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Archives et
biblioth�ques (Paris)
1937-1938
L'abb� Gr�goire
biblioth�caire
Jules Romains a �crit un jour
une nouvelle assez suggestive �� Mort de quelqu'un �. Je pourrais
ici traiter ce sujet : �� R�surrection de quelqu'un �. Il y a six
ans l'abb� Gr�goire, l'une des figures les plus extraordinaires
et les plus admirables de la grande �poque r�volutionnaire,
n'�tait pas seulement mort et enterr� ; son souvenir �tait
enseveli dans le plus profond oubli, ce qui r�pondait aux voeux
concordants de tous les hommes de droite et d'un certain nombre
d'hommes de gauche. Soudain, en 1931, � l'occasion du centenaire
de la mort de l'abb� Gr�goire et par les soins de ceux qui se
group�rent autour de Ferdinand Brunot, d'Albert Mathiez, du
Colonel Carnot et de quelques- autres, s'op�ra une r�surrection
v�ritable de ce grand homme.
Je n'oserais pas affirmer que Gr�goire tient maintenant dans les
manuels d'histoire en usage dans les �tablissements
d'enseignement primaire et secondaire, la place qui lui revient
; cependant il n'est plus oubli�. Nul ne saurait d'ailleurs
songer � retracer dans le d�tail son action multiforme et qui
s'�tendit dans tant de domaines divers.
Aujourd'hui, en particulier, o� l'honneur m'�choit de parler �
l'Ecole des Chartes devant votre Association de biblioth�caires,
c'est d'un Gr�goire peu connu, de Gr�goire biblioth�caire que je
dois me borner � vous entretenir.
Si pour �tre un bon biblioth�caire, il faut, d'abord, avoir
l'amour des livres, Gr�goire est n� biblioth�caire. Ce fils de
notables villageois, n� dans la petite commune rurale de V�ho,
pr�s de Lun�ville, aima les livres d�s son adolescence, d�s son
enfance. Il est bien jeune quand il entre dans la biblioth�que
publique de Nancy pour y lire des livres. Et il a not� dans ses
M�moires la s�v�re r�plique de l'abb� Marquet
sous-biblioth�caire. A la demande : �� que d�sirez-vous ? �
l'enfant, avide de lecture avait bien naturellement r�pondu : ��
des livres pour m'amuser �. �� Mon ami vous vous trompez on n'en
donne ici que pour s'instruire. � Gr�goire ajoute m�me qu'il
remercia l'aust�re abb� et lui promit de ne pas oublier la
r�primande.
Pourtant rien ne faisait pr�sager que le d�l�gu� du Clerg� de
Lorraine aux Etats G�n�raux, le D�put� � la Constituante,
devenu, apr�s le vote de la Constitution Civile, �v�que de Blois
et bient�t chef de l'Eglise constitutionnelle, ou bien encore
que le conventionnel, membre �minent du Comit� d'Instruction
Publique, entrerait un jour dans la carri�re qui est la v�tre.
Comment l'�v�nement Se produisit-il ? Gr�goire, apr�s avoir �t�
tant d'ann�es un parlementaire, n'est pas r��lu au Conseil des
Cinq Cents, lors des �lections de 1799. Il est pauvre ; il a
toujours v�cu tr�s modestement, mais ses quelques ressources
sont �puis�es, et chacun sait que les fid�les, de plus en plus
rares, de l'Eglise constitutionnelle, ne subviennent gu�re � la
subsistance de leurs pasteurs. Gr�goire va sans doute conna�tre
la mis�re. �� Pendant quelques jours, �crit-il, dix ans plus tard
dans ses M�moires, j'ai eu la faiblesse ou plut�t la l�chet� de
redouter l'indigence �. On parle bien de lui pour une ambassade,
mais cette robe d'�v�que dans laquelle il osait se pr�senter �
la tribune de la Convention, aux jours les plus orageux de
l'h�bertisme de la d�christianisation, fait peur au Gouvernement
d'alors, ennemi des pr�tres, m�me r�publicains, et, les
promesses faites s'�vanouissent.
