Les critiques discutent d'"Uvaspina" de l'autrice italienne Monica Acito, un premier roman dont l'action se situe à Naples et qui déborde comme la ville.
- Marie Sorbier, productrice du "Point Culture" sur France Culture, et rédactrice en chef de I/O
- Pierre Benetti, critique littéraire
Uvaspina, qui tient son surnom d’une baie que l’on presse et dont le jus sert à guérir les maux d’autrui, c'est le garçon au cœur de cette chronique familiale. Trop efféminé aux yeux du monde, il cherche à échapper à sa famille, et surtout sa mère Graziella qu’on appelle la Dépareillée, une mère issue des quartiers populaires qui a réussi à s’élever dans l’ordre social par son mariage, une mère qui tous les mercredis fait mine de mourir devant ses enfants.
Monica Acito nous livre ici un premier roman d’une rare intensité, une histoire magique empreinte d’amour et de folklore entre pleurs, tendresse et amertume au cœur de Naples, la ville du tout et du trop, qui bat et qui déborde.
Les avis des critiques
- Pierre Benetti : "J’ai été saisi par beaucoup de sensations lors de ma lecture, c’est rare et je pense que c’est très lié à la traduction extrêmement vivante de Laura Brignon, qui a trouvé des manières de faire vivre en français cette culture locale napolitaine. Les personnages existent réellement, celui d’Uvaspina est le plus incarné. Il y a une attention et une longueur données aux descriptions de ce qui arrive à cette famille. Monica Acito a un grand talent, elle nourri le livre en métaphores corporelles et culinaires dans une langue populaire, très dense et puissante, mais avec une narration toujours fluide et des phrases très amples. Elle arrive à nous faire sentir Naples même si on n’y est jamais allé. On colle à cette ville qui a une espèce d’éternité. Sans qu’il ne s’agisse d’une carte postale, je me suis demandé si on n'était pas un peu trop dans le folklore, le kitsch, et s’il était finalement possible d’écrire sur Naples sans tomber dans ces travers."
- Marie Sorbier : "C'est un roman qui m'a fait beaucoup d'effets : du dégoût, de la peur, du rire, de la tristesse. J'étais complètement dans ce livre, mon cœur battait au rythme des pages que je tournais. Le livre est très sensitif : on sent les odeurs, la chaleur, la puanteur, la mer. C'est un concentré de Naples, que ce soit dans sa violence ou dans sa beauté, à travers cette famille haute en couleur, très caricaturale, mais c'est dans la caricature que s'exprime tout l'art d'un premier roman que je trouve très maîtrisé. C'est écrit dans une langue que j’avais rarement lue, à la fois très orale et très poétique. Il y a un art des images, qui sont sales, gothiques, les mots râpent, font mouche. La relation entre les deux enfants est très intéressante, ils ont un rapport de genre inversé : la figure du mâle est portée par la sœur, qui est méchante, maléfique, un personnage féminin comme on en lit peu, et c’est le frère qui incarne la grâce, la beauté, la culture, il est presque comme un personnage de légende".
Le roman, traduit de l'italien par Laura Brignon, a paru aux éditions du sous-sol.
Extrait sonore
- Lecture d'un extrait d'Uvaspina de Monica Acito par Louis Cosnard.
À écouter
Chroniques
- Les critiques discutent de "La ligne", un roman écrit et publié par Aharon Appelfeld en Israël en 1991 qui vient seulement de paraître en France, et raconte l'errance d'un jeune homme juif en Europe après la Shoah.
18 mars
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16 min
L'équipe
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