L'INDUSTRIE COTONNIÈRE A LILLE-ROUBAIX- TOURCOING

I

Classé à bien des égards comme la première région économique française, le Nord occupe également une place de tout premier ordre au sein de l'industrie cotonnière. Dans cette branche essentielle, il s'est taillé une part considérable, bien que le travail du coton prenne place, à Lille, Roubaix et Tourcoing dans un complexe industriel extrêmement varié. Si, nulle part dans les trois villes, elle n'est l'activité primordiale, concurrencée par le travail de la laine, la chimie, la métallurgie, les fonctions variées d'une très grande cité, l'industrie cotonnière n'en fait pas moins figure d'une très grande industrie ; elle a été un des ferments les plus actifs du développement économique et urbain de l'agglomération lilloise et reste support essentiel de son activité et de son rayonnement.

C'est en effet plus du tiers de l'équipement national que groupent ensemble les trois villes, soit 21,9 % de l'équipement total en filature pour Lille, et 15,4 % pour Roubaix-Tourcoing. A cet équipement correspond, mais non dans un rapport direct, une masse ouvrière considérable, 40 % du total des ouvriers en filature, et une importante production de filés 33 à 35 % de la France.

Bien différente également des autres régions manufacturières apparaît l'industrie cotonnière du Nord dans son mode de localisation, dans sa structure économique, dans la spécialisation de ses productions, dans la nature et la gravité particulières des problèmes humains posés et des solutions apportées.

La part des facteurs proprement humains a été telle, ici, dans la genèse et le développement de cette grande industrie qu'on ne peut comprendre sa physionomie actuelle sans faire appel au passé. Ce sont les étapes de leur développement que nous retracerons tout d'abord avant d'exposer l'originalité de chacun des groupes.