Ce travail prolonge une précédente étude menée entre 2017 et 2019, dont Philippe Steiner a tiré le livre référence « Faire la fête - Sociologie de la joie » (PUF). Cette fois, plus de 4 100 personnes ont répondu au questionnaire en ligne. Rapporté aux 200 000 « festayres uniques » qui parcourent chaque jour les Fêtes, cela fait un taux de répondants proche de 20 %. Sans pouvoir se prévaloir de la rigueur scientifique des panels, « cela donne une base statistique significative ». Son analyse permet d’esquisser « un sentiment » sur les questions de sécurité. « Comme une pesée de l’opinion. »
Les jeunes peu préoccupés
Qui a répondu ? Très majoritairement des femmes : 65 %. « Les 30-60 ans sont également surreprésentés », note le sociologue. Les Bayonnais sont en force, avec 39 % des répondants, soit 1 600 personnes. Les voisins des Pyrénées-Atlantiques et des Landes pèsent 45 % de l’effectif, 16 % viennent du reste de la France.
« Ils expriment un sentiment global très rassurant. » C’est éclatant la journée, où 93 % qualifient d’ « excellente » leur perception de la sécurité. Leur perception est aussi à 64 % très bonne la nuit. Avec cette nuance : le sentiment positif de sécurité tombe 39 % après 3 heures du matin et apparaissent 31 % d’appréciations « peu ou pas du tout satisfaisantes » à cette extrémité de la fête.
« Plus vous êtes jeunes, plus vous vous sentez en sécurité aux Fêtes »
Philippe Steiner relève que « la différence hommes / femmes est faible, même la nuit ». À l’inverse, pour le soir et la nuit, il voit se creuser une démarcation entre « jeunes et vieux ». « 55 % des 18-24 ans s’y sentent en sécurité, contre 28 % des plus de 65 ans. » L’analyse par lieu de vie tend à accréditer que « les Bayonnais sont ceux qui se sentent le moins en sécurité ». Mais l’universitaire pondère immédiatement : « La proportion des jeunes parmi les répondants extérieurs à Bayonne est plus forte ». L’âge serait donc le marqueur le plus net quant à l’appréhension globale de la sécurité. Autrement dit : « Plus vous êtes jeunes, plus vous vous sentez en sécurité aux Fêtes ».
Toujours les mictions
Parmi les phénomènes associés à l’insécurité, les incivilités priment (65 %), très proche de l’alcool (64 %), devant la délinquance (59 %), la drogue (53 %), la foule (40 %), les « Fêtes de nuit » (12 %). Et lorsqu’il s’agit de pointer les désagréments des Fêtes, les mictions sauvages arrivent en tête pour 75 % des personnes, avant même les bagarres (72 %). À noter que les « prix trop élevés » (56 %) arrivent avant les agressions sexuelles (52 %) ou encore l’excès d’alcool (50 %) dans l’ordre de ces « points négatifs ».
« Dans l’analyse par sexe, les femmes retiennent plus que les hommes les facteurs de risques les plus souvent mentionnés. » Et les festayres « éloignés » géographiquement se montrent moins sensibles à ces questions. Faut-il voir dans ce dernier élément une relation plus identitaire à la fête de locaux qui se sentiraient dépositaires d’un patrimoine commun ? « Peut-être, mais là aussi, la question de l’âge me semble plus probante dans la lecture des différentes réponses », insiste Philippe Steiner.
Prudence
L’enquête questionne les violences « observées » ou « subies ». Un quart des personnes se déclarent témoins de violences verbales, et 7 % victimes ce celles-ci. 22 % ont vu des violences physiques, 2 % les ont essuyées. « La principale différence se situe dans les faits d’attouchement : 4 % des femmes indiquent en avoir subi, contre 1 % des hommes. » Les taux marginaux de violences subies appellent à des précautions dans le maniement des données : elles ne disent rien ou très peu de la gravité des faits qui peuvent intervenir. Les meurtres de Patrice Laniès (2023) et Eric Coudry (2024), les plaintes pour viol certaines années, inclinent durablement à la prudence lorsqu’il est question de la sécurité des Fêtes de Bayonne.
Mais ceux qui s’expriment dans l’étude sociologique envisagent les Fêtes comme un espace essentiellement sûr. 87 % d’entre eux y reviendront.