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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 3 (17 Janvier)
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N° 3.

DIMANCHE 17 JANVIER

1869.

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 1 5 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

PAUL HUET.

Le paysage français vient de faire une
perte cruelle. M. Paul Iluet est mort à
peu près subitement, le 9 janvier 1869.
Rien ne pouvait faire prévoir une fin aussi
brusque. H n’était âgé que de 65 ans
et les portait vaillamment. Sa main était
plus sure que jamais et venait d’achever
un des plus importants tableaux de tout
son œuvre. Son esprit n’avait jamais été
plus vif. H y a quelques semaines, je lui
demandai des notes sur le paysagiste
Fiers et-, pendant une ' heure, en nous
promenant dans les allées du Luxembourg
que caressait un tiède rayon de soleil,
Paul Huet faisait défiler sous mes yeux
tout le groupe romantique, signalant les
morceaux typiques, racontant les débuts,
classant les mérites, indiquant la hié-
rarchie, reliant le bataillon des peintres
dans cette grande mêlée àcelui des sculp-
teurs, des poètes, des critiques.

Paul Huet avait eu l’honneur de tirer
les premiers coups dans la bataille ro-
mantique. Parisien dans l’âme, c’est-à-
dire curieux et hardi, il avait été frappé
de ce que le romantisme, limité au début
à la peinture d’histoire, apportait de gé-
néreux et de franc dans l’étude de la na-
ture agreste. On mourait de froid dans
ce paysage créé par les 'Valenciennes, les
Rémond, les Bidault; on s’accrochait à
des arbres en zinc, on se heurtait à des
rochers en carton, c’était lamentable et
odieux. Au Salon de 1824, Paul Huet,
alors élève de ces ateliers de Gros et de
Guérin, d’où était sortie déjà l’insurrec-
tion autour du drapeau tenu haut et
ferme par Delacroix, s’éprit des envois
de Bonington, de Constable, de Thaïes et
Copley Fielding, de Harding, de sir Tho-
mas Lawrence, et saisit du premier coup
toute la valeur de l’enseignement nou.-
veau qu’ils apportaient à. notre école.
En 1827, il débuta par une Vue de La
Fère. En 1833, soutenu par les critiques
qui s’étaient ralliés à la bonne cause, il
obtint une médaille de deuxième classe.
En 1841, il fut nommé chevalier de la
Légion d’honneur ; mais, bien qu’il ait
eu une première médaille à l’exposition
de 1855 et une de seconde classe en 1867,
malgré ses succès incontestés aux der-

niers Salons, Paul Huet 11’est point ar-
rivé au grade d’officier.

Nous ne pouvons suivre, dans cette
note rapide, la carrière de peintre de
Paul Huet. Il a droit à une étude spéciale
et 'développée. C’était un homme de droi-
ture et de sens. Son œuvre est avivé et
réchauffé par un souffle poétique, qui
donne la note caractéristique de l’école
romantique. « Il était né, a écrit M. Mi-
chelet" au moment même où on lui vint
annoncer la mort de son vieil ami, il
était né triste, fin, délicat, fait pour lés
nuances fuyantes, les pluies par moment
soleillées. S’il faisait beau, il restait au
logis. Mais l’ondée imminente l’attirait,
ou les intervalles indécis, quand le temps
ne sait s’il veut pleuvoir. » Paul Iluet a
peint, dans ce sentiment d’éinotion db la
nature aux approches de l’orage, des ma-
rines admirables. Un de nos amis, à Bor-
deaux, en possède une dont le ciel est
comparable aux meilleurs Bonington, qui,
lui, fut plus serein et plus net.

Paul Huet a fait des lithographies du plus
vif intérêt : telles sont sa série publiée,
en 1829, chez Motte, un autre cahier de
huit sujets de paysage, publiés chez Ci-
haut frères, et les six marines, lithogra-
phiées d’après nature en 1832 pour l’édi-
teur Merlot. Ces pièces sont vigoureuses
et tendres, claires et veloutées. Il en a
encore semé quelques-unes dans Y Ar-
tiste et dans le Monde dramatique.

Chacun connaît les bois éclatants de lu-
mière et de mouvement qu’il a dessinés
pour le Paul et Virginie de Curmer. Ils
sont un des honneurs de ce beau livre
que nos éditeurs contemporains, faute de
maîtres éHhvaincus et travailleurs, n’ont
pu encore égaler.

Ce que les amateurs connaissent bien
aussi, quoiqu’elles soient devenues in-
trouvables, ce sont les eaux-fortes de
Paul Iluet. Un premier cahier parut,
en 1834, chez Rittner et Goupil. Il en a
donné d’autres aux Beaux-Arts de Curmer
au Bulletin de l’Ami des arts, etc. Celles
qui forment le cahier de six planches
sont de grandes dimensions et gravées
avec une habileté singulièrement rare
dans notre- école : ce sont des des-
sous de bois, des hérons en sentinelle
au bord d’un étang; la maison du garde
à l’entrée de la forêt de Compiègne; un

f

jeune garçon lisant accoudé sur le gazon
d’un parc anglais. La vie y tressaille, la
lumière s’y joue, l’effet y vibre comme
dans lès pages les plus réussies de l’œuvre
de Fr. Seymour-IIaden. Paul Huet est
donc, par ces dates et par son exemple,
le véritable restaurateur de l’eau-forte
en France. En ce moment où l’on abuse
parfois de ce procédé en croyant qu’il se
prête aux plus banales inspirations, il
est utile de rappeler le goût et l’appli-
cation avec lesquels en usa Paul Huet.

