Aujourd’hui, les fanfares se nourrissent de cultures étrangères, s’hybrident avec d’autres genres musicaux. Du Brésil à l’Occitanie, de l’Italie ou de la Nouvelle-Orléans à Montreuil, des rues de Hambourg au Zénith de Paris, l’esprit des fanfares transcende toutes les frontières.
Gilets jaunes, sans papiers, droit au logement, journée internationale des droits des femmes, réforme des retraites ou loi travail… depuis 2009, La Fanfare invisible répète chaque semaine à Montreuil et rythme les manifs un peu partout en France. Son modèle : Ottoni a Scoppio, une fanfare militante d’origine milanaise.
Marc, tromboniste : « Notre répertoire est composé d’une soixantaine de morceaux et est à l’image de notre groupe, un laboratoire social mouvant dans lequel on retrouve des chants populaires, des chants de lutte, Esperanza, La Semaine sanglante, des chants de la commune, Bella Ciao, et quelques compositions originales. »
Depuis plus de 15 ans, Grail’Òli (Grail en référence au hautbois catalan et Oli comme l’huile d’olive) s’invite dans la rue ou sur scène pour diffuser sa musique populaire, vitaminée et créolisée. Pétrie de nouvelles inspirations sonores, de singularités instrumentales et de poésies polyglottes, cette formation montpelliéraine a concocté un second opus intitulé « RuZoli ».
JB : « La force de la grail’, le hautbois catalan, c’est qu’elle permet de passer au-dessus de tous nos instruments de batucada ».
Dans la foulée de son opus hommage à Nat King Cole, qui lui a valu d’être élu « voix de l’année » aux Victoires de la musique jazz en 2017, le crooner britannique Hugh Coltman est parti à la Nouvelle-Orléans enregistrer Who’s Happy, un album gorgé de cuivres.
Hugh Coltman : « J’étais en train de bidouiller sur ma guitare lorsque j’ai trouvé ce riff (il se met à jouer), ça m’a rappelé cette fameuse scène de Down by law, le film de Jim Jarmusch, ce moment fabuleux où Tom Waits erre dans la rue, dans une ambiance de loose. Tout d’un coup, j’ai eu l’image d’une fanfare de loosers à 4h du matin à la Nouvelle-Orléans. Un sentiment de joie désespérée. »
Enfin, originaire de Hambourg et composée de 11 musiciens, la fanfare électro allemande Meute revisite des tubes techno, house et deep house et enflamme le public français sur disque comme sur scène.
Hans Christian, trompettiste : « Nous essayons de jouer et de répéter nos motifs musicaux aussi précisément que possible tout en sachant que nous ne parviendrons jamais à égaler la machine. Et c'est cette dose d'humanité qui fait tout le charme de notre musique. »
Un documentaire de Jérôme Sandlarz, réalisé par Benjamin Hû.
Avec :
- Les deux Marc, Louise et Pascale de la Fanfare invisible
- Anaïs Vaillant, anthropologue, Olivier, JP, Greg, Jean-Bernard et Laura du groupe Grail’Oli
- Hugh Coltman, chanteur
- Philippe Gumplowicz, musicologue et historien de la musique
- Thomas et Hans-Christian, trompettistes au sein de la fanfare Meute
Merci à Benjamin Hû et Thomas Beau pour leur doublage des musiciens de Meute.
Et un extrait du film Down by Law de Jim Jarmusch
« Alors la trompette » poème de Robert Desnos extrait du recueil « Etat de veille » (1936)
lu par Jacques Bonnaffé
Prise de son : Sandrine Malon et Frédéric Cayrou
Documentation : Annelise Signoret
Recherche INA : Sylvia Monduc
Bibliographie :
- La batucada des gringos. Appropriations européennes de pratiques musicales brésiliennes – Thèse d’Anaïs Vaillant
- Les travaux d’Orphée, deux siècles de pratique musicale amateur en France (1820-2000) Harmonies, chorales, fanfares (Nouvelle Edition Aubier 2001) - Philippe Gumplowicz
- Roll With It – Brass Bands in the Streets of New Orleans (Duke University Press) – Matt Sakakeeny
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