait, et les réactualisations dont son œuvre fait régulièrement l'objet.

Avec
  • Samanta Caretti, docteure en littérature, présidente de la Société des amis de Custine

Un genre littéraire ancien s’est attaché à définir « l’âme des peuples », pour reprendre le titre d’un vieux livre d’André Siegfried. Le principe en est de débusquer, par-delà la diversité des périodes successives, une permanence qui constituerait l’originalité intrinsèque de chaque nation. Cette entreprise est souvent aventureuse. Mais elle peut être stimulante, quitte à multiplier, chemin faisant, les nuances et les objections. On s’est beaucoup prêté à cet exercice depuis près de deux siècles à propos de l’ouvrage fameux qu’Astolphe de Custine publia en 1843, et qui, sous le titre La Russie en 1839, retraçait son voyage dans cet empire, quatre années plus tôt. Depuis lors, parmi les multiples traverses rencontrées par la Russie, on n'a jamais cessé de s’interroger sur une validité possiblement pérenne des observations et des réflexions que Custine proposait.

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De la Russie de Custine à celle de Poutine : despotisme, militarisme dominateur, consentement à l’oppression...

La période la plus récente, celle de Poutine, redonne une nouvelle vitalité à un pareil exercice. Il est donc tentant de s’y adonner, une tentation à laquelle nous allons naturellement céder. Ce sera en compagnie de Samantha Caretti, docteure en littérature de l’Université de Caen-Normandie et présidente de la Société des amis de Custine. Avec elle, qui est passionnée par le personnage et par son œuvre, nous allons nous demander quels traits durables il est loisible de trouver, d’une Russie à l’autre dans la description de Custine, à près de deux siècles de distance. Il va s’agir des formes d’un despotisme, d’un militarisme dominateur, d’un éventuel consentement à l’oppression, de l’accueil fait aux étrangers avec la dissimulation des réalités derrière de fausses façades. Il va s’agir d’une diplomatie toujours ombrageuse et des relations heurtées avec l’Europe occidentale, entre mimétisme et antagonisme, entre séduction et rejet, dans l’ordre de la littérature, de la société et de la culture.

ARCHIVES

Le Kremlin de Moscou, « citadelle des spectres » (Custine, La Russie en 1839, 1843), lu par Pierre-François Pistorio dans "Poussières d'étoiles", de Frank Langlois, 28 mars 1991.

Barbey D’Aurevilly à propos de Custine (1854), lu par Jean Bollery dans "Une vie, une œuvre", de Philippe Barthelet, 21 novembre 1991.

Extrait de Custine, L’Espagne sous Ferdinand VII (1838), et réponse de Balzac à Custine (1838), lus par Jean Bollery et Eric Hayts dans "Une vie, une œuvre", de Philippe Barthelet, 21 novembre 1991.

La surveillance permanente (Custine, La Russie en 1839, 1843), extrait lu par Vincent Lubkov dans "L’échappée belle", de Pascale Lismonde, 13 décembre 1991.

La soumission au despotisme par le mensonge, lu par Jean Bollery, dans "Une vie, une œuvre" de Philippe Barthelet, 21 novembre 1991.

Ambition et domination (Custine, La Russie en 1839, 1843), extrait lu par Jean-Pierre Leroux, dans "Les lundis de l'histoire" de Philippe Levillain, 9 novembre 1992.

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BIBLIOGRAPHIE

Francine-Dominique Liechtenhan, Astolphe de Custine, voyageur et philosophe, Champion, 1990.

Vera Milchina, « Introduction » dans Astolphe de Custine, La Russie en 1839, Paris, Classiques Garnier, 2015.

Julien-Frédéric Tarn, Le Marquis de Custine, Fayard, 1985.

Hélène Carrère d’Encausse, « Préface » dans Astolphe de Custine, La Russie en 1839, Paris, Solin, 1990.

Pierre Nora, préface à Astolphe de Custine, Lettres de Russie, Gallimard, 1975, rééd. 1990.

Anka Muhlstein, Astolphe de Custine, 1790-1857 : le dernier marquis, Grasset, 1996.

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