Dans ce premier volet diffusé pour la première fois en 1979, les "Nuits Magnétiques" enquêtaient sur le rapport des travailleurs de l'usine Renault de Sandouville à la littérature. Une enquête qui met à bas les préjugés tenaces dont pâtit le monde ouvrier.
- Bernard Pivot, journaliste et critique littéraire français
Pour le premier volet de cette enquête menée en 1979 sur la relation des Français à la lecture, Antoine Spire et Georges Bonopéra rencontraient les ouvriers de l'usine Renault de Sandouville, une usine dont onze cents des onze mille employés étaient alors inscrits à la bibliothèque du comité d'entreprise. Lisez-vous ? Que lisez-vous ? Comment lisez-vous ? Pourquoi lisez-vous ? Telles étaient les questions qui leur étaient posées. Dans leur fond comme dans leur forme, les réponses que livraient aux micros de France Culture ces ouvriers, il y a quarante ans, battaient en brèche bien des a priori.
Roger-Yves : "Notre condition, ce qu'on ressent, les gens comme Maupassant l'ont exprimé mieux même qu'on ne le pense nous-mêmes"
Roger-Yves, électricien chez Renault depuis 7 ans, expliquait son rapport à la lecture : "Je viens très souvent à la bibliothèque. J’aime beaucoup lire, je lis toujours par pôles successifs ou alors par séries d’auteurs. Je lis tout Romain Rolland, Balzac, Flaubert. J’estime que comme cela on peut mieux comprendre un auteur, un écrivain plutôt que de piocher par-ci, par-là un livre au hasard. J’ai relu récemment tout Maupassant pour la dixième fois et on voit mieux toute la qualité de son œuvre, on voit mieux la progression de sa démence, on apprécie beaucoup plus certains ouvrages. Prenez par exemple "La Peur" qu’on lira à 15 ans, on glissera dessus, puis, plus on vieillit plus on prend conscience de ce qu’il a pu ressentir. […] On comprend mieux l’angoisse qu’un homme qui commence à vieillir a pu ressentir devant la mort."
Plus loin, sur sa condition d'ouvrier, il explique : "L’angoisse on la ressent à chaque instant devant le peu d'intérêt de notre travail, devant notre condition, on peut presque le dire, misérable. En fin de compte nous ne sommes qu'un pion sur l'échiquier et tout ce qu’on ressent on ne peut pas vraiment le dire ; les gens comme Maupassant ont très bien su le dire avant nous, ils l'ont exprimé mieux même qu'on ne le pense nous-mêmes."
Une émission à laquelle participaient Serge Labrunie, sous son pseudonyme de romancier, Serge Montigny, et Bernard Pivot qui avec l'émission Apostrophes personnifiait alors la littérature à la télévision et popularisait le concerto pour piano n°1 de Rachmaninov.
- Production : Antoine Spire et Georges Bonopéra
- Réalisation : Mehdi El Hadj
- Nuits magnétiques - Lectures volées 1/2 (1ère diffusion : 28/05/1979)
- Indexation web : Documentation Sonore de Radio France
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Nuits magnétiques - Lectures volées 2/2 (1ère diffusion : 29/05/1979)
Les Nuits de France Culture
1h 04min
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- Producteur de l'émission "Les Nuits de France Culture" de 2001 à 2021
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