Sébastien Lecornu (à gauche) et Emmanuel Macron (à droite) à Paris, le 14 juillet 2025. ©AFP - Mohammed BADRA / POOL / AFP
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A la demande d'Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu a 48 heures pour mener d'"ultimes négociations" après avoir démissionné de son poste de Premier ministre. La crise politique en France est largement commentée chez nos voisins européens qui pointent la responsabilité du président français.

"Le gouvernement de Sébastien Lecornu, le plus éphémère de la Ve République", titre La Vanguardia en Espagne. 14 heures d'existence : cette brièveté a également marqué le Telegraph à Londres, mais aussi Il Fatto Quotidiano à Rome. Dans un article intitulé "Chaos en France", le journal italien évoque les 836 minutes de durée du dernier gouvernement français, tandis que la Deutsche Welle, en Allemagne, s'inquiète, elle, de compter 5 Premiers ministres en deux ans, pour Emmanuel Macron. "Avec le gouvernement Lecornu mort-né, on touche le fond du trou", titre le quotidien belge Le Soir, qui se demande comment la France en est arrivée là et surtout comment elle peut s’en sortir. Pour la BBC, tout remonte à 2024, à la dissolution provoquée par Emmanuel Macron : "inutile", "elle n'a fait que provoquer un psychodrame, selon le média international allemand Deutsche Welle, crispant un peu plus les Français, déjà divisés sur la question des retraites. Le parlement actuel est aussi divisé, si bien que la France semble ingouvernable, s'inquiète La Vanguardia. C'est presque devenue une nouvelle norme, selon la BBC : retour à la case départ à Matignon ou plutôt à la case "crise politique" dans laquelle la France s'enfonce.

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"Le président Macron est un canard boiteux à court d'options" : La situation ne fait qu’empirer, selon le correspondant de la BBC à Paris, alors qu'à Londres, le présentateur du média public britannique estime que "même au regard des standards français ces derniers temps, la situation est incroyable : la France connaît une nouvelle période d’instabilité majeure". "On ne s' attendait pas à ce que le gouvernement dure longtemps", confirme le journaliste de la BBC à Paris, mais il se dit surpris par sa brièveté. "La démission de Sébastien Lecornu, entré en fonction il y a moins d'un mois, met en lumière la gravité de la crise politique française, l'incapacité d'Emmanuel Macron à la gérer et l'irresponsabilité flagrante des partis", alerte La Vanguardia. Le chef de l'Etat a, pour l'instant, écarté la piste de sa propre démission, rappelle le quotidien économique allemand Handlesblatt, et ses marges de manœuvre sont donc bien étroites : "il devra donc se remettre en quête d'un nouveau Premier ministre d'ici jeudi au plus tard, ou dissoudre l'Assemblée et convoquer de nouvelles élections", analyse Handlesblatt. Mais "quel que soit le camp du futur Premier ministre, il ou elle sera rapidement confronté(e) à une motion de censure", prévient le quotidien économique allemand. "Le président Macron est un canard boiteux à court d'options", titre le Times, à Londres. La presse britannique est particulièrement cinglante : dans un article accompagné d'une photo peu flatteuse d'Emmanuel Macron, regard hébété, le Telegraph dit assister à "la lente agonie du président" et se demande si la démission du gouvernement Lecornu n'est pas "le coup de grâce."

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Crise politique et économique, crise de régime ?

La crise politique aggrave la situation économique de la France : à quand un budget pour 2026, se demandent le Telegraph et La Vanguardia ? A quand un gouvernement stable, se demandent aussi les marchés financiers alors que la bourse de Paris a terminé en baisse hier, que l'euro a reculé face au dollar et que la dette pèse de plus en plus sur la France, notent le Financial Times, la BBCHandlesblatt et la Deutsche Welle. Pour la radio internationale allemande, il est urgent de définir un cap politique clair sur la France, avant que l'Eurozone et l'UE n'en fassent les frais, dans un contexte de tensions géopolitiques. "Pourquoi les politiques français n'arrivent pas à trouver un compromis ? Est-ce parce qu’ils n’ont pas l’habitude de former des gouvernements de coalition ? Ou simplement à cause d’egos surdimensionnés ?", interroge le journaliste de la Deutsche Welle en Allemagne. Pour ces deux raisons, répond la correspondante de la Deutsche Welle à Paris : selon elle, "les Français ne seront jamais comme les Allemands, capables de trouver un terrain d’entente pour faire des compromis sur certains points essentiels et d’accepter d’être en désaccord sur d’autres", car ce n’est pas dans la culture politique nationale française.  La question d'une crise de régime devient de plus en plus aigüe, selon la Deutsche Welle, car la Ve République a été construite autour d'une figure, celle du général de Gaulle, analyse la radio internationale allemande. "Le besoin d'un chef d'État fort et investi d'un mandat a rarement été aussi grand", abonde le quotidien britannique The Times.

