À la préhistoire, les enfants apprenaient en observant le groupe familial : maîtriser le feu, fabriquer des outils, chasser, coudre, reconnaître ce qui se mange. Leur longue enfance et un cerveau immature favorisaient-ils l’acquisition de ces savoirs essentiels ?
- Evelyne Heyer, biologiste française, productrice pour "Le Fil sciences" sur France Culture
Vous ne vous êtes peut-être jamais posé cette question, mais elle est importante ! Les "enfants préhistoriques" apprenaient vraisemblablement auprès de leurs congénères, et c’est ainsi que les connaissances se sont accumulées au fil des générations. Mais comment cet apprentissage se faisait-il sans bancs ni professeurs ? Qui transmettait le savoir, et comment le partage des connaissances a-t-il façonné la survie des humains ?
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Apprendre au sein du groupe familial
Pas d’école formelle pour Homo habilis, Homo erectus ou Homo sapiens turbulents : l’apprentissage se faisait vraisemblablement au sein du groupe familial élargi. Non seulement les parents, mais aussi les frères, sœurs et autres membres du clan contribuaient à former les plus jeunes. Ces derniers devaient conserver les savoirs accumulés par leurs prédécesseurs : allumer un feu, fabriquer des outils, chasser, coudre… Mais surtout, apprendre ce qu’il faut ou ne faut pas manger. Très vite, ces apprentissages étaient partagés : les progrès réalisés par un groupe se retrouvaient dans toutes les régions qu’il peuplait. L’aiguille à chas, indispensable pour la couture, est un exemple : apparue il y a environ 20 000 ans, elle se répand rapidement dans toute l’Europe.
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Une longue enfance pour un cerveau en construction
Depuis quand cette transmission des savoirs existe-t-elle ? Difficile à savoir, mais elle se pratique depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, comme le montrent les outils et techniques complexes développés par les humains. Les enfants humains sont particulièrement équipés pour cet apprentissage. À la naissance, leur cerveau n’est que de 25 % de la taille du cerveau adulte, contre près du double chez les chimpanzés. Les nouveau-nés sont fragiles, immatures et nécessitent une attention constante : ils voient mal, ne contrôlent pas leurs bras et leurs jambes, et jusqu’à l’apparition de la médecine moderne, environ un enfant sur cinq décédait avant un an. Cette immaturité est une force : elle rend possible l’accumulation de savoirs sur une longue période. La croissance humaine est plus longue : il faut environ vingt ans pour atteindre un cerveau adulte, contre moins de dix ans chez les chimpanzés. L’enfance humaine, avec son plateau de croissance entre 6 et 10 ans et la puberté comme pic de croissance, favorise une maturation cérébrale unique chez notre espèce.
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Le rôle du langage et de la culture
La complexité des comportements humains et des savoir-faire à transmettre rend le langage indispensable. Observer et reproduire ne suffit pas : il faut communiquer, transmettre des concepts et coordonner les actions. Ainsi, l’apprentissage se fait par l’expérience et l’échange, et la culture se diffuse rapidement au sein du groupe et entre régions. Pendant toute cette longue enfance, le cerveau se construit en emmagasinant les savoirs nécessaires à la survie et à la vie en société. C’est le véritable temps fort de l’apprentissage… celui de "l’école préhistorique". Alors, vive l’école !
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Références bibliographiques
- À la préhistoire, les enfants allaient-ils à l'école ? par Antoine Balzeau, Paléoanthropologue au Muséum national d’Histoire naturelle, à consulter ici
- Pourquoi faut-il si longtemps pour "être un homme" ? par Samuel Pavard, Professeur au Muséum d’histoire naturelle, à consulter ici
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