N° 37. — 1895.

BUREAUX I 8, RUE FAVART

30 Décembre,

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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PROPOS DU JOUR

Alexandre Dumas, qui fut surtout un phi-
losophe, aima son temps à tous les figes de
sa vie, et écrivit des chefs-d'œuvre pour le
théâtre. En homme de cœur et de goût, il
aima l'art tout entier. Avec lui disparaît
bien réellement cette race fine et distinguée
des connaisseurs d'art contemporain, qui
jouèrent jadis un si beau rôle en forçant les
portes derrière lesquelles se barricadait la
bourgeoisie, en imposant, du haut de leur
nom, leurs caprices acceptés du vulgaire, en
manifestant d'une façon triomphante leurs
prédilections et leur équité — en un mot,
en prêchant noblement d'exemple à la foule.

Véritable ami des premiers artistes éman-
cipateurs, Dumas ne fut pas jusqu'au bout
le partisan des causes nouvelles, ni de celles
dont le jeu était gagné sur table. Collection-
neur, il a chéri sa galerie, une fois faite et
parfaite; il condamna, un beau soir, cette
galerie à l'encan, puis en racheta les pièces
principales, comme pour donner une leçon
aux amateurs tièdes. Six Corot, dix tableaux
de Vollon, trente-huit scènes de Tassaert —
toute l'œuvre du triste peintre hésitant, —
des Diaz, des Dupré, des Troyon, des Ch.
Jacque passèrent ainsi sur le marché ; mais
il remit sa griffe sur les Tassaert qu'il ai-
mait, sur son grand Fromentin, sur son
Delacroix...

Cela serait peu : de simples financiers en
pourraient faire autant. Ce qu'il nous faut
relever, c'est le patronage aimable que Du-
mas n'a jamais refusé au peuple des artistes
encore anonymes et déjà indépendants.
Dumas a été, officiellement, membre du

Conseil supérieur des Beaux-Arts ; mais ses
charités privées n'ont-elles pas dépassé ce
qui se peut cacher ?

Son esprit, libéral avant tout, s'est ainsi
manifesté dans le sens le plus large et le
plus beau, puisqu'il a abusé de sa célébrité
pour donner l'estampille nécessaire à quel-
ques œuvres aujourd'hui consacrées. Il y a
un quart de siècle, les idées d'Alexandre
Dumas étaient fixées; les nôtres, quelles
étaient-elles alors ? Et ne nous sommes-nous
pas servis de son choix quand nous avons
fait le nôtre ?

CONCOURS ET EXPOSITIONS

Une exposition des nouveaux tableaux et
pastels de M. Ten Cate sera ouverte du 2 au
14 décembre, dans les galeries Durand-liuel,
16, rue Laffitte et 11, rue Le Peletier. L'expo-
sition des œuvres de P.-J. Jeanniot sera ou-
verte, dans les mômes galeries, les 1, 2 et 3
décembre.

L'Association artistique P. M. P. (« Pein-
ture, Musique et Poésie ») ouvrira sa troisième
exposition, du 1er février au 15 mars 1896, à la
galerie des Artistes modernes, 5, rue de la
Paix.

On annonce de Bruxelles :

Le peintre André Sinet a ouvert le 25 cou-
rant une exposition de ses œuvres à la galerie
Clarembaux, 5, rue du Congrès, à Bruxelles.
Cette exposition comprendra une soixantaine
de pastels, croquis, notes d'atelier, etc.

A l'exposition des œuvres d'Alfred Stevens,
qui s'ouvrira à la fin du mois, succédera, en
janvier, dans la nouvelle salle de la Maison
d'Art de la Toison d'Or, à Bruxelles, une expo-
sition des œuvres de Henry de Groux.