Melissa Raouf, première Miss « no-make up »

Entendons-nous bien : l’épreuve à « visage nu » existe déjà, elle fait partie des étapes de qualification des miss, comme « les sports » ou « les talents », si je me réfère au site de Miss Angleterre. Ce qui est nouveau avec Melissa Raouf, miss de 20 ans originaire du sud de Londres, c’est qu’elle a suivi tout le concours sans utiliser un gramme de maquillage ! Y compris lors de la grande finale hier. Une première depuis que Miss England existe, il y a un peu moins d’un siècle.

Une évolution consciente portée par cette étudiante en Science Politique qui a fait de sa participation un geste symbolique contre l’injonction au maquillage.

« J'ai l'impression que de nombreuses filles d'âges différents se maquillent parce qu'elles se sentent obligées de le faire »

A déclaré melissa raouf au quotidien britannique the independant, lorsqu’elle a intégré la liste des finalistes. Son combat elle en fait également un enjeu de santé mentale, dans une époque où les stéréotypes véhiculés par les réseaux sociaux ont un effet de dépréciation morbide…

« Je veux juste supprimer tous les standards de beauté »

Déclarait-encore cette Miss « No Make Up » très engagée, qui peut se permettre d’être au naturel certes, mais qui s’inscrit surtout dans un mouvement plus large déjà initié par de nombreuses personnalités. La chanteuse Adèle récemment, ou Alicia Keys dès 2017, qui publiait sa tribune « Time to Uncover » / « Il est temps de se découvrir » ! Un texte non pas contre le maquillage, mais contre ce qui fait qu’on se sent obligé d’en porter…

« Qui a dit que je devais cacher ce dont je suis faite / Peut-être que tout ce Maybelline couvre mon estime de moi » chante Alicia Keys.

En France on se souvient de Sara Forestier , volontairement sans maquillage à la télé, sans oublier l’essai « Beauté Fatale » de Mona Chollet et cette citation devenue culte « Il n’y a pas de mal à vouloir être belle. Mais il serait peut-être temps de reconnaître qu’il n’y a aucun mal non plus à vouloir être » !

On pourrait dire que libérer les femmes de l’injonction d’être belle dans un concours de beauté justement… ça relève du grand paradoxe. Mais même si elle n’a pas remporté le titre de Miss England hier, l’action de Miss Raouf marque un tournant. Son absence de maquillage dans ce genre de concours rend particulièrement visibles les attentes « codifiées » du regard et les libertés à conquérir. Heureux paradoxe !