Son compatriote lorrain, Fran�ois de, Neufch�teau, ath�e
irr�ductible, mais qui a pour Gr�goire la plus haute estime,
intervient pourtant, d'une mani�re d�cisive eh sa faveur. En
germinal An VII il obtient qu'Henri Gr�goire soit nomm�
biblioth�caire de l'Arsenal � la place de Dusaulx qui vient de
mourir � l'�ge de 72 ans, n'ayant d'ailleurs exerc� que quelques
mois ses fonctions de second biblioth�caire.
La Biblioth�que de l'Arsenal �tait,-comme nous l'apprend Henry
Martin dans le bel ouvrage consacr� par lui � cet �tablissement,
devenue nationale en l'An VI; et, depuis ce moment, elle �tait
ouverte au public. On �tait encore � l'�poque o� les dipl�mes et
les m�rites scientifiques ne constituaient pas des titres
indispensables pour une nomination � un poste de biblioth�caire
appoint� par l'Etat. Dusaulx, ancien commissaire de la
gendarmerie, devenu D�put� � la L�gislative et � la Convention,
puis enfin Pr�sident du Conseil des Anciens, et emprisonn� � la.
suite du Coup d'Etat de Fructidor, fut, pendant toute sa vie,
beaucoup plus pr�s de la politique que de la science des
biblioth�ques. Pourtant, le biblioth�caire Ameilhon, alors �g�
de 69 ans, pouvait ne pas trop se plaindre qu'on lui donn�t
comme collaborateur, en remplacement de Dusaulx, Henri Gr�goire,
autre �pave de la politique.
Sans doute, l'ancien abb� Ameilhon, membre de l'Acad�mie des
Inscriptions, continuateur de l'histoire du Bas-Empire de Le
Beau, et auteur d'une histoire du commerce, et de la navigation
des Egyptiens sous les Ptol�m�es, peut se permettre de
consid�rer comme bien mince, le bagage scientifique de son
nouveau coll�gue. Il n'ignore pas, pourtant, les services que
Gr�goire a rendus aux Lettres et aux Sciences alors qu'il
si�geait au Comit� d'Instruction publique ; ses fameux rapports
sur le vandalisme, son activit� incessante pour arracher les oeuvres d'art, les objets pr�cieux, aux mains des fanatiques et
des pillards. Il ne peut pas ignorer non plus ce rapport sur la
Bibliographie, pr�sent� � la Convention Nationale le 22 Germinal
An II, et qui, aussit�t imprim�, fut envoy� aux administrations
et aux Soci�t�s populaires :: document du plus haut int�r�t, o�
se manifeste � chaque page l'ardeur passionn�e de Gr�goire pour
la conservation des biblioth�ques et les travaux
bibliographiques; Les renseignements curieux, les id�es neuves y
abondent. On doit r�sister � la, tentation d'en reproduire ici
de longs extraits. Pourtant, comment ne pas mentionner ce vaste
Plan d'une Bibliographie g�n�rale et-raisonn�e d� la France, que
Gr�goire expose dans son Rapport en reprenant un projet d�j�
�bauch� par lui au temps de l'Assembl�e-Constituante, ainsi que
l'atteste un passage assez piquant de ses M�moires (1).
Et comment ne pas relire, dans le, rapport de l'an II, ce
r�quisitoire enflamm�, dirig� contre la n�gligence et
l'�troitesse de vues des administrations locales (2) ?
Mais pour Ameilhon, Gr�goire ne valait gu�re mieux que Dusaulx ;
il n'�tait pas de la carri�re. On peut bien soup�onner que l�
biblioth�caire en chef ne.fut pas �tranger � l'arr�t�
minist�riel du 28 Vend�miaire An VI, par lequel le Ministre de
l'Int�rieur, Lucien Bonaparte, r�organisa l'administration de
l'Arsenal dans des conditions, vraiment peu flatteuses pour
l'amour-propre de Gr�goire. Le citoyen Ameilhon �tait nomm�
Administrateur de la Biblioth�que Nationale ; le citoyen
Gr�goire et son coll�gue Saugrain, sous-biblioth�caire comme
lui, perdaient ce titre ; ils n'�taient d�sormais que membres du
Conseil de la Biblioth�que et n'avaient qu'un r�le: consultatif.
Seul Ameilhon gardait la direction de la maison et assumait
toute la responsabilit�.
