Les négociations pour la mise en œuvre du plan Trump pour Gaza s’ouvrent aujourd’hui en Égypte : personne ne veut porter la responsabilité d’un échec, ce qui donne une chance à la première phase, celle du cessez-le-feu et la libération des otages et des prisonniers. La suite est plus complexe.
La négociation indirecte sur la mise en œuvre du plan Trump pour Gaza, qui démarre aujourd’hui à Charm El-Cheikh, en Égypte, dispose d'un atout majeur malgré sa difficulté : aucun des participants israélien ou palestinien ne voudra être considéré comme responsable d’un échec. La raison est évidente : ne pas encourir la colère d’un Donald Trump qui s’est personnellement investi et ne veut pas d'un revers dans son image de faiseur de paix.
Ce facteur psychologique beaucoup plus que politique pourrait permettre au moins d’atteindre la première phase du plan Trump : le cessez-le-feu, la libération des otages israéliens, morts ou vivants, et celle des prisonniers palestiniens des geôles israéliennes. C’est ce qu’espèrent, par-dessus tout, les opinions publiques des deux côtés.
Il faut bien sûr rester prudent tant que ça n’a pas eu lieu, mais ce premier résultat est à portée de la main, et ça serait déjà un succès que pourra revendiquer le président américain. La suite sera plus compliquée, car elle touche à la partie politique du plan, qui a de nombreuses zones de flou et d’incohérence.
Il faut placer ces négociations dans leur contexte
Tout a changé lorsque Benyamin Netanyahou a ordonné le mois dernier le bombardement de cibles du Hamas à Doha, au Qatar. C’était, nous l’avions dit à l’époque, l’opération militaire de trop.
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S’en prendre au Qatar, qui abrite la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient, où Donald Trump s’est rendu au début de l’année, c’était toucher à un équilibre régional fragile. C’est de surcroit un pays qui a joué un rôle décisif dans les circuits de négociation avec le Hamas. Les pays du Golfe, y compris les Émirats arabes unis qui ont des relations diplomatiques avec Israël, l’ont très mal pris et ont communiqué leur colère à leur ami – et partenaire en affaires – Donald Trump.
La semaine dernière, Trump a forcé Netanyahou à téléphoner à l’émir du Qatar et à s’excuser pour le raid israélien. Trump s’est également porté garant de la sécurité du Qatar, un geste sans précédent qui montre l’importance qu’il accorde à cette relation. C’est la toile de fond du changement d’attitude à Washington, et Netanyahou doit en tenir compte et se plier à la volonté du président américain.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas est lui aussi sous pression
D’abord de la part du Qatar, son principal interlocuteur dans le monde arabe, et de la Turquie d’Erdogan, qui soignent leur relation avec Trump. Le Hamas ne pouvait pas se permettre de refuser en bloc le plan Trump, surtout quand Trump dit publiquement qu’il soutiendra Israël dans sa guerre à outrance si le mouvement palestinien s’y oppose.
Ce qui vaut pour la première phase ne vaut pas pour la suite. Les deux parties avancent à reculons ! Le Hamas ne veut pas désarmer et encore moins disparaître ; et la coalition de Netanyahou avec l’extrême droite risque d’imploser si le plan Trump empêche la destruction totale de Gaza.
On n’en est pas là. Pour l’heure, chaque camp fera ce qu’il faut pour ne pas encourir le blâme, en espérant que l’autre commette une faute. Si, au moins, ça permet la libération des otages et l’arrêt du calvaire des deux millions de civils de Gaza, le monde ne pourra que s’en féliciter. Même s’il est difficile d’être optimiste pour la suite : un cessez-le-feu n’est pas la paix.
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- Journaliste, chroniqueur géopolitique à France Inter


