Abstract:
Depuis maintenant une quinzaine d’années, le Sénégal a mis en place un programme de subvention d’intrants agricoles à destination de ses producteurs agricoles visant à leur fournir engrais, semences et matériel agricole. Cependant, très peu d’études ont été réalisées pour en évaluer les impacts. Ce rapport présente les résultats détaillés d’une étude visant à évaluer les effets de ce programme dans deux régions, la vallée du fleuve Sénégal et le bassin arachidier, au travers de plusieurs dispositifs de collecte de données, et notamment d’une enquête auprès des producteurs agricoles. Les résultats mettent en lumière plusieurs faiblesses du programme. La mise en œuvre du programme diffère d’une région à l’autre et les critères de sélection des bénéficiaires souffrent d’un certain flou. Les bénéficiaires du programme tendent à être sélectionnés parmi les producteurs les plus grands, mieux éduqués et bénéficiant d’un capital social plus important. L’estimation des effets du programme en prenant en compte ce biais de sélection montre bien un effet positif sur l’utilisation d’engrais inorganique, et dans le cas du bassin arachidier, également sur le recours aux semence certifiées. Cependant, aucun effet ni sur les rendements des principales cultures ni sur les performances économiques des bénéficiaires n’est observé dans les deux régions de l’étude. Cela s’explique notamment par les dysfonctionnements du programme, tels que les retards de livraison des intrants ou leur mauvaise qualité, mais aussi par un effet d’éviction sur les achats d’engrais commerciaux, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal, qui résulte d’un ciblage inefficace des bénéficiaires. Au final, le programme de subvention des intrants agricoles ne permet pas d’augmenter la production ou le revenu des producteurs bénéficiaires. Le rapport conclut sur des recommandations pour améliorer l’efficacité de cet outil essentiel de la politique agricole Sénégalaise.
[For the past fifteen years, Senegal has implemented a program to subsidize agricultural inputs for its producers with the aim of providing them with fertilizers, seeds, and agricultural equipment. However, very few studies have been conducted to evaluate its impacts. This report presents detailed results of a study aimed at assessing the effects of this program in the Senegal River Valley and the Bassin Arachidier, using several data collection mechanisms, including a survey of agricultural producers. The results highlight several weaknesses of the program. The implementation of the program varies from one region to another, and the selection criteria lack clarity. Program beneficiaries tend to be selected among the larger producers who are better educated and have greater social capital. Estimating the effects of the program while accounting for this selection bias does show a positive effect on the use of inorganic fertilizer and, in the case of the Bassin Arachidier, also on the use of certified seeds. However, no effect on the yields of the main crops nor on economic performance of farms is observed in either region. This can be explained by the program's deficiences, such as delays in input delivery or input poor quality, but also by a crowding-out effect on the purchases of commercial fertilizers, particularly in the Senegal River Valley, resulting from inefficient targeting of beneficiaries. In the end, the agricultural input subsidy program does not increase production nor the income of beneficiary producers.]