On doit bien supposer aussi que Gr�goire et Saugrain, humili�s
par cette demi-d�ch�ance, r�agirent, � leur tour ; car le Ier
frimaire, Chaptal, devenu Ministre de, l'Int�rieur � l� place de
Lucien Bonaparte, att�nua par un nouvel arr�t� ce qu'avait de
blessant le statut ant�rieur. �� Le Ministre �, disait Chaptal ��
en confiant l'administration �:un seul homme, n'a pas eu
l'intention de donner un ma�tre ou un sup�rieur aux savants qui
sont attach�s � l'�tablissement. Il n'a pas pr�tendu isoler, ou
rendre �trangers au r�gime de l'�tablissement, les hommes qui,
jusqu'� ce jour, en avaient partag� l'administration. II
respecte et d�sire cimenter les liens de fraternit� qui les
unissent � (petite phrase qui induit � croire que cette
fraternit� n'�tait pas aussi �troite qu'on le pouvait
souhaiter). Et le Ministre conclut :�� Nous supposons que tous
formeront un conseil pour d�lib�rer sur tout ce qui int�resse le
bien de l'�tablissement. �
Tout cela �tait dit en un fort beau langage, sans rendre
pourtant, � Gr�goire, le titre qu'il avait perdu. Mais Gr�goire
�tait un obstin� ; sous-biblioth�caire, il avait �t�,
sous-biblioth�caire il entendait, rester. Lorsque, quelques mois
plus tard, Ameilhon se vit dans le cas d'adresser au Ministre
une v�h�mente protestation � la suite de la suppression de cinq
employ�s auxiliaires sur six - en ce temps-l� on savait d�j�
op�rer avec �nergie des compressions budg�taires aux d�pens des
institutions d'ordre intellectuel - il jugea utile de demander �
Gr�goire d'appuyer son m�moire. Et la d�claration de Gr�goire
mentionnant son adh�sion totale aux vues exprim�es par Ameilhon
est sign�e : �� Gr�goire, sous-biblioth�caire de l'Arsenal. �
Cette carri�re de biblioth�caire fut marqu�e, on le voit, par
quelques d�boires ; elle prit fin tr�s rapidement. Ce n'est pas
ici le lieu de rappeler comment Gr�goire, �vinc� de la liste des
futurs archev�ques et �v�ques, au moment de la signature du
Concordat, et tournant toutes ses ambitions vers de hautes
dignit�s civiles, finit par �tre �lu s�nateur en d�pit de ses
adversaires de droite et de gauche, en d�pit de l'opposition du
Premier Consul. �� Trois fois, �crit-il � ce sujet, on me pr�f�ra
des g�n�raux. �
Pourtant, Gr�goire entre au S�nat conservateur, le 4 niv�se An
X, c'est-�-dire le 25 d�cembre 1801. Et presque aussit�t apr�s
il quitte la Biblioth�que de l'Arsenal ; vous voyez que, en ce
temps-l� d�j�, il n'�tait pas question de tol�rer des cumuls.
Son souvenir reste attach� � la Biblioth�que de l'Arsenal, �
l'appartement qu'il y occupa et o� Ameilhon fut autoris� � le
remplacer. Cet excellent �rudit se trouvait sans doute un peu �
l'�troit, et e�t �t� fort aise de pouvoir agrandir son logement
en r�unissant celui de Gr�goire au sien. Mais, il y avait alors
une femme de lettres assez connue et qui allait devenir c�l�bre,
prot�g�e par le Premier Consul, en d�pit de ses anciennes
relations avec la famille d'Orl�ans; cette dame, qui n'�tait
autre que Mme de Genlis, souhaitait �tre log�e aux frais de
l'Etat, car elle �tait fort pauvre. Elle obtint donc qu'au
moment o� Ameilhon venait occuper l'appartement de Gr�goire,
celui d'Ameilhon lui f�t attribu� � elle-m�me. Et elle y resta
de longues ann�es. Curieux chass�-crois�, on en conviendra.
