On connaît tous cette histoire, à la fin de la guerre de Cent Ans, celle d'une paysanne de 17 ans qui en 1429 quitte un village de la Lorraine avec une poignée de soldats. Jeanne d'Arc a marqué à jamais l'histoire de France. C'est son procès pour hérésie qui nous est raconté dans cette émission.
- Colette Beaune, médiéviste, spécialiste de Jeanne d'Arc, Professeure émérite à l'Université de Paris X.
Jeanne d'Arc, simple bergère devenue héroïne, est l'un des personnages les plus populaires de l'histoire de France. Après avoir combattu les Anglais, elle est capturée à Compiègne, livrée à ses ennemis et jugée pour hérésie. Le 21 février 1431, dans la chapelle royale du château de Rouen, commence son procès, l'un des plus célèbres de l'histoire. Invitée de l'émission, l'historienne Colette Beaune éclaire les enjeux de ce procès qui a transformé Jeanne d'Arc en martyre.
Un procès pour hérésie
Lorsque Jeanne d'Arc est jugée à Rouen, ce n'est pas une sainte que les Anglais cherchent à condamner, mais une hérétique. À cette époque, les prisonniers de guerre sont généralement libérés contre une rançon, mais l’hérésie est un péché qui ne peut être racheté. Devant une telle accusation, elles est abandonnée par Charles VII, son roi, et par tous ceux qui auraient pu la soutenir. Jeanne comparaît seule devant ses juges et notamment l'évêque Cauchon de Beauvais qui dirige ce procès en sorcellerie.
Malgré les tentatives des juges de la piéger, Jeanne d'Arc fait preuve d'un grand aplomb durant son procès. Portée par la voix de Dieu, elle répond à ses accusateurs avec une confiance inébranlable, refusant même de prêter serment, estimant que Dieu n'a pas à être convoqué pour des questions aussi futiles. Ses apparitions divines, qu'on lui demande de décrire, sont jugées suspectes car trop corporelles, pas assez immatérielles pour les théologiens. Les juges voient aussi dans ses anneaux une forme de magie et son habit d’homme comme un acte de rébellion contre l'ordre divin et social.
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Une rebelle, une martyre et un mythe
Jeanne d'Arc est par définition une rebelle, nous dit Colette Beaune. Elle a refusé le destin traditionnel des femmes de son époque : se soumettre au mariage, obéir à un mari, faire beaucoup d'enfants et mourir en couches. Elle s'est choisi un destin qui la relie directement à Dieu, sans passer par le clergé et cela la met en conflit avec les autorités religieuses.
Le 24 mai 1431, elle abjure puis se rétracte, ce qui la conduit à être brûlée vive le 30 mai. Son dernier mot sur le bucher, "Jésus", renforce le parallèle avec le procès de Jésus. L'opinion publique à cette époque est divisée, entre doute, hostilité et jalousie. Sa fin tragique la fait devenir une martyre et, en 1456, un nouveau procès prouve l'illégitimité de celui de 1431. Cette réhabilitation marque le début du mythe de Jeanne d'Arc.
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