Épisode 5/5 : Que sa joie demeure

Cette ultime période de sa vie est marquée par une relation intense avec la mort et une volonté de laisser une empreinte. Sa famille, quant à elle, fait face à une nouvelle réalité après son décès, et la reconnaissance de son œuvre mettra des années à arriver, bien après la fin de sa carrière.

A l'aveugle

La légende raconte que Bach a, dès son plus jeune âge, composé et recopié de la musique, au clair de lune, ou à la lumière des chandelles. Cette faible luminosité est probablement à l'origine de sa vue défaillante. Vers 63 ans, elle chute drastiquement. Malgré la fatigue et l'infirmité, Bach ne renonce pas pour autant à ses activités. Les derniers mois de sa vie, on le voit encore travailler et incurablement, polémiquer. Bach rencontre alors le chevalier Taylor qui l’opère de la cataracte à deux reprises. Mais les suites des interventions auront bientôt raison de sa robuste constitution. Bach meurt à l’âge de 65 ans.

Vision funèbre

Tout au long de sa vie, Bach a été un homme profondément croyant. On rapporte d’ailleurs cette anecdote : sur son lit de mort, alors qu’il corrigeait le dernier choral pour orgue qu'il venait d’écrire, il changea le titre qui disait ceci “lorsque nous sommes dans une grande détresse”, au profit du titre d'un autre cantique intitulé : “Seigneur, je m'avance maintenant vers ton trône”. Bach a toujours eu un rapport singulier à la mort dont l’origine remonte peut-être à son enfance.

Perdu de vue, puis retrouvé

À sa mort, Bach plonge donc dans un très relatif oubli, son œuvre va continuer à être jouée dans les années et les décennies qui suivent sa disparition, mais sans pour autant véritablement aboutir à une reconnaissance immédiate. Il faudra pour cela attendre le XIXᵉ siècle, notamment grâce à Félix Mendelssohn, pour que ses Passions et ses œuvres d'orgue ressuscitent et que la musique de Bach, cette synthèse miraculeuse de l'ancien, du présent et d’un futur imaginé, atteigne une dimension européenne et universelle à ce jour inégalée. La musique de Bach nous trouve encore aujourd'hui, comme l'explique le violoncelliste Jean-Guihen Queyras : "Chacun va trouver ce dont il a besoin quand il entend une œuvre de Bach".

Programmation musicale

JEAN-SEBASTIEN BACH

La Passion selon Saint Matthieu BWV 244 : Erbarme dich (2ème partie) Air de mezzo-soprano 
RAPHAEL PICHON, Chef d'orchestre - PYGMALION, Ensemble instrumental - LUCILE RICHARDOT, Mezzo-soprano
Label HARMONIA MUNDI © 2022

L' Art de la fugue BWV 1080 : Contrapunctus n°1 
PIERRE LAURENT AIMARD, Piano 
Label DGG (DEUTSCHE GRAMMOPHON) © 2008

Messe en si mineur BWV 232 : Agnus Dei (Air de contre-ténor) 
ANDREA MARCON, direction - LA CETRA, orchestre - CARLOS MENA, Contre-ténor
Label ARCANA © 2024

Jesu meine Freude BWV 227 : Jesu meine Freude 
RAPHAEL PICHON, Chef d'orchestre - PYGMALION, Ensemble instrumental
Label HARMONIA MUNDI © 2020

L' Art de la fugue BWV 1080 : Canon alla ottava 
PIERRE LAURENT AIMARD, Piano 
Label DGG (DEUTSCHE GRAMMOPHON) © 2008

L'offrande musicale BWV 1079 : Canon a 2 per tonos 
REINHARD GOEBEL, direction - MUSICA ANTIQUA DE COLOGNE
Label ARCHIV PRODUKTION © 1984

Concerto italien en Fa Maj BWV 971 : Allegro - pour piano 
ALFRED BRENDEL, Piano 
Label PHILIPS © 1977

CARL PHILIPP EMANUEL BACH

Concerto pour violoncelle n°1 en la min Wq 170 H 432 : 1. Allegro assai 
RICCARDO MINASI, Direction 
ENSEMBLE RESONANZ, Orchestre
JEAN GUIHEN QUEYRAS, Violoncelle
Label HARMONIA MUNDI © 2018

JEAN-SEBASTIEN BACH

Le clavier bien tempéré Livre I : Prélude en ut min BWV 847 
VIKINGUR OLAFSSON, Piano 
Label DGG (DEUTSCHE GRAMMOPHON) © 2018

La Passion selon Saint Jean BWV 245 : Herr unser Herrscher (1ère partie) Choeur 
NIKOLAUS HARNONCOURT, Chef d'orchestre - CONCENTUS MUSICUS DE VIENNE, Orchestre - CHOEUR ARNOLD SCHOENBERG, Choeur
Label ERATO © 2015

Passion selon Saint Jean : Ruht wohl ihr heiligen Gebeine (2ème partie) Choeur 
JOHN ELIOT GARDINER, Chef d'orchestre - SOLISTES BAROQUES ANGLAIS, Orchestre - CHOEUR MONTEVERDI, Choeur
Label SDG © 2011

Bibliographie générale

Archives sonores

1. Gilles Cantagrel nous parle du rapport de Bach à la mort, directement lié à la perte de ses deux parents, et qui provoque chez lui "une angoisse existentielle monstrueuse"
2. Le musicologue, Gilles Cantagrel, évoque la paternité de Bach, et le poids de ce patronyme pour ses enfants.
3. Evocation de Carl Philipp Emanuel, un des fils de Bach, qui va "reprendre le flambeau de la tradition" (G.C), heureux dans l'ombre de son père.
4. Georges Duhamel fait l'apologie de Bach, aussi bien du personnage que de son oeuvre : "Si l'on ne me laissait qu'un mot, un seul mot pour qualifier cette musique, je dirais qu'elle est généreuse" (1949)

Filmographie

• Il était une fois Jean-Sébastien Bach (2003) de Jean-Louis Guillermou

Bibliographie

• Bach en son temps, Gilles Cantagrel, éd.Fayard, 1997

BACH, LE Boss

Production - Saskia de Ville

Réalisation - Davy Travailleur

Documentation sonore - Elise Dubost & Ysée Eichhorn

Rédaction du site - Ysée Eichhorn

Prise de son - : Stéphane Poitevin, Bruno Mourlan, Tahar Boukhlifa & Étienne Rouche, Adelino Melo

Mixage - Pierric Charles

Lectures - Philippe Peythieu (Bach) et Sofia Anastasio

Invité(e)s - Bernard Foccroulle, organiste, compositeur et directeur d'opéra belge, ancien directeur général du Théâtre royal de la monnaie et du Festival d’Aix-en-Provence ; Corinne Schneider, musicologue, écrivaine et productrice de radio; Jean-Guihen Queyras, violoncelliste ; Pierre Charvet,  compositeur et producteur de radio ; Raphaël Pichon, Chef d’orchestre

Documentaliste INA attitrée - Ingrid Lecointe

Nous remercions également l’ensemble de l’équipe des documentalistes de l’INA