Le succès de la grande eau-forte des
Sources de Royat, — elle compte près
d’un mètre de hauteur, — eut en 1838
un grand et légitime retentissement.
Gustave Planche, qui ne s’arrêtait pas vo-
lontiers aux choses légères, lui consacra
un article spécial dans la Revue des Deux
Mondes\n° du 1er février 1838). Il faut
dire qu’il parlait au moins autant du
peintre, de ses œuvres et de ses ten-
dances, que de l’aqua-fortiste.Cet article
est à relire. Les réflexions de Gustave
Planche sur le a paysage exclusivement
réel » sont curieuses à recueillir. Elles
trouveraient aujourd’hui des applications
nombreuses. Pour ma part, je tiens pour
Théodore Rousseau, pour Paul Huet, pour
Jules Dupré, pour les romantiques enfin
quine se bornaient pointàplacer leur che-
valet dans un endroit bien choisi et à le
traduire dans sa réalité photographique,
mais qui d’une étude savaient faire un
tableau et composer un grand ensemble,
émouvant et humain, avec des détails
précis et étudiés. Telle n’est plus la doc-
trine de la nouvelle école.

Ph. Burty.

UNE ENQUÊTE SUR JEAN COUSIN.

M. Lobet, rédacteur en chef du Jour-
nal de T Yonne, prépare une biographie
de Jean Cousin. Il voudrait éclaircir les
points delà vie de ce peintre illustre tom-
bés dans l’oubli, et pour arriver à ce ré-
sultat, il fait appel aux connaissances de
tous. Déjà il est en possession de quel-
ques documents inédits, parmi lesquels
nous lui en empruntons un qui peut ser-
vir à établir la part que Jean Cousin a
prise dans la construction du monument

ABONNEMENTS.

Paris. ..Un an : 15 fr

—.Six mois : 8 fr

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le porc en sus.

Administration, 55. rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles îj
des galeries publiques, des ateliers. — j
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger. _

Expositions de Province et de l’Éti anger.

élevé à la mémoire de l’amiral Chabot.

Dans un manuscrit qui a été commu-
niqué à M. Lobet, par M. de la Vernade :
Histoire de la ville de Sens, par Tavenu
(1572), et qui a été signalé déjà mais in-
complètement par M. Horsin-Déon dans
son livre de la Restauration et de la
Conservation des tableaux, on lit :

Jehan Cousin, natif d’un village nommé
Soucy, en la banlieue de Sens, peintre fort
gentil, et excellent d’esprit, a monstre par
les belles peintures qu’il a délaissées à la
postérité la subtilité de sa main, et a fait co-
gnoistre que la France se peut vanter qu’elle
ne le cède en rien aux gentils esprits qui ont
été ès autres pays. It a faict de beaux ta-
bleaux de peinture très-ingénieuse et artiste,
qui sontadmirés par tous lesouuriersexperts
en cet art pour la perfection de l’ouurage
auquel rien ne deffault.

Oultre ce, il estait entendu à la sculpture
de marbre, comme le tesmoigne assez le
monument du feu admirai Chabot en la
chapelle d’Orléans, au monastère des Céles-
tins de Paris, qu’il a faicte et dressée et
monstre l’ouurage l’excellence de l’ouurier.

De ce passage dû à un écrivain con-
temporain de l’arliste senonais, M. Lobet
conclut que Jean Cousin est l’auteur de
la statue de l'amiral Chabot, qu’on re-
garde comme un des chefs-d’œuvre du
Louvre. Mais M. Montaiglon , à qui
M. Lobet en a écrit, ne trouve point la-
preuve décisive. Voici sa réponse :

Votre passage est très-curieux. C’est la
première fois qu’il se produit un texte anté-
rieur à Félibien, et cela est important. Mais
une chose reste certaine :

1° Que le cadre ovale de l’ancien tombeau
de Chabot ne peut être que de la fin des Va-
lois; par conséquent, l’ayant ou ne l’ayant
pas sculpté, Cousin peut être l’auteur de la
composition et du dessin et en avoir sur-
veillé l’exécution ; 2° que la statue, la seule
chose qui soit un chef-d’œuvre, est bien an-
térieure, ce qui résulte d’elle-même; elle est
d’un goût non-seulement antérieur au temps
de Pilon, mais même au temps de Goujon ;
elle est contemporaine de François Ier et de
Chabot, et, dans mon opinion tout intime,
plus voisine de sa nomination au grade
d’amiral (1525) que de sa mort (1543).

H faudrait donc que Cousin, à quarante
ans de distance, ait d’abord fait la statue
vers 15S0 et le cadre ornemental vers 1570,
date du goût de ce dernier qui sent pleine-
 
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