Une élève dépose des fleurs au collège Françoise Dolto de Nogent (Haute-Marne) le 11/06/25 ©AFP - FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Après le meurtre de Mélanie G., assistante d'éducation à Nogent, Être et savoir interroge la façon dont cet événement résonne à l’école et dans la société.

Avec
  • Marie Rose Moro, pédopsychiatre, Professeure de l’Université Paris Cité, Cheffe de service de la Maison de Solenn, Maison des adolescents de l’Hôpital Cochin (AP-HP)
  • Sophie Vénétitay, professeure de SES, secrétaire générale du SNES-FSU (premier syndicat du secondaire)
  • Laurence Thouroude, chercheuse en sciences de l’éducation et formatrice
  • Loudia Brice, coordinatrice jeunesse référente réussite éducative au centre social La Maison pour Tous du Val d'Argent à Argenteuil

Une actualité en chasse-t-elle une autre ? Aujourd’hui, lundi 16 juin, le baccalauréat et ses 720 806 candidats font la une… Mardi dernier, Mélanie G., une assistante d’éducation au collège Françoise Dolto à Nogent, était assassinée par un élève de 4ᵉ, jeudi une minute de silence était organisée dans les écoles. Il y a quelques semaines, en avril, une lycéenne était tuée par un élève de son établissement à Nantes. Elias, 14 ans, et Abass, 16 ans, ont été assassinés cette année à Paris, également avec des couteaux...

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Cette violence sidérante est abondamment analysée, y compris dans Être et Savoir, mais ce dont nous souhaitions parler dans ce numéro, c’est du monde dans lequel elle prend place, de la manière dont vibrent ces événements tragiques à l’école, dans le présent des adolescents. En y réfléchissant et en échangeant avec des acteurs et observateurs du milieu scolaire et associatif, on voit émerger la question du regard sur l'autre, du manque d’empathie et d’une école qui ne créerait plus de lien social. La solitude immense et banale de nos enfants dépasse le sujet de la santé mentale.

À écouter

Louise Tourret s'entretient avec ses invitées : Loudia Brice, Coordinatrice jeunesse référente réussite éducative au centre social La Maison pour Tous du Val d'Argent à Argenteuil, Marie Rose Moro, Psychiatre de bébé, d’enfants et d’adolescents, Professeure de l’Université Paris Cité, Cheffe de service de la Maison de Solenn, Maison des adolescents de l’Hôpital Cochin (AP-HP), Membre de l’Institut Universitaire de France, autrice notamment de Pour le bien-être et la santé des jeunes avec Jean-Louis Brison (Odile Jacob, 2019), Laurence Thouroude, ancienne maîtresse de Conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, intervenante auprès des cadres de santé en formation au CHU de Rouen, et des étudiants de licence et master de sciences de l’éducation dans le dispositif FORSE (Formation et ressources en sciences de l’éducation), autrice de Prévenir les handicaps et les violences : la posture de l'entre-deux en éducation (Champs social, 2022), et Sophie Venetitay, professeure de SES (Sciences économiques et sociales), secrétaire générale du SNES-FSU (syndicat national des enseignants du second degré).

Dans cette émission vous entendrez également la voix d'Agathe, élève de seconde (académie de Versailles).

À écouter

Selon Marie Rose Moro, il s'agit non pas de repérage, mais "d'action la plus sensible et la plus bienveillante possible face à l'expression de la souffrance des jeunes. On ne peut pas prévenir, sauf par des actions de société qui permettent que l'adolescent soit mieux dans son école, sa vie, son avenir. La prévention au sens de surveillance et la détection précoce, ça n'existe pas, l'intervention précoce, si (...) Cette dimension existentielle de la solitude et du manque de liens, je ne sais pas si c'est nouveau, mais c'est très présent aujourd'hui".

Loudia Brice fait ce même constat : "Je trouve nos adolescents très isolés. Je demande toujours aux parents au début de l'année où se trouvent leurs enfants quand ils ne sont pas à l'école, et ils nous disent souvent qu'ils restent à la maison. Il n'y a plus de lieux, d'espaces publics qui leur sont dédiés. Aujourd'hui, il n'y a plus de groupes de pairs - la question du vivre ensemble, quand ils arrivent chez nous, est notre premier point de travail. Il y a une incapacité à créer du lien avec les autres, ils sont derrière leurs écrans et ne savent pas décrypter leurs émotions."

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