Ne pensez pas que Gr�goire ait oubli� durant les trente
derni�res ann�es de sa longue existence cette Biblioth�que de
l'Arsenal o� il avait enfin trouv�, avec un gagne-pain, une
occupation calme, convenant � ses go�ts. Comme il �tait
biblioth�caire dans l'�me, il estimait que parmi toutes les
esp�ces de voleurs l'une �tait particuli�rement d�testable :
celle des voleurs de livres. Et bien longtemps apr�s avoir
quitt� l'Arsenal, il lui arriva d'exhaler son indignation contre
un �tranger qui avait d�rob� un livre pr�cieux de sa ch�re
biblioth�que. Cette seconde partie de sa carri�re, Gr�goire
�loign� de la politique la passa tout enti�re parmi les livres.
Il lui �tait d�j� arriv� une premi�re fois, au moment de cette
p�riode difficile qui avait pr�c�d� son entr�e � l'Arsenal,
d'�tre oblig� de vendre son bien le plus pr�cieux: sa
biblioth�que. Il l'avait reform�e, bien entendu, avec patience
et dilection ; et lorsque les pers�cutions de la Restauration le
priv�rent en 1816 de sa pension de s�nateur, il fut oblig� �
nouveau, nous dit son biographe Hippolyte Carnot, de revendre
une partie de ses livres.
Ceux qu'il conserva �taient soigneusement class�s, si l'on en
juge par ce catalogue des livres se rattachant aux Noirs et aux
gens de couleur, ainsi qu'� la traite et � l'esclavage, qu'on
retrouve aujourd'hui encore � l'Arsenal, sous le num�ro 6.573
des manuscrits. On sait que Gr�goire avait charg� Hippolyte
Carnot de remettre � la Biblioth�que de l'Arsenal tous ceux de
ses volumes imprim�s ou de ses manuscrits qui avaient trait aux
noirs et � l'esclavage. S'il fallait une nouvelle preuve des
qualit�s de biblioth�caire de Gr�goire, on la trouverait encore
dans ses archives, admirablement class�es par ses soins, qui
contiennent toute l'histoire de l'Eglise constitutionnelle et
que conservent, dans un demi-secret, les administrateurs de la ��
Soci�t� Civile Saint-Augustin �, c'est-�-dire les dirigeants de
la petite secte jans�niste, dont Gr�goire avait �t� si longtemps
le chef.
Aujourd'hui, la pens�e de Gr�goire, comme son image, sont encore
pr�sentes dans la biblioth�que jans�niste, comme dans celle de
l'Arsenal. Une r�plique du beau buste de Gr�goire par le
sculpteur Dalou a �t� install�e dans la premi�re, il y � deux
ans par les soins de la Soci�t� des Amis de l'Abb� Gr�goire; et
depuis 1882, le buste d'Henri Gr�goire, oeuvre du sculpteur
Chatrousse, figure en bonne place � la Biblioth�que de
l'Arsenal.
J'aurais pu vous parler bien plus longuement encore de Gr�goire
biblioth�caire et ami des livres ; mais c'est d'une simple
esquisse qu'il s'agit aujourd'hui. Pourtant, � une �poque o� il
est tant question de l'utilisation des loisirs �� culturels � o�
nombre d'�minentes personnalit�s songent � organiser ce qu'on
appelle, dans un jargon quelque peu anglo-fran�ais �� la lecture
publique � et que je pr�f�re d�nommer la �� lecture populaire �,
je ne saurais omettre de rappeler que Gr�goire d�s sa jeunesse
avait compris le r�le que l'instituteur ou le cur� peut jouer
pour encourager ou satisfaire le go�t de la lecture dans le plus
modeste village.
C'est pourquoi il convient de terminer par cette citation o� il
�voque, en 1808, un souvenir de sa jeunesse: �� La puret� des
moeurs et la culture de l'intelligence, chez les campagnards,
non seulement sans les �loigner des travaux agricoles mais en
fortifiant leur attachement � ce genre d'occupation, tel est le
probl�me dont j'ai tent� la solution dans les deux paroisses
soumises � ma direction. � Ainsi s'exprime Gr�goire, rappelant,
au d�but de ses M�moires, le temps o� il �tait cur� d'Embermesnil.
Et il ajoute : �� J'avais une biblioth�que uniquement destin�e
aux habitants des campagnes ; elle se composait de livres
asc�tiques bien choisis et d'ouvrages relatifs � l'agriculture,
� l'hygi�ne, aux arts m�caniques. �
Voil� - n'est-il pas vrai ? - qui nous rapproche singuli�rement
de nos pr�occupations d'aujourd'hui, et qui nous prouve que
Gr�goire �tait un vrai biblioth�caire, un biblioth�caire
complet, puisqu'il ne se bornait pas � aimer les livres, et
qu'il aimait aussi les hommes qui les lisent.