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Cette impasse politique renforce la perspectives de l'extrême droite et fait craindre une crise de régime, d'après la Deutsche Welle : des élections anticipées "pourraient lui conférer davantage de pouvoir", confirme Handelsblatt. Pour le correspondant à Paris du journal suisse Blick, Marine Le Pen est "la grande bénéficiaire de la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu. Comme si celui qui lui fit mordre deux fois la poussière lors des élections présidentielles de 2017 et 2022 était, ni plus ni moins, en train de lui dérouler le tapis rouge du palais de l’Elysée. Marine Le Pen n’a pas besoin d’être stratège. Encore moins de hausser son niveau de jeu politique dans une France engluée dans une crise politique sans précédent depuis l’instauration de la Ve République, en 1958. La cheffe du Rassemblement national (droite nationale populiste), actuellement patronne du groupe des députés RN à l’Assemblée, a juste à recueillir le fruit des erreurs à répétition de celui qui l’avait ridiculisé lors de leur premier débat télévisé, le 4 mai 2017. [...] Marine Le Pen, désormais calée dans son rôle de défenseure des institutions, se contente d’égrener les deux seuls scénarios démocratiques, selon elle, pour éviter la crise régime. Soit une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, assurée selon les sondages de propulser son parti vers une possible majorité absolue de députés. Soit une démission d’Emmanuel Macron qui, toujours selon les sondages, la placerait largement en tête du premier tour de la prochaine présidentielle.[...]Une grande partie de l’opinion publique retient juste l’image d’un pays fragilisé, en panne sur le plan économique, miné par l’insécurité, sur lequel pèse la menace d’une réduction drastique (justifiée vu l’endettement national) des dépenses publiques. Plus évident encore: l’incapacité de ce président de 47 ans à donner sa chance à de nouveaux talents, et l’épuisement de son libéral-centrisme, alimente la volonté de dégagisme tous azimuts. D’autant que le dernier barrage, celui de l’Europe, a explosé avec les élections européennes de juin 2024, marquées par la progression des partis nationaux populistes proches du RN. Marine Le Pen n’est pas encore présidente de la République. Son parti reste ancré à l’extrême-droite. Toute une partie de l’électorat français peut encore se mobiliser pour l’empêcher d’accéder à l’Elysée. Mais imaginer que la crise actuelle ne lui profitera pas au format XXL est illusoire. Emmanuel Macron, par son comportement et ses obsessions, est devenu, de facto, son meilleur allié", écrit Richard Werly, pour le journal suisse en ligne Blick.

Sentiment de surtourisme au Japon

La manne financière du tourisme : 2025 s'annonce une année record, selon Nikkei Asia, alors que le nombre de visiteurs étrangers a plus que quintuplé en 20 ans au Japon avec 37 millions de touristes l'an dernier, contre 6,7 millions en 2005. Le tourisme représente une manne financière, souligne le Financial Times, mais pour certains Japonais, cela donne l'impression d'un surtourisme, qui ne fait que les renvoyer au malaise économique - relatif - du pays. "À Kyoto, qui abrite des sanctuaires et des temples inscrits au patrimoine mondial, l'augmentation du nombre de touristes a provoqué une saturation des transports en commun", déplore le quotidien japonais Asahi Shimbun, et "le comportement de certains touristes, comme celui de tenter de prendre des photos de geishas sans autorisation, est devenu un problème." Les gouvernements successifs ont profité de l'engouement international pour la culture japonaise, pour les mangas, et ont lancé des campagnes généreusement financées pour attirer les visiteurs étrangers, explique le Financial Times, avec "un objectif de 60 millions de visiteurs annuels d'ici 2030, soit une augmentation d'environ 50 % par rapport aux chiffres actuels."

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Du boom touristique à l'impression de surtourisme : "À Kamakura, ville balnéaire au sud de Tokyo, autrefois capitale du Japon, le nombre de visiteurs japonais et étrangers a dépassé de plus de 90 fois celui des habitants permanents l'année dernière. Les touristes ont tendance à concentrer leurs déplacements sur une « route dorée » relativement étroite passant par Tokyo, Kyoto et Osaka, ce qui accentue le sentiment de surpopulation, attise les griefs locaux et irrite les régions du pays encore peu florissantes sur le plan économique", détaille le Financial Times. Le quotidien économique britannique poursuit : "les bousculades incessantes devant lieux populaires du pays, ainsi que l'indiscipline, le bruit et le non-respect des règles et de l'étiquette complexes du Japon, ont commencé à mettre à l'épreuve l'omotenashi, l'hospitalité, si chère au Japon." Les habitants s'indignent de la hausse des prix et des loyers inabordables et des termes comme "kanko kogai" ou "pollution touristique" prolifèrent en hashtag sur les réseaux sociaux. "La faiblesse du yen, qui a chuté d'environ 45 % face au dollar depuis fin 2010, a exercé un puissant pouvoir d'attraction et a contribué à effacer l'image du Japon comme destination trop chère. Elle a également freiné les voyages à l'étranger des jeunes Japonais, les obligeant à privilégier les vacances dans leur pays d'origine. Les baby-boomers japonais, qui arpentaient les sites touristiques en grands groupes, munis d'appareils photo dernier cri pendant l'apogée économique du pays dans les années 1980, ont aujourd'hui plus de soixante-dix ans et sont aussi susceptibles de s'occuper de leurs conjoints âgés que de faire le tour du monde en jet privé. Pour les plus de 75 ans, qui représentent aujourd'hui environ 16 % de la population japonaise, l'arrivée chaque hiver de dizaines de milliers de jeunes Australiens profitant de vols low cost pour skier à moindre coût au Japon ne fait qu'exacerber le sentiment d'humiliation économique", explique, dans les pages du Financial Times, Chieko Tanaka, une militante basée à Kyoto pour de meilleures relations entre touristes et résidents. "Personne n'aime se faire dire par les touristes que tout est bon marché, alors qu'il n'y a pas si longtemps, le Japon était le pays le plus cher du monde", rapporte le Financial Times.

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