P. GRUNEBAUM-BALLIN
Pr�sident de Section au Conseil d'Etat, Vice-Pr�sident de la
Soci�t� des Amis de l'Abb� Gr�goire.
(1) �� La conservation des immenses d�p�ts de
livres recueillis dans les communaut�s religieuses de Paris,
avait fait-cr�er un-�� bureau-de bibliographie� ; sous
l'Assembl�e constituante il �tait dirig� par Dormesson,
biblioth�caire du roi, avec lequel j'�tais li� ; nous avions
ensemble compar� son projet d'organisation des biblioth�ques de
Paris avec, celui de Mercier de Saint-L�ger... Ce comit� avait
lentement continu�, ou plut�t tra�n� ses efforts, et, d'apr�s le
plan �tabli, je calculais que sa besogne pourrait se prolonger
pendant quarante-cinq ans. Je proposai, un plan nouveau, qui
devait amener la fin du travail dans neuf-mois. Ce fut l'objet
d'un rapport curieux qu'on a traduit en anglais � Philadelphie :
mais l'organisation du Directoire ayant plac� ce comit� dans les
attributions du Minist�re de l'Int�rieur, on ne voulut pas m�me
s'y mettre au fait de la besogne, qui, � la v�rit�, n'�tait pas
toujours amusante. Elle aurait �t� suivie avec ardeur et
annonc�e avec emphase, si elle avait offert de quoi faire
briller l'amour propre; malheureusement, ;elle n'�tait,
qu'utile, et telle est la cause qui fait �chouer tant de vues
saines �.
(M�moires eccl�siastiques, politiques et litt�raires de M.
Gr�goire, ancien �v�que de Blois (r�dig�s en 1808). J. Yonet,
libraire, Paris, p. 348 et 349).
(2) �� Elles n'ex�cut�rent rien par la n�gligence
d'administrateurs, qui sans doute, ne n�gligeaient pas de
percevoir leur traitement ; et beaucoup de livres, en proie aux
insectes et � la poussi�re, �prouv�rent des d�gradations
sensibles. D'autres causes se joignirent � cette premi�re :
divers d�partements, dans l'arrondissement desquels se
trouvaient de vastes biblioth�ques, craignaient qu'on ne les
leur enlev�t; ils aspiraient � leur possession exclusive. Vous
reconnaissez l� cet esprit d'�go�sme, ou plut�t de f�d�ralisme,
qui se fait centre, qui s'isole, et qui est un crime. Ce qui est
national n'est � personne, il est � tous.: L'int�r�t public
para�t s'opposer � ce qu'on d�place, � ce qu'on d�p�ce certaines
collections qui, outre la valeur intrins�que des ouvrages, ont
un m�rite r�sultant de la mani�re dont ces collections sont
assorties ;telle est celle de Schoepfling � Strasbourg. Quoi
qu'il en soit, les biblioth�ques de Strasbourg, de Lille, de
Perpignan, par exemple, n'appartiennent pas plus � ces communes
que leurs fortifications ; les citoyens de Brest, de Dunkerque,
de Besan�on, y ont autant de droit qu'elles, et le tout est la
propri�t� indivise de la grande famille, qui, par l'organe de
ses repr�sentants, saura faire une r�partition dict�e par
l'amour de la patrie, et avou�e par elle. �
(Rapport sur la Bibliographie, pr�sent� � la Convention
Nationale, le 22 germinal, an II, par Gr�goire, �v�que
constitutionnel de Blois, D�put� � la Convention, chez McKean et
Cie, Paris, pages 12 et 13.)
- Du rapport sur la Bibliographie, il faut rapprocher un autre
document, aussi curieux et aussi ignor� : les ��Observations� de
Gr�goire, �� membre de l'Institut National � sur l'�tat actuel de
l'instruction publique, des biblioth�ques et des archives dans
huit d�partements de l'Est. Ce rapport qui date de l'an III ou
de l'an IV a �t� publi� par Ulysse Robert en 1876. |